C’est avec beaucoup de fraîcheur et de finesse dans le jeu que NO MORE WINTERS se précise sur son premier album, « Sedentary Nomads ». Entre Blues et Desert Rock, le duo évolue dans un registre roots et authentique et la sincérité des morceaux de cet opus autoproduit se révèle attachante et entraînante.
NO MORE WINTERS
« Sedentary Nomads »
(Independant)
Après un premier EP en 2018 (« Back In The Saddle »), NO MORE WINTERS poursuit sa route et a récemment livré son premier album, « Sedentary Nomads », très bien autoproduit. Le trio à deux, composé de Tim (guitare, chant) et Klovis (batterie, claviers), évolue dans un univers Rock largement dominé par un Blues Rock aux saveurs Desert et Stoner. Une variété tout en finesse.
Les 12 morceaux très roots et bruts composent une sorte de road-trip enjoué et basé sur des histoires de voyage, de rencontres et de questionnements. Entre le Nantais et le musicien des Deux-Sèvres, l’entente est évidente et NO MORE WINTERS propose un registre à la fois relevé et intimiste. Relativement épuré sans son ensemble, « Sedentary Nomads » va à l’essentiel avec brio.
La configuration originale du duo lui offre de multiples possibilités en passant d’un Blues Rock énergique (« Oh Luiza », « Ain’t So Bad », « Wrong Train ») à des titres plus Desert Rock et même légèrement Stoner (« Can’t Feel The Rain », « Send Me Down A Sign », « What Could’ve been »). Le dobro s’invite aussi dans le répertoire de NO MORE WINTERS (« Never Stop Trying ») avec une touche Southern. Un régal !
Unis à la ville, Grace (chant principal, mandoline, violon) et Aaron Bond (guitare, chant) forment aussi un redoutable duo de Blues Rock sur scène. L’an dernier, leur premier album, « We Fly Free », m’avait réellement conquis que c’est donc tout naturellement que je suis allé aux nouvelles pour savoir notamment comment WHEN RIVERS MEET avait vécu cette riche année, où le couple s’est vu remettre pas moins de quatre UK Blues Awards avant de revenir aujourd’hui avec un deuxième opus tout aussi créatif, « Saving Grace ».
– Il y a un an, vous sortiez votre premier album, « We Fly Free », après deux premiers EP. Vous êtes déjà de retour avec « SavingGrace », qui vient confirmer votre créativité. C’est très rapide pour un deuxième album. J’imagine que beaucoup de morceaux devaient être déjà prêts, non ?
Aaron : Oui, nous avions pas mal d’idées en tête l’année dernière et nous avons commencé à écrire en hiver. C’était juste au cas où nous ne serions toujours pas en mesure de tourner. Nous avons pu écrire beaucoup plus de chansons, et ensuite nous avons eu l’opportunité d’enregistrer un autre album. Pouvoir le faire si vite était génial, alors il fallait tout simplement s’y mettre.
– « We Fly Free » a été récompensé par quatre UK Blues Awards. Cela doit être une grande fierté pour vous, notamment durant cette période où rien n’a été facile, et même si je n’ai pas été surpris…
Grace : Nous avons été tellement époustouflés d’être nominés, sans parler de gagner ces quatre Awards. Cela signifie vraiment beaucoup pour nous, car les gens aiment la musique que nous écrivons. Donc, dire que nous sommes fiers d’avoir reçu ces prix est un doux euphémisme.
– Vous revenez donc avec « Saving Grace », un deuxième album où l’on retrouve ce son si particulier. Lors de notre dernière interview, vous me parliez d’un travail de groupe pour le suivant. Qu’en est-il ? WHEN RIVERS MEET compte-t-il de nouveaux membres permanents ?
Aaron : En attaquant ce deuxième album, nous voulions obtenir un son différent, tout en conservant notre identité. Quand nous sommes entrés en studio, nous avons fait un brief avec notre producteur Adam, puis nous nous sommes lancés. Même si nous sommes réunis tous les trois à nouveau, nous avons vu une réelle évolution d’une année à l’autre.
– « Saving Grace » dispose aussi d’une production plus lumineuse, mais toujours aussi brute et percutante. On retrouve cette énergie live présente sur votre premier album. Votre collaboration avec Adam Bowers au Boathouse Studio semble vraiment être la bonne formule, car vous évoluez toujours ?
Grace : Oui absolument, nous aimons ce son live et brut qui nous caractérise. Et c’est un plaisir de travailler avec Adam, car il l’obtient tout de suite et il capte parfaitement la sensation de nos chansons. Il y a aussi une véritable énergie en enregistrant de cette manière un peu classique et on a vraiment l’impression que c’est véritablement notre son. Et puis, on ne veut pas le voir changer de sitôt.
– Ce nouvel album est également plus Rock et résolument optimiste. C’est cette belle année passée qui vous a rendu si joyeux ? On vous sent beaucoup plus libérés…
Aaron : Quand nous avons enregistré « We Fly Free », nous ne savions pas ce qui allait se passer dans le monde, donc nous ne pensions pas trop tourner. Mais quand il s’est agit de « Saving Grace », nous savions que nous allions bien rigoler à écrire ces chansons. Alors nous les avons écrites en sachant que nous allions les jouer sur scène. Nous en avons même eu des visions en les écrivant, c’était tellement génial.
– On retrouve aussi ce son très roots qui vous caractérise et vous donne cette authenticité et ce côté très organique. Vous évitez les artifices pour proposer des chansons très directes. Vous partez d’abord d’un riff ou c’est le texte qui donne le ton lors de la composition ?
Grace : Nous avons certainement un côté roots que nous ne perdrons jamais. Nous voulons juste être honnêtes dans notre musique, car nous savons d’où l’on vient. Nous avons des influences de différents genres que nous aimons explorer lorsque nous écrivons. Donc, ça peut venir de partout lorsqu’on démarre un titre. Une idée peut surgir d’un riff de guitare, des paroles d’une chanson ou une mélodie et nous travaillons et construisons les morceaux à partir de là. Nous sommes assez impitoyables. Si nous ne l’aimons pas dès le début, nous abandonnons l’idée et on passe à la suivante.
– Sur ce nouvel album, on remarque aussi la présence d’un orgue Hammond sur plusieurs titres, ce qui apporte un petit côté plus ‘classique’ aux morceaux. Ca parait même plus confortable au regard du reste de l’album. C’était l’objectif ?
Grace : Nous aimons le Classic Rock et nous savons que l’orgue Hammond en est vraiment un élément central. Nous devions donc en avoir sur l’album, c’était assez logique finalement.
– D’ailleurs, « Saving Grace » est toujours aussi diversifié, grâce à des morceaux de Blues traditionnel, des sonorités très Southern et une approche très contemporaine. Vous explorez toutes ces ambiances avec toujours le même plaisir ?
Aaron : Définitivement ! Nous aimons explorer toutes les voies à travers la musique que nous aimons comme le Blues, le Rock, la Country et l’Americana. Pouvoir ajouter ces saveurs dans notre musique est génial.
– Enfin, « We Fly Free » vous a consacré dès votre premier album. Que peut-on vous souhaiter avec « Saving Grace » ? Peut-être de pouvoir aller le jouer dans le monde entier et accueillir un plus grand nombre de fans ?
Grace : Il n’y a rien que nous voulons plus que jouer notre musique partout où nous le pourrons. Alors si cela signifie voyager à travers dans le monde pour le faire, on est carrément partant ! (rires)
L’album de WHEN RIVERS MEET, « Saving Grace », est disponible sur le site du groupe : www.whenriversmeet.co.uk
Et si vous souhaitez aller les applaudir en concert en Angleterre à partir du 21 avril, les places sont déjà disponibles en ligne : www.thegigcartel.com
Retrouvez la première interview du groupe donnée à Rock’n Force :
Ainsi que la chronique du premier album, « We Fly Free » :
Fondé cette année, BLACK HELLEBORE ne perd pas de temps et fait preuve d’une solide et originale identité musicale dès son premier album. Montrant de multiples facettes à travers un Modern Metal décapant, le duo français se montre très audacieux et « Disorder » devrait conquérir les fans de pluralité métallique.
BLACK HELLEBORE
« Disorder »
(Independant)
Si vous aimez la diversité et que le télescopage des genres ne vous gêne pas, l’album du duo BLACK HELLEBORE devrait vous combler. Récemment créé par Cyrielle Duval (guitare, chant) et Anthony Oshé (guitare, composition) , le groupe se présente avec une première réalisation très aboutie où de multiples courants du Metal cohabitent dans une belle harmonie.
Complété en studio par Jelly Cardarelli (batterie, mix) et Stephan Forte pour la composition, BLACK HELLEBORE a fière allure comme en témoignent le niveau technique et la dextérité affichés sur « Disorder ». En dehors des chemins balisés par les lois du marketing, les Français évoluent dans un Modern Metal où viennent s’entremêler des influences symphoniques, Heavy, Indus et même Death dans les voix.
Entre la puissance claire du chant principal et des parties growl impressionnantes, BLACK HELLEBORE joue avec les genres avec une aisance presque déconcertante, tant le niveau est élevé et la production soignée et pleine de relief (« My Difference », « Unchain », « Mother Earth », « Diffraction »). Avec « Disorder », le groupe fait une entrée fracassante et devrait exploser sur scène.
Si le Blues s’est révélé à elle tardivement, le coup de foudre a été immédiat et la facilité avec laquelle la chanteuse s’est approprié le style est époustouflante. La New-Yorkaise, et française d’adoption, se livre sur un album taillé sur mesure, « Woman Mind Of My Own », que des saveurs Americana et surtout Soul viennent délicatement envelopper. NATALIA M. KING se présente sans fard à travers neuf morceaux délicats et radieux.
NATALIA M. KING
« Woman Mind Of My Own »
(Dixiefrog)
Arrivée en France il y a un peu plus de 20 ans maintenant, la chanteuse NATALIA M. KING est tombée dans le Blues un peu par hasard et l’électrochoc fut une révélation. Sept albums plus tard, la New-Yorkaise rayonne littéralement sur ce « Woman Mind Of My Own », qui navigue entre Blues, Soul et Americana qu’elle incarne brillamment. Roots et raffinée, difficile de ne pas tomber sous le charme.
Accompagnée par des musiciens étincelants, l’Américaine chante avec une rare émotion des morceaux de sa composition, ainsi que trois reprises qu’elle a totalement pris à son compte comme pour mieux les incarner. Faisant preuve d’un éclectisme remarquable, NATALIA M. KING affiche d’ailleurs une belle unité tout au long de l’album, signe d’une forte et sincère personnalité.
Sensible sur « One More Try » de George Michael, très roots sur « (Lover) You Don’t Treat Me No Good » avec le bluesman Grant Haua, la chanteuse s’offre aussi un duo de toute beauté avec Elliott Murphy sur le « Pink Houses » de John Cougar Mellencamp. NATALIA M. KING régale sur ce nouvel album d’une réelle authenticité (« Forget Yourself », « Play On », « So Far Away », « Aka Chosen »).
Ca rugit du côté de Lyon ! THE UNCLOUDERS déboule pleine face avec un premier EP éponyme serré et bien frappé. Grâce à une formule en duo qui a fait ses preuves outre-Atlantique notamment, le Power Rock du binôme est aussi minimaliste qu’accrocheur. Ces deux-là vont faire du bruit… et ça a déjà commencé !
THE UNCLOUDERS
« The Unclouders »
(Independant)
Derrière THE UNCLOUDERS se cache un duo explosif créé en 2018 et composé de Florent Pollet (guitare, chant) et d’Adrian Gaillard (batterie). Et il faut bien avouer que ces deux-là se sont bien trouvés ! Très urbain dans le son et assez éthéré dans la forme, le binôme propose un Power Rock brut et frontal, une sorte de rencontre entre Josh Homme et les Black Keys.
Très dynamique et affichant un esprit un peu vintage et bluesy, les Lyonnais montrent une complicité plus qu’évidente. La batterie, très forte et très groove, guide ce premier EP éponyme sur un train d’enfer, soutenue par des riffs racés et particulièrement compacts. THE UNCLOUDERS va à l’essentiel, sans détour et avec une détermination plus que palpable.
Si la musique du duo est massive et s’écoute fort, elle n’en demeure pas moins d’une finesse redoutable et le chant est loin d’y être étranger. Profond et grave, sa sobriété apporte une touche très posée à un contenu en pleine effervescence. Avec ce premier EP, THE UNCLOUDERS met les pieds dans le plat et semble s’en réjouir… et nous aussi !
Alors qu’on les croirait tous deux natifs du désert de Joshua Tree, c’est pourtant d’Allemagne que nous vient THE PICTUREBOOKS. Le duo composé de Fynn Claus Grabke et de Philipp Mirtschink a eu l’heureuse idée de réunir sur ce splendide « The Major Minor Collective » une brochette époustouflante des figures marquantes du monde du Rock, du Metal, du Stoner, du Southern et de l’Alternative mondial. Un tour de France en forme de consécration.
THE PICTUREBOOKS
« The Major Minor Collective »
(Century Media Records)
Quand Fynn Claus Grabke (guitare, chant) et Philipp Mirtschink (batterie) ne sont pas attelés à vivre leur passion pour les motos, les skateboards et le végétalisme, le duo réalise de très bons albums, et celui-ci est probablement l’un des plus réussis et créatifs de sa discographie. Avec « The Major Minor Collective », THE PICTUREBOOKS livre un album exceptionnel où les rencontres débouchent sur de vraies pépites. Très varié et sauvage, l’album des Germaniques nous fait passer par toutes les émotions avec une exactitude et une précision incroyables.
Dans un univers où se côtoient Blues Rock, Hard Rock, Stoner et Desert Rock, les Allemands sont parvenus à réunir les leaders de groupes majeurs en leur laissant carte blanche pour les textes notamment. Accompagné sur une majorité des morceaux par les bassistes Ryann Sinn (The Distillers) et Dave Dinsmore (Brant Bjork), THE PICTUREBOOKS accueille surtout des membres de Refused, Clutch, Black Stone Cherry, Slothrust, Monster Truck, Blues Pills, Halestorm, Erlend Hjelvik (ex-Kvelertak), Lisa Alley et Ian Graham de The Well et enfin nos Français de The Inspector Cluzo. Un All Star band comme on en voit que très, très rarement !
Enregistré entre l’Allemagne et la Suède, puis avec l’aide des nouvelles technologies, « The Major Minor Collective » montre cependant une belle unité, tant musicale qu’au niveau de la production, qui est exemplaire. Ce qui est particulièrement impressionnant sur ce quatrième album, c’est la facilité et l’aisance du duo à être aussi créatif et pertinent sur des atmosphères tantôt très Blues ou alors Desert/Stoner Rock ou même Metal et Southern. Par ailleurs, l’alternance du chant féminin et masculin offre une belle diversité à cette réalisation qui s’impose comme l’une des plus marquantes, vives et fraîches de cette année.
Costaud et très incisif, le Metal Indus de FAUXX est là pour remuer autant les esprits que les corps. Brut et brutal à la fois, « StatistiC EgO » se développe sur un concept à la fois sociétal et individuel. Le duo appuie là où ça fait mal avec une constance soutenue par la froideur des machines et le côté organique et percutant de son batteur.
FAUXX
« StatistiC EgO »
(Independant/Blood Blast Distribution)
Nourri d’antagonismes, c’est bel et bien d’un seul et même élan qu’avance FAUXX dont le premier album (après un EP en 2018) est aussi puissant que rageur. Compact et massif, « StatistiC EgO » sonne comme un amer constat de notre société et notamment de ceux qui la composent et la subissent. Et malgré une noirceur persévérante, le duo manie les contrastes avec une grande clarté.
Armé de claviers et de machines broyant tout sur leur passage, FAUXX évolue dans une unité musicale captivante. Très actuel dans les sonorités, le duo l’est tout autant dans ses textes portés par Joachim Blanchet (claviers, samples, chant). Par ailleurs, la batterie de Jean-Baptiste Tronel (Tagada Jones) apporte un côté très organique et de belles respirations à « StatistiC EgO ».
Dès « All Light Rebirth », FAUXX en impose et ça continue sur les sept morceaux suivants, dont certains s’étendent sur une belle longueur (« Duality », « Fury & Deception », « Kill The Monster »). Le Metal Indus des Français fait mouche avec un aspect expérimental et nihiliste savoureux. Furieux et futuriste, le duo fait preuve d’une très grande maîtrise que l’on a hâte de retrouver sur scène.
Insaisissable, imprévisible et cavalièrement libre, ZARBOTH n’a aucune étiquette et pour cause : le groupe se les ait toutes accaparé. Des influences en tout genre, il y en a aussi, mais on retient surtout que les Parisiens ont su créer leur propre style fait d’impertinence, d’une charmante folie et surtout d’une technicité incroyable. « Grand Barnum All Bloom » s’adresse à celles et ceux à l’esprit ouvert et qui aiment les grands écarts.
ZARBOTH
« Grand Barnum All Bloom »
(Peewee!)
Ne cherchez pas à mettre ZARBOTH dans une case, elle sera de toute façon trop petite. Le trio déconstruit avec minutie tous les styles et tous les genres (ou presque) pour créer un édifice sonore comparable à une véritable cathédrale musicale. Tout s’entremêle et s’entrechoque avec une étonnante fluidité et un groove exceptionnel. Les Parisiens ne sont atypiques, ils sont hors-normes… et ça fait du bien !
Les amateurs de Zappa, des frasques de Mike Patton, des fulgurances Funk-Rock de Fishbone et d’autres expérimentations néo-Prog ou proto-Metal vont se régaler avec ce « Grand Barnum All Bloom » aussi sauvage que mélodique. Toujours guidé par l’inclassable duo mené par Etienne Gaillochet et Phil Reptil, deux musiciens-compositeurs touche-à-tout, ZARBOTH coupe le souffle de trop d’oxygène.
Pour ce quatrième album, Macdara Smith est venu apporter encore un peu plus de folie, de couleur et d’inattendu à la formation dont l’énergie semble inépuisable. Le flow incandescent, la trompette virevoltante, les tempos déstructurés et les mélodies efficaces fusionnent en une poésie urbaine décapante et élégante. ZARBOTH se pose où on ne l’attend pas… et c’est une chance !
L’univers très urbain et mélancolique d’INTRAVEINEUSE trouve sa source et sa fluidité dans celles de Paris, capitale de contrastes nourrie d’énergies débordantes et d’indolences écrasantes. Entre riffs massifs et rythmiques Doom laissant place à de belles fulgurances romantiques, gothiques et Metal, le duo propose un opus étonnant, aux allures et à l’ambiance très cinématographique.
INTRAVEINEUSE
« Chronicles Of An Inevitable Outcome »
(Independent)
Ceux qui connaissent le quartier parisien mis en lumière sur la pochette de cette première réalisation d’INTRAVEINEUSE devraient aller errer, casque vissé sur les oreilles, dans les rues aux néons colorés de la capitale en écoutant cette seule et unique piste « Chronicles Of An Inevitable Outcome ». L’atmosphère lourde et mélancolique ne manquera pas de vous submerger, ainsi que les riffs acérés et la rythmique versatile et appuyée.
Constitué d’un guitariste (qui a par ailleurs mixé et produit l’ensemble) et d’un batteur tous deux issus de la scène HardCore française, c’est pourtant dans un Doom Progressif aux multiples facettes que s’est engouffré INTRAVEINEUSE. Afin de donner encore un peu plus de consistance à son projet, le duo a accueilli quelques amis, venus lui prêter main forte pour la basse et les claviers à travers des mélodies pénétrantes.
Entièrement instrumental et long de 30 minutes, « Chronicles Of An Inevitable Outcome » aurait bien sûr pu être sectionné afin d’offrir plusieurs morceaux. Les breaks sont suffisamment nets pour cela, mais la fluidité et l’entité-même du projet aurait sans doute perdu de son flux et dénaturé l’enchainement si soigné des atmosphères. INTRAVEINEUSE fait plus qu’explorer des sonorités Doom et gothique, il pose un univers très personnel où la lassitude n’a pas sa place.
THE BLACK KEYS fait partie de ces groupes qui se bonifient avec le temps, on en a maintenant la certitude. Le duo de l’Ohio est parti à Nashville enregistrer son dixième album… et il est très bon, d’autant que les musiciens présents sont parmi les meilleurs du genre. « Delta Kream » contient onze reprises de standards de Blues et c’est sur le Mississippi que les Américains ont jeté leur dévolu.
THE BLACK KEYS
« Delta Kream »
(Easy Eye Sound/Nonesuch Records)
Autant ne pas tourner autour du pot : THE BLACK KEYS vient de livrer son meilleur album en 20 ans de carrière. Et il se trouve qu’il est constitué de reprises… comme quoi ! Avec « Delta Kream », le duo américain rend hommage aux héros de sa jeunesse et plus précisément au Mississippi Hill Country Blues, un style caractéristique porté par de grands noms dont les morceaux sont aujourd’hui des classiques.
Ancêtre du Blues, le Hill Country vient du Mississippi et date du début du XXème siècle. Douze mesures et ça dure depuis plus de 100 ans ! Parmi les pionniers et illustres représentants, on retrouve bien sûr John Lee Hooker, R.L. Burnside, Jr Kimbrough et Fred McDowell que THE BLACK KEYS a décidé de tous honorer. Très bien produits, les onze morceaux de « Delta Kream » apportent un beau coup de frais à ce Blues originel, et sans le dénaturer.
Dan Auerbach (guitare, chant) et Patrick Carney (batterie) sont sublimement accompagnés par le bassiste Eric Deaton et Kenny Brown à la slide. Majoritairement enregistré en une prise, l’album est d’un groove incroyable et montre le plaisir évident qu’ils ont pris à jouer ensemble. Le seul bémol vient de la voix d’Auerbach car, même quand on aime ça, on ne s’improvise pas bluesman. Cependant, THE BLACK KEYS signe un très bel album.