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Blues Rock Hard Blues Southern Blues

The Answer : flamboyant

Savoureuse et chaleureuse, cette nouvelle réalisation des Anglo-irlandais est attendue depuis des années. Il faut reconnaître que THE ANSWER fait un parcours sans faute depuis plus de deux décennies maintenant. Entre Hard Rock et Blues Rock, le combo régale une fois encore avec ce lumineux « Sundowners » à la fois pêchu et délicat.

THE ANSWER

« Sundowners »

(Golden Robot Records)

Sept longues années se sont déjà passes depuis « Solas », dernier opus des Britanniques de THE ANSWER. Depuis sa création en 2000, le quatuor originaire de Newcastle d’un côté et de Downpatrick en Irlande du Nord de l’autre s’est forgé un solide répertoire commencé avec le phénoménale « Rise », qui a marqué les esprits et lui a permis d’écumer toute l’Europe avec les plus grands dont Ac/Dc.

Soudés depuis le début, Cormac Neeson (chant), Paul Mahon (guitare), Micky Waters (basse) et James Heatley (batterie) ont donc remis le bleu de chauffe et « Sundowners » est d’une incroyable fraîcheur. Le Rock Hard teinté de Blues ou le Blues mâtiné de Hard Rock, c’est selon, de THE ANSWER semble inusable et intemporel, niché quelque part entre Led Zeppelin et The Black Crowes.

Et ce septième album s’inscrit dans ce que le groupe a fait de meilleur. Dès l’envoûtant morceau-titre qui ouvre somptueusement les festivités, THE ANSWER prend les choses en main sur un groove imparable. Avec une production très soignée, l’équilibre entre les instruments est parfait et sert idéalement des chansons entêtantes (« Blood Brother », « California Rust », « Want You To Love Me », « Get On Back »). Classieux !

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Non classé

Otherwise : un tumulte positif

C’est avec une petite bombe entre les mains que ressurgit OTHERWISE et elle risque sacrément de faire trembler les murs. En effet, « Gawdzillionaire » est un concentré explosif d’adrénaline pure. La formation de la ville du péché met toutes les chances de son côté, sans laisser de place au hasard et en se montrant d’une vivacité carburant aux gros riffs de guitares, aux rythmiques écrasantes, le tout porté par un frontman rassembleur monté sur ressort.

OTHERWISE

« Gawdzillionaire »

(Mascot Records)

Formé à Las Vegas, OTHERWISE fait partie de ces groupes au talent certain, qui peinent malheureusement à exploser y compris dans leur propre pays. Et pourtant le quatuor possède de solides arguments comme vient le confirmer ce sixième album époustouflant à bien des égards. Sur un groove de chaque instant, les Américains ne relâchent pas un instant la pression et livrent 12 titres aussi explosifs que fédérateurs.

Sur une rythmique d’enfer, OTHERWISE emprunte autant à un Power Rock nerveux qu’à des riffs très Hard Rock pour obtenir un Alternative Metal tendu et frénétique. Guidé par son chanteur Adrian Patrick et son guitariste Ryan Patrick, membres fondateurs et seuls rescapés de la formation originelle, le combo propose des morceaux lourds et massifs gavés de mélodies entêtantes avec un enthousiasme et une générosité énorme.

Dès « Full Disclosure » et « Exit Wound », la tension est palpable et cette envie débordante ne fait que monter crescendo. OTHERWISE montre une assurance presqu’insolente et enchaîne sur des morceaux qui sont autant de hits en puissance (« Failure », « La Familia », « Coffins »). Et histoire de se faire plaisir, on retrouve même le rappeur Ekoh sur le morceau-titre et Heidi Shepherd de Butcher Babies sur « Paradise », un sommet de l’album.

Seul bémol et il est de taille, le gang du Nevada a laissé les clefs de la production à Matt Good, qui a bossé avec Asking Alexandria notamment. De fait, on retrouve des arrangements à la con très MetalCore, qui viennent briser une sincérité pourtant à l’œuvre. ‘Tout ce qui se passe à Vegas reste à Vegas’, certes, mais il faut souhaiter que « Gawdzillionaire » permette enfin à OTHERWISE de déverser son fougueux Metal Alternatif à travers le reste du monde.

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Rock Hard

MohoVivi : le pacte

MOHOVIVI est la réunion de deux grandes figures du Rock, parfois restées dans l’ombre, mais dont l’apport créatif et musical s’est avéré très important au sein notamment du plus grand groupe de Rock/Hard français. « Komando » est un opus qui transpire la rage autant que l’amitié et l’authenticité.

MOHOVIVI

« Komando »

(FTF Music)

Anciens compagnons d’armes sur les albums « Marche Ou Crève » et « Trust IV (Ideal) » et surtout compagnons de route sur de nombreuses tournées avec Trust, MOHO (Mohamed Chemlakh) et VIVI (Yves Brusco) célèbrent leurs retrouvailles discographiques avec « Komando », une première réalisation (trop) courte de dix morceaux entre Rock et Hard et aux saveurs 80’s.

Complété par Camille Sullet (batterie) et Sylvain Laforge (guitare), MOHOVIVI renoue avec un style musclé et efficace à la française. Mais ne nous y trompons pas, les deux vétérans de la scène hexagonale ne sont pas là pour perpétuer l’héritage du légendaire groupe au bulldozer. L’empreinte est personnelle même si, bien sûr, on ne se refait pas. Il reste forcément quelques traces … et on ne s’en plaindra pas !

Bourré d’une énergie presqu’adolescente, notamment au niveau des textes en français, « Komando » fait surtout la part belle aux riffs emprunts d’une légère touche bluesy. Relativement intenses et formatés, les titres proposés par MOHOVIVI font leur effet et on se laisse prendre à ce registre à la fois léger et entraînant (« Tic Tac », « Game Over », « C’est Pas Facile », « Candem Square »). Probant, ma foi !

Photo : Christian Montajol
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Alternative Metal

Godsmack : changement de trajectoire

Si les riffs sont toujours massifs, les solos flamboyants, la rythmique groove et tendue et le chant perçant et captivant, GODSMACK s’apprête pourtant à changer de cap. « Lighting Up The Sky » est annoncé comme sa dernière réalisation studio. Et si c’est le cas, la formation laissera un puissant témoignage et une empreinte forte dans le monde du Hard Rock et de l’Alternative Metal.

GODSMACK

« Lighting Up The Sky »

(BMG)

GODSMACK, par la voix de son leader Sully Erna, l’a annoncé : il ne mettra plus les pieds dans un studio. Cette décision forte intervient après 27 ans de carrière et a de quoi surprendre. A l’heure où de nombreux groupes, et non des moindres, voient leurs tournées s’annuler, le quatuor a décidé de se consacrer à la scène et partagera donc sa musique de manière différente. On peut par conséquent s’attendre à quelques surprises.

A en croire les Américains, « Lighting Up The Sky » se présente comme leur ultime album. Et très franchement, à l’écoute du huitième opus du combo du Massachusetts, il y a de quoi nourrir des regrets… et pas qu’un peu ! L’Alternative Metal de GODSMACK est toujours incisif et accrocheur et les teintes de Hard Rock apporte ce côté tellement organique qui fait sa force. Quant à la production, elle reste exceptionnelle bien sûr.

Typiquement US dans le son comme dans la forme, « Lighting Up The Sky » regorge de titres pêchus et musclés comme ceux qui ont marqué la discographie de ce monument de la scène américaine (« You And I », « Red White And Blue », « Hell’s Not Dead », « Let’s Go » et le génial « Surrender »). Mais GODSMACK sait aussi donner dans la profondeur et l’émotion (« Best Of Times », « Growing Old », « What About Me », Truth »). Il va manquer !

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Hard Rock Sleaze

The Poor : ass kickin’ !

Des lignes de basse d’un groove exceptionnel, une batterie virevoltante, un guitariste inspiré et frénétique et un chanteur d’une vigueur et d’une robustesse à toute épreuve, telle est la mouture de THE POOR. Même si les Australiens livrent seulement leur quatrième album en plus de trois décennies d’existence, leur détermination est intacte, et peut-être même décuplée. Ce « High Price Deed » est un très bon cru pour qui aime le Hard Rock brut, efficace et hyper-fédérateur, devenu si rare.

THE POOR

« High Price Deed »

(Reckless Records)

Malheureusement méconnu dans nos contrées européennes, THE POOR représente pourtant la digne relève de ses aînés Ac/Dc et Rose Tattoo. Et là-dessus, la presse australienne est unanime : le quatuor est l’un des rares à pouvoir encore faire se lever les foules. Fondé en 1986 à Darwin dans le Nord de sa gigantesque île, le groupe a sorti deux EP avant que son premier album, « Who Cares », l’installe définitivement dans le paysage Hard Rock, teinté du Pub Rock propre à son pays.

Fondateurs et piliers depuis les débuts, le guitariste Daniel Cox et Anthony ‘Skenie’ Skene à la rythmique et surtout au chant sont la marque de fabrique de THE POOR, qui ne serait rien sans son énergique rythmique menée par Matt Whitby à la basse et Gavin Hansen derrière les fûts. Et pour mettre le feu, ces quatre-là savent y faire ! Irrésistible, leur style et leur jeu rappellent inévitablement les années 90, époque où ils ont explosé. Après un break entre 2000 et 2008, ils sont définitivement de retour comme le confirme « High Price Deed ».

Sur un Rock’n’Roll brut et rugueux bardé de riffs implacables et des solos terriblement Heavy, THE POOR fait son grand retour discographique après 13 ans d’absence. Regonflé à bloc et porté par une prestation vocale d’une rare puissance, les Australiens conservent un séduisant esprit vintage, doublé d’une fougue résolument moderne (« Payback’s A Bitch », « Cry Out », « Hurricane », « This Is The Story », « Goin’ Crazy »). Electrisant et bourré d’humour, le combo ne laisse personne insensible, alors laissez-vous tenter !    

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Classic Hard Rock Hard US Rock US

Highway : summer trip

Malgré les apparences, les sonorités et le style, c’est bel et bien de notre beau pays qu’est originaire HIGHWAY. Pourtant, en fermant les yeux quelques instants, c’est sur la côté ouest américaine que nous transporte le quatuor dans un savoureux Rock US. En version acoustique, mais non sans une énergie très communicative, les Sétois sont d’une rare efficacité et surtout présentent un songwriting imparable dans un registre parfaitement maîtrisé. « The Journey » n’attend que vous…

HIGHWAY

« The Journey »

(Rock City Music Label)

Voilà un groupe français de grande qualité qui reflète parfaitement l’état de la scène hexagonale. Autant de talent et aussi peu d’exposition laissent franchement songeur et met aussi en lumière un problème récurrent de structure artistique. Car, finalement les références dont s’inspire HIGHWAY sont parmi les plus gros vendeurs de Hard Rock en France… ce qui devrait donc plaire à un large public. Et il serait d’ailleurs temps !

Cette cinquième réalisation, très justement intitulée « The Journey », revisite les quatre albums de HIGHWAY dans cette atmosphère unplugged positive, avec aussi quelques inédits. Et c’est le cas dès « Like A Rockstar », qui ouvre les festivités, et sa session cuivre qui n’est pas sans rappeler le Extreme de la grande époque, celle de « Pornograffitti ». La mise en bouche livrée par le quatuor annonce une suite éclatante.

La balade se poursuit entre un Classic Hard Rock et un Rock US bien sentis et portés par le chant chaleureux de Ben Folch (« Motel In Alabama », « The Journey »). Sachant se faire bluesy (« Freedom »), hispanisant (« In The Circus Of Madness ») et très fédérateur (« One »), HIGHWAY ne s’interdit rien et s’autorise même tout avec une élégance et une facilité dans l’interprétation qui font très franchement plaisir à entendre. Plus un instant à perdre !

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Hard Blues Hard Rock

Hellz : born to fight

Lisa Perry est une guerrière et cela s’entend ! Derrière un nom de scène très évocateur, HELLZ déploie une folle énergie qu’elle distille dans un Hard Rock intemporel et accrocheur. Avec ce premier essai en solo, « Warrior », la combative frontwoman se dévoile sous bien des aspects et surtout affiche une grande liberté.

HELLZ

« Warrior »

(Revenge Of Eve Records)

Cela fait maintenant deux décennies que la chanteuse Lisa Perry, alias HELLZ, sillonne les scènes Hard et Rock de sa grande île, l’Australie. Frontwoman de Hellz Abyss, qui s’est fait connaître avec l’album « N1FG » suivi de l’EP « Potty Mouth », elle livre enfin son premier opus solo où elle donne libre-court à l’expression débridée de ses influences musicales.

C’est du côté de Sydney que l’artiste a concocté ce savoureux « Warrior », qui est aussi sauvage et déjanté que sensuel et touchant. Compositrice et productrice de cette réalisation, HELLZ ne s’est pas contenté d’enregistrer un énième album de Hard Rock. Bien au contraire, on y retrouve de nombreuses sonorités Blues, quelques touches électroniques, mais surtout de grosses guitares.

Avec une séduisante saveur Old School, HELLZ se montre irrévérencieuse, provocante et sa capacité à évoluer dans un très large panel vocal fait d’elle une redoutable leader. « Warrior » propose presque toutes les nuances de Hard Rock et pourtant l’ensemble est d’une belle homogénéité. Rebelle et positive, l’Australienne incarne ses textes avec beaucoup de vigueur (« Bitch Ran Away », « Hell And Back », « Little Man », « Fire To The Sky », « Warrior »). Déterminée !

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Hard Rock Hard US

Electric Mob : étincelante confirmation

Moderne, bluesy et directement hérité des grands noms du Hard Rock, le registre d’ELECTRIC MOB a tout pour séduire les amateurs du genre et même au-delà. Talentueux, les quatre musiciens du groupe le sont et, sans lever le pied, ils continuent un parcours sans faute avec la folie qui les habite depuis leur première réalisation, qui avait reçu un très bel accueil. Avec « 2 Make U Cry & Dance », les Brésiliens confortent leur statut et peuvent viser très haut. 

ELECTRIC MOB

« 2 Make U Cry & Dance »

(Frontiers Music)

Découvert il y a deux ans au cours d’une interview d’ailleurs fort sympathique, j’avais immédiatement été conquis par la fougue et la spontanéité de « Discharge », le très bon premier album d’ELECTRIC MOB. Dans un Hard Rock très groove inspiré par les plus belles décennies du style, c’est-à-dire des 70’s aux 90’s, les Brésiliens n’ont pas leur pareil pour libérer une folle énergie avec une insolence très joyeuse.

Malheureusement, la planète s’étant arrêtée de tourner au même moment, ELECTRIC MOB n’a donc pas pu capitaliser sur la qualité de son premier effort et c’est bien dommage. Gageons qu’avec « 2 Make U Cry & Dance », les Sud-Américains puissent enfin prendre leur envol, car ce nouvel opus contient tous les ingrédients pour une belle mise en lumière. Ici, les morceaux sont efficaces et diablement bien composés.

Aussi Rock’n’Roll dans l’attitude comme dans son jeu, ELECTRIC MOB a conservé ce feeling instinctif si présent sur « Discharge », tout en faisant preuve de beaucoup plus de maturité. Le gang de Curitiba au Brésil se montre déchainé (« Will Shine », « Soul Stealer », « Thy Kingdom Come », « Locked N Loaded ») et tout en retenue avec un chanteur exceptionnel (« Sun Is Falling Down », « Love Cage », « Saddest Funk Ever »). Furieusement bon !

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Blues Rock Hard 70's International Proto-Metal

Buffalo Revisited : reloaded [Interview]

Resté dans l’ombre des groupes Rock, Blues Rock et Hard Rock ayant réussi à percer au-delà de leur Australie natale, Buffalo, devenu BUFFALO REVISITED, est pourtant à l’origine de l’élaboration d’un style qui a depuis fait ses preuves. Entre Metal, Blues et Rock et bardé de grosses guitares et d’une lourde rythmique, le groupe a ressurgit il y a quelques mois à l’occasion de la sortie de « Volcanic Rock Live », la version en public de son album le plus vendu. Dave Tice, leader et chanteur de la formation originelle, revient pour nous sur quatre décennies de musique et l’histoire peu commune d’un combo pas banal.  

– Dave, avant de parler de cet album, j’aimerais savoir pourquoi tu as ajouté ’Revisited’, alors que le groupe s’appelle à l’origine BUFFALO ?

Pour deux raisons et je tiens vraiment à dire la vérité. Ce n’est pas le groupe original et je voulais m’assurer que tout le monde le comprenne. Ca m’ennuie toujours quand des groupes font des concerts en prétendant être quelque chose qu’ils ne sont pas. Pour moi, c’est contraire à l’éthique. Et ce n’est pas parce qu’il y a un membre originel que c’est le véritable groupe. Ce serait un mensonge… et pas très cool.

Ensuite, certains membres originels du groupe n’étaient pas très contents que je décide de faire tout ça. Ils ont tout essayé pour m’arrêter, même s’ils n’avaient pas joué depuis plus de 40 ans et qu’ils ne le faisaient pas non plus de leur côté. Ils m’ont menacé par des injonctions et ont même appelé les promoteurs en les menaçant également. Je n’aime pas qu’on me dise ce que je peux, ou ne peux pas, faire et je ne voulais pas passer ma vie dans les salles d’audience. Un ex-membre a même essayé de déposer le nom ‘Revisited’ juste pour m’arrêter.

– Tu es le chanteur et leader du groupe depuis ses débuts, ainsi que le dernier membre de la formation de départ. Alors que tu menais une carrière solo depuis de nombreuses années, qu’est-ce qui t’a poussé à faire revivre et ressusciter BUFFALO ?

Comme tu le dis, j’ai eu beaucoup d’autres projets depuis l’époque de BUFFALO, dont trois albums au Royaume-Uni avec The Count Bishops, suivis de trois ans à la tête du groupe britannique The Cobras. Je suis retourné en Australie en 1984 et j’ai tourné avec un certain nombre de groupes aussi. J’en ai formé quelques-uns moi-même et j’ai enregistré plusieurs albums. Actuellement, je chante, je joue de la guitare et de l’harmonica dans mon trio, The Dave Tice Trio. En fait, je n’ai jamais eu l’intention d’interpréter à nouveau les chansons de BUFFALO. J’aime aller de l’avant, mais pendant des années, on m’a demandé de faire des spectacles ‘revisitant’ ces chansons et on m’a finalement proposé quelque chose que je ne pouvais pas refuser. Ce que je pensais être un simple spectacle en 2013 s’est transformé en un succès les années suivantes. Ca a été une surprise pour moi que tant de gens conservent une grande affection pour les chansons du groupe. Je suis un musicien qui ne regarde derrière lui, car je sens qu’il est de mon devoir d’évoluer et d’explorer de nouveaux territoires. Après avoir fait le premier concert en co-tête d’affiche d’un festival de Sydney, j’ai découvert un amour renouvelé pour ces vieilles chansons et j’en suis très heureux.

– Aujourd’hui, qui compose BUFFALO REVISITED et comment as-tu choisi les musiciens qui t’accompagnent ?

Choisir des musiciens pour recréer le son de BUFFALO n’a pas été facile et, en fait, il y a eu trois line-up différents pour finalement arriver au groupe sur l’album live. Ils ont tous été bons mais, comme tu t’en doutes, ce sont de grands musiciens qui sont eux-mêmes impliqués dans d’autres projets et qui ne peuvent pas s’engager dans quelque chose qui ne se produit qu’occasionnellement. Je dois dire que l’ensemble de l’album live possède le meilleur line-up avec Troy Vod à la guitare, Steve Lorkin à la basse et Marcus Fraser à la batterie. Ils ont parfaitement su capter les sensations et la puissance de BUFFALO comme on peut l’entendre sur le disque.

– « Volcanic Rock » est l’album le plus emblématique du groupe et mis à part le fait qu’il s’est bien vendu à l’époque et qu’il a fêté ses 45 ans, qu’est-ce qui t’a donné envie de l’interpréter en entier pour sortir ce tout premier album live de BUFFALO REVISITED ?

Le spectacle où cela a été enregistré était une célébration du 45ème anniversaire de la sortie de « Volcanic Rock ». Ca semblait approprié de le faire et de satisfaire la demande constante des fans. Je n’ai jamais eu l’intention de faire un album live, mais j’avais demandé à l’ingénieur du son sur place de l’enregistrer comme souvenir pour les membres du groupe. Je ne m’attendais pas à ce que cela débouche sur une sortie commerciale. Ce n’est même pas du multipiste, juste un sous-mixage quatre pistes directement sorti de la console, ce qui prouve d’ailleurs la force du groupe et le talent du preneur de son. Ensuite, j’ai été contacté par Todd Severin de Ripple Music, qui est fan de BUFFALO, et il voulait savoir s’il y avait des trucs qu’il pourrait sortir aux Etats-Unis via son label. Je lui ai envoyé une copie approximative des chansons en direct et à ma grande surprise, il était très désireux de le sortir. Je dois remercier Todd et son équipe de m’avoir fait réaliser que notre musique est toujours appréciée bien au-delà des côtes australiennes.

– En écoutant « Volcanic Rock Live », on se rend compte que les morceaux restent intemporels et surtout que, 45 ans après, la puissance de ton chant est intacte. As-tu des regrets que l’aventure n’ait pas duré plus longtemps à l’époque ?

En fait, mon aventure a toujours continué, mais sur des routes nouvelles et différentes. Bien sûr, cela aurait été bien d’avoir plus de reconnaissance avec BUFFALO et de l’emmener partout dans le monde, mais ce n’était pas possible à l’époque. Mais je n’ai aucun regret. En fait, je pense que c’est même mieux. Trop de groupes ont du mal à se dépasser pour finalement dévaloriser ce qu’ils ont créé à l’origine. Toutes les choses ont une fin et rien ne dure éternellement. Si nous restons immobiles, nous stagnons et nous devenons des caricatures. Ce que nous avons fait à l’époque semble avoir résisté à l’épreuve de temps et nous ne devrions jamais gâcher cela en faisant quelque chose de nul. Et je te remercie pour le compliment sur mon chant et ce qu’il en reste. C’est simplement parce que je reste enthousiaste et que j’aime ce que je fais. Je ne suis ni lassé, blasé ou cynique.

– BUFFALO a montré la voie à de nombreux groupes australiens, et pas seulement, et on l’oublie un peu. Es-tu conscient de l’énorme héritage laissé par le groupe ?

Je suppose que j’en ai conscience, mais ce n’est pas quelque chose sur laquelle je m’attarde. A l’époque, on croyait en ce que nous faisions malgré le fait d’être ignoré par la radio et le ‘business’. Et maintenant nous voyons la reconnaissance, l’estime et l’amour des fans près de 50 ans plus tard et c’est pour moi plus précieux que de rester quelques semaines dans les charts. Je ne me soucie pas vraiment de la célébrité et de la taille des comptes bancaires, j’adore faire de la musique et j’ai eu la chance de pouvoir passer ma vie à le faire à ma manière, et sans l’interférence ou les manipulations de comptables et de managers. Il ne nous est jamais venu à l’esprit que nous allions influencer d’autres groupes, nous avons juste continué notre truc. Si nous l’avons fait, c’est un bonus supplémentaire.

– Le Rock très proto-Metal de BUFFALO a influencé de nombreux courants musicaux comme le Hard Rock, le Heavy Metal, le Stoner ou le Doom tout en gardant une touche très Blues Rock et Pub Rock. Actuellement, de quels styles et groupes te sens-tu le plus proche artistiquement ?

 Je dois avouer que je ne fais pas beaucoup attention à ce que font les autres groupes, je me concentre sur mon propre travail. Cela dit, je ne vois personne que je décrirais comme proche de BUFFALO sur le plan artistique. D’après ce que j’ai entendu des groupes de Heavy Rock les plus récents, ils semblent tous avoir le même son avec des guitares saturées et floues, un million de notes dans chaque mesure et des voix grondantes que je ne peux pas distinguer. Cela semble être devenu une formule très restreinte.

– « Volcanic Rock Live » est donc votre seul album live. Il a été enregistré à Sydney devant quelques chanceux. Dans quelles conditions s’est déroulé le concert et comment est née cette collaboration avec Kent Stump de Wo Fat ?

Comme tu le dis, c’est notre seul album live et je suis heureux que cela se soit réellement produit. Le concert a eu lieu au ‘Crow Bar’ à Sydney devant un public limité, autour de 250 personnes. Et c’est quelque chose dont je suis fier. Quant à la ‘collaboration’ avec Kent, elle est née parce que Ripple lui a demandé de concevoir la pochette de l’album et je dois dire qu’il a fait un travail remarquable. En dehors d’échanges d’e-mails pour finaliser le design, je ne connais pas vraiment Kent, mais j’admire son travail.

– Enfin, ces quelques concerts et surtout la sortie de cet album t’ont-ils donné envie de continuer l’aventure, et pourquoi pas de composer de nouveaux morceaux pour donner une seconde vie à BUFFALO ?

Je ne dis jamais non, mais ce n’est pas dans mes plans de continuer les concerts avec BUFFALO REVISITED. Ripple Music a de quoi sortir un autre album de ce dernier concert et il peut choisir de le sortir dans le futur. Nous n’avons pas encore finalisé d’accord à ce sujet. Quant à écrire de nouvelles chansons, qui sait de quoi demain sera fait? Je ne m’attendais pas à sortir un album live via Ripple, mais c’est arrivé ! Le monde est un endroit étrange et merveilleux.

« Volcanic Rock Live » est disponible chez Ripple Music.

Retrouvez la chronique de l’album :

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Classic Hard Rock

Uriah Heep : pionnier et immortel

Magnifiquement produit par Jay Ruston (Anthrax, Black Star Riders, Steel Panther), « Chaos & Colour » vient rappeler ô combien URIAH HEEP a su imposer sa patte et influencer un nombre incalculable de musiciens en plus de 50 ans d’existence. Fondateur d’un Hard Rock aux contours progressifs avec quelques autres au début des années 70, le quintet n’a jamais dévié de sa trajectoire, et, mieux, réussit avec une facilité toute naturelle à nous faire encore vibrer.

URIAH HEEP

« Chaos & Colour »

(Silver Lining Music)

Contrairement à beaucoup de groupes dont je ne ferai pas la liste ici tant elle serait longue, URIAH HEEP est de ceux qui ne semble pas prendre une ride, ni lever le pied un seul moment et surtout, les très rares à pouvoir encore compter avec une créativité hors-norme. Certes, « Chaos & Colour » ne vient pas révolutionner le genre, mais l’énergie déployée et la technicité de ses membres font de la formation anglaise l’une des plus attrayantes du siècle passé toujours en activité.

A la tête de URIAH HEEP depuis 1969, le jamais-rassasié guitariste Mick Box et sa célèbre wah-wah insufflent une fois encore une dynamique très Hard aux nouvelles compositions avec ce côté intemporel, qui fait la force de URIAH HEEP depuis cinq décennies. A ses côtés, le chanteur Bernie Shaw et le claviériste Phil Lanzon, arrivés ensemble en 1986 dans l’institution, sont l’autre point de repère et la force distillés sur ce 25ème album. Classique bien sûr, mais toujours aussi relevé, le quintet bouillonne encore.

Grâce à sa rythmique exemplaire, Russell Gilbrook (batterie) et Dave Rimmer (basse), URIAH HEEP continue s’assumer avec brio l’aspect très positif de son répertoire sur des envolées guitaristiques incroyables, des refrains et des chœurs imparables et un clavier insaisissable. Les Britanniques n’ont pas changé de braquet et conservent cette envie des premiers jours (« Save Me Tonight », « Silver Sunlight », « One Nation, One Sun », « Closer To Your Dreams », « Fly Like An Eagle »). Progressif et Rock, ces géants restent toujours d’actualité.  

Photo : Richard Stow