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Blues Blues Rock Contemporary Blues

Beth Hart : une âme passionnée

Comme souvent chez elle, c’est en bousculant et en déplaçant les frontières du Blues que BETH HART s’ouvre la voie vers des horizons multiples avec cette force et ce talent, qui paraissent grandir au fil du temps. Sur « You Still Got Me », elle maîtrise plus jamais ses effluves vocaux, sans trop en faire d’ailleurs, et s’offre des flâneries musicales vibrantes et profondes. Son franc parler, parfois cru, fait d’elle la plus rockeuse des blueswomen et on se régale une fois encore de ses textes, qui n’éludent jamais rien. Entourée de grands musiciens, elle nous fait surfer sur un groove imparable et des crescendos irrésistibles.

BETH HART

« You Still Got Me »

(Provogue/Mascot Label Group)

Certaines voix sont inimitables, uniques et particulièrement marquantes. C’est le cas de BETH HART et de son légendaire trémolo. C’est deux-là sont indissociables et ils brillent une fois encore sur ce onzième et très attendu album. Car si « A Tribute To Led Zeppelin » a rapidement comblé un vide pendant la pandémie sans vraiment convaincre, son dernier opus a déjà cinq ans et parvenir à ce niveau d’interprétation et d’écriture a dû relever du défi pour l’Américaine, qui s’était donc offerte une escapade anglaise entretemps, sûrement plus facile à négocier pour elle. Car se hisser au niveau de « War In  My Mind », c’est retrouver l’émotion et une certaine rage aussi qui font d’elle une chanteuse d’exception.

On avait déjà pu la retrouver sur l’album solo de Slash consacré au Blues en mai dernier avec la reprise de « Stormy Monday » de T-Bone Walker, où elle apparaissait littéralement habitée. Sans doute d’ailleurs le moment fort du disque. C’est donc assez naturellement que le guitariste de G N’R lui rend la pareille sur le génial « Savior With A Razor », qui ouvre « You Still Got Me » et où son sens du riff fait des merveilles. Là aussi, c’est sans doute l’un des titres les plus impactants de cette nouvelle production. Et l’autre guest de marque n’est autre que le légendaire Eric Gales, dont la virtuosité est toujours saisissante et qui fait briller « Sugar N My Bowl ». Mais ne nous y trompons, c’est bel et bien BETH HART qui mène le bal.

A travers les douze chansons qui composent « You Still Got Me », la Californienne se fait plaisir et les arbore toutes dans des styles différents. Blues Rock sur l’entame avec ses deux invités, très feutrée sur « Drunk On Valentine », carrément Country-Rock sur « Wanna Be Big Bad Johnny Cash » où sa gouaille fait des étincelles, ou sur la poignante ballade « Wonderful World », rien ne résiste à la frontwoman. Avec cette émotion à fleur de peau qui la caractérise, BETH HART se montre aussi envoûtante que touchante, grâce à une interprétation toujours très personnelle et presqu’intime (« Don’t Call The Police », « Machine Gun Vibrato »). Et si elle semble parfois s’éloigner du Blues, elle ne le quitte jamais.

(Photo : Greg Watermann)

Retrouvez la chronique de son album « A Tribute To Zeppelin » :

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Blues Blues Rock

Kenny Wayne Shepherd : diamant brut

Même si seulement un an sépare les deux volumes de « Dirt On My Diamonds », que l’attente a paru longue ! Il faut reconnaître que le songwriter, guitariste et chanteur avait placé la barre très haut et qu’une suite du même niveau était espérée. Et elle ne déçoit pas, bien au contraire, elle enchante. KENNY WAYNE SHEPHERD, entouré d’un groupe hors-norme, se montre une fois encore très inspiré et l’ambiance des studios de Muscle Shoals ne semble pas y être étrangère. Après ce « Vol. 2 », vous n’aurez qu’une envie : (ré)écouter le « Vol. 1 » !

KENNY WAYNE SHEPHERD

« Dirt On My Diamonds Vol.2 »

(Mascot Label Group)

Cela fait déjà un bon moment que les doutes se dissipent fortement et « Dirt On My Diamonds Vol.2 » vient clore une réflexion commencée il y a longtemps déjà. Je pense donc, et cela n’engage que moi, que KENNY WAYNE SHEPHERD est tout simplement le meilleur bluesman de sa génération. Sa technique, sa dextérité, son feeling et son écriture semblent désormais très au-dessus du lot. Parce qu’il n’élude aucun style, qu’il est aussi pertinent et doué au chant qu’à la guitare, il coche donc toutes les cases. Et ce second volet achève brillamment un cycle créatif entamé l’an dernier avec ses musiciens pour obtenir ce brillant double-album.

En moins de 30 ans de carrière, il s’est montré éblouissant à de très nombreuses reprises, mais c’est surtout cette constance et une régularité infaillible dans la qualité de ses albums, qui font la différence. KENNY WAYNE SHEPHERD ne traverse jamais le désert et son inspiration va même grandissante. Et puis, contrairement à bon nombre de ses confrères, il se met toujours au service des morceaux, et non l’inverse comme tellement d’autres. A l’instar du premier volume, c’est dans les légendaires studios Fame à Muscle Shoals, en Alabama, qu’a été enregistrée cette seconde partie et elle est encore bien compacte avec huit titres chaleureux et enflammés.

Ce n’est donc pas très loin de sa Louisiane natale que le songwriter est allé mettre sur bande les deux « Dirt On My Diamonds ». Comme précédemment, c’est Noah Hunt qui tient le chant principal, même si KENNY WAYNE SHEPHERD ouvre le bal avec le groovy « I Got A Woman » et se montre très attachant sur « My Guitar Is Crying ». On retrouve aussi des cuivres chaleureux (« Watch You Go »), des chansons plus funky (« Pressure ») et une superbe reprise de « She Loves My Automobile » de ZZ Top, élevée par des parties de guitare époustouflantes. Si le premier volume était déjà génial, on peut, sans exagérer, affirmer que celui-ci est encore meilleur. Une prouesse !

(Photo : Mark Seliger)

Retrouvez les chroniques de « Dirt On My Diamonds Vol.1 » et de « Trouble Is…25 » :

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Blues Rock

Quinn Sullivan : un album réparateur

Il faut parfois des épreuves difficiles pour se forger une identité plus forte. Malheureusement, QUINN SULLIVAN vient d’en subir une, ce qui n’a pas manqué de provoquer une sorte de déclic chez lui. Cependant avec cette nouvelle réalisation, il ne donne pas dans le larmoyant et paraît même avoir beaucoup progressé et gagné en efficacité avec ce très bon « Salvation ». Son Blues Rock est aussi fin que très aiguisé, et les notes de Soul offrent une couleur nouvelle chez lui.

QUINN SULLIVAN

« Salvation »

(Provogue/Mascot Label Group)

Considéré comme un enfant prodige du Blues, le guitariste et chanteur compte déjà cinq albums à son actif avec « Salvation », dont la sortie est pour le moins spéciale. Alors qu’il était en pleine écriture et enregistrement de ce nouvel opus, il a appris le décès de sa mère, ce qui a fortement imprégné le contenu, à commencer par son titre. Forcément très personnel et emprunt d’émotion, c’est pourtant un QUINN SULLIVAN paradoxalement inspiré qui livre des morceaux matures et émouvants. Et c’est peut-être aussi ce qui va faire de lui un musicien de premier plan.

Pour autant, « Salvation » est un disque optimiste et tout sauf résigné. Co-écrit avec John Fields et Kevin Bowe (Jonny Lang, Kenny Wayne Shepherd, Etta James), on doit d’ailleurs aussi la production à ce premier et le résultat est lumineux. QUINN SULLIVAN continue d’aller de l’avant, faisant évoluer son Blues vers un Rock classique teinté de Soul. Six-cordiste aussi technique que gorgé de feeling, le natif du Massachussetts semble avoir fait de ce récent traumatisme une force créatrice étonnante.

Avec « Salvation », QUINN SULLIVAN élève un peu plus son niveau de jeu en réalisant son album le plus varié et abouti à ce jour. Vocalement aussi, l’Américain élargit son champ d’action. Parmi les moments forts, on notera « Once Upon A Lie », « Rise Up Children », « Half My Heart », « Dark Love » et le morceau-titre. En multipliant les collaborations aussi diverses que nombreuses, le songwriter se montre aujourd’hui aguerri et également beaucoup plus identifiable. Il donne même l’impression d’un nouveau départ, avec plus de profondeur.

Retrouvez la chronique de l’album précédent :

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Blues Hill Country Blues

Cedric Burnside : le son des collines

C’est encore une fois de la plus belle des manières que CEDRIC BURNSIDE fait vivre la belle lignée dont il est issu. Né au son du Hill Country Blues du nord du Mississippi, le musicien respire ce style autant qu’il lui offre une touche contemporaine. Enregistré en seulement deux jours avec trois musiciens installés à Ripley, petite bourgade considéré comme le berceau du genre, « Hill Country Love » reflète une authenticité intacte révélée par une production comme il se doit épurée sur ce onzième opus superbe et tellement organique. 

CEDRIC BURNSIDE

« Hill Country Love »

(Mascot Label Group)

Si vous ne connaissez pas encore CEDRIC BURNSIDE, vous avez peut-être déjà entendu parler de son grand-père RJ, guitariste et chanteur de légende, ou peut-être aussi son père Calvin Jackson, grand batteur de Blues également. C’est d’ailleurs par la batterie que l’Américain a commencé sa carrière avant de devenir le grand chanteur, guitariste, songwriter et producteur que l’on connait aujourd’hui. Il travaille à entretenir la flamme de ce courant du Blues si particulier qui l’a honoré d’un Grammy Award il y a trois ans maintenant, et il fait encore des merveilles sur cette nouvelle réalisation.

C’est son précédent album, « I Be Trying », qui lui a valu cette fameuse récompense et CEDRIC BURNSIDE est donc attendu au tournant. Cela dit, avec une telle expérience et surtout un talent pareil, ce n’est pas surprenant de constater que « Hill Country Love » est encore très, très bon. Dans les pas de son grand-père, pionnier et grand artisan de ce Blues des collines, c’est en s’isolant dans une petite ville du comté de Tippah, berceau de ce registre unique, qu’il a mis en boîte les 14 chansons. Il surprend encore et séduit surtout.

Profond et très technique malgré une impression de simplicité, le groove si particulier de ce Blues du Mississippi semble errer avant de devenir féroce, mais toujours avec une énergie positive et pleine d’espoir. CEDRIC BURNSIDE multiple les changements rythmiques, se fait spirituel et perpétue avec magie une tradition, qui tient autant de son héritage que du patrimoine. Il apporte aussi beaucoup de modernité dans son approche, ce qui le rend très actuel (« Love Your Music », « You Got To Move », « Juke Point », « I Know »). Monumental ! 

Photo : Jim Arbogast
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Blues Blues Rock Contemporary Blues

Kenny Wayne Shepherd : un scintillement éternel

Même si la concurrence est féroce, mais loyale et amicale, il faut reconnaître que KENNY WAYNE SHEPHERD est sans doute le meilleur bluesman et songwriter de sa génération. A l’instar de Stevie Ray Vaughan en son temps, il donne un nouveau souffle au Blues Rock depuis de nombreuses années maintenant, au point d’être devenu incontestable. Avec « Dirt On My Diamonds Vol 1 », il montre un talent intact et une inspiration toujours aussi vive. Un diamant dans un écrin de Blues…

KENNY WAYNE SHEPHERD

« Dirt On My Diamonds Vol 1 »

(Mascot Label Group)

De quelle meilleure manière KENNY WAYNE SHEPHERD pouvait-il célébrer la sortie de son dixième album studio qu’en le présentant sur deux volumes ? C’est souvent un cap dans la carrière d’un artiste et l’Américain a souhaité le faire le mieux possible, d’autant que celui-ci, ainsi que le second volet, sont déjà enregistrés depuis quelques années, avant la pandémie. Au sortir du Covid et avant un retour à la normale, il a préféré sortir le live « Straight To You Live » et ensuite se consacrer aux 25 ans de « Trouble Is », joyau de sa discographie.

« Dirt On My Diamonds Vol 1 » a été enregistré à Muscle Shoals en Alabama, terre de Blues s’il en est, aux studios Fame et pour la troisième fois avec Marshall Altman à ses côtés. Tenir le rang après le somptueux « The Traveler » était un sacré challenge, mais à écouter KENNY WAYNE SHEPHERD sur ce nouvel opus, quatre ans plus tard, il s’agit d’une simple formalité. Le musicien a encore beaucoup de choses à dire, beaucoup de riffs incandescents à jouer et de lumineux solos à livrer… et on ne s’en plaindra pas !

Car le guitariste de Louisiane vit littéralement son Blues et le son de sa Stratocaster est devenu une signature familière. Ce nouvel opus est aussi très cuivré avec cinq morceaux sur huit, aussi groovy et enflammés les uns que les autres (« Sweet & Low », « Man On A Mission », « Bad Intentions » et le morceau-titre). Et avec son ami Noah Hunt, le duo vocal fait des étincelles, y compris sur la reprise d’Elton John, « Saturday Night’s Alright For Fighting ». Le Blues Rock de KENNY WAYNE SHEPHERD percute, amuse et séduit avec brio !

Photo : Jim Arbogas

Retrouvez la chronique de l’album « Trouble Is…25 » :

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Blues Rythm'n' Blues Soul

Robin Trower featuring Sari Schorr : éblouissant

C’est de l’autre côté de l’Atlantique que le bluesman ROBIN TROWER est allé chercher sa nouvelle muse artistique en la présence de SARI SCHORR, rayonnante chanteuse de la ‘Big Apple’. Et cette rencontre fait des étincelles sur ce « Joyful Sky », dont on espère qu’il ne soit pas un simple one-shot. Très Soul et R&B dans l’ensemble, le Blues resplendit à travers la guitare du maître, tandis que sa partenaire multiplie les variations en jetant le trouble sur des titres taillés sur mesure. Du grand art ! 

ROBIN TROWER featuring SARI SCHORR

« Joyful Sky »

(Provogue/Mascot Label Group)

A travers sa belle et longue carrière, ROBIN TROWER n’a eu de cesse de faire preuve de créativité que ce soit en solo ou au cours de ses très nombreuses collaborations. Avec la New-Yorkaise SARI SCHORR, le guitariste a visé juste tant le duo fonctionne à merveille. Partageant aussi le même manageur, les deux artistes se trouvent très naturellement sur des chansons que le Britannique a composé spécialement et d’autres plus anciennes qu’il a réarrangé en fonction de la voix de l’américaine. La combinaison de ces deux talents est tout simplement exceptionnelle, le tout dans une chaleur d’un groove irrésistible.

Si SARI SCHORR n’a pas bénéficié des mêmes lumières que certaines de ses consœurs, elle compte deux albums studio et un live à son actif, est membre du ‘New-York Blues Hall Of Fame’ et fut longtemps la choriste de Joe Louis Walker et de Popa Chubby avant de former un groupe avec Innes Sibun, le guitariste de Robert Plant. Autant dire que la blueswoman n’est pas la première venue comme on peut l’entendre sur « Joyful Sky », où sa voix puissante, délicatement éraillée et sensuelle fait des merveilles. Sa présence aux côtés de ROBIN TROWER ne doit donc rien au hasard.

Interprète des compositions de l’Anglais, elle se meut subtilement entre ses notes pleines d’émotion enveloppées de la wah-wah de sa célèbre Stratocaster rendues inimitables par ce toucher unique. Avec un registre vocal dont on peut retrouver des similitudes chez Beth Hart notamment, SARI SCHORR illumine littéralement « Joyful Sky », qui porte si bien son nom (« Burn », « The Distance », « The Circle Is Complete » avec ses sept minutes très 70’s, « Joyful Sky », « Flatter To Deceive », « I’ll Be Moving On »). Tandis que l’Américaine séduit par une intonation sublime et flottante, ROBIN TROWER éblouit par sa justesse et un feeling brûlant.

Photo : Blackham Images
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Blues Hard 70's Rock 70's Soul / Funk

DeWolff : délicatement affiné

Par bonheur, il existe toujours des groupes pour qui l’analogique signifie encore quelque chose et qui parviennent encore à en extraire des petites merveilles. C’est le cas de DEWOLFF qui poursuit son aventure vintage entre Rock, Blues et Hard 70’s avec une touche de Soul et de Funk et basée sur un groove permanent. Avec « Love, Death & In Between », le trio néerlandais atteint encore des sommets.

DEWOLFF

« Love, Death & In Between »

(Mascot Label Group)

Cela fait maintenant 15 ans que DEWOLFF est resté bloqué dans les années 70, une époque qu’aucun de ses membres n’a connu et pourtant qu’aucun d’entre-eux ne souhaite quitter. Les Hollandais, nourris de Blues, de Rock Psychédélique, de Soul, de Gospel, et même de Southern Rock et de Hard vintage livrent un huitième album studio dantesque et plus élaboré que jamais. Le trio a vu les choses en grand et cela s’entend.

Les frères Van de Poel, Pablo au chant et à la guitare et Luka derrière les fûts, accompagnés du fidèle Robin Piso à l’orgue Hammond, offrent une synthèse incroyable d’une période musicale qui a forgé leurs influences pour obtenir ce style à la fois unique et intemporel. Et pourtant, DEWOLFF ne se répète, ne tourne pas en rond et se concentre sur un jeu incroyablement fluide délivrant des mélodies enivrantes d’un autre temps.

Superbement produit, « Love, Death & Between » est chaleureux et organique bénéficiant d’un soin tout particulier apporté aux cuivres, qui libère une superbe luminosité. Groovy et entraînant, DEWOLFF enchaine les morceaux sur une allure stellaire (« Night Train », « Message From My Baby », « Counterfeit Love », « Gilded »). Avec une mention spéciale à « Rosita » et ses 16 fabuleuses minutes, magnifique point d’orgue de l’album.

A noter que DEWOLFF se produira en Bretagne au festival ‘God Save The Kouign’ le 23 juin prochain à Penmarc’h, Finistère (29).

Lien billetterie sur la bannière de la page d’accueil.

Photo : Satellite June
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Hard US

Steve Vai : in memory

En exhumant des morceaux vieux de 32 ans enregistrés avec son ami biker Johnny Gash au micro, STEVE VAI nous rappelle aux belles heures du Hard US dans un style étincelant, insouciant, positif et dont les refrains comme les mélodies viennent se graver dans le cerveau pour ne plus en sortir. « Vai/Gash » surgit finalement au bon moment, gorgé de joie et de riffs jouissifs.

STEVE VAI

« Vai/Gash »

(Favored Nations/Mascot Label Group)

Si, comme moi, vous éprouvez une certaine nostalgie à l’écoute de « Eat’Em And Smile » et de « Skyscraper » où David Lee Roth et STEVE VAI œuvraient à l’unisson pour donner ses plus belles lettres de noblesse au Hard US, alors ce nouvel opus du virtuose américain va raviver beaucoup de souvenirs et vous coller une bonne humeur version longue durée… malgré ses (seulement) trente petites minutes.

Pris de passion pour les chevauchées en Harley Davidson au début des années 90, STEVE VAI croise alors la route de Johnny ‘Gash’ Sombretto avec qui il se lie d’amitié. Le guitariste a alors la conviction qu’il peut devenir un bon chanteur et lui concocte huit morceaux taillés sur mesure. D’ailleurs, la gémellité vocale avec Diamond Dave n’échappera à personne. Seulement, le motard/frontman meurt brutalement d’un accident de vélo et l’album finit dans les archives du six-cordiste.

Enregistré en 1991, c’est sous le titre « Vai/Gash » que renaissent ces huit pépites pleines de vie finalement et de beaucoup d’envie. Etonnamment, STEVE VAI, dont on connait les extravagances guitaristiques, se met vraiment au service des morceaux et surtout de Johnny Gash en l’accompagnant superbement et sobrement (« In The Wind », « Busted », « She Saved My Life Tonight », « Danger Zone »). Cet album est une pure gourmandise !

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Blues Rock

Kenny Wayne Shepherd Band : ultime retouche

Plutôt que de se contenter d’une réédition classique augmentée de versions plus ou moins pertinentes, le guitariste et chanteur KENNY WAYNE SHEPHERD a tenu à réenregistrer l’intégralité de l’album avec lequel il s’est imposé sur la scène internationale. « Trouble Is… 25 » offre un souffle nouveau à des compositions largement éprouvées sur scène depuis. Indispensable.

KENNY WAYNE SHEPHERD BAND

« Trouble Is… 25 »

(Provogue/Mascot Label Group)

Une chose se précise : il y a eu Stevie Ray Vaughan et il y a désormais KENNY WAYNE SHEPHERD. Originaire de Louisiane, le guitariste a fortement contribué à donner un second souffle à la scène Blues Rock américaine il y a près de trois décennies maintenant. Après neuf albums, le dernier en date étant « The Traveler » (2019), il est retourné en studio pour célébrer les 25 ans de son album le plus vendu à ce jour, « Trouble Is… », et la surprise est belle d’autant que le musicien s’est considérablement aguerri.

Après un premier album (« Ledbetter Heights » – 1995) sorti alors qu’il n’avait que 18 ans, c’est avec le second que KENNY WAYNE SHEPHERD a véritablement pris la lumière et son envol. Quelques millions d’exemplaires plus tard et une reconnaissance unanime, il entame le parcours qu’on lui connait. Et afin de fêter comme il se doit les 25 ans de cet opus majeur de sa carrière, l’Américain a réuni le line-up originel pour réinterpréter des morceaux devenus des classiques.

Désireux d’enregistrer ses chansons telles qu’il les joue aujourd’hui sur scène, le KENNY WAYNE SHEPHERD BAND leur offre un lustre très actuel, même si « Trouble Is… » possédait déjà une incroyable touche intemporelle. Le songwriting est intact et brillant et l’expérience acquise depuis rend encore plus fort des titres comme son tube « Blue On Black », la nouvelle version de « Ballad Of A Thin Man », « Slow Ride », « (Long) Gone », « King’s Highway » et les reprises de Dylan et Hendrix. Du grand art !

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Heavy metal

Joe Lynn Turner : face aux démons

On n’est pas prêt d’enterrer le fringant septuagénaire qu’est aujourd’hui JOE LYNN TURNER. Avec un CV long comme plusieurs bras et un parcours artistique qui force le respect, le natif du New Jersey est plus combatif et robuste que jamais sur ce très bon « Belly Of The Beast », où il présente une sérénité incroyable doublée d’une puissance vocale phénoménale. Et le frontman ne se montre toujours pas rassasié.

JOE LYNN TURNER

« Belly Of The Beast »

(Music Theories Recordings/Mascot Label Group)

En s’associant avec le multi-instrumentiste et producteur Peter Tägtgren (Hypocrisy, Pain, Lindemann), le grand JOE LYNN TURNER livre sûrement l’un de ses meilleurs albums solos. L’Américain et le Suédois font des étincelles et le frontman affiche son incroyable registre vocal qu’il déploie avec force et qui semble même se bonifier avec le temps. Et l’addition de ces deux talents est d’une créativité qui crève les yeux.

Celui a officié avec Deep Purple, Rainbow, Yngwie J. Malmsteen, Sunstorm et sur un grand nombre de projets retrouve une seconde jeunesse avec « Belly Of The Beast », un album musclé, mélodique et très inspiré. Par ailleurs, en faisant état de sa maladie (une alopécie dont il souffre depuis ses trois ans), JOE LYNN TURNER paraît totalement libéré et, même s’il n’a plus rien à prouver depuis très longtemps, on le sent tout de même plus entreprenant.

Pour ce qui est du contenu de cette douzième réalisation personnelle, le chanteur œuvre sur des morceaux taillés sur mesure où il expose pleinement ses capacités vocales… et elles sont vastes ! Passé le morceau-titre qui ouvre les débats, JOE LYNN TURNER continue avec une aisance naturelle à porter littéralement l’album, grâce aussi à des guitares de grande classe (« Tortured Soul », « Rise Up », « Tears Of Blood »). Une belle réussite en tout point !

Photo : Agata Nigrovskaya