Catégories
France Metal

No Terror In The Bang : clair-obscur explosif [Interview]

Créatif et technique, NO TERROR IN THE BANG est un nouveau venu sur la scène Metal hexagonale. Et avec ce premier album, « Eclosion », le groupe de Rouen affiche déjà une maturité d’écriture et de composition indéniable. Les membres du sextet n’en sont pas à leur coup d’essai et c’est dans un style assez peu représenté en France qu’ils affichent un Cinematic Metal fertile et audacieux. Entretien avec le compositeur et batteur Alexis Damien…

– Tout d’abord, qu’est-ce qui a poussé six musiciens aux horizons musicaux assez différents à créer un groupe aussi atypique que NO TERROR IN THE BANG ? Il vous manquait quelque chose dans vos formations respectives ?

En réalité, c’est le hasard des rencontres qui l’a déclenché. J’ai croisé Sofia et entendu sa façon de chanter, j’ai pressenti tout de suite qu’on pouvait faire de bons morceaux ensemble. Il se trouve qu’elle aimait le Metal, les musiques alternatives et sombres, sans pour autant les avoir déjà pratiqué. Je lui ai fait écouter mes anciens projets et on a décidé de partir sur un projet Metal, avec une ligne directrice qui s’est affiné aux cours des séances, jusqu’à l’affirmation de ce premier album « Eclosion » : du Metal cinématographique. Le groupe s’est complété au fur et à mesure, avec des musiciens issus de la scène rouennaise. Mais dès le départ, on a senti une belle énergie créatrice se dégager de notre projet. Comme une source, un arbre qui pousse. Sofia et moi sommes très créatifs et avons encore beaucoup à produire.

– Peu de temps après la création du groupe, vous avez sorti un premier single, puis deux autres l’an dernier. C’est la situation sanitaire qui vous y a contraint ou l’impatience de faire découvrir votre musique avant l’album ?

Effectivement, pour qu’un groupe démarre, c’est de plus en plus compliqué aujourd’hui. Il y a saturation partout, la musique est omniprésente. Nous avons donc choisi sciemment de sortir quelques singles au fur et à mesure, pour commencer à faire parler de nous. En Metal et en Rock, c’est toujours l’album qui fait autorité, donc nous avons choisit d’y aller à fond. Notre album « Eclosion » représente un an et neuf mois de travail entre notre première séance de travail et la dernière séance de mastering.

– Parlons maintenant de l’album. Etant donné sa complexité, de quelle manière l’avez-vous composé ? Vous aviez déjà un schéma précis en tête, ou est-ce que les idées et les différentes atmosphères sont venues se greffer petit à petit ?

En réalité, ce n’est pas si complexe. Si ? C’est juste qu’il y a un peu plus d’harmonies « exotiques » que dans un groupe de Metal traditionnel. Il y a effectivement des passages dans des styles « musique de films » ou « satien »… J’ai toujours pris garde à ce que les morceaux gardent un côté « mainstream », et ne soient pas rebutants ou intellos. Il y a une simplicité latente. Plusieurs personnes m’ont fait part du côté « addictif » des morceaux et des surprises qu’on y trouve en plusieurs écoutes. J’y vois un bon critère de réussite, cela veut dire qu’il y a plusieurs niveaux d’écoutes derrière le côté « catchy ». Des titres comme « Another Kind Of Violence » ou « Uncanny », c’est un peu comme si Obélix te mettait un coup sur la tête, mais qu’Idéfix te susurrait juste après des petits bruits étranges à l’oreille … (Rires) Tu ne sais plus si c’est un rêve ou la réalité…On peut donc qualifier notre musique d’un trip entre rêves et cauchemars.

– Lorsqu’on parle de Cinematic Metal, on s’attend souvent à des morceaux assez longs permettant de poser des ambiances plus librement. Or chez NO TERROR IN THE BANG, il s’agit plutôt de titres assez courts et racés, entrecoupés d’interludes plus ou moins longs d’ailleurs. L’aspect progressif que peut générer ce genre de style ne vous intéressait pas ?

Oui, c’est vrai. Hypno5e, par exemple, prend plus son temps. Il correspond d’ailleurs peut-être plus à cette définition. Cela nous intéresse énormément, et on essaiera sûrement de le faire. Mais pour « Eclosion », en effet, nous avons privilégié les flashs, les uppercuts et les respirations. D’où un côté toujours écoutable même pour un public moins spécialiste. Petite confidence, certains passages de notre album seront rallongés en live justement, pour prendre plus le temps.

– Avec « Saule Pleureur », vous ouvrez l’album de façon étonnamment calme avant le déferlement du reste de l’album. C’est une manière de présenter la suite ?

J’avais fait le même coup avec « 2unlimited » de Pin-up Went Down (son autre groupe – NDR). J’adore la dualité, la fracture, le contraste. Mais c’est un vieux procédé d’une certaine façon, écoutez l’introduction de « Master of Puppets »… « Saule Pleureur » symbolise la lumière, l’orchestration y est particulièrement lumineuse dès les premières secondes, avec des harmoniques de cordes, des accords très larges… J’y vois une lumière comme dans le film « The Tree Of Life » (de Terrence Malick) avec cette musique éthérée d’Alexandre Desplat. C’est un procédé assez utilisé dans les musiques de film. Puis, vient ce piano mystérieux qui accompagne le chant, un piano feutré, comme des pas de chats inquiétants. L’enchainement avec « Another Kind Of Violence » provoque une petite tension en effet, à l’arrivée d’un riff de guitare puissant, dans un style Metal moderne à la Gojira…

– Vos compositions ramènent à de nombreuses influences qui vont du Metal Alternatif et Fusion à la musique classique et bien sûr aux B.O.F. Tout en étant très technique, votre style reste abordable et très moderne. Quel est l’aspect de votre style qui vous caractérise le mieux selon vous ?

Notre énergie ne vient pas que des riffs. Nous utilisons des harmonies particulières qu’on n’entend pas tous les jours dans un groupe de Metal, comme dans le morceau « Uncanny » par exemple. La musique est en effet assez ciselée et précise, on a donc un son plutôt « propre »… C’est vrai qu’il y a plusieurs écoles, les propres et les sales (Rires). J’adore le sale aussi, le bruit, le parasite, la vermine en quelque sorte. C’est un aspect que l’on exploitera aussi. Les aspects bruts, Sludge, Noisy ou même Indus m’intéressent énormément, on s’en servira un jour. Mais on ne pouvait pas tout faire d’un seul coup ! Il fallait choisir !

En termes de B.O.F, c’est pareil. Sur cet album, on est parti sur des sons plutôt orchestraux, mais rien ne dit que le suivant soit dans cette veine ! J’adore pour ma part le travail d’Atticus Ross et Trent Reznor, je risque de me laisser tenter par leurs timbres aussi… Vous savez ces synthés technoïdes sales… J’adore aussi le travail de Nick Cave et Warren Ellis…Ecoutez la B.O de « The Road »… Enorme, c’est bien plus malsain que Slayer croyez-moi ! (On est d’accord ! – NDR) La musique de film, ça ne veut rien dire en réalité. Il y a trop de réalités différentes… Les champs sont infinis, tu as excité mon imaginaire avec ta question !!! Grrrr

– « No More Helpful Peace » et « Memory Of Waif » sont déclinés en deux parties. On évoquait précédemment des morceaux plus longs. Vous n’avez pas été tentés de les regrouper pour en faire des morceaux plus conséquents dans leur durée ?

Si mais pour des questions techniques, c’était plus simple : référencement, mastering, mixage, travail de placement en synchro, etc… Et puis bon, si un auditeur veut zapper, c’est plus facile, tout simplement… Je sens ta déception ! (Rires)

– Enfin, même si pour le moment les concerts sont malheureusement toujours à l’arrêt. Comment imaginez-vous vos futures prestations live ? L’aspect visuel et même vidéo aura sûrement une place prépondérante ?

On a hâte de monter sur scène. Nous réfléchissons actuellement à cet aspect, on verra bien l’écart entre rêves et réalité. Tout dépend où l’on joue… En festival de plein jour, c’est très différent d’une petite salle fermée ou une simple projection peut suffire… Mais nos concerts ne seront pas des « ciné-concerts ». Il y aura du mosh et de la sueur… !!

« Eclosion » est déjà disponible chez M&O Music

Retrouvez la chronique de l’album :

Catégories
Blues Folk/Americana

Don Troop And Naked Spurs : une sensibilité à fleur de peau

C’est accompagné de sa guitare, qu’il ne quitte jamais, que DON TROOP traverse la vie avec son lot d’embuches et dans laquelle il puise son inspiration. Avant un cinquième album solo à paraître l’an prochain, le songwriter sort un EP, « Hard Life », entre Blues et Folk et d’une grande sensibilité. 

DON TROOP AND NAKED SPURS

« Hard Life »

(Independant)

L’histoire de DON TROOP s’inscrit depuis une vingtaine d’années maintenant en France, où le chanteur et compositeur a posé ses valises. Arrivé des Etats-Unis au début des années 2000, c’est entouré des musiciens du grand Bill Deraime qu’il enregistre « When She Comes », son premier album solo en France. Le début d’un amour qui ne fera que croitre. Aujourd’hui, c’est avec un EP de quatre titres que le musicien fait son retour.

En prélude à un cinquième opus prévu pour l’an prochain, DON TROOP AND NAKED SPURS se livre dans un registre Blues/Folk, légèrement Rock. Outre la douceur de sa voix qui enchante dès les premières notes de « Hard Life », titre éponyme sur lequel le songwriter retrace le parcours cabossé d’une vie entre les deux continents et qui l’ont nourri musicalement. Et cette persévérance et la croyance en son talent le guident toujours.

Si « You » aborde des sonorités un peu plus Rock, tout comme « Slithering », c’est bel et bien le Blues et la Folk qui anime l’Américain dont le style et le jeu sonnent dorénavant franchement européen (« Walls Of Babylon »). Serein et chaleureux, DON TROOP livre quatre morceaux qui sortent au même moment qu’un documentaire, à travers lequel la sincérité et l’authenticité du songwriter éclatent au grand jour comme sur ce très bon « Hard Life ».

Catégories
Progressif

Liquid Bear : back to 70’s

LIQUID BEAR n’a pas voulu faire de 2020 une année blanche, et on ne peut que s’en réjouir. Le Stoner Rock Psych distillé les Parisiens réveille de beaux souvenirs très 70’s et progressifs, tout en restant solidement ancré dans son temps. Avec « Heavy Grounds », le quatuor propose un très bon EP, solide et sensible.

LIQUID BEAR

« Heavy Grounds »

(Independant)

Après son premier EP, « Unwind » sorti fin 2018, LIQUID BEAR n’a pu s’empêcher, faute de concerts, d’entrer en studio l’an dernier pour y enregistrer un second. Une manière aussi d’exorciser cette difficile et maudite année que les Parisiens ont décidé de dépeindre à travers cinq titres, où le quatuor affirme vraiment son style. Et « Heavy Grounds » se projette dans un concentré efficace des influences du groupe.

Dans un ensemble très progressif, les Franciliens se présentent dans un style Rock très varié dont la structure des morceaux est très connotée et marquée par les 70’s. Cela dit, LIQUID BEAR y pose une touche très actuelle, même si le chemin emprunté semble hors du temps. Malgré des thèmes très sombres liés à l’époque, comme la quête de notre rôle dans cette société, le combo ne rend pourtant pas une copie sinistre, bien au contraire.

Sur un Stoner aux touches Classic Rock et Psych et dans un environnement très progressif, le groupe balance de très bons riffs, presque Fuzz parfois, et se distingue par de bons breaks et une belle puissance (« Goblin Crusher », « The Frog »). Vocalement très présent, LIQUID BEAR nous emmène dans des contrées aériennes et solides (« Billions Of Crabs », « Heavy Grounds »). Après deux EP, on attend maintenant l’album !

Catégories
Blues Rock

Little Bob Blues Bastards : du Rock à l’âme

Après 45 ans de carrière, des milliers de concerts et des épreuves de la vie qui auraient pu avoir raison de son envie et de sa motivation, le légendaire rockeur hexagonal LITTLE BOB est de retour en ces temps compliqués avec une énergie positive et communicative. Révolté et poignant, le chanteur livre ce « We Need Hope » plein d’espoir, de hargne mais aussi de tendresse et de sincérité.

LITTLE BOB Blues Bastards

« We Need Hope »

(Verycords)

Roberto Piazza, alias LITTLE BOB, nous fait le plaisir d’un 23ème album, toujours entre Rock’n’Roll et Blues mais qui a cette fois une tonalité toute particulière. La légende française du Rock semble vouloir conjurer le sort qui s’est abattu sur lui à travers 13 morceaux où se s’entrelacent avec fureur et pudeur des sentiments de révolte (“Bella Ciao“), de tristesse ainsi que d’espoir et d’amour. « We Need Hope » est probablement la production la plus intime et la plus touchante du chanteur.  

C’est à Londres qu’il est parti retrouver son souffle et l’envie de continuer à distiller de qu’il sait faire de mieux après la disparition de sa muse. Et la petite flamme scintille toujours dans le cœur de LITTLE BOB. Comme un réflexe naturel, on retrouve les Blues Bastards au grand complet : Gilles Mallet (guitare), Bertrand Couloume (contrebasse), Mickey Blow (harmonica), Nicolas Noël (piano) et en alternance à la batterie son neveu Jérémie Piazza et Mathieu Poupard, enfant du pays.

Conçu avant la crise du Covid, « We Need Hope » est porteur d’attentes et se veut fédérateur en cette période torturée. Si ce nouvel album est marqué par des chansons naturellement dédiées à sa femme (« You Can’t Come Back », « Made For Me » et le magnifique « Bello Della Vita » en italien, sa langue maternelle), il reste très Rock et pêchu (« I Was A kid », « Walls And Barbed Wires »). LITTLE BOB n’a rien perdu de sa superbe et chante le Rock et le Blues comme il le vit… intensément.

Le rockeur havrais livre en fin d’album trois reprises irrésistibles et fidèles à son image et son parcours. On retrouve avec plaisir « Natural Born Boogie » d’Humble Pie, « Where Have All The Good Times Gone » des Kinks et le somptueux « Freedom » de Richie Heaven, immortalisé à Woodstock. Malgré un passé récent compliqué et douloureux, LITTLE BOB est plus que jamais fidèle au poste et répond avec classe, le Rock’n’Roll et le Blues chevillés au corps. « We Need Hope » fait autant de bien aux oreilles qu’à l’âme.

Catégories
International Progressif Stoner/Desert

Dvne : déflagration rétro-futuriste [Interview]

Fondé en 2015 à Edinburg en Ecosse, DVNE s’est fait un nom dans le paysage Sludge Progressif européen en l’espace de trois EP et d’un album. « Etemen Ænka », le deuxième opus complet du quintet, sort dans quelques jours et promet un voyage musical mouvementé dans une ambiance Old School presque cinématographique. L’occasion de poser quelques questions à Victor Vicart, seul Français du combo, qui tient la guitare et le chant…

– Avant toute chose, j’aimerais que tu éclaircisses une petite chose, stp. L’ensemble des médias spécialisés vous considèrent comme un groupe de Metal Progressif. Si sur l’aspect progressif de DVNE nous sommes d’accord, vous êtes avant tout un groupe de Sludge issu du Rock, non ?    

Oui, en effet, nous sommes plutôt issus du Post-Metal et du Sludge. Et personnellement, je pense que le progressif est plus une approche de composition et ne constitue pas vraiment une scène à part entière.

– Avec ce son brut très organique, il y a quelque chose chez DVNE de très futuriste, qui n’est pas seulement lié au nom du groupe ou au concept de l’album. Comment l’expliques-tu ? C’est une démarche artistique que l’on ne rencontre plus beaucoup…

Nous avons utilisé beaucoup de synthés sur cet album comme des vieux Junos, Moog et Prophet qui apportent énormément en termes de texture. Je pense que c’est ce qui te fait dire que notre son est futuriste. Cela dit, notre approche avec les autres instruments est assez old school, puisque nous utilisons surtout des vieux amplis des années 70/80, type Hiwatt/Marshall, que l’on retrouve dans beaucoup d’album de Rock et de Hard Rock. Nous avons aussi beaucoup travaillé avec notre producteur Graeme Young sur le son de cet album et nous sommes parvenus à retranscrire ce que nous avions en tête pendant l’écriture de l’album.

– Il y a même un petit côté ‘Blade Runner’ en fond sur l’album dans les transitions (« Weighing of the Heart », « Adræden »). « Etemen Ænka » a un côté très cinématographique dans le récit. Si l’époque n’est malheureusement plus aux clips très réalisés d’antan, quels genres d’images ou d’ambiances te viennent à l’esprit sur ce nouvel album ?

Nous avons réalisé un clip pour « Sì-XIV », dont nous sommes fiers puisqu’il colle avec l’atmosphère rétro-futuriste de l’album. Nous avons utilisé beaucoup d’effets spéciaux traditionnels. Par exemple, vous retrouvez dans la vidéo un cocon visqueux ou encore un costume totalement flippant pour notre créature. Nous avons été influencés par des artistes comme Giger/Alien. De façon plus générale, nos références viennent de la cinématographie de film d’horreur et Sci-Fi des années 80/90. Nous aimerions beaucoup faire un clip d’animation, mais cela dit j’ai souvent du mal avec l’animation 100% digitale, et je préfère les plus classiques.

– L’album développe aussi beaucoup de morceaux très instrumentaux, à un point que l’on a l’impression que certains titres pourraient presque se passer de chant… avec peut-être juste une explication dans le livret. DVNE passe ses émotions par les ambiances ?

Nous ne considérons pas le chant comme un élément qui devrait être plus en avant que les autres instruments. Pour nous, s’il ajoute quelque chose d’intéressant sur un passage, c’est très bien, mais très souvent les instruments se suffisent à eux-mêmes.

– Avec toute la puissance que dégage « Etemen Ænka », DVNE reste un groupe où la mélodie est au premier plan, selon moi (!). Et on imagine que d’autres instruments pourraient venir s’y greffer. C’est quelque chose que vous avez dans le coin de la tête ?

Carrément ! Nous voulons continuer notre évolution musicale et cela passe par l’ajout de nouveaux éléments dans l’écriture et pendant l’enregistrement aussi. C’est aussi pour ça que nous avons une invitée sur cet album (Lissa Robertson). Nous avons voulu ajouter un autre type de chant pour apporter encore plus de diversité à notre musique. Nous avons déjà de nombreuses idées pour le prochain album, notamment avec l’utilisation d’autres instruments et d’autres méthodes d’enregistrement.

– Sinon, est-ce qu’avec le Brexit les choses ont changé pour vous ? Alors que rien n’est décidé nulle part, comment voyez-vous l’avenir dans les mois à venir ?

C’est très regrettable ce qui se passe avec le Brexit. Cela ne nous inquiète pas, car nous nous sommes bien préparés pour nos prochaines tournées. C’est surtout dommage pour les groupes anglais plus jeunes qui pensent à faire leur première tournée en Europe. Je pense que la plupart ne tournera tout simplement pas et les autres le feront dans l’illégalité. Cela dit, j’espère encore qu’un accord EU/UK est toujours possible, notamment sur un visa artiste de 90 jours qui serait gratuit. On croise les doigts.

– Et on va conclure avec une question conne, comme j’aime. Finalement DVNE : plutôt Le Pilat ou Sting ?

Sting of course ! Le slip en V lui va si bien.

Le deuxième album de DVNE, « Etemen Ænka », sortira le 19 mars chez Metal Blade Records.

Catégories
Extrême

No Terror In The Bang : le Metal en 16/9

Très orchestré tout en restant très incisif, NO TERROR IN THE BANG se présente avec un premier album, « Eclosion », aux ardeurs conséquentes et aux ambiances contrastées. Le sextet normand réussit haut la main le pari de rassembler un Metal résolument moderne avec des sonorités classiques, propres au 7ème art.

NO TERROR IN THE BANG

« Eclosion »

(M&O Music)

C’est suffisamment rare de voir un groupe fraîchement formé (2019) sortir un album aussi abouti, complexe et si bien produit que cela nécessite d’être souligné. Dans un Metal Alternatif absorbant toutes sortes d’influences, souvent très opposées, NO TERROR IN THE BANG surnage grâce à une technicité et une créativité imparable et très originale. Le voyage musical est pour le moins atypique et présente de multiples thématiques.

Originaire de la région rouennaise, le sextet présente un pédigrée conséquent avec des musiciens aguerris aux horizons divers, faisant vraiment la force du combo qui est capable de faire de grands écarts incroyables. L’identité de NO TERROR IN THE BANG se devine déjà sur le morceau d’ouverture, « Saule Pleureur », dont la finesse nous transporte dans un univers très cinématographique, façon écran géant.

Très atmosphérique, la formation fait assez rapidement parler la poudre (« Another Kind Of Violence ») sur des riffs racés et fragmentés (« Micromegas »). Avec un piano très présent, les mélodies se font intemporelles sous l’impulsion de Sofia Bortoluzzi, chanteuse polymorphe au flow impressionnant et nuancé (« Uncanny, « Poison »). NO TERROR IN THE BANG possède la carrure des grands et ça va vite se voir.

Catégories
Rock Stoner/Desert

Smokeheads : tout sauf un écran de fumée

Grosses guitares, rythmiques imposantes et chant aussi puissant que fédérateur, SMOKEHEADS possède tous les atouts pour s’imposer sur la scène Metal hexagonale. Il faut aussi ajouter que le pédigrée des quatre musiciens plaide pour eux et l’expérience et le savoir-faire se font entendre et résonnent fort dès les premières notes de ce très bon « Never Prick My Pickles ! ».

SMOKEHEADS

« Never Prick My Pickles ! »

(Independant)

C’est depuis une petite bande de terre coincée entre la Suisse et les montagnes du Jura, le Pays de Gex, que SMOKEHEADS a mis au point un Metal Alternatif savoureux et original. Loin d’être de nouveaux venus, les quatre musiciens du groupe ont fait leurs armes dans de nombreuses formations avant d’unifier leurs forces et leur créativité pour livrer un premier EP de quatre titres plus que prometteur. 

Définir en quelques mots le style précis du quatuor serait peine perdue tant on y trouve des sonorités propres au Stoner dans la rythmique, des guitares aussi aériennes que tranchantes et un chant solide, justement assez proche d’un Metal Alternatif américanisé. Mélodique et percutant, SMOKEHEADS distille un registre aux multiples facettes, ce qui fait toute sa richesse et aussi un beau pied de nez aux poseurs d’étiquettes en tous genres.

Solide et racé, le combo a une forte capacité à livrer des mélodies accrocheuses et des refrains qui restent fortement ancrés (« In Between », « Hate And Love »). Tout en restant accessibles, les Français savent installer de belles atmosphères avant de bastonner à coup de  gros riffs (« Nothing Is Random »). Entre fureur et accalmies, SMOKEHEADS peut ainsi se balader dans des climats où l’on aime se laisser perdre (« One Million Ways »).

Site : http://smokeheadsband.com/

Catégories
France Stoner/Desert

Appalooza : du far-west à la west coast [Interview]

Formé à la pointe du Finistère, c’est pourtant aux Etats-Unis qu’APPALOOZA est parti s’aguerrir, fort d’un Stoner Rock massif d’une efficacité granitique. Après deux tournées américaines où le trio breton a eu tout le temps de peaufiner son registre, c’est sur le label californien Ripple Music qu’il signe son deuxième album, « The Holy Of Holies ». Une belle récompense pour ses travailleurs acharnés, qui reviennent sur leur parcours.

– Vous avez commencé à Brest en 2012 et avez sorti deux démos durant les deux ans qui ont suivi. Jouer du Stoner Rock à cette époque-là était peu courant en Bretagne et plus largement en France. Comment APPALOOZA a-t-il pris son envol ?

Au départ, les compositions d’Appalooza n’évoluaient pas vraiment dans un registre Stoner/Desert Rock, mais plus dans un registre Rock Alternatif/Grunge des 90’s. Les influences Stoner sont arrivées naturellement avec son engouement et la multiplication des groupes du genre émergeant en Bretagne. Nous étions un peu les cadets de cette scène à l’époque. Nous nous sommes nourris de cette scène en partageant de nombreux plateaux avec Stonebirds, Jackhammer, JumpingJack, etc. Ça nous a beaucoup apporté dans notre parcours.

– S’en est suivi un premier album éponyme en 2018 après une première tournée américaine. Qu’est-ce qui vous avait poussé à prendre le large et traverser l’Atlantique ? Rares sont ceux qui franchissent le pas… 

C’était un rêve de gosse de pouvoir un jour s’envoler au pays de l’Oncle Sam. La culture, la musique, les paysages, l’état d’esprit… Combiner la musique avec les USA était un rêve fou qui nous paraissait inaccessible sur le papier. A un moment, on s’est regardé et on sait dit : « mais pourquoi ne pas juste le faire ? »

On s’est donné les moyens et avons tout fait pour organiser notre tournée là-bas. Nous avons donc réalisé un gros travail de mailing et avons contacté énormément de bars, cafés-concerts et salles pour nous produire. Suivant les disponibilités, il a souvent été possible de se greffer (parfois au dernier moment) à un plateau déjà existant ou même d’en créer un de A à Z. Nous sommes partis à l’aéroport pour acheter nos billets, nous ne pouvions plus faire machine arrière.

– Quels souvenirs gardez-vous de ces premiers concerts aux Etats-Unis, et quel accueil le public américain vous avait-il réservé ? Et en quoi la seconde série de concerts là-bas a-t-elle été différente ?

Epuisant, mais mémorable et à refaire sans hésiter. C’est un pays gigantesque, la distance entre chaque concert nous ne laissait, la plupart du temps, pas le choix de conduire que toute la nuit. Pour notre seconde tournée, nous avons eu la possibilité de nous introduire directement sur celle d’un groupe Texan, par le biais d’un contact américain. Celle-ci a été beaucoup plus intense, puisqu’elle est partie du Texas et a traversé de nombreux Etats tels que le Nouveau-Mexique, l’Arizona, la Californie, le Nevada, l’Utah, le Colorado, le Nebraska, le Missouri, l’Indiana et l’Ohio.

Le Rock et le Metal là-bas, c’est quelque chose de normal. Tout le monde connait les classiques. Il y a également énormément d’excellents musiciens et de groupes. Nous avons été impressionnés par le niveau global de ceux que nous avons pu rencontrer. Le souci est qu’au bout d’un moment, il y a comme une impression de saturation. Il est parfois compliqué de sortir du lot, tellement le niveau d’exigence est élevé. On se rappelle de l’un de nos concerts à El Paso (Texas), où un groupe du coin est venu ouvrir pour nous. Les gars sont arrivés encore en tenu de travail, se sont installés, ont balancé en 10 min, joué comme des dieux pendant 20 minutes et sont partis dans la foulée l’air de rien. Enorme !

Par conséquent, l’autre problème qui en résulte est la communication sur certains événements. Hélas, vu la fréquence à laquelle certains lieux organisent des concerts à la semaine, la communication de certains promoteurs laisse à désirer. Il y a des soirs où nous avions comme seul public, les autres groupes présents, et d’autres où au contraire nous faisions salle comble. Ce fut le cas lors d’un concert à Laredo (Texas), où des mexicains ont pris le risque de traverser la frontière pour venir nous découvrir.

L’an dernier…

– APPALOOZA est ensuite remarqué par le label californien Ripple Music qui possède un beau catalogue en matière de Stoner notamment. Comment s’est passée la rencontre ? Ca doit être assez flatteur de figurer aux côtés de tels artiste, non ?

C’est un immense honneur pour nous d’être aux côtés de tels groupes et de vivre cette aventure avec Ripple Music. Il nous a paru évident de bosser avec ce label que nous suivions déjà depuis longtemps. Et nous voulions qu’ils soient les premiers à poser l’oreille sur « The Holy Of Holies ».

– « The Holy Of Holies » vient de sortir et le public français peut enfin faire plus ample connaissance avec APPALOOZA. Vous affichez une production massive et de solides compositions. C’est assez rare en France d’avoir des influences, une inspiration et un son aussi marqué par les Etats-Unis…

La culture et la musique américaine est omniprésente chez nous. Nous avons été éduqués musicalement à coup de Bruce Springsteen, Neil Young, Dire Straits, Deep Purple et d’autres grâce à nos parents. Avec ces bases-là, nous avons développé notre culture musicale qui est donc très américanisée. La scène nord-ouest américaine nous a notamment beaucoup marqué avec des groupes comme Soundgarden, Screaming Trees, Alice In Chains, Pearl Jam,… Après les cousins de Kyuss, Fu Manchu, Master Of Reality se sont greffés à tout ça.

– Vous avez d’ailleurs enregistré ce deuxième album en Bretagne et à Montaigu pour le master. Vous teniez à ce qu’il soit réalisé ici ? C’est une sorte de gage de votre identité sonore ?

Le choix du studio s’est fait assez naturellement. Pour ce second opus, nous avons décidé de retravailler avec notre ami ingénieur son, Adrian Bernardi, avec qui nous avions déjà enregistré notre deux titres « Animalia/Hourglass » sorti en 2017. Il a eu l’occasion de travailler plusieurs fois au Studio Le Faune à côté de Rennes, là où nous avons donc enregistré « The Holy Of Holies ».

– « The Holy of Holies » est aussi un album-concept, puisque vous y faites une critique ironique de la religion à travers toute une histoire. Comment est née l’idée de ce scénario ?

« The Holy Of Holies » est en effet une vision ironique de la religion. Une tempête arrive et envoie l’humanité à une mort certaine. L’absence de Dieu sur terre renvoie les hommes seuls. Ils sont privés et punis par leur individualisme et apparaissent déjà morts. Ils acceptent et cherchent un nouvel être à vénérer et envoient à travers le désert tous leurs péchés sur un bouc émissaire pour trouver le démon Azazael, le Saint des Saints. Cet ange déchu prend possession de l’humanité. Il les réincarne en une demi-espèce d’homme mi-bête en transplantant un crâne de cheval, symbole d’une liberté perdue.

Les paroles traitent de sujets tels que le mensonge, l’incapacité d’aider une personne en détresse, l’exploitation de l’homme par l’homme, la déception que l’on peut avoir en général envers les gens, l’éternel questionnement par rapport à notre existence et à celle de l’univers. Il y a un double sens dans nos textes. C’est pourquoi « The Horse », la mascotte, le totem du groupe, représente à la fois la société, la peur, l’interrogation, c’est un fourre-tout. On le voit surtout dans une forme de bourreau qui vient nous punir, parce que comme tout être humain, nous sommes tous pécheurs.

– Enfin, j’imagine que vous devez être impatients de remonter sur scène pour présenter l’album. Par où aimeriez-vous commencer : la Bretagne ou les Etats-Unis ?

Plouguenast ou Denver, qu’importe l’endroit pourvu qu’on puisse vite remonter sur scène et partager notre musique avec le public. C’est clairement là que nous nous sentons le plus vivant.

Bandcamp : https://appalooza.bandcamp.com/album/the-holy-of-holies

Catégories
Extrême

Explicit Human Porn : mécaniquement tranchant

Solides et convaincants, les Parisiens d’EXPLICIT HUMAN PORN ne manquent pas de percussion. Le Metal Indus du quatuor passe en revue plusieurs facettes du genre avec une redoutable efficacité. « In Excexx » devrait facilement permettre au groupe de prendre un envol tant mérité.

EXPLICIT HUMAN PORN

« In Excexx »

(M&O Music)

Après quatre ans d’existence, le groupe parisien sort enfin son premier EP, « In Excexx », et il tient franchement la route. A travers six compos originales (et une cover en allemand !), EXPLICIT HUMAN PORN délivre de multiples approches musicales. Le Metal Indus du quatuor est polymorphe et évite soigneusement les écueils d’influences trop marquées.

Très bien produit, « In Excexx » dépeint parfaitement la cohésion et la qualité de jeu des Franciliens. Mené par la surprenante Lowe North au chant, EXPLICIT HUMAN PORN peut se reposer sur une rythmique imparable composée de Crypp Mor (basse) et Kevin Lanssen (batterie) soutenue par les guitares très aiguisées de David Revan.  

Si quelques machines viennent compléter le côté massif du combo, ce sont bel et bien les guitares et la diversité vocale de sa frontwoman qui viennent nourrir la puissance du combo (« Cheatcodes », « Footporn »). EXPLICIT HUMAN PORN réussit le pari de changer d’univers à chaque titre et c’est un régal (« Radiosilk », « Madmeds »).

Catégories
Non classé Soutiens

Erwan Bargain : et si les zombies, c’étaient nous ? [Essai/document]

En parcourant les œuvres sur les zombies au cinéma, ERWAN BARGAIN ne s’est pas contenté d’en faire une liste resserrée. Non, il a cherché à définir la dimension sociale et politique dans les films sur ces morts-vivants qui nous ressemblent à bien des égards. D’actualité, « Zombies – Des visages, des figures… » nous renvoie à notre propre existence et peut-être aussi à notre condition.

ERWAN BARGAIN

« Zombies – Des visages, des figures… »

(Editions Ocrée – 15€)

Depuis toutes ces années à œuvrer dans les colonnes du magazine « Ecran Fantastique », ERWAN BARGAIN en a vu défiler des zombies. Les morts-vivants, il les connait bien pour les avoir vu grandir et évoluer sur les grands comme les petits écrans. Quoi de plus naturel donc pour l’auteur breton que de décrypter leur condition ? « Zombies – Des visages, des figures… » se pose comme un regard sur le phénomène à travers le cinéma et des films souvent à double-lecture, en argumentant un engagement sur l’état de notre société.

Ouvrant le livre avec « La nuit des morts-vivants » de George A. Romero sorti en 1968 et qui a offert ses lettres de noblesse au genre, ERWAN BARGAIN établit une rétrospective historique des zombies dans le septième art. Tout en nous interrogeant sur les chemins empruntés par les hommes, ces films questionnent aussi sur nos comportements et sur une société de sur-consommation en roue libre. Plusieurs phénomènes de notre quotidien sont ainsi mis en exergue comme l’exclusion, nos dérives et nos désespoirs. 

Chaque film retenu met le doigt sur des problématiques très actuelles et permet d’aborder de nombreuses errances sociétales que l’on peut retrouver à travers notre égoïsme, l’indifférence ou la peur de l’autre. Le zombie vient-il pointer le déclin de notre monde à travers le cinéma ? Est-il l’incarnation d’un virus dans notre inconscient et qui éclaterait au grand jour à travers la pandémie que nous vivons ? La question est posée par ERWAN BARGAIN… entre les lignes et pas seulement.

www.editions-ocree.fr