Avec « Keep Me Fed » », Daniela (chant, guitare), Paulina (batterie, chant) et Alejandra Villareal (basse, chœurs), également pianistes, affirment avec force une identité musicale désormais identifiable. Entre Rock et Metal, avec une touche combative très fédératrice, leur audace fait mouche sur ces 12 nouveaux titres, véritablement taillés pour la scène, devenue entretemps leur terrain de jeu favori. L’heure de la maturité a donc sonné pour les jeunes femmes qui ont fait de THE WARNING une machine bien huilée et irrésistible.
THE WARNING
« Keep Me Fed »
(Lava Records/Republic Records)
Alors qu’elles avaient sorti « XXI Century Blood » (2027) et « Queen Of The Murder Scene » (2018) juste après leur premier EP, « Escape The Mind » (2015), les trois sœurs n’étaient que très peu sorties de leur Mexique natal et avaient pourtant attiré mon attention dès 2020. S’en étaient suivi « Error » (2022) après le six-titres « Mayday » (2021) et c’est à partir de ce moment-là que THE WARNING a vraiment explosé, tant que le plan artistique qu’au niveau de sa notoriété, bien aidé par une maîtrise des réseaux sociaux avec lesquels elles ont grandi.
Depuis une grosse dizaine d’années maintenant, le trio de Monterrey suit une trajectoire parfaite, qui les propulse aujourd’hui parmi les révélations, et même un peu plus, de la scène Rock/Hard. Il faut dire qu’elles n’ont eu de cesse d’enchaîner les concerts aux côtés de grands noms, parmi lesquels leurs idoles de Metallica, et c’est même entre leurs tournées qu’elles ont composé « Keep Me Fed », où THE WARNING fait définitivement sa mue en se présentant avec des nouveaux titres beaucoup plus matures et toujours aussi accrocheurs.
La première chose qui surprend agréablement sur ce quatrième opus, c’est la puissance et le coffre de la production. Le trio montre ainsi toute l’ampleur de son potentiel et la fratrie Villareal se hisse à un niveau dont l’impact, tout en nuances, est saisissant. « Six Feet Deep », « S!ck », « More », « Consume » et celui qui devenu un hymne dans leur pays « Qué Más Quieres », chanté en espagnol, offrent un relief auquel THE WARNING ne nous avait pas encore habitué. Et cette rage toute féminine brille et résonne comme un rugissement.
Après de nombreux singles et un EP, l’univers pagan de HRAFNGRÍMR (prononcez Ravengrim) se dévoile enfin sur la longueur avec un premier album, « Niflheims Auga », très réussi et captivant. Cette plongée onirique dans l’imaginaire viking et païen se déploie à travers une néo-Folk à la fois intemporelle et d’une modernité bluffante. Entre légendes nordiques et spiritualité, c’est en vieux norois que s’exprime le groupe et l’immersion est garantie. Guidé par son duo vocal composé de Christine Roche et Mattjö Haussy, ils reviennent tous les deux sur les étapes franchies depuis les débuts de la formation à quelques jours d’une prestation très attendue au Hellfest de Clisson. Entretien.
– En l’espace de quatre ans, vous avez été très prolifiques et productifs en sortant, notamment, 14 singles ce qui est assez inhabituel. Ce sont des morceaux plus anciens que vous avez peut-être réarrangés, ou est-ce juste une sorte de frénétique créativité ?
Mattjö : A l’époque, je venais d’être invité à quitter le groupe Skáld (fin décembre 2019). Reconstituteur et amateur d’archéologie vivante, je suis aussi empreint d’une spiritualité et d’une philosophie de vie, qui s’inspire largement des mythes nordiques. J’avais donc comme un sentiment d’inachevé. J’avais besoin de faire quelque chose de plus personnel et de plus authentique tout de suite ! D’où cette frénésie créative. Et puis, on s’est retrouvé plongé dans la pandémie. Il me semblait important d’apporter un peu de divertissement tous les mois à la communauté des mélomanes, un peu de poésie et de résilience. J’ai donc travaillé nuit et jour sur des compos originales. A l’origine, j’avais prévu de sortir tour à tour un titre plutôt Nü-Nordic, puis un titre plus Nü-Metal pour HRAFNGRÍMR. Et l’accueil du public m’a finalement incité à composer davantage de morceaux comme ceux qu’on connaît aujourd’hui. Mais on a des surprises pour bientôt !
– Vous avez aussi sorti un EP, « Hólmganga » il y a deux ans. Avec autant de titres à disposition, vous n’avez pas été tenté de sortir directement un album complet ? A moins que vous ayez choisi cette voie pour alimenter les réseaux comme cela se fait beaucoup aujourd’hui ?
Christine : J’ai intégré le groupe peu de temps avant la sortie d’« Hólmganga ». J’ai une voix assez différente de ce que l’on peut entendre dans ce style de musique. Par conséquent, il fallait dans un premier temps trouver nos marques, ce qui était vrai pour chacun d‘entre nous d’ailleurs. Nous avions depuis longtemps parlé de faire un album, mais il était important de trouver un équilibre, tant sur la sphère artistique que personnelle.
Mattjö : Alimenter les réseaux oui, c’est sûr qu’on participe à ce jeu dans une certaine mesure, mais il s’agissait plus de la maturité du groupe, de l’implication et de la participation des membres. Et puis, cela aurait fini en recueil de singles. Là, on a un véritable album !
– Entre vos nombreux singles, l’EP et ce premier album « Niflheims Auga », il y a une réelle évolution dans la structure des titres, du son et dans l’inspiration également. Est-ce que cela vient du fait que, dorénavant, vous écrivez des textes originaux ?
Mattjö : Sans doute ! Mais cela vient surtout du fait que tous les membres du groupe participent à la composition et la construction des chansons. On puise donc dans les influences et les émotions de chacun, qui ne sont pas forcément relatives à l’univers néo-Folk, Viking, etc…
Christine : Outre les influences de chacun et de notre implication, il y a aussi la participation de nombreux amis. Anatoly de Nytt Land, Johan de Det Var, Louis Ville, Stan d’Arrün, etc… Cela ressemble beaucoup plus à l’esprit du groupe, celui de jouer de la musique entre amis, de s’amuser, de s’enrichir les uns les autres et de partager cette énergie avec le public !
– En parlant de la production, celle de « Niflheims Auga » est nettement plus élaborée et montre beaucoup plus de brillance également. Il vous aura fallu ce laps de temps pour trouver votre identité artistique et votre son, sachant que sur des thématiques ancestrales, cela peut compliquer aussi les choses ?
Mattjö : On a travaillé avec quelqu’un d’autre tout simplement ! Louis Ville ne vient pas du tout de cette scène. Du coup, il a un regard neuf et a pu mettre sa longue expérience à profit et représenter au mieux la diversité du groupe dans le mixage et la production. Il nous a épaulés également en tant que réalisateur et arrangeur sur certains titres pour leur donner le son qu’ils ont aujourd’hui.
– Justement, vous avez commencé le groupe en vous inspirant et en puisant dans le ‘Hávamál’, cette œuvre didactique de l’« Edda Poétique », légendaire recueil de poèmes en vieux norrois. A quel moment vous êtes-vous décidés à écrire vos propres textes et quel a été le déclic ?
Mattjö : Quand je me suis rendu compte qu’on chantait la même chose que tous nos amis de la même scène et qu’on avait la même source d’inspiration. On s’est dit qu’on manquait d’originalité et d’authenticité. Et puis, quand on écrit les paroles soi-même pour évoquer des émotions ou un regard sur les choses, tout devient vraiment plus personnel.
Christine : D’autant plus que cette culture littéraire et historique fait partie tout particulièrement du bagage de Mattjö, ce qui n’est pas le cas de tout le monde dans le groupe. Il était important pour nous aussi de prendre part à la construction des titres avec nos propres codes et nos émotions et sans dénaturer le projet de départ. L’idée était d’y apporter quelque chose de personnel, et tous ensembles !
– A propos des textes, ils sont donc en vieux norrois et vous faites appel au traducteur Jules Piet pour vous assister. Quel est précisément son rôle et le considérez-vous même indirectement comme un membre de HRAFNGRÍMR ?
Mattjö : Jules participe aussi à l’écriture, autant dans la forme que dans les sonorités. Il n’est pas juste un traducteur, en fait. Il apporte aux textes sa sensibilité et son expérience de cette langue. Il est sans aucun doute un membre du groupe, un acteur de l’ombre. Son travail permet de rendre notre univers musical immersif et épique.
– A travers vos chansons, vous combinez textes anciens et modernes dans vos compositions, ainsi que des instruments traditionnels et d’autres actuels. L’idée avec HRAFNGRÍMR est-elle de créer une sorte de passerelle entre ces deux époques éloignées de plusieurs siècles ? Et peut-être aussi d’assurer une continuité ou une espèce de renouveau de ces temps lointains ?
Mattjö : L’idée est de s’inspirer du meilleur du passé comme du présent. Le mot tradition, signifie ‘transmettre’. Ce qu’on appelle la tradition orale pour les peuples anciens était de transmettre la culture, la philosophie et les croyances à travers la musique et les chants. Les notions de ponts, de portails et de liens entre les mondes du présent et du passé sont incontestables dans notre travail, en effet.
Christine : Cela permet aussi à chacun d’entre nous d’apporter son expérience et son savoir-faire avec ses propres outils. Mus se débrouille vraiment bien à la guitare électrique et j’aime pour ma part travailler avec des loopers et des synthés. Ça s’est donc fait naturellement.
– En vous inspirant et en prenant comme référence le Folk Païen, à l’instar de Wardruna notamment, est-ce que vous exprimer en vieux norrois était essentiel et même naturel ? Cela n’aurait pas pu se faire dans une autre langue que celle-ci ? Sans compter que cela vous aurait peut-être aussi éloigné de la culture viking…
Mattjö : Le folk Païen est un de nos nombreux outils parmi le Rock, le Metal, l’Electro et tant d’autres styles, qui nous influencent beaucoup. Les mythes scandinaves et germaniques font partie de mon bagage culturel et artistique. Ils ont été à l’origine de HRAFNGRÍMR, qui propose un voyage musical onirique, une aventure collective, mais aussi personnelle. Cela constitue une excellente base pour explorer d’autres horizons à l’instar de ces voyageurs, marchands, guerriers et poètes. Je veux dire par là que cela ne nous enferme en rien et ne nous empêche pas du tout de faire l’usage d’instruments et de techniques venant des quatre coins du monde. Et de laisser surtout chaque membre du groupe laisser aussi son empreinte, alors qu’ils ne sont pas forcément aussi intimes que moi avec cet univers. Au contraire, cette langue nous permet de nous détacher un court instant du réel et on est là pour ça !
– La musique de HRAFNGRÍMR met en avant la variété des rythmes autour du chant à plusieurs voix essentiellement. C’est un registre qui peut paraître assez épuré de prime abord. L’authenticité est donc au cœur de votre style. De quelle manière la cultivez-vous et cela passe-t-il aussi par cette immersion que vous transmettez ensuite ?
Mattjö : Ca se fait naturellement, avec le cœur et les tripes ! C’est honnête et sincère !
Christine : Je ne peux pas vivre sans musique, ni sans chanter ! Nous avons très facilement trouvé un équilibre avec Mattjö et le duo vocal s’est imposé de lui-même. Nous sommes en couple et nous avons souvent l’occasion de chanter ensemble. Nous partageons, entre autres, le fait que nous ne pouvons pas chanter sans être authentiques et sincères. C’est une complicité qu’on cultive au quotidien.
– L’aspect théâtral du groupe peut aussi faire penser à certains groupes Metal. D’ailleurs, vous serez au Hellfest dans quelques jours. Pourtant les différences musicales sont flagrantes et même opposées. Comment percevez-vous le fait d’être assimilés à cet univers ?
Mattjö : On vient aussi de la scène Rock/Metal ! Mus avec Arkan, Arnaud avec Othargos, Nesh avec Azziard et Nydvind et moi avec Madonagun, etc… Et Christine avec aussi tous ses projets. On construit nos chansons avec les mêmes codes, les mêmes intentions et sans le faire exprès. On est donc très fiers d’être reconnus comme des métalleux!
Christine: Carrément ! J’ai l’habitude depuis plus de 30 ans de m’amuser dans des styles très crossover! Avec mon premier groupe Westing*House, puis Both et même mon projet solo The Black Lion Theory, qui mélange Pop, Rock, variété et Electro. Il y a aussi mon autre groupe Our Queen Liberty, qui mélange un style Grunge et aussi très Power Rock. Je me rends compte qu’en fait je ne fais que ça : métisser et explorer les choses. C’était donc un défi pour moi d’intégrer HRAFNGRÍMR et d’y apporter ma voix.
– Enfin, HRAFNGRÍMR fait partie d’une niche musicale même si certains, comme Wardruna surtout, bénéficient d’une plus grande notoriété. L’objectif est-il de faire de plus en plus d’adeptes, ou au contraire de conserver une certaine confidentialité à l’instar du ‘Dungeon Synth’, par exemple ?
Mattjö : Je pense que c’est quelque chose que l’on ne maîtrise pas du tout. On est déjà très heureux de toucher un aussi large public ! C’est minuscule par rapport à d’autres groupes, mais déjà gigantesque pour nous. On ne se rend pas compte de ces choses et on est toujours très surpris d’avoir des fans et de constater leur émotion quand ils viennent nous voir après les concerts. C’est émouvant et irréel à la fois. D’un autre côté, il faut faire preuve d’honnêteté : avoir la chance de jouer sur des scènes comme celles du Hellfest est une expérience unique, pleine d’émotions et de satisfaction. Sans dénigrer les plus petites scènes au contraire, car elles représentent un vrai plaisir aussi. C’est juste une différence d’intensité.
Christine : Tant qu’on s’amuse, qu’on prend du plaisir, qu’on se respecte… Si en plus, on peut partager ça avec un large public, que demander de plus !
Le premier album de HRAFNGRÍMR, « Niflheims Auga », est disponible depuis quelques semaines. Retrouvez également l’ensemble des productions du groupe sur son Bandcamp :
Le voyage proposé par SONS OF ARRAKIS sur son deuxième opus est captivant à bien des égards. Derrière l’épaisseur des guitares, une paire basse/batterie redoutable et un chant très aérien, les Canadiens parviennent à rendre leur Stoner Rock très accessible en nous plongeant subtilement dans l’aspect conceptuel de leur propos. Véloce et accrocheur, « Volume II » montre une étonnante diversité, très rassembleuse, tant elle parcourt des couleurs musicales très changeantes.
SONS OF ARRAKIS
« Volume II »
(Black Throne Productions)
Avec ce « Volume II », SONS OF ARRAKIS passe à la vitesse supérieure et laisse exploser tout le potentiel aperçu sur le premier volet. L’univers Sci-Fi du groupe s’inspire toujours de paysages musicaux variés, mais aussi de littératures diverses. Cette fois, c’est le livre ‘Dune’ de Frank Herbert qui sert de fil rouge et c’est vrai que vu les récentes sorties cinématographiques couronnées de succès, le choix est plutôt judicieux d’autant que l’œuvre en question est vaste et le champ d’investigation ouvre bien des portes.
Bien produit, ce deuxième album présente un Stoner Rock multi-facette et sur une même thématique, les Québécois se montrent autant à leur aise dans des sonorités Psych, Desert et Prog que Doom et carrément Classic Rock. SONS OF ARRAKIS ne s’interdit rien et des twin-guitares galopantes à des riffs plus lourds et des solos hyper-Heavy, le quatuor s’amuse le plus sérieusement du monde. La dynamique du jeu de faiblit pas un seul instant et on se laisse agréablement guider dans cette épopée ambitieuse.
Avec beaucoup d’efficacité dans l’écriture, le combo de Montréal ne néglige pas pour autant une certaine complexité dans la structure de ses morceaux, bâtis pourtant sur un modèle de chansons. Mélodique, le groove n’en est pas moins costaud et la puissance affichée par la rythmique notamment libère une sorte d’euphorie captivante. SONS OF ARRAKIS se montre original dans l’approche, mariant des effets très actuels avec des passages presque vintage soigneusement élaborés. Un bel album rétro-futuriste et une belle vision du Stoner.
Avec « Red Moon Rising », Robert Jon Burrison (chant, guitare), Andrew Espantman (batterie), Henry James Schneekluth (guitare), Warren Murrel (basse) et, depuis peu, Jake Abernathie (claviers) atteignent la plénitude de leur art à travers un Southern Rock frais et ressourcé. Basé autour du mythe de la lune rouge qui apporte son lot d’espoir et de renaissance, ce nouvel opus de ROBERT JON & THE WRECK s’affiche déjà comme un indispensable de sa belle discographie.
ROBERT JON & THE WRECK
« Red Moon Rising »
(Journeyman Records)
Il y a quatre ans déjà, la sortie de « Last Night On The Highway » m’avait parcouru de frissons et, alors que le groupe évoluait encore en indépendant, il paraissait assez évident que le renouveau du Rock Sudiste passerait par lui. Etonnamment, c’est donc de Californie qu’est venu ce souffle chaud et novateur redonnant ses lettres de noblesse à ce style si expressif et rassembleur. Depuis, ROBERT JON & THE WRECK a arpenté sans relâche les scènes des Etats-Unis en long et en large, avant de faire également l’unanimité en Europe, où a même été enregistré le génial « Live At The Ancienne Belgique ». Et après neuf albums studio en moins de 15 ans, il se montre aussi infatigable que prolifique.
Et cette féconde créativité, on la doit aussi et surtout à la volonté des Américains de pouvoir, depuis leur signature sur le label de Joe Bonamassa, sortir à l’envie des singles au gré de leur inspiration. Avant la sortie de cet excellent « Red Moon Rising », on avait ainsi pu découvrir les morceaux « Ballad Of A Broken Hearted Man », « Help Yourself », « Hold On », « Stone Cold Killer » et plus récemment « Trouble ». Certes, ROBERT JON & THE WRECK y dévoile près de la moitié de ce nouvel opus (12 titres avec les bonus), mais cela permet aussi de tenir en haleine son public avant la découverte finale de l’ensemble du disque. Une manière très actuelle, et plus libre selon le combo, de diffuser sa musique entre ses concerts.
« Red Moon Rising » peut facilement être perçu comme l’apogée du style et de la personnalité artistique de la formation de la côté ouest, tant certains titres ont déjà des allures de classiques. La production de Kevin Shirley offre également ce petit plus en termes de lustre, avec beaucoup de clarté et une belle dynamique, ce qui manquait peut-être un peu auparavant. Dorénavant, ROBERT JON & THE WRECK brille comme jamais et la qualité du songwriting est irréprochable, tout comme les harmonies du chant et des guitares (« Dragging Me Down », « Give Love », « Hate To See You Go » et le fabuleux morceau-titre). Le quintet en impose et s’impose de la plus belle des manières.
Suivez le périple de ROBERT JON & THE WRECK à travers les chroniques et les interviews parues sur Rock’n Force (et avant même la création du site) :
Ne vous fiez pas au grand coq de la pochette, le Rock de TRIGGER KING est clairement anglo-saxon avec même une petite touche américaine. Assez imprévisible dans son contenu, « The Giant Rooster EP » est le premier effort des musiciens de l’Est et il se présente comme une sorte de carte de visite. Si on comprend vite l’intention, c’est plus compliqué qu’en saisir le fond, tant l’ensemble s’éparpille sans révéler de véritable identité musicale à travers cinq titres finalement peu homogènes.
TRIGGER KING
« The Giant Rooster EP »
(Independant)
TRIGGER KING est la parfait illustration de ce pourquoi je déteste à ce point les EPs, sorte de format bâtard qui, lorsqu’il est bon, laisse systématiquement sur sa faim. Certes, je suis d’un autre temps où se contenter de singles et d’EP n’était même pas envisageable. Donc il faut reconnaître que « The Giant Rooster EP » a quelque chose de frustrant. Cela dit, c’est aussi une façon comme une autre de mettre le pied à l’étrier, alors prenons ainsi ce premier et encore toujours frais enregistrement du quatuor français.
Trois ans après sa formation et après avoir écumé quelques scènes, le groupe a décidé de franchir les portes du studio White Bat Records en compagnie de Rémi Gettliffe (Dirty Deep, Undervoid) pour y graver cinq de ses compositions. Et le résultat est plutôt bon et aussi surprenant, puisque TRIGGER KING présente un panel musical peu banal. Si les bases sont Rock, légèrement Heavy, bluesy et teintées de Classic Rock, on perçoit aussi quelques notes de Brit Pop pour le moins désarmantes.
Malgré quelques refrains mielleux façon Oasis, le combo de Mulhouse en a sous le pied, comme en témoigne son guitariste, jamais avare d’un bon riff. Cependant, on attend que le groupe décolle, ce qui rendrait son jeu plus ample, pertinent et tranchant… A moins que TRIGGER KING ne garde cet aspect pour ses concerts. Entre des sonorités très Pop (« Take Me By Surprise », Rock vintage (« Riding High », « Season Of The Sun ») et une longue ballade (« Reaching For the Moon »), on peine à trouver une unité dans ce si court format.
Capable tour à tour d’une extrême douceur et de se montrer l’instant suivant terriblement véloce et tendu, le quintet donne une suite flamboyante à « Universal Chaos », son deuxième opus sorti en 2019. Avec « Dream Chaser », RENDEZVOUS POINT poursuit son aventure avec panache et une classe très personnelle, ce qui rend son Metal Progressif séduisant et envoûtant. Avec une technicité raisonnable vu le niveau, on se laisse emporter par la fluidité de cette nouvelle production.
RENDEZVOUS POINT
« Dream Chaser »
(Long Branch Records)
Il y a beaucoup d’excellents groupes qui passent malheureusement, et sans explication, sous les radars malgré une qualité technique et une créativité indéniables. Car de ce côté-là, RENDEZVOUS POINT coche toutes les cases et plutôt deux fois qu’une. Après une quinzaine d’années d’existence, les Norvégiens sont pourtant plus affûtés que jamais et dans la lignée de deux albums salués par la critique, les voici avec le troisième. Et « Dream Chaser » ne manque ni d’audace, ni de maîtrise, bien au contraire, elle est totale.
RENDEZVOUS POINT continue l’exploration de son univers musical en repoussant ses limites avec un talent collectif éclatant, articulé autour de cinq musiciens en parfaire symbiose. En première ligne, et même s’ils ne communiquent pas beaucoup sur le sujet, on retrouve l’excellent Baard Hvesser Kolstad de Leprous derrière les fûts. Et c’est vrai qu’il y a quelques similitudes entre les deux formations. Cependant, les Scandinaves ont un style et un son bien à eux, aussi précis que mélodique.
La machine est bien huilée et derrière un frontman impérial, Geirmund Hansen, Petter Walter Hallaråker enchaine des riffs complices des claviers de Nicolay Tangen Svennæs, tandis que Gunn-Hilde Erstad Haugen assure un groove irrésistible. Percutant et accrocheur, RENDEZVOUS POINT multiplie les émotions en jouant sur les reliefs et les nuances d’un Metal Progressif raffiné et très bien produit (« Don’t Look Up », « Fireflies », « Presence », « The Tormented », « Still Water »). Magistral !
Ca n’aura échappé à personne, Rock’n Force est un site uniquement dédié à la musique, y compris à travers les interviews, où les propos politiques sont absents. Seulement, nous sommes aujourd’hui dans une situation où tourner le dos à ce qui pourrait bientôt nous tomber dessus serait presqu’inconscient, irresponsable et même lâche. Et que la possible, que je n’ose espérer probable, arrivée du FN, rebaptisé RN, au pouvoir dans notre pays serait une réelle et très concrète catastrophe pour l’ensemble du monde de la culture. Alors, oui, il y a encore et toujours beaucoup de trop haiNe… et on commence à sentir son odeur nauséabonde de très près.
La question n’est pas de savoir si la culture est de droite ou de gauche (Michel Sardou vous embrasse !), mais plutôt de se rendre compte de ce qu’elle deviendrait si elle devenait extrême. Qu’adviendrait-il de l’épanouissement personnel, de l’éducation et de la formation aussi de très nombreuses notions comme la beauté et la joie que nous procurent et nous apportent toutes ces choses non-palpables au quotidien ? Et il est aussi question de pédagogie à travers l’art sous toutes ses formes. Cet héritage qu’on offre et qu’on lègue avec plaisir, on souhaite aussi le voir durer dans le temps. Alors, est-il simplement concevable que l’obscurantisme soit le guide et le modèle de notre culture ?
Historiquement, toutes les formes de résistance se sont matérialisées dans l’art à travers la musique bien sûr, ainsi que le cinéma, le théâtre, la peinture et le monde du spectacle dans sa globalité. Les exemples sont très nombreux de « Guernica » à « Antisocial » en passant par « Le Dictateur » et tellement d’autres. Ca donne même un sens à de nombreuses actions et démarches. Pour autant, l’art n’est-il uniquement que résistance ? Pourquoi ne serait-il pas aussi et surtout un vecteur de paix et de sérénité ? La douceur face à l’angoisse, l’insouciance face à la régression et, puisqu’il en sera vite question, le combat face à l’intolérance ? Ne sont-ils pas des programmes plus séduisants que ce que l’on nous propose ?
C’est vrai aussi qu’il existe une scène Black Metal néo-nazi dans notre beau pays, que les skinheads sont encore de ce monde mais, très minoritaires, ils restent patauger de leur côté. Est-ce que c’est ça qu’on veut demain pour nos enfants et celles et ceux qu’on aime ? Et il faut aussi bien comprendre que ce changement fera naître également beaucoup de violence dans notre environnement proche, alimentée par un système inégalitaire, inévitablement corrompu (pire encore qu’aujourd’hui !) et prônant le rejet de l’autre. Ces néo-fascistes propres sur eux proposent juste un apartheid de la culture, or c’est le contraire même de son essence. Alors, allez voter… et bien. Dans tous les cas : nous seront là devant et debout !
Enfin, Rock’n Force fonctionne sans aucune aide gouvernementale et extérieure, bien sûr, mais juste grâce à vous. Alors, vous pouvez encore et toujours m’aider à poursuivre cette belle aventure en faisant un don, même minime, en cliquant sur le lien-ci-dessous. Merci infiniment et pas de bêtise !
C’est toujours un plaisir de pouvoir suivre la progression d’un groupe en qui l’on croit depuis ses débuts et de voir où il en est quelques années plus tard. Depuis son premier effort éponyme sorti juste avant la pandémie, MAUDITS suit son chemin et affine un style original déjà perçu à l’époque. Le trio ne cesse de bousculer son post-Metal instrumental, le parant de cordes notamment, et évoluant dorénavant dans des sphères encore plus progressives et cinématographiques. L’occasion de faire le point avec son guitariste et compositeur, Olivier Dubuc, et d’évoquer avec lui le très bon « Précipice », sorti il y a quelques semaines maintenant chez Source Atone Records.
– J’ai le plaisir de vous suivre depuis vos débuts en 2020 et je trouve votre ascension assez exemplaire. Vous en êtes à votre deuxième album, vous avez sorti un EP, un split avec SaaR et le live à l’Opéra de Reims. Vous n’êtes si MAUDITS ça au final !
Non, non ! On avance ! (Rires) On travaille sur notre truc, on prend du plaisir. Je pense que, quelque soit le domaine, quand tu fais les choses de manière relâchée, ça se passe bien et le résultat est plutôt bon. En tout cas, chez MAUDITS, c’est ce que l’on fait et tout va bien.
– D’ailleurs, ce qui est remarquable, c’est qu’en quatre ans, vous avez pu expérimenter tous les formats existants, à savoir l’album, l’EP, le Live et le split. Est-ce que l’approche dans la composition est toujours la même, ou les exercices sont vraiment différents ?
Ca peut être différent, oui. Au niveau de l’évolution du projet et des sorties, il y a eu des choses assez similaires, mais où l’on a mis autant d’énergie à chaque fois. Et il y a eu des sorties de circonstances. Si tu prends le premier EP, « Angle Mort », nous n’avions pas prévu forcément de le sortir dans ce format-là. Ce sont des recompositions de morceaux déjà existants. Mais comme on avait sorti le premier album entre deux confinements, on s’est dit qu’on allait attendre, car personne ne savait ce qui allait se passer et on voulait vraiment le défendre en live. L’approche peut donc être différente suivant les circonstances. Mais elle n’est pas forcément moins libre. On peut garder une ligne directrice déterminée en fonction de ça.
– Vous venez de sortir votre deuxième album, « Précipices » il y a peu, et la première chose qui m’a frappé, c’est que je vous trouve moins ‘timides’, beaucoup plus sûrs de vous dans l’élaboration de votre style. J’ai le sentiment que vous faites enfin ce que vous avez en tête depuis le départ. C’est le cas ?
Oui, on peut le percevoir comme ça. Ca n’a pas forcément été ressenti de notre côté. On a fait ce que l’on avait à faire sur le moment. Nous n’avons pas eu de pression et au contraire, l’expérience acquise depuis les débuts nous a permis de trouver notre ton et notre son. En tout cas, de mon point de vue, c’est la meilleure réalisation que j’ai sortie et j’en suis content à 100%. Je pense que c’est très abouti et c’est le résultat de ces dernières années de travail. On a fait ce que l’on avait envie t’entendre, sans se préoccuper de donner dans tel ou tel style et sans aucune pression extérieure.
– Je ne sais pas si le titre va dans ce sens, mais il y a un vrai gouffre entre vos deux albums, si on ne tient pas compte des EPs. Sans aller jusqu’à dire que vous êtes méconnaissables, il y a une touche qui se précise et qui tient d’ailleurs aussi peut-être à la présence depuis quelques temps de Raphaël Verguin au violoncelle. L’apport des cordes distingue vraiment MAUDITS de la scène post-Metal française. De quelle manière est-ce qu’il intervient dans la composition ? Sur vos propositions, ou plutôt ses idées personnelles ?
C’est vrai qu’au niveau du style, le fait de mettre du violoncelle, d’en mettre beaucoup, et aussi de le laisser s’exprimer sur les morceaux, nous distingue du reste de la scène post-Metal. Elle n’en met pas la plupart du temps, ou alors juste sous forme d’arrangement et pas forcément avec de vrais instruments. C’est souvent noyé dans la musique du groupe. C’est vrai que Raphaël a vraiment mis sa patte. Et comme nous faisons tout à fond, et en vrai, ce nouvel album prend cette ampleur. On a aussi cherché à se marquer clairement dans un esprit de musique de film. On n’hésite pas et on ne s’enferme pas, non plus. On suit nos envies, sans aucune retenue. On essaie toujours de faire du mieux possible. Entre les deux albums, on a poussé les curseurs plus haut et cela s’entend probablement. On maîtrise vraiment notre sujet et on sait où on veut aller. Les choses se font de manière fluide et naturellement. Avec le recul, je pense que MAUDITS est également aujourd’hui plus marqué par le Rock Progressif dans les structures et la liberté de faire. Il y a un esprit 70’s, plus riche et plus travaillé.
– MAUDITS reste toujours ancré dans le post-Metal, mais les variations sont beaucoup plus nombreuses sur ce nouvel album. On y décèle des éléments post-Rock surtout, mais aussi Doom et progressifs. « Précipices » est clairement plus ‘cinématographique’ dans l’approche. C’est vers cela que vous voulez tendre depuis le split notamment ?
On voulait ça, même si ça s’est fait naturellement. Si tu prends le split, notre morceau (« Breken », qui est décliné en trois parties – NDR) est très écrit et très cinématographique. Il s’est construit aussi sur des arrangements de cordes avec du violon et du violoncelle. Lorsqu’on fait les maquettes, Raphaël intervient vraiment en dernier et souvent au moment des prises. Et c’est la même chose pour Emmanuel (Rousseau, multi-instrumentiste – NDR), qui est aussi co-producteur de l’album et qui écrit avec moi depuis le début. Il apporte beaucoup au niveau des arrangements. Et finalement, tout ça s’est un peu construit sans que l’on puisse le prévoir. Le projet est très libre, mais le postulat de départ est de faire le mieux possible et tant que nous ne sommes pas contents, on ne le sort pas. Il faut que l’on soit totalement satisfait, mais sans y passer trop de temps, non plus. Ca n’aurait plus de sens. Et là-dessus, nous sommes tous d’accord et on ne lâchera rien !
– J’aimerais aussi qu’on dise un mot de ce « Live at Opéra Reims », qui contient trois morceaux sur 30 minutes. Comment l’enregistrement s’est-il passé, car ce n’est pas un lieu habituel. Y avait-il du public, car ce n’est pas perceptible ? Et est-ce qu’il s’agit plus d’une performance que d’un Live finalement ?
C’est un peu les deux, car il n’y avait pas de public. En fait, lorsque cela a été tourné, c’était dans cette période avec beaucoup de confinements et où les concerts n’étaient pas autorisés. L’idée de départ était de trouver un beau lieu pour faire une belle vidéo de promo. On ne savait même pas que ce serait à l’Opéra de Reims, d’ailleurs. En fait, de par son activité professionnelle, Erwan (Lombard, basse – NDR) avait comme client le directeur de l’Opéra et au fil des discussions, il lui a proposé tout simplement de le faire là-bas. On lui a donné nos dates et il nous a gentiment prêté les lieux pendant deux jours avec tout le staff de l’opéra et gratuitement. On avait juste à apporter notre matos. On a donc pu faire plusieurs prises, mais on a gardé l’enregistrement fidèle et intact en y retouchant juste très légèrement quelques petits détails, qui arrivent naturellement dans tous les concerts. L’ensemble a juste été remixé et surtout remasterisé. Le gros du travail a été sur le montage des images.
– Est-ce qu’il y avait une portée particulière pour vous de vous produire dans un endroit aussi symbolique ?
Carrément, le lieu est super et l’acoustique est incroyable. Même s’il n’y avait pas de public, l’endroit est fou ! Et puis, on a été accompagné et soutenu par une équipe géniale, notamment au niveau des lumières. Mais c’est finalement après coup, en voyant les images, qu’on a vraiment pris conscience du lieu et du rendu. A ma connaissance, nous sommes le seul groupe de Metal, ou assimilé, à avoir fait ça à l’Opéra de Reims.
– Revenons sur l’album et notamment au morceau caché en toute fin que je laisse aux lecteurs le plaisir de découvrir. La petite surprise vient du fait que l’on y entend une voix féminine, ce qui peut surprendre de la part d’un groupe instrumental. Tu peux nous en dire plus sur cette présence énigmatique ?
Sans entrer dans les détails, Chris (Christophe Hiegel, batterie – NDR) a perdu quelqu’un de proche durant le processus de composition. L’idée était de rendre hommage à cette personne en faisant un morceau caché. C’est d’ailleurs une décision qui s’est prise au dernier moment. Au départ, c’était juste une piste instrumentale. Puis, j’ai eu l’idée de lui demander s’il pouvait récupérer des vidéos ou des messages parlés pour les mettre en fond. Et la décision était aussi de cacher le morceau et de ne pas en parler. On voulait un vrai hommage. Ainsi, on a fait un montage à partir de voix récupérées sur des messages vocaux, via une amie de cette personne. J’ai ensuite écrit une trame atmosphérique avec des accords que j’avais en tête avec Emmanuel. Je connaissais un peu la personne en question et à la fin, on était vraiment rincé. C’était vraiment épuisant, surtout lorsqu’on connait les circonstances et le contenu de son propos. Je suis très content du résultat, car ce n’est pas de la pleurnicherie. C’est beaucoup plus un hommage serein que triste.
– Enfin, j’aimerais qu’on évoque aussi la scène, puisque vous venez d’achever une mini-tournée avec le groupe Parlor. J’imagine que vous avez définitivement trouvé vos marques et peut-être aussi votre public. Qu’en retenez-vous au final ?
Oui, on a fait cette petite semaine de tournée qu’on a monté entièrement nous-mêmes. Ca a été un gros boulot d’environ deux/trois mois qu’on a fait avec Yann de Parlor pour trouver des dates, des salles, négocier les cachets et la logistique. Globalement, ça s’est bien passé. C’est une belle expérience, assez éreintante quand même, car on n’a pas de roadies et on a tout fait nous-mêmes. C’était vraiment sympa d’enchainer les dates comme ça, dans des lieux et des configurations différentes aussi, car ce n’est pas quelque chose qu’on a l’habitude de faire. Et puis, on s’est très bien entendu avec Parlor, qui est composé d’anciens membres de SaaR qui s’était séparé après le split justement. Nos registres sont très différents, eux sont dans un Hard-Core avec un côté Punk très second degré. C’était vraiment une super expérience !
Le dernier album de MAUDITS, « Précipice », est disponible chez Source Atone Records.
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Ce n’est pas un hasard si Mike Zito s’est penché sur la carrière et surtout la voix et la qualité d’écriture de LARA PRICE avant de la faire signer. D’ailleurs, elle s’était rapprochée de sa future maison de disques depuis quelques années en s’installant dans la capitale texane. Une façon aussi peut-être de s’imprégner d’un Blues plus sudiste et dans lequel sa voix naturellement Soul pourrait explorer de nouvelles contrées musicales. C’est chose faite avec ce très bon « Half & Half » où, pourtant, rien n’est fait à moitié.
LARA PRICE
« Half & Half »
(Gulf Coast Records)
Originaire du sud du Vietnam, LARA PRICE a grandi aux Etats-Unis et plus précisément du côté de San Francicso qu’elle a quitté il y a quelques années pour Austin, Texas. Et la chanteuse n’en est pas à son d’essai et est même très loin d’être une novice en termes de Blues et de Soul. « Half & Half » est donc son premier disque sur le prestigieux label de Mike Zito, Gulf Coast Records. C’est aussi son huitième et, comme d’habitude, elle l’a co-produit, co-écrit et elle y joue également de plusieurs instruments en plus du chant. Une artiste complète et touchante aussi.
Enregistré à 60% au Texas et à 40% en Californie, le titre explique de lui-même le contenu de cette nouvelle réalisation, sur laquelle intervient une bonne vingtaine de musiciens. « Half & Half » est donc assez collégial dans sa conception, mais aussi et surtout terriblement personnel grâce à cette voix unique gorgée de Soul et d’émotion, car c’est cette dernière qui guide chacun des dix morceaux. LARA PRICE éblouit par une incroyable maîtrise vocale, bien sûr, mais aussi par la multitude de styles qu’elle aborde avec la même facilité. Sa polyvalence dans tous ces registres témoigne d’un grand talent.
Le choix d’avoir un pied sur la côte ouest et un autre dans le grand Etat du Sud n’est pas non anodin, car la songwriter a fait appel à chaque fois à de musiciens du cru et c’est ce qui fait la force et la diversité des atmosphères de l’album. D’ailleurs, on perçoit et distingue sans peine la touche plus Southern, qui se veut plus roots, d’avec celle plus aérée et sensuelle de la Bay Area. Et LARA PRICE navigue entre ces deux pôles artistiques en y imposant sa touche personnelle, aussi puissante que douce, s’inscrivant dans les pas des plus grandes interprètes féminines actuelles.
Pas sûr que ce deuxième album de SHOTGUN MISTRESS soit si révolutionnaire que ça, mais en tout cas, il a le mérite de libérer un Hard Rock pur jus et bien rentre-dedans. « Kings Of The Revolution » nous renvoie de belles saveurs 80’s et 90’s savamment actualisées et est surtout remarquablement interprété et très bien produit. Avec un chanteur et un guitariste de ce calibre, le quatuor peut envisager l’avenir avec sérénité et un grand sourire.
SHOTGUN MISTRESS
« Kings Of The Revolution »
(Independant)
Il y a de l’effervescence sur la scène (très) Rock australienne et le nouvel opus de SHOTGUN MISTRESS tombe à point nommé pour entretenir ce bel élan. Depuis 2020 seulement et après le très convaincant album éponyme qui a fait sensation sur leur grande île natale, les quatre rockeurs récidivent de belle manière avec l’électrisant « Kings Of The Revolution ». Avec une sincérité sans faille, ils s’inscrivent dans les pas des Rose Tattoo, Airbourne et The Poor dans l’intension comme dans l’intensité.
Aux côtés de l’excellent Matt Willcock, véritable machine à riffs et délivreur d’implacables solos, on retrouve Dave Lee à la batterie, Ben Curnow à la basse et le survolté frontman Glenn Patric, qui galvanise et magnétise littéralement ces nouveaux titres. SHOTGUN MISTRESS est en ordre de bataille et n’a pas à rougir face aux formations Hard Rock actuelles. Les références fondatrices sont immédiatement perceptibles elle aussi, mais n’enlèvent absolument rien à la pertinence du propos.
Puissant et accrocheur, « Kings Of Revolution » envoie du bois, même si certains hommages, ou clins d’œil, passent aussi pour des clichés. Ainsi, « Welcome To The Fight » rappelle furieusement « Patience » de G N’R et surtout il y a « Mary Jane » de leurs compatriotes d’Electric Mary. Même si la version est meilleure que l’originale et accueille son chanteur Rusty Brown, sa présence est loin d’être indispensable. Cela dit, SHOTGUN MISTRESS nous régale avec « Sweet Woman », « Shot Down », « Jude Judas », « Headspace » et « Down ».