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Alternative Rock Metal

Pop Evil : possédé et insaisissable

POP EVIL est typiquement le genre de groupes qu’on aime ou qu’on déteste. Trop Pop pour certains, trop rentre-dedans pour d’autres, le quintet américain navigue en eaux troubles sans se cacher. Très urbain, massif et disposant d’arrangements de haut vol, ce sixième album porte bien son nom. Dépaysement garanti.

POP EVIL

« Versatile »

(eOne)

Fondé il y a 20 ans tout pile par le chanteur Leigh Kakaty et le guitariste Jason Reed, POP EVIL est l’un de ces groupes bipolaires qui squattent les charts américains depuis quelques années maintenant. Et c’est sur les bords du lac Michigan que prennent vie les morceaux tendus, violents et à la fois très abordables par leur côté Pop du quintet. Cependant, c’est avec un réel talent que le combo a forgé sa réputation.

POP EVIL se fiche des conventions et rebat les cartes avec son Metal moderne, qui va taper dans tellement de registres qu’on s’y perd même un peu. Prenant à son compte à peu près tous les styles, les Américains parviennent pourtant à rendre une copie très homogène, sans renier un nombre incalculables d’influences. Et dans ce grand brassage, l’empreinte du batteur Hayley Cramer rend l’ensemble irrésistible. Il est juste indispensable.

Le mur de guitares, la massive rythmique et ce chant d’une incroyable diversité font de POP EVIL un groupe hors-norme. On a presque l’impression que le quintet du Michigan reprend le Metal Fusion là où il s’était arrêté à la fin des 90’s… les styles émergeants en plus. L’aspect mélodique voire très Pop en énervera plus d’un, tandis que les autres succomberont à la puissance métallique déployée. Une chose est sûre, personne n’y sera indifférent.  

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Metal Thrash Metal

Crawling Manifest : Thrash’em all !

Originaire de la côte est américaine, CRAWLING MANIFEST se présente avec un très bon deuxième album. « Radical Absolution » s’inscrit dans la tradition Thrash Metal de la Bay Area combinée à des éléments Death et une production moderne et assez groove. La grosse rythmique, les riffs acérés et tranchants et la voix agressive distillés sur ce nouvel opus sont réjouissants.  

CRAWLING MANIFEST

« Radical Absolution »

(Independant)

Formé en 2014 dans le Maryland, CRAWLING MANIFEST compte à son actif deux EP, un album et « Radical Absolution » est donc le deuxième opus des Américains, et il vient marquer un nouveau départ pour le groupe. Après plusieurs changements de line-up et des tournées aux côtés de Soulfly et Fleshgod Apocalypse notamment, les thrashers reviennent en force.

Seuls rescapés de la formation originelle, Andrew Gladu (chant, basse, batterie) et Trevor Layton (guitare) ont décidé de continuer l’aventure et de se recentrer sur leurs premières amours : le Thrash made in Bay Area. En y incorporant une dose de Groove Metal et de Death dans la voix, CRAWLING MANIFEST a même pris du volume et ce deuxième album renvoie aux belles heures du Thrash américain.

Puissant et assez intemporel, « Radical Absolution » est aussi engagé politiquement et dresse un constat brutal sur l’état de la société (« World War III », « Revolution »). A l’ancienne, CRAWLING MANIFEST a construit son album autour d’une intro instrumentale (« Land Of The Free ») et un dernier titre instrumental sur un groove presque bluesy (« Onslaught »). Le duo réussit le pari d’un disque sobre et agressif.

Bandcamp : https://crawlingmanifest.bandcamp.com/

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Metal Rock

False Memories : une plongée dark et gothique

Aux frontières du gothique dans un style évidemment assez dark, FALSE MEMORIES propose un nouvel album très maîtrisé, dynamique et que la nouvelle chanteuse, Rosella Moscatello, met parfaitement en valeur. Avec « The Last Night Of All », et en plus de sa frontwoman, les Italiens présentent de solides morceaux portés par une très bonne production.

FALSE MEMORIES

« The Last Night Of All »

(Frontiers Music)

Nouvelle signature chez Frontiers Music avec ses compatriotes de FALSE MEMORIES, qui compte déjà un album autoproduit dans lequel était d’ailleurs inclus son tout premier EP. Il faut donc penser que « Chimerical » avait conquis le label italien qui mise sur le quintet avec ce nouveau « The Last Night Of All », énergique et bien produit. Rock et Metal à la fois, le groupe livre une bonne copie.

Présente dans le combo depuis octobre 2018 la chanteuse Rosella Moscatello, qui a co-composé l’essentiel du disque avec le guitariste Francesco Savino, se montre très en valeur grâce à une large palette vocale, où la Transalpine est à son aise dans des registres très variées. Assez haut perché ou plus percutant, le chant de la frontwoman offre de belles couleurs à FALSE MEMORIES.

Estampillé gothique et Doom Metal, c’est surtout dans un Metal mélodique moderne et assez symphonique que le groupe évolue. Entre Rock et riffs plus Metal, les Italiens proposent un album solide et très accessible. Armé de deux bons guitaristes et d’une rythmique ferme, FALSE MEMORIES mène sa barque avec assurance et vigueur. Avec « The Last Night Of All », le quintet fait une belle entrée en matière.

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Doom Metal

Candlemass : pionniers et maîtres incontestés

C’est dans l’intimité de leur Q.G. de Stockhölm, Covid oblige, que les pionniers de  CANDLEMASS ont tenu à enregistrer en live cette parenthèse Doom mémorable. On y retrouve avec un immense plaisir Leif Edling à la basse, ainsi que Johan Längquist au chant, le frontman aussi discret que légendaire du combo suédois. « Green Valley Live » va vite devenir indispensable !

CANDLEMASS

« Green Valley Live »

(Peaceville Records)

Plus de 35 ans après sa formation, CANDLEMASS n’a toujours pas rendu les armes et c’est une très bonne nouvelle ! Confinés comme tout à chacun l’an dernier, les Suédois ont tenu à marquer d’une belle empreinte discographique cette maudite année 2020. C’est donc le 3 juillet dernier à Stockhölm que le groupe a immortalisé une prestation privée, « Green Valley Live », pour le plus grand plaisir des fans, et pas seulement.

La première bonne nouvelle est que CANDLEMASS enregistre le retour de son emblématique fondateur Leif Edling, qui ne tournait plus depuis des années pour des raisons de santé. Et ça change tout ! On retrouve l’âme et le groove profond des maîtres scandinaves du Heavy Doom. Les pionniers, à l’écoute de « Green Valley Live », ne sont pas prêts d’être détrônés et cette excellente tracklist vient le confirmer.  

Les Suédois remettent les choses en place en rappelant, grâce à ces classiques de leur répertoire, que leur registre reste inégalable (« The Well Of Souls », « Dark Reflections », « Anciens Dreams »). CANDLEMASS enfonce le clou avec « Bewitched », « Under The Oak » ou encore « Solitude » et « Demon’s Gate ». Très organique et massive, la production met en valeur toute la classe des maîtres européens du Doom Metal.

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Extrême Heavy metal Metal

Artillery : à bout portant

Avec « X », les Danois d’ARTILLERY signent probablement l’une de leurs meilleures productions en quatre décennies assez mouvementées. Et le quintet scandinave continue de distiller un Heavy très Speed, tout en continuant à flirter franchement avec le Thrash de ses débuts. Plus mélodique et toujours tranchant, le combo bastonne de plus belle.

ARTILLERY

« X »

(Metal Blade Records)

Après deux splits en 40 ans de carrière et de longues périodes d’inactivité, le parcours d’ARTILLERY est aussi chaotique que sa musique est puissante. Initialement ancré dans un Thrash Metal qu’il a contribué à forger, le groupe a glissé peu à peu dans un Power Metal (le vrai, le noble ! Celui des Raven, Running Wild et consorts) très Heavy faisant la part belle aux mélodies massives et percutantes. Et depuis, le quintet danois n’a pas baissé la garde.

Malgré la perte de son guitariste Morten Stützer il y a deux ans, son frère Michael et le reste du groupe ont décidé de continuer l’aventure avec Kræn Meier pour livrer son dixième album, qui est sans doute l’un des meilleurs des Scandinaves. Sobrement intitulé « X », ce nouvel opus est produit par le très bon Søren Andersen, qui connait parfaitement ARTILLERY et qui a su en tirer le meilleur.

Toujours aussi Speed dans le ton et très fluides dans la forme, les nouveaux titres des Danois sont très Heavy et l’aspect intraitable des riffs reste d’une redoutable efficacité (« I’m Your Mind », « The Ghost Of Me »). Sans renier ce qu’il a toujours fait, le groupe se montre incisif et va à l’essentiel (« In Thrash We Trust », « Turn Up The Rage », « Silver Cross »). ARTILLERY a toujours les crocs et ça fait plaisir.  

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Extrême Metal

Nature Morte : un rituel expressif

Depuis 2015, NATURE MORTE pose avec application chaque pierre de son édifice musical avec force. Après un premier album et un split vinyle, le trio poursuit sa route avec « Messe Basse », un concentré Shoegaze tout en contraste où l’ombre et la lumière se télescopent. Très bien produit et d’une puissance incroyable, ce nouvel opus joue surtout sur les atmosphères et le ressenti.

NATURE MORTE

« Messe Basse »

(Source Atone Records)

Si chez NATURE MORTE, beaucoup de choses se passent après (post-Black, post-Rock), il se pourrait pourtant bien que le trio vienne de livrer un album laissant présager et même envisager de l’avenir d’un registre ici remanié. Le Shoegaze des Parisiens s’étend sur sept titres très aboutis à travers ce « Messe Basse » inspiré, ravageur et musicalement aussi structuré qu’envoûtant.

Chris Richard (basse, chant), Steven Vasiljevic (guitare) et Vincent Berner (batterie) offrent à leur nouveau et flambant neuf label Source Atone Records un deuxième effort qui, souhaitons-le, fasse grandir les deux entités. Avec un titre en contraste parfait avec son contenu, NATURE MORTE lance fermement une invitation à se plonger dans les méandres obscurs et puissants de « Messe Basse ».  

Captivant et immersif, ce nouvel album diffuse des atmosphères aussi étouffantes que libératrices dans un mouvement sonore balayant tout sur son passage (« Only Shallowers » et son clin d’œil à « 1984 » d’Orwell, « Knife », « Beautiful Loss » et le somptueux « Night’s Silence »). Les tessitures épaisses viennent ici renforcer le style affirmé et convaincant de NATURE MORTE. Percutant !

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Metal Progressif

Ben Randall : aérien et expressif

Malgré sa jeunesse, le guitariste BEN RANDALL possède déjà une solide expérience. Ayant joué dans de nombreuses formations, le Britannique revient cette fois en solo avec un album où il parcourt différentes époques de ses expériences musicales. Son jeu et son style se font plus personnels au fil des morceaux à travers lesquels il propose de belles choses.

BEN RANDALL

« Before The Rain »

(Thoroughbred Music)

Le talent n’attend pas le nombre des années et BEN RANDALL vient confirmer l’adage. Loin d’être un clown savant de la six-cordes ou une petite bestiole qui ne jure que par la vitesse et la technique comme on le voit chaque jour, le guitariste base surtout et plutôt son jeu sur le feeling et le toucher que la technicité vient juste servir.

Ayant fait ses armes avec Code of Silence, 25 Yard Screamer et Chasing The Monsoon, BEN RANDALL explore avec « Before The Rain » toutes ces années au sein de ces formations, ainsi qu’en solo. Et entre Heavy Metal, Hard Rock bluesy et Rock Progressif, le registre du prodige anglais est vaste et instrumental pour l’essentiel, ce qui donne lieu à une grand expression musicale.

Avec « Dark Skies Over Babylon », BEN RANDALL propose le seul titre chanté de l’album par Joanna Ruiz et il sort d’ailleurs en single. Très expressif et progressif dans son jeu, le guitariste met en avant ses propres compositions, mélodiques et contrastées. Légèrement shred, mais pas trop, le Britannique brille surtout par son efficacité et son style très direct, cristallin et groovy.

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Metal Progressif Rock

Motorpsycho : errance psychédélique

Capable de douceur extrême comme de déflagrations écrasantes et dévastatrices, MOTORPSYCHO continue de souffler le chaud et le froid à travers un Rock/Metal Progressif qui n’appartient qu’à lui et dont les courants musicaux sont aussi larges que variés. Toujours aussi psychédélique à travers des morceaux protéiformes souvent brillants, le trio régale une fois encore grâce à une créativité généreuse et inépuisable.

MOTORPSYCHO

« Kingdom of Oblivion »

(Stickman Records/Rune Grammofon)

Les très prolifiques Norvégiens sont déjà de retour après le très bon « The All Is One » sorti en septembre dernier. Sur une bonne heure dix (le format habituel du trio), PSYCHOMOTOR présente un « Kingdom Of Oblivion », toujours aussi inspiré et où la virtuosité de ses membres est éclatante. Bent Sæther (basse, chant) et Hans Magnus Ryan (guitare, chant) ont désormais officialisé le Suédois Tomas Järmyr derrière les fûts, et le groupe semble plus soudé que jamais.

Evoluant toujours dans un registre progressif où viennent se greffer des partitions Rock, Metal, Blues et Folk, le groupe semble laisser livre-court à sa fertile imagination, ponctué de claviers aériens et envoûtants. Encore une fois différent de ses précédentes productions, MOTORPSYCHO tire très habillement son épingle du jeu avec des morceaux qui alternent douceur et fureur décibéliques (« The United Debased », « Dreamkiller », « At Empire’s End », « Alet », « Cormorant »).

Expérimental et atmosphérique, les Scandinaves n’en finissent pas de surprendre, grâce à un jeu et des morceaux tous aussi déroutants et imprévisibles les uns que les autres (« The Hunt », « The Transmutation of Cosmoctopus Lurker », un sommet !). Toujours ancré dans un son très 70’s, profond et organique, MOTORPSYCHO s’amuse franchement, là où d’autres ne noient. Psychédélique et moderne à la fois, le trio paraît intarissable et c’est une vraie bénédiction !

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Heavy metal Metal Progressif

Belle Morte : autopsie d’un duo prometteur

Avec une émotion et une intensité bien présentes tout au long de « Crime Of Passion », BELLE MORTE réussit à attirer l’attention dès son premier album. Le duo biélorusse évolue dans un style Metal à la fois symphonique, gothique et progressif, et est parvenu à créer un univers personnel et sophistiqué.

BELLE MORTE

« Crime Of Passion »

(Wormholedeath Records)

Originaire de Minsk en Biélorussie, BELLE MORTE sort son premier album après un EP (« Game On ») sorti en 2018. Entre Metal Symphonique et Progressif où viennent se greffer des atmosphères gothiques, le duo propose un « Crime Of Passion » très abouti et surtout très bien produit par Sergey Butovsky, que je suppose être le second membre du groupe aux côtés de la chanteuse.

Inspiré du roman de John Fowles, « The Collector », ce premier album raconte une histoire forcément sombre autour d’une obsession malsaine conduisant à un meurtre. L’ambiance est donc très dark, très Metal aussi, ainsi qu’intense et mélancolique. BELLE MORTE évite cependant les clichés pour proposer un style épuré tout en restant dans un registre symphonique sobre.

Sur des arrangements très soignés, des riffs efficaces et une voix puissante et limpide, BELLE MORTE nous ouvre les portes d’un monde où on se fait happer par le climat de « Crime Of Passion ». Le duo fait des merveilles et malgré des orchestrations faites par diverses machines, l’album est plutôt séduisant et plein de nuances, se rapprochant légèrement du Metal Progressif. Belle découverte.

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France Metal Progressif Rock

LizZard : pertinent et protéiforme [Interview]

A la fois Metal et Rock, Psyché et Progressif, les Français de  LIZZARD ont trouvé leur formule : un subtil mélange très personnel, très construit et organique. C’est en Allemagne que le groupe est allé enregistrer son quatrième album, sorti en février dernier, et il en ressort un « Eroded » solide, massif mais également aérien et atmosphérique. Retour avec William Knox, bassiste du combo, sur ce nouvel opus et sur la démarche artistique de ce trio atypique.

– « Eroded », votre quatrième album, est sorti en février dernier et il montre encore une belle évolution dans votre musique. Tout d’abord, j’aimerais qu’on revienne sur votre passage de Klonosphere à Pelagic Records. Qu’est-ce qui vous a motivé et comment cela s’est-il passé ?

En Europe, il n’y en a pas tant que ça de labels qui évoluent dans le style qu’on fait, alors on a vite fait le tour en termes de choix. A partir de là, c’est l’envie de toucher un public plus large, tout simplement, qui nous a fait signer chez Pelagic Records. Ils ont une bonne réputation et collent à ce qu’on fait que ce soit musicalement ou esthétiquement. On avait déjà été en contact avec eux sur une tournée fin 2019, et le courant est bien passé, alors c’était assez logique pour nous de vouloir faire un bout de chemin avec eux !

– A la sortie de l’album, vous avez déclaré que ce nouvel opus était un message d’espoir pour avancer vers des destinations plus lumineuses. Pourtant, vous vous êtes imposés un confinement d’un mois en studio à Berlin avant même la pandémie. En plus d’être paradoxal,  c’est assez prémonitoire, non ?

Oui ! Après bien sûr, il y a une différence entre se confiner par choix pour des raisons de tranquillité, qui nous ont permis de se concentrer et de se mettre dans l’ambiance de l’album, et le vrai confinement qu’on a tous connu par la suite. Mais le thème de l’album était prémonitoire, c’est assez clair maintenant avec le recul. Le message qu’on a voulu faire passer que ce soit dans les textes, ou également par la musique et ses ambiances, sur « Eroded » on savait (comme beaucoup le savent) qu’on va droit dans le mur pour ce qui est de l’espèce humaine et du bien-être de la planète toute entière, ce n’est pas nouveau. Mais il s’avère que les conséquences arrivent de plus en plus vite, en boule de neige, alors à nous tous de réagir avant que ce ne soit trop tard. Mais on reste quand même sur l’idée qu’il n’est jamais vraiment trop tard, et de là né l’idée de lumière au bout du tunnel, c’est quand tout va très mal que les gens finissent par réagir seulement. On y est.

– Il y a toujours cette incroyable unité et complicité au sein de LIZZARD et cela s’entend  vraiment. En 15 ans, le line-up n’a pas bougé, ce qui est d’ailleurs toujours étonnant pour un groupe. C’est de là que vous puisez cette force créatrice ?

On se connait forcément très bien maintenant, humainement puis de manière créative, on sait ce qui fonctionne, ce qui fonctionne moins, et ça nous permet d’aller droit au but. L’alchimie entre les membres est toujours beaucoup plus important qu’on le croit dans n’importe quel groupe, et quand on a la chance d’en arriver à faire quelque chose d’harmonieux et abouti il faut le saisir, ne pas le gâcher. Pour l’instant on a toujours tous les trois la même motivation qu’au départ du groupe, alors tant que c’est là : on ne lâche rien ! Certainement qu’un jour ça changera, ou ça évoluera, mais aujourd’hui on n’y pense même pas.

Photo : Audrey Saint-Marc

– Musicalement et même si vous restez toujours aussi pêchus et incisifs, « Eroded » montre un visage plus atmosphérique et protéiforme, tout en étant éthéré et chaleureux dans le son. Là encore, LIZZARD a évolué et reste assez insaisissable. Malgré tout, vous semblez ne faire aucun compromis. Comment se passe le processus d’écriture au sein du trio ?

Au tout début du groupe, à l’époque de notre démo « La Criée » et du premier EP « Vénus », on avait déjà ce côté atmosphérique, mais qui était plutôt mis en avant. On construisait autour de thèmes aérés avant d’arriver sur bosser des structures plus bétons et en faire des morceaux. Donc à partir de jams ambiants, on travaillait et on arrivait au final avec quelque chose de moins structuré qu’aujourd’hui. Sur « Out Of Reach » et « Majestic », c’était plutôt le contraire, béton d’abord sans trop de passages psyché. Au fur et à mesure des années, on a un peu inversé ou plutôt équilibré notre méthode sans trop y faire gaffe, et maintenant sur « Shift » et « Eroded » je dirais que les morceaux sont construits autour de riffs de guitare, avec des déclinaisons de passage ambiants, qui servent à la fois aux morceaux et à l’album dans son ensemble. Et ça donne ce que tu décris dans ta question. La plupart des riffs sont composés par Mat à la guitare acoustique, et on se rejoint tous les trois en répète à l’ancienne pour en faire des morceaux.

– « Eroded » se distingue aussi par cette séparation entre une première partie musclée et une seconde plus épurée et même délicate. Pourtant, l’unité entre les morceaux est évidente. Pourquoi avez-vous scindé l’album de cette manière et d’où est venue l’idée ?

Tout simplement parce qu’on pense à la fois au format vinyle qu’au format numérique, et qu’on a envie que l’auditeur puisse écouter la face A et la face B comme deux ‘minis albums’ qui sont autosuffisants. Deux visions du même thème. C’est important pour nous d’emmener l’auditeur quelque part, sans qu’il s’ennuie ou s’endorme sur la route, que ce soit en concert ou sur album. C’est donc toujours un challenge pour trouver l’ordre des morceaux qui va bien, qui marche à la fois pour une écoute intégrale, et en même temps si on écoute une seule face du vinyle. On peut aussi écouter la face B avant s’enchainer sur le face A, ça fonctionne aussi ! Mais c’est différent.

– Au-delà d’un jeu chirurgical et très organique, la production signée Peter Junge rend vos morceaux très généreux et très énergiques. Avez-vous étroitement collaboré ou au contraire lui avez-vous laissé carte blanche ?   

Je pense qu’on est assez difficile en termes de peaufinage, mais en même temps un producteur trouve ça plus facile quand il bosse avec des artistes qui savent exactement ce qu’ils veulent et ce qu’ils cherchent. Après trois albums, je pense qu’on en est là, on sait ce qu’on veut, et surtout ce qu’on ne veut pas. Donc il n’a pas carte blanche, mais on est toujours ouvert à des idées de prod’ : on est surtout à la recherche d’énergie, et une ressentie de performance, plutôt qu’une répétition. Et ce n’est pas si facile à faire pour rendre un mix à la fois dynamique et vivant, mais moderne et léché en même temps. Je pense que c’est la force de Peter sur cet album, il a su garder le côté live sans faire de compromis sur la pertinence de la production. Mais après on n’est jamais satisfait à 100% de notre travail, et on sait déjà ce qu’on a envie de changer pour le prochain !

– Pour conclure, comment définissez-vous le style de LIZZARD qui, là encore, est très contrasté ? Power Rock, Metal Progressif, avant-gardiste, psychédélique ?

Pour définir un style on est plus ou moins obligé d’utiliser beaucoup de mots, et en même temps plus on définit, plus on s’éloigne quelque part de ce qu’est la musique, c’est-à-dire l’unicité d’un groupe de zique. On se considère comme un power trio, quelque part à mi-chemin entre le Rock et le Metal, avec un côté Prog et un côté Psyché. Voilà, j’espère que tout le monde sera d’accord ! Mais certainement que tout le monde aura un avis différent !

« Eroded », l’album de LIZZARD, est disponible depuis le 19 février chez Pelagic Records