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Blues Psych Rock

Three Moons Ago : un lâcher prise envoûtant

Totalement imprégné par la musique des 70’s qu’elle soit Rock, Blues ou Psychédélique, THREE MOONS AGO offre une belle respiration à cette époque bénie en faisant un mix à la fois savoureux, aérien et pêchu. Ce premier album, sur lequel l’expérience du trio se devine dès les premières notes, est une ode au groove et aux belles harmonies.

THREE MOONS AGO

« Write Your Story »

(M&O Music)

Sans fioriture mais sur un groove imparable, THREE MOONS AGO livre son premier album certes, mais qui est loin d’être joué par de jeunes premiers. Le trio, qui a sorti « Write Your Story » il y a quelques temps déjà, propose un style vintage sans être dépassé et suffisamment actuel pour être indémodable. Le Rock Psych très bluesy des Français rend hommage de belle manière à une époque intemporelle.

Clairement inspirés par les 70’s, Pat Martin (guitare, basse, batterie), Jose Dos Santos (claviers, chant) et Math Boudou (chant), sous un étonnant line-up, distillent onze compos qui ne tapent pas dans la nostalgique, mais la rafraîchissent. De riffs accrocheurs et langoureux en rythmiques hypnotiques déployées sur tout l’album, THREE MOONS AGO apporte autant de couleurs que d’ambiances diverses à ses morceaux.

Très Rock et psychédélique sur « Drown My Brain » et « Feel Like Shit », funky/Soul sur « Sting Me » ou plus envoûtant sur « Write Your Story », « Deeper And Deeper » ou « How Do You Feel », le trio maîtrise son sujet en ne s’enfermant dans aucune case et tout en restant très fédérateur (« To Be Free », « Cut Me Some Slack »). THREE MOONS AGO captive avec ce « Write Your Story » que l’on espère savourer sur scène prochainement.

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Blues Rock

J Lee And The Hoodoo Skulls : explosif et déjanté

Originaire du Surrey au sud de Londres, les musiciens de J LEE AND THE HOODOO SKULLS ont un bagage musical conséquent qui transpire sur chaque morceau de ce nouvel et second album. Très Rock et attaché à un Blues à la fois roots et moderne, le quatuor britannique déroule avec vigueur un registre original et rentre-dedans.

J LEE AND THE HOODOO SKULLS

« Beggars Soul »

(Independant)

Roots, bluesy et gras façon biker Rock, le quatuor britannique livre un deuxième album plein de panache, de fougue et d’une authenticité pleine de folie. Composé de Jason Lee (guitare, chant), Harun Kotchb (guitare), Wayne Riches (batterie – Skunk Anansie) et Mike Hartnett (basse), J LEE AND THE HOODOO SKULLS distille un gros son et pied au plancher d’un bout à l’autre.

Très british dans le son et l’attitude, le groupe avance avec assurance et lance un regard bienveillant dans le rétro (« Baby Blue »). Enregistré en partie dans le home-studio du guitariste également producteur de « Beggars Soul », le reste de l’album a été réalisé au studio The Chapel, une ancienne église, où le combo du sud londonien a élaboré un son racé, direct et percutant.

Le Rock fortement teinté de Blues des Anglais est d’une rudesse addictive qui dévoile une sincérité à la fois renversante et captivante (« Let Your Hair Down », « Highway », « Don’t Bother Me », « Get Over You », « Ain’t No Way »). J LEE AND THE HODOO SKULLS apporte autant de fraîcheur que d’incandescence à travers un jeu tranchant et réjouissant. La rencontre idéale entre un Rock un brin vintage et un Blues solide.

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Blues Doom Stoner/Desert

Sun Crow : la face cachée du soleil

Avec « Quest For Oblivion », SUN CROW vient de créer une faille ou le chaînon manquant entre le Doom, le Stoner, le Blues et le Grunge avec une créativité et une dextérité, qui créent un nouveau champ des possibles. Sur 70 minutes, le quatuor de Seattle montre un travail instrumental exceptionnel doublé d’une prestation vocale époustouflante.

SUN CROW

« Quest For Oblivion »

(Ripple Music)

Les groupes de Seattle font du Grunge (sauf peut-être Jimi Hendrix quand même !), tout le monde sait ça ! SUN CROW ne déroge, presque, pas à la règle. Sauf que le quatuor s’est approprié une partie de l’esprit du style pour mieux le malmener. Pour faire court, le groupe prend un malin plaisir à l’écrabouiller et le déchiqueter minutieusement à l’aide d’un Doom Metal massif, lourd et explosif teinté de Blues. Un début de plaisir.

SUN CROW ne se contente pas de grungiser son registre avec un Doom dévastateur, le combo est bien plus subtil que ça. Les énormes riffs de Ben Nechanickey laissent aussi échapper des effluves de Blues très aériennes, qui apportent un peu de lumière à ce « Quest For Oblivion » étonnant et très novateur. Et l’imposante rythmique de Brian Steel (basse) et de Keith Hastreiter (batterie) offre un volume considérable à l’album.

Qualifié ce premier opus des Américains de colossal n’est pas infondé, surtout si l’on prend en compte la prestation hors-norme de Charles Wilson, son chanteur, remplacé depuis par Todd Lucas. Surpuissant sur « Fear », « End Over End », « Collapse » ou « Titans », SUN CROW manie le Doom, le Stoner, le Blues et le Grunge avec une aisance déconcertante (« Black It Out », « Hypersonic »). L’un des albums de l’année ! Incontestablement !

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Blues

Dave Kalz : armé de feeling

Guitariste hors-pair et chanteur à la joie communicative, DAVE KALZ distille un Blues Rock qui va puiser dans un grand nombre d’époques et de sonorités. De sa Louisiane natale à des atmosphères plus funky et même surf, le virtuose se fait plaisir autant qu’il régale et joue sur le feeling. Avec « Relish », il parcourt avec maestria le vaste univers du Blues.

DAVE KALZ

« Relish »

(Gulf Coast Records)

Basé à Milwaukee dans le Wisconsin, le chanteur et guitariste DAVE KALZ signe enfin son premier album solo pour Gulf Coast Records. Membre fondateur du Devon Allman’s Honeytribe et d’Anthology notamment, il a écumé les scènes américaines aux côtés des plus grands, des Allman Brothers à Molly Hatchet, et se lance dans le grand bain sur le label de son ami, le guitariste Mike Zito. Une signature somme toute évidente.

« Relish » est une sorte de passages en revue des influences de l’Américain et elles vont de SRV à Albert Collins en passant par ZZ Top et Little Feat. Du solide auquel DAVE KALZ a apporté une touche très personnelle, arborant un Blues Rock aussi énergique qu’authentique. Et on retrouve même tout au long de l’album les chaudes sonorités de Saint Louis d’où est natif le guitariste.

Du torride « Mexico » aux sombres « Werewolf Blues » et « Route 666 », DAVE KALZ se montre très à son aise dans de nombreux registres. Plus costaud sur « Taxman », « Stone Cold Stuck » et « Coffee With A Muffin », le guitariste montre un jeu fluide, une dextérité et un feeling imparable. Vocalement, la variété de son interprétation sur l’ensemble de « Relish » en fait vraiment un très bel album.

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Blues Rock

Billy F Gibbons : un Texan à Joshua Tree

Alors qu’un nouvel album de ZZ Top se fait cruellement attendre, son guitar-hero maison, continue d’empiler les riffs et les solos imparables de son côté. Ce troisième album, « Hardware », est à l’image de BILLY F GIBBONS, c’est-à-dire mordant, classieux et tout en feeling. Et la chaleur de Joshua Tree lui va comme un gant…

BILLY F GIBBONS

« Hardware »

(Concord Records)

Alors que ses deux camarades de ZZ Top semblent en vacances prolongées, BILLY F GIBBONS passe son temps à sortir des albums solos. « Hardware » est son troisième depuis 2015 et cette fois, il comporte pour l’essentiel des compos originales pour une seule reprise (« Hey Baby, Que Paso » des Texas Tornados). Et au-delà du fait que c’est toujours réjouissant d’écouter le Texan, ce nouvel opus est vraiment très bon.

Enregistré dans le désert de Mojave en Californie (ça devait cailler au Texas !), « Hardware » est un beau panel des innombrables talents de BILLY F GIBBONS. Guitariste hors-pair et chanteur à la voix de velours, il nous transporte dans un Blues bien à lui avec toutes les facettes que l’on connait déjà du barbu. Très Rock dans son ensemble, le Boogie Blues n’est jamais loin et les titres plus calmes sont d’une habileté pleine de feeling. 

Du haut de ses 77 ans, BILLY F GIBBONS envoie du bois comme au premier jour (« My Lucky Card », « She’s On Fire », « Shuffle, Step & Slide ») et varie les tempos avec une incroyable dextérité (« Vagabond Man », « Stackin’ Bones » en duo avec les frangines de Larkin Poe). Entraînant, captivant et sensible, ce troisième album est un régal du début à la fin (« I Was A Highway », « Desert High », « Spoken Words »). Bravo et merci Monsieur !

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Blues Rock

Quinn Sullivan : une efficacité bluffante

Sous ses airs de jeune premier, QUINN SULLIVAN est loin d’être un petit nouveau. Depuis plus de 10 ans, le songwriter américain présente un Blues Rock rafraîchissant, léger et pourtant tout en virtuosité. Très bon guitariste, sa prestation vocale est aussi très solide et démontre une créativité au service de ses multiples talents et d’un grand feeling.

QUINN SULLIVAN

« Wide Awake »

(Mascot Label Group/Provogue)

Auteur, compositeur, chanteur et guitariste virtuose, QUINN SULLIVAN fait partie de ces jeunes prodiges comme les Etats-Unis savent en produire. A seulement 22 ans, le natif du Massachusetts livre son quatrième opus, « Wide Awake », d’une fraîcheur incroyable et d’une étonnante maturité. Lorsque l’on sait que son premier album date de 2011, on ne peut que saluer son parcours sans faute.

Le jeune musicien a mûri comme on peut le constater sur « Wide Awake ». L’apprenti bluesman a pris du galon en côtoyant notamment son héro Buddy Guy ou Carlos Santana et en foulant des scènes prestigieuses aux quatre coins du monde. Produit par Oliver Leiber (Aretha Franklin, Beth Hart), les 12 morceaux de QUINN SULLIVAN prennent un éclat d’une authenticité et d’une sincérité rares à cet âge.

Sans entrer de plein pied dans un album de Blues pur, le guitariste évolue dans un Rock US, assez californien d’ailleurs, et des ambiances plus Soul et Funk… toujours avec une teinte bluesy. Les thématiques du style sont toujours aussi présentes, mais d’une manière très moderne et QUINN SULLIVAN s’avère être un excellent songwriter (« All Around The World », « In A World Without You », « You’re The One », « Keep Up »).

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Blues Soul / Funk

Same Player Shoot Again : King mania

SAME PLAYER SHOOT AGAIN n’est pas un cover-band comme les autres, loin de là. Le septet français semble s’être donné pour mission d’offrir un nouvel éclat aux trois ‘King’ de la guitare Blues. Et après Freddie, c’est au tour du répertoire du grand Albert King de passer entre les mains expertes du groupe pour ce « Our King Albert », magistral de feeling et de dextérité. En attendant peut-être B.B….

SAME PLAYER SHOOT AGAIN

« Our King Albert »

(Five Fishes/Socadisc)

Après un premier tribute couronné de succès et qui rendait hommage au grand Freddie King en 2018, cette dream team du Blues hexagonal s’attaque à un autre King et pas des moindres : Albert. Saluer comme il se doit ‘The Velvet Bulldozer’ n’est pas à la portée de tout le monde, mais les musiciens de SAME PLAYER SHOOT AGAIN sont de redoutables et talentueux experts en la matière, et ils se sont vraiment fait plaisir.

Faisant carrière en France comme à l’international, les sept membres du groupe ont tous un CV long comme le bras et surtout un feeling et une technique hors-norme… et il en faut pour ne pas faire offense à ce maître du Blues. SAME PLAYER SHOOT AGAIN parvient avec brio à retranscrire l’âme des morceaux de l’Américain avec une délicatesse et un toucher incroyable.

« Our King Albert » est un hommage appuyé à l’homme à la Flying V, dont le talent continue de briller à travers tout l’album. Les classiques du bluesman du Mississippi comme des titres moins connus sont présents sur les 14 plages, qui baignent dans une atmosphère Soul, Funk et Rythm’n Blues (« Born Under A Bad Sign », « Oh Pretty Woman », « Angel Of Mercy », « I Wanna Get Funky »). SAME PLAYER SHOOT AGAIN fait revivre la légende avec classe.  

A noter que le groupe se produira dans le temps du Blues parisien, le New Morning, le 14 septembre prochain.

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Blues Stoner/Desert

The Blind Pilots : un groove imparable et exalté

Avec un premier album pareil, THE BLIND PILOTS met un joli coup de pied dans la fourmilière Blues Rock classique. Le quatuor australien fait preuve d’une énergie considérable en injectant des riffs Stoner sur des Slides entraînantes, soutenues par un harmonica débridé. L’unité et la puissance affichées font franchement plaisir à entendre.   

THE BLIND PILOTS

« All Kinds Of Crazy »

(Independant)

Le Blues australien se détecte dès les premières notes et THE BLIND PILOTS ne faillit pas à la règle. Très brut, Rock et flirtant avec insistance avec le Stoner, le quatuor de Sydney propose un premier album costaud, éprouvé sur scène et qui se veut rassembleur. Avec « All Kinds Of Crazy », le combo affiche un feeling incroyable et une puissance très créative. La saveur très roots de cet opus est savoureuse.

Le premier EP sorti en 2019 avait déjà fait résonner le nom du groupe jusqu’à le faire figurer dans les charts australiens, et si tout va bien ce premier album devrait très rapidement prendre le même chemin. L’énergie déployée et l’intensité de « All Kinds Of Crazy » montrent que THE BLIND PILOTS dispose d’un style dont les variations font mouche, mais pas seulement.

A grands renforts de Slide et avec un harmonica rugueux très présent, les gros riffs d’Owen Mancell combinés à sa voix chaleureuse font du combo une vraie machine à secouer les foules (« I’d Be Lying », « Car Crash », « Probably Think Of You »). THE BLIND PILOTS se montre très accrocheur et moderne tout en montrant un grand respect pour les pères du Blues (« Take Me Home », « Mood Of The Dude »). Un modèle du genre !

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Blues Soul / Funk

Steve Cropper : maître à jouer

STEVE CROPPER est un musicien de l’ombre, et pourtant tout le monde a entendu au moins une fois l’un des méga-hits auxquels il a activement participé pour Stax Records dans les années 60. Vénéré par Brian May, Jeff Beck ou Eric Clapton, le  guitariste et compositeur se fait cette fois un petit plaisir personnel, dont on est plus que ravi, avec son premier album solo depuis de longues années.

STEVE CROPPER

« Fire It Up »

(Provogue/Mascot Label)

Si vous l’ignorez, cet homme est une légende et probablement le ‘guitar-hero’ le plus discret de la planète Blues/Soul et pourtant les plus grands lui doivent énormément. Guitariste et compositeur, il est de tous les classiques d’Otis Redding, Wilson Pickett, Johnny Taylor, Albert King et plus tard, il fut aussi le sideman de John Lennon, Bob Dylan ou encore Eric Clapton. Ça situe STEVE CROPPER et relative aussi la mise en lumière d’autres…

Selon ses dires, l’Américain n’avait pas sorti d’album solo depuis 1969 ! On peut ainsi voir « Fire It Up » comme une petite respiration personnelle que s’offre ce grand soulman. Sur une production brillante, cela va sans dire, le guitariste s’engouffre dans des registres qu’il maîtrise à la perfection et dont il a laissé le chant au génial Roger C. Reale, dont la voix chaude et roque embellit encore plus le jeu de STEVE CROPPER.

Assez peu démonstratif, il se concentre plus sur l’ensemble des morceaux que sur ses propres parties de guitares, qui sont toujours d’une justesse irréprochable. Enveloppé dʼune séduisante section de cuivres, « Fire It Up » regorge de pépites Blues, Soul, Funky et Rock dont on retiendra notamment « Fire It Up », « One Good Turn », « Out Of Love », « She’s Fine », ou encore le phénoménal « Heartbreak Street ». STEVE CROPPER reste inégalable et envoûtant.

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Blues

The Black Keys : back to the roots

THE BLACK KEYS fait partie de ces groupes qui se bonifient avec le temps, on en a maintenant la certitude. Le duo de l’Ohio est parti à Nashville enregistrer son dixième album… et il est très bon, d’autant que les musiciens présents sont parmi les meilleurs du genre. « Delta Kream » contient onze reprises de standards de Blues et c’est sur le Mississippi que les Américains ont jeté leur dévolu.

THE BLACK KEYS

« Delta Kream »

(Easy Eye Sound/Nonesuch Records)

Autant ne pas tourner autour du pot : THE BLACK KEYS vient de livrer son meilleur album en 20 ans de carrière. Et il se trouve qu’il est constitué de reprises… comme quoi ! Avec « Delta Kream », le duo américain rend hommage aux héros de sa jeunesse et plus précisément au Mississippi Hill Country Blues, un style caractéristique porté par de grands noms dont les morceaux sont aujourd’hui des classiques.

Ancêtre du Blues, le Hill Country vient du Mississippi et date du début du XXème siècle. Douze mesures et ça dure depuis plus de 100 ans ! Parmi les pionniers et illustres représentants, on retrouve bien sûr John Lee Hooker, R.L. Burnside, Jr Kimbrough et Fred McDowell que THE BLACK KEYS a décidé de tous honorer. Très bien produits, les onze morceaux de « Delta Kream » apportent un beau coup de frais à ce Blues originel, et sans le dénaturer.

Dan Auerbach (guitare, chant) et Patrick Carney (batterie) sont sublimement accompagnés par le bassiste Eric Deaton et Kenny Brown à la slide. Majoritairement enregistré en une prise, l’album est d’un groove incroyable et montre le plaisir évident qu’ils ont pris à jouer ensemble. Le seul bémol vient de la voix d’Auerbach car, même quand on aime ça, on ne s’improvise pas bluesman. Cependant, THE BLACK KEYS signe un très bel album.