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Mike Campese : la guitare en abondance

Si son jeu est très shred comme beaucoup de guitaristes de son rang, le New-yorkais MIKE CAMPESE n’en oublie pas de livrer de belles émotions dans divers styles majoritairement Rock et Hard, entre Heavy et Néo-Classic. Une fois encore, « Reset » présente toutes les qualités d’interprétation du musicien et ses facultés à proposer autant de feeling que de groove.

MIKE CAMPESE

« Reset »

(Independant)

Virtuose s’il en est, MIKE CAMPESE est un grand technicien de la guitare, mais pas seulement. Après un passage éclair au sein du Trans-Siberian Orchestra, le guitariste vole de ses propres ailes depuis quelques années. Très polyvalent, il a reçu les louanges des plus grandes publications spécialisées aux Etats-Unis et en Italie, où il écrit d’ailleurs pour Axe Magazine. Mais c’est de son onzième album, dont il est question ici.

Alors qu’il avait déjà entamé la composition de « Reset » avant la pandémie, c’est durant celle-ci qu’il a mis la touche finale aux douze morceaux qui le composent. Comme beaucoup de six-cordistes solistes, la tentation de l’instrumental est grande et MIKE CAMPESE ne s’en est pas privé. Pour autant, la moitié de ce nouvel opus est chanté, ce qui lui apporte beaucoup de respiration.

Soutenu par le batteur Patrick Johansson qui livre une belle prestation, l’Américain se fait plaisir, faisant étalage de son savoir-faire sans pour autant tomber dans un registre démonstratif tentant, mais ennuyeux au final. Au contraire, MIKE CAMPESE fait preuve d’audace et l’on retrouve un peu de Vinnie Moore et de Richie Kotzen dans son approche (« Fire », « Bee Eater », « Reset », « Wasted Time », « Space Dragon »). Très réussi !

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Messaline : avec révérence [Interview]

Faisant une petite entorse à son Heavy Metal de prédilection pour s’orienter vers un Classic Rock très Hard, MESSALINE a voulu se faire plaisir en posant un regard sur ses influences premières et fondatrices. Du line-up originel, Eric Martelat est le seul rescapé et c’est d’ailleurs peut-être aussi ce qui l’a motivé à réaliser cette sorte d’introspection musicale. C’est désormais entouré de nouveaux musiciens que le chanteur et fondateur du groupe présente « Vieux Démons », un album-concept d’une grande richesse et où il multiplie les clins d’œil. Entretien.  

Photo : Jean-Denis Izou

– « Vieux Démons » est votre sixième album et peut-même le plus déroutant pour qui n’aurait pas les références. C’est une belle aventure qui se joue dans années 70, mais pas seulement. Comment est-ce que tu en ferais la présentation ?

C’est exactement ça. On a voulu faire un album-concept, mais pas au sens où une histoire serait développée sur tous les morceaux. Son titre indique déjà qu’il s’agit plus d’un album référence et révérence aux grands anciens. On replonge dans les années 70. Au départ, MESSALINE était plutôt un groupe qui jouait du Heavy Metal avec des touches 80’s. Avec « Vieux Démons », on est plus dans le Hard Rock et les années 70. C’est aussi du à l’arrivée de nouveaux musiciens dans le groupe, dont Mathieu Gilbert, notre guitariste. On s’est retrouvé sur cet amour de cette musique, qui nous nourrit depuis longtemps. Au début, au moment de l’écriture, c’était assez inconscient mais nous avons vite décidé de mettre des références à nos groupes de jeunesse comme Santana, Hendrix, Cream, Led Zep… Ca peut en effet dérouter ceux qui ne connaissent que nos premiers albums

– L’album s’inscrit clairement dans un Classic Rock aux touches Hard Rock et dans un esprit Rock français assumé. Si je comprends, pour ma part, votre démarche : à quel public MESSALINE s’adresse-t-il directement ?

Nous faisons avant tout de la musique pour nous faire plaisir. Comme nous sommes des quinquagénaires, cela s’adresse peut-être plus à des gens qui écoutent de la musique depuis 30/40 ans. Après, il y a actuellement un côté revival et c’est vrai que j’aime bien ça. Beaucoup de gens ne jurent que par le vinyle, alors pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ne miseraient-ils pas sur un groupe aux couleurs 70’s ? Et puis, lorsque nous faisons un album, on n’a pas en tête toutes ces préoccupations marketing. On s’en fout complet ! (Rires) Finalement, c’est notre disque le plus accessible et beaucoup de gens peuvent s’y retrouver.

Photo : Jean-Denis Izou

– Au-delà des influences, ou plutôt même de courants musicaux parcourus, les textes sont aussi d’une grande originalité, puisque vous êtes presque les seuls en France à aborder de tels sujets. On a même l’impression qu’ils sont le prétexte à un divertissement très joyeux. C’est aussi comme ça que vous le voyez et surtout que vous le concevez ?

Oui, complètement ! C’est vrai que la particularité de MESSALINE réside dans ses textes en français, qui sont d’ailleurs un peu ma chasse gardée. Je ne chante d’ailleurs que mes textes, car j’ai besoin qu’ils viennent de moi pour mieux les vivre et aussi les adapter à la musique. Les thèmes abordés sont assez larges. Si l’époque ne se prête pas forcément à beaucoup de joie, je garde en moi ce côté joyeux et humoristique. Même sur des textes sombres, j’essaie toujours de glisser un petit jeu de mot, par exemple, pour désintellectualiser la chose et apporter un peu de légèreté aussi. Mes deux grandes influences au niveau de l’écriture sont Christian Décamps et Thiefaine, qui représentent pour moi les deux faces d’une même pièce.

– L’album contient des morceaux super-efficaces comme « Les 3 Stryges », « Black Shaman » ou « Je Voulais Te Dire », qui sont vraiment la marque de fabrique de MESSALINE, votre touche. On y perçoit une réelle alchimie entre vous. Comment naissent vos morceaux ? Vous partez du texte, ou est-ce qu’il arrive en second suivant l’univers du titre ?

En fait, on a deux méthodes pour composer. On essaie d’être efficace sur les refrains et les mélodies. Nous sommes un peu des chansonniers, en fait, et je l’assume complètement. Alors, soit j’ai une mélodie en tête et je l’envoie à Mathieu, soit c’est lui qui m’envoie ce qu’il compose à la guitare sèche. Ensuite, on discute beaucoup, on structure les morceaux minutieusement. Et puis, Mathieu est un vrai boulimique de musique et j’écris aussi beaucoup de mon côté. On fait le tri et on avance comme ça. Toute la base des morceaux est acoustique et on construit ensuite autour. On part du principe que si une simple guitare sèche et du chant sonnent, ça sonnera tout le temps ! Et ça nous permet de varier les plaisirs en faisant des shows-cases, par exemple, où l’on s’aperçoit que ça fonctionne. 

Photo : Jean-Denis Izou

– Et il y a aussi ces deux « Marque Page » (« Antiqua » et « Daeomina »). Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus et nous expliquer leur signification ?

On voulait des respirations. On a beaucoup réfléchi à l’ordre des morceaux et à leur structure au sein-même du disque. Même si beaucoup de gens écoutent les titres individuellement sur les plateformes, on voulait aussi garder ce format de 45 minutes, où on se pose pour écouter l’album d’une traite. Et pour que tout s’enchaine bien, on a trouvé intéressant de faire ces pauses musicales. Ca repose l’oreille tout en apportant d’autres mélodies. On voulait un lien encore plus naturel entre les morceaux.

– On connait l’amitié qui vous lie au groupe Ange, et d’ailleurs vous reprenez « Par Les Fils De Mandrin », qui est réarrangé pour l’occasion. Quelle était l’intention ? C’est un morceau qui vous suit depuis longtemps, ou c’est une sorte d’hommage ?

Oui, c’est un hommage à Christian Décamps que je connais maintenant depuis une trentaine d’années. C’est un ami très proche. Nous avons eu la chance de faire souvent leurs premières parties, et nous sommes proches musicalement sur beaucoup d’aspects dont l’écriture. On n’avait jamais eu l’occasion de reprendre l’une de leurs chansons, que ce soit en concert ou en studio et je trouvais que c’était bien de boucler la boucle de cette façon. Et pour m’en libérer complètement, il me fallait aller aussi aller jusqu’au bout. Comme « Vieux Démons » est un album référence et révérence aux anciens, c’était le bon moment. Nous n’avons pas non plus voulu faire une reprise pour faire une reprise. On voulait aller un peu plus loin. Dans le morceau, on a intégré d’autres titres d’Ange et d’ailleurs Mathieu a fait un gros travail là-dessus. On retrouve entre autre un titre de 1970 qui s’appelle « Messaline » et dont les enregistrements sont d’ailleurs très rares. « Par Les Fils De Mandrin » est presque un medley finalement et les musiciens d’Ange ont apprécié le fait que l’on ne cantonne pas à une simple reprise et Christian m’a même dit que nous avions fait du MESSALINE, ce qui est un grand compliment pour nous.

– L’album comprend aussi « Le Jardin Des Délices », un clin d’œil, ou encore un hommage, au peintre flamand néerlandais Jérôme Bosch (autour de 1450-1516). On est assez loin de l’univers de MESSALINE et pourtant il s’intègre parfaitement à « Vieux Démons ». D’où vous est venue cette idée ?

On voulait un morceau très acoustique, fait d’arpèges et dans l’esprit du Led Zep « III ». Le déclic est venu du fait que c’est un morceau assez bucolique avec un côté très nature, comme le lieu où Led Zep a enregistré son album à l’époque (au Pays de Galles, au Rockfield Studios – NDR). Pour le texte, cela a été une association d’idée. Et comme je suis plasticien, enseignant en art appliqué et dessinateur, l’art fait partie de ma culture. Et j’avais aussi lu un roman un peu ésotérique, qui parlait du « Jardin des Délices » de Jérôme Bosch.

Photo : Jean-Denis Izou

– Avant de parler d’« Orion Stargazer » qui est l’un des titres-phares de l’album, j’aimerais que tu nous dises un mot sur la pochette, qui est signée Stan W. Decker, dont on connait le travail pour Megadeth et Blue Öyster Cult notamment. Comment s’est faite la connexion avec MESSALINE, car il a très bien cerné l’état d’esprit et la démarche du groupe ?

En fait, je l’ai contacté dès qu’on a commencé à avancer sur les morceaux, car on sentait qu’on allait sortir une sorte d’album-concept basé sur les années 70. Pour aller au bout de l’idée, on s’est dit qu’il fallait une pochette peinte où on se mettrait en scène. Et au-delà de ça, on y trouve beaucoup de clins d’œil à Kiss et à Rainbow notamment et dans un esprit un peu ‘Renaissance’ pour la peinture. Ca m’a paru assez naturel de le contacter, et puis c’était aussi l’occasion de passer un cap. Il connaissait notre univers un peu Prog avec des textes en français. Je lui ai fait un croquis détaillé de la pochette avec la mise en scène et il a réalisé un travail extraordinaire à partir de tous ces éléments. S’il y a des références musicales dans l’album, il y en a aussi énormément dans sa pochette car le visuel fait autant partie du concept que les morceaux. (L’album est bien sûr disponible en vinyle – NDR)

– Concluons donc avec « Orion Stargazer », où l’on retrouve du beau monde : Renaud Hanson (Satan Jokers), Tristan et Francis Décamps (Ange et Gens De La Lune), Jo Amore (ex-Nightwish, Kingcrown) et Pyt Theurillat (Galaad). J’imagine que ce sont tous des amis de MESSALINE. Comment les as-tu convaincu de tous participer au même morceau ?

En fait, on voulait réunir sur un même titre tous les copains avec qui on a partagé la scène. Et le fait que ce soit le dernier titre était assez rigolo aussi. C’était important pour moi d’avoir des invités qui ne soient pas des ‘pigistes’, mais des amis. J’ai juste envoyé un petit mail en expliquant l’idée de l’album et celle du titre. J’ai envoyé des voix témoins en disant qui je voyais sur tel couplet et en les laissant improviser sur le pont central. En 48h, tout le monde était d’accord. C’est également un vrai plaisir personnel d’avoir des musiciens de cette qualité pour ce dernier morceau. Chacun a envoyé ses bandes et comme je leur avais laissé la place d’improviser, on a pu mettre toutes les voix ensemble au mix. Et à l’écoute, on a vraiment l’impression qu’ils étaient tous dans la pièce au même moment. On est vraiment ravi !

L’album « Vieux Démons » de MESSALINE est disponible chez Brennus Music.

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Classic Hard Rock

Snakecharmer : enchanteur

Formé par des musiciens faisant partie du gratin du Hard Rock anglais, SNAKECHARMER est l’un des rares All-Stars band présentant une réelle légitimé. Bien plus qu’une simple accumulation de talents, le groupe rassemble des musiciens évoluant dans le même registre et surtout désireux d’apporter un nouvel éclat à un style parfaitement maîtrisé et hors du temps. Cette « Anthology » est un must !

SNAKECHARMER

« Anthology »

(Cherry Red Records)

En l’espace de dix ans, SNAKECHARMER n’a sorti que deux albums studio, un premier éponyme en 2013, puis « Second Skin » en 2017. Et pourtant, le supergroupe britannique s’était rapidement constitué une solide fan-base, soutenu par des critiques plus qu’élogieuses. Et pour cause, le sextet n’est pas un simple All-Stars band, mais d’abord la rencontre entre des musiciens passionnés et motivés à l’idée de proposer un Classic Hard Rock très personnel aux irrésistibles touches bluesy et aux mélodies accrocheuses.

Fondé par Chris Ousey au chant (Heartland), Laurie Wisefield à la guitare (Wishbone Ash), Harris James à la batterie (Thunder), Neil Murray à la basse (Whitesnake), Adam Wakeman aux claviers (Ozzy Osbourne) et Micky Moody à la guitare (Whitesnake), remplacé depuis par Simon McBride (Deep Purple), SNAKECHARMER possède des atouts plus qu’évidents. De fait, les deux albums sont d’une insolente fraicheur, grâce à des artistes qui sont parvenus à se détacher de l’empreinte de leur groupe d’origine.

Dans un coffret de quatre CD, « Anthology » contient l’ensemble des morceaux des Britanniques, plus trois inédits, remasterisés par l’excellent Tony Dixon, offrant ainsi une belle homogénéité à leur brillant Hard Rock. SNAKECHARMER s’est constitué un répertoire malgré tout assez conséquent. Et quant aux deux autres CD, il s’agit de deux concerts complets enregistrés à Milton Keynes en Angleterre, où l’on peut saisir toute l’intensité et le feeling du groupe sur scène. Indispensable !