Avec des sonorités rappelant U2, That Petrol Emotion, The Pretenders et plus discrètement The Cranberries, BURSTING WONDERLAND sort son premier album dont les compositions peut-être encore un peu timides, montrent une émotion, une fougue réjouissante et une belle fraîcheur. « David Vs Goliath » est enthousiasmant autant qu’encourageant.
BURSTING WONDERLAND
« David Vs Goliath »
(M&O Music)
Si vous connaissez un peu l’Irlande, vous avez connaître le genre de Rock, au sens premier du terme, qu’on y joue. Simple, épuré et authentique, BURSTING WONDERLAND s’inscrit dans cette veine de groupes à l’énergie pure et véritable. Et c’est dans cet état d’esprit que le duo basé à Galway sort son premier album, où il exprime une belle diversité musicale.
Né de la rencontre entre la Polonaise Ania Chmielewska et Mimmo Ripa, lui-même italien, ce projet atypique et très Rock fleure bon l’air du pays du shamrock. BURSTING WONDERLAND réussit un bel assemblage aussi sensible que punchy, dû en partie au chant très expressif de sa chanteuse et aux thèmes empruntés.
Sensible dans les textes, le duo développe des sujets actuels avec une vision très posée et originale. Musicalement, on voyage entre Rock très brut rappelant les formations irlandaises référentes et un côté plus américain, façon Pearl jam ou Avril Lavigne à ses débuts. BURSTING WONDERLAND charme autant qu’il fédère sur ce premier album très sincère et méritant.
Malgré la pandémie et la distance, le projet mené par le duo Celia Woodsmith et Chris Hersch, SAY DARLING, a vu le jour grâce à une ténacité de chaque instant. Le quintet américain sort son premier album, « Before & After », qui se déguste comme une gourmandise Rock un brin vintage, Blues et Americana.
SAY DARLING
« Before & After »
(Independant)
C’est une belle bouffée d’oxygène et un album apaisant et entraînant que propose SAY DARLING. Et ce savoureux mélange de Blues, d’Americana et de Rock vintage est le fruit de la rencontre entre Celia Woodsmith (Della Mae) et Chris Hersch (ex-Girls Guns & Glory). Né après un concert intimiste en 2016, le duo s’est depuis étoffé et s’est constitué un beau répertoire avec « Before & After ».
Entouré de Scott Coulter (orgue), Paul Chase (basse) et Jared Seabrook (batterie), les guitaristes guident le groupe sur des textes de l’excellente songwriter qu’est Celia Woodsmith. Avec quelques réminiscences Bluegrass et Country, SAY DARLING a su s’inventer un registre alternatif, sorte d’intermédiaire lumineux à la croisée des chemins.
« Before & After » est aussi la conséquence artistique des effets de la pandémie. Avec une première partie positive et légère enregistrée avant la crise (« Turn It On », « Cat Call »), c’est Celia Woodsmith qui a composé les quatre derniers morceaux en raison de la distance séparant les musiciens. Et le résultat est très concluant (« Harvey Blaine », « These Songs », « Isolation »). SAY DARLING a affronté les événements et il en ressort de vrais petits bijoux.
Comme promis, le duo allemand revient avec cinq titres très Heavy et dans un Metal costaud et dynamique. KILLA NOTES confirme avec « You Can’t Kill The Beast » toute la fulgurance entrevue sur son premier EP. A ce rythme-là, on attend maintenant des Germaniques un album complet, où le duo aura plus d’espace pour s’exprimer.
KILLA NOTES
«You Can’t Kill The Beast »
(Independent)
L’an dernier, KILLA NOTES sortait un premier EP éponyme et autoproduit, également de cinq titres, en annonçant qu’il amorçait une série à venir. Revoici donc le duo allemand avec « You Can’t Kill The Beast », nouvelle production calibrée dans le même format et armée d’un Heavy Metal qui ne faiblit pas, bien au contraire.
Avec toujours aux commandes la chanteuse Nathalie Navarro et le multi-instrumentiste, mais guitariste avant tout, Peter Szigeti (ex-Warlock, Velvet Viper, UDO), KILLER NOTES offre cinq nouveaux morceaux dans un style Heavy Metal assez classique, mais racé et très efficace. Très moderne dans l’approche, le duo attaque frontalement.
Auteur de riffs et de solos pêchus, Peter Szigeti guide l’ensemble sur des rythmiques véloces sur lesquelles le chant de Nathalie Navarro vient apporter une belle agressivité avec la puissance qu’on commence à lui connaître (« You Can’t Kill The Beast », « Prison Of Doubt », « Call Of Ages »). Deuxième essai transformé pour KILLA NOTES.
Avec une évidente complicité, les Anglais de WHEN RIVERS MEET font se rencontrer un grand nombre de courants Blues, explorant ainsi une grande partie du registre. Avec ce « We Fly Free » très accompli et inspiré, le duo montre une énergie et une inspiration de chaque instant. Et l’avenir devrait largement sourire au couple.
WHEN RIVERS MEET
« We Fly Free »
(One Road Records)
Unis à la ville comme à la scène, Grace et Aaron Bond sortent un premier album aussi généreux qu’ambitieux. Dans un Blues Rock rugueux un brin vintage, « We Fly Free » présente des morceaux aux racines multiples allant du Pays de Galles à Chicago sans escale. WHEN RIVERS MEET fait justement la jonction entre les branches de la grande famille du Blues, et le voyage est pour le moins dépaysant.
Si le duo a pu s’aguerrir sur deux EP, « The Uprising » et « Innocence Of Youth », c’est un véritable brûlot que nous livrent les Anglais avec cet album. Alternant une incandescence Rock (« Did I Break The Law », « Bound For Nowhere », « Walking On The Wire ») avec des titres plus sensibles (« I’d Have Fallen », « I Will Fight », « Friend Of Mine »), WHEN RIVERS MEET est renversant au fil des morceaux.
Avec Grace au chant, à la mandoline et au violon et Aaron au chant avec en main une guitare très Heavy Blues Slide, le duo offre un registre détonnant et au son très analogique. Le grain des six-cordes combiné aux harmonies vocales rend la touche de WHEN RIVERS MEET très personnelle et originale avec même quelques sonorités Southern (« Take Me To The River », « Bury My Body »). De la dynamite !
En seulement trois ans, NEORHYTHM en est déjà à sa dixième production entre singles, EPs et albums compris. Conquérant et conceptuel dans son approche, le duo russe développe sur des thématiques liées à la planète et la nature humaine un Groove Metal aux accents Death et progressifs très abouti et massif.
NEORHYTHM
« Evils »
(Independant)
Si la légende veut que le duo se soit formé en Laponie, c’est bel et bien de Saint-Pétersbourg que le tonitruant duo est originaire. Très prolifique, NEORHYTHM revient déjà avec « Elvis », un nouvel EP de quatre titres très peu de temps après leur dernier album en date, « Terrastory ». Conçu comme un lien avant le prochain opus, le combo continue d’explorer les vices des hommes et de leur société.
Malgré des titres en anglais, c’est pourtant en russe que NEORHYTHM s’exprime, ce qui rend leur Groove Metal teinté de Death Progressif encore plus percutant et obscur. Il faut aussi dire que le duo a pour habitude d’utiliser le latin, l’anglais et le grec ancien dans ses textes. Et « Elvis » arrive comme un coup de massue, où le groupe mélange très habillement ses influences assumées que sont Pantera, Death, Meshuggah ou Gojira.
Sur des riffs aussi tranchants qu’acérés, le combo distille un Metal très travaillé et à la production irréprochable et qu’il a lui-même réalisé. Dès « Servitude » puis « Lies », le ton est donné et entre growl puisant, chant Thrash ou phrasé parlé, NEORHYTHM multiplie les pistes et sur un groove dévastateur pose un chant en russe qui offre une belle dimension. Plus Metal Progressif sur « Avarice » et « Wrath », le duo régale, et on attend l’album avec impatience.
Pour ce quatrième album de PURE REASON REVOLUTION, Jon Courtney (chant, guitare, claviers) et Chloë Alper (chant, basse, claviers) reviennent à un Rock Progressif épuré aux frontières du Metal. « Eupnea » est d’une richesse musicale incroyable, et le duo signe là probablement l’un des ses meilleurs albums. Après huit ans d’absence, c’était l’occasion de faire le point avec Jon Courtney sur le retour de PRR, le processus de composition de ce nouvel album et parler aussi un peu de l’avenir du groupe qui est plus motivé que jamais… mais pour le moment à l’arrêt.
– PURE REASON REVOLUTION est de retour après huit ans de silence, et « Hammer And Anvil » il y a dix ans. Pourquoi une si longue absence ?
Revenons un peu en arrière. En 2011, nous pensions que le groupe allait continuer sur sa lancée. Et nous avions aussi tous envie de nous investir dans différents projets, et c’est ce que nous avons fait. J’ai alors déménagé à Berlin, et j’ai commencé à travailler sur Bullet Height. Une fois ce cycle achevé, j’ai d’abord fait une pause et je suis retourné en studio. Ce qui s’est passé, c’est que ce qui ressorti des démos ne ressemblait pas à Bullet Height. C’était beaucoup plus Progressif et très proche de PRR. Et au fur et à mesure que j’avançais sur le matériel et que je le développais, je me suis rendu compte que cela ressemblait vraiment à PRR. J’ai donc contacté Chloë en lui demandant ce qu’elle pensait de l’idée de reformer le groupe. Elle avait aussi travaillé avec Tiny Giant et fait des concerts entre temps. Elle a trouvé l’idée excellente, et nous revoilà… entre autre !
– « Eupnea » vient de sortir et vous effectuez un brillant come-back. Depuis combien de temps est-ce que vous travailliez sur cet album ?
Je dirai que ça nous a pris environ un an, depuis les premières démos jusqu’au mix final. Et nous sommes désormais décidés à prendre un bon rythme et faire des dates dès que possible. Et cette fois, nous n’attendrons pas dix ans !
– Est-ce que vous étiez dans un état d’esprit différent pour ce nouvel album, car beaucoup de monde, notamment les fans, attendaient votre retour ?
Pas vraiment, car nous savons que nous avons une superbe et fidèle fan-base, qui était très impatiente d’écouter de nouveaux morceaux. Je pense que la direction très naturelle prise sur « Eupnea » a été une belle surprise pour les fans, et nous sommes très touchés par l’accueil reçu.
– Sur ce nouvel album, on a le sentiment que vous avez épuré votre registre en le rendant aussi plus tranchant, plus incisif et même assez Metal dans les guitares. Vous avez cette impression d’avoir durci le ton ?
Nous avons toujours eu des influences allant de NIN à Tool ou Bring Me The Horizon. J’ai d’ailleurs travaillé sur quelques remixes pour eux. Pour « Eupnea », on voulait quelque chose de plus massif, de plus heavy, de plus extrême… et on espère que vous aimez !
– Il y a un travail incroyable effectué au niveau vocal. Vous semblez avoir trouvé votre propre espace tous les deux et votre complicité est évidente. Tu as le même sentiment ?
Merci beaucoup ! Sur ce nouvel album, je me suis vraiment efforcé de faire ressortir nos particularités vocales respectives. C’est quelque chose qui manquait sur l’album précédent. Les voix sont plus « solos » par moment avec une piste centrale qui donne la direction. On obtient du coup plus d’harmonies tout en gardant un aspect très brut, ce qui est très important. Nous sommes très influencés par Fleetwood Mac, les Beach Boys et Crosby, Stills, Nash and Young pour ce qui est des harmonies vocales. Et personnellement, j’aime beaucoup les chanteurs Brian Wilson et Billy Corgan.
– PRR reste toujours aussi mélancolique et aérien, et c’est encore évident sur vos nouveaux titres. C’est définitivement la signature du groupe ?
Nous avons juste suivi notre processus créatif sans nous fixer de limites, ni de frontières et sans restriction. Dans notre musique, il y aura toujours des choses qui prévalent sur d’autres. Les harmonies vocales, la structure et les mélodies inhabituelles de nos chansons sont quelque chose que l’on retrouve sur tous nos albums. C’est peut-être notre signature, en effet. La mélancolie des textes se glisse aussi dans une certaine mesure, mais toujours en équilibre avec la positivité, la passion et l’espoir.
– « Eupnea » est sorti au début de la crise du Covid-19. Comment vivez-vous la situation et le fait que vous ne pourrez pas défendre votre album sur scène dans l’immédiat ?
Nous sommes heureux que l’album soit sorti juste à temps, et j’espère qu’il apporte un peu de réconfort durant ce confinement. Pour le moment, je vais au studio tous les jours mais j’ai beaucoup de mal à me concentrer. L’incertitude actuelle provoque un sentiment d’étrange décomposition. J’ai aussi du annuler des sessions d’enregistrement en avril, et je devais également m’envoler pour Portland, Oregon, quelques semaines. On se sent vide. Tous nos festivals de cet été ont été annulés et c’est une grande déception. Pour le moment, cela n’a pas encore d’impact sur nos dates d’octobre, mais attendons de voir…
LARKIN POE est devenu en peu de temps le duo incontournable de la nouvelle génération Blues. Très présentes sur les réseaux sociaux avec des vidéos devenues virales, les sœurs Lovell délivrent un Blues simple et efficace à base d’harmonies vocales imparables, de guitares et d’une lap steel devenue leur marque de fabrique.
En pleine promotion de leur dernier album « Self Made Man » sorti en juin dernier, le duo américain sort contre toute attente un album de reprises acoustiques enregistré durant le confinement. Une belle parenthèse, légère et douce, où on découvre les sœurs Lovell, Rebecca et Megan, sous un jour nouveau avec des chansons étonnantes, mais toujours sous l’angle Blues épuré de LARKIN POE.
Uniquement disponible sur leur site, « Kindred Spirits » propose onze covers aussi diverses que surprenantes. Assez éloigné de leur style de prédilection, LARKIN POE les a passé à la moulinette Blues pour en faire quelques perles. Parmi celles-ci, on retrouve un titre peu connu de Robert Johnson pour la caution authentique (« Hellhound On My Trail ») et quelques morceaux où on ne les attendait pas forcément.
Lenny Kravitz (« Fly Away »), Phil Collins (« In The Air Tonight ») ou Elton John (« Crocodile Rock ») côtoient des artistes plus proches des sœurs Lovell comme Neil Young (« Rockin’ In The Free World »), Bo Diddley (« Who Don You Love »), les Allman Brothers (« Ramblin’ Man ») ou Derek & The Dominoes (« Bell Bottom Blues »). A noter la très bonne version de « Nights in White Satin » des Moody Blues, validée par Justin Hayward himself. Une très belle parenthèse.
Dorothee Pesh, plus connu sous le nom de DORO, est une hyperactive. Entre la préparation de son nouvel album à paraître l’an prochain, plusieurs collaborations artistiques et même un parfum (!), elle a récupéré les droits sur la musique de sa longue carrière et sort un triple-album entre hymnes Heavy Metal, ballades, duos et reprises. Et l’Allemande, comme toujours, tient son rang !
DORO
“Magic Diamonds – Best of Rock, Ballads & Rare Treasures”
(Rare Diamonds Productions)
C’est vrai que je n’ai pas pour habitude de chroniquer les Best Of, mais celui-ci n’en est presque pas un ! En effet, la chanteuse propose certes ses classiques, et il y en a, mais aussi des versions live, plus rares, de morceaux tombés aux oubliettes ou plus simplement plus disponibles. Et puis, à l’heure où le Metal est envahi par les chanteuses d’opérette, DORO vient rappeler non seulement qu’elle est une précurseure, mais qu’elle reste la seule et unique Metal Queen à ce jour et une frontwoman exceptionnelle.
De Warlock et ses hymnes Heavy à sa longue carrière en solo, l’Allemande propose un Best Of regroupant pas moins de trois CD et va jusqu’à avouer que le choix fut cornélien et qu’il lui en reste des cartons plein ! L’occasion pour les plus jeunes de se jeter dans la belle discographie de la frontwoman, qui a aussi le mérite de remettre quelques pendules à l’heure. Entre les incontournables de DORO se glissent des versions live toutes aussi pêchues à l’image de ses prestations explosives.
On ne va pas entrer dans le détail des 56 morceaux présentés, mais entre de belles ballades studio ou extraites de concerts, de très bons duos avec Lemmy bien sûr, Slash, UDO, Tarja Turunen ou encore Pete Steele de Type O Negative, des versions live ardentes des immanquables de son grand répertoire, c’est un retour aux belles heures du Heavy Metal auquel nous convie DORO. Plein de surprises, on découvre également « Egypt » en hommage au grand Ronnie James Dio. Bref, un indispensable pour tous les amoureux de Heavy Metal !