Pour son troisième album, KNUCKLE HEAD a encore laissé parler sa créative liberté artistique pour livrer un nouveau chapitre de sa Dark Country. Sur la base d’un Southern Rock très roots mâtiné de Blues, de Stoner et autour d’un son très brut où l’équilibre se fait naturellement, « Holsters And Rituals » est accrocheur et intense. Quant à la production et les arrangements, ils rendent l’ensemble irrésistible.
KNUCKLE HEAD
« Holsters And Rituals »
(Independant)
Toujours aussi atypique et indépendant, KNUCKLE HEAD continue son bonhomme de chemin, façon road-trip fiévreux aux embardées mystiques. Tout en continuant à explorer la Dark Country qui a fait sa réputation, le duo alsacien a encore étoffé son jeu pour libérer sur ce très bon « Holsters And Rituals » une énergie Rock Blues très directe, rugueuse et envoûtante. Ce troisième album vient confirmer l’énorme potentiel du groupe, dont les concerts sont vibrants à souhait.
Digne successeur de « II » sorti en 2019, ce nouvel opus nous propulse dans un univers toujours aussi sombre, où le côté très roots du duo ressort de manière volcanique sur les neuf morceaux. Les lourdes rythmiques se conjuguent aux riffs sauvages et KNUCKLE HEAD déroule un registre où les nuances Psych, Stoner et Hard Blues s’accordent de façon jubilatoire. Jack Crowes (guitare, chant) et Jock Alva (batterie) se sont encore surpassés et l’atmosphère est électrique.
Comme toujours, l’alchimie est au rendez-vous et les deux musiciens avancent dans une complicité qui rend leur style si Southern unique et entraînant (« The Right Way », « Ritual »). Laissant parler le Fuzz (« Living Deep/Into The Night »), KNUCKLE HEAD se fait intense et massif (« The Necromancier », « Burn ») et s’offre même le luxe d’accueillir l’ancien fondateur du Blue Öyster Cult, Albert Bouchard, sur le génial « Existential Anger ». Chaleureux et bouillonnant !
En l’espace de trois ans, STONE AXE a tenu à bout de bras et avec une immense classe l’esprit et le son des 70’s avec une vérité d’interprétation absolue. Sorti des archives du groupe, « Stay Of Execution » est un recueil de petites merveilles savamment distillées par le grand Tony Reed et le chanteur Dru Brinkerhoff. Un bain de jouvence terriblement organique.
STONE AXE
« Stay Of Execution »
(Ripple Music)
Producteur et multi-instrumentiste dont la réputation n’est plus à faire, Tony Reed est notamment connu pour être le leader de Mos Generator et de Big Scenic Nowhere, mais ce serait oublier un peu vite STONE AXE. Fondé en 2007 avec le chanteur Dru Brinkerhoff, le duo a sorti deux albums et une quantité de splits, de singles et d’EP entre 2008 et 2011.
Si « Stay Of Execution » est un vrai plaisir à écouter, il ne faut malheureusement s’attendre à un retour du groupe. Il s’agit là d’un album d’enregistrements d’inédits et de morceaux issus d’un vinyle passé presqu’inaperçu à sa sortie. L’objectif de STONE AXE a toujours été de préserver et de montrer le meilleur des 70’s et de tout ce qui fait l’essence-même du Rock.
Entre proto-metal (« Fell On Deaf Ears », « Metal Damage» ), Southern Rock , Blues (« Sweet Sweet Time » , « Deep Blue ») et Classic Rock (« Lady Switchblade » , « For All Who Fly », « The Last Setting Sun »), le duo propose un large tour d’horizon guidé par une constance musicale étonnante. D’une authenticité rare et avec une sincérité irréprochable, STONE AXE fait l’effet d’une douce et vivifiante piqûre de rappel salvatrice.
Retrouvez l’interview de Tony Reed à la sortie de son album solo :
La chronique de son album Folk en solo :
Et enfin, la chronique du dernier album de Big Scenic Nowhere :
A la première écoute, le jeune quatuor NAKED GYPSY QUEENS fait penser à une rencontre entre Led Zep, MC5 et le Allman Brothers Band, tant son premier EP, « Georgiana », rassemble cette énergie Rock’n’Roll avec des sonorités Southern omniprésentes. Le quatuor du Tennessee combine les riffs et les solos de ses deux guitaristes avec une voix très Soul et une fougueuse rythmique. Un peu court, mais tellement bon !
NAKED GYPSY QUEENS
« Georgiana »
(Mascot Records)
J’ai l’impression qu’avec NAKED GYPSY QUEENS, Mascot Records est en train de nous refaire le même coup qu’avec The Georgia Thunderbolts, à savoir dénicher un très bon et prometteur groupe, puis nous laisser nous contenter d’un bien trop court premier EP. Car il s’agit bien de cela. « Georgiana » met en appétit et régale… pour nous laisser sur notre faim. Cinq titres pour 20 minutes de Southern Rock, il faudra donc s’en satisfaire.
Originaire de Franklin, Tennessee, le quatuor se connaît depuis le lycée et cela s’en ressent dans l’intensité et leur complicité artistique. Ces quatre-là se connaissent sur le bout des doigts et avancent les yeux fermés dans un Rock très 70’s et Southern. Et c’est pourtant à Detroit que NAKED GYPSY QUEENS a été enregistrer « Georgiana », comme pour mieux capter le son et l’essence-même du Rock.
Affichant un jeu incandescent où de grosses guitares côtoient une belle et solide rythmique, ce premier EP bénéficie d’une production brute, chaleureuse et très spontanée (« Georgiana », « Strawberry Blonde #24 », « Wolfes »). NAKED GYPSY QUEENS sait aussi se montrer plus délicat avec « If Your Name Is New-York (Then Mine’s Amsterdam) », où les Américains avancent crescendo. Une découverte à ne surtout pas manquer !
Quand l’un des meilleurs guitaristes de notre beau pays décide de se faire plaisir avec deux amis également chevronnés et rompus à l’exercice, ça fait plus que piquer la curiosité. Et il est justement question de piquant avec ce « Hot Sauce » fraîchement livré par COUR SUPREME. Rock, Hard, Southern, Heavy et Boogie Blues, la recette du trio est sacrément épicée.
COUR SUPREME
« Hot Sauce »
(Independant)
Depuis une bonne décennie maintenant, COUR SUPREME bâtit son Power Rock dans un registre où peu de groupes osent d’aventurer dans l’hexagone. Cela dit, le trio n’est pas composé de lapins de trois semaines, mais de musiciens qui n’ont plus rien à prouver et qui, à travers cette formation, se font tellement plaisir que cela s’entend sur chaque note de ce troisième album « Hot Sauce ».
Après « Milestone », un EP sorti en 2020 en guise de préambule, Jean-Marc Palma (basse, chant), Gilles Chevalier (batterie) et Judge Fredd (guiatre, chant) proposent un album complet et plutôt relevé. Avec « Hot Sauce », COUR SUPREME a aussi resserré les rangs et affiche un songwriting racé et efficace. Brut, mais non sans nuances, le trio va à l’essentiel et se montre aussi chaleureux que massif.
Si on avait déjà pu découvrir le percutant « Big Zulu » qui se fond parfaitement dans l’album, le reste de cette nouvelle galette révèle de bien belles surprises (« Rocky Road », « Subterranean Rodeo », « Get Your Fire », « Mustang »). Sur une production soignée, COUR SUPREME distille son Hard Blues, ou son Heavy Boogie c’est selon, avec une touche Southern et un esprit Blues bien ancré. Une saine respiration.
Rarement un groupe n’aura aussi bien porté son nom. GRANDE REVIVAL vient alimenter le feu sacré d’un Southern Rock très Blues et Heavy avec une vivacité et un talent incroyable. Aux guitares, Dirty Dave Osti et Craig Erikson montrent un panache renversant en se mettant au diapason d’un registre hors du temps. « Liberty Station » est intemporel, inspiré et rend un magnifique hommage à la guitare.
GRANDE REVIVAL
« Liberty Station »
(Grooveyard Records)
Basé dans l’état de New-York, le label Grooveyard Records a pour objectif de valoriser la guitare du moment qu’elle soit Rock, Blues, Heavy et un brin Old School. Il a aussi la particularité de sortir des pépites, et celle-ci en est une très belle. GRANDE REVIVAL est l’œuvre des deux artilleurs de la six-cordes Dirty Dave Osti et Craig Erikson, et la combinaison des virtuoses débouche sur un Southern Blues mâtiné de Hard et de Rock.
Vétéran chevronné et véritable guérillero de la guitare, Dirty Dave Osti distille ses riffs et ses solos avec une vision intense, solide et des vibrations uniques. Le Californien fait des merveilles et impressionne. Et son compagnon de route, Craig Erikson, n’est pas en reste non plus. Le multi-instrumentiste de l’Iowa multiplie les acrobaties musicales répondant note pour note et donnant une saveur supplémentaire à GRANDE REVIVAL, qui n’en manque pourtant pas.
Pour épauler le duo, on retrouve une rythmique de choc composée d’Anthony James Tuco à la basse et Cosmos Beuz à la batterie. Et dans une ambiance légèrement vintage, grasse et généreuse, le Southern Heavy Rock de GRANDE REVIVAL ronronne et atteint sans des sommets d’où transpire un amour pour un Blues électrique et organique. « Liberty Station » donne libre-court à l’expression guitaristique et à l’authenticité.
Exceptionnel groupe de scène, c’est pourtant en studio que s’est enfermé GOV’T MULE pour ce somptueux « Heavy Load Blues », sorte d’hommage à ceux qui ont influencé les Américains au fil de toutes ces années. Souvent très roots, on croirait cette nouvelle production enregistrée il y a des décennies tant elle sonne avec une vérité absolue et une spontanéité incroyable. Le groupe arrive là où on ne l’attend pas, et le résultat est encore une fois époustouflant.
GOV’T MULE
« Heavy Load Blues »
(Fantasy Records)
Depuis 1994, et alors qu’ils quitteront le Allman Brothers Band trois ans plus tard, Warren Haynes (guitare, chant) et Allen Woody (basse, chant et décédé en 2000) avec Matt Abts (batterie) ont décidé de créer GOV’T MULE qui est rapidement devenu un groupe emblématique de jam endiablé, dont le terrain de jeu reste bien sûr le Blues Rock et le Rock Sudiste, dont il est aujourd’hui la référence incontestable du genre. Et sur 13 morceaux et près d’une heure vingt, le quatuor régale.
Même si les Américains ont cette particularité d’avoir sorti une grande quantité d’albums live, c’est pourtant en studio qu’a été concocté « Heavy Load Blues », constitué uniquement de reprises, parfois même étonnantes. Toujours guidé par la voix et la guitare de Warren Hayes, GOV’T MULE n’a bien sûr pas pu s’empêcher s’y poser sa patte et de quelle manière ! D’Elmore James à Tom Waits, Junior Wells, Sonny Boy Williamson, Muddy Waters ou Otis Rush et même Whitesnake, le tour d’horizon impressionne.
A travers « Blues Before Sunrise », « Wake Up Dead », « Ain’t No Heart Of The City » ou encore le fabuleux « Fell Like Breaking Up Somebody’s Home », ce qui surprend surtout sur « Heavy Load Blues », c’est ce son d’une authenticité rare. En effet, l’album a été enregistré au Power Station en Nouvelle-Angleterre en prise directe et sur bandes analogiques, rendant ses lettres de noblesse à ce qui procure au Blues cette sincérité vintage et intemporelle. Décidemment, GOV’T MULE n’en finira jamais de surprendre.
Originaire de Rome, Georgie, au pied des montagnes Appalaches, THE GEORGIA THUNDERBOLTS a frappé les esprits dès son premier EP éponyme sorti l’an dernier. Le quintet américain s’est approprié avec élégance, force et savoir-faire le Southern Rock de ses aînés tout en y insufflant une vision moderne et un son étincelant. Avec « Can I Get A Witness », le groupe enfonce le clou et confirme le talent et la créativité perceptive sur son premier effort. Zach Everett, bassiste de la formation, revient sur leur démarche artistique, leur vision de la vie et ce que le Southern Rock véhicule dans sa musique.
– A l’été 2020, vous avez créé la sensation en sortant un premier EP éponyme tellement réussi qu’il a beaucoup fait parler et vous a ouvert de nombreuses portes. Comment avez-vous vécu cette période qui a été le véritable point de départ du groupe, en tout cas médiatiquement ?
L’expérience des médias avec la sortie de notre EP en 2020 a été vraiment très intéressante. Nous étions encore novices dans ce genre d’exercice et c’était à la fois une expérience et un apprentissage amusant et parfois aussi stressant ! Aujourd’hui, nous sommes bien mieux armés, même pour en jouer le plus possible.
– Entre cet EP et « Can I Get A Witness », on note une continuité dans la production avec des morceaux puissants, chaleureux et des arrangements très soignés. Quelles différentes majeures faites-vous entre ces deux enregistrements ?
L’année dernière, nous avons sorti l’EP en raison des circonstances dues à la pandémie. Ce premier album, y compris l’EP, était terminé depuis deux ans. Au niveau des compositions, nous écrivons toute notre musique ensemble à chaque fois. Nous faisons des jams, nous essayons beaucoup de choses assez simplement et on voit ce qu’il en ressort. Et c’est ce processus de création qui donne ce que chacun peut ensuite écouter.
– Votre Southern Rock tranche avec la tradition grâce à un son très actuel. Si le style a déjà un côté intemporel, dû sûrement à ses côtés Blues et Country, vous renouvelez pourtant le genre. Quel est votre regard et quel héritage retenez-vous de la période 70’s et 80’s ?
En fait, tout ce que nous avons retenu du passé et qui nous a inspiré se retrouve dans notre musique. Notre désir est aussi de vouloir transmettre tout ça aux futurs groupes pour continuer de porter le flambeau. Tout ça concerne même plus la vie que la musique, parce que la musique reflète notre quotidien et ce que l’on ressent. Le message est simple : soyez honnête, soyez alerte, travaillez dur pour atteindre un objectif et soyez vrai. Ce sont des choses que nous essayons de vivre au mieux, car c’est comme ça que nous avons été élevés. Et c’est de cette manière que naissent nos inspirations.
– Contrairement à la plupart des formations Southern Rock, vous n’affichez pas trois guitaristes, mais les claviers et le piano ont un grand rôle. C’est aussi une façon de vous distinguer et de vous concentrer sur le côté chanson plutôt que sur l’instrumental ?
Je pense que l’absence d’un troisième guitariste et d’un claviériste était un moyen très naturel et aussi imprévu pour nous distinguer des formations traditionnelles de Rock Sudiste. Pour nous, l’important est de rester les meilleurs amis du monde, en étant attentifs à ce que personne ne viennent s’immiscer dans le groupe.
– Tout en affichant un style très moderne et ancré dans son temps, vous reprenez aussi « Midnight Rider » du Allman Brothers Band. C’est une manière de leur rendre hommage et finalement de rappeler où sont vos racines musicales ?
Oui, « Midnight Rider » est résolument un hommage au Allman Brothers Band. Cela dit, c’est également et simplement le désir de reprendre une bonne chanson. A nos yeux, c’était le meilleur compromis et le pont idéal.
– Après une période où le Southern Rock a peu fait parler de lui et a livré assez peu de nouvelles productions, on assiste à un superbe revival avec des groupes comme Blackberry Smoke, Whiskey Myers, Robert Jon & The Wreck et vous-même, bien sûr. Comment l’expliquez-vous ? Il y a eu une certaine nostalgie chez les fans ?
Je pense que c’est naturellement le juste retour des choses et d’un genre. Mais tout cela s’est produit sur une assez longue période. Le socle de fans a également évolué et s’est vraiment agrandi. Finalement, nous sommes vraiment arrivés au bon moment pour aider à faire avancer cette culture et cette musique.
– Enfin, pouvoir prendre la route et remonter sur scène doit aussi vous ravir ! L’attente n’a pas été trop longue ?
Pouvoir reprendre la route a été quelque chose de formidable ! C’est là où nous nous sentons le mieux et c’est là que nous voulons être ! Fédérer le plus de monde à notre musique et passer un bon moment avec nos fans est vraiment la vie que nous aimons.
L’album, « Can We Get A Witness”, de THE GEORGIA THUNDERBOLTS est disponible depuis le 15 octobre chez Mascot Records.
Des riffs accrocheurs, un pianiste de haut vol, des chœurs enchanteurs, une rythmique souple et groovy, des cuivres saisissants et un chanteur captivant : telle est la formule imparable de ROBERT JON & THE WRECK depuis dix ans maintenant. Avec « Shine A Light On Me Brother », les Californiens donnent dans un Southern Rock savoureux et addictif, tout en se renouvelant de très belle manière.
ROBERT JON & THE WRECK
« Shine A Light On Me Brother »
(Independant)
Depuis sa création en 2011, ROBERT JON & THE WRECK fait partie de cette nouvelle génération de Southern Rock américaine et commence très sérieusement à s’imposer avec classe, grâce à un talent qui se fait de plus en plus évident. Ayant tourné avec les plus grands dont il a obtenu la reconnaissance et même l’admiration, le groupe fait déjà son retour avec un brillant album.
Après « Last Night On The Highway » sorti l’an dernier et acclamé autant par la critique que par des fans de plus en plus nombreux, ROBERT JON & THE WRECK brille une fois encore avec ce « Shine A light On Me Brother », dont la créativité est plus éclatante que jamais. Très mélodique, original et accrocheur, ce nouvel album devrait définitivement asseoir la stature des Californiens.
Mariant le Blues, le Rock et le Rhythm’n Blues dans un univers Southern assumé et aussi libre que le style lui-même, le quintet ne se refuse rien en incluant notamment une session cuivres chaleureuse avec des chœurs féminins solaires et magnifiquement arrangés (« Everyday », « Chicago », « Desert Sun », « Anna Maria »). ROBERT JON & THE WRECK est définitivement entré dans la cour des grands.
Songwriter de grande classe et brillant musicien, STEPHEN FOSTER incarne l’âme Southern dans toute sa splendeur et son large spectre. Avec son groupe HOWLER, basé à Muscle Shoals en Alabama, le musicien, qui a sorti huit albums cette dernière décennie, livre un « Southern » qui rappelle ô combien le sud américain est inspirant.
STEPHEN FOSTER & HOWLER
« Southern »
(Thoroughbred Music)
Les fans de Blues et de Southern Rock connaissent STEPHEN FOSTER. Le guitariste, claviériste et songwriter de génie est une légende et œuvre depuis cinq décennies au service de la musique made in Muscle Shoals. Cette agglomération d’Alabama est mondialement connue pour ses studios qui ont fait les belles heures des charts américains. Proche de Memphis et de Nashville, ce haut lieu résonne toujours.
Compagnon de jeu de Percy Sledge et compositeur pour Lynyrd Skynyrd, STEPHEN FOSTER a travaillé avec le gratin et revient aujourd’hui avec son groupe HOWLER. Constitué de musiciens ayant joué avec Little Richard et Jerry Lee Lewis, le quatuor a une allure de grosse machine… et c’en est une ! Combinant, Blues, Rock, Americana et Boogie-woogie, les Américains portent l’âme et le son du sud des Etats-Unis avec brio.
« You Can’t Take Me Home », premier extrait de « Southern », a été écrit en hommage à son ami Ronnie Van Zant disparu tragiquement en 1977. A l’écoute du morceau, on comprend mieux la complicité et le passé commun que STEPHEN FOSTER partage avec Lynyrd Skynyrd. L’album est d’une grande sincérité et les morceaux sont aussi brûlants qu’ils peuvent être touchants et profonds (« Little Things », « Cathead Blues », « Biloxi », « Arkansas »).
Il fut un temps, pas si lointain d’ailleurs, où l’on était encore autorisé à parler de Rock Sudiste… Les aficionados s’en souviennent encore. En un rien de temps, nous sommes passes au Southern Rock, ce qui ne change rien au propos, mais bon… C’est politiquement correct au moins et ça évite à certains de moudre un grain bien trop épais.
Aux côtés des Blackberry Smoke, de Whiskey Myers et de quelques autres, ROBERT JON & THE WRECK s’est fait lui aussi une belle place dans ce renouveau que vit la scène américaine notamment. Avec un superbe dernier album, « Last Light On The Highway », les Californiens montrent qu’il faudra désormais compter sur eux à l’avenir.
Chanteur et guitariste du quintet, Robert Jon m’a fait le plaisir de répondre à quelques questions, histoire de faire un peu le tour de la question, de parler de l’ascension du groupe et surtout de la période pandémique qui les a coupé en plein élan. Entretien.
– En l’espace de quelques albums, le groupe est passé d’étoile montante du Southern Rock à formation-phare de la nouvelle génération. Même si cela ne devait pas être l’objectif, c’est une belle récompense, non ?
C’est très flatteur, mais j’ai l’impression que nous sommes, en fait, plus souvent en concurrence avec nous-mêmes. Nous voulons que chaque disque, chaque chanson et chaque performance soient meilleures que les précédents. Nous n’avons pas vraiment beaucoup de temps pour s’arrêter et flâner, car c’est à ce moment-là que les groupes perdent leur avantage.
– Après « Take Me Higher » et surtout depuis « Last Light On The Highway », les choses sont allées assez vite pour vous. Comment avez-vous vécu ces deux dernières années ?
C’était un tourbillon d’opportunités amusantes et excitantes. Etre frappé ensuite par le Covid a été un arrêt tellement difficile vu la vitesse à laquelle tout se passait. On est passé de la vitesse maximale à zéro, et cela a nécessité beaucoup de réajustement pour tout le monde. Nous étions censés être en tournée pendant la majeure partie de l’année 2020 et sortir aussi notre disque. Nous avons fini par essayer de comprendre comment survivre à tout cela. Heureusement, nous nous sommes rencontrés régulièrement pour rester sains d’esprit et nous concentrer sur la musique.
– « Last Light On The Highway » est aussi brillant dans ses compositions que dans la production qui est très organique et lumineuse. C’est assez rare de sortir un aussi bon album un an seulement après le précédent. Vous aviez déjà plusieurs morceaux prêts et une idée précise de l’album ?
Merci, c’est vrai que nous sommes vraiment fiers de l’album. Nous n’avons jamais vraiment d’idées avant de commencer le processus d’écriture. Les albums s’assemblent tous assez rapidement. De l’écriture à l’enregistrement, cela ne prend que quelques mois. Plus précisément, la chanson « Last Light On The Highway » a été composée et finalisée en juste quelques jours. Et cela s’est avéré meilleur que nous n’aurions jamais pu l’imaginer. J’ai d’ailleurs hâte de la jouer en concert.
– Quand on vous dit que vous représentez la relève du Southern Rock avec tout ce que ça comporte par rapport à l’héritage que cela représente, vous sentez-vous dépositaire de cette identité musicale ?
Pas vraiment. Je pense que ma voix et son côté émotionnelle ont cette qualité de nous pousser dans cette direction malgré tout. Nous aimons des groupes comme les Allman Brothers et les Black Crowes, et dire qu’ils n’ont pas d’influence serait un mensonge. Mais nous aimons une tonne d’autres groupes aussi, et qui nous ont marqué. J’espère surtout qu’on se distingue de ces groupes de la bonne manière pour nous permettre de tracer notre propre chemin.
– En écoutant les médias et aussi les fans, on a l’impression qu’il ne s’est passé depuis Lynyrd Skynyrd, Allman Brothers Band, Molly Hatchet et quelques autres. Est-ce que c’est aussi ton sentiment ? Le Southern Rock a-t-il besoin de sang neuf ou juste d’un éclairage à la hauteur du style ?
Il y a beaucoup de groupes de Southern Rock incroyables qui entretiennent la flamme. J’ai l’impression qu’il est facile de devenir un groupe presque « cloné » avec de la musique originale ces temps-ci. Beaucoup de choses ont été faites dans le Rock’n’Roll. Donc essayer d’être les nouveaux Allman Brothers ou Molly Hatchet, et aussi bons que soient le groupe, vous laissera forcément dans l’ombre de ceux qui l’ont déjà fait mieux que vous. Cela dit, si vous avez besoin de nouveautés, écoutez donc Them Dirty Roses, Dirty Honey et Markus King, qui font un sacré bon travail.
– Alors que vous enchainiez les concerts après la sortie de l’album, vous avez été stoppés net, comme tout le monde, par la pandémie. Quels ont été vos premiers sentiments ?
Au début, tout le monde disait que ce serait fini dans deux semaines, et cela n’a bien sûr pas été le cas. Ensuite, nous avons dû décider de ce que nous étions à même de faire en tant que groupe. Quand j’ai réalisé pour la première fois que ce serait beaucoup plus long que ce que tout le monde disait, il me restait en fait beaucoup de nouvelles choses à découvrir dans ma vie. Alors, que faire de ce temps en restant productif ? Comment ne pas me sentir déprimé tous les jours ? C’est dur lorsqu’on n’a rien à faire. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a beaucoup de choses qui se passent en concert. Ce n’est pas seulement une question d’argent ou de rapport aux fans. Il y a un sentiment d’accomplissement après un spectacle et enlever ce sentiment est une pilule difficile à avaler. Ça a donc été le bon moment pour réfléchir et découvrir à nouveau ce qui était important pour moi.
– Depuis vous donnez rendez-vous chaque semaine à vos fans à travers « The Wreck Podcast » qui approche d’ailleurs la centaine de numéros (84 pour être précis). Peux-tu nous expliquer en quoi consistent ces émissions ?
Ce Podcast a été une bouée de sauvetage pour nous et pour nos fans. Nous parlons de ce que nous faisons, nous buvons de la bière, nous écoutons de la musique et nous avons des invités. C’est toujours très amusant de se connecter avec de vieux amis comme Todd de Rival Sons, par exemple. Nous ne l’avions pas vu depuis des années et c’était comme si nous venions de nous voir. C’est notre formule numérique pour être dans un bar et filmer toute cette merde due à la pandémie.
– Et puis, il y a aussi ces shows-case en direct du ‘Hangar 24’ dans votre ville d’Orange County en Californie. Comment cela se passe-t-il et comment vous organisez-vous pour les mises en place ?
Nous avons un ami nommé John Hampton, qui organise des événements musicaux depuis 20 ans dans le comté d’Orange. Son travail a aussi été vaincu par la pandémie. Alors, il cherchait un lieu pour faire des spectacles et il l’a trouvé à travers le ‘Hangar 24’.
Le site extérieur a la taille d’un terrain de football et permet aux gens d’être aussi proches ou aussi loin qu’ils le souhaitent des autres. Ces spectacles ont été incroyables non seulement pour nous, mais aussi pour les autres groupes locaux du comté d’Orange. Ça nous a rappelé pour quelles raisons, on joue tous de la musique. Il y a des tonnes de personnes qui ont besoin d’une sortie régulière, et qui ont besoin d’un endroit pour voir et écouter de la musique live. J’ai l’impression que cela fournit un excellent service à la communauté. Je suis vraiment très fier que John et notre équipe aient pu aider à mettre tout ça en place.
– Un petit mot justement sur le fait que vous veniez de Californie et pas d’un Etat du Sud comme c’est le cas très souvent. Là aussi, les frontières commencebnt à bouger. Le voyez-vous comme une démocratisation du Southern Rock ?
A Orange Country, tout le monde a un parent qui écoute du Classic Rock à la radio. Grateful Dead, par exemple, a un énorme impact dans le comté d’Orange et cela se ressent dans ce que nous faisons. Nous avons grandi en écoutant du Punk Rock, du Grunge et du Metal. Nous essayons juste de ne pas y penser quand nous écrivons de la musique. L’éventail de chansons américaines est le même partout dans le pays, et à mesure que nous voyageons, il est presque le même partout dans le monde. Nous tirons donc tous vers les mêmes influences que tout le monde. Nous ne faisons pas tout notre possible pour être un groupe de Southern Rock, nous ne faisons que jouer la musique que nous aimons. Les gens trouveront toujours une étiquette et cela nous convient si cela les aide à découvrir notre musique.
– Enfin, vous venez d’annoncer les nouvelles dates de votre venue en Europe et notamment ici en France pour deux concerts. Vous devez être impatients de reprendre la route, non ? Et sans vouloir jouer les chats noirs, vous avez bon espoir que cette tournée se passe dans des conditions presque normales ?
Nous sommes à la fois excités et terrifiés. Passer d’un rythme très soutenu à un arrêt total est une chose. Mais retrouver de nouveau ce rythme effréné sans savoir si les choses vont changer, c’en est une autre. Mais cette fois, tout semble laisser penser que c’est véritablement la fin de la pandémie et nous sommes particulièrement ravis de revoir les fans et de leur proposer des concerts incroyables !
Vous savez donc ce qu’il nous reste à faire : croisons tout ce qui peut l’être !
« Last Light On The Highway » est toujours disponible.