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France Metal Rock Progressif

Orpheum Black : une dualité constante [Interview]

Très aéré et remarquablement bien produit, ce premier album d’ORPHEUM BLACK est la vraie belle surprise de cette rentrée. Ancré dans un Rock aux atmosphères progressives et même Metal par moment, « Sequel(s) » étonne par la diversité dont il fait preuve. Sur cet  album-concept, le groupe déroule un fil d’Ariane où la narration tient un rôle essentiel, tout comme le visuel sous toutes ses formes. Entretien avec Mélodie (chant, claviers) et Greg (chant, guitare)…  

– Vous êtes tous originaires d’Orléans et vous vous connaissiez tous avant de monter ORPHEUM BLACK en 2019. L’année suivante, vous sortez « Act 1 » qui a été très bien accueilli. C’est le fait de partager une même vision musicale qui a autant accéléré les choses ?

Greg : En fait, au moment de monter le projet ORPHEUM BLACK, nous avions tous plus ou moins dix années de “vie de groupe » avec des tournées, des albums et des concerts à nos actifs. Romain (guitare – NDR) et moi étions dans le même groupe et, forcément, il y a des automatismes qui étaient toujours présents. Nous étions passionnés et excités à l’idée de reformer un groupe. Pour ma part, j’avais très envie de chanter avec Mélodie et cela m’a probablement donné des ailes pour avancer plus vite. Nous voulions tous remonter rapidement sur scène et nous nous sommes servis de nos expériences passées pour prendre quelques raccourcis et éviter certains pièges.

Mélodie : Effectivement, nous avions, dès le début du projet, la volonté de travailler sur des ambiances et un duo vocal. Nous avons tâtonné au départ, pour trouver un fil conducteur, une “patte” commune à laquelle chacun de nous puisse s’identifier, mais tout en ayant pour objectif de sortir un EP pour pouvoir rapidement proposer un contenu live cohérent, car c’est aussi ce qui nous anime !

– Malheureusement, comme beaucoup, vous avez été stoppés net par la pandémie. Comment avez-vous vécu cette période artistiquement très silencieuse ? Il semblerait que vous en ayez profité pour avancer encore plus sur votre projet…

Greg : A la base, « Sequel(s) » devait sortir à la rentrée 2020, nous avons donc écrit une bonne partie pendant la pandémie. Nous avons tâché de mettre à contribution tout ce temps dont nous disposions pour mettre en forme nos idées, beaucoup parler sur la direction à prendre et sur ce que nous voulions transmettre. Une bonne partie de l’album à été écrite pendant que nous étions bloqués chez nous sans nous voir. Heureusement, nous avons la chance d’être tous plus ou moins équipés d’un home-studio, ce qui nous a permis d’enregistrer des maquettes et de continuer à créer même à distance. Dès que nous avons pu nous revoir, nous avons passé beaucoup de temps ensemble, en studio, pour mettre nos idées en commun et relancer la dynamique que nous avions afin de tenir nos délais. Nous étions prêts pour la rentrée, mais nous nous sommes finalement abstenus de sortir l’album compte-tenu de l’ambiance “fin du monde”, et avons pris la décision de reporter d’une année. Nous étions donc en avance, il fallait que nous restions actifs et avons consacré ce temps à approfondir notre univers et en le liant à celui du cinéma, notamment par le biais des trois clips que nous avons sortis.

– Vous venez donc de sortir votre premier album, « Sequel(s) », qui est particulièrement réussi tant au niveau des compos que de la production. Commencer par un album-concept est assez audacieux. C’était l’idée de départ, ou est-ce que celle-ci a doucement fait son chemin ?

Greg : Disons que c’était d’abord une volonté de départ que de développer un projet artistique avec une approche holistique. Le nom ORPHEUM BLACK faisant référence au théâtre, nous voulions dès le départ aller “plus loin que la musique” sans trop savoir comment nous y prendre. Avec le report de la sortie de l’album, nous nous sommes vus gratifiés d’une année supplémentaire pour réfléchir et approfondir une histoire, créer des ponts entre les courts-métrages qui sont sortis…

Mélodie : Le brassage des arts faisait partie du “cahier des charges” initial. On trouve que c’est une vraie opportunité de collaborer avec des artistes réalisateurs, photographes, designers… Néanmoins, la mise en place de ces collaborations s’est pensée au fur et a mesure, et nous sommes en perpétuelle réflexion sur la suite !

– L’album est musicalement très riche avec beaucoup de variations, des atmosphères Rock très appuyées et des passages très aériens. Et « Sequel(s) » est un disque très narratif dans sa progression. Pourriez-vous nous parler de cet univers si particulier ?

Greg : Avec notre premier EP, nous ne savions pas trop où aller et nous avons voulu expérimenter, sur cinq morceaux, le champ des possibles : de la ballade Rock au Metal plus intense. Avec « Sequel(s) », nous avons affiné notre style en nous concentrant sur ce qui fait la “touch” ORPHEUM BLACK, à savoir les ambiances, les atmosphères et le duo vocal. Dans l’ensemble, la ligne directrice fut de composer des morceaux aux structures peu complexes, mais fortement arrangées et enrichies tout en explorant d’autres aspects qui nous étaient encore inconnus, comme l’intégration de cordes frottées, de machines, de piano…

– « Sequel(s) » a été composé comme une odyssée et il existe une vraie connexion entre les morceaux. Justement, vous avez conçu l’album de manière globale, ou titre par titre ?

Greg : Un des thèmes principaux de l’album est “la connexion”. A la base, les morceaux ont pour la plupart été pensés indépendamment, mais à mesure que nous avancions, nous avons cherché à créer du liant entre eux. Cela passe bien sûr par l’histoire que nous racontons au fil des neuf chansons, mais les plus curieux trouveront des connexions “inter-morceaux” au niveau des champs lexicaux, des sons utilisés, des arrangements… Il y a même des lignes de chant et des thèmes qui sont réutilisés (le refrain de « Strangest Dream » repris dans le morceau qui clôture l’album, « Way Back Home »).

Mélodie : Cela permet d’avoir deux niveaux de lecture de nos morceaux : celui du texte isolé, et ce qu’il raconte dans son contexte. Chaque titre peut vivre indépendamment et raconte une histoire qui peut parler à chacun !

– Vous dites vous inspirer de références cinématographiques et théâtrales. Comment est-ce que cela se traduit dans votre approche de l’écriture et de la composition notamment ?

Greg : Il faut imaginer ces neuf morceaux comme la bande originale d’épisodes d’une même série. Comme au cinéma, il y a des alternances entre les moments plus intenses et les moments plus calmes, des cliffhangers, des résolutions… Cela passe également par la façon dont nous avons tourné nos clips, notre volonté d’avoir travaillé avec différents réalisateurs aux pattes bien distinctes, les visuels, la pochette de l’album qui ressemble à une affiche de film…

– L’une des particularités d’ORPHEUM BLACK est aussi cette dualité vocale, féminine et masculine. Comment travaillez-vous les parties de chant ? Et comment vous répartissez-vous les rôles et est-ce que chacun écrit ses propres parties ?

Greg : En parallèle de l’instrumental, avec Mélodie, nous nous voyons à part et nous discutons (beaucoup !) des thèmes que nous voudrions aborder. Nous sommes très proches dans la vie également et cela facilite ce processus, c’est une vraie force que nous mettons à contribution de l’écriture. Puis, lorsque nous sommes d’accord, soit nous écrivons à deux, soit l’un de nous apporte les éléments de base, puis nous les modifions à deux. Enfin, nous trouvons une top-line et cherchons des harmonies possibles lorsque c’est nécessaire. Puis nous mettons tout en commun sur les temps de répétition, afin de faire valider par tout le monde.

Mélodie : Au-delà de l’écriture, il y a tout un travail sur l’harmonisation musicale. Nous avons mis du temps à trouver un bon équilibre, nos deux voix sont complémentaires la plupart du temps, mais nous essayons aussi d’utiliser nos différences pour renforcer les nuances, et c’est sur chaque nouveau titre un nouveau challenge !

– Enfin, vous mettez également l’accent sur les vidéos qui semblent même indissociables de l’univers d’ORPHEUM BLACK. Vous le voyez comme un prolongement de l’album, ou plutôt comme un complément ?

Greg : L’écriture des textes a beau être abstraite, l’image force un niveau de lecture bien spécifique. L’aspect graphique, qu’il s’agisse des clips ou des visuels, nous permet de créer une autre porte d’entrée vers notre univers. J’invite volontiers les gens qui veulent se plonger dans ce que nous avons à proposer à visionner les clips, dans l’ordre si possible (« Strangest Dream », « Unsaid Forever », « Together and Alone » et… le petit prochain qui arrive courant novembre !). Ils sont à la fois complémentaires… et indissociables !

« Sequel(s) », l’album d’ORPHEUM BLACK, est disponible depuis le 24 septembre chez Blood Blast.

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Hard-Core Metal Rock

No One Is Innocent : le poing levé

Une fois de plus, NO ONE IS INNOCENT monte à l’assaut avec une colère à peine contenue, livrée sur un dixième album, « Ennemis », qui sent la poudre. Militant et féroce, le quintet enrobe de riffs appuyés et assassins des textes cinglants et un discours responsable. Très live dans le son et la production, le groupe scande des vérités et rappelle que « Nous sommes des centaines et des milliers ».

NO ONE IS INNOCENT

« Ennemis »

(Verycords)

Dès la première écoute, ça saute aux oreilles : Kemar et sa bande se sont encore surpassés. Même si j’ai tendance à le dire à chaque nouvel album de NO ONE IS INNOCENT, il faut bien avouer qu’ « Ennemis » percute, fédère et donne des envies de grands changements, si ce n’est même un peu plus… Après 30 ans d’existence, ce dixième album confirme la rage intacte du groupe face à une oppression grandissante et un système qui se dérègle totalement (« Force Du Désordre »).

Ce qui tient toujours aux tripes du quintet, c’est ce combat Rock très Metal, incisif et engagé. Co-produit par son guitariste Shanka et Charles de Schutter, qui avait déjà officié sur l’excellent « Drugstore » en 2011, ce nouvel opus désigne sur dix morceaux (et un interlude « Armistice ») les « Ennemis » d’une société, d’une époque aussi, en montrant du doigt des responsables qui ne se cachent pas. Mais pas de leçon de morale ici, NO ONE s’implique juste généreusement (« J’ai fait De Toi Mon Collabo »).

Comme à l’habitude, les Parisiens cognent et giflent sur des textes précis et convaincants, où les phrases fortes sont légions et résonnent comme des slogans (« Dobermann », « Humiliation », « La Caste », « Bulldozer »). Dans une période très incertaine, NO ONE livre son album le plus politique, dénonce et appelle clairement au réveil et au sursaut (« We Are Big Brother », « Polit Blitzkrieg », « Les Hyènes De L’Info »). Puissant et très organique, « Ennemis » est la claque qu’on attendait et les concerts s’annoncent torrides (« Aux Armes, Aux Décibels »).

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France Metal Symphonic Metal Thrash Metal

Orkhys : Pagan Metal [Interview]

Après un bon premier EP (“Awakening”), ORKHYS n’a pas perdu de temps et sort son premier album, « A Way », qui vient confirmer les belles choses entrevues sur son premier effort. Dans un registre Metal, qui pioche beaucoup de branches allant du Black au Symphonique et du Pagan au Celtique, le groupe s’est construit une identité originale et inspirée. Laurène Telennaria (chant, harpe) et Brice Druhet (guitare) reviennent sur un parcours mené tambours battants.  

Photo : Eloise Le Névanic

– La dernière fois que je vous ai interviewé, c’était à l’occasion de la sortie de « Awakening », votre premier EP trois titres. Quel accueil a-t-il reçu et comment avez-vous vécu les débuts discographiques d’ORKHYS ?

Laurène : Eh bien, notre EP a été plutôt très bien reçu ! Nous sommes vraiment ravis de l’accueil que le public et la presse lui ont réservé, ce qui n’était pas gagné pour un groupe qui vient tout juste de fêter son premier anniversaire et qui est composé de membres pour qui cet EP était la première expérience de studio et de réalisation !

Brice : Je ne m’attendais pas à un tel accueil, toute proportion gardée évidemment. Ca fait bizarre après avoir passé quasiment 10 ans à composer et gratouiller seul dans sa chambre !

– A l’époque, vous m’aviez dit que vous souhaitiez enchainer avec un autre EP de cinq titres cette fois. Or, vous revenez avec « A Way », un album complet. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’idée ?

Laurène : Je pense que ça a été l’accueil de notre cover de « The Clansman » (Iron Maiden – NDR) et les demandes de figuration de ce morceau sur l’album. On avait aussi envie d’intégrer un bonus instrumental, car on s’est rendu compte que les orchestrations de « A Brand New World » et « The Devil & the Impudent » déchiraient ! Brice les a donc liées dans un seul et même morceau. Au début, on appelait notre disque un « EPum », hydride d’EP et d’album, mais notre attaché de presse, Roger de Replica Promotion, nous a conseillé de communiqué sur un album.

Brice : On a mis ce qu’on avait envie de mettre et au final on s’est dit : « Mais il est vachement gros pour un EP, dites donc ! ». Et voilà !

– Vous démarrez l’album avec une intro, ce qui est de plus en plus rare. C’est une manière de présenter l’ambiance générale de « A Way » ? Qu’est-ce qu’elle signifie par rapport aux morceaux de disque ?

Laurène : Personnellement, j’adore les albums avec intro, cela permet de poser justement une envie, une ambiance ; c’est un prélude à ce qui va se passer. Cela prépare et met en condition pour la suite !

Laurène – Photo : Eloise Le Névanic

– Avec « A Way », on a vraiment l’impression que vous avez parfaitement défini les contours de l’univers d’ORKHYS, qui est fait d’un esprit Pagan mêlé à des atmosphères symphoniques et très Metal. L’objectif est atteint ?

Laurène : L’univers d’Orkhys est assez vaste et on ne souhaite pas se coller d’étiquette. L’album « A way » représente nos envies du moment, un savant mélange de Folk Pagan, de Black, de Thrash, de Heavy et une furieuse envie d’être Metal !  Qui sait à quoi ressemblera le ORKHYS de demain ? On en a une petite idée, mais on ne veut pas s’enfermer, on souhaite garder notre liberté d’expression.

Brice : On ne se pose pas trop la question en fait. On fait et on voit si ça le fait. On a des idées pour la suite, et en tout cas on va tout faire pour conserver notre identité sans tomber dans la routine.

– Sur ce premier album, vous avez confirmé la maîtrise d’un équilibre musical entre certains passages dans l’esprit Folk et épique en contraste avec des éléments de Metal extrême. Il n’y a décidemment rien de linéaire chez ORKHYS…

Laurène : Nous jouons les styles de musique que nous aimons, et comme nous apprécions des genres musicaux variés et nombreux, cela fait un bon mélange !

Brice : On ne veut pas se limiter à un seul style, ça irait hyper frustrant pour nous. Il y a déjà des groupes qui excellent dans chacun des sous-genres de notre musique préférée. Du coup, notre défi est de faire un petit cocktail en prenant des ingrédients à droite et à gauche et de faire en sorte que ça fonctionne.

Brice – Photo : Eloise Le Névanic

– Vous reprenez également « The Clansman » d’Iron Maiden, extrait de « Virtual XI » sorti en 1998, qui n’est pourtant pas un standard du groupe et qui est d’ailleurs chanté par Blaze Bayley. Pourquoi ce morceau ? Vous avez l’habitude de le jouer sur scène ou en répétition ?

Laurène : C’est un morceau que nous adorons tous les deux Brice et moi et à la base. Nous voulions juste le reprendre en cover sur YouTube en l’ ‘Orkhysant’, comme nous avions pu le faire pour « Pieces Of You » d’Annihilator. Le morceau a eu un tel accueil et reçu des demandes quant à sa figuration dans l’album à venir, que nous avons décidé de faire une version améliorée de notre premier jet et de le faire figurer sur l’album.

Brice : J’ai tellement fait chier tout le monde pour faire une reprise de Maiden qu’on a réussi à tomber d’accord sur ce titre qui, d’une part, se marie bien à notre univers et d’autre part change des 300 reprises de « Trooper » ou de « Fear Of The Dark ». J’ai personnellement énormément de sympathie et de respect pour Blaze et les albums qu’il a fait avec Maiden. Sa carrière solo est également extrêmement qualitative. Je pense qu’il s’en ait pris plein la tronche assez injustement. Bref, avec Blaze, Bruce ou Paul, Maiden reste Maiden ! On la joue en répèt’ et aussi de temps en temps en live.

– Sur « A Way », il semble également que la harpe ait pris une place plus importante, qui contribue vraiment à l’identité musicale d’ORKHYS. Est-ce que c’est difficile à intégrer dans un environnement très Metal comme le vôtre ?

Laurène : C’est vrai que j’avais demandé à Brice, qui compose les morceaux, s’il lui était possible de rajouter un peu plus de harpe, sans toutefois l’imposer. Le groupe n’a pas été créé autour de la harpe, donc son apparition n’est pas obligatoire. Il a su répondre à ma demande tout en faisant passer au premier plan la cohérence musicale.

Brice : Encore une fois, ça s’est fait comme ça, sans trop y réfléchir à part ce souhait exprimé par Laurène. J’ai essayé de le prendre en compte, sans non plus trop me forcer à mettre de la harpe pour mettre de la harpe. Peut-être qu’il y en aura encore davantage par la suite, ou beaucoup moins, on a une idée grossière de ce que l’on veut, mais on calcule très peu de choses à l’avance. On écrit et compose d’abord et on réfléchit après.

– Avec un EP et un album, vous disposez maintenant d’un set conséquent. Une tournée est-elle prévue dans les mois à venir, maintenant que la situation sanitaire s’est vraiment améliorée ?

Laurène : De nombreux concerts sont prévus, nous avons quatre dates sur cette fin d’année, dont deux sur Paris (le 03/10 et 20/10), une à Vitré en Bretagne (le 20/11) et une au ‘Festival de l’Avesnement’ dans le Nord (le 27/11).

Brice : On est aussi en discussion pour faire une mini-tournée avec les copains de Hopes of Freedom, qui sont de Caen avec qui on avait déjà joué avec notre ancien groupe à Laurène et moi, et Adaryn qui sont de Rouen et que certains ont déjà pu découvrir au ‘Cernunnos Pagan Fest’ !

L’album d’ORKHYS, « A Way », est disponible depuis le 17 septembre chez M&O Music.

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Blues Rock Psych

The Freaky Buds : vapeurs bleutées

A la fois feutré et très Rock, THE FREAKY BUDS livre un Blues aux multiples facettes livré par un line-up où les guitares et l’harmonica se tiennent tête avec une belle complicité. Sur « Hard Days Fuzzy Nights », les Nantais dévoilent un style plein de feeling et taillé pour la scène.

THE FREAKY BUDS

« Hard Days Fuzzy Nights »

(Music Records/Inouie Distribution)

Ce qu’il y a d’agréable (entre autres !) dans le blues, c’est que les premiers albums sont très rarement l’œuvre de novices. La plupart du temps, les musiciens ont déjà fait leurs armes d’une manière ou d’une autre. Et c’est précisément le cas avec THE FREAKY BUDS, quatuor chevronné originaire de Nantes et dont le style est éclatant.

Réuni en 2018 dans la cité des Ducs, le groupe présente une line-up atypique et assez peu conventionnel. Ici, pas de bassiste mais deux guitaristes, un batteur, un harmoniciste et un chanteur. Et pourtant, « Hard Days Fuzzy Nights » groove terriblement à travers un Blues très Soul, Rock et presque Psych. THE FREAKY BUDS régale par l’étendu de son registre.

Du Blues du Delta aux rives du Mississippi tout en abordant un Swamp Blues généreux, le quatuor est aussi électrique qu’il est roots. Sur un enregistrement un brin vintage et réalisé à l’ancienne sur bandes, les Nantais multiplient les ambiances où se mêlent moiteur et exaltation. THE FREAKY BUDS est aussi aérien qu’il est costaud, et c’est un réel plaisir.  

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Hard-Core Thrash Metal

Fishing With Guns : feu à volonté

Frontal et musclé, ce nouvel EP de FISHING WITH GUNS tient toutes ses promesses avec un concerté de Thrash-Core livré sur cinq nouveaux titres. Certes, « Under The Silver Lake » nous laisse un peu sur notre faim, mais son contenu tranchant et survolté montre le gros potentiel du combo parisien. De la dynamite !

FISHING WITH GUNS

« Under The Silver Lake »

(M&O Music)

Faisant suite à « Blood On The Ropes » (2017), « Under The Silver Lake » est donc le deuxième EP d’affilée de FISHING WITH GUNS. Après deux albums, c’est avec des formats courts que le quintet parisien affine et peaufine son jeu. Ces cinq nouveaux titres libèrent un style très compact et agressif, mais très bien structuré et redoutablement efficace.

Entre Thrash et Hard-Core, growl et chant plus clair, le registre de FISHING WITH GUNS est aussi original qu’il semble évident. L’univers qui se dégage de « Under The Silver Lake » reste sombre, mais développe une énergie très positive et particulièrement dense. Très bien produit, ce nouvel EP emporte tout sur son passage et montre une belle diversité.

L’intensité est déjà manifeste sur « Beware The Dog Killer » et ses grosses guitares, qui monte encore en tension sur « Owl’s Kiss » aux riffs acérés. Plus lourd, « Homeless Ghost » montre un côté massif plus conséquent. FISHING WITH GUNS ne s’arrête pas en si bon chemin et libère une approche presque Punk sur le morceau-titre avant de conclure avec un  « I Am Your Rebellion » explosif. Radical !

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Heavy metal

Eternal Flight : vol supersonique

Fidèle représentant de la scène Heavy Metal hexagonale, ETERNAL FLIGHT semble infatigable. Résolu et puissant, le désormais quatuor voit cette fois son chanteur tenir également la guitare comme soliste, et c’est dans un esprit un peu Old School, mais très actuel, que se présente « SurVive », le cinquième album du combo.

ETERNAL FLIGHT

« SurVive »

(Metalapolis Records/Berthus)

Inépuisable depuis 20 ans, le quatuor d’Annecy revient plus motivé et plus optimiste que jamais. Et il y a de quoi ! Véloce et dynamique, « SurVive » montre ETERNAL FLIGHT trancher dans le vif et le fait que son chanteur, Gérard Fois, ait aussi pris le lead guitare change un peu la donne et apporte un souffle nouveau aux compositions de ce cinquième album.

Incisif et rentre-dedans, ce nouvel opus est aussi beaucoup moins Progressif que le précédent « Retrofuture », même s’il en reste toujours quelques bribes (« The Promise »). ETERNAL FLIGHT fait le pari d’un Heavy Metal aiguisé, où la technicité de ses membres libère beaucoup de fraîcheur et d’assurance (« Mysterious King », « Will We Raise Again »).

Très bien structurés, les morceaux de « SurVive » met en lumière de bons arrangements et une totale cohésion. Grâce à un chant tout en variations, l’album présente des ambiances multiples, dans lesquelles ETERNAL FLIGHT évolue très naturellement (« Legions », « Evolution, Revolution »). Avec de telles compos, « SurVive » aurait cependant mérité une production digne de ce nom.

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Metal Rock

[Going Faster] : Whyzdom / NarreN

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

WHYZDOM – « Of Wonders And War » – Scarlet Records

Les Parisiens de WHYZDOM, fers de lance du Metal Symphonique hexagonal depuis plus de dix ans, livrent leur cinquième album et « Of Wonders And Wars » est probablement le plus abouti et le plus complet de la formation. Sur de superbes orchestrations et arrangements signés par son bassiste et fondateur Vynce Leff, qui a également mixé, masterisé et produit ce nouvel opus, le quatuor propose des compositions magistrales. Vocalement, la frontwoman Marie Mac Leod a encore franchi un cap, maîtrise autant le registre Rock que lyrique et donne un relief étonnant à « Of Wonders And Wars ». Bâtie sur des mélodies imparables et des riffs virevoltants, cette cinquième réalisation va mettre tout le monde d’accord. WHYZDOM est plus inspiré que jamais.

NARREN – «  Aura » – Wormholedeath Records

NARREN est l’appellation de la carte du fou dans le jeu de Tarot en suédois et c’est ce qui semble définir le mieux l’artiste Maria Eriksson. Seul membre constant du groupe, même si elle travaille en collaboration avec quelques musiciens, c’est à elle que l’on doit l’écriture et la production d’ « Aura ». Etonnant à plus d’un titre, ce nouvel album se présente comme une sorte d’OVNI musical particulièrement bien conçu. La Biélorusse, établie en Suède depuis une quinzaine d’années, se livre au travers de son personnage sur des morceaux Rock, Metal, Folk et un brin vintage, qui présentent pourtant une belle unité. Accrocheur et porté par la superbe voix de Maria Eriksson, « Aura » est le fruit d’un travail minutieux où les univers se confondent avec talent.

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France Metal Progressif Rock

Pat O’May : une créativité très narrative [Interview]

Réaliser un album-concept était la seule corde qui manquait à l’arc très tendu du compositeur, guitariste et chanteur PAT O’MAY. C’est chose faite avec ce très bon « Welcome To A New World » toujours très Rock, où sur une heure, il nous fait voyager dans l’univers de No Face, personnage qui guide l’histoire musicale contée par le musicien. Progressif et lorgnant parfois sur le Hard Rock et le Heavy Metal, ce nouvel album révèle une fois encore la créativité débordante du Celte, qui a mené ce projet de main de maître.

Photo : Mat Minat

– Il y a eu « One Night In Breizh Land » en 2018, ton dernier album solo date de 2016 (« Keltia Symphonia ») et plus récemment tu as participé à United Guitars. Concernant cette dernière collaboration, comment as-tu appréhendé le projet, et est-ce que cela t’a donné l’opportunité de sortir un peu de tes habitudes ?

Oui vraiment, car c’était la première fois que je co-écrivais un morceau. Je n’avais jamais fait ça. Je l’avais déjà fait pour des textes avec James Wood, mais jamais au niveau musical. Du coup, c’était intéressant de travailler avec Ludo Egraz. On a fait ce morceau et on s’est bien marré ! Mais pour que ça reste exceptionnel, je ne participerai qu’une seule fois à United Guitars, sans exclure de venir jouer en live avec eux, bien sûr.

– Après de multiples collaborations, tu reviens en solo avec « Welcome To A New World ». C’est ton premier album-concept et on sait que c’est une démarche particulière au niveau de l’écriture. Comment as-tu construit cet album ? De manière globale ou, malgré tout, titre par titre ?

De manière complètement globale ! D’habitude quand j’écris des morceaux pour un album, je me demande ensuite dans quel ordre je vais les mettre pour que ce soit cohérent. Cette fois-ci, et comme j’aime bien raconter des histoires, c’est ce que je voulais encore faire mais sur une heure. Je suis parti sur cette idée-là et je suis aperçu que cela s’appelait tout simplement  un concept-album! (Rires) Comme je suis très spectateur de mon inspiration, quand ça me plait, je la fixe. Et c’est comme ça que je suis parti sur le premier titre. Ensuite, je voulais que tous les morceaux soient reliés par un sound design. Pour le second titre, j’ai juste pris ma guitare sur la nappe de fin, ce qui a donné naissance au morceau suivant. Et tout l’album s’est construit comme ça. C’est une sorte de fil d’Ariane que tu tires et l’ordre dans lequel tu écoutes l’album est le même que celui de l’écriture. Tout a été assez fluide en fait.  

Photo : Mat Minat

– Tu décris « Welcome To A New World » comme un album construit sur un design sonore. C’est d’abord la musique et son esthétisme, ou les textes, qui t’ont guidé ?

C’est d’abord la musique. Et c’est au quatrième morceau que ce personnage de No Face est arrivé. Je voulais écrire ce voyage-là, mais je me suis demandé au bout d’un moment qu’elle était la thématique. Je bricolais pour faire une pochette et je suis tombé sur ce fond vert, puis sur ce businessman sans visage, sans rien. Alors, je suis allé dans mon Photoshop. (Rires) Et puis, j’ai commencé à faire cette pochette-là et tout le texte est venu comme ça. J’ai compris que c’était ça qu’il fallait que j’exploite.

– Comme toujours, on retrouve dans ton jeu différentes sonorités musicales et même plusieurs langues. C’est important pour toi de conserver cette universalité ?

Ah oui, bien sûr ! Pour moi, tous les styles sont des outils, au même titre que la guitare. J’essaie de ne jamais faire de la guitare pour faire de la guitare. Ca ne m’intéresse pas. Si j’ai besoin de deux notes, j’en mets deux. Si j’en ai besoin de 40, je travaille pour avoir la technique pour pouvoir en utiliser 40. Pour la musique, c’est la même chose. Si j’ai besoin d’un truc plus Metal pour raconter quelque chose, c’est ce que je vais prendre. Parfois, je suis seul avec une guitare nylon, parce que c’est ce qu’il faut à ce moment-là.

– Tu signes l’intégralité de l’album, tu l’as co-mixé avec Bryan Roudeau et il a été masterisé à Abbey Road, un gage de qualité supplémentaire. C’est important pour toi d’être présent à toutes les étapes de la réalisation et aussi de produire l’album ?

Ca commence à devenir une longue histoire avec Abbey Road, car c’est déjà le quatrième album que je masterise là-bas avec Alex Wharton. C’est aussi devenu une histoire d’amitié. C’est un magicien du mastering. Pour moi, il fait partie du top Ten mondial, c’est véritablement un artiste. Il n’est pas là pour faire en sorte que tout rentre dans la boîte, il y apporte vraiment son sens artistique. Il pousse ce que tu lui as amené. Pour la production, quand je suis parti en solo, je me suis acheté ma liberté. Je peux faire ce que je veux. Je n’ai pas de compte à rendre à une esthétique de groupe, par exemple. Et c’est vrai que maintenant, j’aime maîtriser la production, l’enregistrement et le mix. En revanche, pour le mastering, c’est au-delà de mes compétences. J’ai aussi fait le artwork. Ce n’est peut-être pas le meilleur du monde, mais c’est celui qui correspond le mieux à l’album et c’est ce que je voulais raconter.

Photo : Mat Minat

– L’album sonne très Progressif avec des touches Hard Rock et Classic Rock. Est-ce qu’un album-concept offre une plus grande liberté et nécessite aussi d’une certaine façon de se recentrer sur son jeu en se livrant un peu plus ?

Pas forcément, parce que je suis très spectateur de tout ça. Je suis juste là pour mettre en forme les idées qui me viennent. Il faut d’abord que ça me fasse vibrer, sinon ça n’a aucun sens.

– Une tournée va suivre. Est-ce que tu penses déjà à une mise en scène particulière, étant donné qu’il s’agit d’un album-concept ?

Oui, on a une scénographie qui est en place et sur laquelle on a travaillé tous les aspects avec un éclairagiste, etc… On vient de finir une résidence de plusieurs jours à Nancy avant la date parisienne (ce soir au Café de la Danse – NDR). Il y aura aussi des vidéos… sur lesquelles j’ai aussi travaillé évidemment ! (Rires) J’adore ça, ça me passionne ! Ce qui m’excite le plus, c’est la création. Je ne vois pas l’intérêt de faire deux fois le même album. J’essaie de toujours faire quelque chose de différent. Il n’y a aucun jugement de valeur sur les autres groupes, c’est juste ma façon de faire, toujours avec des choses neuves. Par exemple, sur « Welcome To A New World », c’est la première fois qu’on enregistre tout le monde en live. On l’a fait à l’ancienne, car je voulais vraiment retrouver un son très organique. Et puis, j’ai deux musiciens fabuleux et nous sommes vraiment connectés. Au-delà de la musique, il y a du poids dans les notes.

– Justement étant donné le format de l’album, vas-tu le jouer dans son intégralité et chronologiquement ?

Complètement ! Et puis, on n’a pas le choix, sinon ça n’aurait pas de sens, l’histoire serait biaisée. On va le jouer dans son intégralité et après on fera un petit rappel d’une quarantaine de minutes ! (Rires) On va jouer d’anciens morceaux que les gens ont envie de retrouver, d’entendre et nous aussi de jouer. 

– Pour conclure, sur « Welcome In A New World », comme dans l’ensemble de ta carrière, il y a toujours un lien avec la Bretagne ou le monde celtique. Comment est-ce que tu définirais cet attachement et la nécessité de sa présence dans ta musique ?

Je crois que c’est devenu atavique. Je pense que je ne le contrôle pas, en fait. On me le fait souvent remarquer, alors que je ne m’en rends même plus compte. Et c’est vrai que ce soit dans les chorus ou les progressions d’accords, on retrouve la musique celtique. C’est très intéressant d’ailleurs. C’est un style de jeu construit année après année… dans un dur labeur. L’effort, quoi ! (Rires)

L’album « Welcome To A New World » de PAT O’MAY est disponible depuis le 17 septembre chez ArtDisto/L’Autre Distribution.

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Doom Sludge

Seum : un massif et brutal remerciement

Les trois Français de SEUM sont allés voir si le Sludge était plus vert du côté du Québec. Coupé dans son élan à cause de la pandémie, le groupe a tout de même sorti un EP, puis un album avec une rage aussi imposante que son Doom’n Bass est impactant. Alors pour remercier ses fans, le combo propose aujourd’hui en téléchargement gratuit un « Live From The Seum-Cave » décapant.

SEUM

 « Live From The Seum-Cave »

(Independant)

Les fidèles lecteurs de Rock’n Force commence à bien connaître SEUM, trio français exilé au Québec et qui distille un Doom’n Bass où le Metal se fond dans un Sludge ravageur. Après un EP (« Summer Of Seum ») et un album (« Winterized ») très bien accueillis, le combo a décidé d’offrir à ses fans ce six-titres : « Live From The Seum-Cave ». On y retrouve cinq titres dans de nouvelles versions, ainsi qu’un inédit.

C’est donc pour remercier ceux qui les suivent, et qui sont de plus en plus nombreux, que Gaspard (chant), Piotr (basse) et Fred (batterie) mettent gratuitement à disposition cet EP enregistré dans leur local de répétition (liens de téléchargement ci-dessous). Bien produit, SEUM nous propulse au cœur de sa musique comme si on y était. Et ça sonne et résonne furieusement.

Protéiformes, incisifs et massifs, les morceaux sont bien sûr issus du EP (« Seum », « Super Tanker ») et de l’album (« Sea, Sick, Six », « Life Grinder » et « Winter Of Seum »), et en bonus l’inédit « Blueberry Cash » vient clore « Live From The Seum-Cave ». Envoûtantes, les rugueuses rythmiques sont d’une fraîcheur incroyable et SEUM nous fait là un beau cadeau. Merci !

Bandcamp : https://seumtheband.bandcamp.com/album/live-from-the-seum-cave

Spotify : https://open.spotify.com/album/14qKmxKiMSB7I6pdK0BBqj

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Hard-Core Metal

Nobody’s Straight : HxC reality

Solide et massif, ce troisième album de NOBODY’S STRAIGHT laisse à peine respirer tant ces nouveaux titres sont denses et compacts. Chanté en français, le Hard-Core teinté de Metal du quatuor est aussi enragé que communicatif et engagé. « Transition » recadre notre époque et nos comportements avec conviction et ardeur. Une bonne grosse claque !

NOBODY’S STRAIGHT

« Transition »

(M&O Music)

NOBODY’S STRAIGHT ne décolère pas, c’est le moins que l’on puisse dire. Incisif et rageur, le Hard-Core très Metal du combo (pas de méprise, ce n’est pas du Metalcore… c’est beaucoup plus sérieux !) prend de l’épaisseur au fil des albums et « Transition » vient mettre les points sur les ‘i’ avec exemplarité. De plus, le quatuor d’Alençon s’est une fois encore bien entouré pour faire sonner ce nouvel opus comme il se doit.

Après « Bicéphale » (2012) et « Utopique » (2014), « Transition » vient confirmer le fort potentiel du groupe toujours composé de Tom (chant), Lea (basse), Chris (batterie) et Antoine (guitare). Les nouveaux morceaux ne manquent pas d’impact et le mix confié à Jake Skog (Clawfinger), ainsi que le mastering signé Logan Mader (Machine Head, Gojira) viennent mettre en évidence la force grandissante de NOBODY’S STRAIGHT.

Sur un chant enragé et presque déclamé, le frontman harangue littéralement l’auditoire à travers des textes où une fiction très réaliste côtoie un regard lucide et acide sur la société (« Tu Succomberas », « Conviction », « Garde Le Contrôle »). Emmené par une grosse rythmique percutante et des riffs acérés, NOBODY’S STRAIGHT fait preuve d’une efficacité et d’un tranchant redoutable (« La Violence Des Mots », « Jamais »).