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Fuzz Rock Heavy Stoner Rock

Dune Aurora : une montagne de fuzz

Entièrement féminin, le combo transalpin vient s’inscrire dans cette lignée d’artistes qui revitalisent la scène Heavy Rock avec un Stoner occulte aux effluves Doom. Si elles ne sont pas sans rappeler High Priestess ou Alunah, leur sens du Fuzz et de la mélodie diffuse un groove massif et ensorceleur. Teinté d’un esprit Desert Rock qui lui offre de la hauteur et du relief, « Ice Age Desert » intronise brillamment DUNE AURORA avec un premier long format à la fois conquérant, abouti et bien produit.

DUNE AURORA

« Ice Age Desert »

(Octopus Rising)

Après avoir émergé sur la scène underground turinoise en 2022 avec son premier EP « Lonely Town », DUNE AURORA passe à l’échelon supérieur avec « Ice Age Desert », un album aussi attendu que réussi. Ginny Wagon (chant, guitare), Roberta Finiguerra (basse, chœurs) et Serena Bodratto (batterie, choeurs) proposent un univers Stoner Fuzz aussi glacial que lumineux et se montrent ambitieuses et particulièrement sûres de leur force. Entre Heavy Rock et une impression Désert envoûtante, leur disque est captivant. 

L’un des atouts d’« Ice Age Desert » est la succession d’atmosphères qui traversent les neuf titres. En intégrant des sonorités Doom, Sludge, Psych, Grunge et même Alternative, DUNE AURORA fait preuve de beaucoup de diversité, tout en parvenant à une solide unité musicale. Très bien enregistré et mixé par Davide Donvito et masterisé par James Plotkin (Isis, Pelican, Earth), qui vient y apporter une belle brillance, ce premier opus conserve aussi une saveur vintage, que l’on doit sûrement au voile occulte posé sur ces compositions.

Avec beaucoup de fluidité, DUNE AURORA libère sa pleine puissance et laisse aussi la place à de la finesse. Très fusionnel, le power trio déroule son Stoner brut, efficace et le travail sur les choeurs apporte du relief et même un peu de chaleur. Et si elles ne s’en laissent pas compter, les Italiennes déploient créativité et fraîcheur sur des morceaux très bien ciselés (« Gateway », « Tundra », « Crocodile », « Sunless Queen », la version étendue de leur single « Fire » sorti l’an dernier et « Se Ponga El Sol » dans leur langue natale). Solide !

Photo : Luca Maccario

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Heavy metal Stoner Doom Stoner Metal

Solar Sons : scottish storm

Imprégné de la scène Heavy Metal britannique comme des formations Stoner Rock d’outre-Atlantique, SOLAR SONS s’est façonné un univers qui fait le pont entre diverses traditions métalliques pour se retrouver dans un registre finalement très personnel, et surtout qui devrait parler à tous les amoureux de Metal au sens large. Les trois Ecossais ont parfaitement digéré leurs influences pour en livrer une version efficace, sans bidouillage et très percutante. Capable aussi d’être plus progressifs sur les titres plus longs, la maîtrise est là et l’ensemble fait des étincelles. 

SOLAR SONS

« Altitude »

(Argonauta Records)

Après cinq albums en indépendant, SOLAR SONS rejoint Argonauta Records et en profite pour célébrer la magie de la musique sur son nouvel effort. « Altitude » parle donc d’amitié, d’évacuer les idées noires et de refuser l’ambiance folle des villes. Cela dit, c’est avec beaucoup d’énergie qu’il propose de s’y mettre, et de façon plutôt explosive. Le power trio de Dundee nous embarque dans des paysages écossais balayés par la tempête et, malgré quelques éclaircies, les vibrations sont jubilatoires et hyper-Rock’n’Roll dans l’attitude.

Sur une base Stoner Metal légèrement Doom, le groupe se déploie surtout dans un élan Heavy Metal fortement impacté par l’héritage de la NWOBHM. Véloce, rugueux et accrocheur, SOLAR SONS ne laisse que peu de répits et passé l’intro épique « Sky Night », on entre dans le vif du sujet avec le morceau-titre, qui ouvre la voie dans un mouvement à la fois intrépide et puissant. En moins de dix ans, les Britanniques se sont aguerris et se sont faits une belle place dans l’underground, ce qui ne doit rien au hasard. C’est du costaud !

Très bien produit, « Altitude » a été enregistré en conditions live et ça ne trompe pas, tant l’énergie est présente et le plaisir du combo très palpable. De riffs acérés en solos plein de feeling, Danny Lee enflamme autant qu’il se montre accrocheur. A la batterie, Pete Garrow martèle ses fûts avec force, tandis que Rory Lee enchaîne les lignes de basse avec sérieux et se montre inflexible au chant. SOLAR SONS est exaltant, galope de titres en titres avec passion et livre une sixième réalisation sans filtres, ni détours. Intense et rassembleur.

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Psychedelic Rock

Nepal Death : Swedish rebirth

Imaginez une joyeuse bande de rockers portés par une sorte de chamanisme musical où les envolées spatiales se mêlent à des riffs appuyés. Et c’est depuis sa Suède natale que le groupe côtoie les cimes himalayennes en traversant le temps avec beaucoup d’audace et un état d’esprit qui flirtent avec un aspect rituel, parfois même insondable. Sur « Pilgrims And Psychonauts », NEPAL DEATH défie les lois de la gravité, grâce à une approche très organique et un sens quasi-narcotique d’un Rock, qui se joue dans les airs.

NEPAL DEATH

« Pilgrims And Psychonauts »

(Kali Psyche Records)

Derrière un noyau dur de sept musiciens, c’est un collectif d’une trentaine d’artistes qui œuvre sur « Pilgrims And Psychonauts », sorte de voyage transcendantal et hypnotique. On est loin d’une rencontre, même amicale, entre le dalaï-lama et Mark ‘Barney’ Greenway, mais NEPAL DEATH disposent d’atouts que ces deux derniers ne possèdent pas. Sans pyjama orange, ni grognements, les Suédois évoluent, non sans beaucoup d’humour, dans un Psych Rock déluré et obsédant. Une sorte de road-trip très 70’s hallucinatoire et réjouissant.

Après un premier album éponyme sorti en 2021, NEPAL DEATH renoue avec ses périples tout aussi cosmiques qu’accrocheurs. Il y a du Hawkwind et du King Gizzard chez ce groupe expansif et à l’imagination débridée. Entièrement réalisé en analogique, « Pilgrims And Psychonauts » libère un aspect rayonnant, qui le rend chaleureux et attachant. Avec un psychédélisme passé à la moulinette progressive et poussé à son paroxysme, difficile de ne pas être absorbé par ce groove entêtant et ces sonorités variées et colorées.

Car au-delà de sa formation classique, NEPAL DEATH a paré ce nouvel opus de guitares vintage, de synthés spatiaux, de flûte, de gong, de sitar et de drone tanpura, qui rendent son registre assez vertigineux. A travers les 14 morceaux, dont quelques interludes, et sur 50 minutes, les Scandinaves nous promènent dans les montagnes de Katmandou avec une folle énergie et un enthousiasme palpable (« Sister Nirvana », « Freak Street Blues », « She Demon », « Polychromatic Route », « The Exorcism Of Rakshasi »). Une épopée flamboyante.

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Hard'n Heavy

Firstborne : la parfaite alchimie

Frais et massif, ce deuxième album de FIRSTBORNE est l’une des meilleures réalisations du genre depuis un bon moment. Porté par des artistes chevronnés précédés par leur réputation, « Lucky » porte bien son nom, tant sa musicalité est fluide et présente le mix parfait entre Hard Rock et Heavy Metal. Technique, mais gorgé de refrains fédérateurs, le groupe évolue avec tellement de facilité et de créativité qu’il va très vite devenir incontournable.

FIRSTBORNE

« Lucky »

(M-Theory Audio)

Depuis leurs débuts en 2019, les Américains n’ont pas levé le pied. Après un EP éponyme l’année suivante, ils ont enregistré de nombreux singles, deux autres EPs (« Sinners » et « Follower ») et enfin un premier long format, « Gods Of Life », il y a tout juste deux ans. S’il n’est pas franchement étonnant de voir une telle productivité de la part du trio, il semble toutefois que le style s’affine et que FIRSTBORNE a fini par trouver son terrain de jeu favori et avec ce deuxième opus, et il penche sérieusement vers un Hard Rock pêchu et moderne.

C’est vrai que l’expérience des trois musiciens aurait pu les mener vers n’importe quel registre. Mais le batteur Chris Adler (Lamb Of God, Megadeth), le virtuose et shreder avéré Myrone et l’électrisant chanteur Girish Pradhan (Girish And The Chronicles, The End Machine) ont jeté leur dévolu sur un univers qu’ils connaissent bien, hyper-Rock’n’Roll et Heavy à souhait. Un mix savoureux qui a irradié les années 90 notamment, mais que FIRSTBORNE a intelligemment actualisé avec une belle férocité et de mélodies accrocheuses.

Précises, les parties de guitare sont très relevées, inspirées et malgré tout assez peu démonstratives compte tenu du talent de Myrone. Exceptionnelle, la batterie l’est tout autant, surfant sur un groove imparable et ensorceleur. Chaleureux et entraînant, le frontman apporte toute sa puissance à ce FIRSTBORNE aussi soudé que solide et percutant (« Again », « Wake Up », « Only A Fool », « Human Interrupted », « Prometheus »). Enfin, la production de Machine (Clutch, Crobot) offre un éclat magistral aux morceaux. Très, très fort !

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Desert Rock Psych Stoner Rock

Lorquin’s Admiral : desert butterfly

Donner un sens à sa musique et lui offrir une âme à travers un état d’esprit commun, cela semble avoir été l’objectif sous-jacent de LORQUIN’S ADMIRAL. Dans une atmosphère désertique, le Stoner Psych du combo sait se faire aussi flottant qu’appuyé, le tout dans une chaleur instrumentale enveloppante et une perception du groove, qui nous ferait presque oublier qu’un océan sépare les musiciens de cette formation atypique. Un premier essai qui en appelle d’autres…

LORQUIN’S ADMIRAL

« Lorquin’s Admiral »

(Argonauta Records)

On sait que Sons Of Alpha Centauri aime les collaborations et Yawning Sons en est un bel exemple. Cette fois, les Anglais se sont liés aux Américains d’Hermano pour fonder LORQUIN’S ADMIRAL. Et la rencontre est agréablement surprenante, car les chemins empruntés par les membres de deux formations renvoient autant aux ‘Desert Sessions’ qu’à un Stoner version Psych comme à certains travaux du regretté Mark Lanegan. Et si le quintet se montre ambitieux, le résultat est très largement à la hauteur de son talent.

Dans ce line-up cinq étoiles, on retrouve le couple Dandy (Fizz Fuzz) et Dawn Brown au chant (Hermano), Marlon King à la guitare (SOAC), Nick Hannon à la basse (SOAC) et Steve Earle à la batterie (Hermano). Et si l’on précise qu’ils sont passés aussi par Afghan Whigs, Luna Sol, Orquestra Del Desierto ou Fizz Fuzz, l’expérience ne manque pas chez LORQUIN’S ADMIRAL. Et à l’écoute de ce premier album éponyme, ils sont parvenus à trouver un nouveau terrain de jeu, sans faire dans le réchauffé, mais en innovant avec beaucoup d’élégance.

En guests, on retrouve également Dave Angstrom et Country Mark Engel aux guitares, qui viennent apporter beaucoup de volume et de relief aux morceaux. Sensible et aérien, le style des Anglo-américains présente une version assez légère de Stoner Rock, jouant sur les harmonies et de nombreuses combinaisons. Pour autant, LORQUIN’S ADMIRAL n’avance pas à l’aveugle et affiche même déjà une identité artistique personnelle évidente (« Could Have Been Forever », « The Lovely Things », « My Blue Life », « To Temptation »). Solaire !

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Heavy Stoner Rock

Mandy Manala : through the darkness

Dense et captivant, ce premier effort des Scandinaves risque de mettre tout le monde d’accord. Epais, mais agile, leur Stoner tire autant sur un Rock très ferme que sur un Metal tranchant. Avec une frontwoman exaltante qui donne le ton avec vigueur et détermination, MANDY MANALA défie le Heavy avec beaucoup de classe et une envie contagieuse. Ténébreux à souhait, le groupe reste d’une vivacité exemplaire et monte dans les tours au fur et à mesure du disque. Une bonne grosse claque !

MANDY MANALA

« Mandy Manala »

(Octopus Rising)

Lorsqu’on sort un premier album d’une telle qualité, c’est qu’il y a forcément une raison. Et même si MANDY MANALA ne s’est formé qu’en 2021, ses membres œuvrent déjà sur la scène finlandaise depuis une vingtaine d’années dans des groupes comme ELD, Lords Of Chernobyl, Rock Fuel et MotörCünt. Et cette expérience acquise au fil des ans se ressent pleinement sur cet opus très complet et d’une grande richesse musicale. Les neuf titres sont consistants, véloces et dégagent une atmosphère presque occulte, qui lui confère un agréable aspect vintage.

Pour autant, le Heavy Stoner Rock de MANDY MANALA s’inscrit dans son temps, malgré un côté classique qu’il revisite avec brio. L’identité sonore est très vite évidente et on la doit en partie à la présence hypnotique et puissante de Christa Nedergård. L’assurance et la force vocale de la chanteuse transcendent littéralement l’ensemble, grâce à des refrains entêtants et des textes très soignés. Mais c’est l’équilibre du quintet qui donne à « Mandy Manala » cette impression massive et cette énergie intense, qui se diffusent si librement et de manière brute et enveloppante.

Hyper-Rock dans l’approche, tout en ne se refusant pas de belles embardées Metal, MANDY MANALA se distingue aussi grâce à deux guitaristes très complémentaires, une basse très fuzzy, un batteur costaud et des arrangements bien pensés. Tout en nuances, l’esthétique des morceaux montre beaucoup de maturité et les vibrations souvent sombres nous emportent rapidement (« Stillborn », « From Whence You Came », « May Queen », « The Dark Passager », « War Drums », « The Lighthouse » et le génial « When We Rode Out To War »). Une entrée en matière saisissante.

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Heavy Stoner Doom Psych

Thammuz : de la hauteur

Si le Heavy Rock de THAMMUZ se pare de quelques subtilités bluesy et même Grunge, c’est aussi pour mieux asséner un Stoner fulgurant et particulièrement doomy. Entreprenants, les Néerlandais oscillent entre un mur de guitare imposant et des envolées psychédéliques mélodiques et envoûtantes. Avec « III », la formation batave atteint une certaine maturité grâce à une maîtrise totale de son identité musicale. Une prise de hauteur nette et qui confirme sa stature.

THAMMUZ

« III »

(Argonauta Records)

Comme l’indique son titre, et de trois pour les Hollandais qui continuent, avec toujours autant de créativité, à élaborer leur Stoner. Décidemment très changeant, le style de THAMMUZ, né des cendres de Dreckneck et Fuzzboar, n’en finit pas d’évoluer et prend cette fois des teintes plus Doom, des sonorités Sludge Rock et une inspiration Southern. Le mélange est franchement habille, d’autant que le quatuor reste chevillé à un Stoner Psych entre Rock et Metal. Et « III » conserve aussi un aspect DIY savoureux.

Car, même avec une solide production et un son qui s’affine, THAMMUZ ne s’est pas éloigné de l’esprit underground de ses débuts. Trois ans après « Sons Of The Occult », on retrouve ces riffs épais et rugueux, ce duo basse/batterie massif et la voix très polymorphe de son chanteur-guitariste Harm dans un registre clair et puissant. Direct et sombre, « III » s’essaie à de multiples atmosphères en sachant se montrer brutal par moment, mais laisse aussi parfois entrer un peu de lumière et de légèreté.

Dès « When Darkness Comes », THAMMUZ affiche beaucoup de fermeté avec un côté ténébreux, qui devient vite immersif. Et d’ailleurs, Jelle Aron Scholtes, compatriote et membre de Baardvader, vient apporter du relief au morceau. Très Heavy et même assez aérien à l’occasion, le combo enchaîne avec des titres costauds (« Rizen », « Bloodlust »). Puis, sur « Dissolution » et « Devil’s Gallow » en fin d’album, c’est Merle Pelle qui offre une touche féminine plus aérée au chant à ce « III », qui se termine brillamment.

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Crossover Sludge Stoner Metal

Tigerleech : sans compromis

Avec «  Bicephalous », les Français donnent leur vision d’un Crossover réinventé sur une base Stoner, où le Sludge, le Metal, le Doom et le HxC cohabitent en toute harmonie. Complet et très nuancé, ce nouvel effort de TIGERLEECH est pourtant très direct, alerte et prend à bras le corps les sujets sociétaux sans tergiverser. Intense et percutant, ce deuxième opus redonne des couleurs et des perspectives à un registre, qui n’a pas encore livré tous les secrets et sa potentialité.

TIGERLEECH

« Bicephalous »

(Octopus Rising/Argonauta Records)

Cela fait un peu plus de dix ans que TIGERLEECH secoue l’underground hexagonal et ce troisième album va encore dans ce sens, avec peut-être même plus de fermeté. Et s’ils ont apporté quelques évolutions musicalement, les Parisiens ont également remanié leur line-up et accueillent un second guitariste sur ce bouillonnant « Bicephalous ». Le mur de guitare s’est donc renforcé, en phase avec l’écrasant duo basse/batterie et le frontman très en verve et revendicatif, qui mène le combo avec force et beaucoup d’aplomb.

Ayant explosé sur la scène française avec l’excellent  « Melancoly Bridge », il y a quatre ans, TIGERLEECH avait entrepris de belle manière un virage plus mélodique dans son Stoner Sludge et cela lui avait franchement réussi. Nouveau changement de direction donc sur ce « Bicephalous » nettement plus radical et abrasif. Mais on ne saurait s’en plaindre, tant le quintet maîtrise son sujet et nous renvoie à cette époque bénie du Crossover. Très Metal, il reste Sludge bien sûr, mais libère aussi des éclats Hard-Core très 90’s.

Sur une production très actuelle, les références à Body Count surtout, mais aussi dans une certaine mesure à RATM et Suicidal Tendencies dans l’esprit, sonnent le retour à une efficacité tranchante et engagée. Avec de subtils éléments post-Rock, TIGERLEECH montre aussi ses capacités à entrer dans le détail tout en assénant de lourdes charges (« When You Cross The Border », « King Of The White Castle », « The Art Of Do It Yourself », « 321 Ignition » et le morceau-titre). Ce retour est fracassant et frontal, donc réjouissant !

Retrouvez aussi la chronique du premier album :

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Doom Doom Rock Stoner Doom

Maison Dieu : divine nature

Les Transalpins ont jeté leur dévolu sur les plantes, en l’occurrence le lierre, l’arum, la mandragore et la sauge. Et de cette union végétale est né un Doom mystique à la fois Rock et Metal, mâtiné de Stoner et de Noise. MAISON DIEU a fait de ce concept un terrain de jeu assez unique, un brin psychédélique et surtout doté de beaucoup de caractère. « Herbacea » ouvre une voie étonnante, parfois complexe, mais bien menée à cette nouvelle formation très créative.

MAISON DIEU

« Herbacea »

(Sliptrick Records)

Il est assez rare que je chronique un EP, mais lorsque celui-ci est suffisamment original et complet malgré sa durée, un rapide éclairage est toujours le bienvenu. Tout d’abord intrigué par le nom, puis par le concept musical, force est de constater que cette première réalisation des Italiens sort franchement de l’ordinaire. En effet, MAISON DIEU célèbre ici la nature et précisément quatre plantes autour desquelles se dessine un style qu’ils qualifient eux-mêmes de Mystic Doom. Une sorte d’ode un peu spéciale à l’environnement.

C’est la voix de Carlotta Di Stefano, également guitariste, qui sert de guide sur les cinq titres, si l’on compte l’intro chantée très chamanique qui nous plonge dans « Herbacea ». MAISON DIEU a parfaitement su établir les frontières de son monde, et malgré le format court, le Doom sombre et surprenant qu’il propose est tout sauf linéaire. Aux côtés de la frontwoman, Mauro Mariotti tient la basse et apparaît aussi sur le duo « Calla », et c’est Ivan Natalucci qui donne le rythme sur des atmosphères très changeantes.

A travers quatre morceaux bien ciselés, le trio a pris soin d’élargir son Doom vers des horizons Rock et Metal, tout en proposant quelques embardées Stoner et même Noise. MAISON DIEU joue sur les contrastes avec un son très organique et une sensation live très présente (« Edera », « Mandragola », « Terra E Salvia »). « Herbacea » est un premier effort réussi et intense, qui se développe dans un univers singulier et que le combo devrait pouvoir investir de manière encore plus approfondie sur album. Déjà captivant.

Photo : Paolo Sciamanna

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Doom Drone Psych

Pia Isa : dronic perceptions

Chanteuse et bassiste de Superlynx, la frontwoman scandinave a de multiples cordes à son arc, dont une aventure en solo qu’elle mène depuis 2021 maintenant. Avec ce deuxième opus, elle se livre un peu plus sur des morceaux où le Stoner Doom se joint à un Psych Drone hypnotique, bercé par la voix langoureuse et lancinante de PIA ISA. « Dissolve » arpente des sonorités captivantes avec talent et singularité.

PIA ISA

« Dissolve »

(Argonauta Records)

Alors qu’elle a sorti le quatrième album de son groupe Superlynx, où elle assure le chant et la basse, il y a quelques mois, PIA ISA revient en solo et donne une suite à « Distorted Chants » (2022) et surtout au EP « Burning Time » sorti en début d’année. Très occupée, elle est aussi très prolifique, puisqu’elle vient tout récemment de se lancer dans un nouveau projet avec Gary Arce (Yawning Man, Fates Jetson, Big Scenic Nowhere) baptisé SoftSun. A noter d’ailleurs que le guitariste est aussi présent  sur « Dissolve ».

Entourée de l’Américain sur six des huit titres et du batteur de Superlynx Ole Teigen, PIA ISA se déploie dans un registre Psychedelic Drone Rock, où elle interprète les voix bien sûr, et elles sont nombreuses, et endosse le rôle de bassiste tout en livrant des parties de guitares acoustiques très éthérées. Avec un travail incroyable sur les harmonies vocales et sur des compositions à la fois lourdes et aériennes, la Norvégienne se montre d’une superbe créativité à travers un songwriting très minutieux.

Sur des ambiances parfois post-Rock et Dark Folk, l’artiste offre un album complet et personnel, où les textes trouvent parfaitement leur place sur des pistes instrumentales soignées et particulièrement immersives. La production ’doomesque’ est elle aussi très bien équilibrée et on se laisse happer par cette atmosphère glaciale et épaisse. Vocalement, PIA ISA est littéralement envoûtante et se fond naturellement dans une sorte de jam parfois dantesque (« Transform », « Into The Fire », « Dissolve », « Tide », « Dream Or Float »).