Face à une industrie musicale et une scène Metal internationale plus formatées que jamais, où tout finit par se ressembler peu à peu, DESERT SONG prend tout le monde à revers pour faire un bond dans le temps. Si renouer avec la créativité du siècle passé n’est pas une mince affaire, recréer l’atmosphère avec un son organique et chaleureux est encore possible. Et le Hard Rock transgénérationnel et cette ambiance Old School dénotent avec brio des réalisations fadasses et bidouillées d’aujourd’hui.
DESERT SONG
« Desert Song »
(Sleaszy Rider Records)
Prenez trois musiciens chevronnés issus d’Ensiferum, Spiritus Mortis, Amoth, Celesty et d’autres encore, mettez-les ensemble en studio et laissez-les se faire plaisir. C’est très précisément ce qu’ont fait Pekka Montin (chant, claviers), Kimmo Perämäki (guitare, chant) et Vesa Vinhavirta (batterie) pour donner naissance à DESERT SONG, power trio affûté, qui a décidé de retrouver la saveur du Hard Rock et du Heavy Metal des années 70 et 80. Et cette couleur très rétro se développe même jusque sur la pochette.
L’ambition première des Finlandais est de faire la musique dont ils ont envie depuis des années et de bien le faire. Pari réussi pour DESERT SONG avec ce premier album éponyme, qui nous renvoie aux belles heures de Blue Öyster Cult, Uhiah Heep et Deep Purple avec une pincée du Michael Schenker des débuts et de Rainbow. Sont injectés aussi quelques passages Doom, progressifs et AOR distillés dans des morceaux très bien écrits, aux structures solides et dont la production-maison est exemplaire et très naturelle.
En marge de leurs groupes respectifs, le combo se rassemble autour d’influences communes et intemporelles. Allant jusqu’à enregistrer sur du matériel vintage, les Scandinaves se partagent aussi le chant et trouvent un parfait équilibre musical. On imagine facilement que DESERT SONG n’a pas souhaité faire dans le clinquant au niveau du son et ce parfum de nostalgie n’en est que plus prégnant (« Desert Flame », « Rain In Paradise », « Another Time », « The Most Terrible Crime », « Cottage »). Un bain de jouvence !
En revenant à un son plus rentre-dedans et plus ‘sauvage’, HOUSE OF LORDS semble avoir choisi la bonne voie, celle d’une certaine réhabilitation auprès d’un public un brin nostalgique de ses débuts. En effet, « Full Tilt Overdrive » présente une belle dynamique avec un accent mis sur les guitares, histoire de se rappeler ô combien Jimi Bell est un musicien plein de feeling et de fougue. Le combo américain repart de bonnes bases, déjà posées sur le précédent opus et c’est une bonne nouvelle !
HOUSE OF LORDS
« Full Tilt Overdrive »
(Frontiers Music)
HOUSE OF LORDS fait partie de ces nombreux groupes californiens qui se sont fait connaître grâce à des débuts discographiques époustouflants… Chose qu’on ne voit plus beaucoup de nos jours. En 1988, avec son premier album éponyme, il avait fait plus qu’attirer l’attention dans le petit monde du Hard Rock. Des morceaux hyper-fédérateurs et très mélodiques, mais tout de même suffisamment puissants pour rivaliser avec les plus nerveux de l’époque. La suite a été assez chaotique avec de nombreuses turbulences internes, qui ont mené à un bal incessant d’allés et venues dans ce line-up devenu par la force des choses très fluctuant.
Il ne reste aujourd’hui que son emblématique frontman, James Christian, de la formation originelle et pourtant HOUSE OF LORDS reste toujours aussi identifiable. Composé depuis « Saints And Sinners » (2022) du guitariste Jimi Bell, du claviériste et compositeur Mark Mangold et du batteur suédois Johan Koleberg, une unité artistique semble être retrouvée, ainsi qu’une envie d’avancer ensemble. C’est en tout cas qui ressort à l’écoute de « Full Tilt Overdrive », dont la production assez brute et directe se veut beaucoup plus organique et puissante. Et le quatuor, dans cette configuration, parait également beaucoup plus inspiré.
Vocalement irréprochable, James Christian n’a rien perdu de son charisme et reste l’un des meilleurs chanteurs du genre. Fidèle à lui-même en quelque sorte. La petite surprise vient peut-être des guitares, nettement plus en valeur qu’habituellement, relayant légèrement les claviers au second plan. Même s’il reste toujours très mélodique, HOUSE OF LORDS renoue avec ses racines Hard Rock grâce aux riffs et aux solos costauds d’un Jimi Bell en pleine forme (« Bad Karma, « Talking The Fall », « Crowded Room », « Full Tilt Overdrive » « You’re Cursed » et l’épique « Castles High » et ses neuf minutes). Rafraîchissant et tonique !
Avec « Division Mortality », SPEEDRUSH parvient avec brio à faire le pont entre un Heavy Metal moderne, furieusement Speed et aux riffs légèrement thrashy, et le respect des institutions portées par la légendaire NWOBHM. Denses et percutants, les Grecs sont intraitables et développent une intensité presque ténébreuse. Le combo est tranchant et très fédérateurs aussi, grâce à des titres bien ciselés et parfaitement exécutés et produits. L’assaut est brutal… et savoureux !
SPEEDRUSH
« Division Mortality »
(Jawbreaker Records)
Il s’est passé sept longues années depuis « Endless War » et il faut bien avouer que SPEEDRUSH nous revient quasi-métamorphosé. Si le fond n’a pas vraiment changé, l’approche, la technique et le son se sont considérablement améliorés. Le quintet affiche désormais de solides arguments et la maturité acquise depuis son premier opus est plus que significative. Avec « Division Mortality », son registre a évolué pour devenir intemporel et surtout très personnel. Et avec une telle pochette, on entre de suite dans le vif du sujet !
Certes, l’empreinte des années 80 et 90 est perceptible parmi les influences de SPEEDRUSH, mais il a gagné en finesse d’interprétation, ainsi qu’en puissance et même mélodiquement. Je n’aime pas beaucoup les comparaisons, mais imaginez un mix très adroit entre Judas Priest, Slayer, Annihilator, un soupçon de Megadeth et du Helloween de la première époque et vous tenez un bon résumé du Speed Metal à l’œuvre sur « Division Mortality ». Il y a tout de même de quoi saliver, avouez-le, d’autant que le résultat est là.
Et SPEEDRUSH a respecté les traditions en présentant une production à l’ancienne, c’est-à-dire avec une intro (« Division Mortality ») et une outro (« Fade To Flames »). Et il ne s’agit pas de simples bruitages ou de sons d’ambiance, mais de courts morceaux, dont le dernier est entièrement acoustique et très bon. Et entre les deux, les Hellènes montrent les crocs sur des titres racés et bien rentre-dedans. Les deux guitaristes s’en donnent à cœur-joie, la rythmique est intenable et le frontman en ébullition. L’essence-même du Metal avec classe !
Autour de la fratrie ARMELLINO, Yann à la guitare et Alban à la batterie, sont venus se greffer Vincent Martinez à la guitare et au chant, et Jacques Mehard Baudot à la basse pour donner vie à un quatuor au groove très 70’s et à l’énergie très actuelle. Fort d’un premier album, « Heritage Blend », qui en dit déjà long sur le niveau et les intentions des quatre musiciens, c’est avec un grand plaisir qu’on replonge dans l’âge d’or du Heavy Blues et du Classic Rock, preuve s’il en est que dans l’hexagone, on sait aussi y faire en matière de Rock…. Et sans nostalgie ! Entretien avec Yann et le plus discret Vincent autour de ce premier opus, qui en appelle déjà d’autres.
– Tout d’abord, j’aimerais que vous reveniez sur la création d’ARMELLINO. Certes, il y a cette réunion de guitaristes, mais vu le nom du groupe, il s’agit aussi d’une histoire de famille, non ?
Yann : Je connais Vincent depuis longtemps, cela remonte à 2006 lorsqu’il était déjà guitariste et chanteur du groupe Jakes. A l’époque, je faisais partie du label ‘Why Note’ (Nocturne Distribution). Nous avions organisé une release party pour la sortie de l’album « I Have A Dream » de The Reverend au Hard Rock Café à Paris. C’est Jakes qui a ‘chauffé’ la salle et par la même occasion m’a retourné la tête ! J’ai été tout de suite séduit par l’énergie et les compositions, une claque ! Je leur ai proposé de les signer sur le label, mais cela n’a pas abouti, car le groupe s’est séparé peu de temps après… J’ai toujours gardé une oreille attentive à ce que faisait Vincent artistiquement, notamment avec Carousel Vertigo, que je trouvais vraiment très chouette. Quand il a quitté le groupe, nous avons pensé que c’était le bon moment pour commencer à travailler ensemble (enfin !). Il y a des évidences qui mettent du temps à se concrétiser. Quand nous avons terminé le travail de composition, il a fallu trouver un nom. Une étape toujours un peu délicate. Comme tu le soulignais dans ta question, mon frère Alban est à la batterie, donc oui, c’est aussi une histoire de famille. C’est Vincent qui a eu l’idée de se présenter tout simplement sous le nom d’ARMELLINO et ça nous a semblé être la meilleure option.
Vincent : De mon coté, j’ai toujours suivi les productions de Yann. Depuis notre rencontre, il m’a toujours supporté et j’ai toujours gardé dans un coin de la tête l’idée qu’on ferait quelque chose ensemble à un moment donné.
– Vous vous côtoyez depuis quelques années à travers vos différents projets et dans des registres assez différents. Le Heavy Blues et/ou le Classic Rock ne sont malheureusement pas très répandus en France, pourtant ARMELLINO est la preuve qu’on sait y faire. Comment expliquez cette absence dans l’hexagone et qu’est-ce qui vous a finalement convaincu de vous lancer ?
Yann : Quand on s’est décidé à travailler ensemble, nous n’avons pas parlé de ‘direction artistique’ ou de choix de style. Cela s’est fait naturellement. On avait juste envie de passer de bons moments à écrire, jammer… bref, jouer ! Et notre langage commun est ce mélange de Heavy, de Blues et de Rock avec une dose de Soul. Effectivement, ce style n’est pas très répandu en France mais, avec Internet, les artistes souffrent moins des ‘barrières frontalières’ comme c’était le cas il y a quelques années. Aujourd’hui, j’observe que ça bouge pas mal par ici. Il y a de nombreux artistes et groupes vraiment chouettes comme les Red Beans & Pepper Sauce, Rozedale, Jessie Lee & The Alchemists (et oui !), Nico Chona, Little Odetta, Mat Ninat…. et pas mal d’autres.
– Même si « Heritage Blend » ne laisse pas planer le doute quant à vos références, quelle était votre ambition première, même avec un registre qui s’impose de lui-même dès le départ ?
Yann : Notre première ambition était de se faire plaisir et de partager un genre musical qui perdure malgré les modes. Comme je te le disais précédemment, nous n’avions pas de ligne directrice, ce qui donne à l’arrivée des titres assez variés où l’on peut retrouver pas mal de styles différents. C’est une liberté artistique très éloignée des formats que l’on peut imposer en Pop, en Rap, etc…
Vincent : Et Yann étant très prolifique, c’est très excitant de le suivre dans ses propositions.
– La première chose que l’on remarque chez ARMELLINO est cette complicité entre vous deux au niveau des guitares. Est-ce que c’est quelque chose que vous avez particulièrement travaillé et comment vous répartissez-vous les rôles, notamment au niveau du lead ?
Yann : Quand on s’est retrouvé guitare en main, c’était un peu comme si on avait toujours travaillé ensemble, tant musicalement qu’humainement. Je trouve que Vincent a un phrasé, un groove et une expression musicale digne des plus grands. C’est un cadeau de jouer avec lui. Et en plus, il a une voix Blues Rock Soul, qui sert parfaitement le style. Nous n’avons pas vraiment réfléchi au partage des rôles concernant les lead. C’est pour cela que, suivant les titres, nous ‘chorussons’, si je puis dire, parfois seul ou alors à deux. Ca se fait vraiment au feeling…
Vincent : D’ailleurs, en live, il nous arrive d’étendre certaines plages de guitares et parfois d’échanger nos solos par rapport à l’album.
– Au-delà de l’aspect guitaristique et purement technique d’ARMELLINO, vous avez également le talent de composer des chansons mélodiquement efficaces et entêtantes. Comment cela se passe-t-il au niveau de l’écriture ? Vous échangez d’abord sur des idées de riffs, ou partez-vous aussi d’une ligne vocale ?
Yann : On part très souvent d’une idée de riff que l’on fait tourner. Et quand on sent qu’il se passe quelque chose, on laisse mûrir et ça évolue doucement. Il y a des titres qui ont mis un certain temps à être finalisés, je pense notamment à « These Bones ». On avait le riff d’intro, qui peut évoquer « Oh Well », mais le refrain est venu bien après. C’est d’ailleurs un morceau qui a failli passer à la trappe (ce qui aurait été un véritable sacrilège ! – NDR).
Vincent : Notre but, c’est d’abord la chanson et son ambiance.
– On l’a dit, vous œuvrez dans un registre qui prend racine dans les années 70/80, ce qui offre une saveur vintage délicate. Pourtant, « Heritage Blend » sonne très actuel et ce n’est pas qu’une question de matériel ou de technique. L’idée est-elle de prolonger ce style en lui insufflant une touche moderne, ce qui voudrait aussi dire que le chapitre de ces années-là n’est pas clos…
Yann : Je crois que le chapitre de ces années ‘bénies’ n’est pas près de se refermer. Tout est parti de là et les productions de l’époque n’ont quasiment pas vieilli. C’est loin d’être le cas sur les productions des années 80/90, sur lesquelles il y avait excès de vitesse sur les réverb’ et le traitement des batteries, qui donnait la migraine. C’est dommage, car il y avait de très bons albums aussi pendant cette période. Mais de par leur production, on a du mal à les réécouter aujourd’hui, ce qui n’est pas le cas des Led Zeppelin, Kiss, Cream, Bad Co, etc… On est revenu depuis pas mal de temps à des productions qui ne dénaturent pas le son à proprement parler, un ‘sonner vrai’, qui caresse plutôt les oreilles.
– Un petit mot aussi au sujet des très bonnes parties d’orgue Hammond de Fabien Saussage et de celles de Little Magic Sam à l’harmonica. Elles apportent à ARMELLINO une couleur Southern et beaucoup de chaleur à l’album. Vous aviez besoin de cet équilibre entre Rock et Blues pour construire votre répertoire ?
Yann : Assez vite, on a entendu d’autres instruments sur différents titres. L’orgue, le piano et l’harmonica se sont imposés naturellement, c’est une vraie valeur ajoutée. Fabien et Little Magic Sam ont fait un travail remarquable, c’est un cadeau de les avoir avec nous. Ils ont eu une totale liberté pour s’exprimer. C’est pourquoi, sur certains titres, il y a de l’orgue et du piano, car Fabien le sentait comme ça et il a eu raison ! Sur « Hardly Yours », on avait demandé à Little Magic Sam de rentrer au moment du chorus de guitare. Et à l’arrivée, il a eu envie de jouer sur tout le morceau : une super idée et une belle inspiration avec ses phrases qui répondent au chant de Vincent. Merci à eux.
– « Heritage Blend » contient onze chansons, dont deux reprises, d’ailleurs très bien produites par Didier Théry qu’on connait pour son travail avec Gaëlle Buswel notamment. Il y a d’abord « Fire » d’Etta James chantée par Jessie Lee Houllier de ‘Jessie Lee & The Alchemists’. Le choix paraît très spontané vu le reste de l’album. Mais pourquoi chante-t-elle seule ? Un duo ne vous a pas tenté ?
Yann : Vincent, qui a déjà travaillé avec Didier Théry, a tout de suite pensé à lui pour réaliser l’album. C’est quelqu’un de très patient, à l’écoute des artistes et qui s’est impliqué dans le projet en y ajoutant ses idées de chœurs, de percus et de batterie. C’est une belle rencontre. Concernant « Fire », l’idée de proposer un featuring à Jessie s’est vite imposée, car elle est parfaite pour rendre cet hommage à Etta James. Un duo aurait été chouette, mais nous n’avons pas eu l’occasion de le mettre en place. Peut-être une prochaine fois ?
Vincent : J’adore quand Yann rend hommage à la Soul et au R’n B. Et avec Jessie, la version est géniale ! On s’est bien éclaté !
– Et il y a cette reprise acoustique du classique de Thin Lizzy, « Dancing In The Moonlight ». Je comprends parfaitement votre choix, car la chanson est géniale, et j’aimerais savoir comment vous l’avez imaginé dans cette version assez épurée et lumineuse…
Yann : On avait envie de faire une autre reprise et Thin Lizzy est l’un des nombreux groupes qui nous rassemble. Il restait à trouver le bon titre. On s’est dit que reprendre un morceau plus Rock serait un peu trop ‘attendu’, donc le choix de « Dancing In The Moonlight » est venu assez naturellement. A l’inverse de la chanson d’Etta James, on l’a tout de suite pensé en acoustique. J’aime beaucoup l’interprétation tout en finesse de Vincent sur ce titre, qui n’est pas facile à chanter. J’aurais bien également tenté « The Sun Goes Down », mais ça nous semblait plus acrobatique en acoustique. Le répertoire de Thin Lizzy est une vraie mine d’or.
Vincent : C’était super quand Yann a commencé à jouer « Dancing In The Moonlight » en acoustique… Et on adore Thin Lizzy.
– Enfin, vous êtes tous les quatre des musiciens aguerris et très occupés et j’espère que « Heritage Blend » n’est pas un simple one-shot. Comment envisagez-vous l’avenir d’ARMELLINO ? Avec de la scène et aussi une suite discographique ?
Yann : Nous l’espérons aussi ! (Sourires) On va essayer de tourner le plus possible jusqu’à fin 2025. Ça va aussi dépendre de l’accueil des médias et du public. Concernant la suite discographique, nous avons déjà quelques idées ‘sous le coude’. Donc oui, il y en aura une, ce n’est pas un one-shot !
L’album d’ARMELLINO, « Heritage Blend », est disponible chez May I Records/Pias.
Photos : Yann Armellino à la guitare (2), Alban Armellino à la batterie (3), Vincent Martinez à la guitare et au chant (4) et Jacques Mehard Baudot à la basse (5).
Et une fois n’est pas coutume, découvrez le clip de la chanson « I’m Only Me » :
Les albums se suivent et se ressemblent du côté de Phoenix et on n’en voudra pas à la légende FLOTSAM AND JETSAM de conserver l’élan d’un virage amorcé il y a quelques années déjà. Le Thrash Metal de ses débuts se teinte de plus de plus de Heavy, tout en gardant beaucoup de vélocité et d’agressivité. Plus mélodique, le quintet garde cependant toujours cette touche si particulière et, l’âge aidant, se concentre sur des morceaux compacts, peut-être moins percutants, mais toujours aussi énergiques. « I Am The Weapon » est le reflet d’un style qui s’est modernisé, notamment au niveau de la production, mais qui a perdu aussi de son aspect brut et spontané.
FLOTSAM AND JETSAM
« I Am The Weapon »
(AFM Records)
Malgré près de 40 ans de carrière, c’est toujours assez étonnant de voir un groupe tel que FLOTSAM AND JETSAM se référer à ses deux dernières réalisations, en l’occurrence « The End Of Chaos » (2019) et « Blood In The Water » (2021), comme si rien n’avait survécu ou était arrivé dans leur belle et longue discographie. Cela dit, c’est indéniable que « I Am The Weapon » et son titre volontairement provocateur tiennent de leurs prédécesseurs et s’inscrivent même directement dans leurs pas… Et c’est peut-être aussi ce qu’on pourrait leur reprocher. Il en est coulé de l’eau sous les ponts depuis les « Doomsday for the Deceiver », « When the Storm Comes Down », « Cuatro » et même « High ».
C’est vrai qu’on peut compter sur le frontman Eric AK Knutson et son compositeur en chef et guitariste Michael Gilbert, colonne vertébrale de la formation originelle, pour entretenir et raviver la flamme des piliers du Thrash Metal américain. Pourtant, FLOTSAM AND JETSAM s’est éloigné de ses ambitions premières, qui allaient creuser au fond d’une inspiration qui semblait inépuisable. Les nombreuses expérimentations ont disparu pour laisser place à un Heavy Thrash de bonne facture, certes, mais qui n’a plus l’insolence et la pertinence d’antan. Le combo de Phoenix ne s’est pas forcément assagi, mais il prend le pli… sans tout de même nous faire l’affront de tomber dans le Power Metal !
Bien sûr, l’attaque vocale est toujours aussi vivace, même si on l’en pense souvent à Bruce Dickinson, mais le temps a sans doute fait son œuvre et on ne saurait que saluer une longévité et une persévérance qui forcent le respect. Côté guitare, le duo Michael Gilbert-Steve Conley apporte beaucoup de tranchant, que ce soit sur les riffs, les solos et plus largement les mélodies, tandis que Ken Mary à la batterie impose un rythme effréné bien soutenu par Bill Bodily à la basse. FLOTSAM AND JETSAM livre donc un opus très correct, très au-dessus de la moyenne actuelle, et il alimente le mythe avec une belle rage (« A New Kind Of Hero », « I Am The Weapon », « Beneath The Shadows », « Black Wings »).
Groupe iconique des années 80 et 90, WHITE LION a marqué toute une génération de fans de Hard Rock. En marge de la très productive scène américaine de l’époque, les Danois ont apporté un son nouveau et surtout européen jusque-là inédit. Après une séparation qui a aussi vu éclater le formidable duo composé avec le guitariste Vito Bratta, MIKE TRAMP a entamé une carrière solo tout d’abord avec l’excellent combo Freak Of Nature, puis sous son nom. Mais depuis l’an dernier, c’est bel et bien le répertoire de sa première formation que le chanteur revisite avec le talent qu’on lui connait et surtout cette voix chaude et tellement identifiable. Alors que sort le volume 2 de « The Songs Of White Lion », le frontman revient sur ses envies, son plaisir et sans éluder quoique ce soit. Entretien.
– L’an dernier, tu as sorti le premier volume de « The Songs Of White Lion », qui a été suivi d’une tournée. D’où t’es venue l’idée de te replonger dans le répertoire de WHITE LION ? Ce sont des morceaux que tu jouais régulièrement en solo sur scène ?
Au départ, je n’aurais jamais imaginé retourner dans le monde de WHITE LION. Mais quand je l’ai fait, j’ai senti que je pouvais en faire beaucoup plus. Les nouvelles versions m’ont fait aimer à nouveau mes anciennes chansons et m’ont donné envie de les interpréter d’une manière que je n’avais jamais faite auparavant. Elles appartiennent à un groupe de Rock au complet, et non pas à mes nombreux albums solo. C’est un monde à part.
– Ces deux volumes ont aussi la particularité de présenter les chansons dans des versions réenregistrées. Pour quelles raisons as-tu souhaité entrer à nouveau en studio ? Tu aurais tout aussi pu sortir un Best Of remasterisé, par exemple ?
L’intérêt de réenregistrer et de réarranger quelque peu les chansons, c’était pour qu’elles s’adaptent à la fois au monde d’aujourd’hui et à la vision que j’en ai en 2024. La musique évolue, comme nous tous. Les anciennes versions représentent un groupe qui avait une vingtaine d’années. Aujourd’hui, j’ai 63 ans. Je ne monte pas sur scène comme Kiss, qui pense que les temps n’ont pas changé, ou qu’eux-mêmes n’ont pas changé. D’ailleurs, YouTube nous montre le contraire. Je voulais montrer ma propre évolution personnelle et mon interprétation aujourd’hui.
– J’imagine que si tu as réenregistré tous ces morceaux des années après leur sortie, c’est que certaines choses devaient te gêner un peu. D’où cela venait-il ? Plus de la production, ou de certaines structures, même s’ils sont très fidèles aux originaux ?
Je pense que c’est sans doute le cas pour la plupart des artistes qui se penchent sur leur travail 40 ans plus tard. Refaire ces chansons, c’était aussi m’adapter à qui je suis aujourd’hui. Je ne chante plus comme en 1984-90. Je ne veux pas même essayer de le faire, car je ne peux pas. Mais je connais tellement bien ces chansons. Alors quand je les chante, je raconte une longue histoire avec elles. Et c’est seulement possible parce que j’ai vécu avec elles pendant 40 ans.
– Un petit mot au sujet des musiciens qui t’accompagnent sur ces deux albums. Comment les as-tu choisis et est-ce que ce sont des amis pour l’essentiel, qui connaissaient déjà le répertoire de WHITE LION ?
Eh bien, la personne la plus importante est le guitariste Marcus Nand, que je connais depuis 1994 avec Freak Of Nature. Son travail d’apprendre toutes les parties de guitare de Vito Bratta, puis de les réapprendre dans une toute autre tonalité qui corresponde à ma voix, était une tâche presque impossible. Mais il l’a fait et même très bien fait. Je travaille depuis plus de 20 ans avec les autres gars et j’ai toujours choisi des amis et des personnes avec qui j’aime travailler.
– La question qu’on peut aussi légitimement se poser, c’est pourquoi ne pas avoir tout simplement reformé WHITE LION, même avec quelques changements de line-up ? Y avait-il certaines contraintes juridiques, par exemple, car tu avais sorti l’album « Return Of The Pride » également en 2008 ?
Il n’a JAMAIS été question d’une véritable reformation de WHITE LION. Et cela n’arrivera jamais. Vito s’est retiré du monde de la musique il y a 30 ans, et personne ne l’a revu depuis. Un autre point est que cela ne se rapprochera jamais de ce qu’était le groupe en 1987-91, c’est un fait. « Return Of The Pride », n’aurait pas dû être publié sous le nom de WHITE LION, c’était une grosse erreur. La seule chose positive que je puisse dire à ce sujet, c’est que ce sont certaines des meilleures chansons Rock que j’ai pu écrire.
– D’ailleurs, pour qui ne connaitrait pas WHITE LION (il y en a peut-être !), que lui conseillerais-tu : écouter les versions originales ou plutôt ces deux volumes ?
Non, il faut écouter les volumes 1 et 2, car les chansons sont plus importantes que le groupe. C’est un triste fait, mais c’est la réalité.
– Pour tous les amoureux de Hard Rock de cette période bénie des années 80/début 90, WHITE LION est une référence incontournable. Plus de 40 ans après sa formation, quel regard portes-tu sur le groupe et surtout sur cette incroyable complicité artistique avec Vito Bratta ? Est-ce que tu penses qu’une telle aventure musicale serait encore possible aujourd’hui ?
Je pense que je vais commencer par ta dernière question. Nos compositions avec Vito étaient vraiment le cœur du groupe. Je sais aussi que nous étions musiciens dans les années 80, où tout le monde se ressemblait. Mais les chansons et le son de WHITE LION se suffisaient à eux-mêmes. Les « Vol. 1 & 2 » le prouvent aujourd’hui. Sans aucun manque de respect à qui que ce soit, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de groupes des années 80 qui pourraient réenregistrer leurs anciennes chansons et ressentir la même sensation qu’avec ces deux volumes. Par ailleurs, mes paroles ne sont pas celles de quelqu’un qui a grandi à Hollywood et qui chante sur les filles, l’alcool et les fêtes toute la nuit. Elles proviennent toutes d’un enfant des rues de Copenhague, au Danemark, qui savait qu’il y avait un monde gigantesque plein de problèmes.
– WHITE LION a sorti cinq albums de 1983 et 1991 et ces deux volumes contiennent à eux deux 22 chansons. Doit-on s’attendre à un troisième bientôt ?
Ce n’est pas prévu pour le moment, mais c’est évidemment une possibilité. J’aimerais bien le faire, car j’ai de bonnes et intéressantes idées pour terminer la trilogie.
– D’ailleurs, les deux « The Songs Of White Lion » ont-ils été réenregistrés en même temps, ou as-tu laissé un moment entre les deux, car tu as également une carrière solo ?
En fait, quand nous avons enregistré le premier album, nous n’avions pas prévu d’en faire un deuxième. Je ne savais même pas que j’allais monter MIKE TRAMP’S WHITE LION et partir en tournée. Mais une fois que nous avons commencé à jouer en live, nous avons tout de suite su que nous voulions faire le « Vol. 2 ».
– Parlons de ta carrière solo. Après l’aventure Freak Of Nature, tu t’es lancé avec « Capricorn » en 1998 sous ton propre nom. On approche les dix albums et on te découvre aussi dans un univers plus acoustique souvent, détaché du Hard Rock pour l’essentiel et plus Rock. C’est une page que tu as tourné, en tout cas au niveau de l’écriture, même si ces deux albums de chansons de WHITE LION sont là aujourd’hui ?
Tout d’abord, merci de me donner un moment pour en parler. Quand tu as fait partie d’un groupe de Rock à succès, un groupe qui avait un son particulier et qui venait d’une époque spéciale pour ce style de musique, beaucoup de gens pensent que tu es né comme ça et que c’est ce que tu es. Dans mon cas, avec « Capricorn », comme sur tous mes albums solo, c’est le vrai et le seul Mike Tramp. C’est aussi ce que j’ai apporté à Vito avec son style unique quand on s’est rencontré. Et boum, il y a eu nos chansons. Dans Freak Of Nature, j’avais ajouté mes mélodies et mon univers vocal, en plus du son du groupe. Et une fois encore, il y a eu un mélange incroyable. Actuellement, je dispose d’un nouvel album solo déjà écrit et prêt à être enregistré. Ce sera peut-être ma prochaine sortie d’ailleurs.
– J’aimerais aussi qu’on dise un mot de tes deux derniers albums solo, « For Første Gang » et « Mand Af En Tid », sortis tous les deux chez Target Group. Tu chantes pour la première fois en Danois, ta langue maternelle. C’est quelque chose que tu souhaitais faire depuis longtemps ? Et dans ce registre Rock acoustique, finalement très personnel et intime ?
Oui et je ne pense pas que quiconque puisse comprendre à quel point ces deux albums sont importants pour moi à bien des égards. Pour commencer, le simple fait de les réaliser m’a curieusement fait retomber amoureux du Hard Rock et de WHITE LION, car cela m’a permis de m’éloigner de ce monde ringard du Rock’n’Roll. Il n’y a pas un seul groupe qui propose quelque chose de nouveau en ce qui concerne le Hard Rock aujourd’hui. Quel est l’intérêt d’un nouvel album de Judas Priest ou d’Ac/Dc ? Quand les concerts se résument aux chansons que nous connaissons déjà, combien de riffs de guitare identiques peut-on continuer encore à enregistrer ? De plus, je n’enregistrerai pas de nouvel album de Rock sous le nom de WHITE LION, cela n’aurait aucun sens. J’ai donc fait ces deux albums en danois, qui sont très forts au niveau des textes et qui racontent l’histoire de mon enfance, de ma mère, de ma famille, etc… à Copenhague dans les années 60 et au début des années 70. Cela m’a offert une pause bien méritée après tout ce que j’avais fait. Et au bout du compte, si ces chansons sont en moi, c’est qu’elles devaient sortir, même si elles ne sont pas destinées aux magazines de Rock. Mais je suis très surpris du nombre de fans et de la presse internationale qui aiment ces albums. Ce sont des gens qui sont capables de regarder au-delà de mon image et de mon passé musical pour n’écouter que les chansons.
– Enfin, on pourrait te sentir nostalgique avec ces deux albums « Songs Of White Lion ». Or, on a plutôt une impression de fraîcheur et une belle envie. N’y a-t-il pas tout de même un désir de retrouver en musique cette belle époque d’une certaine façon ?
En fait, je n’ai jamais ressenti de nostalgie avec ces chansons, car nous les avons abordées avec un regard neuf et beaucoup de fraîcheur, comme tu le soulignes. Et en même temps, avec tout ce à quoi nous avons accès aujourd’hui avec Internet notamment, s’il y avait eu un moment pendant l’enregistrement où j’aurais eu les larmes aux yeux, ou si j’avais eu l’impression d’être au milieu de ‘Spinal Tap’, j’aurais arrêté. Mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti. J’ai entendu de superbes chansons, qui sont devenues encore meilleures. C’est ce que je ressens et c’est pour cela que je l’ai fait. Je prends simplement plaisir à jouer mes chansons à nouveau et c’est l’essentiel.
Les deux volumes de MIKE TRAMP « Songs Of White Lion » sont disponibles chez Frontiers Music.
44 ans d’existence, cinq reformations et une dizaine de disques, le bilan peut paraître chaotique. Et pourtant, BLITZKRIEG n’a pas rendu les armes, bien au contraire. Souvent dans l’ombre d’une scène anglaise effervescente, le combo de Leicester a régulièrement été précurseur et a même inspiré une grande partie de la mouvance Speed/Thrash/Power, qui a suivi. Avec ce nouvel opus éponyme à la production irréprochable, il revient à l’assaut et il serait vraiment dommage de manquer ce renouveau spectaculaire et tellement actuel.
BLITZKRIEG
« Blitzkrieg »
(Mighty Music)
Certains se souviennent peut-être qu’en 1984, un jeune groupe californien nommé Metallica reprenait sur son single « Creeping Death », puis sur « Garage Inc. », le morceau éponyme de BLITZKRIEG, le faisant ainsi et un peu plus tard entrer définitivement dans la légende. C’est vrai qu’en reprenant un titre de ce groupe anglais pas plus âgé que lui, l’impact des Américains allait le faire entrer dans la légende et surtout le propulser au rang d’influence majeure pour beaucoup d’autres. Par la suite, les deux formations n’ont bien sûr pas connu le même destin… Loin de là !
BLITZKRIEG est donc une espèce de mythe que tout le monde semble connaitre sans s’être vraiment plongé dans sa discographie pour autant. Membre (trop) discret de la fameuse NWOBHM, le combo mené par le frontman Brian Ross, dernier rescapé de l’aventure originelle, a pourtant laissé quelques albums, qui ont posé d’épaisses fondations au style (« Court Of The Act », « A Time Of Changes », « Absolute Power », « Theatre Of The Damned » ou encore « Back From Hell » et « Judge Not »). Une petite dizaine de réalisations, qui a pourtant remué les scènes des plus grands festivals.
Composé aujourd’hui du fils de Brian, Alan Ross, de Nick Jennison avec qui il forme un duo explosif et essentiel à la guitare, de Liam Ferguson (basse) et de Matthew Graham (batterie), BLITZKRIEG ne fait franchement pas son âge. Moderne et solidement ancré dans son époque, le Heavy Metal des Britanniques avance avec force et puissance. C’est simple, pour un peu, on a presque l’impression de découvrir un nouveau groupe. Racé et féroce, l’aspect traditionnel du genre n’a pas disparu, mais a subi un époustouflant lifting. Acéré et mélodique, le quintet frappe fort et on souhaite vraiment que ce ne soit qu’un début.
De l’énergie, SAINT en a à revendre et ce quarantième anniversaire semble même lui avoir donné un sérieux coup de boost. Son Heavy Metal n’a pas pris une ride, alors qu’il puise son inspiration au siècle dernier. Avec ce très bon « Immortalizer », le quintet affiche beaucoup de puissance, tout en misant sur des titres accrocheurs et entêtants et en restant fidèle à un style dont il ne s’est jamais éloigné. Un très bon opus qui vient couronner une belle et bien trop discrète carrière.
SAINT
« Immortalizer »
(Roxx Records)
Apparu au début des années 80 aux côtés de Stryper et Messiah Prophet notamment, SAINT fait partie de la toute première vague américaine de White Metal. Comme beaucoup d’autres, les changements de line-up ont émaillé le parcours du groupe, mais il se présente aujourd’hui avec le troisième album consécutif avec la même et solide formation. Et « Immortalizer » vient célébrer 40 ans de bons et loyaux services. Une treizième réalisation qui s’avère également être un très bon cru.
Fondé à Salem en Oregon, SAINT suit le même chemin depuis sa création, celui tracé sur un Heavy Metal mélodique qu’il a su actualiser au fil des décennies pour être plus électrisant que jamais. Rangés derrière son bassiste et fondateur Richard Lynch, les Américains peuvent compter sur un Dave Nelson impérial au chant, une talentueuse doublette de guitaristes avec Matt Smith et Jerry Johnson, tandis que Jared Knowland (batterie) est toujours aussi affûté. Ca ronronne et ça envoie du bois !
A l’instar de nombreux groupes de sa génération, SAINT n’a rien perdu de sa vélocité et se montre même beaucoup plus efficace et affiné qu’autrefois. Bien sûr, le frontman donne de l’allant et de la percussion, mais le jeu des deux six-cordistes au niveau des riffs, des solos et des twin-guitars reste sa force principale (« Immortalizer », « Eyes Of Fire », « The Congregation », « Pit Of Sympathy », « Salt In The Wound »). Cette nouvelle production vient donc célébrer quatre décennies exemplaires avec brio.
Un peu plus de deux ans après sa remise sur de bons rails, VOODOO KISS a retrouvé de la régularité et la flamme des débuts. Très Heavy avec quelques touches de Hard Rock, le style vintage des Allemands est un brin nostalgique, mais l’envie affichée fait plutôt plaisir à entendre. Avec derrière les fûts, le fondateur de l’un des plus grands rassemblements Metal annuel de Bavière, la formation dispose d’une belle visibilité et montre sur « Feel The Curse » beaucoup d’ardeur et de volonté.
VOODOO KISS
« Feel The Curse »
(Reaper Entertainment)
Avec son étonnant parcours, VOODOO KISS continue d’écrire son histoire près de 30 ans après sa création. Fondé par le batteur Achim Ostertag en 1995, le groupe lui doit son existence, bien sûr, et sa renommée par la même occasion. Car, faute de concert, le musicien avait dans la foulée mis sur pied le légendaire festival ‘Summer Breeze’ pour pouvoir y jouer. On connait la suite… Seulement, le combo retomba dans l’oubli jusqu’en 2022 après une très longue hibernation.
Aux côtés des autres fondateurs, Martin Beuther (guitare) et Klaus Wieland (basse), Gerrit Hutz (Sacred Steel) et Steffi Stuber (Mission In Black) vont venus compléter le line-up tous les deux au chant. Suivront un premier opus éponyme et « Conquer The World ! », un split-album avec leurs compatriotes de Tankard. La machine VOODOO KISS avait ainsi retrouvé un second souffle, et avec « Feel The Curse », son Heavy Metal très teuton est de nouveau en fusion.
Clairement estampillé 80’s, le quintet distille un Heavy classique et le fait de se présenter avec deux vocalistes distinctifs, femme et homme, donne du coffre à « Feel The Curse » et une certaine originalité aussi. Enregistré au printemps et sorti à l’été, VOODOO KISS n’a donc pas traîné, mais il aurait peut-être du s’arrêter un plus longuement sur la production qui manque cruellement de puissance. Cela dit, cette deuxième réalisation ravive de bons souvenirs et tient plutôt bien la route.
Parfois les side-projets permettent aux artistes de s’échapper un temps de leur chapelle musicale et même à l’occasion de revenir à leurs premières amours en se faisant tout simplement plaisir. Cela semble être le cas avec ces deux monuments du Hard Rock américain, Tracii Guns et Michael Sweet. Loin des L.A. Guns et de Stryper, c’est sur un Heavy sombre et massif qu’ils ont jeté leur dévolu et il faut bien avouer que ça leur va bien et qu’ils sont plus qu’à la hauteur de cette nouvelle entreprise. « Light Up The Sky » ravive toute une époque.
SUNBOMB
« Light Up The Sky »
(Frontiers Music)
Avec SUNBOMB, la mention ‘toute ressemblance avec des groupes déjà existants ou ayant existés’ n’a rien de fortuite et prend même tout son sens. Sous l’impulsion du patron de Frontiers Music, Tracii Guns et Michael Sweet se sont réunis il y a quelques années autour d’un projet de Heavy Metal traditionnel pour prolonger, à leur manière, l’héritage laissé par Black Sabbath, Dio, Ozzy ou Judas Priest pour ne citer qu’eux. Et après le très bon « Evil And Divine » (2021), le duo récidive avec un « Light Up The Sky », tout aussi convaincant.
C’est vrai qu’avec ce groupe, le leader de L.A. Guns et le frontman de Stryper s’éloignent de leur registre habituel respectif, mais ils démontrent avec beaucoup de vigueur et avec le talent qu’on leur connait qu’ils sont bel et bien des guerriers et, si certains en doutaient encore, « Light Up The Sky » est une réponse franchement éclatante. SUNBOMB propose un répertoire très dark et nous propulse directement dans les années 80/90 sur une production actuelle et puissante. Et le plaisir des deux musiciens est palpable.
Tandis que Tracii signe toutes les guitares et la basse, soutenu à la batterie par l’ex-L.A. Guns Adam Hamilton, Michael Sweet donne de la voix et offre un beau contraste avec son groupe, qui vient d’ailleurs de sortir un nouveau single (« End Of Days »). Il y a même un petit côté fétichiste chez SUNBOMB dans sa recherche de l’aspect intemporel du Heavy Metal des origines. De « Unbreakable » à « In Grace We’ll Find Our Name », « Steel Hearts », « Rewind » ou « Scream Out » et « Setting The Sail », cet opus est marqué au fer rouge.