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Rock Stoner/Desert

Smokeheads : tout sauf un écran de fumée

Grosses guitares, rythmiques imposantes et chant aussi puissant que fédérateur, SMOKEHEADS possède tous les atouts pour s’imposer sur la scène Metal hexagonale. Il faut aussi ajouter que le pédigrée des quatre musiciens plaide pour eux et l’expérience et le savoir-faire se font entendre et résonnent fort dès les premières notes de ce très bon « Never Prick My Pickles ! ».

SMOKEHEADS

« Never Prick My Pickles ! »

(Independant)

C’est depuis une petite bande de terre coincée entre la Suisse et les montagnes du Jura, le Pays de Gex, que SMOKEHEADS a mis au point un Metal Alternatif savoureux et original. Loin d’être de nouveaux venus, les quatre musiciens du groupe ont fait leurs armes dans de nombreuses formations avant d’unifier leurs forces et leur créativité pour livrer un premier EP de quatre titres plus que prometteur. 

Définir en quelques mots le style précis du quatuor serait peine perdue tant on y trouve des sonorités propres au Stoner dans la rythmique, des guitares aussi aériennes que tranchantes et un chant solide, justement assez proche d’un Metal Alternatif américanisé. Mélodique et percutant, SMOKEHEADS distille un registre aux multiples facettes, ce qui fait toute sa richesse et aussi un beau pied de nez aux poseurs d’étiquettes en tous genres.

Solide et racé, le combo a une forte capacité à livrer des mélodies accrocheuses et des refrains qui restent fortement ancrés (« In Between », « Hate And Love »). Tout en restant accessibles, les Français savent installer de belles atmosphères avant de bastonner à coup de  gros riffs (« Nothing Is Random »). Entre fureur et accalmies, SMOKEHEADS peut ainsi se balader dans des climats où l’on aime se laisser perdre (« One Million Ways »).

Site : http://smokeheadsband.com/

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Rock Stoner/Desert

Fellowcraft : l’empreinte du Rock américain

Coincé comme tout le monde par la pandémie et après avoir sorti trois singles, FELLOWCRAFT présente enfin son troisième album. Sans détour, le Rock Alternatif aux aspects Metal et progressifs du quatuor est une belle bouffée d’oxygène, pleine d’émotion et de force.

FELLOWCRAFT

« This is Where You’ll Find Me »

(Independant)

Fondé en 2014 et après avoir évolué dans un Indie Rock un peu conventionnel, FELLOWCRAFT a réellement pris un tournant musical en 2019 avec les arrivées de Pablo Anton-Diaz (lead guitare) et de Zach Martin (batterie). Dès lors, le quatuor de Washington a changé de cap pour prendre une envergure plus imposante, compacte et dense, sans oublier de belles envolées progressives.

Toujours guidés par leur fondateur Jon Ryan MacDonald (guitare, chant), les Américains sortent en autoproduction un troisième album riche et homogène. D’ailleurs, la production puissante et colorée, signée par Tonio Ruiz (sa seconde) à qui l’on doit de très bons et majeurs albums de Rock mexicain, n’est pas étrangère à ce nouvel élan pris par FELLOWCRAFT. Et ça ne manque ni d’ambition, ni de percussion.

Très brut, « This is Where You’ll Find Me » reflète à la fois un Rock Alternatif américain rappelant Pearl jam ou Audioslave, mais la dimension progressive de l’album le rend plus original encore. Du très bon « Coyote and the Desert Rose » ou « Last Great Scotsman II » (essayez donc de vous enlever le refrain de la tête !), FELLOWCRAFT livre aussi des prises studio live très prenantes et authentiques. Une gourmandise.

Bandcamp : https://fellowcraft.bandcamp.com

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France Stoner/Desert

Appalooza : du far-west à la west coast [Interview]

Formé à la pointe du Finistère, c’est pourtant aux Etats-Unis qu’APPALOOZA est parti s’aguerrir, fort d’un Stoner Rock massif d’une efficacité granitique. Après deux tournées américaines où le trio breton a eu tout le temps de peaufiner son registre, c’est sur le label californien Ripple Music qu’il signe son deuxième album, « The Holy Of Holies ». Une belle récompense pour ses travailleurs acharnés, qui reviennent sur leur parcours.

– Vous avez commencé à Brest en 2012 et avez sorti deux démos durant les deux ans qui ont suivi. Jouer du Stoner Rock à cette époque-là était peu courant en Bretagne et plus largement en France. Comment APPALOOZA a-t-il pris son envol ?

Au départ, les compositions d’Appalooza n’évoluaient pas vraiment dans un registre Stoner/Desert Rock, mais plus dans un registre Rock Alternatif/Grunge des 90’s. Les influences Stoner sont arrivées naturellement avec son engouement et la multiplication des groupes du genre émergeant en Bretagne. Nous étions un peu les cadets de cette scène à l’époque. Nous nous sommes nourris de cette scène en partageant de nombreux plateaux avec Stonebirds, Jackhammer, JumpingJack, etc. Ça nous a beaucoup apporté dans notre parcours.

– S’en est suivi un premier album éponyme en 2018 après une première tournée américaine. Qu’est-ce qui vous avait poussé à prendre le large et traverser l’Atlantique ? Rares sont ceux qui franchissent le pas… 

C’était un rêve de gosse de pouvoir un jour s’envoler au pays de l’Oncle Sam. La culture, la musique, les paysages, l’état d’esprit… Combiner la musique avec les USA était un rêve fou qui nous paraissait inaccessible sur le papier. A un moment, on s’est regardé et on sait dit : « mais pourquoi ne pas juste le faire ? »

On s’est donné les moyens et avons tout fait pour organiser notre tournée là-bas. Nous avons donc réalisé un gros travail de mailing et avons contacté énormément de bars, cafés-concerts et salles pour nous produire. Suivant les disponibilités, il a souvent été possible de se greffer (parfois au dernier moment) à un plateau déjà existant ou même d’en créer un de A à Z. Nous sommes partis à l’aéroport pour acheter nos billets, nous ne pouvions plus faire machine arrière.

– Quels souvenirs gardez-vous de ces premiers concerts aux Etats-Unis, et quel accueil le public américain vous avait-il réservé ? Et en quoi la seconde série de concerts là-bas a-t-elle été différente ?

Epuisant, mais mémorable et à refaire sans hésiter. C’est un pays gigantesque, la distance entre chaque concert nous ne laissait, la plupart du temps, pas le choix de conduire que toute la nuit. Pour notre seconde tournée, nous avons eu la possibilité de nous introduire directement sur celle d’un groupe Texan, par le biais d’un contact américain. Celle-ci a été beaucoup plus intense, puisqu’elle est partie du Texas et a traversé de nombreux Etats tels que le Nouveau-Mexique, l’Arizona, la Californie, le Nevada, l’Utah, le Colorado, le Nebraska, le Missouri, l’Indiana et l’Ohio.

Le Rock et le Metal là-bas, c’est quelque chose de normal. Tout le monde connait les classiques. Il y a également énormément d’excellents musiciens et de groupes. Nous avons été impressionnés par le niveau global de ceux que nous avons pu rencontrer. Le souci est qu’au bout d’un moment, il y a comme une impression de saturation. Il est parfois compliqué de sortir du lot, tellement le niveau d’exigence est élevé. On se rappelle de l’un de nos concerts à El Paso (Texas), où un groupe du coin est venu ouvrir pour nous. Les gars sont arrivés encore en tenu de travail, se sont installés, ont balancé en 10 min, joué comme des dieux pendant 20 minutes et sont partis dans la foulée l’air de rien. Enorme !

Par conséquent, l’autre problème qui en résulte est la communication sur certains événements. Hélas, vu la fréquence à laquelle certains lieux organisent des concerts à la semaine, la communication de certains promoteurs laisse à désirer. Il y a des soirs où nous avions comme seul public, les autres groupes présents, et d’autres où au contraire nous faisions salle comble. Ce fut le cas lors d’un concert à Laredo (Texas), où des mexicains ont pris le risque de traverser la frontière pour venir nous découvrir.

L’an dernier…

– APPALOOZA est ensuite remarqué par le label californien Ripple Music qui possède un beau catalogue en matière de Stoner notamment. Comment s’est passée la rencontre ? Ca doit être assez flatteur de figurer aux côtés de tels artiste, non ?

C’est un immense honneur pour nous d’être aux côtés de tels groupes et de vivre cette aventure avec Ripple Music. Il nous a paru évident de bosser avec ce label que nous suivions déjà depuis longtemps. Et nous voulions qu’ils soient les premiers à poser l’oreille sur « The Holy Of Holies ».

– « The Holy Of Holies » vient de sortir et le public français peut enfin faire plus ample connaissance avec APPALOOZA. Vous affichez une production massive et de solides compositions. C’est assez rare en France d’avoir des influences, une inspiration et un son aussi marqué par les Etats-Unis…

La culture et la musique américaine est omniprésente chez nous. Nous avons été éduqués musicalement à coup de Bruce Springsteen, Neil Young, Dire Straits, Deep Purple et d’autres grâce à nos parents. Avec ces bases-là, nous avons développé notre culture musicale qui est donc très américanisée. La scène nord-ouest américaine nous a notamment beaucoup marqué avec des groupes comme Soundgarden, Screaming Trees, Alice In Chains, Pearl Jam,… Après les cousins de Kyuss, Fu Manchu, Master Of Reality se sont greffés à tout ça.

– Vous avez d’ailleurs enregistré ce deuxième album en Bretagne et à Montaigu pour le master. Vous teniez à ce qu’il soit réalisé ici ? C’est une sorte de gage de votre identité sonore ?

Le choix du studio s’est fait assez naturellement. Pour ce second opus, nous avons décidé de retravailler avec notre ami ingénieur son, Adrian Bernardi, avec qui nous avions déjà enregistré notre deux titres « Animalia/Hourglass » sorti en 2017. Il a eu l’occasion de travailler plusieurs fois au Studio Le Faune à côté de Rennes, là où nous avons donc enregistré « The Holy Of Holies ».

– « The Holy of Holies » est aussi un album-concept, puisque vous y faites une critique ironique de la religion à travers toute une histoire. Comment est née l’idée de ce scénario ?

« The Holy Of Holies » est en effet une vision ironique de la religion. Une tempête arrive et envoie l’humanité à une mort certaine. L’absence de Dieu sur terre renvoie les hommes seuls. Ils sont privés et punis par leur individualisme et apparaissent déjà morts. Ils acceptent et cherchent un nouvel être à vénérer et envoient à travers le désert tous leurs péchés sur un bouc émissaire pour trouver le démon Azazael, le Saint des Saints. Cet ange déchu prend possession de l’humanité. Il les réincarne en une demi-espèce d’homme mi-bête en transplantant un crâne de cheval, symbole d’une liberté perdue.

Les paroles traitent de sujets tels que le mensonge, l’incapacité d’aider une personne en détresse, l’exploitation de l’homme par l’homme, la déception que l’on peut avoir en général envers les gens, l’éternel questionnement par rapport à notre existence et à celle de l’univers. Il y a un double sens dans nos textes. C’est pourquoi « The Horse », la mascotte, le totem du groupe, représente à la fois la société, la peur, l’interrogation, c’est un fourre-tout. On le voit surtout dans une forme de bourreau qui vient nous punir, parce que comme tout être humain, nous sommes tous pécheurs.

– Enfin, j’imagine que vous devez être impatients de remonter sur scène pour présenter l’album. Par où aimeriez-vous commencer : la Bretagne ou les Etats-Unis ?

Plouguenast ou Denver, qu’importe l’endroit pourvu qu’on puisse vite remonter sur scène et partager notre musique avec le public. C’est clairement là que nous nous sentons le plus vivant.

Bandcamp : https://appalooza.bandcamp.com/album/the-holy-of-holies

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Stoner/Desert

Jakethehawk : profond et organique

A l’instar de sa pochette, ce deuxième album de JAKETHEHAWK est aussi rafraîchissant que vivifiant et enthousiasmant. Avec « Hinterlands » le quatuor de Pennsylvanie nous invite dans sa maison au cœur d’une déferlante de riffs profonds et volcaniques. Sur des mélodies Psych et Prog, le combo emporte tout sur son passage. 

JAKETHEHAWK

« Hinterlands »

(Ripple Music)

Formé depuis seulement 2016, le quatuor de Pittsburgh, Pennsylvanie, distille pourtant un style parfaitement rodé, imaginatif et captivant. JAKETHEHAWK a judicieusement nommé son registre ‘Appalachian Rock’ coupant ainsi l’herbe sous le pied à de quelconques spéculations. Le son des Américains est tellement organique que pour un peu, en mettant toute cette électricité de côté, on se croirait en pleine nature, au cœur de la forêt.

Nourri au côté solide et technique du proto-Metal et des productions des années 80 et 90, JAKETHEHAWK a su enrichir son jeu d’atmosphères psychédéliques, de structures progressives tout en gardant à l’esprit l’héritage Folk de l’est américain. Et ce savant mix donne un style transcendant fait de riffs gigantesques, de solos perchés, d’une basse hyper-groovy et d’un batteur inspiré et métronomique. Un terrain  de jeu idéal !

Et les quatre J (John, Jordan, Justin et Josh) savent où ils vont. De « Counting » à « June » en passant par « Still Life », JAKETHEHAWK multiplie les breaks, les ambiances et les textures sonores pour rendre son Stoner Heavy Psych irrésistible et mélodique. En seulement un EP et deux albums, le quatuor américain s’est créé une identité musicale hors-norme et surtout d’un impact et d’une précision à couper le souffle (« Uncanny Valley »).

Bandcamp : https://ripplemusic.bandcamp.com/album/hinterlands

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Folk/Americana International Stoner/Desert

Tony Reed : une vision positive de l’avenir [Interview]

Producteur reconnu dans le milieu du Stoner Rock et au-delà, le multi-instrumentiste TONY REED a mis entre parenthèse ses groupes Mos Generator et Big Scenic Nowhere pour sortir il ya quelques mois son premier album solo. Acoustique, très épuré et touchant, le compositeur américain a livré un « Funeral Suit » étonnant, sincère et très personnel. Rencontre avec ce monument de Seattle.

– Il y a quelques mois, tu as sorti « Funeral Suit » dans un registre où on ne t’attendait pas forcément. Quel regard portes-tu sur ce premier album solo avec un peu de recul ?

Au cours des dernières années, on m’a demandé de faire un album acoustique à plusieurs reprises. Certaines des chansons de « Funeral Suit » ont été écrites il y a plus de cinq ans. C’est un style dans lequel je suis aussi à l’aise que dans du Rock lourd et, au niveau des paroles, il ne s’éloigne pas trop du contenu des trois derniers albums de Mos Generator. La grande différence ici, c’est que les voix et les paroles sont présentées dans un cadre sans grosses guitares, ni de section rythmique agressive.

– Malgré de multiples productions, on te connait surtout en tant que leader de Mos Generator et plus récemment avec Big Scenic Nowhere. Qu’est-ce qui t’a poussé à réaliser un album Folk et presqu’Americana ? C’est un projet que tu mûris depuis longtemps ?

En fait, chaque chanson a été enregistrée telle qu’elle à l’exception de deux chansons initialement interprétées par Mos Generator. Ce sont presque toutes des démos. Je trouve que dans certains styles de musique, si tu passes trop de temps à améliorer la performance ou les arrangements, tu perds l’énergie et le sentiment de départ. Sur la plupart de ces chansons, j’ai enregistré la guitare très rapidement, puis j’ai enregistré les voix au moment où je les écrivais. Il y a beaucoup d’erreurs sur l’album, mais je ne pense pas que je changerai quoi que ce soit. Cela donne vraiment aux chansons une sensation différente.

– « Funeral Suit » est un album assez sombre et intimiste, presqu’introspectif. C’est la situation due à la pandémie qui a guidé ce choix, ou c’est quelque chose de plus profond ? Et il y aussi ce changement radical de style…

Toutes ces chansons ont été achevées avant la pandémie. Si je me souviens bien, les derniers enregistrements de l’album ont été faits en novembre 2019. Tu as raison de dire que c’est un album intime et introspectif. Je n’ai jamais été aussi transparent dans mon écriture. Au cours des dernières années, j’ai jeté un coup d’œil sur les choses que je n’aime pas chez moi et les choses que j’ai faites et qui ont blessé les personnes que j’aime. De nombreux textes de Mos Generator reflètent également ce type d’auto-analyse. Entre « Funeral Suit » et l’album de Mos Generator « Shadowlands », je pense avoir exorcisé ces sentiments et les avoir remplacé par une vision positive de l’avenir.

La mort de mon père en 2019 a également joué un grand rôle dans la création de cet album.  « Funeral Suit », la chanson, parle de son décès et de la façon dont cela affectera le reste de ma vie. Il s’agit aussi des êtres chers qui sont toujours là et qu’ils peuvent partir à tout moment. Alors, chérissez cette vie que vous avez avec eux. J’ai l’impression que mon père comprendrait tous ces sujets sombres sur lesquels je chante, s’il pouvait écouter l’album. Je l’aime beaucoup et je peux honnêtement dire que bon nombre de mes propres défauts de caractère sont ceux que je pouvais voir en lui. Il aurait compris cet album. Il était un grand fan de mon travail et m’appelait régulièrement pour me le dire. Je porte ces mots partout avec moi.

En ce qui concerne le style de musique, j’écris et j’enregistre de la musique acoustique depuis plus de 30 ans. Dans mes archives personnelles, il y a des centaines de chansons que j’ai enregistrées dans de nombreux styles. Certaines ont été publiées ou rééditées au fil des ans, et il pourrait y en avoir d’autres dans un proche avenir. En ce moment, j’ai cinq projets et groupes actifs qui écrivent et enregistrent. Le seul avec des horaires de répétition réguliers est Hot Spring Water. Cela ressemble beaucoup au Rock Country du début des années 70 en Californie du Sud. C’est une sorte de mix Country alternative et sombre. C’est un groupe formidable et c’est très sympa à jouer sur scène.

– Sur cet album, tu es seul aux commandes. « Funeral Suit » est un disque que tu tenais toi-même à mener de bout en bout ?

Je suis un maniaque du contrôle donc, pour moi, ce n’est pas si différent que pour d’autres disques. Je gagne ma vie en tant qu’ingénieur du son et producteur depuis mes vingt ans environ, ce qui me permet également d’avoir le contrôle sur mes chansons. Au fil des ans, j’ai sorti pas mal de disques où je joue de tous les instruments. Cela vient vraiment du fait que je ne suis pas une personne très sociale et que je passe la plupart de mon temps à côté d’un enregistreur avec toute sorte d’instrument de musique à la main. Et j’ai eu la chance de pouvoir en faire l’œuvre de ma vie.

– En plus de cet album très touchant, Il y a également eu « Lavender Blues » avec Big Scenic Nowhere cette année. Finalement, elle aura été assez riche pour toi. Doit-on s’attendre maintenant à un nouvel album de Mos Generator en 2021 ?

Bob (Balch, également guitariste de Fu Manchu) et moi avons une excellente relation musicale. Nous sommes tous les deux mélomanes et essayons de jouer et d’apprendre sans cesse. Big Scenic Nowhere est génial, parce que j’arrive à saisir de longues jams et à les rendre très structurées en studio. C’est un processus que je connais, mais que je n’ai jamais fait avec autant d’intensité. C’est vraiment un défi amusant. En ce qui concerne Mos Generator, j’ai passé l’année dernière à essayer de trouver des morceaux pour maintenir la présence du groupe auprès du public. Actuellement, je suis très heureux de travailler sur de nouveaux morceaux. Le problème est que nous ne vivons pas les uns à côté des autres. Jono (batterie) habite à 3.500 kilomètres de Sean et moi. Et en ce moment, il est très difficile de se réunir et de travailler sur de nouvelles compos. Mais nous prévoyons au moins d’écrire et d’enregistrer un nouvel album (peut-être un double) d’ici la fin de l’année. C’est notre objectif.

Bandcamp : https://ripplemusic.bandcamp.com/album/funeral-suit-blood-and-strings-acoustic-series-ch-2

Retrouvez la chronique de l’album : https://rocknforce.com/tony-reed-la-surprise-folk-du-chef

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Stoner/Desert

Dozer : maître du Stoner européen

On attendait DOZER avec de nouvelles compositions, enfin actuelles, mais il faudra encore attendre un peu. Les Suédois proposent des titres datant du début des années 2000… ce qui ne gâche rien au plaisir. Et avec une pochette signée du chanteur de Lowrider, « Vultures » fait plus que ravir.

DOZER

« Vultures »

(Heavy Psych Sounds Records)

En mars dernier, lors d’une interview à l’occasion de la réédition de trois de leurs albums, Tommi Holappa, guitariste de DOZER, m’avait confié qu’aucun nouveau morceau n’était en cours d’écriture. Et malgré l’insistance des fans (et la mienne !), il semblerait que le Suédois ait tenu parole. Certes, « Vultures » est constitué d’inédits, mais…

Se distinguant par un Stoner Rock hors-norme élevé par la voix incroyable de Fredrik Nordin, DOZER a su rendre son style aussi singulier que référent pour toute une génération de groupes. C’est à l’occasion de leur quatrième album, « Through The Eye Of Heavens », que les Scandinaves avaient alors mis en boîte ces six morceaux (et un bonus).

Enregistrés en 2004-2005 aux Rockhouse Studios de Borlänge en Suède, les morceaux de « Vultures » étaient au départ des démos de pré-production. Cela dit, il y a de quoi se ravir de les voir sortis du placard, tant certains rappellent la grande époque de DOZER (« The Blood Is Cold », « The Impostor », « Head Ghost » et le morceau-titre). On attend maintenant un vrai retour.

Retrouvez l’interview de Tommi Holappa (mars 2020) :

https://rocknforce.com/un-rocher-dans-le-desert/
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Stoner/Desert

Around The Fire : Ethnic Stoner Doom

Réduire AROUND THE FIRE à un simple groupe, certes original, de Stoner Doom serait plus que réducteur. Dans une transe omniprésente, les Grecs réalisent l’un des meilleurs albums du genre depuis très longtemps. Et il le restera ! Sur six titres, « Celestial Keepers » hypnotise autant qu’il captive avec une force et une puissance démoniaque. Un must !

AROUND THE FIRE

« Celestial Keepers »

(Independant)

Nichée au cœur de la Méditerranée, la Grèce tient une place géographique de choix, lui permettant de brasser un nombre important de cultures différentes plus ou moins voisines. C’est ce qu’a décidé de faire AROUND THE FIRE sur son deuxième album, « Celestial Keepers », qui fait preuve d’une grande créativité en puisant dans plusieurs héritages ancestraux. Et à travers six titres incroyables, le combo traverse les âges avec modernité.

Originaire de Thessalonique sur la mer Egée, c’est donc assez naturellement que le groupe a intégré des sonorités byzantines avec d’autres issues de Mongolie. Et l’ensemble fondu dans un puissant Stoner Rock souvent Doom offre des perspectives musicales singulières à AROUND THE FIRE. Les Grecs ont été jusqu’à adopter un instrument à trois cordes ancestral, le kemenje, qui rend cet album quasi-mystique et d’une authentique spiritualité.  

Dès « Kau Ano Meha », on plonge dans l’univers du combo, qui manie l’art du crescendo avec brio sur des rythmiques aux percussions tribales. Shamanique sur « Ubdi » ou « Echoes Of Oblivion », on se laisse guider par l’univers troublant d’AROUND THE FIRE. « Astral Edifer » et ses chœurs grégoriens combinés à des riffs lourds très Doom élève encore cet état de transe avant un somptueux « Awakening » envoûtant et transcendant. Exceptionnel.  

Bandcamp : https://aroundthefire.bandcamp.com/album/celestial-keepers  

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Stoner/Desert

Hvalross : la mélodie au service d’un puissant Stoner Hard

En finalement assez peu de temps, le groupe hollandais s’est forgé un son que l’on sent construit à grand renfort de concerts intensifs. Le Stoner Hard de HVALROSS rayonne de l’expérience de ses musiciens, dont la maîtrise est totale. « Cold Dark Rain » montre une grande maturité pour un premier album. Souhaitons que ce ne soit qu’un début.

HVALROSS

« Cold Dark Rain »

(Independant)

Les quatre membres de HVALROSS ont fait leurs preuves depuis des années dans diverses formations avant de se réunir en 2018 pour de conjuguer leurs talents. Et bien leur en a pris, puisque ce premier album est original tout en rassemblant des styles et des courants qui vont du Rock au Metal. L’ensemble, sous une bannière Stoner, offre un saisissant « Cold Dark Rain », plein de panache et furieusement addictif.

Rappelant autant des ambiances chères à la NWOBHM qu’à Black Sabbath ou Mastodon, le quatuor hollandais libère une énergie globalement Hard Rock, tout en nuance et en finesse. Puissant et percutant, HVALROSS a profité d’une grosse année de concerts en 2019 pour peaufiner et façonner des compositions d’une grande maturité (« As I Am », « Death From Above », « Geryon », « Trenchfeet »).

Sur des riffs épais et massifs, les Néerlandais déploient un Stoner efficace que la voix de Gerben van Oosterhout rend encore plus saisissant et empreint d’une douce mélancolie et d’une force omniprésente (« Oblivion », « The Old Master »). HVALROSS livre un album complet, bien produit, très cohérent et entrainant, et nul doute qu’on entendra parler du quatuor au-delà d’un pays qui se fait de plus en plus Stoner.

Bandcamp : https://hvalross.bandcamp.com/

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Stoner/Desert

Hebi Katana : en quête d’identité

A travers un Stoner Doom varié, le trio japonais HEBI KATANA a articulé un premier album éponyme assez complet. Si l’intention est louable, le trio devra gommer encore un peu l’impact de ses influences sur ses morceaux et définir un style plus personnel. Mais les premiers pas sont encourageants.

HEBI KATANA

« Hebi Katana »

(Independant)

Si on connait surtout le Japon pour sa scène extrême et notamment Death Metal, de jeunes pousses s’essaient aussi au Stoner comme c’est le cas avec HEBI KATANA. Dans un registre plutôt Doom et Heavy, le trio basé à Tokyo sort son premier album en autoproduction, et il laisse entrevoir de bonnes dispositions.

Avec un esprit très sabbathien, HEBI KATANA livre huit titres et deux interludes instrumentales et acoustiques où le combo passe en revue ses nombreux et variées influences passant des 70’s aux 90’s l’espace d’un riff ou d’un break. Et si les Nippons ratissent si large, c’est aussi et sûrement pour faire état de leur éventail musical.

« Directions For Human Hearts », qui ouvre l’album, est probablement le morceau le plus expérimental de l’album. Ensuite, le proto-Doom laisse sa place à des titres qui vont jusqu’à puiser dans le Grunge et le Hard Rock (« Reptile Machine », « Struggle With A Lie »). HEBI KATANA doit encore affiner son style et se faire plus original, mais les bases sont bonnes.

Bandcamp : https://hebikatana.bandcamp.com/album/hebi-katana

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Stoner/Desert

Komatsu : une lumineuse asphyxie

Le moins que l’on puise dire, c’est que les neufs nouveaux morceaux qui composent « Rose Of Jericho », le quatrième album de KOMATSU va faire trembler quelques murs. Le Stoner teinté de Metal et d’ambiances bluesy est probablement le meilleur proposé par les Néerlandais depuis dix ans.  

KOMATSU

« Rose Of Jericho »

(Heavy Psych Sounds Records)

Avec les musiciens de KOMATSU, tout commence et se poursuit dans leur ville natale d’Eindhoven aux Pays-Bas. C’est là que tout démarre en 2010 avec un premier EP l’année suivante avant « Manu Armata » deux ans plus tard. Encensé par la presse, le nom du quatuor arrive aux oreilles du grand Nick Oliveri (ex-Kyuss, QOTSA) qui posera sa voix sur deux morceaux de leur deuxième album « Recipe For Murder One » en 2016.

Après « A New Horizon », son troisième opus, KOMATSU entre en studio à Eindhoven pour y concocter « Rose Of Jericho », enregistré et mixé dans sa ville. Est-ce la raison pour laquelle le quatuor est si inspiré ? Une chose est sûre, ce quatrième sonne et résonne de manière massive et profonde. Son Stoner Rock a pris une réelle envergure et le combo se présente aujourd’hui comme l’une des valeurs sûres européennes.

Depuis sa propre capitale du Rock néerlandais, le groupe s’est même auto-qualifié ‘supermassive mothersludgers’, c’est dire l’ambition de ses membres. Et force est de constater que ça leur va plutôt bien. Entre Stoner et Metal, KOMATSU alterne avec des  titres épais et costauds et d’autres plus bluesy et mid-tempos. « Rose Of Jericho » est un album qu’on saisit pour ne plus le lâcher. Une bombe !