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Harlem Lake : au service du feeling [Interview part.1]

Véritable révélation Americana Blues Rock venue des Pays-Bas, HARLEM LAKE a sorti il y a quelques semaine un superbe premier album, « A Fool’s Paradise Vol.1 ». Dans un registre très Southern, le quintet affiche une étonnante maturité et un style déjà très personnel. Guidé par la voix exceptionnelle de Janne Timmer, également parolière, le groupe traverse des contrées Blues, Rock et Soul avec une aisance désarmante et un feeling incroyable. Entretien en deux parties avec la chanteuse du groupe, qui nous en dit un peu plus sur le processus de création et la démarche artistique de HARLEM LAKE…

Photo : Melle de Groot

– La première chose qui surprend à l’écoute de « A Fool’s Paradise Vol.1 », c’est la découverte de votre pays d’origine, la Hollande. On a franchement l’impression d’entendre un groupe du sud des Etats-Unis. Vous avez grandi avec le registre Southern américain qu’il soit Rock, Blues ou Soul ?

Merci, c’est un vrai compliment ! Enfants, nous avons grandi avec beaucoup de styles de musique différents. Et à l’adolescence, nous avons tous découvert le Blues chacun à notre manière. Pour Dave (Warmerdam, piano, claviers – NDR), ce fut grâce à un accordeur de piano qui, après avoir accordé le sien, lui a joué du Boogie Woogie. Et il s’est avéré qu’il s’agissait de Mr Boogie Woogie, l’un des meilleurs pianistes néerlandais. Pour ma part, j’ai toujours adoré Joe Cocker et Sonny (Ray, guitare – NDR), quant à lui, porte vraiment l’héritage du Blues en lui. Nos parents écoutaient des artistes Rock plus grand public comme Dire Straits, Fleetwood Mac, Genesis et Pink Floyd. Et si on commence à creuser à partir de là, on finit toujours par se retrouver à la croisée des chemins !

– HARLEM LAKE a été fondé par votre pianiste Dave Warmerdam, avant d’être rejoint par Sonny Ray à la guitare et toi au chant. Ensuite, Benjamin Torbijn et Kjelt Ostendorf ont constitué la rythmique. Vous évoluez tellement naturellement ensemble que votre album sonne comme une évidence. Comment se sont passées ces rencontres, car il y a un tel feeling entre vous ?

Sonny et Dave se connaissaient de leur scène Blues locale, car ils viennent de la même région. Dave et moi, nous nous étions déjà rencontrés à plusieurs reprises durant notre adolescence. On avait l’habitude d’aller voir les groupes du coin en concert et lors des tremplins organisés dans un lieu près de chez nous : le Duycker. Le groupe a vu une vidéo où je chantais un classique du Blues, « Oh Darling », et ils m’ont invitée pour un concert-test en en forme d’audition. Sonny a été très enthousiaste et nous sommes devenus amis assez rapidement. Ça a vraiment matché ! Cependant, l’année dernière n’a pas été facile et nous avons dû nous séparer de notre ancienne section rythmique. Mais Kjelt (Ostendorf, bassiste – NDR) s’était déjà joint à nous quelque temps auparavant pour des sessions de pré-production, car notre précédent bassiste n’était pas disponible. Il joue également sur la plupart des chansons du disque. Et enfin, Benjamin (Torbijn, batterie – NDR) avait déjà joué avec Sonny auparavant dans un autre groupe et cela a tout de suite été évident quand nous l’avons invité à jammer.

Photo : Julia Bo Heijnen

– Vous avez composé et monté un répertoire très abouti en peu de temps, ce qui est très rare dans ce registre. Et les concerts ont rapidement confirmé votre talent. Vous avez senti tout de suite que votre musique s’imposait d’elle-même ?

Je pense qu’il n’y a pas de réponse simple et rapide à cela. Lorsque vous écrivez un morceau, vous pensez à la chanson et au message que vous voulez y mettre. La chose la plus importante est que nous aimons ce que nous faisons, et pendant l’écriture des chansons, nous nous concentrons uniquement sur la musique, tout le reste passe au second plan. Mais c’est vrai qu’il nous est arrivé d’écrire des morceaux qui ont immédiatement sonné. C’est un sentiment très excitant et grisant, lorsque vous créez quelque chose et que vous le ressentez tout de suite. Pour la plupart des chansons qui figurent sur « A Fool’s Paradise vol.1 », j’avais ce sentiment. Mais bien sûr, certains morceaux ont eu besoin de plus d’attention et d’être plus travaillés que d’autres.

– On l’a dit, HARLEM LAKE marie habillement les différents courants Southern avec une base Rock fortement teintée de Blues et de Soul. Vous avez l’intelligence de mettre votre technique au service d’un feeling incroyable. L’important est d’abord de donner une âme à vos morceaux ?

C’est une question difficile ! La plupart des chansons commencent par un feeling à partir duquel la musique évolue. Il nous pousse à prendre la guitare, à nous asseoir derrière le piano ou à chanter. Sonny et Dave ont le talent de traduire leurs sentiments en musique et je suis souvent capable de les mettre en mots et en mélodies. Les ingrédients les plus importants pour qu’une chanson vous touche est très probablement l’honnêteté et l’intention qu’on y met. Sans cela, ce serait juste creux et froid.

Photo : Cem Altınöz

– Les chansons sont littéralement transcendées par le feeling, l’émotion et ta puissance vocale, que l’on peut d’ailleurs aussi retrouver chez Sharleen Spiteri notamment. De quoi parlent vos textes et est-ce la musique qui vient se poser sur les paroles, ou l’inverse ?

Les thèmes principaux de notre premier album sont l’amour, la perte, le désir et ce que tout ça peut nous apprendre. Il s’agit de grandir à travers la douleur et de trouver la force d’affronter et d’apprendre, au lieu de retomber dans des schémas toxiques. Il faut apprécier ce que nous avons, tout en aspirant à ce que nous n’avons pas encore. Le titre « A Fool’s Paradise » fait référence au phénomène de vivre dans un monde où rien n’est ce qu’il paraît. Nous avons tellement grandi ces dernières années que nos chansons racontent les leçons que nous avons apprises et les nouvelles visions du monde que nous avons aujourd’hui. Par ailleurs, sur l’album, nous essayons de décrire le fait que tout le monde a des imperfections et éprouve des difficultés, et que ce serait un paradis de fous, si on pensait être les seuls dans ce cas ! (Rires)

En ce qui concerne le processus d’écriture, il diffère selon la chanson. La musique ou les paroles peuvent venir en premier, et cela dépend aussi si la chanson est écrite par l’un d’entre nous ou par l’ensemble du groupe. Cela peut arriver que le groupe soit en train de composer et qu’en même temps j’écrive les paroles, comme pour « Deaf & Blind ». Il est aussi arrivé que Dave produise entièrement un morceau et me l’envoie. Ce fut le cas pour « A Fool’s Paradise », par exemple. Parfois, j’écris des paroles sous forme de poème, je n’y touche pas pendant des mois et quand la bonne musique arrive, je les ressors comme pour « Please Watch My Bag ». Pour « The River », Sonny a sorti un riff de guitare, nous nous sommes assis à côté avec Dave et la chanson s’est faite ainsi. Nous n’avons pas vraiment de méthode, et très souvent, en utiliser plusieurs nous permet de découvrir beaucoup de choses.

– Outre les mélodies qui sont terriblement efficaces, il y a un énorme travail sur les arrangements, qui peuvent d’ailleurs rappeler les premiers albums de Tedeschi Trucks Band et d’autres grosses formations Blues et Soul. Chaque détail compte et pourtant l’ensemble est si fluide. On vous sent vraiment pointilleux et tellement libres à la fois. C’est un drôle de contraste, non ?

Oui, c’est vrai. Nous nous efforçons toujours d’obtenir une musique de grande qualité avec beaucoup de technique, mais nous nous laissons aussi beaucoup aller en suivant le feeling de l’un d’entre-nous. Lorsque nous discutons sur certaines parties de nos morceaux, nous arrivons facilement à mettre nos égos de côté pour être totalement au service de la chanson. Cela dit, c’est Dave qui a la plus grande influence sur les arrangements, tout simplement parce qu’il a une très bonne oreille et un grand feeling. Il sait mieux que personne élever une chanson. Par ailleurs, c’est un processus qui prend beaucoup de temps et qui demande beaucoup de tentatives, et pas toujours réussies d’ailleurs. C’est vrai que l’âme d’une chanson, comme nous en avons parlé plus tôt, prend forme et grandit pendant le processus d’écriture. Les détails et les arrangements que l’on ajoute ensuite sont là pour renforcer cet ensemble et laisser ressortir les parties les plus importantes, que ce soit un gros riff de guitare, le texte ou tout le travail fait en amont sur la mélodie.

A suivre…

Retrouvez la chronique de l’album :

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Blues

Reddog And Friends : Southern Blues rules

Cela fait des décennies que le guitariste et chanteur REDDOG perpétue la tradition du Southern Blues avec un feeling et une sincérité intacte et à toute épreuve. Superbement produit, « Booze, Blues And Southern Grooves » met en lumière un registre authentique livré par un groupe dont la légitimité reste incontestable.

REDDOG AND FRIENDS

« Booze, Blues and Southern Grooves »

(Survival South Records)

Tout dans ce nouvel album de REDDOG AND FRIENDS respire le sud des Etats-Unis que ce soit du côté des musiciens, dans le son et jusqu’au lieu où a été enregistré « Booze, Blues And Southern Grooves ». Figure de la scène Blues d’Atlanta et aujourd’hui basé à Pensacola en Floride, c’est pourtant au cœur de l’Alabama que ce nouvel opus a vu le jour dans une tradition respectée.

Le guitariste et chanteur est ici entouré de ses amis, eux-mêmes des cadors du registre et d’un trio féminin incroyable aux chœurs. Chaleureux et tout en émotion, on est littéralement bercé par ce Blues très Soul aussi langoureux que groovy. REDDOG AND FRIENDS propose une plongée immersive essentiellement Southern à travers des morceaux plus intemporels les uns que les autres.

Le début de l’enregistrement s’est fait avec le regretté producteur Johnny Sandlin pour trois titres uniques (« Simple Song », « Searching For Some Soul », « Honest Man »), qui ont servi de base à « Booze, Blues And Southern Grooves ». Le reste de l’album a très naturellement été terminé à Muscle Shoals, chez East Avalon Recorders, afin de conserver l’esprit et l’authenticité de ce son immuable. REDDOG AND FRIENDS envoûte… tout simplement !

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Blues Blues Rock Soul / Funk

Eric Gales : un pas vers le trône

Personnage excentrique et musicien hors-pair, le chanteur et guitariste ERIC GALES réapparaît tout en sobriété (!) avec « Crown », un seizième album où le Blues Rock se fond dans la Soul et le Rythm’n Blues brillamment. Provocateur et toujours très technique, le compositeur laisse ici parler son feeling sans être trop démonstratif.

ERIC GALES

« Crown »

(Provogue Records/Mascot Label Group)

Si vous ne connaissez pas le grand bluesman qu’est ERIC GALES et que vous souhaitez apprécier pleinement son nouvel album, ne vous attardez ni sur la pochette de « Crown », ni sur l’arrogance affichée et le parcours pour le moins chaotique de l’Américain. Le mieux est de profiter de ce seizième opus en se concentrant sur le son et surtout sur son jeu enfin retrouvé.

En 30 ans de carrière, le guitariste et chanteur californien est passé par tous les états, et dans tous les sens du terme, et semble aujourd’hui plus serein et inspiré que jamais. Six-cordiste très technique, ERIC GALES n’en demeure pas moins un artiste au feeling incroyable emprunt de Soul et de Rythm’n Blues au service d’un Blues tantôt Rock et souvent langoureux.

Ayant retrouvé sa créativité après des années de lutte contre sa toxicomanie, on retrouve l’énorme talent d’ERIC GALES. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Josh Smith et Joe Bonamassa, qui apparaît sur « I Want My Crown », produisent ce bel album. Très organique, les morceaux prennent une dimension où le groove tient le beau rôle (« Death Of Me », « Let Me Start With This », « The Storm »). Un joyau de plus !

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Blues Southern Rock

Harlem Lake : Southern beauty

Rarement un groupe fait un tel effet et montre autant de maîtrise et de qualité dès son premier album. C’est pourtant le cas avec HARLEM LAKE qui livre, en indépendant, « A Fool’s Paradise Vol.1 », une superbe réalisation aux saveurs Southern. A travers le Rock, le Blues et la Soul, les Hollandais font preuve d’une profondeur incroyable et d’un feeling d’une fluidité parfaite, le tout guidé par la voix intense et puissante de leur chanteuse. Monumental.

HARLEM LAKE

« A Fool’s Paradise Vol.1 »

(Independant)

Tirant son nom du polder de Haarlemmermeer près d’Amsterdam, HARLEM LAKE est un nouveau venu sur la scène Southern hollandaise et européenne et, comme bien souvent, le talent n’a pas attendu le nombre des années. Dans un registre très américain, « A Fool’s Paradise Vol.1 » traverse le Southern Rock, le Blues et la Soul avec grâce et élégance. A l’instar des formations d’outre-Atlantique, les musiciens sont parfaitement imprégnés de cette culture pleine de feeling et de magie.

Fondé par l’excellent pianiste Dave Warmerdam (remarqué lors de l’International Blues Challenge à Memphis), le pointilleux Sonny Ray à la guitare et l’incroyable Janne Timmer au chant qui illumine littéralement ce premier opus, HARLEM LAKE a osé s’aventurer avec une assurance et un savoir-faire inouï sur les plates-bandes des meilleurs groupes du style. Les Hollandais apportent une belle fraîcheur et une approche originale au Southern Rock dans toutes ses composantes.

Par ailleurs, le trio de départ est rapidement devenu un quintet avec les renforts de Benjamin Torbijn à la batterie et Kjelt Ostendorf à la basse. Mais c’est en version augmentée qu’HARLEM LAKE prend toute son ampleur. Et à douze musiciens (chœurs et cuivres en soutien), la magie est totale et les frissons garantis. Ce premier album est un trésor constitué de magnifiques joyaux (« Deaf Blind », « A Fool’s Paradise », « The River », « Guide Me Home », « My Turn To Learn », « I Wish I Could Go Running », , …) Epoustouflant de beauté !

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Blues Rock

Starlite Campbell Band : Toute la chaleur d’un Blues enivrant

Enregistré entre l’Espagne, l’Allemagne, le Portugal, le Pays de Galles et les studios d’Abbey Road à Londres, ce deuxième album de STARLITE CAMPBELL BAND dégage une énergie très positive, véritable remède à la morosité. « The Language Of Curiosity » navigue sur le groove de la basse de Suzy et la clarté de la guitare de Simon. Et leurs voix font le reste. Un enchantement.

STARLITE CAMPBELL BAND

« The Language Of Curiosity »

(Supertone Records)

Voici un album avec lequel on devrait commencer la journée régulièrement. Unis à la ville comme à la scène, Simon Campbell (guitare, chant) et sa femme Suzy Starlite forment (basse, chant), avec trois autres musiciens, le STARLITE CAMPBELL BAND. Loin d’en être à leur coup d’essai, le couple sort pourtant son deuxième album, « The Language Of Curiosity », une petite merveille de Blues Rock.

Multi-instrumentistes tous les deux, ils ont joué, enregistré, mixé et produit l’ensemble de ce nouvel opus et le résultat est un coup de maître. Grâce à un son parfaitement équilibré, clair et dynamique, « The Language Of Curiosity » dispose d’une production exceptionnelle. Cette élégance et cette précision dans le jeu a d’ailleurs valu à STARLITE CAMPBELL BAND d’être nominé à plusieurs Awards anglais et européens.

Se relayant tous les deux au chant, le couple proposent un Blues Rock très british, dont il ressort tout de même parfois quelques sonorités américaines. Si leur complémentarité est évidente et leur complicité touchante, STARLITE CAMPBELL BAND brille aussi par le groove de la basse de Suzy et les riffs et les solos plein de feeling de Simon. Une réussite en tout point pour un album solaire et positif.

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[Going Faster] : Abby Bryant & The Echoes / Pilgrim

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

ABBY BRYANT & THE ECHOES – « Not Your Little Girl » – Independent

Originaire de Caroline du Nord, ABBY BRYANT livre son premier album autoproduit, « Not Your Little Girl », dans lequel avec son groupe The ECHOES, elle fait preuve d’une maturité musicale étonnante. Dans un registre Soul et Southern mâtiné d’Americana et de Rock légèrement vintage, la chanteuse est accompagnée de son partenaire de jeu, le guitariste Bailey Faulkner. Quant au groupe, il est même composé de musiciens chevronnés ayant, ou jouant, aux côtés du Allman Betts Band, Susan Tedeschi ou Nick Ellman : autant dire le gratin de leur ville d’Asheville. Sur des morceaux plein de feeling, ABBY BRYANT se montre aussi sensible que féroce à travers des compositions très variées et addictives (« Not Your Little Girl », « Tried », « Where Do I Go », « I’m Telling You », « There’s No Way »). Premier essai brillamment transformé !

PILGRIM – « No Offense, Nevermind, Sorry » – Horton Records

Originaire Tulsa, Oklahoma, PILGRIM assure et assume la continuité de ce son si particulier rendu célèbre par le grand JJ Cale. Entre Blues, Rockabilly et Country, le frontman et guitariste Beau Robertson s’est attelé à l’écriture d’un album, au titre ironique, aussi varié qu’inspiré et surtout terriblement roots. Enregistré au Paradise Studio, ancien repère de Leon Russell, « No Offense, Nevermind, Sorry » est loin de faire dans la nostalgie ou la redite. Entouré d’un groupe exceptionnel, l’Américain ne bouscule pas la tradition, mais lui insuffle plutôt un petit coup de jeune, un brin impertinent. Mené par une voix pleine d’émotion, on navigue entre douceur (« Kate »), profondeur (« Darkness Of The Bar », « Out Of Touch ») et un optimisme joyeux et enlevé (« Down », « High On The Banks »). PILGRIM est une plongée dans l’Amérique profonde, via Tulsa et sa magie sonore.

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Blues Folk/Americana Soul / Funk

Natalia M. King : la grâce incarnée

Si le Blues s’est révélé à elle tardivement, le coup de foudre a été immédiat et la facilité avec laquelle la chanteuse s’est approprié le style est époustouflante. La New-Yorkaise, et française d’adoption, se livre sur un album taillé sur mesure, « Woman Mind Of My Own », que des saveurs Americana et surtout Soul viennent délicatement envelopper. NATALIA M. KING se présente sans fard à travers neuf morceaux délicats et radieux.

NATALIA M. KING

« Woman Mind Of My Own »

(Dixiefrog)

Arrivée en France il y a un peu plus de 20 ans maintenant, la chanteuse NATALIA M. KING est tombée dans le Blues un peu par hasard et l’électrochoc fut une révélation. Sept albums plus tard, la New-Yorkaise rayonne littéralement sur ce « Woman Mind Of My Own », qui navigue entre Blues, Soul et Americana qu’elle incarne brillamment. Roots et raffinée, difficile de ne pas tomber sous le charme.

Accompagnée par des musiciens étincelants, l’Américaine chante avec une rare émotion des morceaux de sa composition, ainsi que trois reprises qu’elle a totalement pris à son compte comme pour mieux les incarner. Faisant preuve d’un éclectisme remarquable, NATALIA M. KING affiche d’ailleurs une belle unité tout au long de l’album, signe d’une forte et sincère personnalité.  

Sensible sur « One More Try » de George Michael, très roots sur « (Lover) You Don’t Treat Me No Good » avec le bluesman Grant Haua, la chanteuse s’offre aussi un duo de toute beauté avec Elliott Murphy sur le « Pink Houses » de John Cougar Mellencamp. NATALIA M. KING régale sur ce nouvel album d’une réelle authenticité (« Forget Yourself », « Play On », « So Far Away », « Aka Chosen »). 

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Phillip-Michael Scales : le talent en héritage

S’il suffisait d’être le neveu d’un géant du Blues pour en être un  soi-même, cela simplifierait beaucoup de choses. Conscient de l’héritage légué par son oncle BB King, qui ne manqua pas de l’encourager avec bienveillance à ses débuts, PHILLIP-MICHAEL SCALES trace sa route avec classe et élégance. Bien sûr, le Blues sommeillait en lui avant même qu’il ne s’y plonge vraiment, mais c’est dans un style plus Rock et Soul qu’il s’affirme sur ce « Sinner – Songwriter » de toute beauté.  

PHILLIP-MICHAEL SCALES

« Sinner – Songwriter »

(Dixiefrog/Pias)

Du neveu de la légende BB King, on aura pu s’attendre à un album de Blues pur et dur, mais PHILLIP-MICHAEL SCALES, même s’il accueille son héritage à bras le corps, en a décidé autrement en restant dans un registre très personnel. Avec « Sinner – Songwriter », c’est plutôt à un album de Rock très bluesy et Soul que nous convie le multi-instrumentiste, à travers 14 morceaux aux mélodies imparables, véritables remède à la morosité.

D’une voix limpide et puissante, PHILLIP-MICHAEL SCALES nous plonge dans un style à la fois langoureux, rythmé et solaire. Songwriter hors-pair, il a même donné un nom à sa musique : le ‘Dive Bar Soul’ et il faut reconnaître que ça lui va comme un gant. Façon road-trip, « Sinner- Songwriter » a été enregistré à Chicago et s’il ne s’inscrit dans la tradition de la ville, il en garde des effluves et des sonorités identifiables.

Avec beaucoup d’émotion et une énorme sensibilité, PHILLIP-MICHAEL SCALES s’investit d’une manière incroyable dans des morceaux aux éclats multiples (« O Hallelujah », « Go Easy On Me », «  Another Man’s Sin », « Tell Me How I Sound Again »). Comme un clin d’œil, l’Américain nous gratifie même d’un superbe duo avec un autre neveu de renom, Archie Lee Hooker, sur « When They Put Me In My Grave ». Incontournable, tout simplement.  

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Joe Barr with Breezy Rodio : le même langage

Si une grande majorité des musiciens qui animent les hauts lieux musicaux de Chicago semblent tous incarner le Blues et la Soul de leur ville, il arrive aussi que certaines rencontres donnent naissance à des albums de très haute volée. JOE BARR et BREEZY RODIO mettent en commun leur dextérité et leur feeling au service d’une musique intemporelle et pleine d’émotion.

JOE BARR with BREEZY RODIO

« Soul For The Heart »

(Dixiefrog/Pias)

Alors qu’ils écument tous les deux les clubs de Chicago tout en se vouant une admiration réciproque depuis de longues années, la rencontre entre le grand pianiste et chanteur JOE BARR et le jeune guitariste BREEZY RODIO était attendue, sinon inévitable, le temps d’un album. Réunis en studio pour la première fois, les deux bluesmen livrent un moment unique et des sensations incroyables.

Redoutables performeurs pour qui la scène n’a plus de secrets, les deux hommes ont su transmettre sur disque l’instantanéité, le feeling et la fougue de leurs prestations live autour d’un (trop) court répertoire de dix morceaux qu’ils interprètent avec une magie de chaque instant. JOE BARR et BREEZY RODIO semblent avoir toujours joué ensemble, tant leur complicité saute aux yeux.   

Ouvrant les festivités avec « Drown In My Own Tears » de la légende Ray Charles, le duo s’applique donc à reprendre à son compte quelques standards triés sur le volet. Au menu : Tyrone Davis, Garland Green, BB King, Teddy Pendergrass, Jerry Butler et Johnny Taylor avec trois titres viennent garnir ce « Soul For The Heart », qui baigne avec une grande élégance entre Blues, Soul et Rythm’n Blues.

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Blues Soul / Funk

Zac Harmon : l’âme du Mississippi

ZAC HARMON est l’incarnation-même du son du Mississippi et il transmet un puissant message Soul de son Blues. Guitariste hors-pair, brillant chanteur et songwriter très instinctif, son talent resplendit sur ce nouvel album, « Long As I Got My Guitar », aussi expressif que soyeux et captivant. Sur les dix morceaux, la douceur est électrique et lancinante.

ZAC HARMON

« Long As I Got My Guitar »

(Catfood Records)

Né à Jackson dans le Mississippi, ZAC HARMON a baigné depuis son plus jeune âge dans le Blues et c’est très naturellement qu’il embrasse une carrière professionnelle dès ses 16 ans. C’est en tant que guitariste qu’il fait ses premières armes avant de s’envoler pour Los Angeles où il travaille comme musicien de studio, puis auteur-compositeur et enfin comme producteur.

Il faut attendre 2003 pour le bluesman sorte son premier album solo, « Live At Babe & Ricky’s Inn », un véritable hommage au son et à la musique de son Mississippi natal. Aujourd’hui basé au Texas, ZAC HARMON sort son premier album sur le label Catfood Records, dont le propriétaire, Bob Trenchard, co-signe d’ailleurs plusieurs morceaux de ce très bon « Long As I Got My Guitar ».

Accompagné par le groupe The Rays et ses deux incroyables choristes, l’Américain distille un Blues contemporain mêlé à ses racines familiales, ainsi qu’à une Soul aussi douce que son jeu est électrisant. Doté d’une voix profond et chaude, ZAC HARMON se pose en virtuose de la six-cordes, et son feeling n’a d’égal que sa dextérité. « Long As I Got My Guitar » est tout simplement envoûtant et apaisant.