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Classic Hard Rock Proto-Metal Stoner Rock

Tigers On Opium : un panache hyper-Rock

Pour son premier album, c’est presqu’une leçon que donne TIGERS ON OPIUM, tant les sonorités à l’œuvre sur les titres de « Psychodrama » paraissent à la fois tellement évidentes et d’une grande créativité. C’est une espèce de revue des effectifs Rock et Metal qu’est parvenu à réaliser la formation, tant les ambiances et les mélodies impressionnent par leur maîtrise et leur originalité. On assiste très rarement à de telles entrées en matière aussi Heavy et planantes que groovy et percutantes.  

TIGERS ON OPIUM

« Psychodrama »

(Heavy Psych Sounds)

Après avoir écumé les scènes de l’Ouest des Etats-Unis et sorti deux EP, le fougueux groupe de Portland, Oregon, passe enfin aux choses sérieuses et présente « Psychodrama », un premier effort exceptionnel. On y découvre sur la longueur tout le talent des Américains à travers un style personnel très particulier, qui se trouve au croisement de nombreux registres qui se fondent dans une belle et fluide harmonie. TIGERS ON OPIUM développe un Classic Rock mâtiné de proto-Metal avec des éclats de Stoner Rock bien sentis et quelques solides coups de Fuzz.

« Psychodrama » est une sorte de concept-album, basé sur le modèle d’une thérapie de groupe dont le frontman Juan Carlos Careres s’est inspiré pour l’écriture des morceaux. Abordant des sujets graves, TIGERS ON OPIUM ne livre pourtant pas un album trop sombre, malgré quelques passages tempétueux, où il flirte même avec le Psych et le Doom. La richesse musicale du quatuor sort vraiment des sentiers battus et la production très organique de l’ensemble a un côté épique et solaire, avec ce grain 70’s parfaitement distillé.

Autour des deux six-cordistes, on se perd dans les twin-guitares, les riffs soutenus et les solos aériens. TIGERS ON OPIUM parvient toujours à capter l’attention grâce à la voix directe de son chanteur, soutenu par ses camarades aux chœurs. Les quelques parties de piano viennent apporter ce qu’il faut d’accalmie dans ce dédale d’émotion (« Black Mass », « Diabolique », « Sky Below My Feet »). Avec une grande liberté, le combo s’offre de magnifiques envolées, qui culminent sur les géniaux « Radioactive » et « Separation Of Mind ». Du grand art !

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Doom Rock Proto-Metal Psych Prog

Hippie Death Cult : nouveau chapitre

Qui aurait pensé à l’écoute de « Cycle Of Day », sa précédente production, que la bassiste Laura Phillips aurait eu autant de facilité à endosser le rôle de chanteuse au sein de la formation de l’Oregon ? Et la seconde question que l’on peut se poser, c’est pourquoi est-ce que ce changement n’a pas eu bien avant ? Tout en conservant son identité musicale, HIPPIE DEATH CULT s’ouvre de la plus belle des manières de nouveaux horizons avec ce très bon « Helichrysum » électrisant.

HIPPIE DEATH CULT

« Helichrysum »

(Heavy Psych Sounds)

Si l’univers de HIPPIE DEATH CULT est progressif, brut et rugueux, il tend surtout vers un Psych Rock aux gimmicks zeppeliniens et sabbathiens, avec ainsi des tessitures très proto-Metal. Jamais très loin du Doom avec des guitares âpres et une rythmiques aussi lourde que véloce, le style du groupe de Portland combine toutes ces influences dans une dynamique très créative. Après « Cycle Of Days », sorti il y a deux ans, « Helichrysum » montre bien des différences et elle sont de taille.

La première vient du line-up qui voit HIPPIE DEATH CULT passer de la formule en quatuor au power trio, suite au départ de Ben Jackson. C’est Laura Phillips qui reprend le chant, en plus de la basse qu’elle assure avec une fougue et une technique imparable. La frontwoman apporte un peu de douceur et sensualité, tout en restant terriblement Rock, volontaire et dorénavant guide du combo. Réduit à trois donc, les Américains sont encore plus soudés, percutants et aériens.

Accompagnée par Eddie Brnabic à la guitare et Harry Silvers à la batterie, la chanteuse et ses compagnons ont resserré les rangs et cela se ressent tout au long de ce troisième opus. Et pourtant, les arrangements sont toujours très judicieux et élégants (« Arise », « Better Days »). En portant son dévolu sur les thèmes de l’endurance, de la guérison et de l’immortalité, HIPPIE DEATH CULT se fond dans un domaine qui transpire littéralement dans sa musique (« Toxic Annihilator », « Nefelibata », « Tomorrow Sky »). Transcendant.

Retrouvez la chronique de l’album « Circle Of Days » :

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Fusion International Rock

Dan Reed Network : connexion rétablie [Interview]

Les plus jeunes n’ont peut-être pas en mémoire DAN REED NETWORK, formation issue de Portland, Oregon. Pourtant au beau milieu des années 80, le groupe a marqué toute une génération. Pionnier du Rock Fusion aux côtés de King’s X, RHCP et un peu plus tard RATM, les Américains sont enfin de retour, sous le même line-up ou presque, avec « Let’s Hear It For The King », un sixième album toujours aussi haut en couleur, Funk et terriblement Rock ! Entretien avec son chanteur et compositeur Dan Reed.

Photo : Anders Gustafsson

– Avant de parler de ce nouvel et très bon album, peux-tu nous dire de qui est aujourd’hui composé DAN REED NETWORK, plus de 30 ans après sa création ? Ce sont les mêmes musiciens ?

Ce sont tous les mêmes membres du groupe, à l’exception de notre nouveau claviériste Rob Daiker. Et Dan Pred, le batteur avec qui je joue depuis le lycée alors que nous avions 16 ans, le guitariste Brion James et le bassiste Melvin Brannon font partie du groupe depuis notre formation en 1984.

– Sans entrer dans le détail, il s’est passé beaucoup de choses depuis 1988 et pourtant « Let’s Hear It For The King » n’est que le sixième album du groupe. Sans parler de régularité, n’as-tu pas quelques regrets de ne pas avoir été plus prolifique avec le groupe ?

Non, je n’ai aucun regret de ne pas avoir fait plus de musique. J’ai aussi sorti six albums solo et instrumentaux au cours de cette période, produit un long métrage, dirigé une boîte de nuit pendant trois ans et j’ai eu la chance de parcourir le monde en étudiant différentes cultures. Le seul regret que j’ai est d’avoir quitté le groupe en 1993 sans prévenir les autres membres du groupe. Cela a été une erreur égoïste de ne pas faire de projets pour l’avenir de tout le monde après notre séparation.

– A ses débuts, DAN REED NETWORK évoluait avec des groupes comme King’s X, RHCP et RATM. As-tu aussi le sentiment que c’était une époque bénie en termes de créativité par rapport à aujourd’hui et à ce style surtout ?

Je ne sais pas si c’était une bénédiction ou non, mais je pense que c’était une période vraiment excitante pour la créativité musicale et l’épanouissement de différents styles. Je me sens honoré que DAN REED NETWORK soit considéré comme l’un des nombreux groupes révolutionnaires, qui ont essayé de mélanger les genres.

Photo : Amanda Rose

– Avec ce nouvel album, on retrouve tout ce qui fait l’identité du groupe : l’esprit Rock, Funk et Soul avec de fortes mélodies. Cela fait combien de temps que vous êtes sur l’écriture de « Let’s Hear It For The King » ? Car il est aussi très actuel…

Merci ! Toutes les chansons du nouvel album ont été écrites en 2019 et enregistrées en janvier 2020. Puis, le Covid est arrivé et a repoussé la sortie de l’album jusqu’à cette année. J’ai pu lire que les paroles semblent être une sorte d’état des lieux du monde d’aujourd’hui en 2022. Peut-être que nous avions vu l’avenir dans nos cœurs en écrivant ces morceaux ? Je sens que le conflit et la division entre les partis politiques de gauche et de droite nous poussent à nous confronter au lieu de nous rassembler. Et c’était déjà vrai en 2019, autant que maintenant.

– Je te suis depuis les débuts du groupe et je trouve ce nouvel album assez surprenant sur beaucoup d’aspects. On peut le percevoir comme une certaine renaissance. C’est aussi dans cet état d’esprit que tu le vois et que tu l’as composé ? 

Notre objectif avec cet album était de rendre hommage à nos racines, ce groupe qui remplissait les clubs à la fin des années 80… tout en essayant en même temps de créer la musique que nous aimons aujourd’hui en 2022. Notre seule ‘règle’ était d’écrire et d’enregistrer des chansons qui seraient géniales à jouer en live. J’espère que nous y sommes parvenus. Au final, ce nouvel album est une sorte d’album-concept dans le sens où il vaut mieux l’écouter du début jusqu’à la fin. Et j’espère qu’à la fin de l’album, l’auditeur se sentira un peu plus inspiré pour se battre pour son avenir.

– Etonnamment, l’album sonne aussi peut-être plus européen qu’américain. C’est une démarche que tu as souhaité ? On a un peu le sentiment que tu t’es démarqué de la scène de Portland des débuts. C’est le cas ?

DAN REED NETWORK se démarquait déjà complètement de la scène de Portland dès le début. Mais il y avait beaucoup de très bons groupes de Rock et d’incroyables groupes de funk, qui jouaient à Portland à l’époque. Nous voulions mélanger ces deux styles, un peu comme Mother’s Finest, Sly And The Family Stone… et même les premiers albums d’Aerosmith pour créer de la musique Funk avec un esprit Rock’n’Roll.

Photo : Laurence Harvey

– La musique n’est pas non plus le seul art que tu pratiques et auquel tu t’intéresses très sérieusement. Peux-tu nous dire un mot au sujet de tes activités annexes ?

Mes projets parallèles, comme la réalisation de films et la peinture d’art abstrait, sont devenus de plus en plus un objectif principal au même titre que la musique. La pandémie m’a permis de me concentrer sur ces autres formes d’art, car nous n’étions plus en mesure de tourner. Alors, j’ai passé plus de temps avec ma famille, à écrire des scénarios et à peindre. J’ai eu la chance d’avoir reçu beaucoup de soutien pour mes œuvres et cela m’a permis de pouvoir être plus souvent chez moi, et moins dans les aéroports.

– Pour conclure, j’imagine qu’avec un tel album, la scène doit vous manquer même s’il vous avez déjà commencé de tourner. Avec une telle carrière, comment vas-tu concevoir la set-list ? Tu vas donner la priorité à « Let’s Hear It For The King » ?

J’ai, en effet, très envie de faire des tournées, que ce soit avec DAN REED NETWORK, mon trio où je joue davantage de guitare électrique comme avec Danny Vaughn de Tyketto. Nous avons sorti notre premier album début 2020, « Snake Oil and Harmony », juste avant que le virus ne bloque le monde. Donc finalement, je reprendrai la route vers la fin de cette année et j’espère qu’en 2023, nous ferons davantage de tournées mondiales avec DAN REED NETWORK !

Nous aimons toujours faire honneur à notre discographie entière et jouer nos anciens morceaux préférés. Et nous avons l’intention d’inclure au moins six chansons du nouvel album sur scène. Mais nous aimons aussi changer les choses et jouer différents sets chaque soir… Donc, on ne sait jamais vraiment ce que nous allons jouer, mais une chose est sûre : ce sera une célébration de la vie en sueur, groovy et Rock !

Enfin, merci à toi, François ! J’ai beaucoup apprécié tes questions et ton regard sur le nouvel album. Et oui… nous reviendrons en France, c’est sûr ! (Sourires)

Le nouvel album de DAN REED NETWORK, « Let’s Hear It For The King », est disponible chez Drakkar Entertainment et  sur : www.danreed-network.com

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Progressif Stoner/Desert

Hippie Death Cult : peace, love & death

En l’espace de trois ans, HIPPIE DEATH CULT est parvenu à conquérir la scène de Portland et le quatuor ne compte pas s’arrêter là. Après un premier album (« 111 »), une participation à une compilation en hommage à Black Sabbath et à la bande-son du film « All Gone Wrong », le combo de Stoner Psych Prog débarque avec un deuxième album addictif.  

HIPPIE DEATH CULT

« Circle Of Days »

(Heavy Psych Sounds Records)

Sous de faux airs sabbathiens, le quatuor de Portland explore bien d’autres sphères musicales, qui vont du Heavy aux riffs bien gras à un Psych Progressif tirant sur le Doom et le Classic Rock. HIPPIE DEATH CULT propose sur « Circles Of Days » une synthèse pertinente entre Metal et Rock après seulement trois ans d’existence. Il faut dire que les Américains ne sont pas restés les bras croisés, loin de là.

Et c’est cette faculté à fusionner les genres qui rend la musique du groupe aussi efficace et rassembleuse. Le quatuor s’amuse des styles et des époques pour livrer des morceaux intemporels et pourtant bien ancrés dans leur temps. Composé de seulement cinq titres et s’étirant sur près de 40 minutes, « Circles Of Days » montrent aussi un beau panel du registre de HIPPIE DEATH CULT, à commencer par le morceau-titre de l’album.

Dès le brumeux « Red Meat Tricks », le combo nous enveloppe avec un son à la fois lointain, langoureux et massif. Le clavier vient apporter une touche apaisante à la solide rythmique des Américains (« Hornet Party », « Eye In The Sky »), qui est guidée par la touchante et captivante voix de Ben Jackson. HIPPIE DEATH CULT est aussi véloce qu’extatique et est surtout capable de belles variations (« Walk Within »).

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Heavy metal

Bewitcher : la messe est dite

Bewitcher a vendu son âme au Rock’n’Roll et au Heavy Metal sans sourciller… et cela s’entend sur ce très bon deuxième album du trio américain. Brut et rugueux, le son de « Cursed Be Thy Kingdom » vibre des émanations sataniques et infernales des riffs torturés et de la rythmique sauvage et massive du combo. BEWITCHER promet l’enfer et le livre sur un plateau ! 

BEWITCHER

« Cursed Be Thy Kingdom »

(Century Media)

Ce nouvel album de BEWITCHER remonte tout droit des entrailles de l’enfer. « Cursed Be Thy Kingdom » sent le souffre blasphématoire et obsédant de l’underground américain. Originaire de Portland, Oregon, le ténébreux trio vient de rejoindre Century Media et offre un deuxième opus à la croisée des chemins d’un Rock’n’Roll rugueux et d’un Heavy Metal pur et dur, voire légèrement Speed et Thrash.

Après une première démo produite par Joel Grind (Toxic Holocaust) et un album qui leur a ouvert bien des portes, BEWITCHER est parti du côté de Los Angeles enregistrer son troisième méfait. Mixé par Cameron Webb (Megadeth, Motörhead), « Cursed Be Thy Kingdom » dispose d’un son puissant et très compact, qui retranscrit parfaitement l’esprit des morceaux dont les riffs cognent sans relâche (« Satanic Magick Attack », « Electric Phantoms »).

Lancinant et gras à souhait sur « Mystifier (White Night City) » et « Valley Of The Ravens » à l’esprit presque Doom, BEWITCHER avance sur une solide rythmique sombre d’où jaillit  un peu de clarté à travers quelques solos de guitares bien sentis (« Death Returns… », « Metal Burner », « The Widow’s Blade »). Satanique par conviction, le trio américain semble plus s’en amuser et exprimer ses nombreux péchés dans une ambiance de messe noire.