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Progressif Sludge

Somnuri : le grand plongeon

Audacieux et percutant, SOMNURI aurait tout du parfait combo HardCore de Brooklyn, si le trio n’avait jeté son dévolu sur un Sludge Progressif dévastateur. Rugueux et sans compromis, « Nefarious Wave » propose pourtant une harmonie musicale addictive et sans complexe. Furieux et terriblement groovy, les Américains déferlent avec une énergie contagieuse.

SOMNURI

« Nefarious Wave »

(Blues Funeral Recordings)

Forgé et endurcit par la rudesse de son quartier de Brooklyn, le trio de Sludge Progressif SOMNURI explose, dans tous les sens du terme, sur ce deuxième album qui fait suite une première autoproduction qui avait déjà fait beaucoup de bruit. Cette fois, c’est un déluge de décibels nourris de riffs plus imposants les uns que les autres que déversent les New-Yorkais, sans jamais lever le pied.

Si Justin Sherrell (guitare, chant), Philippe Armon (basse) et Phil SanGiocomo (batterie) donnent l’impression de pousser le bouchon un peu loin avec « Nefarious Wave », c’est qu’ils le font vraiment sur cet album dégoulinant d’adrénaline. Assommant et virulent, SOMNURI possède une réelle vision musicale, laquelle se balade entre des déflagrations hyper-Heavy et des envolées progressives captivantes.

Mixé par son survolté batteur, « Nefarious Wave » est aussi massif que polymorphe, tant le trio s’amuse à multiplier les changements de tempos et les progressions guitaristiques. Tenu par un groove compact et agressif, SOMNURI ne se facilite pas la tâche et s’en sort grâce à une technicité hors-norme (« Tied To Stone », « Desire Lines », « Watch The Lights Go Out », « In The Grey »). Cataclysmique !    

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Metal Progressif Rock

Wine Guardian : un destin en main

L’heure pour WINE GUARDIAN de briller au sein de la scène Metal et Rock progressive italienne, et même au-delà, serait-elle enfin venue ? Avec « Timescape », le trio affirme son style et se montre percutant et inventif. Après un EP et un premier album autoproduits, les Transalpins paraissent plus prêts que jamais.

WINE GUARDIAN

« Timescape »

(Logic II Logic Records/Burning Mind Music)

Présent sur la scène Metal progressive depuis maintenant 13 ans, WINE GUARDIAN ne livre pourtant que son deuxième album après un premier EP en 2014. Malgré une discographie peu étoffée, les Italiens se sont fait rapidement remarquer et « Timescape » vient confirmer tous les espoirs placés en eux. Et avec ce nouvel opus, le trio devrait enfin prendre son envol.  

Après avoir évolué sur ses premières réalisations dans un registre rappelant Queensrÿche, Savatage et Fates Warning, WINE GUARDIAN a considérablement modernisé son jeu, tout en gardant des sonorités Heavy Metal très marquées. Et les Transalpins ont également conservé un côté très Rock, ne se privant pourtant pas quelques expérimentations tout en restant toujours aussi pertinents.

Avec « Timescape », Lorenzo Parigi (guitare, chant), Stefano Capitani (basse) et Davide Sgarbi (batterie) se montrent particulièrement inspirés et la qualité technique affichée et très bien mise en valeur sur une production précise et soignée (« Chemical Indulgence », « Digital Drama », « The Luminous Whale » et le très bon « The Astounding Journey »). WINE GUARDIAN déploie une belle créativité et on attend la confirmation.

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Progressif Rock

Frost* : une persistance de haut vol

Toujours très présent sur la scène progressive, FROST* se détache peu à peu de l’étiquette de super-groupe qui lui colle à la peau et affirme au fil des albums un style de plus en plus personnel et reconnaissable dès les premières notes. Sur ce quatrième véritable album, les Britanniques font parler la poudre sur des mélodies originales, entre percussion et raffinement.

FROST*

« Day And Age »

(InsideOut Music)

Et si on arrêtait de demander à des groupes comme FROST* de révolutionner le genre pour n’attendre simplement d’eux qu’ils livrent de bons et même de très bons albums ? Le hasard (quoique) faisant bien les choses, c’est très précisément ce que les Britanniques viennent de faire avec « Day And Age ». Nul besoin de revenir sur la qualité technique du trio tant elle est incontestable, alors profiter simplement de ce nouvel album suffit finalement à y prendre du plaisir. 

Les plus austères aficionados de Rock Progressif y verront toujours des sonorités proches de Genesis, Alan Parson ou encore Pink Floyd et le reste du catalogue. Mais peu importe, FROST* mène avec vigueur, dextérité et créativité sa barque, qui n’est pas prête de chavirer… contrairement à toutes celles précitées. Le trio reste dans un registre qui a construit sa réputation et qui, s’il ne surprend pas toujours tout le monde, a au moins le mérite d’être très bon à bien des égards.

Talentueux et chevronnés, Jem Godfrey (claviers, chant), John Mitchell (guitare) et Nathan King (basse) font toujours preuve de puissance et de raffinement dans leurs compos (« Day And Age », « The Boy Who Stood Still »). Mélodique et sur des structures aux breaks féroces, FROST* a également fait appel à trois batteurs différents, tout en maintenant un groove explosif (« Island Life », « Repeat To Fade »). Multipliant les ambiances, les Anglais livrent un album intense et très personnel.

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Hard Rock International Progressif Rock

The Vintage Caravan : résolument moderne ! [Interview]

C’est en 2006 sur leur île, l’Islande, qu’ont résonné les premiers riffs, les premières rythmiques et les premiers refrains de THE VINTAGE CARAVAN. Cinq albums plus tard, c’est un trio plus qu’aguerri, sûr de lui et terriblement inspiré qui arpentent les scènes du monde entier. Avant de les retrouver pour quatre dates françaises l’an prochain, entretien avec le très bon et très sympathique bassiste du trio, Alexander Örn Númason, qui revient sur cette belle épopée et une aventure faite de persévérance et de travail.

– Vous avez créé THE VINTAGE CARAVAN alors que vous étiez très jeunes et avec un premier deal d’album il y a presque 10 ans. J’imagine que cette déjà longue expérience vous a permis d’éviter certains écueils professionnellement ?

Oui, c’est vrai que le groupe existe depuis un certain temps maintenant. Je pense que nous avons eu la chance d’avoir beaucoup d’opportunités dans notre carrière, mais nous avons aussi commis beaucoup d’erreurs. C’est inévitable, mais cela vous oblige à faire de meilleurs choix par la suite. Ça a été financièrement difficile de faire fonctionner le groupe, mais cela s’améliore avec l’expérience que nous avons maintenant !

– Après votre premier album éponyme, « Voyage », « Arrival » et « Gateway » ont assis votre réputation qui a été confortée par de très bonnes prestations live. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette dernière décennie, alors que sort votre cinquième album « Monuments » ?

Eh bien, je pense que les choses se sont toujours déroulées assez lentement mais toujours régulièrement pour THE VINTAGE CARAVAN. Rien n’a vraiment été jamais tout noir ou tout  blanc. Nous travaillons très dur à la fois sur scène et en dehors, et finalement on récolte ce que l’on sème. Nous sommes toujours aussi impatients et nous cherchons à être meilleurs dans ce que nous faisons. Alors, on attend avec impatience ce que la nouvelle décennie nous réserve !

– Avant de parler du nouvel album, pourquoi avoir quitté Nuclear Blast pour Napalm Records ? Votre collaboration ne répondait plus à vos attentes ?

Nuclear Blast a récemment été rachetée par un grand conglomérat de médias et ils ont procédé à un changement complet de personnel dans tous les départements. Nous avions la possibilité d’aller chez Napalm Records et nous avons pensé que c’était le moment idéal. Nous espérons beaucoup des nombreuses années à venir chez Napalm. Ce sont vraiment des gens formidables !

– Il y a quelques années, en 2014, vous avez aussi quitté votre Islande natale pour le Danemark. C’était devenu compliqué pour vous de tout gérer depuis votre île ?

C’est tout simplement impossible sur le plan logistique, notamment pour les tournées, car il faillait toujours s’envoler vers et depuis l’Islande. Nous avons eu la chance de pouvoir déménager au Danemark et de vivre juste à côté de la frontière allemande. Alors, c’est ce que nous avons fait. Nous y sommes restés deux ans et nous avons fait en moyenne 80 à 90 concerts par an, ce qui n’aurait jamais été possible depuis l’Islande. Nous voulions juste jouer tous les spectacles qui présentaient, peu importe d’ailleurs le tarif ou le nombre de spectateurs. Maintenant, c’est un peu différent, nous sommes plus établis et que nous pouvons choisir avec une plus grande liberté.

– THE VINTAGE CARAVAN présente aussi un line-up stable depuis le départ de votre premier batteur. Le côté solaire et positif de votre musique vient-il aussi de cette sérénité acquise dans la durée ? Vous vous connaissez très bien tous les trois…

Nous avons le même line-up maintenant depuis environ 6 ans, ce qui est vraiment agréable. Le changement de batteur a été une situation très stressante, il a donc fallu un certain temps pour s’adapter. Mais maintenant, nous nous sommes posés et avec ce deuxième album avec ce même line-up, nous savons comment travailler ensemble plus simplement, tout en restant très concentrés pour obtenir le meilleur résultat.

– L’ADN du groupe réside dans ce groove incroyable guidé par des influences très 70’s, Psych et progressive. Vous qui n’avez pas connu cette époque très créative, comment êtes-vous tombés amoureux de ce style et que lui trouvez-vous de si pertinent ?

La musique qui vient de cette époque est tout simplement incroyable et aussi très diversifiée. Il y a une grande liberté qui s’entend sur les albums Prog qui sont sortis comme King Crimson, Yes, Rush et beaucoup d’autres. C’est juste quelque chose qui a toujours résonné en nous. Mais il y a aussi beaucoup d’influences modernes et, honnêtement, je pense qu’il n’y a pas de groupe de Rock qui ne soit pas, au moins un peu, influencés par les groupes des années 70, à savoir Led Zeppelin, Black Sabbath, Jimi Hendrix, etc.

– Sur ce nouvel album, on sent qu’un cap a été franchi dans les compostions comme dans les arrangements, qui sont beaucoup plus riches que sur « Gateway » notamment. C’est aussi votre sentiment ?

Bien sûr, nous nous efforçons toujours d’être meilleurs dans ce que nous faisons et cela implique bien sûr les compositions, mais aussi les arrangements. Personnellement, cela fait longtemps que je ne me concentre plus sur le simple fait de devenir un meilleur bassiste. Maintenant, il s’agit plus concrètement de comprendre l’espace et la profondeur qui accompagnent les morceaux et les enregistrements, ainsi que d’essayer de créer des chansons qui n’ont pas de points faibles en termes de flux. C’est le processus actuel et j’espère qu’avec le prochain album, nous serons encore meilleurs !

– Sur « Monuments », on retrouve les ingrédients de THE VINTAGE CARAVAN avec des envolées très Hard Rock, parfois Metal, et cette fois il y a aussi un côté Stoner plus prononcé. Et c’est vrai que votre style s’y prête bien. C’est un registre que vous vouliez explorer depuis longtemps ?

Je pense que nous avons atteint le sommet dans notre côté Stoner Rock avec « Arrival ». Il y a énormément d’influences sur ce nouvel album avec notamment du Rock, du Metal et du Stoner, mais aussi beaucoup de Funk, de Jazz, voire de Hip-Hop. Nous avons tous des goûts musicaux assez variés, donc cela finit par être un joli melting-pot. C’est parfois difficile de déterminer d’où tout cela provient, mais c’est une bonne chose car je pense que cela signifie que nous nous ressemblons de plus en plus, et que notre style est de plus en plus personnel.

– Un mot aussi sur la production de « Monuments » qui est dense et massive. Dans quelles conditions avez-vous enregistré l’album, et aviez-vous des exigences particulières quant à sa couleur sonore ?

Oui, il s’est passé beaucoup de choses, et nous avons eu beaucoup de chance de retravailler avec Ian Davenport (Band of Skulls, Gaz Coombes, Philip Selway, etc …), qui a fait un excellent travail de production et de mixage. L’album a été enregistré dans les fameux studios de Hljóðriti en Islande, qui a un caractère sonore très spécial et un matériel à peine croyable. Alors, nous avons passé de longs moments à expérimenter pendant les 22 jours que nous avons passés là-bas.

– Justement, vous venez d’annoncer les dates de votre prochaine tournée en 2022, avec d’ailleurs quatre passages par la France. Vous qui êtes véritablement un groupe de scène, vous devez être plus qu’impatients, non ?

Bien sûr, nous avons hâte de remonter sur scène. Nous attendions juste le bon moment. C’est une situation difficile, car les concerts ont été reportés si souvent qu’il était presque difficile de croire que les tournées allaient reprendre un jour !

« Monuments » est disponible depuis le 16 avril chez Napalm Records.

Retrouvez la chronique de l’album : https://rocknforce.com/the-vintage-caravan-une-eruption-irresistible/

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Extrême Metal

Nature Morte : un rituel expressif

Depuis 2015, NATURE MORTE pose avec application chaque pierre de son édifice musical avec force. Après un premier album et un split vinyle, le trio poursuit sa route avec « Messe Basse », un concentré Shoegaze tout en contraste où l’ombre et la lumière se télescopent. Très bien produit et d’une puissance incroyable, ce nouvel opus joue surtout sur les atmosphères et le ressenti.

NATURE MORTE

« Messe Basse »

(Source Atone Records)

Si chez NATURE MORTE, beaucoup de choses se passent après (post-Black, post-Rock), il se pourrait pourtant bien que le trio vienne de livrer un album laissant présager et même envisager de l’avenir d’un registre ici remanié. Le Shoegaze des Parisiens s’étend sur sept titres très aboutis à travers ce « Messe Basse » inspiré, ravageur et musicalement aussi structuré qu’envoûtant.

Chris Richard (basse, chant), Steven Vasiljevic (guitare) et Vincent Berner (batterie) offrent à leur nouveau et flambant neuf label Source Atone Records un deuxième effort qui, souhaitons-le, fasse grandir les deux entités. Avec un titre en contraste parfait avec son contenu, NATURE MORTE lance fermement une invitation à se plonger dans les méandres obscurs et puissants de « Messe Basse ».  

Captivant et immersif, ce nouvel album diffuse des atmosphères aussi étouffantes que libératrices dans un mouvement sonore balayant tout sur son passage (« Only Shallowers » et son clin d’œil à « 1984 » d’Orwell, « Knife », « Beautiful Loss » et le somptueux « Night’s Silence »). Les tessitures épaisses viennent ici renforcer le style affirmé et convaincant de NATURE MORTE. Percutant !

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Metal Progressif Rock

Motorpsycho : errance psychédélique

Capable de douceur extrême comme de déflagrations écrasantes et dévastatrices, MOTORPSYCHO continue de souffler le chaud et le froid à travers un Rock/Metal Progressif qui n’appartient qu’à lui et dont les courants musicaux sont aussi larges que variés. Toujours aussi psychédélique à travers des morceaux protéiformes souvent brillants, le trio régale une fois encore grâce à une créativité généreuse et inépuisable.

MOTORPSYCHO

« Kingdom of Oblivion »

(Stickman Records/Rune Grammofon)

Les très prolifiques Norvégiens sont déjà de retour après le très bon « The All Is One » sorti en septembre dernier. Sur une bonne heure dix (le format habituel du trio), PSYCHOMOTOR présente un « Kingdom Of Oblivion », toujours aussi inspiré et où la virtuosité de ses membres est éclatante. Bent Sæther (basse, chant) et Hans Magnus Ryan (guitare, chant) ont désormais officialisé le Suédois Tomas Järmyr derrière les fûts, et le groupe semble plus soudé que jamais.

Evoluant toujours dans un registre progressif où viennent se greffer des partitions Rock, Metal, Blues et Folk, le groupe semble laisser livre-court à sa fertile imagination, ponctué de claviers aériens et envoûtants. Encore une fois différent de ses précédentes productions, MOTORPSYCHO tire très habillement son épingle du jeu avec des morceaux qui alternent douceur et fureur décibéliques (« The United Debased », « Dreamkiller », « At Empire’s End », « Alet », « Cormorant »).

Expérimental et atmosphérique, les Scandinaves n’en finissent pas de surprendre, grâce à un jeu et des morceaux tous aussi déroutants et imprévisibles les uns que les autres (« The Hunt », « The Transmutation of Cosmoctopus Lurker », un sommet !). Toujours ancré dans un son très 70’s, profond et organique, MOTORPSYCHO s’amuse franchement, là où d’autres ne noient. Psychédélique et moderne à la fois, le trio paraît intarissable et c’est une vraie bénédiction !

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Hard Rock Progressif Rock

The Vintage Caravan : une éruption irrésistible

Nous ayant habitué à des productions plutôt sombres, l’Islande peut aussi se montrer d’une influence solaire et positive pour les formations locales. THE VINTAGE CARAVAN vient confirmer cette exception avec « Monuments », son cinquième album, duquel émanent une énergie incroyable et une densité aux variations magistrales. Le trio assoit sa légitimité et son talent avec classe et élégance.

THE VINTAGE CARAVAN

« Monuments »

(Napalm Records)

Cela fait maintenant dix ans et cinq albums qu’Óskar Logi Ágústsson (chant, guitare), Alexander Örn Númason (basse, chœurs) et Stefán Ari Stefánsson (batterie) regardent dans le rétro. Se forgeant une solide réputation à travers des concerts endiablés, THE VINTAGE CARAVAN fait bien plus que surfer sur une vague très 70’s à l’œuvre de manière expansive depuis quelques temps. Avec « Monuments », le trio islandais continue sa mue et affiche un style désormais très personnel.

Qualifier aujourd’hui de vintage toute production analogique et organique serait bien réducteur pour parler de la musique de THE VINTAGE CARAVAN. Au contraire, si la formation ilienne possède ces caractéristiques sonores et des influences des pionniers du Rock/Hard notoires, le combo sonne résolument moderne et affiche une créativité loin d’être passéiste, mais même plutôt inspirée et actuelle. Autour de belles harmonies, le groupe nous fait voyager dans un paysage musical protéiforme.

Le trio se défait des habituelles caricatures rétro pour rentrer dans le vif du sujet avec vigueur sur des riffs tout en nuance, des mélodies accrocheuses et des refrains entêtants (« Crystallized », « Forgotten », « Clarity »). Insaisissable, THE VINTAGE CARAVAN hausse le ton flirtant avec le Heavy Stoner avec un maîtrise bluffante (« Said & Done », « Dark Times », « Whispers »). Grâce aussi à des arrangements subtils, « Monuments » tire magnifiquement son épingle du jeu et le trio est aussi bouillonnant que capable de belles émotions.   

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Stoner/Desert

High On Wheels : fuzz interplanétaire

Mur du son ou grand écran : HIGH ON WHEELS ne s’est pas longtemps posé la question et, entre deux répliques emblématiques de films vintage et crasseux, balance son Desert/Stoner Rock qui s’écoule avec exubérance sur ce « Fuzzmovies » addictif, fuzz, Psych et compact. Le trio français s’impose avec force et non sans humour.

HIGH ON WHEELS

« Fuzzmovies »

(Klonosphere)

Quelque part entre le Desert de Mojave et une trajectoire spatiale improbable, HIGH ON WHEELS disperse son Desert très Fuzz et Stoner depuis 2014. Après une démo et surtout un premier album remarqué, le trio français se projette dans un univers cinématographique estampillé Grindhouse, dans lequel « Fuzzmovies » occupe une place de choix.

Entrecoupés de samples de films de séries B et surtout Z, ainsi que de nanars iconiques, « Fuzzmovies » nous saute à la gorge tout en promettant de magnifiques envolées psychédéliques (« Blind Your Mind », « Hitman Le Cobra »). Plein d’humour, groovy et Psych, HIGH ON WHEELS balance des riffs bien épais sur des rythmiques lourdes et virevoltantes. Et le voyage ne fait que commencer.

Vocalement aussi, le trio s’amuse en se répondant dans un esprit très 70’s, qui laisse transparaître des influences évidentes issues de la source Desert/Stoner Rock et qui contribuent à peser et à alimenter le combo avec irrévérence et virtuosité. Car derrière un  registre massif et puissant, HIGH ON WHEELS envahit l’espace sonore avec dextérité et créativité (« Last Page », « Thrill Under My Wheels », « In My Head »). Ebouriffant !

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Heavy metal

Void Vator : quand rugit la Californie

Rien ne semble pouvoir arrêter VOID VATOR, qui livre un deuxième album hyper Rock’n’roll dans l’attitude et terriblement Heavy Metal dans le son. Le trio de Los Angeles s’est nourri de la situation actuelle pour pondre neuf titres costauds, libérés et addictifs. « Great Fear Rising » est en tout point une réussite.

VOID VATOR

« Great Fear Rising »

(Ripple Music)

Si vous aimez autant Thin Lizzy et Van Halen que Pantera et les Ramones, vous devriez tomber sous le charme de VOID VATOR. Depuis 2014, le trio déploie une audace particulière à travers un Heavy Metal fulgurant et accrocheur. Après un EP et un premier album, les Californiens remettent le couvert avec « Great Fear Rising », où le combo déverse une rage et une virulence très concentrées.

Après avoir travaillé avec Ulrich Wild (Pantera, Deftones), Bill Metoyer (Slayer, Body Count), c’est Michael Spreitzer (DevilDriver) qui est aux manettes de ces neufs nouveaux titres. Nettement plus nerveux et incisif, le trio s’est nourri de ses frustrations dues à la pandémie, mais aussi des déboires de visa de son batteur contraint de rentrer en Allemagne. VOID VATOR revient donc très remonté mais toujours aussi efficace. 

Mixé et masterisé par Nick Bellmore (Toxic Holocaust), « Great Fear Rising » sonne nettement plus robuste, et le trio distille toujours autant de mélodies accrocheuses, de riffs tranchants et de solos super-Heavy. Brut et sans concession, VOID VATOR sait aussi rester fun et enthousiaste : c’est ça la Californie ! Les morceaux s’enchainent et s’écoutent en boucle (« I Can’t Take It », « I Want More », « Mc Giver’s Mullet », « Infierno »).

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France Metal Progressif Rock

LizZard : pertinent et protéiforme [Interview]

A la fois Metal et Rock, Psyché et Progressif, les Français de  LIZZARD ont trouvé leur formule : un subtil mélange très personnel, très construit et organique. C’est en Allemagne que le groupe est allé enregistrer son quatrième album, sorti en février dernier, et il en ressort un « Eroded » solide, massif mais également aérien et atmosphérique. Retour avec William Knox, bassiste du combo, sur ce nouvel opus et sur la démarche artistique de ce trio atypique.

– « Eroded », votre quatrième album, est sorti en février dernier et il montre encore une belle évolution dans votre musique. Tout d’abord, j’aimerais qu’on revienne sur votre passage de Klonosphere à Pelagic Records. Qu’est-ce qui vous a motivé et comment cela s’est-il passé ?

En Europe, il n’y en a pas tant que ça de labels qui évoluent dans le style qu’on fait, alors on a vite fait le tour en termes de choix. A partir de là, c’est l’envie de toucher un public plus large, tout simplement, qui nous a fait signer chez Pelagic Records. Ils ont une bonne réputation et collent à ce qu’on fait que ce soit musicalement ou esthétiquement. On avait déjà été en contact avec eux sur une tournée fin 2019, et le courant est bien passé, alors c’était assez logique pour nous de vouloir faire un bout de chemin avec eux !

– A la sortie de l’album, vous avez déclaré que ce nouvel opus était un message d’espoir pour avancer vers des destinations plus lumineuses. Pourtant, vous vous êtes imposés un confinement d’un mois en studio à Berlin avant même la pandémie. En plus d’être paradoxal,  c’est assez prémonitoire, non ?

Oui ! Après bien sûr, il y a une différence entre se confiner par choix pour des raisons de tranquillité, qui nous ont permis de se concentrer et de se mettre dans l’ambiance de l’album, et le vrai confinement qu’on a tous connu par la suite. Mais le thème de l’album était prémonitoire, c’est assez clair maintenant avec le recul. Le message qu’on a voulu faire passer que ce soit dans les textes, ou également par la musique et ses ambiances, sur « Eroded » on savait (comme beaucoup le savent) qu’on va droit dans le mur pour ce qui est de l’espèce humaine et du bien-être de la planète toute entière, ce n’est pas nouveau. Mais il s’avère que les conséquences arrivent de plus en plus vite, en boule de neige, alors à nous tous de réagir avant que ce ne soit trop tard. Mais on reste quand même sur l’idée qu’il n’est jamais vraiment trop tard, et de là né l’idée de lumière au bout du tunnel, c’est quand tout va très mal que les gens finissent par réagir seulement. On y est.

– Il y a toujours cette incroyable unité et complicité au sein de LIZZARD et cela s’entend  vraiment. En 15 ans, le line-up n’a pas bougé, ce qui est d’ailleurs toujours étonnant pour un groupe. C’est de là que vous puisez cette force créatrice ?

On se connait forcément très bien maintenant, humainement puis de manière créative, on sait ce qui fonctionne, ce qui fonctionne moins, et ça nous permet d’aller droit au but. L’alchimie entre les membres est toujours beaucoup plus important qu’on le croit dans n’importe quel groupe, et quand on a la chance d’en arriver à faire quelque chose d’harmonieux et abouti il faut le saisir, ne pas le gâcher. Pour l’instant on a toujours tous les trois la même motivation qu’au départ du groupe, alors tant que c’est là : on ne lâche rien ! Certainement qu’un jour ça changera, ou ça évoluera, mais aujourd’hui on n’y pense même pas.

Photo : Audrey Saint-Marc

– Musicalement et même si vous restez toujours aussi pêchus et incisifs, « Eroded » montre un visage plus atmosphérique et protéiforme, tout en étant éthéré et chaleureux dans le son. Là encore, LIZZARD a évolué et reste assez insaisissable. Malgré tout, vous semblez ne faire aucun compromis. Comment se passe le processus d’écriture au sein du trio ?

Au tout début du groupe, à l’époque de notre démo « La Criée » et du premier EP « Vénus », on avait déjà ce côté atmosphérique, mais qui était plutôt mis en avant. On construisait autour de thèmes aérés avant d’arriver sur bosser des structures plus bétons et en faire des morceaux. Donc à partir de jams ambiants, on travaillait et on arrivait au final avec quelque chose de moins structuré qu’aujourd’hui. Sur « Out Of Reach » et « Majestic », c’était plutôt le contraire, béton d’abord sans trop de passages psyché. Au fur et à mesure des années, on a un peu inversé ou plutôt équilibré notre méthode sans trop y faire gaffe, et maintenant sur « Shift » et « Eroded » je dirais que les morceaux sont construits autour de riffs de guitare, avec des déclinaisons de passage ambiants, qui servent à la fois aux morceaux et à l’album dans son ensemble. Et ça donne ce que tu décris dans ta question. La plupart des riffs sont composés par Mat à la guitare acoustique, et on se rejoint tous les trois en répète à l’ancienne pour en faire des morceaux.

– « Eroded » se distingue aussi par cette séparation entre une première partie musclée et une seconde plus épurée et même délicate. Pourtant, l’unité entre les morceaux est évidente. Pourquoi avez-vous scindé l’album de cette manière et d’où est venue l’idée ?

Tout simplement parce qu’on pense à la fois au format vinyle qu’au format numérique, et qu’on a envie que l’auditeur puisse écouter la face A et la face B comme deux ‘minis albums’ qui sont autosuffisants. Deux visions du même thème. C’est important pour nous d’emmener l’auditeur quelque part, sans qu’il s’ennuie ou s’endorme sur la route, que ce soit en concert ou sur album. C’est donc toujours un challenge pour trouver l’ordre des morceaux qui va bien, qui marche à la fois pour une écoute intégrale, et en même temps si on écoute une seule face du vinyle. On peut aussi écouter la face B avant s’enchainer sur le face A, ça fonctionne aussi ! Mais c’est différent.

– Au-delà d’un jeu chirurgical et très organique, la production signée Peter Junge rend vos morceaux très généreux et très énergiques. Avez-vous étroitement collaboré ou au contraire lui avez-vous laissé carte blanche ?   

Je pense qu’on est assez difficile en termes de peaufinage, mais en même temps un producteur trouve ça plus facile quand il bosse avec des artistes qui savent exactement ce qu’ils veulent et ce qu’ils cherchent. Après trois albums, je pense qu’on en est là, on sait ce qu’on veut, et surtout ce qu’on ne veut pas. Donc il n’a pas carte blanche, mais on est toujours ouvert à des idées de prod’ : on est surtout à la recherche d’énergie, et une ressentie de performance, plutôt qu’une répétition. Et ce n’est pas si facile à faire pour rendre un mix à la fois dynamique et vivant, mais moderne et léché en même temps. Je pense que c’est la force de Peter sur cet album, il a su garder le côté live sans faire de compromis sur la pertinence de la production. Mais après on n’est jamais satisfait à 100% de notre travail, et on sait déjà ce qu’on a envie de changer pour le prochain !

– Pour conclure, comment définissez-vous le style de LIZZARD qui, là encore, est très contrasté ? Power Rock, Metal Progressif, avant-gardiste, psychédélique ?

Pour définir un style on est plus ou moins obligé d’utiliser beaucoup de mots, et en même temps plus on définit, plus on s’éloigne quelque part de ce qu’est la musique, c’est-à-dire l’unicité d’un groupe de zique. On se considère comme un power trio, quelque part à mi-chemin entre le Rock et le Metal, avec un côté Prog et un côté Psyché. Voilà, j’espère que tout le monde sera d’accord ! Mais certainement que tout le monde aura un avis différent !

« Eroded », l’album de LIZZARD, est disponible depuis le 19 février chez Pelagic Records