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Progressif Rock Stoner/Desert

Holy Monitor : progression hypnotique

C’est sous le soleil et dans le chaud climat de leur Grèce natale que HOLY MONITOR a confectionné son Psych Rock emprunt de sonorités progressives et fuzz. Les mélodies captivantes et envoûtantes de « Southern Lights », le troisième album du groupe, appellent autant à la bienveillance qu’à la transe dans une atmosphère spatiale et moderne. 

HOLY MONITOR

« Southern Lights »

(Blackspin Records / Primitive Music)

Fondé en 2015 à Athènes en Grèce, HOLY MONITOR ne perd pas de temps. Après deux albums et deux EP, revoici déjà le quintet avec un troisième opus, « Southern Lights », qui vient confirmer le beau chemin parcouru par le groupe en si peu de temps. Et le Rock Psychédélique des Hellènes prend une dimension très inspirée et vagabonde auparavant entr’aperçue sur « This Desert Land ».

Comme son nom l’indique, « Southern Light » est solaire et lumineux et l’enregistrement réalisé en condition live apporte une énergie et une profondeur incroyable aux huit morceaux. Très mélodiques et chaleureuses, ces nouvelles compostions évoluent entre ambiances plantes et progressives et des guitares fuzz également marquées par un Space Rock dans lequel HOLY MONITOR s’épanouit. 

Sur un groove imparable (« The Sky Is Falling Down ») ou dans une frénésie presque chamanique (« Naked In The Rain »), le combo est aussi palpitant qu’hypnotique et la diversité affichée présente un album tout en variation (« River », « Blue Whale »). Très expérimental et progressif, le Psych Rock de HOLY MONITOR multiplie les rythmiques minimalistes et trépidantes pour un « Southern Light » savoureux.

Bandcamp : http://holymonitor.bandcamp.com/

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Rock Stoner/Desert

Fellowcraft : l’empreinte du Rock américain

Coincé comme tout le monde par la pandémie et après avoir sorti trois singles, FELLOWCRAFT présente enfin son troisième album. Sans détour, le Rock Alternatif aux aspects Metal et progressifs du quatuor est une belle bouffée d’oxygène, pleine d’émotion et de force.

FELLOWCRAFT

« This is Where You’ll Find Me »

(Independant)

Fondé en 2014 et après avoir évolué dans un Indie Rock un peu conventionnel, FELLOWCRAFT a réellement pris un tournant musical en 2019 avec les arrivées de Pablo Anton-Diaz (lead guitare) et de Zach Martin (batterie). Dès lors, le quatuor de Washington a changé de cap pour prendre une envergure plus imposante, compacte et dense, sans oublier de belles envolées progressives.

Toujours guidés par leur fondateur Jon Ryan MacDonald (guitare, chant), les Américains sortent en autoproduction un troisième album riche et homogène. D’ailleurs, la production puissante et colorée, signée par Tonio Ruiz (sa seconde) à qui l’on doit de très bons et majeurs albums de Rock mexicain, n’est pas étrangère à ce nouvel élan pris par FELLOWCRAFT. Et ça ne manque ni d’ambition, ni de percussion.

Très brut, « This is Where You’ll Find Me » reflète à la fois un Rock Alternatif américain rappelant Pearl jam ou Audioslave, mais la dimension progressive de l’album le rend plus original encore. Du très bon « Coyote and the Desert Rose » ou « Last Great Scotsman II » (essayez donc de vous enlever le refrain de la tête !), FELLOWCRAFT livre aussi des prises studio live très prenantes et authentiques. Une gourmandise.

Bandcamp : https://fellowcraft.bandcamp.com

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Blues

Bjørn Berge : en toute liberté

Connu et reconnu pour ses prestations époustouflantes en solo (allez voir!), BJØRN BERGE revient cette fois en trio avec un « Heavy Gauge » plein de groove et tout en feeling. Toujours aussi technique, le Norvégien livre un Blues dont lui seul a le secret. Le musicien est toujours aussi surprenant dans ses compositions et le son de sa guitare.

BJØRN BERGE

« Heavy Gauge »

(Independant)

Qu’elles aient six ou douze cordes, les guitares qui passent entre les mains de BJØRN BERGE laissent toujours exploser des sonorités et des mélodies irrésistibles. Techniquement hors-norme, le maître norvégien du picking et de la slide apporte une nouvelle et indispensable œuvre à sa belle et grande discographie. Et cette fois, le guitariste n’est pas venu seul.

Le Scandinave s’est particulièrement bien entouré pour livrer le digne successeur de « Who Else ? ». On retrouve à la basse Kjetikl Ulland et Kim Christer Hylland derrière les fûts. Et comme d’habitude, ce Blues venu du Nord ne manque pas de groove. BJØRN BERGE y glisse quelques touches Folk, jazzy et Rock bien sûr, le tout avec une déconcertante facilité.

Rugueux et suave à la fois, le guitariste excelle dans un Blues Rock qu’il maîtrise totalement (« The Wrangler Man ») sans négliger quelques fantaisies. Très technique, le songwriter se montre pourtant d’un feeling incroyable à travers des morceaux qui lui ressemblent tellement dans leur diversité (« I Got It Made », « Straydog », « Coliseum » et l’étonnant (« Rip Off »). Un grand bol d’air frais !

Bandcamp : https://bjornberge.bandcamp.com/

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Progressif

Simulacrum : l’avenir et la tradition

Avec « Genesis », les Finlandais de SIMULACRUM sont parvenus à une combinaison idéale entre le Metal Progressif actuelle proche du Power et l’héritage plus Rock des années 70. Techniquement et dans la structure de l’album, le septet montre de très belles choses et des variations étonnantes. Très mélodiques dans leur approche, les Scandinaves se veulent fédérateurs sans être trop solennels.

SIMULACRUM

« Genesis »

(Frontiers Music)

L’histoire de SIMULACRUM est assez singulière, puisque le groupe finlandais sort son troisième album, « Genesis », en 20 ans d’existence ! Fondé autour du claviériste, compositeur et arrangeur Christian ‘Chrism’ Pulkkinen, le groupe a donc sorti en 2012 « The Master And The Simulacrum » puis « Sky Divided » trois ans plus tard. C’est suite à ce deuxième opus que les Scandinaves vont opérer de gros changements et affichent ici un line-up très complet et techniquement irréprochable.

Aujourd’hui, ce sont sept musiciens qui œuvrent au bon fonctionnement de SIMULACRUM. La particularité du combo réside notamment sur la présence de deux chanteurs, Niklas Broman et Erik Kraemer, dont les timbres de voix sont aussi différents qu’ils se complètent parfaitement. Musicalement, le septet évolue dans un registre Metal Progressif, où il côtoie aussi et avec respect le Rock Progressif des pères fondateurs des années 70, montrant une maîtrise aussi puissante que délicate sur des arrangements très soignés.

Très virulent et proche du Power Metal qui fait la réputation du pays, SIMULACRUM livre des titres très incisifs et tranchants, voire Thrash, sur la première partie de l’album (« Traumatized », « Arrhythmic Distortions », « Scorched Earth »). Place ensuite à la pièce maîtresse avec le morceau-titre « Genesis », s’étalant sur quatre parties pour un total de 30 minutes. Percutantes, planantes et très mélodiques, les ambiances y sont étonnamment variées et même jazzy par moment. Un album brillant et très accompli.      

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Heavy metal

Todd La Torre : première escapade en solo

Privé de tournée avec son groupe Queensrÿche, TODD LA TORRE s’est pas resté les bras croisés et surgit avec son premier album solo, « Rejoice In The Suffering ». Sans surprise, l’Américain navigue entre Heavy Metal, passages progressifs et Thrash avec la fougue qu’on lui connait. Et l’ensemble, bien réalisé, est une belle réussite.

TODD LA TORRE

« Rejoice In The Suffering »

(Rat Pak Records)

Depuis 2013, TODD LA TORRE est le frontman de Queensrÿche, avec qui il a déjà enregistré trois albums, suite au très mouvementé départ de Geoff Tate,. Faute de tournée avec son groupe, l’Américain a mis au profit la situation sanitaire pour mettre les dernières touches à son album, le premier du chanteur en solo. « Rejoice In The Suffering » sort donc dans cette drôle de période et la surprise est plutôt bonne.

Ecrit en collaboration avec son ami Craig Blackwell, qui s’est chargé des guitares, de la basse et des claviers, on retrouve TODD LA TORRE au chant, bien sûr, mais aussi à la batterie. Et le résultat est largement à la hauteur des attentes. Et bien aidé à la production et au mix par Chris ‘Zeuss’ Harris (Hatebreed, Crowbar, Heathen, …), ce premier album a plutôt fière allure entre un Heavy Metal assez classique et des touches progressives, bien sûr.

Dans un Metal très actuel, le frontman livre des titres très percutants et presque Thrash (« Vanguards Of The Dawn Wall », Hellbound And Down »), tout en prenant soin de distiller de belles mélodies (« Crossroads To Insanity »). Mais il ne serait question pour TODD LA TORRE de négliger le registre Progressif dans lequel il excelle (« Darkened Majesty », « Vexed »). Polyvalent et réjouissant, « Rejoice In The Suffering » est une belle surprise.  

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Extrême

Âge ⱡ Total : la force d’un collectif ténébreux

Affichant des morceaux longs de quatre à seize minutes, ÂGE ⱡ TOTAL donne un premier indice sur la teneur de son style. Très Progressif, le collectif évolue dans un Doom Ambient immersif, aussi lunaire que massif. Compact et aérien à la fois, la force du groupe réside dans l’originalité de son univers et dans la multitude des climats traversés.

ÂGE ⱡ TOTAL

« Âge ⱡ Total »

(Soza/Collectif 5024)

Né de la rencontre entre les Bordelais d’Endless Floods et des Rouennais de Greyfell, ÂGE ⱡ TOTAL forme un collectif étonnant dont ce premier enregistrement témoigne d’une belle créativité entre deux groupes pas si éloignés musicalement, et dont les univers se rejoignent parfaitement. Et ce premier album éponyme de quatre titres, longs de 43 minutes, présente une épopée assez hors-norme.

C’est dont ce collectif de neuf musiciens qui s’est attelé à la composition et à l’enregistrement de ce voyage pour le moins saisissant. Dans un registre Doom, Ambient et Progressif, ÂGE ⱡ TOTAL se fait hypnotique, lourd et livre des compositions où règne un chaos très orchestré. Car malgré ses divergences musicales respectives, le groupe est parvenu créer un son particulier et une belle osmose (« Armure »). 

Très riches et puissants, les morceaux se fondent sur une diversité étonnante mêlant machines, synthés, violon et trombone aux instruments traditionnels que sont la guitare, la basse et la batterie. ÂGE ⱡ TOTAL a même doublé les postes sur les rythmiques qui gagnent en profondeur (« Armés », « Metal ») et se retrouve même à quatre au chant, laissant paraître une multitude de possibilités particulièrement originales (« The Songbird »).

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France Stoner/Desert

Grandma’s Ashes : une autre dimension du Stoner [Interview]

Fortes d’un premier EP impressionnant à bien des égards, « The Fates », Eva, Myriam et Edith bousculent les codes très établis du Stoner en y insufflant des touches progressives, un travail exceptionnel sur les voix et une musicalité basée sur des mélodies imparables. GRANDMA’S ASHES revisite le genre avec audace dans un univers très personnel. Rencontre avec le très inspiré trio français.

Photo : Angela Dufin

– Vous avez tourné pendant trois ans (la belle époque !) avant d’enregistrer votre premier EP, « The Fates ». C’est devenu une démarche très rare aujourd’hui que de vouloir d’abord faire ses preuves sur scène. Vous aviez besoin de cette légitimité avant le disque ?

Non, jouer en live a toujours fait partie intégrante de notre processus de création, faire des concerts pendant trois ans avant d’enregistrer l’EP était une façon de construire notre univers, d’apprendre à se connaître musicalement, humainement, d’essayer des choses et de voir ce qui fonctionne ou pas. Il nous a fallu ce temps pour être satisfaites et mûrir avant de se dire qu’on était fin prêtes à figer une part de notre musique et à la donner à notre public.

– Vous devez justement avoir un répertoire suffisamment étoffé pour sortir un album complet. C’est la situation actuelle qui vous a fait opter pour ce format, ou vous semblait-il le plus adapté à une première sortie discographique ?

L’album est en préparation mais notre première sortie est un EP 5 titres, ce qui est plutôt habituel pour un groupe en développement comme le nôtre. Nous voulions proposer une première introduction à notre univers tant visuelle que sonore.

– Certes, la question est récurrente mais fonder un trio entièrement féminin était-il votre idée de départ, ou est-ce que les choses et les rencontres se sont faites naturellement ?

Les rencontres se sont faites naturellement, nous nous sommes rencontrées par des annonces sur internet avec l’envie commune de faire de la musique et des concerts. Aujourd’hui, nous sommes nombreuses sur la scène Rock, nous pensons qu’il est temps d’accepter que les femmes puissent collaborer par passion avant tout et par affinité, et non pas à des fins autres que musicales, c’est une chose qu’on ne questionne pas dans les groupes 100% masculin. (Nous sommes d’accord et c’est d’ailleurs une démarche que je soutiens depuis très longtemps –NDLR).

– GRANDMA’S ASHES propose un Stoner très élégant, alternant des côtés massifs et des passages plus doux et très progressifs. Votre spectre musical est vaste, c’est une façon de ne pas se cloisonner dans un registre prédéfini et de sortir un peu des codes du style ?

Exactement, nous pensons qu’une bonne manière de se réapproprier le Stoner est d’y ajouter des aspects qu’on ne retrouve pas habituellement dans ce style de musique. C’est à partir de ce constat que nous avons commencé à ajouter des rythmiques un peu plus complexes, un côté très mélodique et des ambiances. Nous avons inséré petit à petit des éléments qui nous plaisent dans des genres musicaux très variés (de la musique classique à la Pop, tout y passe!) pour finalement arriver à cet équilibre entre gros riff efficaces, Prog et mélodie. Puis, les groupes de Rock sont peut-être un peu trop cloisonnés dans des sous- genres aujourd’hui. On croise rarement du post-Punk et du Prog dans une même programmation par exemple, alors que cela ferait peut-être du bien à la scène de s’hybrider.

Photo : Angela Dufin

– Il y a également un gros travail sur les voix, où on vous retrouve d’ailleurs parfois toutes les trois. C’est assez inhabituel dans le Stoner pour être souligné. On a le sentiment qu’elles sont aussi essentielles que les riffs de guitares. C’est le cas ?

Les voix ont pris une importance particulière lors de notre passage en studio. Nous avions déjà conscience du côté très mélodique d’Eva, et ajouter des chœurs faisait partie de nos projets. En enregistrant, nous avons pu essayer de les empiler en chantant chacune des voix toutes les trois, plusieurs fois. Cela a donné un résultat similaire à une nappe (sur « A.A » et « Daddy Issues » notamment), c’était surprenant et beau. Nous nous sommes rendu compte que cela pouvait devenir un élément à part entière aussi bien pour souligner des harmonies que pour ajouter des textures psychédéliques, on va essayer d’explorer ça au maximum.

– Vous évoquez souvent un style narratif en parlant de votre musique. Comment cela se traduit-il concrètement, en dehors des textes bien sûr ?

Nous aimons illustrer nos textes musicalement. Nous cherchons à mettre en musique nos sentiments et nos idées, ainsi l’instrumentation est toujours en dialogue avec des images dont nous discutons ensemble. L’atmosphère, les harmonies sont donc une façon de servir la narration, mais c’est aussi nos réflexions sur les structures qui nous permettent de raconter des choses. Il est important pour nous de penser des structures de chanson mouvantes, avec de longs passages instrumentaux, des surprises comme un élément perturbateur dans une histoire… Nous nous sommes beaucoup inspirées du Rock Progressif pour cet aspect, en écoutant des morceaux de Yes, par exemple, nous avons vraiment l’impression qu’un fil narratif est déroulé, on ne retrouve pas toujours le traditionnel couplet/refrain/pont, etc. La temporalité des parties est beaucoup plus élargie et elles sont aussi très riches et développées, c’est ce que nous cherchons à agrandir.

– Ce premier EP est très mature dans les compositions comme dans sa production. Un mot enfin sur la pochette elle aussi très évocatrice et à la symbolique très forte. D’où vous est venue l’idée ? Elle est presque cérémoniale…

Lors d’un concert dans un petit bar à Montreuil, un gars est venu nous voir en fin de soirée pour nous expliquer qu’il commençait à écrire une chronique sur nous, en nous comparant aux trois Parques. Il trouvait que la voix d’Eva était similaire au fil de la vie qui se déroule, que Myriam le tissait avec ces arpèges de guitare et qu’Edith le coupait avec ses rythmiques affûtées. La métaphore nous a tout de suite séduit, et elle correspond aussi à la manière dont nous écrivons nos chansons. Dans l’EP, chacune d’entre elles parle d’un personnage dont nous tissons la destinée, qui est d’ailleurs souvent tragique. Le fait de nous représenter toutes les trois en Parques sur la pochette est aussi une manière de prévenir l’auditeur qu’il est sur le point de rentrer dans un univers où il n’a plus le contrôle, nous l’amenons dans une autre dimension au gré des changements d’ambiance.

https://grandmas-ashes.bandcamp.com/album/the-fates

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Extrême

Riddlebreak : dompter la bête

Brisant les stéréotypes, RIDDLEBREAK livre un DeathCore Progressif capable de passages très violents et carrément aériens et presque suspendus. Cette force créatrice, le sextet en a fait sa marque de fabrique et « Architeutis » se révèle aussi inattendu que provoquant et surtout particulièrement bien ficelé.

RIDDLEBREAK

« Architeutis »

(Independant)

Deuxième méfait pour les Sud-africains de RIDDLEBREAK après « Collapsar » sorti en 2016, le groupe revient avec un EP de quatre titres tendus et mélodiques. Le sextet explore cette fois les monstres visibles ou pas qui peuplent notre quotidien et sont l’objet de l’incompréhension de tous. Vaste programme ! Toujours aussi radical, le combo a affûté son DeathCore Progressif pour franchir des frontières musicales originales et pertinentes.

« Architeutis » fait la part belle à la technicité des membres de RIDDLEBREAK, véritable petite tribu où les extrêmes semblent cohabiter dans une belle harmonie. Ainsi, c’est tout naturellement que le violon de Laura Atkinson trouve sa place au côté de la fureur vocale de Jade Osner, qui se balade entre growl, scream et autres variations épileptiques (« The Hog », « A Momentary Brightness »).

Puissant, millimétré et ultra-tranchant, RIDDLEBREAK joue sur les mélodies en s’appuyant sur les riffs massifs de Julian Vosloo et Gareth Reed (« Allegiant » et le très atmosphérique  « Eyes OF The World Ender »). Percutant et racé, ce nouvel EP bascule entre une vigueur obstinée et des passages très Progressifs, passant par un nombre incalculable de sensations. Brut et à toute épreuve.    

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Heavy metal

Phantom Elite : explosif et mélodique

Preuve que les frontières ont tendance à disparaître, PHANTOM ELITE est formé d’une chanteuse brésilienne et d’un groupe néerlandais, et la fusion opère bien sur ce deuxième album. « Titanium » fait suite à « Wasteland », et conforte le trio dans un Heavy Metal très moderne, saupoudré de notes symphoniques et progressives.

PHANTOM ELITE

« Titanium »

(Frontiers Music)

Depuis quelques années, on assiste à une recrudescence de groupes dont les frontwomen ont pris les rênes surtout dans un registre Symphonique d’ailleurs. Et c’est aussi le cas avec PHANTOM ELITE, dont le deuxième album « Titanium », voit le jour aujourd’hui. Et c’est la Brésilienne Marina La Torraca qui tient le micro, bien entourée de musiciens expérimentés qui, quant à eux, résident en Europe aux Pays-Bas.

Créé il y a six ans sous l’impulsion de l’ancien guitariste et producteur d’After Forever, Sander Gommans, PHANTOM ELITE évolue dans un registre Heavy Metal, où l’on retrouve autant d’aspects symphoniques que progressifs. Formé de Max Van Esch (guitare, basse), Joeri Warmerdam (batterie) et avec la participation de Koen Stam (Claviers), le trio sonne résolument moderne et offre de belles dynamiques.

Chanteuse au sein d’Exit Eden et en live avec Avantasia, Marina La Torraca fait preuve d’une grande diversité vocale, capable d’évoluer dans des registres hauts perchés comme plus puissants et clairs (« Conjure Rains », « Diamonds And Dark », « Titanium », « Silver Lining »). Les robustes riffs et la grosse rythmique offrent une force tout en efficacité à PHANTOM ELITE, qui livre un album très honorable.   

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International Stoner/Desert

Ikitan : le son des pierres

IKITAN

Suffisamment originale pour être remarquée, la démarche du trio italien IKITAN sur son premier EP est une réussite totale. Son Stoner Psych Rock rayonne sur un seul et même morceau, « Twenty-Twenty », dont les solides fondations permettent aux Transalpins de belles évasions sonores. Rencontre avec des musiciens libres et décomplexés…

– Avant de parler de « Twenty-Twenty », j’aimerais que vous nous présentiez le groupe en quelques mots…

IKITAN est un un trio instrumental de Gênes en Italie, et nous jouons un genre qui peut être défini comme du post-Rock lourd avec une pincée de Stoner et de Progressif. Le groupe est né en septembre 2019, et est composé de Luca Nash Nasciuti (guitares), Frik Et (basse) et Enrico Meloni (batterie). Notre nom vient d’une source non-certifiée trouvée par Luca sur le Net un peu par hasard. Ca signifie « Le Dieu du son provenant des pierres ». Il a vraiment adoré et c’est une source d’inspiration depuis, et il sonne parfaitement pour le groupe. Depuis, nous avons appris que cette signification n’existait pas… Mais cela n’a plus vraiment d’importance. IKITAN est le Dieu du son des pierres, point final. (Rires)

– « Twenty-Twenty » est votre premier EP. Pourquoi avez-vous décidé de ne proposer qu’un seul morceau, même s’il dure 20 minutes ? Et rassurez-moi, vous en avez d’autres dans votre répertoire ?

Nous avons commencé à jouer dès notre première rencontre début octobre 2019. Et certains riffs de « Twenty-Twenty » proviennent même de ces jams ! Nous enregistrons toujours ce que nous jouons, car chaque note est importante et peut devenir une chanson à part entière. Les erreurs sont particulièrement cruciales et peuvent parfois mener à quelque chose de complètement nouveau. En ce qui concerne le morceau, au printemps 2020, nous avions suffisamment de matériel pour sortir trois chansons différentes. Mais compte tenu de la situation causée par le Covid, nous nous sommes dit que c’était une chance de mettre le mot fin à cette première partie de l’histoire du groupe. Et comme personne ne savait ce qui allait se passer par la suite, nous avons voulu inscrire ce moment sur CD. Au final, la chanson dure 20 minutes et 20 secondes. L’album est intitulé « Twenty-Twenty » et il est sorti le vendredi 20 novembre 2020. Ca fait beaucoup de 20 ! (Rires)

Pour rendre le projet encore plus spécial et aller au bout de notre effort, nous l’avons sorti sous forme de digipack en édition limitée avec une affiche et un autocollant. L’ensemble a été réalisé par Luca Marcenaro qui a fait un travail formidable. Et puis, nous ne nous soucions pas beaucoup de tout ce qui est commercial ou adapté pour la radio. Mais nous avons pris les choses au sérieux en décidant de nous en tenir à nos premières intentions.

Nous voulions faire quelque chose d’unique, nous différencier dans cet océan de groupes et faire nos débuts avec cette chanson difficile à approcher, mais totalement écoutable, et c’est sûrement la chose dont les gens se souviendront d’IKITAN ! De plus, nous sommes de grands fans du post-Rock et de Progressif, où si votre chanson ne dure pas au moins 10 minutes… vous n’êtes vraiment personne ! (Rires) L’idée vient aussi de là.

Et bien sûr que nous avons plus de chansons ! Beaucoup de riffs sympas ont dû être laissés de côté quand nous nous sommes concentrés sur cette idée de 20 minutes 20 secondes. Ils trouveront donc leur place dans de futures versions.

– Ce qui ressort d’IKITAN est ce très fort esprit Jam qui règne dans le groupe. Ca vient votre façon de composer ? D’être complètement libre ?

Jammer est une chose très naturelle pour nous. Nous avons tous eu beaucoup de groupes dans nos vies, et il y a toujours eu cette approche dans l’apprentissage d’une chanson. De fait, la phase de composition est totalement libre et axée sur le jam. Quand nous entrons en  répétition, aucun de nous n’offre de chansons complètes ou d’idées définitives aux autres. Nous laissons toujours la musique nous guider et l’improvisation joue donc un rôle-clé. Et puis, nous nous amusons beaucoup. (Rires)

N’oublions pas, quand on parle de liberté, que nous sommes un groupe instrumental. Ne pas avoir de chanteur nous donne une totale latitude dans l’approche intro-couplet-refrain. Nous avons donc une belle opportunité, avec IKITAN, d’expérimenter et de rassembler une large gamme de styles. Ce qui est cool, c’est que nous avons appris à nous écouter attentivement. De cette façon, nous parvenons à avoir un son cohérent.

Nous partageons aussi l’amour de certains groupes, le plus important étant probablement Tool. Mais à part cela, nous avons des antécédents variés et tout cela se mélange dans un mix un peu dingue de post-Rock, de Progressif, de Metal, de Stoner et de Desert Rock. C’est tout ce que nous aimons et nous essayons de varier notre musique le plus possible.

– Sur « Twenty-Twenty », vous alternez les ambiances passant d’un Stoner Psych à des moments plus Heavy et presque Desert Rock. Ce morceau était aussi l’occasion de montrer toutes les facettes d’IKITAN ?

Cet album n’a pas été construit avec la ferme intention de mettre en valeur la variété de ce que nous jouons, certainement pas. Il se trouve que nous jouons de cette manière, car nous avons un fond artistique commun. « Twenty-Twenty » peut être considéré en trois chapitres que nous avons voulu simplement assembler en une chanson. Nous visons à être aussi différents dans nos futurs morceaux. Il n’y a pas de limite.

Sans prétention, nous aimons que notre musique ait du caractère, et soit même surprenante si possible. Nous voulons créer des paysages et des voyages sonores. Parfois ça vient du post-Rock, d’autres fois c’est plus Progressif ou alors totalement Stoner… En gardant cet esprit de liberté, nous pourrions avoir des chansons plus courtes ou même avec des voix à l’avenir… qui sait ! (Rires)

– Depuis quelques temps maintenant, l’Italie occupe une place de choix en ce qui concerne le Stoner en général avec de très bons groupes et labels. Qu’en pensez-vous et quel regard portez-vous sur cette scène émergeante et même très installée ?

L’Italie a en effet une scène Stoner formidable et dynamique. Ce que vous pouvez voir de l’étranger n’est que la pointe émergée de l’iceberg. En Italie même, certaines choses sont de véritables joyaux cachés. Beaucoup de groupes sympas sont autoproduits, donc ils ne sont pas couverts par les médias grand public, ou même par des blogs ou des sites Web gérés par des fans.

Nous sommes de Gênes et ici la scène Stoner et Rock (sans parler d’autres scènes comme celle du Prog qui est également très active) compte d’excellents groupes, tels que Isaak, CRTVTR, Stalker, Burn the Ocean, Kurt Russhell, NAAT et beaucoup d’autres. Rassurez-vous, l’Underground est incandescent par ici !

« Twenty-Twenty » d’IKITAN est disponible en édition limitée (200 copies) sur Bandcamp : https://linktr.ee/ikitan