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International Speed Metal Thrash Metal

Raven : la passion du chaos [Interview]

Précurseur et même pionnier du Thrash Metal, RAVEN est toujours resté fidèle à ce style Heavy et Speed, et en mode power trio, qui fait sa force et a forgé sa légende depuis maintenant un demi-siècle. Fondé par les frères Gallagher, ossature indestructible du combo, les Britanniques sont de retour avec leur 15ème album, « All Hell’s Breaking Loose », toujours aussi rageurs et athlétiques. Entretien calme et tout sourire avec John (basse, chant).

Photo : Jay Shredder

– Votre dernier véritable album studio date de trois ans, « Metal City ». Mais l’année dernière, vous avez sorti « Leave’Em Bleeding », qui était aussi le dernier chez Steamhammer. C’était la manière la plus simple de quitter votre label avant de venir chez Silver Lining Music ?

Oui, « Leave’Em Bleeding » était une sorte de compilation, qui faisait le bilan de nos dernières années chez Steamhammer et sur laquelle on a pu ajouter des morceaux en version inédites et notamment live. Et cela tombait bien aussi, puisque le nouvel album n’était pas encore terminé. Ensuite, nous avons reçu une très belle proposition de Silver Lining Music. Steamhammer a fait du bon boulot avec nous, c’est vrai, mais ce nouveau deal nous permettait d’avoir une exposition différente et également de toucher un public plus large et un peu différent.


« All Hell’s Breaking Loose » est aussi le second album complet avec votre batteur Mike Heller et on a franchement l’impression qu’il a toujours été là. Je trouve même que c’est peut-être le meilleur line-up affiché par RAVEN depuis longtemps. C’est aussi ton sentiment ?

Oui et j’espère que c’est vrai ! (Rires) Il suffit de le voir sur scène ! Et puis, il gère très bien les interviews, la presse, les vidéos : il s’occupe vraiment de beaucoup de choses au sein de RAVEN. Il est très impliqué et il a fait du super boulot sur l’album.

John Gallagher – Photo Jay Shredder

– D’ailleurs, c’est votre 15ème album et l’an prochain, vous fêterez vos 50 ans de carrière. C’est une incroyable longévité et vous faites partie d’un cercle très fermé. Qu’est-ce que tout ça t’inspire et est-ce que tu aurais pu l’imaginer en 1974 à Newcastle ?

Bien sûr que non ! On a commencé à faire de la musique pour s’amuser et on n’aurait jamais imaginé que cela dure aussi longtemps. C’est incroyable pour nous de nous voir dans le Top 10 des groupes les plus anciens encore en activité. C’est même fou ! Aerosmith s’est formé juste deux ans avant nous, tu imagines ? (Rires) L’an prochain, nous allons essayer de préparer quelque chose de spécial pour célébrer cet anniversaire. Nous avons toujours eu cette motivation pour continuer le groupe et surtout pour faire ce que nous faisons. On a toujours voulu être meilleur à chaque album. Nous avons toujours en nous cette étincelle qui nous pousse plus loin et qui continue à nous inspirer. Et nous n’avons pas l’intention de nous arrêter en si bon chemin ! (Sourire) D’ailleurs, je pense que ce nouvel album en est un parfait exemple. Nous ferons des choses très spéciales en tournée l’an prochain, c’est une certitude.

– Vous avez enregistré ce nouvel album à Los Angeles dans vos propres studios. Vous êtes désormais installés là-bas, ou est-ce que c’est juste parce que le soleil de Californie qui vous donne toute cette énergie ?

En fait, Mike (Heller, le batteur – NDR) vit là-bas et possède son propre studio. Nous sommes en Floride avec Mark, mais cela ne change rien au processus d’écriture. Mike a apporté beaucoup d’idées et fait de nombreuses propositions pour obtenir ce son sur ce nouvel album. Pour ce qui est des arrangements, nous nous en occupons toujours tous les trois, ensemble. Nous lui avons tout envoyé : les guitares, la basse, les solos et il a fait un travail de fou avec tout ça, ainsi que sur les voix ! Il a réussi à faire un mix génial, tout en conservant ce côté très organique, qui caractérise RAVEN. Il nous a suffit de livrer la meilleure performance possible finalement.

– Cette fois encore, l’album est bâti autour des riffs et vos morceaux sont toujours très compacts. Il y a un côté intemporel dans votre écriture, ce qui fait que RAVEN sonne très actuel et moderne. Comme l’expliques-tu, car la plupart des groupes sont marqués par une époque et cela ne concerne pas seulement le son ?

En fait, on essaie de garder à l’esprit ce qui fait RAVEN : les riffs, bien sûr, un rythme soutenu, etc… mais sans jamais regarder vers le passé. On ne perd pas de vue nos racines, elles sont définitivement ancrées en nous. Et il y a aussi ce côté un peu extravagant et exagéré dans les textes, une certaine attitude de mauvais garçons peut-être aussi. Parfois, la basse et la guitare prennent des directions différentes et lorsqu’on se rend compte que ça devient un peu trop commercial : on se dit ‘Oups ! Il faut changer ça !’. Mais on garde un œil sur l’aspect mélodique, c’est un truc de fou en fait ! Il y a de l’intensité, on  frôle souvent le chaos, mais il faut que ce soit accrocheur. Notre truc, c’est notre relation de musicien et la destruction ! (Rires)

– Il y a aussi une chose que je trouve incroyable chez RAVEN, c’est que votre Heavy Thrash ou Speed Metal ne baisse pas en rapidité et en percussion. Beaucoup de groupes de votre génération ont tendance à lever le pied et diminue en intensité, mais pas vous. Quel est le secret de toute cette nervosité si généreuse ?

C’est juste qu’on adore ce que l’on fait et nous sommes très ouverts ! Je me souviens que gamin à Newcastle, ce qui me fascinait dans certains concerts, c’était justement cette intensité et cette puissance, qui étaient saisissantes. Ca me transportait littéralement. Mon héritage musical vient de là, de tout ça. Depuis, j’essaie de délivrer la même chose, les mêmes sensations que j’avais adolescent. Et il y a aussi bien sûr cette connexion avec le public, qui est incroyable. C’est aussi pour ça qu’on ne prend pas de drogue, par exemple. Si tu fais ça, tu ne peux pas capter l’attention, tu restes dans ton coin à faire ton truc. Tu comprends ça en vieillissant et tu te rends vite compte que tu n’as pas d’excuse si tu n’as pas la passion. Balancer toute cette énergie est ce que tu dois faire ! C’est ça la liberté ! Regarde les Rolling Stones, ils sont probablement meilleurs aujourd’hui qu’ils ne l’ont jamais été ! Mick Jagger n’a jamais arrêté, il n’a jamais perdu l’inspiration. Si on peut le faire, alors faisons-le ! (Rires)

John & Mark Gallagher – Photo Jay Shredder

– Tout en restant très puissant et massif, RAVEN n’a jamais négligé les mélodies. Vous les travaillez plutôt en fonction des lignes vocales ou de la guitare ?

La plupart du temps, cela vient de la guitare. Souvent, Mark (Gallagher, son frère – NDR) m’envoie des trucs par téléphone qui ne veulent pas dire grand-chose et il me dit : ‘Tu vois, c’est ça qu’il faut faire !’ (Rires) Plus sérieusement, cela vient de la musique, pas du chant. Elle dicte la structure de la chanson, mais pas seulement, elle guide aussi la mélodie qui installe le titre. Ensuite, c’est une question de feeling. Il pose des voix avec des mots qui ne veulent rien dire au début pour installer la charpente en quelque sorte. Les paroles viennent après, suivant l’ambiance, et la ligne directrice apparaît d’elle-même. La fin de la pandémie a aussi réveillé beaucoup de choses en nous et nous a ouvert tellement de voies. Il a fallu canaliser tout ça et se demander de quelle manière devaient sonner nos nouveaux morceaux et je pense que cela nous a rendu encore meilleurs. On trouvait les choses plus rapidement, les breaks venaient d’eux-mêmes… Cela a provoqué ce genre de choses chez nous. Pas mal de trucs sont devenus assez évidents et nous avons expérimentés tellement de choses également ! (Rires) Lorsque nous enregistrons un album, il y a toujours environ 20% d’improvisation en studio. C’est quelque chose que nous adorons et qui ne nous fait pas peur du tout. Il y a un peu de magie là-dedans… (Sourire)

– Enfin, beaucoup de groupes dénoncent les difficultés économiques engendrées par les tournées. Comment cela se passe-t-il pour RAVEN ? Vous n’avez pas trop de problèmes au niveau de l’organisation financièrement ?

On en a eu, oui, mais ce n’était pas de notre fait. Nous devions participer à des festivals qui ont été annulés. Mais nos fans n’ont pas demandé à être remboursé. Ils ont en grande partie gardé leur billet. Après, c’est vrai que beaucoup de choses s’annulent, car les organisateurs n’ont aucune idée du nombre de gens qui viendront et combien d’argent ils pourront faire. Ils ne prennent donc aucun risque et annulent. Ils veulent l’argent avant de faire le concert. La pandémie a bousculé beaucoup de choses également jusqu’en 2021. Depuis deux ans, les concerts ont repris et certains endroits où nous étions programmés ont reportés en gardant la même affiche. Et pour nous, c’est très bien, car nous avons un nouvel album et nous ferons tous les festivals l’an prochain, même s’il y en aura aussi cet été. Et nous allons tourner avec Saxon également en Italie, puis nous jouerons aussi quelques concerts en Belgique. Et nous serons en France le 9 septembre dans les Pyrénées pour le ‘Pyrenean Warriors Open Air’, et ensuite en Allemagne. En octobre, nous serons ici en Angleterre pour une série de concerts, puis l’an prochain en Australie et au Japon. Donc, tout va très bien !!! (Sourire)

Le nouvel album de RAVEN, « All Hell’s Breaking Loose », est disponible chez Silver Lining Music.

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Hard 70's Proto-Metal Stoner Metal

Dead Quiet : une tempête de riffs

Si la pochette, tout en sobriété, de ce quatrième opus de DEAD QUIET peut laisser penser à une musique sombre et violente, c’est presque le contraire que proposent les Canadiens avec « IV ». Les belles harmonies et les envolées métalliques nous replongent dans l’univers si créatif des années 70 et 80 et son esprit Rock indélébile et savoureusement rétro.

DEAD QUIET

« IV »

(Artoffact Records)

Faisant partie de la grande famille Stoner en raison de l’épaisseur des riffs essentiellement, c’est plutôt du côté des pionniers du Heavy Metal et du Hard Rock, à savoir Black Sabbath et Deep Purple pour faire court, qu’il faut regarder pour bien saisir l’essence-même et le feu qui animent DEAD QUIET. Depuis ses débuts en 2014, le groupe s’est forgé une solide réputation dans son Canada natal et tend à rugir partout ailleurs.

Dès son premier album éponyme l’année qui suivit sa formation, puis avec « Grand Rites » (2017) et surtout « Truth And Ruin » (2020), DEAD QUIET n’a laissé personne indifférent à Vancouver. La musique du quintet n’a pas tardé à se propager au-delà, fort d’un registre efficace, très travaillé et où les mélodies et la puissance jouent les équilibristes. Et malgré cet esprit très vintage, un vent de modernité souffle bel et bien ici.

Armé de deux très bons guitaristes, d’une rythmique massive, d’un claviériste parfois touché par la grâce et d’un frontman au charisme évident, DEAD QUIET possède de sérieux atouts. Les refrains sont implacables et l’énergie déployée rend ce quatrième album rapidement addictif (« The Hanging Man », « Dying To Live Again », « Existential Dread », « High Roads », « Murder City »). La marque des grands.

Photo : Milton Stille
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Heavy metal Old School

Metal Church : heavy faith

Figure incontournable du Heavy Thrash californien, METAL CHRCH n’aura pas été épargné par les épreuves au fil de sa carrière. Mais c’est sans compter sur la ténacité de ses membres fondateurs, qui ne comptent pas abandonner l’institution de sitôt. Avec Marc Lopes au chant, « Congregation OF Annihilation » affiche un Heavy Metal classique, efficace et direct.

METAL CHURCH

« Congregation Of Annihilation »

(Reaper Entertainment /Warner)

Comment ne pas éprouver de la tristesse et de la mélancolie à l’écoute de ce nouvel opus de METAL CHURCH ? L’histoire des Américains est émaillée de pertes tragiques. Si ce treizième album est le premier depuis le décès de son leader emblématique, Mike Howe, en juillet 2021, il sort aussi quelques jours après la mort de son ancien batteur Kirk Arrington, qui avait quitté le groupe en 2006 pour raison de santé. De quoi porter ombrage à ce nouveau chapitre qui s’ouvre, alors qu’il se dessine de très belle manière.

Produit par son guitariste Kurdt Vanderhoof, « Congregation Of Annihilation » renoue avec le passé du combo et un son massif et organique et surtout un retour à un Heavy Metal instinctif et véloce. La rythmique est solide et aérée, tandis que les deux six-cordistes se font vraiment plaisir en alternant avec des sonorités chères à leur côte ouest d’origine et quelques clins d’œil à la scène européenne des années 80 et 90. METAL CHURCH remonte à l’âge d’or d’un style auquel il a grandement contribué.  

Et cette nouvelle ère pour la formation de San Francisco s’effectue avec la présence derrière le micro de Marc Lopes (Ross The Boss, Let Us Prey), qui fait plus que tenir son rang. Après plus de quatre décennies au service du Metal, le quintet se montre toujours aussi affûté et racé, et son nouveau frontman se permet même de belles envolées vocales (« Another Judgement Day », « Pick A God And Prey », « Me The Nothing », « Making Monsters »). METAL CHURCH est bel et bien de retour pour un nouveau cycle très Heavy.

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Heavy metal

Fortunato : trésor de Metal

Deux ans après « Insurgency », les Lyonnais sont déjà de retour avec le très mélodique et fédérateur « From High Above », un quatrième opus où des éléments Neo-Classic et symphoniques viennent se greffer à un Heavy Metal ancré dans une tradition très européenne, héritée de la NWOBHM, mais aussi (et surtout) de la scène allemande. Fort d’une longue expérience, FORTUNATO peut désormais se frotter sereinement aux  meilleures formations du genre.   

FORTUNATO

« From High Above »

(Independant)

Si vous suivez le Metal underground français depuis la fin des années 80, le nom de Markus Fortunato ne vous est sûrement pas inconnu. Fondateur de MZ avec qui il a sorti sept albums en une décennie, c’est sous la bannière de FORTUNATO que le frontman et bassiste officie dorénavant et c’est en quatuor qu’il se présente aujourd’hui avec « From High Above », le quatrième opus du groupe, riche de dix titres sans détour, ni esbroufe.

Ayant parcouru différents styles allant du Hard Rock à une version musclée de l’AOR, c’est armé d’un solide Heavy Metal que FORTUNATO nous livre sa nouvelle réalisation. D’ailleurs, bien qu’autoproduit, « From High Above » n’a pas à rougir face à certaines signatures élogieuses, mais approximatives actuelles. Et les Français possèdent un atout de taille, c’est cette sincérité qui se dégage de tous leurs morceaux.

Grâce à ses deux virevoltants guitaristes (Alex Faccinetto et Seb Vallée) et à un batteur tout aussi véloce et costaud (Sly Tale), FORTUNATO peut aisément distiller ce Heavy aux consonances Neo-Classic et même légèrement symphonique. La virtuosité des deux six-cordistes offre un aspect shred efficace et très mélodique, avec en soutien un synthé pertinent. Le combo manie la puissance du Metal sur des thèmes accrocheurs et maîtrisés.

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Hard Rock Heavy metal

Tygers Of Pan Tang : still alive

Ca rugit toujours du côté de l’Angleterre et malgré plus de quatre décennies de bons et loyaux services rendus à la légendaire NWOBHM, TYGERS OF PAN TANG a toujours les crocs et n’a rien perdu de son mordant. Pour preuve, ce « Bloodlines » créatif et racé, livré par Robb Weir et les siens. Un Heavy accrocheur qui se réinvente.

TYGERS OF PAN TANG

« Bloodlines »

(Mighty Music)

S’il y a un groupe qui est passé à côté d’une très belle carrière, c’est bien TYGERS OF TAN PANG. Grand espoir et même un temps fleuron de la NWOBHM au début des années 80, les Britanniques ont surtout joué de malchance et après six albums réussis, ils se sont mis en veille pendant 12 ans avant un retour en 1999 avec un line-up dont il ne reste que l’inoxydable Robb Weir, détenteur de l’âme des tigres.

Depuis, la formation s’est stabilisé et l’on retrouve les très bons Jack Meille au chant, Craig Ellis à la batterie, Francesco Marras à la guitare et Huw Holding à la basse. Et dire que TYGERS OF PAN TANG est désormais sur de bons rails est un doux euphémisme ! Entre Hard Rock et Heavy Metal, les Anglais ont trouvé un nouveau souffle et la belle production de ce nouvel opus par Tue Madsen est au coeur de cette réussite.

Et puis, « Bloodlines », quatorzième album du quintet, réserve de très bonnes surprises. Heavy et mélodique, il s’inscrit parfaitement dans la deuxième vague de la discographie de TYGERS OF PAN TANG, qui vient rappeler qu’il en a encore pas mal sous le pied (« Edge Of The World », « Kiss The Sky », « Believe »). Le combo fait parler l’expérience et parvient également à se renouveler sans perdre de son identité. Bien joué !

Photo : Steve Christie
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Heavy metal Old School

Enforcer : old school is timeless

Très accrocheur et tout en puissance, cette sixième réalisation d’ENFORCER va agir sur beaucoup comme une Madelaine de Proust que l’on souhaiterait interminable. Les Suédois ont décidé délibérément de jeter un œil dans le rétro et de donner leur version d’une époque qu’ils ont d’ailleurs à peine connu, mais pour laquelle ils semblent vouer un véritable culte. « Nostalgia », quand tu nous tiens !

ENFORCER

« Nostalgia »

(Nuclear Blast Records)

15 ans après « Into The Night » qui vit les premiers pas d’ENFORCER sur la scène Heavy Metal, Olof Wikstrand, fondateur et multi-instrumentiste, fait son retour avec ses hommes. Car il faut rappeler qu’il s’agit au départ d’un projet personnel et solo du Suédois. Depuis cinq albums, six dorénavant, il entretient la mémoire de son registre de prédilection de belle manière et c’est encore le cas avec « Nostalgia ».

C’est donc un retour aux sources qu’effectue ENFORCER et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Scandinaves sont en grande forme et plus affûtés que jamais. Cap sur les années 80 avec des sonorités préservées et un respect total pour le style et l’esprit des pionniers. Et la première chose qui vient confirmer la démarche du groupe, c’est cette avalanche de riffs racés et tendus et de solos gigantesques.

Pied au plancher, ENFORCER multiple les assauts avec des accents Heavy Speed très Old School, qui ne sont pas sans rappeler les belles heures de la NWOBHM (« Kiss Of Death », « When The Thunder Roars », Metal Supremacia », « Demon »). Bien sûr, le combo n’est pas là pour renouveler le genre, mais plutôt pour se faire plaisir et faire remonter de beaux souvenirs (« White Lights In The USA », « The Lonely Man »).

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Folk Metal Pagan Metal Power metal

Elvenking : Metal Fantasy

Narratif et massif, le Heavy/Power Metal d’ELVENKING se peaufine au fil des albums et la trilogie entamée se dévoile peu à peu, grâce à ce nouveau chapitre de « Reader Of The Runes ». Les sonorités Folk et Pagan rendent le style des Italiens très vivant et la qualité d’écriture fait de « Rapture » un disque accrocheur et envoûtant.

ELVENKING

« Reader Of The Runes – Rapture »

(AFM Records)

ELVENKING est très probablement le groupe italien le plus talentueux et créatif de sa génération. Seul Lacuna Coil rivalise peut-être. Depuis 1997, le sextet s’est bâti une solide discographie et réussit aussi à apporter beaucoup de variations à son Metal. Toujours très Folk et de plus en plus Pagan, l’univers des Transalpins s’étoffe et se muscle depuis dorénavant onze albums. 

Passant du Heavy au Power en un claquement de doigt grâce notamment à son frontman Damna, à sa brillante rythmique et à son duo de guitaristes virevoltants, ELVENKING impose son style avec brio. Toujours très véloce et puissant, le combo oscille entre des moments forts aux mélodies imparables et des solos très relevés pour mieux narrer le monde très Fantasy qu’il affectionne tant.

« Rapture » est donc le deuxième volet de l’épique saga entreprise en 2019 avec « Divination ». Et la trilogie, qui s’intitule « Reader Of The Runes », se dessine en une quête mêlant désespoir, magie noire et une violence évidente. Le Heavy Folk d’ELVENKING est captivant, effréné et particulièrement bien composé (« Rapture », « The Cursed Cavalier », « Bride Of The Night », « Covenant », « The Repentant »). Enivrant !

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Heavy metal

Todd la Torre : acier trempé

Profitant de l’arrêt brutal de la tournée mondiale de Queensrÿche il y a trois ans, TODD LA TORRE avait pu apporter la touche finale à son premier effort solo. Après une sortie initiale passée un peu incognito, « Rejoice The Suffering » retrouve les bacs et les fans qui l’auraient manqué vont pouvoir enfin se régaler du Heavy Metal tranchant et incisif du chanteur… et batteur !

TODD LA TORRE

« Rejoice In The Suffering »

(ROAR! Rock Of Angels Records)

Sorti en catimini en février 2021 chez Rat Pak Records, le premier album de TODD LA TORRE s’offre une nouvelle mise en lumière grâce à ROAR ! Rock Of Angels Records et c’est une très bonne chose compte tenu de sa qualité. L’ex-Crimson Glory et actuel frontman de Queensrÿche s’offre sa première expérience solo et « Rejoice The Suffering » est un intense et incandescent témoignage de pur Heavy Metal.

Avec son complice Craig Blackwell (guitare, basse, claviers), TODD LA TORRE tient le micro bien sûr, mais on le retrouve aussi derrière les fûts où il livre une très belle prestation. L’autre tour de force du natif de Floride est également de nous faire oublier Queensrÿche et la réussite est totale. Si on pense à Judas, Maiden et Annihilator pour les guitares, « Rejoice The Suffering » s’en démarque facilement pour s’imposer de façon très personnelle.

D’une grande variété, le disque de l’Américain brosse un vaste état des lieux en parcourant presque tous les courants du Heavy Metal avec une modernité et une dynamique qui ne faiblissent pas (« Dogmata », « Apology », « Critical Cynic », « Darkened Majesty », « Vanguards Of The Dawn Wall »). TODD LA TORRE se montre brillant, se présente sous un visage nouveau et prend ici une dimension qu’on ne lui connaissait pas forcément.

Photo : Joe Helm of Silly Robot Studios
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Heavy metal Thrash Metal

Metallica : hors-saison

Pourquoi hors-saison ? Parce qu’intemporel, tout simplement ! Mais pas hors-jeu, ni hors-sujet ou hors-concours, non plus. Si en plus de 40 ans de carrière, METALLICA a alterné le bon, le très bon et le carrément mauvais, il faut bien reconnaître qu’avec « 72 Seasons », le quatuor renoue avec une certaine fraîcheur, une envie aussi et, avec un tel acquis, la maîtrise et le savoir-faire font encore une fois la différence. Les Américains ne font pas le grand écart, ne révolutionnent pas grand-chose mais, au fond, est-ce que c’est encore ça qu’on leur demande et qu’on attend d’eux ? Un disque de ce calibre est déjà une très belle chose.

METALLICA

« 72 Seasons »

(Blackened Recordings)

C’est toujours rigolo de s’atteler à la chronique d’un album que tout le monde déteste déjà avant même de l’avoir écouté ! Cela dit, les Californiens sont coutumiers du fait, rompus à l’exercice et surtout archi-blindés… à tous les niveaux ! Pas de quoi perdre le sourire donc pour nos amis de METALLICA. Bien plus qu’Ozzy, Megadeth ou Iron Maiden, James Hetfield et ses camarades sont sûrement les plus attendus au tournant de la scène Metal et même au-delà, si l’on en croit la palette sociale de leur public. Chaque nouvel album est par conséquent un évènement mondial et les attentes sont à la hauteur de cette démesure. 

Ayant déjà lâché quatre singles, « Lux Æterna », « Screaming Suicide », « If Darkness Had A Son » et le morceau-titre, on sait donc à quoi s’attendre de la production signée Greg Fidelman, assisté tout de même de Lars Ulrich et de James Hetfield… On ne sait jamais ! C’est massif, costaud, pas trop resserré et malgré une évidente modernité, le petit côté Old School fait du bien avec sa chaleur toujours très rassurante. METALLICA utilise ses propres recettes et on ne saurait trop lui en vouloir. Alors du haut de ses 77 minutes, de quoi est fait « 72 Seasons » et plus largement qu’est-on en droit d’attendre des Four Horsemen ?

Fidèle à lui-même, le cogneur en chef martèle tant que faire se peut ses fûts avec la métronomie qu’on lui connait. Lars Ulrich n’est sans doute pas le meilleur batteur du monde mais, quoi qu’on en dise, il est l’une des composantes majeures du style de METALLICA par son empreinte inimitable. Et que dire de Robert Trujillo, qui reste impérial de bout en bout ? Moins créatif qu’avec Suicidal Tendencies et Infectious Groove, certes, mais toujours indispensable. Aux guitares, Kirk Hammett et James Hetfield se font plaisir entre échanges bien sentis de riffs carrés et tranchants et  solos assez sobres et acérés.

Je ne vous ferai pas l’offense du ‘track by track’ que beaucoup affectionnent, d’une part parce que le tiers de « 72 Seasons » a déjà beaucoup tourner et d’autre part, car je pense que vous n’avez pas besoin de moi pour vous faire votre opinion. Mais un mot tout de même sur les moments forts, selon moi, de cette onzième réalisation studio. Sur des titres assez longs, donc peu formatés, METALLICA prend le temps de poser les atmosphères, preuve d’une grande liberté. Coup de projecteur donc sur « Sleepwalk My Life Away », « You must burn! », « Chasing Light », « Room Of Mirrors » et le génial « Inamorata ». Great job, dudes !

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Thrash Metal

Overkill : brand new old school

Si les noms du ‘Big Four’ reviennent avec insistance dès que l’on parle Thrash Metal, on a souvent tendance à négliger OVERKILL, véritable institution du genre, élément moteur pour plusieurs générations et régulièrement plus créatifs que les suscités. Encore meilleur que son prédécesseur et intéressant dans bien des domaines, « Scorched » prouve que le combo ne manque pas de ressources et encore moins d’idées.

OVERKILL

« Scorched »

(Nuclear Blast Records)

Vingtième album en 43 ans de carrière pour la légende Thrash Metal du New Jersey. C’est d’ailleurs assez rigolo de lire un peu partout que c’est le plus grand laps de temps entre deux efforts de la part d’OVERKILL. Certes, « Wings Of War » est sorti il y a quatre ans, mais si on tient compte de la pandémie, on est plutôt dans les clous. Ah, la, la ! Quand marketing et communication deviennent de si piètres arguments de vente.

C’est donc toujours sur le même rythme effréné que les Américains refont surface avec « Scorched » qui est étonnant à plus d’un titre. Toujours emmené par son frontman Bobby ‘Blitz’ Ellsworth et son bassiste Carlo ’D.D.’ Verni, derniers rescapés du line-up originel, OVERKILL assène son Thrash Metal si personnel avec une envie et une volonté intactes. Hargneux, groovy, incisif et percutant, le job est comme toujours très bien fait.

Pourtant, « Scorched » est tout en contraste et c’est même ce qui fait sa force. Le quintet ne fait pas dans le réchauffé et parvient même, contrairement à beaucoup d’autres, à se renouveler. S’il y a cet aspect Old School qui fait toujours le charme d’OVERKILL, la production est exemplaire, massive et libère une puissance toute sauvage (« Harder They Fall », « Twist Of The Wick », « Know Her Name », « Fever », « Bag O’Bones ». Classe !