Après le très bon dernier album de Maceo Parker (sur ce même nouveau label de Mascot), c’est au tour de DUMPSTAPHUNK de rendre à la Nouvelle-Orléans son audace musicale et toute sa splendeur issue de la Funk et du Rythm’n Blues avec un côté Rock dynamitant. Le combo des Neville et Meters n’a rien perdu de son panache.
DUMPSTAPHUNK
« Where Do We Go From Here »
(The Funk Garage/Mascot Label)
Alors qu’on s’attendait à un double-album après la sortie en single du morceau-titre en août dernier, c’est finalement un album dense et conséquent que présente DUMPSTAPHUNK, énorme machine à Groove de la Nouvelle-Orléans. Sept longues années s’éparent « Where Do We Go From Here » de son prédécesseur et Ivan Neville et sa bande sont plus enthousiastes que jamais.
Politiquement engagés, les Américains mettent leur Funky-Beat très Rock au service de revendications fortes (« Justice 2020 »). Entre modernité et héritage Soul et Rythm’n Blues de la Nouvelle-Orléans, DUMPSTAPHUNK fait la jonction et rend ces morceaux, parfois des reprises, d’une étonnante intemporalité (« Let’s Get At It », « United Nation Stomp », « Make It After All »).
Si les guitares sont très présentes (à noter la présence de Marcus King), les cuivres ne sont pas en reste et offrent une couleur resplendissante à ce « Where Do We Go From Here », plein de groove et très enjoué. Puissant et créatif, DUMPSTAPHUNK avance avec un énorme respect pour la Funk de sa ville, tout en se réinventant avec pertinence (« Itchy Boo », « Dumpstamental », « Sons »). Un vrai rayon de soleil !
Songwriter de grande classe et brillant musicien, STEPHEN FOSTER incarne l’âme Southern dans toute sa splendeur et son large spectre. Avec son groupe HOWLER, basé à Muscle Shoals en Alabama, le musicien, qui a sorti huit albums cette dernière décennie, livre un « Southern » qui rappelle ô combien le sud américain est inspirant.
STEPHEN FOSTER & HOWLER
« Southern »
(Thoroughbred Music)
Les fans de Blues et de Southern Rock connaissent STEPHEN FOSTER. Le guitariste, claviériste et songwriter de génie est une légende et œuvre depuis cinq décennies au service de la musique made in Muscle Shoals. Cette agglomération d’Alabama est mondialement connue pour ses studios qui ont fait les belles heures des charts américains. Proche de Memphis et de Nashville, ce haut lieu résonne toujours.
Compagnon de jeu de Percy Sledge et compositeur pour Lynyrd Skynyrd, STEPHEN FOSTER a travaillé avec le gratin et revient aujourd’hui avec son groupe HOWLER. Constitué de musiciens ayant joué avec Little Richard et Jerry Lee Lewis, le quatuor a une allure de grosse machine… et c’en est une ! Combinant, Blues, Rock, Americana et Boogie-woogie, les Américains portent l’âme et le son du sud des Etats-Unis avec brio.
« You Can’t Take Me Home », premier extrait de « Southern », a été écrit en hommage à son ami Ronnie Van Zant disparu tragiquement en 1977. A l’écoute du morceau, on comprend mieux la complicité et le passé commun que STEPHEN FOSTER partage avec Lynyrd Skynyrd. L’album est d’une grande sincérité et les morceaux sont aussi brûlants qu’ils peuvent être touchants et profonds (« Little Things », « Cathead Blues », « Biloxi », « Arkansas »).
Voix de velours, authenticité et une musique où se marient avec grâce Blues et Soul : voici la recette de ce deuxième album d’ARCHIE LEE HOOKER, neveu du géant Boogieman. Le chanteur américain, installé en France depuis dix ans, ne se contente pas de surfer sur l’héritage familial, bien au contraire, et le prouve avec une musique aussi envoûtante que subtile et majestueuse.
ARCHIE LEE HOOKER & THE COAST TO COAST BLUES BAND
« Living In A Memory »
(Dixiefrog/PIAS)
Ce n’est jamais facile d’endosser le patronyme d’une légende du Blues et pourtant ARCHIE LEE HOOKER, neveu du Boogieman, continue sa route avec un héritage musical à faire pâlir n’importe quel bluesman. Ayant vécu chez son oncle plus de 10 ans où il a aussi vu défiler les plus grands noms du style, le chanteur du Mississippi s’est forgé une expérience incomparable entouré des plus grands dont l’immense John Lee bien sûr.
Mais c’est finalement assez éloigné du patrimoine musical familial qu’évolue le musicien. ARCHIE LEE HOOKER a trouvé sa voie depuis de nombreuses années et si elle reste gravée dans un Blues intemporel et tout aussi majestueux que son oncle, la comparaison s’arrête là. C’est à Memphis qu’il a fait ses premières armes dans un groupe de Gospel, dont on retrouve l’empreinte Soul tout au long des morceaux de « Living In A Memory ».
Installé en France depuis 2011, le chanteur a monté un groupe où l’alchimie est époustouflante. Le quintet compte des musiciens brésiliens, français et luxembourgeois tous animés de la même flamme et d’un feeling incomparable (« Long Gone », « Getaway », « Nightmare Blues », « I Lost A Good Woman » et le tendre et touchant « I Miss You, Mama »). ARCHIE LEE HOOKER et son COAST TO COAST BLUES BAND régale et enchante.
A la fois très costaud et sensible, on sent que VOODOO RAMBLE a dû barouder pour en arriver à un Blues Rock aussi efficace. Tout en puissance et en feeling, les Croates menés par un Boris Zamba impérial à la guitare et au chant, livre un nouvel album remarquablement bien produit et au contenu qui balaie le style de ses racines américaines jusqu’en l’Europe de belle manière. « That’s Why » est aussi accrocheur que profond et fait vraiment du bien.
VOODOO RAMBLE
« That’s Why »
(Thoroughbred Music)
Fondé il y a un peu plus de 10 ans en Croatie par Boris Zamba, leader de la formation, VOODOO RAMBLE a longtemps écumé les bars, les festivals, les rassemblements de bikers et autres clubs pour bâtir sa réputation aujourd’hui irréprochable et étendue jusqu’en Italie et à Memphis. Guitariste, chanteur et songwriter, le musicien a eu tout le loisir de peaufiner un Blues, qui sonne très Rock et même Rythm’n Blues.
Pour son premier album sur le label indépendant Thoroughbred Music, le groupe n’a pas fait les choses à moitié. Sur une superbe production signée Drago Smokrovic Smokva, alias ‘The Fig’, VOODOO RAMBLE propose 12 titres très aboutis aux saveurs variées, passant d’une ambiance très cuivrée à la Blues Brothers à un style plus profond et rude et des sonorités à dominante européenne.
On retrouve pourtant chez les Croates une interprétation très américaine et Soul sur une énergie débordante. Très groove et tout en feeling, Boris Zamba mène ses hommes dans un registre plein de fraîcheur (« Raise Your Hand », « Yellow River », « The Man »). Avec ce très bon « That’s Why », VOODOO RAMBLE se hisse tranquillement au rang des meilleures formations Blues Rock actuelle sans trembler (« Midnight Train », « Sally »).
Il fut un temps, pas si lointain d’ailleurs, où l’on était encore autorisé à parler de Rock Sudiste… Les aficionados s’en souviennent encore. En un rien de temps, nous sommes passes au Southern Rock, ce qui ne change rien au propos, mais bon… C’est politiquement correct au moins et ça évite à certains de moudre un grain bien trop épais.
Aux côtés des Blackberry Smoke, de Whiskey Myers et de quelques autres, ROBERT JON & THE WRECK s’est fait lui aussi une belle place dans ce renouveau que vit la scène américaine notamment. Avec un superbe dernier album, « Last Light On The Highway », les Californiens montrent qu’il faudra désormais compter sur eux à l’avenir.
Chanteur et guitariste du quintet, Robert Jon m’a fait le plaisir de répondre à quelques questions, histoire de faire un peu le tour de la question, de parler de l’ascension du groupe et surtout de la période pandémique qui les a coupé en plein élan. Entretien.
– En l’espace de quelques albums, le groupe est passé d’étoile montante du Southern Rock à formation-phare de la nouvelle génération. Même si cela ne devait pas être l’objectif, c’est une belle récompense, non ?
C’est très flatteur, mais j’ai l’impression que nous sommes, en fait, plus souvent en concurrence avec nous-mêmes. Nous voulons que chaque disque, chaque chanson et chaque performance soient meilleures que les précédents. Nous n’avons pas vraiment beaucoup de temps pour s’arrêter et flâner, car c’est à ce moment-là que les groupes perdent leur avantage.
– Après « Take Me Higher » et surtout depuis « Last Light On The Highway », les choses sont allées assez vite pour vous. Comment avez-vous vécu ces deux dernières années ?
C’était un tourbillon d’opportunités amusantes et excitantes. Etre frappé ensuite par le Covid a été un arrêt tellement difficile vu la vitesse à laquelle tout se passait. On est passé de la vitesse maximale à zéro, et cela a nécessité beaucoup de réajustement pour tout le monde. Nous étions censés être en tournée pendant la majeure partie de l’année 2020 et sortir aussi notre disque. Nous avons fini par essayer de comprendre comment survivre à tout cela. Heureusement, nous nous sommes rencontrés régulièrement pour rester sains d’esprit et nous concentrer sur la musique.
– « Last Light On The Highway » est aussi brillant dans ses compositions que dans la production qui est très organique et lumineuse. C’est assez rare de sortir un aussi bon album un an seulement après le précédent. Vous aviez déjà plusieurs morceaux prêts et une idée précise de l’album ?
Merci, c’est vrai que nous sommes vraiment fiers de l’album. Nous n’avons jamais vraiment d’idées avant de commencer le processus d’écriture. Les albums s’assemblent tous assez rapidement. De l’écriture à l’enregistrement, cela ne prend que quelques mois. Plus précisément, la chanson « Last Light On The Highway » a été composée et finalisée en juste quelques jours. Et cela s’est avéré meilleur que nous n’aurions jamais pu l’imaginer. J’ai d’ailleurs hâte de la jouer en concert.
– Quand on vous dit que vous représentez la relève du Southern Rock avec tout ce que ça comporte par rapport à l’héritage que cela représente, vous sentez-vous dépositaire de cette identité musicale ?
Pas vraiment. Je pense que ma voix et son côté émotionnelle ont cette qualité de nous pousser dans cette direction malgré tout. Nous aimons des groupes comme les Allman Brothers et les Black Crowes, et dire qu’ils n’ont pas d’influence serait un mensonge. Mais nous aimons une tonne d’autres groupes aussi, et qui nous ont marqué. J’espère surtout qu’on se distingue de ces groupes de la bonne manière pour nous permettre de tracer notre propre chemin.
– En écoutant les médias et aussi les fans, on a l’impression qu’il ne s’est passé depuis Lynyrd Skynyrd, Allman Brothers Band, Molly Hatchet et quelques autres. Est-ce que c’est aussi ton sentiment ? Le Southern Rock a-t-il besoin de sang neuf ou juste d’un éclairage à la hauteur du style ?
Il y a beaucoup de groupes de Southern Rock incroyables qui entretiennent la flamme. J’ai l’impression qu’il est facile de devenir un groupe presque « cloné » avec de la musique originale ces temps-ci. Beaucoup de choses ont été faites dans le Rock’n’Roll. Donc essayer d’être les nouveaux Allman Brothers ou Molly Hatchet, et aussi bons que soient le groupe, vous laissera forcément dans l’ombre de ceux qui l’ont déjà fait mieux que vous. Cela dit, si vous avez besoin de nouveautés, écoutez donc Them Dirty Roses, Dirty Honey et Markus King, qui font un sacré bon travail.
– Alors que vous enchainiez les concerts après la sortie de l’album, vous avez été stoppés net, comme tout le monde, par la pandémie. Quels ont été vos premiers sentiments ?
Au début, tout le monde disait que ce serait fini dans deux semaines, et cela n’a bien sûr pas été le cas. Ensuite, nous avons dû décider de ce que nous étions à même de faire en tant que groupe. Quand j’ai réalisé pour la première fois que ce serait beaucoup plus long que ce que tout le monde disait, il me restait en fait beaucoup de nouvelles choses à découvrir dans ma vie. Alors, que faire de ce temps en restant productif ? Comment ne pas me sentir déprimé tous les jours ? C’est dur lorsqu’on n’a rien à faire. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a beaucoup de choses qui se passent en concert. Ce n’est pas seulement une question d’argent ou de rapport aux fans. Il y a un sentiment d’accomplissement après un spectacle et enlever ce sentiment est une pilule difficile à avaler. Ça a donc été le bon moment pour réfléchir et découvrir à nouveau ce qui était important pour moi.
– Depuis vous donnez rendez-vous chaque semaine à vos fans à travers « The Wreck Podcast » qui approche d’ailleurs la centaine de numéros (84 pour être précis). Peux-tu nous expliquer en quoi consistent ces émissions ?
Ce Podcast a été une bouée de sauvetage pour nous et pour nos fans. Nous parlons de ce que nous faisons, nous buvons de la bière, nous écoutons de la musique et nous avons des invités. C’est toujours très amusant de se connecter avec de vieux amis comme Todd de Rival Sons, par exemple. Nous ne l’avions pas vu depuis des années et c’était comme si nous venions de nous voir. C’est notre formule numérique pour être dans un bar et filmer toute cette merde due à la pandémie.
– Et puis, il y a aussi ces shows-case en direct du ‘Hangar 24’ dans votre ville d’Orange County en Californie. Comment cela se passe-t-il et comment vous organisez-vous pour les mises en place ?
Nous avons un ami nommé John Hampton, qui organise des événements musicaux depuis 20 ans dans le comté d’Orange. Son travail a aussi été vaincu par la pandémie. Alors, il cherchait un lieu pour faire des spectacles et il l’a trouvé à travers le ‘Hangar 24’.
Le site extérieur a la taille d’un terrain de football et permet aux gens d’être aussi proches ou aussi loin qu’ils le souhaitent des autres. Ces spectacles ont été incroyables non seulement pour nous, mais aussi pour les autres groupes locaux du comté d’Orange. Ça nous a rappelé pour quelles raisons, on joue tous de la musique. Il y a des tonnes de personnes qui ont besoin d’une sortie régulière, et qui ont besoin d’un endroit pour voir et écouter de la musique live. J’ai l’impression que cela fournit un excellent service à la communauté. Je suis vraiment très fier que John et notre équipe aient pu aider à mettre tout ça en place.
– Un petit mot justement sur le fait que vous veniez de Californie et pas d’un Etat du Sud comme c’est le cas très souvent. Là aussi, les frontières commencebnt à bouger. Le voyez-vous comme une démocratisation du Southern Rock ?
A Orange Country, tout le monde a un parent qui écoute du Classic Rock à la radio. Grateful Dead, par exemple, a un énorme impact dans le comté d’Orange et cela se ressent dans ce que nous faisons. Nous avons grandi en écoutant du Punk Rock, du Grunge et du Metal. Nous essayons juste de ne pas y penser quand nous écrivons de la musique. L’éventail de chansons américaines est le même partout dans le pays, et à mesure que nous voyageons, il est presque le même partout dans le monde. Nous tirons donc tous vers les mêmes influences que tout le monde. Nous ne faisons pas tout notre possible pour être un groupe de Southern Rock, nous ne faisons que jouer la musique que nous aimons. Les gens trouveront toujours une étiquette et cela nous convient si cela les aide à découvrir notre musique.
– Enfin, vous venez d’annoncer les nouvelles dates de votre venue en Europe et notamment ici en France pour deux concerts. Vous devez être impatients de reprendre la route, non ? Et sans vouloir jouer les chats noirs, vous avez bon espoir que cette tournée se passe dans des conditions presque normales ?
Nous sommes à la fois excités et terrifiés. Passer d’un rythme très soutenu à un arrêt total est une chose. Mais retrouver de nouveau ce rythme effréné sans savoir si les choses vont changer, c’en est une autre. Mais cette fois, tout semble laisser penser que c’est véritablement la fin de la pandémie et nous sommes particulièrement ravis de revoir les fans et de leur proposer des concerts incroyables !
Vous savez donc ce qu’il nous reste à faire : croisons tout ce qui peut l’être !
« Last Light On The Highway » est toujours disponible.
SUZI QUATRO traverse le temps et semble incarner plus que jamais le Glam Rock, le Blues et la Soul qui ont fait d’elle une figure légendaire de la scène Rock américaine féminine. Avec « The Devil In Me », la chanteuse et bassiste, vient rappeler son énorme talent et surtout livre l’un de ses meilleurs albums. Une persévérance et une performance qui l’honorent cette fois encore, et qui font d’elle la dernière frontwoman vraiment active d’une époque bénie.
SUZI QUATRO
« The Devil In Me »
(SPV Steamhammer)
Décidemment, la Ville de Detroit est sous le feu des projecteurs depuis quelques semaines. Après l’excellent album d’Alice Cooper, c’est en voisine que la chanteuse SUZI QUATRO livre un nouvel album, qui vient s’ajouter à sa longue discographie. Et il semblerait que nos deux septuagénaires soient toujours aussi inspirés. Avec « The Devil In Me », la chanteuse livre l’une des ses meilleures réalisations depuis longtemps.
Si les 70’s ont vu la carrière de l’Américaine prendre son envol avec un Glam Rock endiablé, SUZI QUATRO n’a jamais lâché l’affaire malgré des traversées du désert inévitables. Enchainant les albums, les tournées et en renouvelant son jeu et son répertoire, elle revient aujourd’hui avec « The Devil In Me » où elle fait honneur au Rock, au Blues, au Glam et à la Soul auxquels elle reste très attachée.
Produit et enregistré dans le studio de son fil, Richard Tuckey également compositeur (au moins, pas de problème d’héritage !), la chanteuse n’a rien perdu de sa voix et de sa fougue, et ses lignes de basse sont toujours aussi groovy. Sur de bons riffs bien Rock et Blues, SUZI QUATRO déploie un très bel album dont on retiendra le morceau-titre bien sûr, « Betty Who » avec sa copine Cherie Currie (ex-The Runaways), « Get Outta Jail » ou encore « I Sold My Soul Today ». Inépuisable !
SKYLAR ROGERS puise son Blues dans son cheminement personnel pour livrer un premier album très Rock et Soul. Authentique, la chanteuse américaine joue autant de la puissance de sa voix que de la sincérité et de la profondeur qu’elle lui accorde. Sans coller aux standards de Chicago, sa ville, la chanteuse propose un Blues Rock authentique, généreux et saisissant.
SKYLAR ROGERS
« Firebreather »
(Independant)
Etant née et ayant grandi dans les quartiers difficiles de Chicago, SKYLAR ROGERS vit le Blues comme qu’elle le chante… avec force ! Après un premier EP en 2019 (« Insecurities »), elle sort enfin son premier album dans cette période malheureusement difficile et qui lui a valu d’arrêter une grande tournée américaine bien lancée. La chanteuse a d’ailleurs co-écrit « Firebreather », qui est aussi sensible que punchy.
Toujours accompagné de son groupe, l’excellent The Blue Diamonds, la frontwoman n’est pas là pour faire de la figuration et distille un Blues Rock teinté de Soul avec quelques touches rappelant même la Motown. Multipliant les morceaux assez mid-tempos (« Hard Headed Woman », « Back To Memphis »), SKYLAR ROGERS n’en oublie pas pour autant le côté mordant que lui permet ses capacités vocales (« Failure », « Moving On »).
Très varié dans son ensemble, « Firebreather » ne ressemble pas aux albums enregistrés à Chicago, malgré bien sûr quelques piqûres de rappel (« Thankful »). En marge des dynamiques morceau-titre et « Like Father Like Daughter », SKYLAR ROGERS sait aussi se faire plus émotive et touchante comme sur le délicat et poignant « Drowning ». Avec un premier album aussi abouti, l’Américaine fait son entrée par la grande porte.
Produite par Joe Bonamassa, qui joue également sur deux titres de ce nouveau petit bijou, la chanteuse et guitariste JOANNA CONNOR déverse un Blues plein d’émotion et d’une énergie incroyable. Accompagnée par un groupe de classe mondiale, l’Américaine irradie de son talent les dix morceaux de « 4801 South Indiana Avenue », qui est d’une élégance totale. Un must !
JOANNA CONNOR
« 4801 South Indiana Avenue »
(KTBA Records)
Présente depuis les années 80 sur la scène Blues de Chicago, on ne présente plus JOANNA CONNOR, l’une des reines incontestables du Blues Rock et surtout une virtuose de la slide. Toujours très bien entourée, l’Américaine s’est adjoint les services d’un groupe hors-norme pour son 14ème album, le premier sorti sur le label indépendant de Joe Bonamassa, qui produit avec Josh Smith ce magnifique « 4801 South Indiana Avenue ».
Tirant son titre d’un haut lieu du Blues et Funky de Chicago, l’atmosphère qui se dégage de ce nouvel album de la songwriter est juste exceptionnelle. Soutenue par le claviériste Reese Wynans (SRV), du bassiste Cavin Turner, du batteur Lemar Carter et d’une session cuivre renversante, JOANNA CONNOR explose et tire des sons incroyables de sa Gibson. Toute aussi puissante vocalement, elle rayonne sur les dix morceaux.
Dominant les débats sur « Destination », « For The Love Of A Man » ou « I Feel So Good », la guitariste livre une prestation à la hauteur de sa réputation : fougueuse, dynamique et intense. Honky-Tonk sur « Come Back Home », pleine d’émotion sur « Bad News » en hommage à Luther Allison et presque psychédélique sur « It’s My Time », JOANNA CONNOR livre un vrai chef- d’œuvre, qui s’annonce comme un futur classique du genre.
Remarqué dès ses débuts pour sa technicité et surtout son feeling, le guitariste et chanteur américain SELWYN BIRCHWOOD brille une fois encore sur ce troisième album, « Living In A Burning House », au groove et à l’originalité imparable. Accrocheur et sensible, le bluesman se veut très contemporain, tout en respectant l’héritage de ses aînés, et affiche une touche très personnelle.
SELWYN BIRCHWOOD
« Living In A Burning House »
(Alligator Records)
Après avoir été le guitariste de Sonny Rhodes, SELWYN BIRCHWOOD s’est lancé en solo en 2014 avec « Don’t Call No Ambulance », puis « Pick Your Poison » deux ans plus tard. C’est sur le prestigieux label Alligator Records que le Floridien livre son troisième album, gage de la qualité et du talent du musicien. Et produit par Tom Hambridge (Buddy Guy, Susan Tedeschi), « Living In A Burning House » est une fois encore très relevé.
Brillamment accompagné par le saxophoniste baryton Regi Oliver, l’expérimenté batteur Philip Walter, le bassiste Donald Wright et Walter May aux claviers, SELWYN BIRCHWOOD fait parler le groove et son feeling à travers un Blues teinté de Rock et de Soul. Joueur de lap steel, on retrouve ce son si particulier au fil de l’album, apportant beaucoup de fraîcheur à des morceaux d’une énergie folle et d’une grande authenticité.
Influencé par Buddy Guy, Muddy Waters et Jimi Hendrix, l’Américain a parfaitement réussi à se créer une réelle identité, très identifiable grâce notamment à sa voix grave, son jeu virevoltant et un humour très présent. Sur une belle dynamique, SELWYN BIRCHWOOD distille ses morceaux avec une envie communicative et contagieuse (« Freaks Come Out At Night », « Can’t Steal My Shine », « I Got Drunk Laid And Stoned », le morceau-titre et « Mama Knows Best », un duo endiablé avec Diunna Greenleaf). Réjouissant !