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Heavy Stoner Psych Proto-Metal

Hippie Death Cult : sismique

Spontané, rugueux et instinctif, HIPPIE DEATH CULT donne déjà entière satisfaction sur album, alors que dire de ses performances live ! Celle captée à domicile le 9 novembre dernier au ‘Star Theater’ de Portland a dû résonner et retentir un long moment, tant la prestation offerte relève d’une intense déflagration. Les trois musiciens ont atteint des sphères Heavy Psych bardées de proto-Metal et d’un Stoner Doom puissant et aérien. Une véritable prouesse !

HIPPIE DEATH CULT

« Live At The Star Theater »

(Heavy Psych Sounds Records)

Le temps de trois réalisations studio, d’un changement de line-up qui a vu sa bassiste prendre aussi le chant, et la configuration passer en power trio, et HIPPIE DEATH CULT a effectué sa mue de la plus belle des manières. D’ailleurs, « Helichrysum », sorti il y a deux ans, avait déjà confirmé un virage vers un proto-Metal très Heavy aux contours Doom et à l’approche toujours aussi Psych. Avec le départ de son chanteur et claviériste Ben Jackson, les Américains ont adopté une ligne plus brute et musclée qui leur va franchement bien.

Plus épanouie que jamais, la frontwoman a vraiment pris les reines du groupe et donne le ton de ce « Live At The Star Theater ». Ce concert, que l’on ne retrouve ici qu’en partie, venait clore une tournée en 2024 où HIPPIE DEATH CULT avait parcouru les Etats-Unis, le Canada et l’Europe sans (presque) lever le pied. Et forcément, il fallait que le final ait lieu chez lui, à Portland dans l’Oregon, là où tout a commencé. Et le moins que l’on puisse dire est qu’il a fait trembler l’édifice du lieu… et pas à moitié !

Devant quelques privilégiés (que l’on entend même parler), le combo fait surtout la part belle à son dernier disque (« Arise », « Toxic Annihilator », « Shadows »,  et « Red Giant ») et termine ce live avec « Circle Of Days », morceau-titre de son deuxième opus. Et sur plus de 16 minutes, HIPPIE DEATH CULT prend magistralement son envol, scotche tout le monde et, finalement, nous laisse sur notre faim…  mais bien sonner tout de même. A eux trois, Eddie Brnabic (guitare), Harry Silvers (batterie) et Laura Phillips (basse, chant) ont tout retourné.

Retrouvez aussi les chroniques des deux derniers albums du groupe :

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Hard 70's Stoner Blues

Paralyzed : raw revival

Dans une atmosphère aux saveurs vintage, PARALYZED s’est bâti un style authentique, où un Blues profond vient apporter beaucoup d’intensité à un Stoner brut et implacable. Si les riffs trouvent aussi leurs racines dans un Hard Rock originel, les nappes d’orgue livrent ce qu’il faut de chaleur aux compositions de « Rumble & Roar », troisième opus de la formation germanique. Et il en émane une classe assez sauvage et indomptable, qui devient vite addictive.   

PARALYZED

« Rumble & Roar »

(Ripple Music)

PARALYZED mène son parcours à la manière d’une grosse locomotive inarrêtable. Depuis, 2019, les Allemands ont sorti un EP live en studio (« Hidden Sun »), un premier album éponyme l’année suivante, puis « Heavy Road » en 2022. Et les revoici avec « Rumble & Roar », un troisième effort sur lequel ils semblent avoir obtenu ce qu’ils avaient en tête depuis le début, à savoir un Blues brut et rugueux mélangé à un Stoner Rock puissant. L’ensemble offre des réminiscences des Doors surtout, mais aussi de toute la scène Rock et Hard Rock des 70’s, le tout sur un son massif et enveloppant.

Car s’il paraît tout écraser sur son passage, PARALIZED joue également, et avec beaucoup d’habileté, sur un aspect presque rêveur de son registre. La voix de Michael Binder, sorte de Jim Morrison survitaminé, n’y est pas étrangère. Assurant aussi la lead guitare, il est épaulé de main de maître par Caterina Böhner à l’orgue et à la guitare, Philipp Engelbrecht à la basse et Florien Thiele à la batterie. Et le combo originaire de Bamberg ronronne de belle manière sur des grooves épais et électrisants qui nous renvoient, le sourire aux lèvres, quelques décennies en arrière.

Alors qu’on pourrait s’attendre à de longues plages instrumentales et aériennes, PARALYZED a plutôt opté pour une approche directe, se mettant au service de mélodies accrocheuses, où l’orgue se joint aux guitares avec une belle osmose. Parfois psychédélique et toujours frontal, le quatuor pose une ambiance lourde et forcément organique, grâce à un côté Stoner qui prend le dessus, tout en restant très bluesy. Et l’équilibre se trouve naturellement, à la fois musclé et tout en finesse (« Machine With A Soul », « Heavy Blues », « White Paper », « The Witch »,). Magistral !

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Heavy Stoner Psych Stoner Prog

Rainbows Are Free : the colors of psych

RAINBOWS ARE FREE semble mettre un point d’honneur à surprendre à chaque sortie et il faut bien avouer qu’avec « Silver And Gold », il y ait encore parvenu. Sur un son très organique, les morceaux jouent aux montagnes russes, alternant habillement les ambiances sombres et les élans lumineux sur des tempos parfois inattendus. La cadence est soutenue et le décollage progressif pour parvenir à des sommets de puissance, où chaque musicien y va de son intrusion percutante. Un voyage vers le lointain entre agressivité et plénitude.

RAINBOWS ARE FREE

« Silver And Gold »

(Ripple Music)

Cinquième album pour RAINBOWS ARE FREE, qui continue l’aventure chez Ripple Music pour ce « Silver And Gold », qui arrive deux ans près « Heavy Petal Music », un Live démoniaque, qui sonnait une arrivée tonitruante sur le label californien. Et ce nouvel opus apparaît comme la réalisation la plus mature du combo de Norman en Oklahoma. Son Heavy Stoner Psych prend ici une nouvelle dimension, grâce à un savant mix de Prog, de Doom et d’un Rock souvent assourdissant, mais particulièrement entêtant. On a du mal à se défaire du style très abrasif du sextet américain, franchement décapant d’un bout à l’autre.

L’univers de RAINBOWS ARE FREE ne ressemble à aucun autre, car il ne se contente pas de reprendre les codes du genre. Il réinvente sa partition à chaque disque en allant toujours plus loin dans un psychédélisme obsédant d’une lourdeur parfois assourdissante. Et ses éléments ne font que renforcer la démarche expérimentale de la formation menée par le charismatique Brandon Kistler qui impose, et en impose, sur ce « Silver And Gold » qu’on dévore goulûment. L’ensemble a un côté spatial irrésistible où Richie Tarver (guitare solo), Joey Powell (guitare rythmique) et Josh Elam (claviers) rivalisent d’ingéniosité.

Porté par une rythmique aussi massive que groovy, RAINBOW ARE FREE est aussi aérien que compact et « Silver And Gold » prend aussi souvent l’auditeur à contre-pied, grâce à des compos inventives et hyper-musclées. Parmi les neuf pépites qui composent cette nouvelle production, on retiendra notamment « Your Girl », « Sleep », « Hide », « Fade Away » ou « The Gift ». Pour autant, l’écouter dans son entier permet une meilleure compréhension de cette formation hors-norme, qui manie autant l’humour que la théâtralité de son propos. Le sextet tire magnifiquement son épingle du jeu avec force et beaucoup de créativité.  

Photo : Giant Click

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Psych Prog Space Rock

Naxatras : open to the world

Sur un groove ensorceleur, NAXATRAS tisse sa toile dans un Rock à la fois progressif et psychédélique teinté, depuis l’arrivée de Pantelis Kargas aux claviers et aux synthétiseurs, de sonorités électroniques qu’il puise dans les années 70 essentiellement. Ce cinquième album vient rassembler les multiples influences du groupe dans une atmosphère très analogique, qui libère une authenticité qui rend ce « V » très créatif, original et qui ouvre à la formation venue de Grèce des horizons infinis dans un registre où il est passé maître.   

NAXATRAS

« V »

(Evening Star Records)

Dix ans après un premier album éponyme qui avait déjà marqué les esprits, NAXATRAS vient poser une monumentale nouvelle pierre à son édifice musical. En élargissant encore un peu plus son spectre, son Rock Psychédélique Progressif prend une ampleur quasi-spatiale. Toujours aussi organique, ce sont la technicité et l’inventivité des Grecs qui dominent et le voyage auquel nous sommes conviés est plus captivant que jamais. Sur un récit conceptuel basé sur l’exploration du monde mythologique de Narahmon, l’évasion se fait dès « Celestial Gaze » qui ouvre « V », et « Spacekeeker » nous plonge ensuite dans une atmosphère enivrante.

Si la vision de NAXATRAS reste moderne, le quatuor dégage pourtant une belle et douce saveur vintage, résultant essentiellement de ce son si proche. Autour de synthés enveloppants, la basse, la batterie, les percussions, la flûte et la guitare s’entremêlent dans une harmonie à laquelle il devient difficile de résister au fil des morceaux comme sur « Numenia » et ses effluves orientaux bousculés par un riff infernal. La maîtrise est totale, les relais entre les instruments prennent un aspect obsédant et les Hellènes nous propulsent dans un univers fait de longues plages aériennes et d’un Rock brûlant (« Breathing Fire »).

En côtoyant d’aussi près le Space Rock, NAXATRAS s’émancipe de toutes frontières musicales, se faisant même orchestral à l’occasion et distillant des couleurs moyen-orientales hypnotiques et très rythmées (« Legion »). Lointain, le chant continue sa narration entre Science-Fiction et une vision antique dans son propos. Le quatuor a de quoi impressionner, tant rien n’est laissé au hasard, que ce soit au niveau de cette production presque charnelle et des arrangements d’une exquise finesse (« Utopian Structures », « Sand Halo »). La touche rétro aux allures célestes qui englobe « V » devient très addictive. Classe ! 

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Desert Rock post-Rock Space Rock

Yawning Balch : vertigineux

La connexion s’est établie il y a deux ans maintenant et depuis, YAWNING BALCH repousse encore et toujours ses propres limites. Tous très prolifiques et très occupés, les membres de cette formation hors-norme présentent le « Volume Three » de leur aventure désertique, où l’improvisation reste le guide, même si les détails et les arrangements pourraient laisser penser le contraire. Nous sommes ici dans une telle maîtrise qu’il est difficile de savoir si l’invitation lancée à Bob Balch par Yawning Man tient franchement du hasard…

YAWNING BALCH

« Volume Three »

(Heavy Psych Sounds)

Presque deux ans après deux premiers volumes envoûtants, YAWNING BALCH livre enfin son « Volume Three ». Enregistré au printemps dernier au Gatos Trail Studio à Joshua Tree, en Californie, il clot (sauf surprise !) une trilogie assez incroyable, aussi épique que spatiale. Car il faut reconnaître que la communion entre les membres de Yawning Man et le guitariste Bob Balch (Fu Manchu, Big Scenic Nowhere) ne manque pas d’audace et encore moins d’inspiration. Cette rencontre entre deux univers, finalement pas si différents, s’ouvre sur un incroyable champ des possibles que le quatuor s’empresse d’explorer. C’est là tout le charme et la force de ces rencontres hallucinatoires, vagabondes et si réjouissantes.

Entre post-Rock et Desert Rock avec des touches de Space Rock, YAWNING BALCH est un groupe de jam, certes, mais l’élégance avec laquelle il évolue d’un même élan est assez phénoménale et inédite. Si la rythmique composée de Mario Lalli à la basse, qui joue aussi avec Fatso Jetson, et Bill Stinson derrière les fûts se connait par chœur et montre une complicité assez rare à ce niveau, ce sont bel et bien Bob Balch et Gary Arce (également à l’œuvre chez SoftSun) qui font vibrer l’ensemble autour de leur guitare avec un naturel et une fluidité totale. Sans pour autant se montrer rival, chacun prend le lead, tour à tour, avec politesse et beaucoup de respect. Leur entente rayonne et nous emporte.   

Bardé d’effets dont ils sont probablement les seuls à détenir les secrets, nos deux six-cordistes jouent crescendo et les descentes dans des sonorités plus ‘reconnaissables’ se font discrètes. Une manière aussi peut-être de se passer le relais pour mieux repartir. Car Bob Balch et Gary Arce tiennent à la fois le lead et la rythmique sur les deux seuls morceaux tout en longueur de ce « Volume Three » (« The Taos Hum » et « Winter Widow »). YAWNING BALCH est de ces rencontres où les frontières sonores et musicales disparaissent au gré des accords et qui survolent un duo basse/batterie tout en rondeur et au feeling tellement évident. Une fois encore, le voyage est magnifique !

Retrouvez les chroniques des deux premiers volumes :

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Heavy Stoner Psych Heavy Stoner Rock Stoner Metal

Warlung : orbital

S’ils n’ont rien perdu de l’esprit jam qui les anime depuis leurs débuts, les musiciens de WARLUNG semblent être parvenus à peut-être canaliser un peu plus le flux d’énergie qui les dévore. Non pas que cette nouvelle réalisation soit plus tendre, moins grasse, plus polie ou sage, non, mais « The Poison Touch » a un côté tellement plus en contrôle que ses prédécesseurs qu’on ne peut que saluer cette nouvelle mouture. Toujours légèrement Old School, mais les huit pieds dans leur époque, le quatuor s’amuse encore et toujours et fait le bonheur de nos oreilles.

WARLUNG

« The Poison Touch »

(Heavy Psych Sounds)

Quel ravissement de retrouver la formation de Houston, sa magique rythmique composée des frères Tamez, Chris à la basse et Ethan à la batterie, et des deux guitaristes-chanteurs George Baba et Philip Bennet pour ce cinquième effort ! Et une fois encore, WARLUNG réussit à nous surprendre. Peut-être moins axé sur le proto-Metal teinté du Heavy vintage inspiré de la NWOBHM de « Vulture’s Paradise », le groupe se montre tout aussi à son aise dans cette épaisseur musicale, faite des volutes des riffs endiablés du duo de six-cordistes.

Si « The Poison Touch » affiche également plus de rondeur dans le son avec une production peut-être plus équilibrée et massive, le chemin n’en est que plus épique avec des légères effluves de Doom, de Stoner et d’un Blues occulte presqu’obsédant (« Holy Guide »). Une chose est évidente, WARLUNG s’ouvre les voies de tous ces registres pour parvenir à une unité dévastatrice et envoûtante. Les Texans sont toujours aussi cinglants et sauvages, et les mélodies qui façonnent ces nouveaux morceaux sont diaboliquement addictives.

Il émane une véritable plénitude de « The Poison Touch », comme en témoigne « The Sleeping Prophet », superbe ballade mid-tempo qui vient confirmer l’assise du combo. Et que dire de l’intermède « Mourning Devils » qui nous propulse sur orbite avant de se délecter des presque huit minutes de « Spell Speaker » ? Majestueux et sans doute le point de bascule de cet album tellement imprévisible ! WARLUNG reste explosif et ne se ménage toujours pas (« Digital Smoke », « Rat Bastard », « 29th Scroll, 6th Verse »). Renversant ! 

Retrouvez l’interview du groupe à l’occasion de la sortie de « Vulture’s Paradise » :

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Doom Old School

Pentagram : le phoenix du Doom

Plus de 50 ans après sa création, la formation originaire de Washington D.C. nous fait le plaisir d’un nouvel effort, « Lightning In A Bottle », respectueux de ce son si particulier et de cette approche du Doom qui a influencé quelques générations. Au côté de son fantasque chanteur, on retrouve un casting de choix et de choc, qui redonne de l’allant à un PENTAGRAM qu’on peut presqu’imaginer immortel, malgré une existence défiant toutes les conventions. A la fois rebelle et provocateur, le quatuor continue de donner le ton et de montrer la voie.

PENTAGRAM

« Lightning In A Bottle »

(Heavy Psych Sounds)

Groupe pionnier et iconique de la scène Doom Metal, PENTAGRAM poursuit malgré tout, et comme souvent contre toutes attentes, sa carrière et présente un « Lightning In A Bottle » solide. Assez chaotique et finalement peu prolifique, la discographie des Américains a pourtant marqué l’histoire du genre dès les 70’s et surtout dans les 80’s. Difficile aussi d’énumérer les changements incessants de musiciens, sauf à confirmer que son leader et fondateur, Bobby Liebling, tient toujours les rênes, la même foi chevillée au corps.

Premier album depuis une décennie et « Curious Volume », ce neuvième opus affiche un PENTAGRAM a de quoi laisser rêveur, tant le frontman s’est entouré de ce qui se fait de meilleur dans le registre. Jugez vous-mêmes : Henry Vasquez (Legions Of Doom, Saint Vitus, Blood Of The Sun) est derrière les fûts, Scooter Haslip (Mos Generator, Saltine) l’accompagne à la basse et surtout on retrouve le grand Tony Reed (Mos Generator, Big Scenic Nowhere notamment) à la guitare en plus de produire « Lightning In A Bottle ».

Avec un tel casting, PENTAGRAM garde cependant le cap qu’il s’est toujours fixé, à savoir un proto-Doom aux saveurs Heavy Metal des origines qui vient garantir cette intemporalité assez incroyable. Et si le son est fidèle au combo, il n’en demeure pas moins très travaillé, laissant échapper des riffs tranchants et sombres sur un groove démoniaque. Au chant, Bobby Liebling entretient le mythe malgré l’emprise du temps qui se fait parfois sentir. L’ensemble est valeureux, énigmatique et inspiré. Les légendes ne meurent jamais !

Retrouvez l’interview de Tony Reed à l’occasion de la sortie de son album solo, « Funeral Suit » en 2021 :

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Stoner Rock

Dunes : un désert mouvant

La sensation qui émane de cette nouvelle réalisation des Britanniques a quelque chose de surnaturelle, tant elle devient de plus en plus immersive au fil des chansons. Avec « Land Of The Blind », DUNES s’ouvre de nouveaux horizons sur les fondations d’un Stoner Rock audacieux qui mêlent habillement un regard très actuel sur notre société et une vision artistique assurée, portée par un travail acharné sur des compositions rayonnantes. L’approche est solide et originale à bien des égards et elle fait définitivement entrer les Novocastriens dans la cour des grands.

DUNES

« Land Of The Blind »

(Ripple Music)

Face à la Mer du Nord, à Newcastle, DUNES voit le désert. Du moins, c’est ce que laisse penser son Stoner Rock emprunt d’une saveur très 90’s et de brûlantes vibrations. Le trio annonce ainsi son arrivée chez Ripple Music de belle manière avec « Land Of The Blind », son troisième opus, qui marque lui aussi un virage dans son approche. Après « Take Me To The Nasties » (2019) et « Gargoyle » (2022) sortis tous les deux chez Sapien Records, le power trio se fait plus explosif que jamais et le Fuzz à l’œuvre ici est pour le moins dévastateur et massif.

A mi-chemin entre des sonorités américaines façon Clutch et d’autres plus européennes comme Dozer, DUNES trouve sa voie et malgré un propos assez sombre dans les textes, l’ensemble se veut plutôt optimiste. Musicalement en tout cas, les Anglais se montrent très créatifs et « Land Of The Blind » affiche aussi une très bonne production. On la doit d’ailleurs au batteur du groupe, Nikky Watson, qui a su mieux que personne saisir l’essence des morceaux, enregistrés à l’extrême nord du pays aux Old Church Studios de Thropton avec Adam Foster.

Cette traversée existentielle est d’une densité intense. Dès la longue intro de « Cactus », DUNES nous immerge dans un univers assez feutré, mais torturé à l’image des paroles et de cette rythmique très dronique. L’épaisseur des riffs et l’ampleur de la basse rendent les titres très massifs avec également beaucoup d’explosivité et de profondeur, à l’instar de la magistrale intervention de Nick Carter (ex-Crane) sur « Northern Scar » et de Ryan Garney de High Desert Queen sur « Voodoo ». Une grande classe et un impact marquant.

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International Stoner Doom Metal

Slower : unslayerized [Interview]

En janvier dernier, un sextet aux horizons diverses avait bouleversé une institution du Metal en passant au spectre du Doom un répertoire quasi-intouchable. Composé de membres de Fu Manchu, Year of the Cobra, Kylesa, Lowrider, Kyuss et Monolord, SLOWER s’était approprié des morceaux de Slayer en leur infligeant un traitement très particulier… et le résultat était renversant ! Cette fois, avec « Rage And Ruin », c’est en trio que Bob Balch (Fu Manchu) à la guitare, Amy Tung Barrysmith (Year of the Cobra) à la basse et au chant et Esben Willems (Monolord) à la batterie remettent ça avec la surprise d’y aller aussi de leurs propres compositions. Le porteur du projet, et six-cordiste très ‘Fuzzy’ s’il en est, et la frontwoman du combo reviennent sur cette deuxième réalisation…  

– Bob, au moment de concrétiser vraiment le projet, est-ce que tu as longtemps cherché le son de guitare le mieux adapté au registre de Slayer, ou s’est-il imposé rapidement à toi ?

Le son de guitare est arrivé assez rapidement, en fait. Je voulais qu’il soit aussi fuzz que possible, mais qu’il reste néanmoins très épais et fuyant avec des palm mutes prononcés. On ne peut pas jouer des chansons de Slayer sans palm mutes (une technique qui consiste à étouffer les cordes avec la paume de la main – NDR). Alors, j’ai installé une tonne de pédales fuzz avec différents drives, et c’est après avoir testé pas mal de choses que j’ai opté pour la meilleure combinaison que j’ai pu trouver.

– Amy, comment l’adaptation s’est-elle effectuée pour toi, d’abord au chant ? D’ailleurs, cette fois, tu joues également de la basse et du piano. C’est quelque chose qui t’avait manqué sur le premier album ?

En fait, ça s’est plutôt bien passé. Je me suis référée aux chansons originales uniquement pour déterminer où les voix devaient se placer. Mais j’ai essayé de garder l’esprit ouvert en ce qui concernait les mélodies. Et il n’y en a pas beaucoup dans les chansons originales de Slayer. J’ai donc pu laisser libre court à ma créativité dans l’interprétation. Et j’ai vraiment aimé explorer toutes sortes de choses, puis les instructions d’Esben (Willems, batterie – NDR), lorsqu’il m’a contacté pour la première fois, ont été essentielles. Il m’a dit : ‘fais ce que tu veux !’ Et j’ai vraiment pris ça à cœur.

En ce qui concerne la basse et le piano, au moment où j’ai rejoint le projet, nous avions déjà Peder (Bergstrand de Lowrider – NDR) à la basse. Il est tellement talentueux et il a fait un travail tellement incroyable que je n’ai pas pu imaginer qu’il en soit autrement que ce qu’il avait joué. J’ai donc suivi cette ligne. Et en ce qui concerne le piano, il ne semblait pas y avoir de réelles nécessités sur le premier LP, donc je ne pense pas qu’il manquait quoi que ce soit.

– Bob Balch –

– SLOWER a commencé avec un line-up de six musiciens et vous évoluez aujourd’hui en trio sur l’album. En quoi cela a-t-il changé votre jeu et votre approche à tous les deux sur « Rage And Ruin » ?

Bob : Je ne sais pas trop, si cela a changé grand-chose, en fait. Sans doute un peu, oui. Amy a dû en faire plus, parce qu’elle joue de la basse et elle chante. Mais de mon côté, mon approche a été similaire à celle du premier album, excepté dans l’écriture des morceaux originaux.

Amy : Je ne crois pas que ça a beaucoup changé. Au niveau vocal, j’ai abordé le projet de la même manière. Ajouter la basse, c’était juste voir les choses sous un angle différent, mais rien de très nouveau finalement. Pour les morceaux originaux, en revanche, cela a demandé certainement une approche différente, car nous n’avions jamais écrit ensemble auparavant. Et puis, nous étions à distance tout le temps. Cela dit, je m’attendais à ce que ce soit plus difficile, mais j’ai été très surprise de la facilité avec laquelle nous avons travaillé tous ensemble et de la rapidité avec laquelle nous avons pu assembler ces chansons. C’était assez fluide et très amusant.

– Vous venez tous les deux de la scène Stoner et vous vous frottez régulièrement au Doom (notamment Amy). Qu’est-ce qui peut paraître insurmontable lorsqu’on transpose des morceaux de Thrash Metal dans un registre comme celui-ci ?

Bob : Nous avons essayé une première chanson de Slayer et il est devenu très clair dès le début qu’elle ne voulait pas du traitement Doom Metal. Je suppose que les riffs donnent la voie et ils ont assez mal réagi à une telle chose cette fois-ci. La plupart des chansons mid-tempo acceptent assez bien une approche Doom plus lente. Mais celles-ci ne l’étaient tout simplement pas ! (Rires)

Amy : Honnêtement, j’adore faire ça avec les chansons : ralentir les chansons rapides, accélérer les chansons lentes, etc… Juste faire la maligne et voir ce qui se passe ! On ne sait jamais, il peut y avoir des surprises. Mais comme l’a dit Bob, ça ne marche pas toujours. L’un des titres sonnait plutôt bien au ralenti, mais une fois que j’y ai ajouté des voix, ça sonnait clairement très, très mal. Nous l’avons rapidement mis à la poubelle, après que tout le monde ait bien rigolé ! (Rires)

– Amy Tung Barrysmith –

– Le premier album était entièrement dédié à Slayer et à cinq de ses morceaux les plus emblématiques. Avec « Rage And Ruin », vous reprenez deux des trois titres de l’EP « Haunting The Chapel », sorti il y a 40 ans déjà et qui avait été un tournant pour le groupe. C’est un choix étonnant compte tenu de cette vaste discographie. L’idée était-elle de surprendre ?

Bob : L’idée initiale était de reprendre l’intégralité de ce premier EP. Une fois que nous avons réalisé qu’une des chansons n’était pas réalisable, la décision qui a suivi a été de commencer à travailler sur des chansons originales. Je suis content que nous nous soyons embarqués là-dedans. A mon avis, elles sont vraiment bonnes.

– La grande nouveauté sur « Rage And Ruin » est donc l’apparition de quatre morceaux originaux. Du 100% SLOWER ! Dans quel état d’esprit avez-vous abordé ses nouvelles compositions et l’objectif était-il aussi de coller au plus près aux reprises et donc à Slayer ?

Bob : J’ai vraiment puisé dans tous les trucs de Slayer pour écrire les originaux. Cependant, mon objectif principal est toujours de m’assurer qu’il y ait des BPM différents, des tonalités divergentes et des structures de chansons nouvelles, lorsque je compose pour un album. Je savais qu’une fois que nous aurions la version d’Esben sur les mélodies, puis le chant et la basse d’Amy, les chansons prendraient forme et trouveraient leur propre voie, leur identité.

– Esben Willems –

– Ces nouveaux morceaux se fondent parfaitement dans la sonorité des covers et il y a une réelle identité musicale qui émerge aussi. Est-ce que vous considérez tous les deux « Rage And Ruin » comme le véritable acte de naissance de SLOWER ?

Bob : Oui, bien sûr, étant donné que c’est la première fois que nous nous essayons à des morceaux originaux.

Amy : Absolument. Dès que nous avons commencé à écrire nos propres textes, nous avons compris que nous étions en train de créer quelque chose de très intéressant.

– Est-ce que maintenant que vous avez franchi l’étape de la création originale, le ‘Rubicon’ en quelque sorte, un nouveau chapitre s’ouvre pour SLOWER avec peut-être déjà quelques idées en tête ?

Bob : Il y a toujours des riffs qui circulent, bien sûr. J’aimerais beaucoup faire un album complet avec uniquement des morceaux originaux.

– Au fait, est-ce que vous avez eu des retours des membres de Slayer depuis le premier disque et ont-ils écouté celui-ci ?

Bob : Gary Holt nous a donné son feu vert, il m’a dit que c’était très ‘Heavy’ ! (Sourires)

– Enfin, j’aimerais savoir si vous allez prendre la route pour défendre ce nouvel album ?

Amy : Nous avions l’intention de le faire ce mois-ci, mais il y a eu des imprévus dus à des circonstances familiales. En tout cas, j’adorerais jouer ces chansons en live quand le moment sera venu.

« Rage And Ruin » de SLOWER est disponible chez Heavy Psych Sounds.

Retrouvez la chronique du premier EP :

Photos : Amy (crédit : A.F. Cortes) et Esben (crédit : David Duis)

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Heavy Stoner Doom Stoner Metal

High Reeper : un rugissement

Basé entre le Delaware et Philadelphie, le combo de la côte est américaine poursuit sa déferlante Metal et se montre même infernal dans sa façon de se renouveler depuis sa création. C’est peut-être d’ailleurs la conséquence d’un renouvellement de musiciens régulier. Avec « Renewed By Death », HIGH REEPER prend un tournant Heavy, tout en restant fidèle à un Stoner Metal profond, viscéral et teinté de Doom. Court, mais sulfureux, ce nouvel effort devient réellement addictif au fil des écoutes.

HIGH REEPER

« Renewed By Death »

(Heavy Psych Sounds)

A moins qu’il ne se cherche encore ou que l’expérimentation soit son champ préféré d’investigation musicale, HIGH REEPER parvient une fois encore à surprendre avec ce troisième opus, où il prend une nouvelle direction. Cependant, les Américains n’ont pas pour autant totalement délaissé leur épais Stoner Metal, ils y ont simplement apporté quelques modifications dans son orientation. Moins ancré dans le Doom Old School de leurs débuts, c’est le tranchant d’un Heavy Metal un brin vintage également qu’ils sont allés cueillir.

Après plusieurs changements de line-up depuis 2016, espérons aussi que « Renewed By Death » soit enfin l’album de la stabilité, puisque HIGH REEPER avance à l’unisson dans un Heavy Stoner Metal vigoureux et particulièrement massif. C’est d’ailleurs son lead guitariste, Shane Trimble, qui a enregistré, mixé, masterisé et produit cette nouvelle pépite. La dynamique et l’équilibre sont imparables et offrent une puissance et une robustesse à ces 35 (trop !) petites minutes, qui défilent malheureusement en un éclair.

Plus sombre dans son contenu, « Renewed By Death » reflète l’ambiance de la scène Heavy américaine des 80’s/90’s avec, bien sûr, un regard neuf, moderne et avec une interprétation véloce. Rangé derrière son solide frontman Zach Thomas, HIGH REEPER opère un beau virage, se montre écrasant et musclé (le Doom n’est jamais loin !) et le duo de guitaristes rivalise de riffs racés sur une rythmique bouillonnante (« Alluring Violence », « Broken Upon The Wheel », « Jaws Of Darkness », « Torn From Within » et le morceau-titre). Fulgurant !