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Blues Rock Soul / Funk

Patrick Sweany : driven by truth

Avec « Baby, It’s Late », PATRICK SWEANY va encore plus loin dans sa recherche d’un Blues électrique et universel. Rock, Funky et Soul, ce nouvel opus dégage une proximité dense et explosive. Particulièrement bien accompagné, son chant se fait également plus profond et le côté très organique du son met en évidence une écriture efficace et accrocheuse. Et l’enregistrement à l’ancienne offre un aspect luxuriant et chaleureux à l’ensemble

PATRICK SWEANY

« Baby, It’s Late »

(Nine Mile)

Bluesman accompli et redoutable homme de scène, le natif de l’Ohio basé à Nashville depuis de nombreuses années fait enfin son retour sept ans après « Ancient Noise ». Non qu’il soit resté les bras croisés, bien au contraire, PATRICK SWEANY a enchaîné les concerts tout en mettant sur pied deux formations. Avec The Tigers Beats, il s’est consacré au répertoire Blues des années 50 et 60, tandis qu’avec Super Felon, le quintet est plus axé sur la Soul et le Funk. De quoi s’ouvrir des horizons nouveaux et rompre avec la routine.

Et durant tout ce temps, l’Américain n’a pas cessé non plus de composer de nouvelles chansons. Ce sont d’ailleurs des musiciens issus de ses deux groupes qui l’accompagnent sur « Baby, It’s Late » et le feeling qui les lie est juste phénoménal. C’est dans un Blues Rock brut, au groove épais et rugueux que PATRICK SWEANEY se déploie et laisse s’échapper aussi de subtiles ballades pleines d’émotion (« Christmas Parade » et « See Through »). Le style est direct et sans fioriture et il se montre littéralement habité par son jeu.

Signe  d’une  grande maturité artistique acquise après plus de 25 ans de carrière, le chanteur, guitariste et songwriter s’est occupé lui-même de la production de ce onzième album studio. Enregistré en deux jours seulement et en conditions live avec ses partenaires, « Baby, It’s Late » est d’une authentique sincérité et PATRICK SWEANY affiche la vérité d’un leader à la fois solide et sensible. En quête d’immédiateté, c’est un Blues très instinctif aux sensations Southern et avec une fraîcheur d’âme intemporelle qu’il présente. Intense !

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Blues Soul / Funk

The Boneshakers : funky vibes

Rayonnant et électrisant sont les deux sentiments qui émergent de l’écoute de « Live To Be This », le nouvel opus de THE BONESHAKERS. Les Américains ont vu les choses en grand et entre duos, featurings et un esprit funky chevillé au corps, c’est un large panorama du Blues qui prend vie sur cette belle production. Groovy et cuivrée à souhait, c’est l’une des plus savoureuses du genre de l’année, dotée d’un esprit Soul irrésistible et d’une vivacité omniprésente.

THE BONESHAKERS

« Live To Be This »

(Gulf Coast Records)

Avec ce onzième album, le guitariste de Detroit Randy Jacobs et la chanteuse californienne Jenny Langer font une fois de plus parler la poudre et il se pourrait bien que « Live To Be This » soit même le meilleur disque des BONESHAKERS. Alliage de Blues et de Funk où vient s’inviter un Rythm’n Blues incandescent, on se balade ici entre la Motor City, Muscle Shoals et Memphis. De l’amour, du punch et de la Soul, tout cela resplendit grâce à ce duo hors-norme, qui a concocté une tracklist de rêve.

Alors que THE BONESHAKERS a accompagné la saxophoniste et chanteuse Mindi Abair le temps de nombreuses tournées et de plusieurs enregistrements, la renaissance vient sans doute de l’arrivée au chant de Jenny Langer sur « One Foot In The Groove » (2023). Etincelante, elle donne encore le meilleur sur « Live To Be This », constitué de titres originaux et de reprises aussi méconnues que surprenantes. Mais à travers les 14 chansons, le voyage est beau et surtout, il traverse plusieurs contrées musicales avec la même force.

Et afin de rendre cette nouvelle réalisation encore plus lumineuse, le tandem moteur de THE BONESHAKERS a convié quelques invités de renom. Dans ce beau feu d’artifice se succèdent Bobby Rush, Don Was, Charlie Musselwhite, Coco Montoya et Greg Bissonette derrière les fûts. Pour les covers, le groupe dépoussière et dynamise des chansons de Betty Davis, Iggy Pop, Jimmy Hall, Ike et Tina Turner, Screamin’ Jay Hawkins ou encore The Fabulous Thunderbirds. Eclectique, sensuel, puissant et soigné, les sensations exultent.

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Blues International Soul / Funk Southern Blues

The Devon Allman Project : collective soul [Interview]

Devon Allman a beau multiplier les projets à travers des formations aussi diverses que nombreuses, il revient finalement toujours à ces premières amours. Celle du Blues est bien évidemment au centre de son répertoire et est même la base de sa construction musicale d’artiste. Cette fois, le guitariste, chanteur et compositeur surgit avec THE DEVON ALLMAN PROJECT entouré d’une pléiade d’invités de renom, et tous semblent n’avoir eu comme unique objectif celui d’élever le Blues à son sommet. Mission accomplie avec « Blues Summit », un album resplendissant, chaleureux, virtuose et sur lequel tous les musiciens se sont mis au service de leur style favori et à travers lequel ils rayonnent. Nouvel entretien avec celui qui ne lève jamais le pied… et on ne saurait s’en plaindre !

– Lors de notre interview l’an dernier à l’occasion de la sortie de « Miami Moon », tu me disais que tu ne pouvais pas rester en place et cela se vérifie avec « Blues Summit », sans compter les concerts entre les deux albums. Cette fois, c’est avec THE DEVON ALLMAN PROJECT que tu reviens. C’est important pour toi ce genre de disque collaboratif ? 

Tout d’abord, « Blues Summit » est une véritable rencontre musicale, dans le sens où  créer un album avec ces légendes que sont Jimmy Hall, Larry McCray et Sierra Green, a été un vrai plaisir. On a aussi la chance d’avoir les participations spéciales de Robert Randolph And The Memphis Horns et celle de Christone ‘Kingfish’ Ingram, ce qui le sublime encore un peu plus. Et puis, pouvoir également enregistrer pour la première fois avec mon groupe de tournée, THE DEVON ALLMAN PROJECT, a été quelque chose de très important pour moi. Tous les musiciens présents sur cet album ont littéralement donné le meilleur d’eux-mêmes.

– D’ailleurs, tu laisses vraiment tes invités prendre l’initiative. « Blues Summit » est un album où tu sembles même parfois te mettre en retrait. Comment s’est passée la composition, car Larry Mc Cray a aussi écrit deux chansons ?

Cela a commencé pendant notre tournée annuelle avec ‘Allman Betts Family Revival’, nous nous retrouvions régulièrement dans les loges pour écrire des chansons chacun de notre côté. Larry (McCray – NDR) avait déjà de nombreux riffs et plein d’idées… Certaines ont débouché sur les chansons « Blues Is A Feeling », « Runners In The Night » et bien d’autres encore… C’est franchement étonnant de voir comment il est incroyablement facile pour lui d’écrire de la musique.

– Le titre de l’album parle de lui-même et c’est vrai qu’il est peut-être le plus Blues de ta carrière. Etait-ce délibéré de ta part dès le départ, ou t’es-tu adapté aux musiciens qui allaient t’accompagner ?

Je pense que « Blues Summit » est le fruit d’une rencontre de haut vol entre musiciens et le Blues en est la pierre angulaire pour moi comme pour tous les invités. Il nous rassemble et c’est le style qui est d’ailleurs l’alpha du Rock’n’Roll. Il était donc logique de l’adopter, à la fois dans un style vintage et dans sa version la plus moderne.

– Tu as l’habitude de partager la scène, comme les studios, avec d’autres artistes depuis toujours. Qu’est-ce que tu aimes tant dans ces échanges ? Partager le même plaisir ensemble, ou est-ce qu’il y a aussi une sorte d’émulation à se surpasser les uns les autres ?

Tu sais, je pense que le travail d’équipe peut réaliser vraiment tous les rêves… Dans un autre registre, qui a franchement envie de jouer au basket-ball tout seul ? C’est le fait de partager cette joie qu’offre la musique et de la créer ensemble, qui la rend si spéciale et unique.

– Parmi tes invités, on retrouve Christone ‘Kingfish’ Ingram, Robert Randolph, Jimmy Hall et Larry McCray pour la partie instrumentale surtout. Est-ce parce que vous vous connaissez de longue date qu’ils sont présents, car on sent une grande complicité ?

Nous sommes tous synchroniser les uns aux autres. Je pense qu’on nous a jeté le même sort finalement. (Sourires) Par ailleurs, nous sommes très compatibles et complémentaires également. Je crois que nous sommes tous connectés à la grande muse de l’univers, c’est quelque chose qui est en nous. (Sourires)

– Et il y a également la chanteuse Sierra Green de la Nouvelle Orleans, qui est étincelante sur « Real Love ». C’était important d’apporter cette touche féminine très Soul et sensuelle, comme une façon aussi de pouvoir aborder tous les registres du Blues ?

Je pense que Sierra est déjà une légende. Maintenant, c’est juste aux gens de s’en rendre vraiment compte ! Tu sais, j’ai écrit « Real Love » spécialement pour elle, du début à la fin. Je peux même te dire que c’est probablement la chanson dont je suis le plus fier que ce soit en tant qu’auteur-composteur et même par rapport à toutes les autres de l’album auxquelles j’ai participé à l’écriture. Et puis, la touche féminine est toujours importante dans la musique et sur un disque.

– D’ailleurs, s’il y a de grands guitaristes sur l’album, « Blues Summit » est aussi très cuivré, ce qui le rend à la fois funky et enveloppant. Est-ce parce que tu es à la recherche d’une certaine intemporalité, ou juste pour le plaisir d’œuvrer au sein de formations nombreuses auxquelles tu as toujours été habitué ?

J’ai toujours pensé que les cuivres avaient beaucoup la classe, car ils rehaussent vraiment un enregistrement. Et au-delà de ça, cela vient fait écho à mon amour pour le Jazz. Ils permettent toujours d’élever n’importe quel morceau à un niveau supérieur. Et sur « Blues Summit », les cuivres du ‘Memphis Horns’ et ceux du ‘Funky Butt Brass Band’ ont été superbes et fantastiques sur toutes les chansons.

– J’aimerais qu’on dise un mot de l’enregistrement, qui a eu lieu au Shawhorse Studio de Saint-Louis. On y perçoit cette belle chaleur du Sud, qui offre un son très groovy. Est-ce que le lieu a été important dans ton choix cette fois ?

Tu sais, Saint-Louis, c’est chez moi. C’est ma maison ! C’est vrai que jusqu’à présent, j’ai toujours choisi d’enregistrer dans d’autres villes comme Chicago, Miami, Memphis ou Nashville. Mais cette fois-ci, je voulais vraiment être à la maison avec ma femme, mon fils et mon chien ! Rien que le fait de pouvoir quitter une séance en studio et rentrer préparer le dîner a été un vrai plaisir pour moi ! (Sourires)

– « Blues Summit » contient aussi deux belles reprises : « Wang Dang Doodle » de Willie Nelson et « Little Wing » de Jimi Hendrix. As-tu choisi ces chansons avec une idée bien précise sur la façon dont tu voulais te les approprier, ou est-ce un choix simplement guidé l’affection que tu leur portes ?

Dès le départ, je savais que Jimmy Hall pouvait faire un vrai carton avec « Wang Dang Doodle ». Quant à « Little Wing », je l’ai joué lors de la tournée ‘2025 Experience Hendrix Tour’ (une tournée qui a eu lieu en mars et avril dernier courant sur 27 dates aux Etats-Unis et avec un casting de rêve – NDR), et cela m’a donc paru assez logique de l’interpréter ici. Et au-delà de ça, ce sont deux morceaux intemporels, en tout cas à mes yeux.

– Enfin, j’aimerais aussi que l’on dise un mot sur cette collaboration entre Ruf Records et ton label Create Records. C’est un partenariat lié à ce disque uniquement, ou envisagez-vous un travail sur le long terme ensemble ?

En fait, je connais Thomas Ruf (le boss du label – NDR) depuis plus de 15 ans et j’apprécie vraiment sa passion pour la vraie musique. Par le passé, nous avons déjà participé à de nombreux projets ensemble, ainsi qu’à la mise en place de plusieurs concerts. Cela dit, je ne me projette que dans les quelques années à venir pour voir comment cette nouvelle collaboration va évoluer.

« Blues Summit », le nouvel album de THE DEVON ALLMAN PROJECT est disponible chez Ruf Records.

Photos : Emma Delevante (3) et John Bowman Nichols (5).

Retrouvez aussi l’interview accordée au site l’an dernier à la sortie de « Miami Moon » :

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Blues Soul / Funk Southern Blues Rock

Little Feat : a brand new legend

Sans rien changer à son sens du groove et avec un feeling incroyable, LITTLE FEAT poursuit son chemin comme si de rien n’était. En quête perpétuelle d’un style qui rassemble autant le Blues le plus authentique, la Soul profonde de Louisiane que des cuivres incandescents hyper-funky, l’emblématique et éternel groupe livre enfin de nouveaux titres inédits. Avec une humilité, une technicité et un art du songwriting qui se réinvente avec beaucoup de modernité, « Strike Up The Band » ne dépareille pas une seule seconde de l’immense héritage discographique d’une formation inépuisable et insatiable.  

LITTLE FEAT

« Strike Up The Band »

(Hot Tomato Records)

Près de 55 ans après sa création, LITTLE FEAT tient toujours debout et, malgré une carrière en dent de scie, des changements de line-up et quelques disparitions marquantes, il semble même avoir retrouvé un nouvel élan. Alors que « Sam’s Place », sorti l’an dernier, résonne encore de ses vibrantes reprises, c’est avec un tout nouvel album entièrement original que le sextet fait un retour époustouflant, son premier depuis 13 ans. Et que la fête est belle ! Enregistré entre les studios Blackbird de Nashville et le Studio One Two Seven de Harlem à New-York, « Strike Up The Band » célèbre avec toujours autant de classe un Blues sudiste très varié et plein de surprises, qui paraît si éloigné de sa Californie natale.

Autour du solide socle constitué de Bill Payne, au chant et aux claviers depuis 1969, et de Paul Barrere (chant, guitare), Sam Clayton (conga, percussions, chant) et Kenny Gradney (basse) tous présents depuis 1972, LITTLE FEAT peut compter depuis un bon moment maintenant sur les fidèles et talentueux Fred Tackett (guitare, mandoline, trompette, chant) Tony Leone (batterie) et le virtuose guitariste et compositeur Scott Sharrad. Et cette armada du groove continue son exploration du Blues, du Funk, du Southern Rock et de ses envolées Soul avec une fraîcheur, une élégance, un enthousiasme et une complicité, qui nous ramènent aux premières heures de ce combo hors-norme.

Dans la chaleur des cuivres et la torpeur de la slide, LITTLE FEAT s’est ouvert à quelques collaborations, et non des moindres. Côté compositions, « Bayou Mama » est l’œuvre de Payne et de Charlie Starr des Blackberry Smoke, tandis que « Bluegrass Pines » doit son texte à Robert Hunter, légendaire parolier de Grateful Dead et où l’on retrouve le six-cordiste Larry Campbell, les chœurs de sa femme Teresa Williams et Molly Tuttle en embuscade. Dans cette heure assez magique, les sœurs Lowell de Larkin Poe enveloppent la touchante chanson-titre, puis la féérie continue sur « 4 Days Of Heaven, 3 Days Of Work », « New Orleans Cries When She Sings », Too High To Cut My Hair », « Midnight Flight »… Grand !

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Blues Chicago Blues Hill Country Blues Soul / Funk

Tony Holiday : une classe éblouissante

Si TONY HOLIDAY se présente avec des réalisations surpassant les précédentes sur un tel rythme, il devrait toucher la perfection d’ici peu. D’une écriture éclatante et entouré d’incroyables musiciens, il parvient à un somptueux mélange des genres, où les guitares rivalisent avec les cuivres, l’orgue et l’harmonica dans une rare harmonie. Avec « Keep You Head Up », le bluesman s’affirme comme une valeur sûre et incontournable de la scène Blues actuelle.

TONY HOLIDAY

« Keep Your Head Up »

(Forty Below Records)

TONY HOLIDAY a de la suite dans les idées et c’est peu de le dire. Septième album depuis « Porch Sessions », son premier opus sorti en 2019, et alors qu’on pourrait imaginer un certain essoufflement, c’est tout le contraire. Le chanteur se bonifie disque après disque et son style s’affine d’autant plus vite. Originaire de l’Utah et installé à Memphis depuis 2017, le songwriter distille un Soul Blues très expressif, basé sur un savant mix de Blues texan, de celui de Chicago aussi et de Blues Rock auquel il faut ajouter une touche de Hill Country. Et le pont entre les styles est solide.

Et le plus surprenant chez l’Américain est qu’il parvient à conserver une touche Old School tout en se présentant avec des chansons modernes dans leur écriture comme dans le son. Et pour « Keep Your Head Up », TONY HOLIDAY a fait appel à de très nombreux musiciens, dont quelques invités de renom. Enregistrés entre le Tennessee et la Californie par Eric Corne, les huit morceaux sont impressionnants de feeling et de finesse d’interprétation, et la profondeur, tout comme le relief et la chaleur, de la production sont exceptionnels. En somme, on cherche en vain les défauts.

Même si « Keep Your Head Up » ne s’étend que sur une demi-heure, les surprises sont nombreuses. Avec Eddie 9V sur le funky « She’s A Burglar », en duo avec le brillant Kevin Burt sur « Twist My Fate », accompagné par la guitare de Laura Chavez sur « Shoulda Known Better » ou aux côtés d’Albert Castiglia sur « Drive It Home », TONY HOLIDAY est à l’aise dans tous les registres. Y allant de son tonique harmonica sur trois titres, il porte littéralement ce nouvel album de sa voix enveloppante et tellement Soul. Une fois encore, il nous régale avec talent et on en redemande.

Photo : Mary Gunning

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Blues Rock Delta Blues Soul / Funk

Kustan Adam : on the way to the summits

Compositeur, guitariste et chanteur, KUSTAN ADAM présente un deuxième album constitué de Blues Rock énergique et de titres plus Funky et Soul. « Pretty Black Suit » est un beau condensé du savoir-faire et du raffinement musical du Hongrois. Entre accords bien sentis et solos enflammés, il réussit à capter l’attention grâce à une approche très élégante et des mélodies imparables. Toujours réalisé en indépendant, le musicien ne devrait pas tarder à être approché par de sérieux labels.

KUSTAN ADAM

« Pretty Black Suit »

(Independant)

Après un  premier effort convaincant en 2021, « I Ain’t Got A Car », KUSTAN ADAM confirme ses débuts prometteurs avec « Pretty Black Suit ». Le Hongrois a passé du temps sur la route, s’est aguerri et cela s’entend. De retour avec son power trio, son Blues Rock aux saveurs Soul a pris du volume et, grâce à une production très soignée, son jeu de guitare resplendit et pas seulement. Ses talents de songwriter montrent aussi un artiste plus mature et qui élargit aussi son spectre musical dans une polyvalence stylistique très bien maîtrisée.

Très imprégné d’un Rock 60’s savoureux, KUSTAN ADAM distille un Blues moderne qui ne renie pas non plus ses racines, notamment celles du Delta. Dynamique et jouant sur une certaine légèreté qui rend ses morceaux assez aériens, le bluesman s’avère être aussi un très bon chanteur. Sa jeunesse apporte également beaucoup de fraîcheur sur ce « Pretty Black Suit », bien trop court au final. Rock, Funky ou Soul, il s’approprie tous ces registres avec facilité et une séduisante décontraction, qui rend l’ensemble très fluide.

En libérant un riff bien fuzz dès le départ sur « Little Blue Man », KUSTAN ADAM montre qu’il n’a pas froid aux yeux et ce deuxième opus s’annonce haut en couleur. Même si la suite est plus posée (« I’m Alone »), le très Funky « We Were Born » remet du tonus avant la belle slide de « Young Boy ». Et c’est « Travellin’ Man » et son Blues Rock contagieux qui emporte tout grâce aussi à un superbe dialogue avec sa choriste. Des douces notes de trompette sur le morceau-titre, jusqu’au délicat « Going Down To Memphis », on est tenu en haleine.

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Blues Rythm'n' Blues Soul / Funk

Allison August : a sunlight

Elle chante depuis sa tendre enfance et, aujourd’hui, la force et la puissance qu’elle dégage est au service d’un Blues emprunt de Soul, de R&B, de Funk et d’Americana. Avec « August Moon », ALLISON AUGUST multiplie les écarts, passant d’un registre à l’autre avec une totale maîtrise. D’une belle authenticité et avec une sincérité très perceptible, elle interprète de manière limpide des chansons qu’elle a écrites ou co-écrites et où elle brille en offrant une sensation très familière et proche. Un moment de vie sur une musique très élégante.

ALLISON AUGUST

« August Moon »

(MoMojo Records)

Elle a le soleil dans la voix et neuf longues années après « Holy Water », elle signe enfin son retour avec un nouvel album auquel elle se consacre depuis quelques années. Et si la Californienne affiche déjà un beau parcours, ce nouvel opus vient sonner en quelque sorte l’heure d’une certaine consécration artistique pour elle. En effet, ALISSON AUGUST a fait appel au grand et awardisé Tony Braunagel, batteur auprès des plus grands noms du Blues et de la Soul, et sur plusieurs titres du disque, ainsi que metteur en son pour Eric Burdon, Mike Zito, Taj Mahal ou Coco Montoya pour ne citer qu’eux.

Autant dire que la voix de l’Américaine résonne de la plus belle des manières sur ce « August Moon », qui nous transporte sur des ambiances variées et qui, dans un écrin Blues Americana, laisse échapper des styles qui la porte depuis toujours comme le Jazz, le R&B, la Country-Soul ou la Funk. C’est d’ailleurs le cas sur « I Won’t Say No » qu’elle interprète magistralement en duo Sugaray Rayford, autre monument électrisant de la scène Soul Blues. Deux personnalités qui se complètent à merveille sur ce titre qui vient confirmer qu’ALLISON AUGUST mène sa barque avec une folle énergie.

Tendre ou survoltée, la chanteuse passe par toutes les émotions sur un groove de chaque instant, magnifiquement orchestré par un groupe qui met toute son expérience au service d’un feeling implacable. Soutenue par un trio de chœurs vibrants et chaleureux, elle enchaîne des morceaux au songwriting efficace et elle laisse respirer les chansons tout en évoquant des sujets souvent très personnels, traités avec délicatesse. ALLISON AUGUST livre ici l’une de ses plus belles performances sur album et on se délecte de chaque instant (« Blue Eye Boy », « Blues Is My Religion », « I Ain’t Lyin’ »). Somptueux !   

Photo : Frank Lee Drennen

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Boogie Blues Chicago Blues Roots Rock Soul / Funk

Thorbjørn Risager & The Black Tornado : soul hurricane

C’est suffisamment rare pour être souligné, THORBJØRN RISAGER & THE BLACK TORNADO est un octuor ou un octette, c’est selon, et les possibilités lorsque l’on parcourt autant de registres comme le font les Scandinaves sont donc presqu’infinies. Sur une base Roots, Rock et Blues, « House Of Sticks », dernière production en date, s’autorise tous les écarts et toutes les fantaisies avec une virtuosité qui rend leurs nouveaux morceaux si évidents, grâce aussi à un son qui ne souffre d’aucune négligence. Un bel et grand album qui rend les Nordiques un peu incontournables encore.

THORBJØRN RISAGER & THE BLACK TORNADO

« House Of Sticks »

(Provogue/Mascot Label Group)

Cela fait maintenant deux décennies que les Danois foulent les scènes du monde entier et chaque prestation aiguise toujours un peu plus ce Roots Rock fait de Boogie, de Soul, de Funk et d’un esprit rappelant celui du Chicago Blues. A la fois délicate et entraînante, la formation enchaîne aussi les albums, « House Of Sticks » étant le neuvième, auquel il faut ajouter cinq live et un Best Of. En collectif expérimenté donc, THORBJØRN RISAGER & THE BLACK TORNADO se montre cette fois encore étincelant et tout en diversité.

Guitariste et chanteur, Risager s’affirme aussi comme un compositeur hors-pair, qui parvient à libérer avec la même sensibilité des textes bien ciselés et se montre aussi d’un dynamisme revigorant sur des grooves endiablés. Moderne et très frais, le style du groupe est vaste, mais réussir à afficher une belle unité. THORBJØRN RISAGER & THE BLACK TORNADO ne se disperse jamais et « House Of Sticks » passe d’une ambiance à l’autre avec beaucoup d’habilité à travers une tracklist très bien étudiée.

Multi-récompensé avec notamment un ‘European Blues Award’, quatre autres prix dans son pays et en Allemagne, le collectif s’impose de disque en disque et celui-ci devrait aussi faire quelques étincelles. Produit par son leader accompagné par le bassiste Søren Bøjgaard et le guitariste Joachim Svensmark, THORBJØRN RISAGER & THE BLACK TORNADO se veut aussi le garant d’un son très personnel. Et puis, lorsque l’on compte huit musiciens de ce calibre dans ses rangs, inutile de préciser que le soin apporté aux arrangements le rend irrésistible. 

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Blues Rock Classic Rock France Soul / Funk

Red Beans & Pepper Sauce : magic souls [Interview]

Rarement un groupe aura laissé échapper autant de liberté et de joie sur un même album. Pour RED BEANS & PEPPER SAUCE, c’est un huitième opus haut en couleur qui vient marquer une nouvelle étape dans la carrière des Montpelliérains. Si l’esprit de corps dominait déjà dans le son et faisait la force du groupe, avec « Supernova », il prend une incroyable dimension. Autour de sa charismatique chanteuse, le quintet a fait un peu de place pour accueillir pas moins de neuf invités, français comme étrangers. Une très belle célébration de son Classic Rock teinté de Soul et de Blues, dont Laurent Galichon, le guitariste et principal compositeur, nous parle avec autant de fierté que d’émotion.

– Avant de parler de « Supernova », j’aimerais qu’on revienne un instant sur votre parcours. Huit albums studio et un live en 14 ans, le tout ponctué de tournées bien fournies, est un rythme vraiment effréné. Ca vous arrive quand même de prendre quelques pauses ?

Je trouve que c’est dur de se remettre au travail après une pause, j’ai pu le constater quand il a fallu s’y remettre après la pandémie de Covid. Alors je préfère éviter les pauses et battre le fer tant qu’il est chaud.

– Justement avec un tel rythme, toi qui signes l’ensemble des morceaux hormis « I Want To Take You Higher » de Sly & The Family Stone datant de 1969, quand prends-tu le temps de te poser pour composer ? Tu le fais aussi en tournée, ou tu t’imposes des moments dédiés ?

Dès que j’ai une idée, je l’enregistre sur mon smartphone, parfois même en voiture où je chante simplement la mélodie ou le riff pour archiver. Et quand vient le moment de travailler des morceaux, alors je pioche dans le tiroir à idée. Mais c’est vrai que quand on se retrouve à moins de six mois de la deadline pour envoyer le master au pressage, le travail s’intensifie et à chaque fois les derniers mois de production sont très intenses.

– « Supernova » est l’un de vos disques le plus direct et le plus clairement axé sur le Classic Rock, parfois Hard, avec toujours un côté Bluesy et Soul. Est-ce qu’il y a une envie cette fois-ci de prendre les morceaux plus à bras-le-corps et d’aller vers quelque chose de plus essentiel et de dense ?

Oui, tout à fait. Bien avant de commencer le travail, quand on parlait de ce nouvel album avec Niko Sarran (également batteur du groupe – NDR) qui les réalise, on avait en tête d’aller vers plus d’efficacité avec des titres plus courts et plus directs. Quand on attaque un nouvel album, on a souvent des discussions en amont, souvent dans le van en tournée, où on cherche des axes de travail, de nouvelles directions pour continuer d’évoluer et rester créatif.

– D’ailleurs, est-ce qu’au moment de commencer l’écriture d’un tel album, tu avais une sorte de ligne directrice ou une intention en tout cas de faire émerger une atmosphère et une énergie différente, plus massive ?

L’album précédent, « 7 », était très axé sur le Classic Rock et cette fois-ci, il y avait une envie de revenir à un équilibre entre Rock et Soul, mais toujours avec des riffs qui viennent du Blues. En fait, on essaie de faire des albums qui auraient pu sortir dans les 70’s et cette fois-ci, on a essayé de mettre du groove dans le Rock et inversement. Et puis, Niko a fourni un véritable travail d’orfèvre sur le son de l’album. Il y a passé quasiment deux fois plus de temps que sur les précédents.

– L’une des caractéristiques de « Supernova » est bien sûr le nombre d’invités, qui sont tout de même au nombre de neuf, ce qui fait beaucoup sur un même disque. Comment cela se décide-t-il, car c’est assez rare ? Tu as composé certaines chansons en fonction d’eux, ou les choses se sont faites plus naturellement en laissant une petite place à l’improvisation ? 

Inviter des musiciens faisait partie de ces axes qu’on se donne avant de commencer la production. On a donc laissé sur certains titres des plages pour permettre à nos invités de s’exprimer, mais sans savoir à l’avance de qui il s’agirait. Et c’est quand on se rapprochait de l’arrangement définitif qu’on prenait le temps de réfléchir à qui le proposer. Parfois, on est resté dans le style de l’invité comme avec Rabie Houti qui à l’habitude de jouer son violon arabo-andalou sur des rythmiques Rock, ou avec Johnny Gallagher sur une ballade Blues Rock. D’autres fois, on s’en est un peu éloigné comme avec Fred Chapellier qui nous rejoint sur un titre très Classic Rock avec un riff de guitare très ‘fat’, ou avec Sax Gordon qui vient jouer sur un titre vraiment très funky et plus éloigné de son Rocking Blues.

– Il est beaucoup question de ‘fusion’ sur cet album, et dans tous les sens du terme. En y prêtant bien l’oreille, on note le soin apporté aux arrangements notamment, tout comme à la production plus largement. « Supernova » a nécessité six mois de travail en studio. Vous êtes-vous laissés quelques respirations, histoire peut-être de prendre parfois un peu de recul, ou au contraire, les choses étaient déjà clairement définies dans ce que vous souhaitiez obtenir ?

C’est un travail de longue haleine, plus un marathon qu’un 100 mètres. Certains titres fonctionnent immédiatement, mais d’autres doivent passer par plusieurs étapes avant que nous soyons satisfaits du résultat. Et le travail continue même après la sortie de l’album, car certains morceaux doivent être repensés pour la scène. C’est un peu comme bâtir une maison : on passe des fondations à un bâtiment couvert très rapidement, mais les finitions, elles, prennent beaucoup plus de temps, car on entre dans les détails.

– Un mot sur les guests en commençant par les artistes français où l’on retrouve Manu Lanvin, Fred Chapellier, Yarol Poupaud ou encore le violoniste Rabie Houti. Ce sont tous des musiciens avec lesquels vous avez déjà joué sur scène. Ces rencontres se sont-elles transformées en collaborations que vous teniez vraiment à réaliser depuis un moment déjà ?

Ce sont surtout des rencontres marquantes qui ont lieu parfois en tournée avec tout le groupe, ou alors par un seul d’entre nous en dehors. Mais dans tous les cas, elles sont si importantes qu’elles donnent l’envie de faire de la musique ensemble. Et on a été ravi que tout le monde nous réponde ‘Oui’ ! Certains enregistrements ont dû être faits à distance à cause de l’éloignement et des emplois du temps, et d’autres ont donné lieu à des séances en studios qui nous ont marqué. J’ai kiffé de passer du temps avec Boney Fields dans le studio de Niko à Montpellier, ou avec Manu Lanvin dans son studio à Paris. Des belles sessions, où tu sens qu’il se passe quelque chose.

– Et puis, il y a l’aspect ‘international’ de l’album avec les présences du Camerounais Emmanuel Pi Djob, des Américains Boney Fields, Fred Wesley et Sax Gordon, sans oublier l’Irlandais Johnny Gallagher. Là encore, le casting est époustouflant. Est-ce que chacun d’entre-eux avait une partition à respecter, ou est-ce qu’on laisse plus facilement des talents comme les leurs s’exprimer librement avec une sorte de carte blanche ? 

Pour chacun d’entre eux, c’était carte blanche. Mais forcément, il y avait des échanges. Parfois, notre invité avait une idée très précise, parfois, il hésitait entre plusieurs. Alors, on discute, on échange, on essaye des choses. Par exemple, c’était vraiment génial de passer du temps avec Manu et de le voir proposer tellement de choses avec la générosité qu’on lui connaît. Mais surtout, ils nous ont tous offert ce qu’on attendait, c’est-à-dire le meilleur d’eux-mêmes. On peut entendre la voix incroyable et le groove d’Emmanuel Pi Djob, l’explosivité et le ‘fonk’ de Yarol, le toucher tout en finesse de Fred Chapellier, la générosité et la puissance de Manu Lanvin, le groove qui claque de Boney Fields, l’énergie de dingue de Sax Gordon, la maîtrise et le son envoûtant de Rabie Houti et le feeling de Johnny Gallagher. Et puis, il y a eu la session avec Fred Wesley. J’étais là quand il a commencé à jouer dans le studio : c’était un voyage dans le temps. J’entendais le « Doing It To Death » de James Brown que j’écoutais en boucle plus jeune. C’est un moment précieux que je garderai en moi toute ma vie. Il fait partie des gens qui ont inventé cette musique. En deux notes, tu sais qui est dans la pièce. Tous ces musiciens exceptionnels ont été d’une grande générosité avec nous. Ils ont élevé chacun des titres auxquels ils ont participé à un niveau supérieur, et nous leur en sommes éternellement reconnaissants.

– J’aimerais qu’on dise un mot sur cette reprise de Sly & The Family Stone sur laquelle il y a du beau monde et où le line-up de RED BEANS & PEPPER SAUCE est le plus élargi de l’album. Comment est-ce qu’on tient tout le monde dans ce cas-là, car il règne un esprit jam manifeste ? Et par ailleurs, pourquoi avoir choisi ce morceau-là en particulier ?

J’ai plutôt l’impression que c’est ce morceau qui m’a choisi, car j’ai une histoire particulière avec lui. Je l’ai découvert au début des années 90 à la télévision, en voyant des musiciens que je ne connaissais pas le jouer sur une énorme scène, devant des milliers de spectateurs aux États-Unis. Il s’agissait en fait de George Clinton et de Funkadelic/Parliament, avec Larry Graham et d’autres invités. Ce titre m’a transpercé et j’ai adoré le fait qu’il soit interprété par autant de musiciens sur scène : tout le monde dansait, tout le monde chantait, c’était la grosse teuf. J’ai ensuite découvert qu’il s’agissait d’un morceau de Sly & the Family Stone, et l’album « Stand » fut une nouvelle claque. A la même époque, d’autres artistes que je ne connaissais pas se sont produits à Béziers : FFF, puis les JB’s avec Maceo Parker, Fred Wesley et Pee Wee Ellis. Ces trois découvertes, en quelques mois, ont été ma porte d’entrée vers la Soul Music : James Brown, la Stax (avec les disques d’Otis Redding de mon père), la Motown, etc… Alors qu’à l’époque, j’écoutais plutôt du Rock des années 60/70 comme Led Zeppelin, Jimi Hendrix, Deep Purple… Cette période a complètement bouleversé mon orientation musicale. Alors aujourd’hui, enregistrer ce morceau avec Yarol de FFF et Fred Wesley des JB’s qui ont également participé à ce changement, dans une version avec un groupe élargi en mode ‘jam’ comme dans la version de George Clinton, c’est une histoire complètement folle.

– Enfin, « Supernova » est probablement aussi votre album le plus varié avec des aspects Southern, Heavy Rock, Blues, Funky et plus largement très Rock’n’Roll. RED BEANS & PEPPER SAUCE devient de plus en plus inclassable et c’est une très bonne chose. Est-ce une façon aussi de vous débarrasser peut-être de certaines cases dans lesquelles on a pu vous mettre auparavant, ou plus simplement un signe de maturité qui se traduit par beaucoup plus de liberté affichée ?

Ce n’est pas vraiment calculé. Tout le monde dans le groupe a des influences diverses et variées et c’est l’association de nos personnalités musicales qui fait ce qu’est RED BEANS & PEPPER SAUCE. Je ne suis même pas sûr qu’on puisse y changer quoi que ce soit. On peut seulement l’encadrer en se donnant quelques directions, mais au final on sonne comme on sonne et il me semble qu’on reste cohérent d’un album à un autre.

Le nouvel album de RED BEANS & PEPPER SAUCE, « Supernova », est disponible chez Crossroads/Socadisc.

Photos : Cristina Gomes Morgadinho (1), Thierry Wakx (2, 3, 5) et Monsieur Mind (4).

Retrouvez aussi l’interview du groupe à l’occasion de la sortie de l’album « 7 » :

Catégories
Blues Blues Rock Soul / Funk

Grace Bowers & The Hodge Podge : so spicy !

Déjà nominée aux fameux Americana Music Association Honors & Awards cette année, la nouvelle sensation féminine guitaristique a aussi partagé la scène avec Slash, The Red Clay Strays et The Osbourne Brothers en livrant à chaque fois des prestations époustouflantes. C’est dire si son arrivée sous le feu des projecteurs est tout sauf un hasard. Solidement épaulée par un redoutable combo, THE HODGE PODGE, GRACE BOWERS dégage une énergie incroyable et passe du Blues à la Funk, comme du R’n B à la Soul et au Rock avec une facilité déconcertante. Dire qu’elle a de l’or au bout des doigts est un doux euphémisme. 

GRACE BOWERS & THE HODGE PODGE

« Wine On Venus »

(Independant)

Ne vous fiez surtout pas à son âge car, à 18 ans tout juste, la jeune musicienne originaire de Nashville et de la Bay Area a déjà tout d’une grande. Sorti dans la torpeur de l’été, début août, son album est tout simplement exceptionnel et il aurait été dommage de ne pas en dire quelques mots. Gorgé de Soul et dans un esprit revival Funk 70’s, ce premier effort de GRACE BOWERS avec son groupe THE HODGE PODGE est tellement abouti, tant au niveau de la composition que de la production, qu’il laisse présager, sans trop prendre de risque, d’un bel avenir. Car, sur « Wine On Venus », tout y est… rien ne manque !

Très collégial dans l’approche, l’unité musicale affichée par l’Américaine semble se fondre dans une jam sans fin, où l’équilibre entre le chant, les parties instrumentales guidées par l’hyper-groovy section de cuivres et la sautillante rythmique, laisse à GRACE BOWERS tout le loisir de faire parler sa guitare. De ce côté-là aussi, elle fait preuve d’une audace et d’une virtuosité très mature. Pourtant d’une autre génération, elle maîtrise déjà tous les codes à la perfection, et sans trop en faire non plus, elle s’inscrit dans un style qui semble véritablement fait pour elle, grâce à un jeu flamboyant et sauvage.

Aérienne et percutante, une voix plane aussi au-dessus de « Wine On Venus » avec grâce et dans une réelle alchimie portée par des HODGE PODGE survitaminés et chevronnés, affichant le double de l’âge de la jeune artiste. Car, contrairement à ce que l’on pourrait penser en voyant la pochette, ce n’est pas GRACE BOWERS qui s’illustre derrière le micro, mais la chanteuse Soul Esther Okai-Tetteh. Et sa puissance vocale renvoie à une interprétation délicate et savoureuse poussant vers des tessitures profondes (« Lucy », « Tell Me Why You Do That », « Wom No Teg », « Get On Now »). Un disque déjà incontournable !