Les Transalpins ont jeté leur dévolu sur les plantes, en l’occurrence le lierre, l’arum, la mandragore et la sauge. Et de cette union végétale est né un Doom mystique à la fois Rock et Metal, mâtiné de Stoner et de Noise. MAISON DIEU a fait de ce concept un terrain de jeu assez unique, un brin psychédélique et surtout doté de beaucoup de caractère. « Herbacea » ouvre une voie étonnante, parfois complexe, mais bien menée à cette nouvelle formation très créative.
MAISON DIEU
« Herbacea »
(Sliptrick Records)
Il est assez rare que je chronique un EP, mais lorsque celui-ci est suffisamment original et complet malgré sa durée, un rapide éclairage est toujours le bienvenu. Tout d’abord intrigué par le nom, puis par le concept musical, force est de constater que cette première réalisation des Italiens sort franchement de l’ordinaire. En effet, MAISON DIEU célèbre ici la nature et précisément quatre plantes autour desquelles se dessine un style qu’ils qualifient eux-mêmes de Mystic Doom. Une sorte d’ode un peu spéciale à l’environnement.
C’est la voix de Carlotta Di Stefano, également guitariste, qui sert de guide sur les cinq titres, si l’on compte l’intro chantée très chamanique qui nous plonge dans « Herbacea ». MAISON DIEU a parfaitement su établir les frontières de son monde, et malgré le format court, le Doom sombre et surprenant qu’il propose est tout sauf linéaire. Aux côtés de la frontwoman, Mauro Mariotti tient la basse et apparaît aussi sur le duo « Calla », et c’est Ivan Natalucci qui donne le rythme sur des atmosphères très changeantes.
A travers quatre morceaux bien ciselés, le trio a pris soin d’élargir son Doom vers des horizons Rock et Metal, tout en proposant quelques embardées Stoner et même Noise. MAISON DIEU joue sur les contrastes avec un son très organique et une sensation live très présente (« Edera », « Mandragola », « Terra E Salvia »). « Herbacea » est un premier effort réussi et intense, qui se développe dans un univers singulier et que le combo devrait pouvoir investir de manière encore plus approfondie sur album. Déjà captivant.
S’ils n’ont rien perdu de l’esprit jam qui les anime depuis leurs débuts, les musiciens de WARLUNG semblent être parvenus à peut-être canaliser un peu plus le flux d’énergie qui les dévore. Non pas que cette nouvelle réalisation soit plus tendre, moins grasse, plus polie ou sage, non, mais « The Poison Touch » a un côté tellement plus en contrôle que ses prédécesseurs qu’on ne peut que saluer cette nouvelle mouture. Toujours légèrement Old School, mais les huit pieds dans leur époque, le quatuor s’amuse encore et toujours et fait le bonheur de nos oreilles.
WARLUNG
« The Poison Touch »
(Heavy Psych Sounds)
Quel ravissement de retrouver la formation de Houston, sa magique rythmique composée des frères Tamez, Chris à la basse et Ethan à la batterie, et des deux guitaristes-chanteurs George Baba et Philip Bennet pour ce cinquième effort ! Et une fois encore, WARLUNG réussit à nous surprendre. Peut-être moins axé sur le proto-Metal teinté du Heavy vintage inspiré de la NWOBHM de « Vulture’s Paradise », le groupe se montre tout aussi à son aise dans cette épaisseur musicale, faite des volutes des riffs endiablés du duo de six-cordistes.
Si « The Poison Touch » affiche également plus de rondeur dans le son avec une production peut-être plus équilibrée et massive, le chemin n’en est que plus épique avec des légères effluves de Doom, de Stoner et d’un Blues occulte presqu’obsédant (« Holy Guide »). Une chose est évidente, WARLUNG s’ouvre les voies de tous ces registres pour parvenir à une unité dévastatrice et envoûtante. Les Texans sont toujours aussi cinglants et sauvages, et les mélodies qui façonnent ces nouveaux morceaux sont diaboliquement addictives.
Il émane une véritable plénitude de « The Poison Touch », comme en témoigne « The Sleeping Prophet », superbe ballade mid-tempo qui vient confirmer l’assise du combo. Et que dire de l’intermède « Mourning Devils » qui nous propulse sur orbite avant de se délecter des presque huit minutes de « Spell Speaker » ? Majestueux et sans doute le point de bascule de cet album tellement imprévisible ! WARLUNG reste explosif et ne se ménage toujours pas (« Digital Smoke », « Rat Bastard », « 29th Scroll, 6th Verse »). Renversant !
Retrouvez l’interview du groupe à l’occasion de la sortie de « Vulture’s Paradise » :
Volontaire et ténébreux, PLAGUE OF STARS s’est sans doute nourri de la période pandémique pour créer son nouvel opus. A la fois très rentre-dedans et jouant sur des instants plus délicats, le groupe livre un disque complet et célèbre du même coup l’arrivée derrière le micro de Liz Ziegler, qui n’a pas mis très longtemps à trouver ses marques. Vocalement captivante, elle mène ces nouveaux morceaux avec aplomb et beaucoup de force. « Extinction » sort déjà du lot grâce un Metal sombre et super-efficace.
PLAGUE OF STARS
« Extinction »
(Wormholedeath Records)
C’est du côté de Minneapolis, Minnesota, que PLAGUE OF STARS a éclot en 2012 et surtout en 2014 avec la sortie de « When Morning Came », un premier opus qui allait lancer une sorte de quête d’un Metal presqu’absolu entre Doom, Gothic et aux saveurs Black et Heavy. Composé de musiciens expérimentés, le quintet sort aujourd’hui son troisième album studio, auquel il faut ajouter un live (« Virtual Live » en 2021) et un single il y a trois ans. Ce dernier marque d’ailleurs l’ultime prestation de son ancienne chanteuse, Melissa Ferlaak.
Car, c’est dorénavant Liz Ziegler qui a pris les rênes du chant chez PLAGUE OF STARS, et qui parvient dès son arrivée à imposer sa patte et un registre clair et puissant. Pas de hurlements, ni de grognements, ce qui rend ce nouvel album sans doute plus percutant, notamment au niveau des textes, qui restent dans une veine très sombre. « Extinction » révèle donc sa nouvelle frontwoman, laquelle offre d’ailleurs un très bon duo avec celle qu’elle remplace désormais sur le morceau-titre, un geste de grande classe pour un titre détonnant.
Après la courte intro (« Akerra »), « Vain » nous propulse dans un Metal musclé, vif et massif. Tout en restant mélodique, PLAGUE OF STARS frappe fort en distillant une ambiance apocalyptique savamment constituée d’influences diverses qui se retrouvent sans mal. De « False Reality » et son petit côté symphonique au percutant « Sentinels », en passant par le plus éthéré « Shift » et jusqu’à « Akelarre », qui clot ce nouvel effort en réponse à l’intro, les Américains frappent fort, évitent toute répétition et jouent sur une originalité exemplaire.
Plus de 50 ans après sa création, la formation originaire de Washington D.C. nous fait le plaisir d’un nouvel effort, « Lightning In A Bottle », respectueux de ce son si particulier et de cette approche du Doom qui a influencé quelques générations. Au côté de son fantasque chanteur, on retrouve un casting de choix et de choc, qui redonne de l’allant à un PENTAGRAM qu’on peut presqu’imaginer immortel, malgré une existence défiant toutes les conventions. A la fois rebelle et provocateur, le quatuor continue de donner le ton et de montrer la voie.
PENTAGRAM
« Lightning In A Bottle »
(Heavy Psych Sounds)
Groupe pionnier et iconique de la scène Doom Metal, PENTAGRAM poursuit malgré tout, et comme souvent contre toutes attentes, sa carrière et présente un « Lightning In A Bottle » solide. Assez chaotique et finalement peu prolifique, la discographie des Américains a pourtant marqué l’histoire du genre dès les 70’s et surtout dans les 80’s. Difficile aussi d’énumérer les changements incessants de musiciens, sauf à confirmer que son leader et fondateur, Bobby Liebling, tient toujours les rênes, la même foi chevillée au corps.
Premier album depuis une décennie et « Curious Volume », ce neuvième opus affiche un PENTAGRAM a de quoi laisser rêveur, tant le frontman s’est entouré de ce qui se fait de meilleur dans le registre. Jugez vous-mêmes : Henry Vasquez (Legions Of Doom, Saint Vitus, Blood Of The Sun) est derrière les fûts, Scooter Haslip (Mos Generator, Saltine) l’accompagne à la basse et surtout on retrouve le grand Tony Reed (Mos Generator, Big Scenic Nowhere notamment) à la guitare en plus de produire « Lightning In A Bottle ».
Avec un tel casting, PENTAGRAM garde cependant le cap qu’il s’est toujours fixé, à savoir un proto-Doom aux saveurs Heavy Metal des origines qui vient garantir cette intemporalité assez incroyable. Et si le son est fidèle au combo, il n’en demeure pas moins très travaillé, laissant échapper des riffs tranchants et sombres sur un groove démoniaque. Au chant, Bobby Liebling entretient le mythe malgré l’emprise du temps qui se fait parfois sentir. L’ensemble est valeureux, énigmatique et inspiré. Les légendes ne meurent jamais !
Retrouvez l’interview de Tony Reed à l’occasion de la sortie de son album solo, « Funeral Suit » en 2021 :
Il y a dans la musique de LYING FIGURES un certain mysticisme, qui la rend par certains aspects franchement monumentale. Entre riffs dévastateurs et lignes mélodiques obsédantes, le Doom Death du binôme sait aussi s’engouffrer dans d’énormes coups de blasts avant de revenir à la lumière comme pour mieux aspirer ou libérer une violence, voire conjurer une souffrance à l’œuvre sur près d’une heure. Cependant, on ne se perd jamais à l’écoute d’« Inheritance » et c’est là toute l’habileté et la maîtrise du combo.
LYING FIGURES
« Inheritance »
(Meuse Music Records)
LYING FIGURES ne manque pas de références qu’elles soient musicales, littéraires, voire même cinématographiques et picturales. Et c’est d’ailleurs ce qui fait sa force, car elles mènent à un univers singulier, original et très cérébral. Depuis 2012 (et même un peu avant sous le nom d’Insanity Prelude), Frédéric Simon (chant, basse) et Matthieu Burgaud (guitare) forment un duo très créatif et après une pause de sept longues années, les revoici avec « Inheritance », un deuxième album donc, qui fait suite à « The Abstract Escape », lui-même précédé d’une démo et d’un EP.
Ce nouvel effort marque aussi la signature des Français sur le label belge Meuse Music Records, fort d’un déjà beau catalogue. LYING FIGURES ne dénote donc pas et y a même toute sa place. Devenu duo au fil du temps, les Nancéens ont diversifié, étoffé et élevé l’intensité de leur Doom Death mélodique. A travers les neuf pistes d’« Inheritance », l’atmosphère est certes sombre, ténébreuse et souvent brutale, mais devient vite et inévitablement prenante. Et que ce soit les rythmiques, les guitares, ainsi que les parties vocales, l’ensemble est irréprochable.
Si le premier titre, « Nothing To Claim… », met une première gifle purement Death Metal, dont on retrouve d’ailleurs la suite un peu plus loin sur avec « … And Nothing To Give », LYING FIGURES fait preuve d’une grande nuance tout au long de cette nouvelle production, notamment dans le chant. Growlé, chanté et sachant aussi se faire incantatoire et presque religieux sur la toute fin (« Contemptus Mundi »), la performance est si polymorphe qu’elle en devient troublante à l’écoute des textes. Et parmi les moments forts, on reste subjugué par « Euphoria And Misery », « A Great Void » ou « Self Hatred ». Incontournable !
Avec « Blackshift », les Transalpins prennent possession d’un Doom qui vient s’articuler autour de nombreux courants. Sur des variations très maîtrisées, ils se sont forgés une identité artistique singulière, qui englobe l’aspect Funeral et Black pour évoluer dans des sphères astrales, où la douceur et la brutalité font cause commune. La présence d’une nouvelle chanteuse éclaircit aussi cette galaxie métallique peu ordinaire. Technique et épais, l’espace musical de GHOSTHEART NEBULA s’étend dans une production très texturée aux mélodies assez éthérées, mais massives.
GHOSTHEART NEBULA
« Blackshift »
(Meuse Music Records)
Décidemment, Meuse Music Records a du nez et l’Italie semble être un beau terrain de jeu pour le label belge. Avec ce deuxième album de la formation milanaise, c’est un voyage cosmique pour lequel on embarque avec ce « Blackshift », long d’une heure et aux reliefs aussi incertains qu’inattendus. D’une incroyable diversité, le Funeral Doom Death de GHOSTHEART NEBULA peut s’avérer complexe, mais ce qui en ressort surtout, c’est un travail en commun remarquable et la visibilité d’un réel esprit de groupe.
« Blackshift » commence par présenter l’arrivée au chant de Lucia Amelia Emmanuelli, dont la douceur féminine vient faire la balance avec le growl profond et ténébreux de Maurizio Caverzan, qui conserve tout de même le lead sur l’ensemble. Les huit nouveaux morceaux de GHOSTHEART NEBULA sont d’une bonne longueur et le sextet en joue pour poser des atmosphères à la fois pesantes et aériennes en alternant d’énormes blasts typiquement Black Metal avec des sonorités propres au Dungeon Synth.
On navigue ici dans un océan sombre et saisissant et sur un propos philosophique nihiliste (« Sunya », « The Opal Tide », « Naught, I », « Traces », « Orphan Of Light »). A noter également les présences de Diego Cavallotti (ex-Lacuna Coil) et Øystein Garnes Brun (Borknagar) venus poser leur empreinte sur deux titres. GHOSTHEART NEBULA s’engouffre avec force dans une immense tristesse, mais aussi sur des chemins plus lumineux ouverts par sa chanteuse. Authentique et puissant, il domine son sujet avec beaucoup de hauteur.
Faire tenir l’équilibre entre une lourdeur presque insoutenable et la légèreté du vide, c’est l’ambition et la réussite de FOR THE STORMS sur ce nouvel effort qui va puiser, dans un post-Metal doomesque aux mélodies saisissantes, une robustesse teintée de résistance assez fascinante. « Losing What’s Left Of Us » n’est pas un album facile, de ceux qu’on écoute par hasard. Non, il provoque immédiatement un magnétisme incroyable et on se fait happer sur plus d’une heure par les fulgurances Death et Sludge qui trouvent leur finesse dans l’épaisseur d’un propos haletant.
FOR THE STORMS
« Losing What’s Left Of Us »
(Meuse Music Records)
Dans le registre post-Doom/Death, « Losing What’s Left Of Us » est probablement l’album le plus complet qu’il m’ait été donné d’écouter. FOR THE STORMS ne contente pas de jouer sa musique, il la vit pleinement et de ce chaos apparent naît une quantité de nuances, qui sont autant d’émotions fortes distillées et exprimées avec une sincérité, qui libère forcément quelques frissons. Le Metal du quatuor est forgé avec une fermeté et une audace magistrale dans un ensemble à la fois mouvant et fluide et dont on découvre les nombreux détails au fil des écoutes. Car on y retourne inéluctablement et de manière quasi-inconscience.
La force d’attraction de FOR THE STORMS va chercher si loin qu’il est même étonnant que les Italiens n’aient sorti que « The Grieving Path », il y a trois ans, avant cet imposant deuxième album. On pourrait penser qu’ils peaufinent et affinent leur style de longue date, et pourtant la jeune formation lombarde (2019) fait preuve d’une maturité et d’une créativité incroyable. Fracassant et ténébreux un moment, délicat et souple l’instant suivant, la construction de l’édifice ne doit rien au hasard. Divisé en trois chapitres différenciés par les deux interludes qui viennent distinctement les scinder, l’ascension se fait graduellement.
Car, si cette progression musicale se déroule en plusieurs parties, elle s’articule avec une facilité qui rend « Losing What’s Left Of Us » très lisible. Sur des morceaux d’une bonne longueur, FOR THE STORMS développe à travers ses textes, en jouant aussi sur des passages presque silencieux tant ils sont éthérés, une réflexion assez sombre sur nos tourments et notre appréhension de l’avenir dans un nihilisme insistant. Très aérienne et massive, cette nouvelle réalisation est également un cri immense et une ode à un espoir à retrouver. On ne s’y perd jamais, on se laisse simplement guider par cette beauté profonde et captivante.
Avec « Supersonic Megafauna Collision », le quatuor grec s’impose définitivement comme l’une des références du Doom européen. Si l’ascension du groupe d’Athènes a été fulgurante, elle ne doit rien au hasard, mais à la passion et au travail de ses membres. Sans se reposer sur ses acquis, ACID MAMMOTH continue sa quête musicale, tout en installant un son et une touche dorénavant très personnels. L’univers reste Doom, mais le Metal et surtout le Stoner cette fois sont autant de terrains de jeu que la formation hellène maîtrise avec une rare élégance… et s’entretenir avec Chris Babalis Jr (chant, guitare) est toujours un réel plaisir.
– L’an prochain, ACID MAMMOTH fêtera ses 10 ans d’existence et le bilan est assez exceptionnel avec quatre albums, un split EP et une belle notoriété acquise. Non seulement la pandémie ne vous a pas arrêté et vous avez aussi conservé le même line-up, ce qui devient assez rare aussi. La satisfaction est-elle totale, ou referiez-vous certaines choses différemment avec le recul ?
Quand il s’agit de regarder en arrière tout ce que nous avons fait jusqu’à présent, nous sommes clairement satisfaits. Nous vivons notre rêve, nous sortons des albums et nous donnons des concerts en dehors de notre pays. Même si ce n’est pas un travail, mais simplement un plaisir, nous vivons pour cela. Il y a certainement des choses encore à réaliser, nous avons beaucoup de projets pour l’avenir et nous travaillons tout le temps sur le groupe. Donc, il y a toujours quelque chose à l’horizon. Quand il s’agit des choses que nous ferions différemment, il y en a sûrement aussi. Cependant, chaque fois que nous y réfléchissons, on sait que nous l’avons fait, parce que c’est ce que nous ressentions à ce moment-là. Tout ce qui a été créé par le passé, on le ferait différemment maintenant, parce qu’on a changé et on a évolué. Mais il n’y a rien que nous regrettions.
– A la sortie de « Caravan », qui avait été entièrement réalisé pendant les confinements, tu m’avais dit que cette période avait finalement été très créative et même apaisante. Cette fois pour « Supersonic Megafauna Collision », cela fait suite à une belle série de concerts. Dans quel état d’esprit avez-vous composé et pris le chemin du studio ?
Nous avons composé et enregistré le nouvel album l’an dernier, tout en jouant dans toute l’Europe. On enregistrait, puis on prenait l’avion pour un concert. Et on revenait pour reprendre l’enregistrement, et ainsi de suite. Même si ce processus peut paraître intimidant à première vue, ce n’était pas le cas pour nous. Bien au contraire, cela nous a vraiment donné beaucoup d’énergie. Parfois, de retour chez nous après des concerts à l’étranger, nous avions un sentiment de vide, comme si quelque chose de beau était terminé et que nous devions retourner à notre routine quotidienne. Mais ce n’était pas le cas cette fois-ci, car chaque fois que nous terminions un spectacle et que nous devions rentrer, quelque chose d’aussi beau nous attendait à la maison : notre nouvel album !
– Je trouve que l’album présente une nouvelle dynamique à travers ses morceaux, comme si vous étiez totalement débridés. Est-ce que c’est justement le contact direct avec le public qui a changé vos perspectives et peut-être aussi la perception de votre jeu ?
Très certainement. Enregistrer un album après deux tournées a définitivement influencé la façon dont nous avons composer nos nouveaux titres. L’enthousiasme, l’énergie et tous les sentiments que nous avons ressentis sur la route ont joué un rôle crucial dans la définition du son des chansons du nouvel album. L’ensemble du processus semblait naturel lors de la composition. Nous n’avons ressenti absolument aucune pression, quant à savoir si elles seraient bonnes, ou pas. Et même si nous examinons toujours tout au microscope pendant le processus d’écriture et de production, le débat n’a jamais été de savoir si les morceaux seraient bons ou non, mais plutôt de savoir comment ils pourraient sonner encore mieux. Toute l’écriture de cet album a été remplie d’enthousiasme et de bonnes vibrations. Pas de stress, pas de pression, juste une envie de créativité et de plaisir à être et à jouer ensemble. Et quand on fait ce que l’on aime, il y a de fortes chances que quelqu’un d’autre l’appréciera aussi.
– D’ailleurs, « Supersonic Megafauna Collision » est beaucoup plus fuzz et donc Stoner que « Caravan », qui était très Metal. L’intention était d’être plus direct et frontal sur ce nouvel album ?
Pour être tout à fait honnête avec toi, en composant les chansons de ce nouvel album, nous n’avions pas de plan précis en tête, principalement parce que nous ne voulions pas tomber dans le piège du ‘il faut sonner comme ça’, car cela aurait peut-être pu être limitant et restrictif. Au lieu de ça, nous avons suivi le courant, nous avons simplement pris nos instruments et nous avons commencé à jouer. Et ce que tu entends sur le disque en est vraiment le résultat. Bien sûr, il y avait des choses que nous avions déjà en tête comme, par exemple, le concept de chaque chanson, les thèmes et l’atmosphère que nous voulions transmettre. Mais dans l’ensemble, tout s’est déroulé de manière assez organique et simple. Les nouvelles chansons ne sont pas l’assemblage de différents riffs. Une fois qu’une première idée de chanson était proposée, toute la structure se développait à partir de là jusqu’à finalement se couvrir de chair et d’os et prendre forme.
– Ce qui surprend aussi cette fois, c’est la progression que l’on ressent au fil des morceaux, un peu comme si vous développiez un concept sur l’album. Est-ce le cas ? Et y a-t-il un lien entre les chansons, une sorte de fil conducteur sur « Supersonic Megafauna Collision » ?
Bien qu’il n’y ait pas d’histoire globale sur tout l’album, au moins sur le plan musical, les chansons sont liées, car elles expriment nos sentiments au moment où elles ont été composées. En ce qui concerne les concepts derrière « Supersonic Megafauna Collision », chaque chanson a son propre thème et sa propre direction. Les ambiances que nous avions en tête ont ensuite joué un rôle crucial dans la composition de la musique. Nous avons fermé les yeux et nous nous sommes imaginés dans les situations que décrivent les morceaux. Cela nous a vraiment aidés à nous immerger dans ces histoires et à composer d’une manière sincère et sans retenue ce qui, selon nous, rend vraiment justice aux nouveaux titres.
– ACID MAMMOTH conserve ici encore ce côté hypnotique et aérien sur plusieurs morceaux pour atteindre un sommet sur « Tusko’s Last Trip » et ses 12 incroyables minutes. Clore l’album avec un tel titre est une belle synthèse d’ailleurs. C’est aussi comme ça que vous l’avez écrit, avec cette ambition de terminer sur un moment très fort ?
Pour ce qui est de « Tusko’s Last Trip », ce qui est venu en premier était le concept, puis la musique s’est développée en conséquence. Cette histoire nous brise vraiment le cœur. ‘Tusko’ était un éléphant qui vivait dans le zoo d’Oklahoma City dans les années 1960. Il est mort tragiquement après de nombreuses souffrances dues à de cruelles expérimentations humaines, au cours desquelles des scientifiques lui ont injecté une gigantesque dose de LSD. Il ne l’a pas supporté, il a immédiatement eu des spasmes, il souffrait et ne pouvait plus respirer. Il a énormément souffert jusqu’à sa mort. Dans notre nouvel album, nous avons voulu lui rendre hommage en lui écrivant cette chanson, en racontant sa triste et tragique histoire. Nous sommes contre les expérimentations humaines sur les animaux, car elles leur infligent des douleurs et des souffrances, tant physiques que psychologiques, qui peuvent aller jusqu’à la mort. C’est dans cette optique qu’a été composé « Tusko’s Last Trip ». C’est une chanson triste, mais qui parle directement à notre cœur chaque fois que nous pensons à sa douleur, à sa peur et à son sentiment de désespoir dans ses derniers instants. Nous avions envie de raconter son histoire, et nous avons pensé qu’un morceau gigantesque comme celui-ci pour clôturer l’album était le moyen idéal.
– « Supersonic Megafauna Collision » est toujours aussi organique et authentique dans le son. Sur les deux albums précédents, vous aviez travaillé avec votre ami Dionysis Dimitrakos, dont tu me disais qu’il était le cinquième membre du groupe. Est-ce toujours le cas, car l’identité musicale d’ACID MAMMOTH est de plus en plus claire ?
Dionysis est définitivement le cinquième membre du groupe. C’est notre ingénieur du son et il est chargé de bien nous faire sonner. Il connaît très bien notre son et il sait exactement ce que nous voulons avant même que nous le lui disons. Il a rendu justice à nos albums et nous ne nous voyons pas travailler avec quelqu’un d’autre dans le futur. C’est l’homme idéal pour ce poste et nous ne pourrions être plus heureux que de travailler avec lui. On le dit souvent, mais c’est vrai : nous aimons toujours travailler avec les mêmes personnes pour chaque sortie, à savoir le même label, le même ingénieur du son, le même line-up et le même artiste pour la pochette de l’album ! Ainsi, Dionysis fait partie de ces personnes avec qui nous continuerons à travailler, car il est une partie très importante du groupe et de sa musique.
– D’ailleurs, en préparant l’interview, je me suis replongé dans votre discographie et l’évolution technique, comme purement sonore, est assez flagrante et c’est très normal. J’ai le sentiment qu’un cap avait déjà été franchi sur « Caravan » et qu’avec « Supersonic Megafauna Collision », vous vous affirmez beaucoup plus nettement dans un Doom très Stoner et Fuzz. L’équilibre est-il définitivement le bon à vos yeux ?
Chaque fois que quelqu’un nous pose la question, nous répondons toujours que nous faisons du Doom. Et c’est vrai que notre musique est fondamentalement ‘doomesque’. Cependant, nous ne pouvons pas nier le fait qu’elle comporte également des éléments de Stoner Rock. C’est d’ailleurs quelque chose qui s’est produit un peu accidentellement, sans un réel désir de l’incorporer directement. En ce qui concerne l’équilibre, on a l’impression que cela change d’un album à l’autre. Nous pensons que le nouveau, tout comme « Under Acid Hoof », contient définitivement des éléments Stoner, qui étaient absents sur « Caravan », qui était bien plus sombre et déprimant. Pour les prochains albums, nous pensons qu’il est temps d’adopter une approche plus ‘psychédélique’, ce qui nous semble très intéressant à expérimenter.
– Enfin, avec dorénavant quatre albums à votre actif, votre répertoire s’est considérablement élargi, ce qui vous laisse le choix pour concevoir des setlists très différentes pour vos concerts. Est-ce quelque chose à laquelle vous réfléchissez déjà ? Créer en quelque sorte des ‘concepts-concerts’ ?
Nous avons beaucoup de projets pour nos prochaines setlists, y compris ajouter de nouvelles chansons, ainsi que des plus anciennes que nous n’avons jamais jouées en live auparavant. Par exemple, mis à part les nouveaux titres, nous avons toujours voulu jouer en live « Eternal Sleep » de notre premier album éponyme, ainsi que d’autres comme « Black Dust » et « Under Acid Hoof ». Nous allons certainement faire quelques ‘concepts-concerts’ dans le futur. Peut-être même jouer l’un de nos albums dans son intégralité, comme nous l’avions fait l’année dernière à Athènes lorsque nous avons joué l’ensemble d’« Under Acid Hoof ». Nous verrons. C’est passionnant, car les possibilités sont multiples et elles sont toutes passionnantes à envisager !
« Supersonic Megafauna Collision », le nouvel album d’ACID MAMMOTH, est disponible chez Heavy Psych Sounds.
Retrouvez le groupe en interview, ainsi que la chronique de « Caravan » :
Depuis sa création il y a près de cinq décennies, THE OBSESSED n’a jamais trahi la cause : elle sera Heavy et Doom, ou ne sera pas ! Et l’inflexible Wino, père fondateur de l’institution, veille au grain. « Gilded Sorrow » s’inscrit donc dans cette tradition, cette patte qui a fait des Américains l’un des précurseurs du genre, mais aussi l’un de ses plus fidèles représentants. Sur une production ténébreuse, on se laisse porter par ce chant si particulier, ses guitares imposantes et cette rythmique lourde et massive…. avec la même délectation.
THE OBSESSED
« Gilded Sorrow »
(Ripple Music)
C’est en 1976 à Potomac, Maryland, que Scott ‘Wino’ Weinrich a posé les fondations de THE OBSESSED, encore baptisé Warhorse. Quatre ans plus tard, le groupe fait sa mue et s’apprête à marquer les esprits, malgré un parcours pour le moins atypique. Un EP en 1983, « Sodden Jackal », puis un premier album éponyme, qui ne sortira finalement qu’en 1990, suffiront à façonner le mythe. Deux autres disques suivront en 1991 et en 1994 avant la séparation. Mais le trio était déjà entré dans la légende et il se pose alors dans l’inconscient Metal collectif.
Après avoir rejoint la Californie pour Saint Vitus, Wino fonde Spirit Caravan, puis Shine. C’est en 2017 que THE OBSESSED renaît de ses cendres et dans une formule en quatuor. « Sacred » remet le groupe sur de solides rails plus de 20 ans après « The Church Within » et s’impose sur la scène Metal underground américaine. Basé sur un Heavy Metal radical et des ambiances Doom écrasantes, ces réalisations sont devenues des classiques et c’est dans cette même veine que se déploie « Gilded Sorrow », le cinquième monument. Le morceau-titre est d’ailleurs un modèle du genre et presqu’une signature.
La recette est restée identique. Old School et hargneux, le Heavy Metal de THE OBSESSED évite le superflu pour aller à l’essentiel sur des riffs acérés et bruts dont l’objectif est une efficacité de chaque instant. Epais, groovy et sombre, « Gilded Sorrow » garde toujours cet esprit vintage, mais avec beaucoup de fraîcheur dans le jeu. Rugueux et massifs, les neuf titres nous propulsent sans ménage dans des atmosphères saisissantes et obscures (« Daughter Of An Echo », « The Obsessed », « Stone Back To The Bomb Age », « Wellspring-Dark Sunshine », « Jailine »). Déjà essentiel !
WITCHORIOUS, c’est un trio composé d’Antoine Auclair (guitare) et des frère et sœur Paul (batterie) et Lucie (basse) Gaget, qui s’est forgé un univers Doom autant Metal que Rock et débordant à l’envie dans des atmosphères Stoner. En quelques années, les Franciliens ont su façonner un son et une identité très personnelle, au point de taper dans l’œil du label italien Argonauta Records. Antoine se fait porte-parole du groupe pour revenir sur ce premier album plus que réussi. Entretien.
Photo : Cred Faallaway
– Avant de parler de ce premier album éponyme, j’aimerais que l’on revienne sur la création du groupe, qui est aussi une histoire de famille… Quel a été le déclic ?
On avait déjà joué ensemble avec Lucie, au sein de différents groupes. Au moment de créer ce nouveau projet, on a naturellement pensé à Paul pour nous rejoindre. On savait qu’il aurait beaucoup à apporter à ce nouveau projet de part ses influences et son jeu de batterie. Et puis, quand tu montes un groupe avec des gens, tu vas passer énormément de temps avec eux et ce n’est pas toujours pour rigoler, donc autant le faire avec des gens que tu aimes.
– WITCHORIOUS a vu le jour il y a cinq ans et vous aviez commencé par sortir un single avec les titres « 3 AM » et « Evil Creature ». Malheureusement, la pandémie a brisé ce premier élan. Quelle a été votre réaction à ce moment-là. Car, comme pour beaucoup, de nombreux espoirs et investissements se sont envolés…
On avait prévu d’enregistrer un EP au moment où le premier confinement est tombé. On a naturellement été déçu de devoir le repousser. Mais avec le recul, c’est ce qui nous a permis d’affirmer notre projet en travaillant davantage nos morceaux et notre identité. On en a profité pour travailler sur d’autres riffs, d’autres thèmes. C’était un moment très propice à la réflexion, notamment sur la vie avec cette ambiance de fin du monde, et de ce point de vue là, ça tombait plutôt bien. On a aussi évolué pendant ce temps, et donc on a intégré d’autres influences. Au final, l’album qu’on a produit ressemble vraiment à la proposition artistique qu’on rêvait de sortir, et je pense qu’il est beaucoup plus riche et abouti que le potentiel EP qu’on aurait pu sortir à la base. De toute façon on n’a pas eu le choix, il a fallu laisser faire le karma !
Photo : Brian Downie
– Après votre single, vous aviez donc en tête de sortir un EP de 5 titres. Finalement, vous avez revu vos ambitions à la hausse et décidé de vous lancer dans un album complet. Souvent, les groupes sortent des formats courts par manque de moyens, ou pour jauger leur following essentiellement. Cette étape ne vous a finalement pas paru nécessaire ?
C’est vrai qu’on s’est d’abord posé la question de ce qui serait le mieux stratégiquement : EP ou album ? En discutant avec les gens, les points de vue étaient tellement divergeants qu’on n’a pas trouvé de réponse, et comme chaque parcours est particulier, on a choisi de plutôt faire comme on le sentait. Avec cette histoire de pandémie, qui nous a donné un répit sur les répétitions et les enregistrements et donné beaucoup de temps pour écrire, c’est devenu limpide. Alors c’est vrai que ça a été un plus gros investissement, autant en efforts que financièrement, mais on ne regrette pas du tout. On adore écouter des albums où le propos peut être complètement développé, et on avait trop envie de faire un LP. Les conditions étaient réunies, alors on n’allait pas se priver.
– Ensuite, vous avez cherché un label, ce qui n’est jamais une mince affaire. Vous faites votre entrée sur le très bon label italien Argonauta Records, dont le catalogue est de grande qualité. Comment cette signature a-t-elle eu lieu et les avez-vous facilement convaincus ?
On trouvait le roster d’Argonauta excellent, il travaillait déjà avec quelques groupes français qu’on apprécie comme Conviction, Goatfather et Oaks. Au moment de chercher un label pour préparer la sortie de l’album, on l’a contacté et le projet l’a tout de suite emballé. On est très heureux de travailler avec Argonauta pour ce premier album. Gero, qui gère le label, est un passionné et il sait parfaitement nous conseiller.
Photo : Cred Faallaway
– J’aimerais que l’on parle de l’univers de WITCHORIOUS qui, forcément, tourne autour du personnage de la sorcière qui endosse d’ailleurs de multiples rôles. Est-ce que vous pensez que cela deviendra récurrent, ou voyez-vous plutôt « Witchorious » comme un album-concept ?
On ne voit pas vraiment ce premier album comme un album-concept, mais plutôt comme un recueil de morceaux présentant notre identité. On aime bien utiliser des métaphores dans nos textes et on trouvait intéressant de développer celle de la sorcière car, pour nous, c’est une figure à la fois rebelle et oppressée, qui effraie et fascine. Ce personnage de la sorcière est présent jusque dans le nom du groupe et fait fortement partie de notre identité, je pense qu’on continuera à la faire vivre par la suite. Et puis, c’est aussi un cliché dans le genre du Stoner Doom, et ça nous amuse beaucoup d’en jouer.
– Musicalement, votre Heavy Doom oscille entre Metal et Rock et j’y vois même un certain parallèle avec Candlemass et Avatarium. Est-ce que leur parcours et leur histoire commune et respective ont pu avoir une influence dans votre processus de création et d’exploration de ce vaste registre ?
Ce sont des groupes qu’on adore, et je trouve que le Doom d’Avatarium a un côté particulièrement grandiloquent, qui m’a toujours fasciné. Les deux font clairement partie des groupes qui ont influencé certains de nos morceaux, parce qu’ils ont exactement cette démarche d’un Doom qui reste très traditionnel dans les riffs et l’approche, mais avec des structures et des esthétiques qui apportent vraiment du renouveau. Le travail vocal incroyable d’Avatarium, le ton en permanence hanté de Candlemass, ce sont des sons qu’on a directement en tête quand on écrit, quand on cherche des modèles d’ambiance… We are bewitched !
Photo : Brian Downie
– L’une des particularités de WITCHORIOUS réside aussi dans le fait que vous soyez deux au chant et surtout qu’il y ait une voix féminine et une autre masculine. C’est quelque chose qui s’est imposé dès le début ? Sans compter que cela ouvre de nombreuses possibilités…
On a toujours apprécié ajouter des chœurs. Les deux voix, et mêmes les alternances entre voix chantées et criées, nous permettent de jouer sur les nuances. C’était important pour nous de mettre les deux voix en avant sur ce projet. Cela nous permet d’avoir deux présences en travaillant sur nos différents personnages. Et c’est quelque chose qu’on aimerait travailler davantage à l’avenir.
– Un petit mot aussi sur la production de « Witchorious », qui est puissante et équilibrée, ce qui est toujours une belle performance pour un premier album. Comment s’estdéroulél’enregistrement ?
On a enregistré l’album avec Francis Caste au studio Sainte-Marthe et on est vraiment très contents du résultat. Le travail en studio nous a permis d’affirmer notre son, notre identité, et Francis, qui avait très bien compris où nous voulions aller avec ce premier album, nous a parfaitement guidés. C’était un vrai plaisir de travailler avec lui, il nous a beaucoup apporté sur la définition des ambiances. Nos morceaux étaient déjà très matures, alors il nous a fait réfléchir à l’histoire globale qu’on voulait raconter, faire en sorte que les morceaux forment un tout cohérent. Il nous a fait gagner en efficacité en nous aiguillant pour renforcer certaines structures. Il y a aussi eu un gros travail sur l’identité sonore des instruments et des voix, sur lesquels on a vraiment pris le temps d’explorer. Le but était que ça sonne hanté.
Photo : Brian Downie
– Outre la qualité sonore, il se dégage beaucoup de maîtrise de vos morceaux. Vu le soin apporté aux arrangements et à la structure des titres, j’imagine que cela est dû à un travail minutieux et de longue haleine pour apporter aussi du renouveau à un style comme le Doom ?
Lorsqu’on a créé le groupe, l’idée était vraiment de faire un groupe de Doom. Si on ne peut pas nier leur influence, on ne voulait pas cloner Black Sabbath ou Monolord. Assez naturellement, d’autres influences sont venues se greffer à nos compositions. Un côté Stoner, mais aussi des influences plus modernes de post-Metal ou de Black Metal. On était aussi assez friand d’ajouter des voix et des guitares d’ambiance, des sons bizarres… On voulait vraiment garder le côté brut des morceaux joués sur scène en trio, en ajoutant un vernis de studio ensorcelé.
– Enfin, vous allez probablement partir sur la route défendre ce bel album. Avez-vous prévu une certaine scénographie, afin de restituer au mieux ses ambiances et ses atmosphères saisissantes ?
Oui bien sûr, on a déjà une quinzaine de dates de prévues et on travaille à rallonger la liste ! Pour l’instant, on a beaucoup travaillé sur la fluidité et l’efficacité du set, notre jeu de scène, comment on donne vie à nos personnages en étant le plus authentique possible. Et on essaie de rajouter des éléments au fur et à mesure. On a beaucoup d’idées qu’on voudrait tester sur les prochains mois.
Le premier album éponyme de WITCHORIOUS est disponible chez Argonauta Records.