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Hard 70's International

Velvet Rush : inner fire [Interview]

VELVET RUSH pourrait bien être la belle et grande surprise de cette année en matière de Hard Rock estampillé 70’s. Le quatuor originaire d’Hambourg se présente avec un premier EP, « Euphonia », qui montre de solides fondations, des musiciens plus que confirmés et une dynamique implacable. Guidés par leur charismatique frontwoman, les Allemands ont de belles cartes en main et ne devraient pas tarder à se faire connaître bien au-delà de leurs frontières. Séduit par la sortie d’un premier single il y a quelques mois, c’était l’occasion de faire connaissance avec le groupe à quelques jours de la sortie de sa première réalisation.

– Comme beaucoup, j’ai été très agréablement surpris en octobre dernier à la sortie de votre premier single, « Euphonia », qui est d’ailleurs le titre de ce premier EP. Même si c’est votre première réalisation, on devine sans mal à vous entendre que vous êtes loin d’être des amateurs. Pouvez-vous nous faire un peu les présentations et revenir sur votre parcours et la création de VELVET RUSH ?

Merci beaucoup et c’est vrai qu’il y a en fait un aspect très magique, voire spirituel, derrière la création du groupe. Cela a aussi un peu à voir avec la composition et la signification de notre chanson « Aurora ». Mais nous y reviendrons plus tard. VELVET RUSH a été fondé par notre chanteuse Sandra Lian et Tim Black, le bassiste. Grâce à la vision de Sandra et à un peu de magie, VELVET RUSH a été lancé en un week-end. C’était comme si nous nous étions trouvés après une longue attente, un coup du destin. Dennis Henning s’est joint à nous à la guitare et Tom Zeschke à la batterie. Chacun d’entre nous faisait de la musique à un niveau professionnel depuis des années dans différents groupes, à l’international, sur les planches des théâtres, etc… Nous avons tous appris à nous connaître sur la scène musicale de Hambourg. Dennis et Tim avaient déjà joué ensemble auparavant. Sandra a fait de la musique toute sa vie, notamment en étudiant le chant, la danse et le théâtre. Tom a également joué de la batterie dans différents groupes durant des années. Nous savions dès le début qu’il y avait quelque chose de spécial entre nous.

– Avec VELVET RUSH, vous renouez avec un Hard Rock très 70’s auquel vous avez injecté un souffle très moderne et beaucoup de volume. L’idée première était-elle d’offrir un son brut et organique avec beaucoup d’impact, car vous ne levez jamais le pied, sauf peut-être sur « Aurora » qui joue plus sur l’émotion ?

Nous aimons le son du Hard Rock des années 70, très caractéristique de l’époque, et nous le combinons avec des éléments modernes, c’est vrai. Mais nous avons de nombreuses autres facettes. D’une part, nous voulons montrer à l’auditeur que nous avons beaucoup d’énergie, que nous pouvons appuyer sur l’accélérateur et d’autre part que nous voulons aussi servir un côté émotionnel. Nous sommes tous des rockers dans l’âme. Curieusement, beaucoup de gens autour de nous ont pensé que nous avions tendance à jouer une musique plus douce, mais nous aimons beaucoup les surprises. Nous vivons nos performances live pleinement et ces idées viennent simplement du plus profond de nous-mêmes, associées à des inspirations recueillies au cours d’une vie. La chanson « Aurora » est très émouvante, c’est vrai. Elle est dédiée à un être cher que Sandra a perdu peu de temps avant la fondation de VELVET RUSH. Cette chanson signifie beaucoup pour le groupe.

– D’ailleurs, pour rester sur le son de ce premier EP, vous avez confié la production à Eike Freese, dont on connait le travail avec Deep Purple, Slash ou Status Quo et l’ensemble a été réalisé dans les fameux studios Chameleon à Hambourg. Même si c’est votre ville d’origine, vous avez désiré mettre les moyens dès le départ pour obtenir cette sonorité très chaude et immédiate ?

Tout d’abord, il n’y a personne de meilleur qu’Eike Freese, selon nous. Tim connaît Eike depuis 2006, ce qui représente une longue période. C’est de là qu’est venue l’idée d’enregistrer avec lui. Lorsque Sandra et Tim sont venus spontanément dans le studio d’Eike, il a entendu parler de notre vision de nos chansons et de l’idée de fonder VELVET RUSH. Nous lui avons montré nos idées et il a été immédiatement impressionné et a voulu travailler avec nous. Le studio existe depuis les années 70 et une grande partie de l’intérieur rappelle encore l’époque d’autrefois. Il y a quelque chose de très magique dans ce lieu. Nous n’aurions pas pu faire un meilleur choix.

– Ce qu’il y a également de marquant sur les cinq chansons, c’est cette alchimie très palpable entre vous, comme si chacun était au service de l’autre. Bien sûr, Sandra est très solaire avec une puissance vocale incroyable, mais les guitares ne sont pas en reste, tout comme cette rythmique terriblement efficace. Le songwriting est très travaillé et on a presque le sentiment que ces chansons ont d’abord eu un traitement acoustique au moment de la composition. C’est le cas ?   

Merci beaucoup. En fait, les chansons n’ont pas été écrites sur une guitare acoustique, mais directement sur une électrique. Tim a composé toutes les chansons et Sandra a écrit les paroles et les mélodies vocales. Et Dennis a également contribué aux compositions avec ses solos de guitare.

– La voix de Sandra est très Rock et comporte aussi beaucoup de variations. Et même si l’ensemble paraît débridé de prime abord, on s’aperçoit très vite que la puissance n’est pas tout et que les textes sont également très importants. Quel est votre champ d’investigation à ce niveau-là, se dégage-t-il une certaine unité et peut-être un message à travers vos paroles ?

Sandra écrit seule les paroles. Elle y intègre ses expériences de vie et souhaite également transmettre un message, c’est vrai. Elle aime travailler avec des métaphores. L’EP « Euphonia » parle de laisser derrière soi le passé, où l’on a peut-être vécu des moments très éprouvants et formateurs, mais aussi d’un nouveau départ et cela se reflète dans ses textes. Il s’agit de retrouver son enfant intérieur et le chemin qui vous était destiné depuis le début. Cela a donc une signification très profonde, c’est vrai. « Euphonia » est une sorte d’oiseau qui représente la liberté, la force et l’énergie. Les chansons de l’EP sont très puissantes et ont un message clair et, bien sûr, la composante émotionnelle est très présente.

– Pour revenir sur l’aspect très 70’s de votre jeu, on assiste depuis un moment déjà à un véritable revival du genre dans le Hard Rock, mais aussi dans le Rock et le Metal de manière plus globale. Selon vous, est-ce que certains styles ont déjà montré leurs limites et que la vérité se trouve finalement dans ce registre intemporel né dans les années 70 et même 80 ?

Nous pensons que les nombreux styles musicaux, qui ont vu le jour au fil des années, trouvent leur origine dans le Rock’n’Roll et le Blues. Le Metal ne nous convient pas vraiment, en fait. On ne peut pas réinventer la roue de nos jours, mais on peut laisser son âme s’exprimer dans la musique pour créer son propre son. Nous adorons tout simplement ce son pur et honnête des années 70.

– Je dois vous avouer que les cinq chansons m’ont vraiment laissé sur ma faim. J’imagine qu’il peut y avoir des raisons économiques derrière le choix de sortir un EP, mais est-ce que vous avez envisagé aussi de réaliser un album complet, ou était-ce selon vous un peu tôt ? Il vous fallait d’abord mesurer le retour des fans et de la presse aussi peut-être ?

Nous voulions faire une première présentation au public le plus rapidement possible et partager nos chansons avec les auditeurs. Cet EP est une première impression des nombreuses facettes, qui se présenteront à eux dans le futur. Certaines opportunités se sont ouvertes, dont nous voulions vraiment profiter rapidement. C’est pourquoi nous avons d’abord opté pour un EP. Et bien sûr, nous ne voulons pas nous arrêter en si bon chemin. Nous sommes déjà en pleine phase d’écriture de notre premier album. Il y aura bientôt des nouvelles à ce sujet. Nous pouvons déjà proposer beaucoup de morceaux.

– D’ailleurs, les louanges dès la sortie de la chanson « Euphonia » ne se sont pas faites attendre, et VELVET RUSH a déjà su conquérir un large public assez rapidement. Vous vous attendiez à un tel accueil? Et quelles sont vos premières impressions, car c’est vrai aussi que VELVET RUSH dégage une énergie très positive ?

Nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre. Nous voulions laisser le public venir à nous et nous étions très excités par le premier accueil du public. Nous sommes très reconnaissants d’avoir déjà une base de fans très internationale, qui nous soutient et nous accompagne tout au long de notre parcours. C’est incroyable pour nous d’avoir déjà touché une corde sensible avec notre premier single « Euphonia ».  

– Ce premier EP sort ces jours-ci et, outre la vague de promo qui va suivre, j’imagine que le prochain objectif sera de partir en tournée présenter vos morceaux au public. Possédez-vous d’ailleurs un répertoire suffisamment conséquent, car un format court que le vôtre est souvent une carte de visite pour partir sur la route ?

Nous avons un tourneur renommé et formidable et nous sommes très heureux de déjà jouer dans de nombreux festivals cette année avec peut-être aussi une ou deux surprises ! (Sourires) Restez à l’écoute ! Et bien sûr, nous avons beaucoup d’autres chansons qui attendent déjà d’être partagées avec le public en concert.

– De ce que j’ai pu voir, vos prestations scéniques sont pour le moins enflammées et la présence à la fois sexy et charismatique de Sandra y est pour beaucoup. On imagine facilement des concerts passionnés et d’une folle énergie. Comment est-ce qu’on travaille cet aspect-là avant de sortir un premier EP ? Votre expérience individuelle est-elle aussi un atout majeur ?

Grâce à nos années d’expérience sur scène, il n’est pas difficile pour nous de transmettre l’énergie que nous portons en nous au public. Si vous aimez ce que vous faites et que vous vous amusez à le faire, le public le comprend. Sandra a le public de son côté en quelques secondes et oui, bien sûr, c’est une véritable boule de feu. Vous pourrez bientôt le constater par vous-même… (Sourires)

– Enfin, l’une des choses qui a aussi piqué ma curiosité, c’est qu’aucun label ne vous soutient encore. Vous êtes totalement indépendants, comme c’est beaucoup le cas aujourd’hui. Est-ce à dire que VELVET RUSH peut parfaitement mener sa barque et trouver son chemin seul ? Car vous avez certainement du être sollicités, non ?     

Comme je te le disais, nous avons un très bon tourneur, qui nous offre de nombreuses possibilités et nous ouvre de multiples opportunités. Nous pourrions envisager de signer avec un label, mais tout dépend de l’offre. En tant que groupe indépendant, vous avez aussi plus de liberté de choix, mais nous ne dirons pas non à une offre appropriée.

Le premier EP de VELVET RUSH, « Euphonia », est disponible sur toutes les plateformes, mais aussi et surtout sur le site du groupe :

www.velvetrush.com

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Psych Prog Space Rock

Naxatras : open to the world

Sur un groove ensorceleur, NAXATRAS tisse sa toile dans un Rock à la fois progressif et psychédélique teinté, depuis l’arrivée de Pantelis Kargas aux claviers et aux synthétiseurs, de sonorités électroniques qu’il puise dans les années 70 essentiellement. Ce cinquième album vient rassembler les multiples influences du groupe dans une atmosphère très analogique, qui libère une authenticité qui rend ce « V » très créatif, original et qui ouvre à la formation venue de Grèce des horizons infinis dans un registre où il est passé maître.   

NAXATRAS

« V »

(Evening Star Records)

Dix ans après un premier album éponyme qui avait déjà marqué les esprits, NAXATRAS vient poser une monumentale nouvelle pierre à son édifice musical. En élargissant encore un peu plus son spectre, son Rock Psychédélique Progressif prend une ampleur quasi-spatiale. Toujours aussi organique, ce sont la technicité et l’inventivité des Grecs qui dominent et le voyage auquel nous sommes conviés est plus captivant que jamais. Sur un récit conceptuel basé sur l’exploration du monde mythologique de Narahmon, l’évasion se fait dès « Celestial Gaze » qui ouvre « V », et « Spacekeeker » nous plonge ensuite dans une atmosphère enivrante.

Si la vision de NAXATRAS reste moderne, le quatuor dégage pourtant une belle et douce saveur vintage, résultant essentiellement de ce son si proche. Autour de synthés enveloppants, la basse, la batterie, les percussions, la flûte et la guitare s’entremêlent dans une harmonie à laquelle il devient difficile de résister au fil des morceaux comme sur « Numenia » et ses effluves orientaux bousculés par un riff infernal. La maîtrise est totale, les relais entre les instruments prennent un aspect obsédant et les Hellènes nous propulsent dans un univers fait de longues plages aériennes et d’un Rock brûlant (« Breathing Fire »).

En côtoyant d’aussi près le Space Rock, NAXATRAS s’émancipe de toutes frontières musicales, se faisant même orchestral à l’occasion et distillant des couleurs moyen-orientales hypnotiques et très rythmées (« Legion »). Lointain, le chant continue sa narration entre Science-Fiction et une vision antique dans son propos. Le quatuor a de quoi impressionner, tant rien n’est laissé au hasard, que ce soit au niveau de cette production presque charnelle et des arrangements d’une exquise finesse (« Utopian Structures », « Sand Halo »). La touche rétro aux allures célestes qui englobe « V » devient très addictive. Classe ! 

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Hard Rock Heavy Rock

Big Canyon : le plein d’audace

L’ampleur et la dimension prises par le groupe sur ce nouvel effort éponyme semble marquer à elles seules le fossé qui le séparait de sa formule en trio. Sur « Big Canyon », son volume est décuplé et enfin à sa taille. Heavy Rock, Hard Rock, peu importe finalement tant les chansons respirent, cognent et deviennent familières en un claquement de doigt. Si le nouveau chanteur change forcément la donne, les autres musiciens de BIG CANYON donnent aussi l’impression d’être enfin à leur place. Tentaculaire et immédiat, il règne une proximité haletante pleine d’audace. 

BIG CANYON

« Big Canyon »

(Independant)

Que 2020 semble bien loin à l’écoute de l’album de BIG CANYON. A l’époque, le groupe évoluait encore à trois et sortait son tout premier EP. Il faut bien avouer que la métamorphose est saisissante et elle s’explique même assez facilement. Tout d’abord, l’arrivée au chant d’Andi Meacock apporte beaucoup de poids et de relief, au point de rendre le combo londonien presque méconnaissable. Un nouveau départ exaltant s’offre à lui et renforce son Heavy Rock en consolidant solidement ses fondations, grâce à une énergie folle et toute en nuances, qui vient flirter avec un Hard Rock très britannique.

Si le nouveau frontman conduit la formation avec beaucoup d’assurance et un talent indéniable, qu’il doit en partie à une puissance vocale et un grain aussi identifiable que chaleureux, il y a un autre élément important dans cette évolution sonore et musicale. Pour son premier opus complet, BIG CANYON a fait appel au producteur Dave Draper, connu pour son travail avec The Wildhearts (qui s’apprête d’ailleurs à faire son retour très bientôt) et Terrovision pour ne citer qu’eux, et ça change pas mal de choses. La puissance des guitares, la lourde rythmique et le chant trouvent un équilibre parfait.  

Si le quatuor n’élude pas quelques belles ballades, l’ensemble est plutôt costaud et fait également une place conséquente à des mélodies très travaillées, qui n’ont aucun mal à entrer dans le crâne pour ne plus en sortir. BIG CANYON a l’art de se faire fédérateur et très accrocheur et ses nouveaux titres sont franchement taillés pour la scène (« Rescue Me », « Mine In Another Time » », « Dominion Of Truth », « Beautiful Mind », « Captain Of Your Soul », « Devil In Disguise », « The Things You Do »). Bruts et authentiques, les Anglais manient les émotions avec subtilité et une implacable cohérence.

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Hard Rock

XIII Doors : spicy shamrock

Il n’aura fallu que quelques singles savamment distillés pour que XIII DOORS fasse déjà parler de lui. Le temps de peaufiner son premier effort, qui sort en indépendant, et le combo semble plus que d’attaque pour conquérir le monde du Hard Rock tant la dynamique à l’œuvre sur « Into The Unknow » est renversante. Avec la percussion de vieux briscards, les Irlandais montrent déjà un visage assuré, jonglant habillement avec l’adrénaline de chansons gorgées d’énergie et d’où émanent quelques légères touches celtiques et arabisantes gravées dans un infranchissable mur de guitare. Une réelle prouesse !

XIII DOORS

« Into The Unknown »

(Independant)

Cela faisait un petit moment que la belle terre d’Irlande n’avait vu émerger un groupe de Hard Rock de ce calibre. Et il pourrait bien que XIII DOORS soit celui qui vienne enfin réveiller l’île. Ayant déjà reçu les louanges de Joe Elliot de Def Leppard qui s’est enthousiasmé à leur écoute, c’est cette fois les oreilles de Michael Schenker qui se sont mises à vibrer, puisque l’Allemand vient de les inviter à ouvrir ses concerts de Dublin et de Belfast en mai. Une reconnaissance qui arrive assez tôt, mais qui ne doit rien hasard, bien au contraire. Car le talent est là et il est éclatant. Une sorte de diamant brut.

Originaire de Shannon, le quatuor évolue dans la veine moderne du genre, dans la lignée d’Alter Bridge, par exemple, avec un petit côté alternatif qui lui offre cette facilité à développer des refrains entêtants, le tout sur des guitares musclées, un duo basse/batterie au taquet et un chanteur qui a déjà tout d’un grand. Bref, XIII DOORS entend ne pas perdre de temps et a entre les mains tout ce qu’il faut pour retourner et ravir les fans du monde entier. Et l’autre surprise vient aussi du fait que « Into The Unknown » soit autoproduit… ce qui ne devrait pas durer, non plus !

Dès les premières notes de « Unleash The Beast » le bien-nommé, les Irlandais nous embarquent dans un univers très personnel et explosif. L’ensemble est très soigné, la production irréprochable et véloce, et le quatuor livre une véritable démonstration de force. L’intro orientale de « Make A Life Again » laisse place à des guitares massives pour l’un des moments forts et sombres de l’album. La qualité des riffs et l’impact des solos, combinés à l’incroyable prestation du frontman, imposent XIII DOORS de très belle manière (« Face The Truth », « Inside » et le morceau-titre). Quand le trèfle sort les épines !   

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Doom Rock Hard Rock International

Avatarium : dark poetry [Interview]

La liberté artistique affichée par AVATARIUM depuis quelques albums maintenant semble sans limite, tant le groupe nous plonge dans des ambiances toujours différentes, cherchant presque le contre-pied. Modelable à l’envie, le Doom Rock, très Hard Rock, des Suédois surprend une fois encore sur leur sixième album, « Between You, God, The Devil And The Dead ». Porté par son très créatif duo Marcus Jidell et Jennie-Ann Smith, les Scandinaves affiche une incroyable confiance, qui se ressent à travers des compositions aussi surprenantes qu’envoûtantes. La chanteuse et compositrice revient sur l’état d’esprit qui règne sur cette nouvelle réalisation.

– La première chose que l’on remarque sur « Between You, God, The Devil And The Dead » est qu’AVATARIUM évolue dorénavant en quatuor. Et à l’écoute de ce nouvel album, n’est-ce finalement pas la meilleure formule pour le groupe ?

Je suis reconnaissante de ce que j’ai appris au cours de ces dix années avec AVATARIUM. Nous sommes désormais un quatuor comme nous l’étions déjà sur notre premier album. Ce n’est probablement pas tant une question de nombre de personnes impliquées que du sentiment de sécurité et de confiance que l’on a dans ces relations. Je respecte Marcus, Andreas (Habo Johansson, batterie – NDR) et Mats (Rydström, basse – NDR). J’ai également du respect pour leurs grandes capacités musicales et je leur fais confiance pour être stables pour moi quand j’en ai besoin. Avoir cette sécurité me procure vraiment un sentiment de liberté et me permet de donner le meilleur de moi-même, en tant qu’auteure-compositrice et interprète.

– Sans bien sûr renier vos précédents albums, le sentiment qui domine ici est celui d’une grande liberté de composition. On retrouve les fondamentaux du groupe, à savoir le Doom, le Hard Rock et aussi cette touche nordique qui est aussi très perceptible. AVATARIUM n’a jamais donné l’impression d’autant de confiance en son jeu et dans l’écriture de ses morceaux. Est-ce aussi ton constat ?

J’espère et je sens que j’ai aussi gagné en confiance en tant qu’auteure et compositrice au cours de ces trois derniers albums que nous avons produits avec AVATARIUM. L’écriture de chansons est exigeante et parvenir à quelque chose qui se rapproche de ses propres préférences ou standards est toujours un grand défi.

– On a bien sûr longtemps associé Leif Edling à AVATARIUM dont il est l’un des fondateurs. Sans vraiment vous détacher de vos premières réalisations, ce sixième album montre une évolution notable du groupe. Est-ce qu’au fil du temps, tu as aussi cette impression que Marcus et toi avez donné une identité peut-être nouvelle aux compositions, mais aussi à votre son ?

Je pense que ce qui a fait d’AVATARIUM un groupe unique depuis ses débuts, c’est son éclectisme dans le son. Un son issu de nos origines musicales très diverses. Le fait que les talents de Marcus Jidell, Leif Edling et moi-même aient été réunis dès le début a rendu ce projet unique. Il n’y a pas eu de recherche délibérée d’équilibre, mais plutôt un bonheur accidentel que nous avons nourri au fil du temps. Tous les acteurs impliqués laisseront leur empreinte sur les arrangements et le son, et en tant qu’auteure-compositrice, je laisserai inévitablement des traces de mon moi intérieur entre les lignes.

– Pour rester sur le son et la production de « Between You, God, The Devil And Me », il est plus organique que jamais avec une intention d’immédiateté très présente également. L’objectif était-il de réaliser un album aux sonorités plus live et directes ?

Je pense que cette fois-ci, nous nous sommes concentrés sur ce que nous aimons jouer sur scène. Savoir quel genre de riffs est agréable à jouer en live, quel genre de mélodies donne la chair de poule, il s’agit toujours de viser cette énergie.

– Pour autant, il y a un énorme travail sur les arrangements et une attention toute particulière portée aux nombreux détails. En ces temps où les albums sonnent presque tous de la même manière, on sent ici beaucoup d’humanité dans la production comme si votre musique était votre guide… C’est le cas ?

En ce qui concerne la performance et le son, tout est enregistré et traité de manière très organique. Par exemple, il n’y a pas d’autotune et toutes les machines utilisées dans le processus ont été choisies pour améliorer le son organique, c’est-à-dire des mains jouant des instruments, afin qu’il soit dynamique et réel. Les détails sont importants aussi. Je suppose que je fais partie de ceux qui aiment vraiment prendre du temps et me concentrer dessus. C’est une partie tellement géniale du processus, lorsque vous avez presque terminé un morceau, ce sentiment de savoir que vous avez quelque chose de vraiment bien, et puis ces touches finales qui lient le tout. Ajouter un détail de guitare, une note de basse au piano ou un son de voix… J’adore être dans ces moments-là.

– Même si ce nouvel album est toujours axé sur les riffs, la présence du piano au niveau de la composition et aussi dans les morceaux est beaucoup plus prégnante. Il vous a fallu changer un peu vos habitudes pour peut-être trouver un nouveau souffle et un nouvel élan pour ce nouvel album ? 

Le piano est un orchestre à part entière. En fait, nous avons utilisé mon vieux piano pour écrire et enregistrer. Cela a stimulé la créativité et Marcus a initialement écrit certains des riffs de guitare de l’album sur ce piano. Cela élargit votre esprit et vos options musicales pendant l’écriture. Je pense que j’avais 19 ans quand je l’ai acheté, c’est un piano allemand des années 50, et nous l’avons rénové avant l’enregistrement et il sonne tout simplement bien.

– Il y a aussi beaucoup de fluidité et de confiance qui émanent de l’album. Est-ce qu’AVATARIUM a atteint un sommet de complicité artistique depuis vos débuts ? C’est en tout cas l’impression que donne « Between You, God, The Devil And Me »…

Merci ! Espérons que ce ne soit pas le cas et qu’il y ait encore plus à donner. Nous voulons simplement écrire et jouer du mieux que nous pouvons, c’est une bénédiction de ressentir de la curiosité pour la musique à ce stade de la vie.

– Même si l’album est peut-être plus sombre encore et aussi plus lourd que son prédécesseur, il est également et paradoxalement très vivant et personnel dans son approche. Comment êtes-vous parvenus à combiner ces deux visions, qui peuvent paraître en opposition ? 

Sombre, lourd et poétique sont les maîtres mots depuis le début d’AVATARIUM il y a 12 ans. La dynamique entre le lourd et le fragile, la lumière et l’ombre a toujours été présente dans notre travail et elle l’est toujours. Je pense aussi qu’il est extrêmement important que notre musique porte un espoir et fournisse une énergie qui aide même à traverser les passages difficiles.

– Enfin, la musique d’AVATARIUM paraît infinie et laisse encore le champ à une multitude de possibilités. Est-ce qu’écrire et composer sont des choses que tu considères comme naturelles finalement, ou cela te demande-t-il au contraire beaucoup d’efforts ?

Je pense que ce qui vous apporte de la joie et un sentiment d’accomplissement au final demande probablement beaucoup d’efforts. Apprendre à jouer d’un instrument, élever des enfants… Je ne pense pas qu’il y ait de contradiction entre ce qui vient naturellement et travailler dur, et en pensant à ce processus, c’est vraiment les deux. Ce qui est gratifiant lorsque vous travaillez dur à pratiquer votre instrument ou à améliorer votre savoir-faire en tant que compositeur, c’est que cela vous procure irrémédiablement du flow, de l’adrénaline et probablement de l’ocytocine. C’est addictif !

Le nouvel album d’AVATARIUM, « Between You, God, The Devil And The Dead », est disponible chez AFM Records.

Photos : Niklas Palmklint (1, 2 et 4)

Retrouvez la chronique du précédent album « Death Where Is Your Sting » :

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Classic Rock Heavy Rock Rock Rock US

Ginger Evil : solid as a Rock

Avec un telle entrée en matière, le combo nordique ne risque pas de passer inaperçu. Composé de musiciens chevronnés, GINGER EVIL s’aventure dans un Rock qui se fait de plus en plus rare et qui reprend les codes d’un registre efficace et mélodique. Avec « The Way It Burns », c’est une sorte de retour aux fondamentaux qu’il propose et la belle surprise vient aussi de sa chanteuse, Ella Tepponen, qui s’impose grâce à une technique irréprochable et une grande capacité à varier les intonations vocales. Très mature, ce premier album va réconcilier les fans de Rock au sens large.

GINGER EVIL

« The Way It Burns »

(Frontiers Music)

Voici la nouvelle sensation Rock finlandaise et c’est peu de le dire ! Les membres de GINGER EVIL n’en sont pas à leur coup d’essai, puisqu’on retrouve ici le guitariste Tomi Julkunen et Veli Palevaara qui faisaient tous deux partie de The Milestones. Rejoints par le batteur Toni Mustonen, le combo a enfin affiché complet avec l’arrivée d’Ella Tepponen au chant, laquelle offre au groupe sa véritable identité musicale et, entre Power et Heavy, son Rock est musclé, accrocheur et surtout parfaitement interprété.

En confiant la production de « The Way It Burns » à Teemu Aalto (Insomnium) et le mastering à Svante Forsbäck (Rammstein, Volbeat, Apocalyptica), GINGER EVIL a mis tous les atouts de son côté et ce premier opus est de ceux qui font franchement du bien. Cela dit, il ne faut pas s’attendre à une grande révolution, mais le Rock des Scandinaves a cet aspect très frais et fédérateur, qui peut faire d’eux une valeur sûre. Et puis, ce savoureux mix de Rock US, d’Alternative Rock et de Classic Rock séduit sans mal.

Très moderne dans son approche comme dans le son, GINGER EVIL ne met pas bien longtemps à tout emporter. Dès « Rainmaker », la vivacité des riffs et la puissance vocale de la frontwoman prennent le dessus et la suite s’annonce solide. Très américain dans le style, le quatuor multiplie les ambiances avec des clins aux 70’s comme à la scène californienne des 90’s (« Dead On Arrival », « Shame On », « Hands Move To Midnight », « Better Get In Line », « Not Your Fool »). Actuel et intemporel : une réussite.

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Heavy Stoner Stoner Doom Stoner Metal

Moon Wizard : une sombre lueur

Soufflant le chaud et le froid sur des morceaux très homogènes, MOON WIZARD présente un Stoner Metal varié, tout en maîtrise, à travers lequel cohabitent des atmosphères Doom, Heavy et même Hard Rock avec une épaisseur enveloppante. Mélodique et massif, « Sirens » impose des refrains entêtants portés par une frontwoman, qui se balade entre Metal et Rock sur des rythmes soutenus et languissants. Une réussite qui montre la vitalité de l’underground yankee.

MOON WIZARD

« Sirens »

(Hammerheart Records)

Troisième album pour Ashton Nelson (batterie), Aaron Brancheau (guitare) et Joseph Fiel (basse, chant) et le deuxième pour Sami Wolf (chant) qui a rejoint les trois amis d’enfance sur « The Night Harvest » sorti en 2020. Depuis cinq ans maintenant, MOON WIZARD peaufine son Stoner Doom Metal du côté de Salt Lake City, Utah, et « Sirens » est un bel aboutissement de ces dernières années de travail. Et cette présence féminine au chant a également ouvert un plus large champ d’action au quatuor.

Issus de la scène Black et Death, les trois musiciens de la formation originelle ont gardé un côté obscur dans leur Stoner et si le Doom domine les débats, les influences Heavy Metal sont très présentes et offrent à MOON WIZARD un aspect très mélodique. Et c’est aussi la voix de sa chanteuse qui distingue le combo avec originalité. On est loin d’un registre plombant et écrasant. Le groupe se veut plutôt accessible et se montre très accrocheur en s’inscrivant dans les pas très sabbathiens et classiques de leurs aînés.

Sur une production soignée, plus solide qu’agressive, MOON WIZARD évite aussi les écueils grâce à une paire basse/batterie en osmose et un guitariste inspiré et efficace qui donne sa ligne directrice à « Sirens ». Avec une mixité vocale utilisée à bon escient, l’ensemble gagne en profondeur et devient vite addictif (« Luminare », « Dessert Procession », « Magnolia », « Sunday », « Epoch »). Avec ce nouvel opus, les Américains franchissent un cap et livrent un disque mature et créatif. Bien structurés, les titres présentent un volume intéressant.

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Metal Progressif Rock Progressif

Wedingoth : en prise directe

Très bien accueilli par le public et les critiques lors de sa sortie, WEDINGOTH a décidé de surfer sur l’engouement suscité autour de « Five Stars Above » pour enregistrer et filmer un concert donné dans sa ville en vue de la parution d’un CD et d’un DVD. « Five Stars (A)Live » reprend donc l’ensemble des morceaux, et dans l’ordre, de leur précédente production et sur une petite heure, le Rock/Metal Progressif des Français se montre tout aussi immersif qu’en studio et l’attention des fans présents renforce encore ce sentiment d’immédiateté.

WEDINGOTH

« Five Stars (A)Live »

(Independant)

Avec la sortie de son quatrième opus l’an dernier, WEDINGOTH avait un peu créé la surprise, tant « Five Stars Above » montrait un niveau de jeu remarquable. Suite à quelques changements de line-up, le groupe a désormais trouvé la stabilité depuis « A Love In The Crowd » (2016) et n’a depuis de cesse de peaufiner son style dans une veine progressive où se côtoie Rock et Metal. Guidé par une frontwoman dont le chant tout en nuances révèle une identité profonde, la formation confirme ici son savoir-faire sur scène. 

Enregistré le 27 mai 2023 à ‘La Rotonde’ à Lyon, WEDINGOTH a donc joué à domicile l’intégralité de son album studio devant un public conquis et tout acquis à sa cause. Très bien capté, le résultat est à la hauteur des attentes, autant au niveau du son que de la prestation exemplaire des Rhodaniens. La musique du quatuor prend tout son sens en live, ce qui offre aussi un aspect plus brut et direct. Plus musclés et moins arrangés que sur disque, les titres gagnent en proximité et la différence est nette.

En jouant pleinement la carte de la parité, WEDINGOTH libère également une sensibilité assez rare, et l’entente vocale entre Céline Nephthys et la bassiste Manon Fortin sur les chœurs est parfaite. De leur côté, Stéphane Rochas (batterie) maintient le cap, tandis que Steven Segarra, fondateur et guitariste, livre une performance sans faute et irrésistible. Et si « Five Stars (A)Live » s’écoute dans son entier, on retiendra les versions de « Masterpiece Of Life », « Time », « Cross The Mirror » et l’incontournable « My Own Sacrifice ». Classe !

Photo : MAAO

Retrouvez la chronique de « Five Stars Above » :

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Alternative Rock France Grunge Heavy Rock

Stubborn Trees : une ténacité constante [Interview]

Tout en variation, à la fois puissant, percutant et délicat, le quatuor sort enfin son premier album, après s’être aguerri le temps de deux formats-courts. Comme le signifie son nom, STUBBORN TREES s’adapte, ajuste son jeu et livre avec « The Stronger The Wind… », une réalisation très aboutie, où viennent se rejoindre des styles aussi Rock que Metal, et aussi moderne que respectueux d’influences du siècle passé. Le résultat débouche sur un Alternative Rock véloce et ferme, et dont l’énergie se propage aussi à travers un duo vocal talentueux et complémentaire. Entretien avec un groupe qui fait souffler un vent frais sur la scène hexagonale.

– Pour vous suivre depuis vos débuts, ce qui m’a agréablement surpris en écoutant ce premier album, c’est que le brassage des genres que STUBBORN TREES pratique depuis 2020 est aujourd’hui parfaitement réussi et surtout très cohérent. Pensez-vous qu’il était nécessaire de passer par deux EPs pour atteindre définitivement votre identité musicale ?

Probablement. Au départ, on avait une douzaine de maquettes et on pensait faire un album, ce qui nous été fortement déconseillé. Avec le recul, c’était un bon conseil, car produire ces deux EPs nous a apporté de l’expérience et nous a permis d’affiner notre identité sonore. Les live qui ont suivis « Roots », notre dernier EP, nous ont aussi influencé pour les futures compositions.

– Justement, en restant sur le même propos, est-ce peut-être aussi cela qui vous suggéré de ne pas vous précipiter pour sortir ce premier album et d’arriver aujourd’hui avec un « The Stronger The Wind … » très mature, qui vous ressemble vraiment et qui est très homogène ?

Oui sans doute, nous avons aussi appris à mieux nous connaître tous les quatre, à mélanger nos influences tout en allant dans la même direction. Le travail de répétition et de résidence pour les lives nous a fait gagner en cohérence et en complicité. Les concerts nous ont aussi donné envie d’ajouter une touche un peu plus Metal sur certains morceaux. J’imagine que ces deux EPs et cette expérience scénique nous ont effectivement fait gagner en maturité.

On a aussi pris du temps pour travailler sur la direction à donner à cet album. Il nous a fallu décider de la structure finale des morceaux, des arrangements, pour ensuite tout réenregistrer au propre ! Sans compter l’écriture des textes, la création de la ligne graphique de l’album et l’écriture des clips. Un album, c’est long à faire, surtout en autoproduction !


– On retrouve sur ce premier album tout ce qui constitue l’univers musical de STUBBORN TREES avec un mix savamment dosé de Rock bien sûr, et aussi de Grunge, de touches bluesy et d’accents Metal. Actuellement le terme ‘Alternative Rock’ est assez galvaudé et pourtant il prend ici tout son sens. L’objectif est-il d’englober l’ensemble de votre culture musicale respective et personnelle à travers la musique du groupe ?

Oui, on aime le Rock dans sa globalité, des années 60 à nos jours, en passant par tout un tas de courants comme le Punk Rock, le Grunge ou le Metal. Julien (Le Page, guitare – NDR) apporte même des petites touches de Funk. Tout ça se mélange et se retrouve dans notre musique. On fait aussi attention à ne pas mettre sur un même album deux morceaux qui se ressemblent trop. On pense que cette diversité est importante et nous définit complètement.

– Il y a aussi chez STUBBORN TREES une belle saveur 90’s, qui évite d’ailleurs soigneusement les sonorités vintage pour rester très actuelle. Est-ce que c’est quelque chose sur laquelle vous êtes restés très vigilants au moment de l’enregistrement, ou était-ce plus simplement déjà intégré à votre approche musicale ?    

C’est une chose à laquelle on avait bien réfléchi avant d’enregistrer. Même si une partie de nos influences se situe dans les 90’s, on est un groupe actuel et on voulait vraiment avoir un son moderne.

– STUBBORN TREES a aussi la particularité de présenter une chanteuse et un chanteur au lead. Cela aurait pu déstabiliser la ligne artistique en raison d’évidents changements de tonalités, mais vous vous complétez au contraire très bien. Est-ce que chacun interprète les chansons dont il a lui-même conçu le texte, ou composez-vous et écrivez-vous ensemble ?

Chacun interprète les morceaux qu’il a composés. Quand on sélectionne les chansons pour préparer un album, on choisit les meilleures, peu importe qui les chante et ensuite on les travaille ensemble, tous les quatre. On ajoute également pas mal de chœurs, donc les deux voix sont présentes sur chaque morceau.

Concernant les textes, on commence à les travailler chacun de notre côté. Ensuite, Laurie (Prévot, basse – NDR) les finalise. On a aussi fait appel à une coach en chant anglais, Virginie Coutin, avec qui on a peaufiné les accents toniques et quelques tournures de phrases.

– D’ailleurs, en travaillant sur vos morceaux et sur la tracklist du disque, est-ce que vous avez pensé, par exemple, que les morceaux chantés par Laurie pouvaient être des moments de passage et de transition grâce à son timbre plus doux, afin d’articuler l’album dans un certain sens ?

Oui, tout à fait, nous avons longuement travaillé la tracklist ! C’était très important de proposer un voyage musical. On avait envie d’accrocher l’auditeur dès le début avec des morceaux punchy, puis de proposer des respirations, d’alterner les ambiances énervées et plus calmes, pour regagner en intensité sur la fin.

– On vous retrouve aussi tous les deux (avec Yann Eléouet) aux chœurs sur toutes les chansons (et avec votre batteur Camille Barsamian !), mais curieusement, il n’y a pas de véritable duo. Vos morceaux ont-ils des directions artistiques qui ne le permettent pas, ou c’est un exercice que vous n’avez pas souhaité expérimenter ici, et que vous faites d’ailleurs peut-être en live ? 

C’est vrai qu’il n’y a pas de duo à proprement parler. C’est certainement dû au fait qu’on compose chacun de notre côté. C’est quelque chose qu’on aimerait bien expérimenter plus tard.

– Même si STUBBORN TREES n’est pas un groupe à proprement Metal, vous aviez confié le mix de « The Stronger The Wind… » à Fred Duquesne qui, lui, est issu de ce milieu. C’est un choix qui peut surprendre. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire appel à lui ?

Yann avait très envie de travailler avec Fred, dont il apprécie particulièrement le travail. Il est très polyvalent. Il mixe aussi bien dans des registres plus Pop Rock comme Empyr, ou Metal comme Ultra Vomit. On avait besoin de ces deux atouts pour retranscrire les dynamiques de nos morceaux, à la fois mélodiques et puissantes. Il a tout de suite compris notre son et a su mettre en valeur les subtilités de nos compositions.

– L’une des particularités de STUBBORN TREES est bien sûr son côté écologique à commencer déjà par votre nom. Vous avez donc un lien particulier à la nature. Comment cela se traduit-il dans votre démarche artistique ? Et êtes-vous plutôt comme le bambou qui fléchit sans se briser ou le gigantesque séquoia géant multimillénaire et indéboulonnable ? 

STUBBORN TREES signifie les arbres têtus. Ils poussent malgré les obstacles, ils les englobent, ou les contournent, et trouvent toujours un moyen de continuer leur route. Ce serait donc un mix entre les deux, un arbre avec une forme étrange, riche de toutes ses expériences et tenace !

Dans notre démarche artistique, ça se traduit par certains de nos textes qui parlent d’urgence climatique, mais aussi par de la récup’ de décor d’un clip à l’autre. On fabrique beaucoup de choses nous-même et on ne jette rien.

– Enfin, j’aimerais qu’on dise un mot sur cet esprit DIY que vous cultivez et qui vous caractérise aussi. C’est important pour vous d’être présents à toutes les étapes, de la conception jusqu’à la pochette de l’album ? Et puis, vous sortez aussi « The Stronger The Wind… » en autoproduction… C’est un désir de liberté totale ?

En effet, on est très DIY. Ce projet est artistiquement complet. On compose la musique, on écrit les textes, on réalise nos visuels et nos clips. Effectivement, le fait de maitriser tous les aspects du travail nous offre une liberté totale et nous permet de créer un projet artistique cohérent avec notre univers.

L’album de STUBBORN TREES, « The Stronger The Wind… » est disponible sur le site du groupe et sur toutes les plateformes :

Photos : Youri Lenquette

Catégories
Thrash Metal

Arcania : une machinerie redoutable

Efficace et déterminée, la formation basée (en partie) à Angers nous aura fait languir une décennie avant de nous offrir sa troisième réalisation. Faisant abstraction des modes et en évitant soigneusement l’uniformité bien réelle du registre, ARCANIA s’appuie sur des morceaux bien ciselés, un frontman imperturbable, un duo basse/batterie fusionnel et deux guitaristes dont la complicité est magnifiée par des solos virtuoses. Sur « Lost Generation », le groupe oscille entre hargne et des parties mélodiques très fédératrices : une maturité qui rend son Thrash Metal implacable et féroce.

ARCANIA

« Lost Generation »

(Independant)

Les aléas de la vie, les projets de chacun et d’autres avortés, puis la pandémie ont émaillé les dix dernières années d’ARCANIA et ont retardé la sortie de son troisième album. Mais « Lost Generation » est bel et bien là et le quatuor frappe très fort. Enregistré et mixé au Dome Studio près d’Angers par David Potvin, on y retrouve le Thrash Metal auquel il nous avait déjà habitués sur « Sweet Angel Dust » et « Dreams Are Dead ». A mi-chemin entre des fondations Old School estampillées Bay Area et une approche très moderne, le compromis est parfaitement à l’équilibre.

Elaborées entre 2016 et 2019, les compositions de « Lost Generation » ne souffrent d’aucun jet lag. Bien au contraire, elles sonnent très actuelles et la puissance de la production les rend intemporelles et modernes. ARCANIA ne triche pas et cela décuple sa force. Avec des musiciens de ce calibre, il est même surprenant, et dommage surtout, que le combo ne soit pas plus reconnu au regard notamment de l’actuelle scène hexagonale. Très travaillés et d’une fluidité inflexible, les dix titres varient dans les ambiances comme dans les tempos avec beaucoup de finesse.

Sur des riffs acérés, les deux guitaristes ouvrent les hostilités avec le morceau-titre, soutenus par une rythmique massive et groovy. Très véloce, ARCANIA assène un Thrash Metal dense, tout en soignant également ses accroches vocales (« Hope Won’t Last », dont on retrouve un écho intelligemment placé sur « What Will Remain »). Et si la seconde partie du disque est légèrement moins musclée, mais tout aussi technique, elle est peut-être la plus intéressante (« The Void », « Social Suicide », « Harder You Fall »  et le magistral « Now The Sun Won’t Shine »). Une leçon avec les formes.