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Black Metal Post-Metal Progressif

Mother : les fractures d’un paysage sonore intense

Ça bouillonne sévère sur la côte belge de la mer du Nord. A Ostende, MOTHER a élaboré un premier album hypnotique, très instrumental et bâti en sept chapitres. Entre post-Blackgaze et post-Metal Progressif, le trio envoûte grâce à des mélodies captivantes et de terribles blasts. Un premier album remarquable de finesse et de puissance.

MOTHER

« Interlude I »

Consouling Sounds

Sorti l’an dernier, le premier album de MOTHER sort enfin en format CD ce qui, avouons-le, est bien pratique pour en savourer toutes les nuances. L’occasion est donc belle pour partir à la découverte de ce très bon trio belge. Originaire d’Ostende, le groupe évolue dans un registre post-Blackgaze original, technique et particulièrement immersif. « Interlude I » vous saisit pour ne plus vous lâcher.

Charpenté en sept morceaux qui sont autant de chapitres, l’album se vit comme un voyage et une évolution musicale. De « I » à « VII », MOTHER ne fait qu’accentuer notre impatience à découvrir le titre suivant. Le post-Metal Progressif des Belges est singulier et le travail sur les ambiances et les atmosphères est exemplaire. Surprenant dans sa conception, on se laisse facilement happer.

Très bien produit, « Interlude » est un album dense et compact, qui laisse aussi beaucoup d’espace et de liberté à l’écoute. Il faut attendre « III » pour prendre de plein fouet les premiers coups de blast, car MOTHER a mis l’accent sur l’instrumentalisation de ses morceaux et sur des mélodies entêtantes et percutantes. Et la texture des titres les rend encore plus prenants. Un périple mouvementé, mais très beau.

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Sludge Stoner Metal

Going Faster] : Modder / Restless Spirit

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

MODDER – « Modder » – Lay Bare Recordings & Consouling Sounds

Pour son premier opus, MODDER n’y est pas allé de main morte. Sur quatre morceaux s’étalant sur une grosse demi-heure, le quintet belge avance de solides arguments à travers un Stoner Doom instrumental aux reflets à la fois Sludge et Progressif. Sur près de dix minutes, « Mount Frequency » déploie une machine à riffs qui semblent infinie tant ceux-ci se succèdent avec frénésie et efficacité. L’énorme travail effectué sur les atmosphères rend ce premier enregistrement éponyme saisissant et captivant. Dans un registre Doom, MODDER sait aussi se montrer dynamique et percutant (« Wax Ritals », « Spasm »), tout en maintenant ce son écrasant et cette épaisse rythmique. Avec une réalisation très aboutie, les Belges ne vont pas tarder à s’installer durablement dans l’univers Doom Sludge mondial.

RESTLESS SPIRIT – « Blood of the Old Gods » – Lifeblood Records

Depuis quatre EP et un album, c’est depuis Long Island, son quartier de New-York, que le trio élabore son Heavy Stoner Doom avec minutie et puissance. Avec une technique sans  faille, le combo se présente avec « Blood of The Old Gods », un opus terriblement massif et dévastateur. Faisant les beaux jours de la scène underground de la Grande Pomme depuis 2015, RESTLESS SPIRIT évolue à grands coups de riffs dans un univers épique basé sur un Heavy tranchants. Mélodique, le Doom percutant du combo s’inscrit dans la lignée de Crowbar et Type O Negative avec virtuosité et talent. Et avec des éléments progressifs, les Américains côtoient même le Sludge dans un élan fracassant. Une tornade métallique dont il est difficile de se défaire.

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Heavy metal Metal Progressif Power metal

Max Pie : la dynamique des flux

Variant les atmosphères et les ambiances sur ce quatrième album très travaillé et remarquablement réalisé, MAX PIE affiche une maîtrise et une force, qui font de « Passengers » un très bel opus. Heavy, épique et tranchant, le quatuor belge distille des mélodies accrocheuses sur des morceaux très progressifs tutoyant parfois même le Heavy Metal.

MAX PIE

« Passengers »

(Rock City Music Label)

Cette fin d’année marque le retour de MAX PIE et il devrait retentir bien au-delà des frontières belges. Avec « Passengers », le quatuor franchit un cap supplémentaire que ce soit dans la composition comme dans la production. Le groupe a lui-même enregistré et produit l’ensemble de son quatrième album pour un résultat remarquable. Ca sonne très bien et ce nouvel opus ne manque pas de relief.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que depuis ses débuts au milieu des années 2000, les Belges ont fait grandir et évoluer leur style. D’un registre Hard Rock et Heavy Metal assez classique, MAX PIE distille sur « Passengers » un style nettement plus progressif avec toujours cette base Heavy et même quelques éléments Power venant se fondre dans des morceaux très épiques.

Tony Carlino, frontman et dernier membre originel de la formation, montre la voie grâce à une prestation puissante rappelant les belles heures du Heavy Metal. MAX PIE a mis également un soin tout particulier aux arrangements de « Passengers » à travers des morceaux très élaborés (« Only The Silence Remains », « Ariadne’s Thread » et le morceau-titre). Le quatuor a vu les choses en grand pour un résultat très convaincant.  

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Blues Rock

Boogie Beasts : la bête ronronne

L’union fait la force et les Belges de BOOGIE BEASTS l’ont bien compris. Le quatuor, en plus de réconcilier Wallonie et Flandre, fait le lien entre le Blues traditionnel du Mississippi et un épais Rock très contemporain. Le Blues Rock très Psych et profond de ce troisième album, « Love Me Some », prend aux tripes et libère.  

BOOGIE BEASTS

« Love Me Some »

(Donor Productions/L’Autre Distribution)

Brut et sensuel, la Musique du quatuor belge groove et électrise sur ce troisième album où le Blues du Delta se serait pris les doigts dans la prise. Mi-flamand, mi-wallon, BOOGIE BEASTS se présente également avec un line-up assez atypique, où un harmonica volcanique a pris la place de la basse. Pour le reste, la guitare, la batterie et le chant mènent le jeu.

Sur un fuzz envoûtant, une slide bien grasse et des rythmiques un brin Psych, BOOGIE BEASTS fait la jonction entre un Blues traditionnel et une énergie très moderne et directe. Bien aidé par une production vibrante, « Love Me Some » résonne et claque, grâce à un son qui sort de l’ordinaire et qui offre un relief et une profondeur unique à l’album.

Le Blues Rock langoureux des Belges tient aussi sa particularité dans une inspiration et un univers qui traversent les âges, mais également à travers des textes à l’humour contagieux (« Bring It On », « Get Away », « Run You Down »). Dans un esprit jam, BOOGIE BEASTS a trouvé sa voie depuis trois albums avec une belle constance (« Like A Snake », « A Girl Like You »). Addictif !

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Hard Rock Heavy metal

Rebel’s End : Sleazy Pact

Explosif et survolté, REBEL’S END déboule plein pot avec un deuxième album délicieusement impertinent et subjectif. « Sing To The Devil » est en effet diabolique et s’étend sur douze titres incandescents. Le quatuor belge distille un Heavy Sleaze ravageur et se présente comme un combo sur lequel il va falloir compter.

REBEL’S END

« Sing To The Devil »

(Pure Steel Records)

Déjantés et irrévérencieux à souhait, les Belges de REBEL’S END balancent un mix entre Hard Rock et Heavy Metal avec une grosse dose de Sleaze. Musclé et insolent, ce deuxième album, qui fait suite à « Seeing Red, Seeing Dead » sorti en 2017, est positif et transmet une énergie incroyable à grand renfort de riffs aiguisés.

En l’espace de cinq ans, le quatuor originaire d’Anvers est parvenu à mûrir un son et une identité sonore originale, malgré des influences évidentes et parfaitement assimilées. Arborant une fougue dévastatrice, REBEL’S END embarque tout sur son passage grâce à des morceaux costauds et hyper-fédérateurs. « Sing To The Devil » est une invitation à la fête.

Dès « Evil Eye », on est pris dans le tourbillon Heavy Sleaze des Belges, dont la vigueur et la férocité ne cesse de croitre au fil de l’album (« Death & Destruction », « Outlaw », « Inferno »). La rythmique bastonne et les deux guitaristes rivalisent d’audace sur des riffs acérés et des solos hyper Rock’n’Roll. REBEL’S END sait y faire et sa puissance répand une ferveur addictive.  

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Extrême Thrash Metal

Primal Creation : frappes chirurgicales

Sur un Thrash Metal moderne forgé dans la tradition californienne, PRIMAL CREATION vient porter une virulente critique sociopolitique des réseaux sociaux et des colporteurs de fake news en tout genre. Avec « News Feed », le quintet belge frappe très fort et réalise une synthèse très réussie entre un passé musical glorieux et un Thrash polymorphe en devenir.  

PRIMAL CREATION

« News Feed »

(Independant)

Après avoir sorti « Demockacy » en 2017, les Belges sont partis s’aguerrir sur les scènes européennes pour revenir aujourd’hui avec « News Feed », un deuxième album massif et mature. Toujours autoproduit, ce nouvel opus du quintet propose un Thrash moderne et acéré et toujours aussi engagé. PRIMAL CREATION s’inscrit parfaitement dans son époque tant au niveau du son que de son propos.

Si le style du combo trouve naturellement ses fondations dans celui des créateurs de la Bay Area, il est pourtant loin de donner dans un registre Old School, bien au contraire. Mené par  un Koen Mattheeuws tranchant et puissant à la fois au chant, PRIMAL CREATION combine un Thrash Metal efficace et racé avec des tonalités clairement ancrées dans un Death mélodique.  

Avec une production qui fait la part belle à une rythmique basse/batterie survoltée, les guitares ne sont pas en reste et distillent des riffs assassins, vifs et agressifs (« A Post-Truth Order », « Follow The Readers »). Dénonçant tour à tour les réseaux sociaux et sa déferlante de fake news, PRIMAL CREATION avance avec assurance en distribuant les beignes (« Please Disperse », « Lie – Share – Subscribe ». Bouillonnant !

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Blues International

Ghalia Volt : roots, organique et sans fioritures [Interview]

Si le Blues coule dans la peau de la jeune artiste belge GHALIA VOLT, c’est aux Etats-Unis et notamment à la Nouvelle Orléans que son style s’est révélé. Avec déjà trois albums au compteur, elle a joué avec des pointures du genre tout en affirmant un style très personnel. Rencontre avec une artiste qui n’a pas froid aux yeux.

– Tout d’abord, quel a été le déclic qui t’a décidé à traverser l’Atlantique et te poser à la Nouvelle Orléans ? Sachant que la ville compte un grand nombre de talentueux musiciens, tu n’as pas été trop intimidée en arrivant ? Et est-ce que ton adaptation s’est faite facilement ?

En 2014, je pars pour la première fois aux Etats-Unis dans l’idée d’aller visiter les villes dont parlent les chansons que j’écoute. A 21 ans, avec mon sac à dos et mes petites économies construites par une multitude de séries « Busking » au centre de Bruxelles. Je commence par New Orleans, puis je traverse toute la Louisiane, le Texas, le Mississippi, le Tennessee, l’Arkansas le Missouri et enfin l’Illinois. Si je décide de m’installer ici, c’est qu’il n’y pas deux endroits comme cela. Je tombe sous le charme directement. Marcher dans New Orleans, c’est comme marcher dans un recueil de poésie. Oui, l’intégration s’est faite facilement grâce à mes contacts et diverses expériences. Comme d’habitude pendant tout le voyage, je suis vite montée sur scène, j’ai rencontré des groupes, des musiciens et j’ai enregistré… J’ai fait une démo, à la base pour le fun, avec un groupe nommé les « Mama’s Boys », qui a attiré l’attention de mon label, Ruf Records, et qui m’a demandé d’y retourner enregistrer l’album complet. C’est ainsi qu’après quelques aller-retours entre l’Europe et les USA, je me suis installée en 2016. Effectivement à New Orleans, il y a 20.000 musiciens. Ce n’est pas une légende. Avant le Covid, je pouvais facilement faire 5 à 6 concerts par semaine, quand je ne suis pas en tournée. Mais comme dans la vie en général, il faut se démener pour se faire une place.

– J’imagine que tu es arrivée aux Etats-Unis avec des certitudes et surtout une vision personnelle de ta musique. As-tu changé ton jeu, ou est-ce qu’au contraire le contexte l’a fait évoluer ?

Absolument, à tous les niveaux. Je suis arrivée aux USA avec beaucoup de passion pour la musique et un certain bagage culturel. Tout a bien sûr évolué, de mes connaissances à mes compétences. Tu grandis facilement, car tu es entourée de talents dont tu t’inspires et apprends comme de bons amis tels que Watermelon Slim, Sean Bad Apple et bien d’autres. Mais j’ai aussi évolué rapidement car je joue tout le temps. J’ai toujours une guitare en main, une situation qui me pousse à écrire, l’envie de chanter, une jam… Et puis, ces fameux concerts dans les clubs qui durent jusqu’à 4 heures. Si tu fais le compte : 4 heures, cinq fois semaines, ça fait pas mal d’heures de performance. Chaque rencontre, chaque expérience, chaque voyage offre un apprentissage important.

– Tu as sorti rapidement « Let The Demons Out » puis « Mississippi Blend », deux albums que tu as enregistrés avec des pointures du genre. Qu’est-ce qui a été le plus enrichissant humainement et artistiquement ?

Les deux albums sont deux expériences tout à fait différentes. « Let The Demons Out » enregistré à New Orleans avec les Mama’s Boys était magique. Ils sont devenus comme ma famille et ils le sont d’ailleurs toujours. Nous nous retrouvons encore pour fêter Thanksgiving, ou lors de simples occasions pour boire une bière. On a vécu de très beaux moments ensemble. L’un des souvenirs mémorables a été la Norvège pendant l’une des tournées européennes. Avec l’album « Mississippi Blend », c’est un autre rêve qui s’est réalisé. On a enregistré au Zebra Ranch Studio, dans le Hillcountry du Mississippi, fondé par Jim Dickinson qui a accueilli des pointures allant de Bob Dylan à Robert Plante ou aux Cramps, en passant par R.L Burnisde ou Othar Turner. J’ai coproduis l’album et j’ai invité mes comparses des Mama’s Boys, Smokehouse Brown et Dean Zucchero, mais aussi mes chers amis Watermelon Slim et Lightnin’ Malcolm qui m’ont fait l’honneur de quelques morceaux. Collaborer avec Cedric Burnside et Cody Dickinson a été magique. Le Mississippi n’est pas très grand et tout le monde se connaît. Depuis 2014, je parcours toutes les villes et festivals de la région. J’ai vite rencontré Cedric qui m’a toujours fasciné. C’est un honneur de l’avoir sur l’album et un réel plaisir de travailler avec lui. Son groove a donné une autre dimension à mes compositions, et je suis heureuse d’avoir pu capter ça en studio.

– Alors que sur les albums précédents tu jouais en groupe, sur « One Woman Band », tu es seule aux commandes. Comment la transition s’est-elle passée et cela t’a-t-il obligé à changer certaines choses dans ton jeu et dans l’approche des morceaux ?

Disons que c’est un challenge différent, mais l’approche créative des morceaux est plus ou moins identique. J’écris les paroles, les mélodies et les grooves, et puis je les répète. Il a fallu énormément de pratique et de répétitions pour pouvoir enregistrer ce set-up live en studio.  Se rappeler des paroles, les chanter, faire attention à la prononciation tout en jouant de la guitare et battre le rythme avec les deux pieds sur trois éléments de batterie différents était un vrai défi à relever !

– Justement, ton jeu est très roots avec un son de guitare très rugueux et massif. On n’a pas vraiment l’impression d’écouter une Européenne. Comment t’es-tu appropriée cette façon si singulière de jouer ? Tu l’avais déjà en arrivant en Louisiane ?

Non effectivement, j’ai appris sur le tas. Je n’ai jamais été une élève très assidue. Mon jeu de guitare s’inspire des vinyles que j’écoute et de mes voyages. Au niveau du son, j’adore le son traditionnel d’un bon Elmore James ou Magic Sam : simple, gras et efficace. Pas de pédales nécessaires, juste un bon vieil ampli dont tu peux faire craquer la membrane. Au niveau du jeu de guitare, cela s’est effectivement fait en me baladant à droite à gauche, en regardant pendant des heures des musiciens passionnants et en allant à leur rencontre. Ce n’est pas mon style de regarder des vidéos sur YouTube ou d’apprendre des partitions… A travers mes voyages, j’ai pu observer, rencontrer, échanger et partager avec des personnes qui ont eux-mêmes appris de cette façon-là. Par exemple, Sean Bad Apple, qui est devenu un ami proche ou Jimmy Duck Holmes, m’ont montré des licks et tricks, qu’eux-mêmes ont appris par Jack Owens qui a appris aux côtés de Skip James. C’est cette approche que j’aime dans mon apprentissage.

– D’ailleurs, peux-tu parler de ton jeu de slide, qui est presque saturé et omniprésent ? C’est d’autant plus surprenant car la slide est habillement utilisé de manière limpide et cristalline. Ton Blues est finalement très Rock en plus d’être roots…

Oui, il y a deux écoles pour la slide. Il y a le son clean comme les Allman Brothers, Derek Truck, etc… Que j’aime beaucoup et dont j’admire la technique. Et puis, il y a le côté plus Delta Blues avec des personnes comme Son House, Fred McDowell, Robert Johnson, Elmore James, Muddy Waters, etc… qui au contraire se veut dirty, gras et pas bichonné. Je pense que, pour l’instant, c’est ce qui me parle le plus, mais ça pourrait changer d’un morceau à l’autre.

– Tu as composé ce nouvel album en parcourant une grande partie des Etats-Unis en train. Cela t’a inspiré au niveau musical ou plutôt dans le contenu des textes avec des thèmes que tu n’abordais pas auparavant ?

Je dirais surtout dans le contenu des textes. Il était facile de se retrouver dans un rêve éveillé à la vue tous ces paysages. 18 états, un bon paquet de villes, des déserts, des montagnes, l’océan, etc… Puis, les aventures et les expériences vécues pendant le trajet ou le fait aussi et surtout d’être un mois toute seule, confrontée à mes pensées, ma solitude et ma créativité. Et puis beaucoup d’heures de train, où je me suis retrouvée face à mon cahier et collée à ma guitare.

– Pour conclure, comment qualifierais-tu le son de « One Woman Band » ? Plutôt américain ? Européen ? Ou à mi-chemin entre les deux ?

Cela ne ferait pas partie de ma définition. Peu importe. Je crois que même si j’y travaille, ma prononciation laisse entendre que je suis Européenne. Pour parler du son de « One Woman Band », comme sur mes autres albums, j’aime aller vers quelque chose d’organique sans fioritures. Le son se veut ’raw’ avec une distorsion naturelle et une voix chaleureuse mise en avant. L’album a été enregistré en grande partie en live et sans multipiste. Je chante, je joue de la guitare et de la batterie, le tout simultanément et cela s’entend. Je cherche une approche traditionnelle tout essayant d’innover. La seule chanson enregistrée en deux étapes est « Espiritu Papago ». J’ai enregistré la guitare rythmique et la batterie en une fois et suis revenue enregistrer la voix séparément, car c’était plus excitant pour moi de me concentrer uniquement sur la partie vocale. Sur cet album, j’ai aussi invité Dean Zucchero et Monster Mike Welch, qui ont fait des overdubs sur deux chansons chacun… C’est la cerise sur le gâteau !

www.ghaliavolt.com

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Blues

Ghalia Volt : une slide sous haute tension

Fougueuse et délicate, la Blueswoman GHALIA VOLT a un parcours qui force le respect. Quitter le Plat Pays pour s’expatrier au cœur des origines du Blues et côtoyer presqu’aussitôt les meilleurs musiciens du genre semble avoir été quelque chose de très naturelle pour la chanteuse et compositrice, qui livre avec « One Woman Band », un album troublant de sincérité.

GHALIA VOLT

« One Woman Band »

(Ruf Records)

Cela fait déjà quelques années que GHALIA VOLT, a quitté sa Belgique natale pour partir à la conquête des Etats-Unis. Blueswoman dans l’âme, c’est assez naturellement qu’elle s’est installée dans le sud du pays, plus précisément en Louisiane à la Nouvelle-Orléans. Elle n’a pas mis bien longtemps à séduire quelques pointures locales et la revoici avec un troisième album sensible et très roots, « One Woman Band », où elle excelle de bout en bout.

Après le très bon accueil de « Let The Demons Out » en 2017 et « Mississippi Blend » en 2019, la chanteuse et songwriter a décidé de faire fi des restrictions sanitaires due à la pandémie et de relever le défi en enregistrant elle-même tous les instruments et essentiellement en direct de son nouvel album « One Woman Band ». Et le résultat est aussi époustouflant que bluffant. GHALIA VOLT n’a (presque) besoin de personne, même si elle a co-produit ce nouvel opus avec Lawrence Boo Mitchell (quand même !).

Sur un Blues très Roots aux guitares saturées et avec une voix aussi sensuelle que puissante, la musicienne livre onze nouveaux titres entièrement écrits à partir d’une traversée des Etats-Unis. Parcourant un grand nombre d’Etats où résonne le Blues, elle en a profité pour composer des morceaux aussi profonds qu’explosifs (« Last Minute Packer », « Evil Thoughts », « Loving Me Is A Full Time Job », « Bad Apple », …). Et armée d’une Slide rugueuse et intense, GHALIA VOLT est d’une authenticité rare.   

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