Depuis un peu moins de 15 ans maintenant, RIVAL SONS est tranquillement en train de rebattre les cartes du monde du Rock. Discrètement au début, le groupe est aujourd’hui légitimement sous les projecteurs grâce à un style fougueux, percutant et dégageant une sensation d’absolue liberté. Héritier du grand Zeppelin, il s’affranchit au fil de ses sorties et cette dernière, « Darkfighter », l’installe définitivement comme le successeur tant attendu.
RIVAL SONS
« Darkfighter »
(Low Country Sound/Atlantic Records)
Parce qu’il n’y a pas que Metallica dans la vie, 2023 devrait également être l’année de RIVAL SONS. Trois ans après le génial « Feral Roots » qui a fait tant de bruit qu’il a réveillé le monde du Rock, les gars de Long Beach nous font l’offrande de ce superbe « Darkfighter », articulé autour de huit morceaux reflétant parfaitement le style des Américains et qui rassemble ce qui se fait de mieux en termes de Classic Hard Rock et de Rock US. La jonction est si belle qu’elle en est évidente.
Et une fois que ce septième album sera bien digéré, RIVAL SONS nous promet la sortie de « Lightbringer » pour la fin de l’année. Pour comprendre ce coup double, il faut savoir que les Californiens avaient commencé l’écriture de celui-ci avant la pandémie et ont donc terminé le travail après. C’est donc le présentation de ces deux aspects, sombres et lumineux, que le quatuor entame avec « Darkfighter ». Et toujours sous la houlette de l’indispensable Dave Cobb, la production est brute et toujours aussi identifiable.
RIVAL SONS a distillé ces derniers mois la moitié du disque au compte goutte (ce qui est malheureux), car cette nouvelle réalisation se déguste dans son entier et dans l’ordre. Nuancé, vibratoire et aussi audacieux que perfectionniste, le quatuor fait sonner le Hard Rock avec quelques accents bluesy et acoustiques très bien sentis. Le classicisme du genre devient soudainement très moderne et laisse entrevoir un inévitable revival (« Mirrors », « Nobody Wants To Die », « Guillotine », « Horses Breath », « Darkside »). Brillant !
Fortement ancré dans les seventies, RED CLOUD semble procéder, dès son premier effort, à un retour aux sources du Rock et même du Hard à travers leur registre originel, qu’il a pourtant réussi à renouveler. Car il règne un souffle vivifiant et très actuel sur ce « Red Cloud », qui se fond parfois même dans des sonorités Psych vraiment bienvenues. Le combo a de la suite dans les idées et cet opus ne manque pas d’originalité.
RED CLOUD
« Red Cloud »
(Independant)
Tout semble être allé très vite pour le quintet parisien, même si Roxane Sigre (chant) et Rémi Bottriaux (guitare) sont déjà à l’œuvre en duo depuis 2018. Avec les arrivées de Maxime Mestres (basse), Laura Luiz (orgue) et Mano Cornet Maltet (batterie), RED CLOUD prend forme trois ans plus tard et le groupe entame les concerts pour y roder son répertoire. Les choses dans l’ordre en somme…
Enregistré, mixé et masterisé par son guitariste, ce premier album éponyme tient toutes ses promesses. Sur des ambiances vintage revendiquées, RED CLOUD livre un Rock Hard 70’s aux contours proto-Metal frais et dynamique. Mais si les influences se nichent quelques décennies en arrière, il n’en est rien des morceaux et surtout de la production qui les habille et qui affiche une belle modernité.
Sur une énergie très live et un son organique, RED CLOUD enchaine les morceaux en multipliant les atmosphères. La chanteuse apporte beaucoup de variations, tout comme les parties d’orgue qui rivalisent de créativité avec la guiatre. Mené par une rythmique hors-pair, « Red Cloud » se révèle très accrocheur (« The Battlefield », « Bad Reputation », « The Night », « Hey Sugar »). Un baptême du feu réussi haut la main !
MOHOVIVI est la réunion de deux grandes figures du Rock, parfois restées dans l’ombre, mais dont l’apport créatif et musical s’est avéré très important au sein notamment du plus grand groupe de Rock/Hard français. « Komando » est un opus qui transpire la rage autant que l’amitié et l’authenticité.
MOHOVIVI
« Komando »
(FTF Music)
Anciens compagnons d’armes sur les albums « Marche Ou Crève » et « Trust IV (Ideal) » et surtout compagnons de route sur de nombreuses tournées avec Trust, MOHO (Mohamed Chemlakh) et VIVI (Yves Brusco) célèbrent leurs retrouvailles discographiques avec « Komando », une première réalisation (trop) courte de dix morceaux entre Rock et Hard et aux saveurs 80’s.
Complété par Camille Sullet (batterie) et Sylvain Laforge (guitare), MOHOVIVI renoue avec un style musclé et efficace à la française. Mais ne nous y trompons pas, les deux vétérans de la scène hexagonale ne sont pas là pour perpétuer l’héritage du légendaire groupe au bulldozer. L’empreinte est personnelle même si, bien sûr, on ne se refait pas. Il reste forcément quelques traces … et on ne s’en plaindra pas !
Bourré d’une énergie presqu’adolescente, notamment au niveau des textes en français, « Komando » fait surtout la part belle aux riffs emprunts d’une légère touche bluesy. Relativement intenses et formatés, les titres proposés par MOHOVIVI font leur effet et on se laisse prendre à ce registre à la fois léger et entraînant (« Tic Tac », « Game Over », « C’est Pas Facile », « Candem Square »). Probant, ma foi !
Revenue brillamment sur le devant de la scène il y a quelques années et saluée par son précédent album, « Radio On! », LEE AARON semble entamer avec un féroce appétit une seconde partie de carrière, qui lui va vraiment très bien. Avec « Elevate », la Canadienne persiste avec son groupe à livrer des chansons toujours aussi Rock et Hard avec ce soupçon si particulier et bluesy dans la voix. Une nouvelle fois, elle vient nous parler de son nouvel opus avec toute la fraîcheur et le côté direct qui la caractérise.
– L’an dernier, lors de notre dernière interview, je t’avais trouvé particulièrement épanouie d’autant que « Radio On! » était un album très réussi. Quel accueil a-t-il reçu et a-t-il été au niveau de tes attentes ?
J’ai reçu d’excellentes critiques et il s’est très bien vendu, alors oui, je dirais que j’ai été comblée. J’étais très contente de cet album et de la qualité des chansons qui contient. Je pense que le groupe est devenu meilleur au niveau de l’écriture. Mais j’essaie de ne pas me fixer d’attentes particulière, parce qu’on ne peut pas faire de la musique en espérant plaire aux autres. Il faut d’abord se faire plaisir. Ensuite, on espère que d’autres l’aimeront aussi. Par exemple, notre album de Noël, « Almost Christmas », n’a pas reçu de critiques élogieuses de la part de la presse Metal, mais le single « It Doesn’t Often Snow At Christmas » a obtenu des dizaines de milliers de streams, donc les gens l’aiment et l’écoutent.
– « Elevate » arrive finalement assez rapidement, et il a été composé durant le confinement. Tu l’as vécu comme une façon de rompre avec l’isolement et peut-être aussi de transformer la situation en source d’inspiration ?
Absolument. Nous avons fait deux émissions pour « Radio On! », puis le monde s’est à nouveau arrêté. Je sentais qu’il était très important de garder le groupe connecté et créatif, alors j’ai décidé que nous devions faire un autre album tout de suite. « Elevate » a été écrit et enregistré entre l’été 2021 et le printemps 2022. C’est un projet qui a permis de garder tout le monde très concentré et positif.
– Depuis « Radio On! », tu fais preuve à travers tes morceaux d’une énergie incroyable et cela se traduit par des chansons extrêmement positives. C’est ta manière de travailler qui a changé, ou c’est un regard neuf sur ta démarche artistique ?
Comme je te le disais, je pense que le groupe a atteint un point idéal dans la composition des morceaux et la compréhension de chacun d’entre-vous. Nous avons tous des influences différentes que nous faisons fusionner pour qu’elles se fondent toutes pour créer notre ‘son’. C’est très Rock, c’est costaud et positif. Dave aime vraiment la Power-Pop, Sean aime les classiques des années 80 et j’aime tout de la Pop au Metal en passant par le Punk et le Blues. D’une manière ou d’une autre, tout finit par bien se mélanger et il en ressort du LEE AARON.
– D’ailleurs, et comme son nom l’indique, « Elevate » est une invitation à aller de l’avant dans sa vie et ses projets. Ton objectif était de délivrer un message positif et de transmettre ton côté très volontaire ?
Je ne suis pas sûr d’avoir commencé à écrire « Elevate » dans un ‘but’ précis. Cependant, il était difficile de ne pas être affecté par ce qui se passait dans le monde à l’époque. La pandémie, et le fait de ne plus pouvoir se voir en personne, semblaient faire ressortir le pire des gens en ligne. Les médias sociaux ont la capacité de diviser complètement les bonnes personnes et c’était difficile à regarder. Le thème général de l’album reflète cela, mais il y ajoute : « Hey, soyez intelligents et gentils les uns avec les autres ! »
– Sur « Elevate », on retrouve à nouveau ce côté très live et spontané. Vous enregistrez toujours tous les quatre ensembles ? Et il y aussi quelques arrangements de cordes très bien sentis…
Merci ! Oui, nous avons encore enregistré tous et en direct dans la même pièce aux Armory Studios de Vancouver. C’est notre manière préférée d’enregistrer. Je pense que le plaisir se traduit sur les morceaux quand vous pouvez tous être dans le même espace en train de rire ensemble. Et pour les cordes, j’ai fait tous les arrangements au synthé moi-même à la maison, et le violon (sur « Spitfire Woman ») a été joué et enregistré à Winnipeg par une merveilleuse violoniste nommée Karen Barg.
– Ce nouvel album garde toujours ce côté Rock très rafraîchissant et qui est devenu ta signature depuis « Fire And Gazoline » notamment. Finalement, c’est cet aspect brut et direct qui te convient le mieux, je trouve. On te sent en recherche d’efficacité tout en restant très spontanée. Tu ne te reconnais pas dans les grosses productions actuelles, souvent surfaites ?
Je crois que ‘moins’ se traduit par ‘plus’ en matière de production. Nous avons essayé de garder des choses très simples avec seulement deux pistes de guitare sur la plupart des chansons et tous les chœurs sont chantés par tout le groupe. J’ai appris au fil des ans qu’en ajoutant plus de choses, cela ne sonnait pas nécessairement plus gros. Cela rend simplement la production plus épaisse. L’une des choses merveilleuses à propos de mon groupe est que ce sont tous des musiciens fantastiques. Nous n’utilisons jamais de pistes d’accompagnement ou de clics en live et nous n’avons pas besoin d’ordinateurs pour faire un concert. Et je veux que les albums reflètent cela.
– J’aimerais aussi qu’on dise un mot au sujet de ta collaboration avec Mike Fraser. Il semble avoir vraiment saisi l’esprit de ton écriture et l’identité musicale du groupe. Comment se traduit son implication dans la production de l’album ?
Ce sont de très beaux compliments, merci. J’adore vraiment travailler avec Mike. Il est très talentueux et c’est un merveilleux ingénieur et mixeur, de classe mondiale et à tous les niveaux. J’ai produit l’album et géré la sélection finale des chansons et les arrangements qui, selon moi, étaient l’essence de ce que nous essayions de transmettre avec « Elevate ». Mike est un génie des sons de guitare organiques et de batterie. Et c’est là qu’il brille vraiment sur cet album. J’ai beaucoup appris en travaillant avec lui. De plus, c’est également une personne incroyable.
– Sur « Elevate », tu parles aussi des réseaux sociaux et de leurs dangers. Tu dis qu’il faut en éviter les pièges et je suis entièrement d’accord. Sans faire de leçons de morale, de quelle manière t’en préserves-tu, car on peut aussi en tirer bien des avantages ?
Je suis totalement coupable de passer trop de temps sur Internet comme tout le monde. Cependant, j’ai essayé d’être beaucoup plus consciente de la façon dont j’utilise les médias sociaux au cours des deux dernières années. Pendant le Covid, j’ai eu l’impression qu’il y avait un changement dans le comportement des gens en ligne. Sans interaction humaine et de responsabilité en face à face, les gens sont devenus assez méchants dans leur discours avec les autres. Il y a une polarisation effrayante qui se produit parce que ce que nous voyons que notre ‘flux’ et il est contrôlé par des analyses et des robots. Les gens ne voient vraiment que des informations qui correspondent à leur point de vue. Quand quelqu’un présente un avis différent, il se sent trahi ou choqué par celui-ci. Et la moitié du temps, les informations sont imposées, car il n’y a aucun contrôle en ligne pour empêcher les mensonges de devenir viraux. C’est un problème dangereux et omniprésent. J’espère que les gens prennent le temps de comprendre ce qui se passe, plutôt que de le perdre à faire défiler des vidéos Tik-Tok. Et puis, les médias sociaux peuvent également être mobilisés pour faire beaucoup de bien.
– Enfin, tu es venue jouer en France il y a peu de temps. Comment as-tu trouvé l’accueil du public, et quels souvenirs marquants en gardes-tu ?
Nous adorons la France ! Le public était incroyable et mes moments préférés ont été de rencontrer les fans après le spectacle. Ils étaient tous si chaleureux et aimables. Beaucoup avaient attendu des années pour nous voir et nous avons vraiment pu partager leur enthousiasme. Les organisateurs du festival étaient de vrais amateurs de musique Hard Rock et leur mission était de faire venir des groupes dont ils étaient fans. Ce genre de passion est vraiment spécial et ce sont mes types de festivals préférés. Et nous avons pu visiter la maison d’enfance d’Arthur Rimbaud qui appartient à Patty Smith, donc c’était génial aussi !
Le nouvel album de LEE AARON, « Elevate », est disponible chez Metalville Records.
Retrouvez également la première interview donnée à Rock’n Force par la chanteuse canadienne :
Sur des mid-tempos bercés de chaleur ou sur des rythmes endiablés, le nouvel album de THE ELECTRIC ALLEY multiplie les plaisirs. Si les influences sont évidentes et multiples, le quatuor espagnol n’a aucune peine à nous entraîner dans une atmosphère très enjouée et d’une sincérité absolue. « Apache » est un voyage qui ne lasse pas.
THE ELECTRIC ALLEY
« Apache »
(Independant)
Quatre ans après le très bon « Turning Wheels », les Espagnols de THE ELECTRIC ALLEY refont parler la poudre grâce à un quatrième album aussi explosif que mélodique. Et à l’écoute de cet « Apache », on peut déjà s’interroger sur le fait qu’il sorte en autoproduction, et non sur un label digne de ce nom, où il aurait plus que sa place. Cela dit, nous ne sommes plus à une aberration près.
Mené par la voix unique de Jaime Moreno, qui livre une prestation musclée et toute en émotion, le quatuor de Cadix évolue toujours dans un Power Rock qui trouve ses racines dans un Hard Rock classique et intemporel. THE ELECTRIC ALLEY ne renouvelle pas le genre, mais lui apporte beaucoup de brillance et de fraîcheur grâce à une machine parfaitement huilée qui dégage un groove énorme.
Electrisant dès l’entame (« Apache », « Hurricane »), les Ibériques surfent sur des sonorités très américaines et ensoleillées émaillées de touches 80’s et 90’s. THE ELECTRIC ALLEY fait la part belle aux guitares entre riffs aériens et solos enchanteurs (« Fireworks », « Make It Through The Night », « Son Of A Gun »). Les Andalous livrent un album Rock’n’Roll, joyeux et enivrant comme on n’en fait plus beaucoup… Alors, merci et vivement le prochain !
Dans la même veine que les derniers albums, « Propaganda » vient confirmer l’envie du groupe de jouer une musique qui respire et envoûte, mais dont la rage qui l’anime depuis ses débuts reste intacte. Non, TRUST ne vieillit pas mal et n’a pas retourné sa veste. Le groupe rugit encore et toujours, sort les griffes et refuse les concessions pour demeurer créatif et inspiré.
TRUST
« Propaganda »
(Verycords)
Chroniquer un album de TRUST dans notre beau pays, et surtout pour en dire du bien, relève presque de la bravoure. Mais quand on aime : on distribue ! Depuis son ’retour’ avec « Dans Le Même Sang » en 2018, le groupe phare de la scène Rock française divise ses fans de la première heure, restés dans la nostalgie du premier album, de « Répression » ou de « Marche Ou Crève ». Et ça peut même se comprendre. Cependant, Bernie et Nono, eux, ne sont pas restés la tête dans le formol et c’est une chance.
C’est vrai que « Dans le Même Sang », suivi de « Fils de Lutte » l’année suivante, avait montré un autre visage de TRUST, essentiellement musicalement d’ailleurs puisque les textes ont conservé cette verve, cette attaque et ce mordant uniques. Ensuite, « Re-Ci-Div » est venu enfoncer le clou. Mais comment ont-ils pu ? Comment ont-ils osé ? Réinterpréter de tels classiques dans des versions Rock aux ambiances presque bluesy a relevé du sacrilège pour beaucoup. La belle affaire, puisqu’ils sont bons… et surtout à eux !
Ce qu’il faut retenir des dernières productions du groupe, c’est sans doute le fait que tout soit enregistré en condition live et en très peu de temps. Capter ainsi l’instant où la magie opère pour libérer cette énergie et cette spontanéité qui font toute la force de TRUST sur scène. Et c’est très précisément ce que l’on ressent à l’écoute de « Propaganda », douze morceaux instinctifs, solides, calmes aussi et fluides. On ne chasse pas le naturel. Et cette fois encore, c’est le grand Mike Fraser qui a mixé l’ensemble avec le talent qu’on lui connait.
Alors, et si chacun se fera son idée, que faut-il retenir de ce douzième album studio ? Bernie, Nono, Izo Diop, David Jacob et Christian Dupuy ont à nouveau investi les studios ICP près de Bruxelles et on retrouve donc le son des récentes réalisations, entre une chaleur un brin feutrée et des déflagrations brutes. Toujours aussi acérées et tranchantes, les paroles tapent dans le mille, taillent dans le gras et personne n’est épargné. TRUST ne fait pas de prisonniers et c’est même pour ça qu’on l’aime.
Sur une rythmique sans faille, le duo de guitaristes fait des merveilles entre riffs costauds et accrocheurs et des solos aériens, fins et étincelants signés Nono (« Le Jour Se Lèvera », « La Première Pierre », « Petite Elle »). TRUST a beau faire des infidélités à son Hard Rock d’antan, on retrouve sa patte, sa rage et son intensité (« Tout Ce Qui Nous Sépare », « Guerre Lasse », « Rassure tes chiens », « L’Europe des 27 »). Au chant, Bernie se fait moins hurleur ou crieur, mais il reste très vindicatif. Et ses mots résonnent même plus forts, de manière plus incisive encore, car la mélodie domine.
Enfin, avec un titre comme « Propaganda » et de pareilles pochettes (elles sont bien deux !), on pouvait s’attendre à un album très politique, d’autant que l’époque s’y prête encore et toujours. Pourtant, ce nouvel opus revêt un aspect beaucoup plus sociétal dans son contenu. Le constat est même accablant, mais tellement vrai, et Bernie se montre cinglant comme à son habitude (« Salaud d’Pauvre », « Les vagins Impatients », « Dimanche Au Bord Du Gouffre », « Ma Vie »). Peut-être trop contenu musicalement pour certains, TRUST régale encore et se réinvente brillamment. Allez, lâchez les chiens…
Devenue très populaire grâce à ses collaborations avec des artistes de légende, ORIANTHI a sorti six albums studio et même si elle reste très attachée à un Blues Rock parfois Metal, c’est surtout le côté Pop de ses compositions que l’on a retenu. Pourtant sur scène, l’Australienne se livre pleinement et sans fard, offrant à ses morceaux une toute autre dimension, plus authentique et sincère, dont « Live From Hollywood » est un beau témoignage.
ORIANTHI
« Live From Hollywood »
(Frontiers Music)
Cela fait déjà un bon moment que l’Australienne a pris son envol en solo, tout ayant partagé la scène avec de grands noms du Rock et du Hard Rock. Et après des albums studio peu convaincants, car trop produits et très lisses, il se pourrait bien que cette septième réalisation dévoile enfin le véritable visage et surtout le talent incontestable de la guitariste et chanteuse ORIANTHI, dont le répertoire ne manque pas de piquant.
Car c’est en concert que la musicienne s’est fait remarquer grâce à des performances de haut vol et une forte présence. Et ce « Live From Hollywood » reflète bien l’énergie et l’intensité de ses concerts. Capté au Bourdon Room à Hollywood le 8 janvier dernier, ce premier album live d’ORIANTHI met parfaitement en valeur son côté virtuose de la six-cordes à travers des titres pour l’essentiel extraits de « O », sorti en il y a deux ans.
Nettement moins Pop qu’en studio, on retrouve un jeu plus musclé, toujours très bluesy et parfois même aux frontières du Hard Rock : un rôle qui lui va bien (« Contagious », « Sinners Hymn »). On la sent réellement dans son élément et, accompagnée d’un excellent groupe, on découvre ORIANTHI sous un nouveau jour (« Think Like A Man », « What’s It Gonna Be », « Impulsive », « According To You »). Un live qui fait du bien !
Au panthéon des artistes qui ont marqué de leur empreinte le petit monde du Glam Rock, MICHAEL MONROE occupe une place de choix. L’ancien leader d’Hanoï Rock, électrique et punkisant à souhait, est de retour avec son groupe et un nouvel album, qui est un peu le reflet de notre époque… en demi-teinte. « I Live Too Fast To Die Young » s’inscrit dans la veine de ce que le Finlandais propose depuis des années maintenant, à savoir un Rock Hard Glam et Sleaze.
MICHAEL MONROE
« I Live Too Fast to Die Young »
(Silver Lining Music)
Pour beaucoup d’entre nous, MICHAEL MONROE est et restera l’éternel chanteur d’Hanoï Rock, qui connut son heure de gloire au début des années 80. Et pourtant, cela commence à faire de longues années que le Finlandais œuvre en solo et sa discographie, bien qu’inégale, regorge de bien bons albums. L’extravagance Glam n’a pas disparu et le frontman en joue toujours autant et reste même un bon chanteur au fil du temps.
Avec « I Live Too Fast To Die Young », il reprend à son compte une vieille maxime du Rock’n’Roll pour ce nouvel album, qui vient succéder à « One Man Gang » sorti en 2019. Toujours entouré des mêmes musiciens, MICHAEL MONROE et ses camarades de jeu livrent une suite assez cohérente. Enregistré l’hiver dernier à Helsinki et produit par le groupe lui-même et son ingé-son, il laisse une impression assez sombre… en phase avec son époque.
S’il reste toujours très Rock et Sleaze avec parfois même quelques grosses guitares, ce nouvel album présente quelques coups de mou manifestes. Cela dit, MICHAEL MONROE demeure ce chanteur très électrique que l’on connait et se fait plaisir (et nous avec !) sur des morceaux plein d’énergie (« Youngs Drunks & Old Alcoholics », « All Fighter », « Murder The Summer Of Love »). Le Finlandais en a encore sous le pied, assurément !
Sept longues années après leur dernier album éponyme, le quintet anglais refait surface après avoir déjà présenté trois singles. Toujours dans le même registre, DEF LEPPARD livre « Diamond Star Halos », un opus dans la lignée de sa discographie, sans trahir le Rock Hard qui a fait sa réputation et son succès.
DEF LEPPARD
« Diamond Star Halos »
(Virgin Records/Universal)
Si ce que vous préférez chez DEF LEPPARD, ça reste DEF LEPPARD, alors ce douzième opus des Anglais devrait vous combler. Cela dit, on est toujours en droit d’attendre un peu de sang neuf et d’innovation, mais ça reste assez rare dans les actes. En ce qui concerne « Diamond Star Halos », le quintet fait le job et le fait toujours très bien. Certes, les 15 nouveaux morceaux ne sont pas essentiels, mais ils ne sont pas désagréables pour autant et présentent même quelques bonnes surprises.
On ne reviendra pas sur les trois premiers singles déjà dévoilés, « Take What You Want », « Kick » et « Fire It Up » qui sont pourtant les meilleurs titres de l’album. DEF LEPPARD a bien fait les choses et on reconnait là le professionnalisme du groupe, puisque les trois chansons ouvrent « Diamond Star Halos ». A noter aussi la présence fantomatique de T-Rex sur l’essentiel du disque, à travers une influence musicale évidente jusque dans le titre de cette nouvelle réalisation, qui est plus qu’un clin d’œil.
Musicalement, DEF LEPPARD se présente uni comme jamais, même si le groupe a dû jongler entre l’Angleterre, l’Irlande et les Etats-Unis pour mettre au point ces 15 nouveaux titres. Et ce changement de méthode ne semble pas avoir perturbé le groupe de Sheffield. Derrière son frontman Joe Elliot, les guitaristes Phil Collen et Vivian Campbell restent inspirés, tout comme la rythmique menée par Rick Allen (batterie) et Rick Savage (basse). Autrement dit, on ne change pas une équipe qui gagne.
Sur une production comme toujours irréprochable assurée par le groupe lui-même avec son ami et ingénieur Ronan McHugh, on retrouve le son si personnel de DEF LEPPARD. Les Anglais font ce qu’ils savent faire de mieux, à savoir un Rock musclé et mélodique (« SOS Emergency », « Liquid Dust », « U Rock Mi »). Fidèle à leur légende, les vétérans soufflent le chaud et le froid en alternant des titres plus tempérés, mais accrocheurs (« Unbreakable », « All We Need »).
Plus surprenant tout de même, la présence du pianiste Mike Garson (David Bowie) vient apporter à DEF LEPPARD un supplément d’émotion non-négligeable sur « Goodbye For Good This Time » et « Angels ». La star de la Country Music Alison Krauss, récemment apparue sur un album aux côtés de Robert Plant, est aussi de la partie sur les morceaux « This Guitar » et « Lifeless ». Assez conventionnel dans l’ensemble, on aurait pu espérer un rôle à contre-emploi, par exemple, pour plus de résonnance.
Finalement, les Britanniques livrent un album très convenable et très homogène. Bien sûr, on ne va pas demander à un groupe de cette trempe de tout chambouler du sol au plafond. Pourtant, on aurait pu s’attendre à un peu plus de folie de la part de DEF LEPPARD qui, avec ce « Diamond Star Halos », aligne tout de même 15 nouveaux morceaux. Cependant, on peut toujours compter sur Joe Elliot et ses hommes pour rendre de la bel ouvrage.
Très Rock et toujours aussi pétillante, la frontwoman Dorothy Martin sort le troisième album de son groupe, « Gifts From The Holy Ghost », où elle s’impose dans un Rock Hard US costaud. Ce nouvel opus de DOROTHY confirme une volonté et une ardeur plus que jamais évidentes. Déterminé et fédérateur, le combo affiche une fraîcheur percutante.
DOROTHY
« Gifts From The Holy Ghost »
(Roc Nation)
Avec un album de cette trempe, DOROTHY devrait asseoir de manière pérenne son statut de très bon groupe de Rock Hard US. Basé à Los Angeles et mené par sa frontwoman d’origine hongroise Dorothy Martin, le combo livre à nouveau un très bon opus entre puissance et délicatesse. Quatre ans après « 28 Days In The Valley », la chanteuse affirme son style.
« Gifts From The Holy Ghost » se distingue par un sentiment d’urgence qui le rend plus pêchu et plus rentre-dedans que ses deux prédécesseurs. Produit par le très expérimenté Chris Lord Alge (Avenged Sevenfold), les influences Rock, Heavy et bluesy de DOROTHY resplendissent et se fondent dans une unité que le groupe n’avait encore jamais atteint.
Avec le soutien de Keith Wallen, Jason Hook, Scott Stevens, Phil X, Trevor Lukather et Joel Hamilton, cette nouvelle réalisation se veut aussi solide qu’accrocheuse et la chanteuse prend une envergure nouvelle (« Beautiful Life », « Top Of The World », « Black Sheap », « Made To Die »). Entre punch et mélodies imparables, DOROTHY semble libérée et sur de bons rails.