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Groove Metal

Korn : liturgie versatile

Décidément, KORN ne cessera jamais de surprendre et de déstabiliser ses adorateurs comme ses détracteurs. Percutant, tordu, mélodique et massif comme personne, le combo navigue cette fois entre noirceur, SF et un côté expérimental plus débridé que jamais. « Requiem », sur une grosse demi-heure, vient coller une grosse claque sur un groove imparable et chirurgical. 

KORN

« Requiem »

(Loma Vista/Virgin/Universal)

Loin d’être un chant du cygne sur fond de requiem, ce quatorzième album de KORN serait plutôt une renaissance. Après le très bon « The Nothing », le combo de Bakersfield, Californie, s’est aussi retrouvé privé de scène, ainsi que sans contrat discographique. Libre, l’occasion était trop belle pour le groupe de prendre une belle respiration et « Requiem » va même au-delà des espérances.

Sans taper dans une nostalgie désespérée, KORN est au contraire revenu avec une envie nouvelle et le désir de faire simplement ce qu’il sait faire de mieux. Musicalement, le quatuor réalise un bond en arrière de 20 ans avec une production pertinente, une maturité à son sommet et un état d’esprit à l’ancienne. Celui-là même qui a montré la voie depuis des années à tant de groupes.

Toujours aussi insaisissable, Jonathan Davis livre une prestation toute en puissance et en nuances, entre fracas et mélodies millimétrées (« Start The Healing », « Disconnect »). La lourdeur et l’aspect alchimiste des riffs et ce groove si reconnaissable de la basse affichent une dextérité et une efficacité redoutable (« Let The Dark Do The Rest », « Penance To Sorrow »). KORN réalise un tour de force phénoménal sur 32 minutes intenses.

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Heavy metal

Saxon : impérissable

SAXON a le cuir épais et de la suite dans les idées. Après tant d’années passées à servir la cause d’un Heavy Metal solide et insaisissable, le quintet britannique en a encore sous le pied. Et « Carpe Diem », avec son incroyable collection de riffs racés et de solos virevoltants, s’inscrit dans la légende du groupe. Sans se réinventer, les Anglais ne bousculent pas leurs habitudes. Mieux, ils aiguisent leur talent.  

SAXON

« Carpe Diem »

(Silver Lining Music)

C’est vrai que l’album « Inspirations », triste et insipide recueil de reprises sorti l’an dernier, avait de quoi dérouter tant les vétérans de la NWOBHM paraissaient à côté de la plaque et si loin de leur niveau. Dans la foulée, Biff Byford avait fait amende honorable en sortant « Heavy Water » avec son fils Seb (qui fait d’ailleurs les chœurs sur « Carpe Diem »), mais c’est le grand et inspiré SAXON que tout le monde attendait.

Force est de constater que ce 23ème album vient remettre les choses au clair et contribue à maintenir tout le respect dû à la légendaire institution britannique. Basé sur la culture du riff, dont SAXON a toujours été un grand artisan et un fier bâtisseur, « Carpe Diem » renoue avec un Heavy Metal fougueux, galopant et acéré. Le duo Paul Quinn et Doug Scarrat aux guitares fait des merveilles et embarque tout sur son passage.

Dès le morceau-titre qui ouvre l’album, la rythmique implacable de Nibbs Carter (basse) et de Nigel Glockler (batterie) montre que SAXON reste une référence incontournable et fiable. De son côté, Biff Byford a littéralement retrouvé une seconde jeunesse et se présente avec une fraîcheur incroyable (« Age Of Steam », « The Pilgrimage », « Lady In Gray », « All For One »). Quant à la production signée Andy Sneap, elle met brillamment en lumière « Carpe Diem ». De la belle ouvrage !  

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AOR Melodic Rock

Out Of This World : une renaissance

Quand le chanteur de Fair Warning, Tommy Heart, croise le chemin de l’ex-guitariste des belles années de Europe, Kee Marcello,ça fait forcément des étincelles. Sous l’entité OUT OF THIS WORLD, le duo sort un premier album éponyme de Hard FM (AOR pour les autres), où la qualité des riffs n’a d’égal que la prestation du frontman allemand. Sur « Out Of This World », le Hard version classique se modernise et reprend vie.

OUT OF THIS WORLD

« Out Of This World »

(Atomic Fire Records/ADA)

Celles et ceux, les plus valeureux, qui ont eu la chance de ne pas découvrir la musique avec le Nu Metal ou le MetalCore se souviennent certainement de l’album « Out Of This World » de Europe sorti en 1988. A cette époque, le Hard FM, qualifié depuis de Rock mélodique ou d’AOR, battait son plein et même si les claviers se faisaient souvent envahissants, les riffs et les mélodies justement n’en étaient pas moins exceptionnelles. Alors plus de 30 ans après, OUT OF THIS WORLD remet le couvert avec une grande envie, un enthousiasme intact et surtout un feeling décuplé.

C’est donc très naturellement que l’ancien guitariste de Europe, Kee Marcello, a opté pour OUT OF THIS WORLD pour baptiser sa nouvelle aventure musicale aux côtés de Tommy Heart, frontman de Fair Warning. Et l’explosif duo a complété le groupe avec un line-up à la hauteur du niveau de ce premier album éponyme. Derrière les fûts, Darby Todd (Gary Moore, Robert Plant, …) fait la paire avec le bassiste Ken Sandlin (Alien), tandis que Don Airey de Deep Purple assure les claviers sur quatre morceaux.

Pour sublimer ce casting de choix, c’est le grand Ron Nevison (Kiss, Ozzy, Lynyrd Skynyrd, …) qui signe un mix de toute beauté. Très fédérateur sur « Twilight » et « Lightning Up My Dark », plus délicat sur « In A Million Years », percutant sur « Up To You » et le très Van Halennien « The Warrior », OUT OF THIS WORLD montre avec classe et talent toute l’étendue de son savoir-faire. En bonus, le groupe propose un deuxième opus Live regroupant des classiques de Kee Of Heart, Europe et Fair Warning. Réjouissant. 

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Power metal

Power Paladin : fantaisie héroïque

POWER PALADIN est un nouveau venu sur la scène islandaise et œuvre dans un style dont il est le seul représentant de son île : le Power Metal. Ayant parfaitement assimilé les influences des pionniers comme celles de formations plus récentes, le sextet a trouvé son style dans un univers imaginaire où la mélodie guide ce premier album très accrocheur. Particulièrement rapide et sans tomber dans la démonstration, « With the Magic of Windfyre Steel » montre une réelle originalité.

POWER PALADIN

« With the Magic of Windfyre Steel »

(Atomic Fire Records/ADA)

Féru de jeux, de littérature fantastique et d’Heroic Fantasy, le sextet islandais affiche son amour pour les grandes aventures chevaleresques dès la pochette de son premier album. Et il en va de même pour les textes de cet opus entièrement enregistré et produit par le groupe. Si l’île du Nord de l’Europe fait surtout parler d’elle avec des représentants qui donnent plutôt dans le Metal extrême ou carrément le Rock Vintage, POWER PALADIN a choisi le Power Metal… et il demeure à ce jour le seul groupe insulaire du style.

A l’évidence, le combo puise son inspiration dans les forêts magiques, les châteaux et autres dragons incendiaires. Avec sérieux, mais avec du recul, les Islandais s’engouffrent donc dans un univers féérique d’où il ressort un registre enjoué, puissant et où la mélodie semble la priorité. Car si ça va très vite chez POWER PALADIN, les morceaux restent très abordables et sont marqués par les pionniers du Heavy Metal que sont Iron Maiden et Helloween comme par la nouvelle vague dont Rhapsody ou HammerFall. Ça cogne, mais ça fédère !

Massifs et entrecoupés d’intros en forme de clin d’œil, « With the Magic of Windfyre Steel » met l’accent sur des mélodies addictives et des titres particulièrement bien travaillés et remarquablement arrangés. L’envie et la détermination se font sentir sur l’ensemble de ce premier album, qui ne manque pas de piquant et d’imagination (« Kraven The Hunter », « Dark Crystal », « Into the Forbidden »). Epique et multipliant les riffs aiguisés comme les solos endiablés, POWER PALADIN est séduisant à plus d’un titre.    

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France

Trank : transcender les genres [Interview]

Sorti en indépendant, le premier album de TRANK, « The Ropes », avait fortement impressionné tant par la qualité et la maturité des morceaux et que par le travail exceptionnel effectué sur le son et la production. Un peu plus d’un an plus tard, le quatuor est de retour avec une édition Deluxe de son opus et un second disque entièrement composé de remixes de leurs compositions originales. Pour autant, TRANK ne renie pas son style, mais aurait plutôt tendance à étendre sa palette artistique. Johann Evanno (batterie) revient sur « The Ropes », ainsi que sur la démarche qui a les a conduit à remodeler certaines de leurs chansons.

– Avant de parler de cette édition Deluxe de « The Ropes », j’aimerais que l’on revienne sur la sortie de l’album l’an dernier. Il a reçu un très bon accueil, ce qui n’est pas étonnant vu sa qualité. Vous aviez mis tous les atouts de votre côté. Ca n’a pas du être facile à accepter de ne pas avoir pu le défendre sur scène…  

Ah non ! Et ça ne l’est toujours pas ! (Rires) On attend qu’une chose, c’est de pouvoir jouer nos chansons sur scène, car on les a toujours imaginé comme ça, et idéalement sur de grosses scènes pour permettre de leur donner l’ampleur nécessaire. On est très frustré car, en concert, il se passe toujours quelque chose qui est unique : le contact avec le public, sa réaction… On attend avec impatience que ça puisse redémarrer pour retrouver ses sensations.

– Avant la sortie de « The Ropes », vous aviez partagé la scène avec de grands noms, puis fait appel à Brian Robbins (Bring me The Horizon, Asking Alexandria) pour le mix de l’album et à Andy Van Dette (Porcupine Tree, Bowie) pour le master. C’est assez rare de mettre autant de volonté, de moyens et même de patience pour un premier opus. Vous ne l’imaginiez pas autrement ?

Comme nous sommes un peu des psychopathes du ‘jusquauboutisme’, nous nous sommes dit que nous allions passer beaucoup de temps sur la composition des morceaux, et il fallait donc que derrière au niveau du son, ça suive et que ça prenne la dimension qu’on avait imaginé. On ne voulait surtout pas bâcler cette partie-là. Sur le mix, on cherchait à avoir un équilibre entre la puissance et la texture, tout en ayant un son moderne et qui ne fasse pas caricatural. Et Brian avait très bien fait ça sur certains albums. On voulait un mix agressif et équilibré par un mastering qui arrondissait un peu les angles. Andy sait parfaitement masteriser des albums qui sonnent très produits, mais également riches, en gardant aussi l’intensité des morceaux, ce qui est très important.

– Avec l’album, vous proposiez un Metal Alternatif solide et accrocheur et avec même des aspects Cold et post-Rock, ce qui est assez inédit en France et même en Europe. Vous aviez conscience qu’un certain décalage était possible ?

On n’a jamais résonné comme ça. En fait, on joue la musique qu’on aurait envie d’entendre. On a tous des goûts musicaux assez variés, ce qui peut donner, en effet, des choses pas forcément indentifiables dans un seul style. C’est aussi une grande force, je pense. Mais à l’époque où tout le monde veut mettre des étiquettes sur tout, c’est toujours un peu compliqué de répondre. Mais que ce soit un Metal très agressif ou de la Pop Electro, on y mettra toujours le même niveau de travail et de passion. 

– « The Ropes – Monolith Version » vient de sortir et sur le double-album, on retrouve les 12 titres originaux, ainsi que 11 remixes. Tout d’abord, qu’est-ce qui vous a poussé à sortir cette nouvelle édition ?

Après la sortie de l’album l’an dernier, nous avons été contactés par deux producteurs Electro avec lesquels nous avions des connaissances communes. Ils nous ont proposé de faire des remixes de certaines chansons qu’ils aimaient. On a donné notre accord et le résultat a été très bon. On s’est ensuite dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire là-dessus. Michel (André Jouveaux, chant – NDR) s’y ait aussi mis de son côté, ainsi que d’autres producteurs. A ce moment-là, on s’est dit que ça vaudrait le coup de sortir une version alternative de certains morceaux. C’est aussi un test ultime pour savoir si la mélodie est suffisamment bonne pour être jouée dans différents styles avec la même efficacité. Ca nous a permis de donner une couleur différente et de voir si ça marchait toujours.

– On retrouve TRANK dans des registres très différents des premières versions. Est-ce c’est vous qui avez décidé des atmosphères et des styles présentés ? Et avez-vous eu un regard permanent sur les remixes, ou avez-vous laissé carte blanche pour la réinterprétation des morceaux ?

En fait, on a envoyé les morceaux avec toutes les pistes sans donner de direction particulière à chacun. Et à chaque fois, à une exception près, la première version était très bonne. Dans un seul cas, on dit à l’un d’entre-eux qu’il pouvait s’éloigner encore plus de l’originale, et aller encore plus loin dans sa logique. On a fait confiance à tout le monde, tout en gardant en tête qu’il fallait que ça fonctionne toujours.  

– Vous avez donc fait appel à David Weber (ingé-son des Youngs Gods), Mokroïé et Aura Shred (deux artistes Electro français), Greco Rossetti (ingé-son de Nitzer Ebb) et vous y avez aussi contribué. Comment s’est effectué ce choix ? Est-ce par connaissance de ces artistes ou parce qu’ils ont immédiatement compris votre univers ?

David, on le connait bien, car c’est dans son studio qu’on a enregistré notre premier EP il y a quatre ans et certaines parties basse/batterie de l’album. Pour lui, c’était facile car ils nous avaient vus enregistrer et il a tout de suite eu envie de faire quelque chose. Pour Mokroïé et Aura Shred, c’est grâce à des amis communs qui nous ont mis en relation. Quant à Greco, c’est grâce à Michel qui a des contacts dans l’Electro underground. On a vraiment été ravi de toutes ces contributions. Et du coup, on a donc été très attentif à nos versions ! (Rires) Au final, c’est un très bon exercice.

– D’ailleurs, sur le disque de remixes, on observe qu’il y a deux versions de « In Troubles Times », « Take The Money And Run » et de « Bend Or Break ». Pourquoi avez-vous jugé important de présenter au final trois approches différentes de ces morceaux ?

En fait, ce sont des remixes qui nous été proposés par des personnes extérieures. De notre côté, on s’est aussi dit qu’il y aurait peut-être d’autres versions à faire. Et en marge, nous avons aussi eu pas mal de retours de fans de gaming, qui nous ont dit qu’ils adoraient écouter notre musique quand ils jouaient. On s’est dit que ça pourrait être bien de faire un remixe dans l’esprit d’une bande-son de jeu vidéo. On a vraiment été guidé par l’inspiration, et pas par calcul.

– Sans revenir sur l’idée-même de proposer des remixes, vous n’avez pas été tentés de présenter des morceaux inédits, dans la lignée de ceux présents sur l’album original ?

Non, parce que nous avons enregistré un live en studio il y a quelques mois. On devrait d’ailleurs le sortir en vidéo début 2022. Et il contient des morceaux inédits. On a voulu faire les choses dans l’ordre en sortant un album, puis un autre de remixes et ensuite on sortira d’autres nouveautés.  

– D’ailleurs, en présentant un disque de remixes très différents de votre style, n’avez-vous pas peur de dérouter un peu vos fans ?

Le feedback global qu’on a reçu de nos fans était qu’il y avait beaucoup de richesse dans nos titres. Des gens d’univers très différents s’y sont intéressés : des métalleux comme des fans de Depeche Mode, de post-Punk, de New Wave ou d’Indus. Et tous ces gens ont une culture musicale suffisamment variée pour être assez ouverts pour découvrir autre chose. C’était plutôt dans ce contexte-là au départ. Après, on a aussi voulu apporter de la diversité.

– Enfin, sur scène, de quoi seront faits les sets de TRANK ? Y inclurez-vous aussi des versions remixées de cette nouvelle édition ?

C’est une très bonne question ! Je ne pense pas qu’on jouera les versions remixées telles qu’elles, parce qu’on aime jouer la majeur partie des choses sur scène. On est de la vieille école ! En revanche, je pense que les remixes vont donner lieu à de nouveaux arrangements sur certains morceaux. Ce sera plutôt dans ce contexte-là que cet exercice nous aura été bénéfique.

La nouvelle version de l’album « The Ropes » de TRANK, « Monolith Edition », est disponible chez M&O Music.

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Alternative Rock

[Going Faster] : After Us / Snap Border

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

AFTER US – « Breaking The Dark » – Independant

2021 aura été une année studieuse pour AFTER US qui sort son EP, « Breaking The Dark », et montre déjà de très bonnes choses. Le quatuor francilien fait preuve de maturité pour un premier effort et livre quatre titres solides et bourrés d’énergie. Dans un style plus européen qu’américain, l’Alternative Rock du groupe se compose aussi de diverses influences notamment Pop, Metal et Electro. La très bonne prestation de sa frontwoman apporte une originalité supplémentaire sur des titres solides (« Home Again », « Get Out »). AFTER US a également mis l’accent sur le mix de son EP et sur des arrangements aussi précis que soignés (« City Lights », « Last Goodbye »). Avec un tel premier essai discographique, c’est maintenant la scène qui les attend.

SNAP BORDER – « Icons » – Independant

Sorti il y a tout juste un an, « Icons » fait suite au premier album de SNAP BORDER, « Alternative Current Box », qui avait fait décoller le groupe. En l’espace de cinq ans, le combo originaire de l’est de la France a affiné son registre et se présente avec un Alternative Rock tonique et percutant, qui fait aussi la part belle aux mélodies (« Dancing With The Sharks », « Evil-tions »). Accrocheurs et fédérateurs, les cinq titres d’« Icons » proposent un spectre assez large pour laisser au quintet la possibilité d’explorer de nombreuses facettes du Rock et parfois même du Metal, grâce à des riffs costauds et un chanteur convaincant (« Endscape », « Losing Side »). En attendant de retrouver SNAP BORDER avec de nouvelles compos, cet EP vaut le détour.

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Psych Rock Progressif Space Rock

Eldovar : rencontre du troisième type

Les Allemands de KADAVAR et les Américains d’ELDER se sont retrouvés en studio à Berlin en mars dernier pour de longues jams qui ont finalement débouché sur un album à l’écriture minutieuse et envoûtante. ELDOVAR et ce précieux « A Story Of Darkness & Light » ont éclos dans un Rock Progressif et psychédélique aux saveurs 70’s. Aérienne, soignée et envoûtante, la rencontre entre les deux formations tient presque de la magie… musicale en tout cas.

ELDOVAR

« A Story Of Darkness & Light »

(Robotor Records)

Si « The Isolation Tapes » sorti l’an dernier était déjà la conséquence directe de la pandémie, KADAVAR est resté actif et a enregistré au printemps dernier des jams avec différents partenaires de jeu et en l’occurrence, c’est le groupe de Rock Progressif ELDER qui s’est rendu aux Robotor Studios de Berlin pour finalement donner naissance à ELDOVAR. Très instinctif, « A Story Of Darkness & Light » n’est pas seulement un album échappatoire, mais le fruit de compositions très réfléchies. 

En dehors de Jack Donovan, bassiste d’ELDER coincé aux Etats-Unis, l’ensemble des musiciens des deux formations se sont retrouvés autour de morceaux toujours progressifs, bien sûr, mais d’où une ambiance très 70’s et Psychédélique émane de façon sauvage et très spontanée. Tout en respectant l’identité des deux groupes, ELDOVAR se pose comme un OVNI musical enthousiasmant, très créatif et « A Story Of Darkness & Light » un acte d’amour au style fondateur des sept musiciens.  

Entre Rock atmosphérique (« From Deep Within »), Folk psychédélique (« In The Way ») ou le très éthéré « El Matador », ELDOVAR combine et fait preuve d’une grande inspiration. La rencontre entre les deux semblait inévitable, car tellement évidente. L’instrumental « Rebirth Of The Twins », le Floydiens « Cherry Tree » et le monumental « Blood Moon Night » montrent une spontanéité et une dynamique intimes et saisissantes.

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Alternative Rock

Volbeat : en bon soldat

Ce nouvel album de VOLBEAT est, à en croire la presse spécialisée, très bon et est surtout l’événement de ce mois de décembre et même de cette fin d’année. Très consensuel, « Servant Of The Mind » manque pourtant de ce mordant et de cette énergie qui ont toujours défini et caractérisé le groupe danois. Et si le quatuor rentrait finalement lui-aussi dans le rang ?

VOLBEAT

« Servant Of The Mind »

(Republic Records)

Faute de pouvoir tourner, VOLBEAT enchaine les albums même si le dernier en date était justement un Live. Michael Poulsen, leader, guitariste et chanteur du quatuor s’est occupé de tout et a composé l’ensemble de ce huitième album en trois mois seulement. Sans surprise, les Danois restent dans leur registre en ayant même légèrement arrondi les angles. Une étape supplémentaire vers une accessibilité totale que le groupe semble assumer au fil des disques.

VOLBEAT présente donc 13 nouveaux titres et ça tombe plutôt bien, parce qu’il faut attendre le troisième, « The Sacred Stones », pour entrer franchement dans le vif du sujet, même si le morceau d’ouverture, « Temple Of Ektur », ne manque pas d’intérêt. Les Scandinaves prennent vraiment de l’ampleur sur scène et se sont assurés que « Servant Of The Mind » aurait lui-aussi l’impact habituel (« Shotgun Blues », « The Devil Rages On »).

Sans forcément tomber dans la facilité, VOLBEAT livre de bons morceaux aux riffs acérés et très Metal (« Step Into Light », « Lasse’s Brigitta »). Souvent plus sombres que par le passé, les Danois insistent moins sur l’aspect Pop-Punk et Rockabilly de leurs débuts pour gagner en maturité. La version Deluxe de « Servant Of The Mind » est, pour une fois, très intéressante avec cinq bons morceaux, malgré une version en demi-teinte de « Don’t Treat On Me » de Metallica.   

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Hard Rock

[Going Faster] : Smith/Kotzen / Balls Out

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

SMITH/KOTZEN – « Better Days » – BMG

En mars dernier, la collaboration entre Adrian SMITH et Richie KOTZEN avait littéralement soulevé l’enthousiasme. Ce premier album éponyme entre le membre d’Iron Maiden et le guitariste caméléon avait créé la surprise, tant l’entente entre les deux hommes était manifeste. Quelques mois plus tard, le duo revient avec un EP de quatre titres, « Better Days », peut-être un peu plus classique, mais toujours aussi relevé et efficace. Virtuoses sans être démonstratifs, SMITH & KOTZEN signent à nouveau la production que le mix de Kevin Shirley vient mettre en lumière. Un trio de choc ! Entre échanges vocaux et guitaristiques, le duo régale encore et rivalise de créativité au niveau des riffs et des solos. « Better Days » est à mettre en toutes les mains en attendant la suite.

BALLS OUT – « Volume 1 – Get Dirty » – Rock City Music Label

Plutôt que de sortir un album comme tout le monde, les Niçois de BALLS OUT préfèrent se lancer dans une trilogie d’EP, donc voici « Get Dirty », le premier volume. Et la mise en bouche est aussi musclée que savoureuse. Le quatuor envoie du Hard Rock comme on n’en entend aujourd’hui que bien trop peu. Directs et rentre-dedans, c’est à grands coups de riffs que les Français nous embraquent dans un tourbillon, où la tradition et la modernité font bon ménage (« Back To Real », « El Guapo Gonzo »). Solide et tranchant, BALLS OUT ne tremble pas et joue autant sur l’impact des mélodies que sur des rythmiques massives (« Big Load »). Et cerise sur le gâteau, Rusty Brown (Electric Mary) vient électriser « Get Dirty (Wild And Nasty) » avec brio. L’attente va être longue jusqu’au suivant…

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Modern Metal

Black Hellebore : mélange des genres

Fondé cette année, BLACK HELLEBORE ne perd pas de temps et fait preuve d’une solide et originale identité musicale dès son premier album. Montrant de multiples facettes à travers un Modern Metal décapant, le duo français se montre très audacieux et « Disorder » devrait conquérir les fans de pluralité métallique.

BLACK HELLEBORE

« Disorder »

(Independant)

Si vous aimez la diversité et que le télescopage des genres ne vous gêne pas, l’album du duo BLACK HELLEBORE devrait vous combler. Récemment créé par Cyrielle Duval (guitare, chant) et Anthony Oshé (guitare, composition) , le groupe se présente avec une première réalisation très aboutie où de multiples courants du Metal cohabitent dans une belle harmonie.

Complété en studio par Jelly Cardarelli (batterie, mix) et Stephan Forte pour la composition, BLACK HELLEBORE a fière allure comme en témoignent le niveau technique et la dextérité affichés sur « Disorder ». En dehors des chemins balisés par les lois du marketing, les Français évoluent dans un Modern Metal où viennent s’entremêler des influences symphoniques, Heavy, Indus et même Death dans les voix.

Entre la puissance claire du chant principal et des parties growl impressionnantes, BLACK HELLEBORE joue avec les genres avec une aisance presque déconcertante, tant le niveau est élevé et la production soignée et pleine de relief (« My Difference », « Unchain », « Mother Earth », « Diffraction »). Avec « Disorder », le groupe fait une entrée fracassante et devrait exploser sur scène.