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Heavy Stoner Rock Stoner Rock

Planet Of Zeus : force brute

Avec « Afterlife », les Athéniens donnent l’impression de rendre hommage aux années 90, celles qui les ont musicalement nourris et aussi profondément impactés. Et c’est probablement pour ça que cette nouvelle réalisation semble si familière, tant dans les références perceptibles que dans le style très reconnaissable de PLANET OF ZEUS. Cela dit, les gros riffs sont légions, la rythmique lourde et compacte et le frontman toujours aussi percutant.

PLANET OF ZEUS

« Afterlife »

(Ihavedrum Records)

Fer de lance de la scène Stoner grecque aux côtés de 1000Mods, Nightstalker et plus récemment d’Acid Mammoth pour la partie la plus Doom, PLANET OF ZEUS s’est forgé une solide réputation bien au-delà de ses frontières et en tournant avec les plus grands. Explosif en concert, en plus de deux décennies, le quatuor s’est hissé au rang des incontournables du genre, grâce à un style massif et puissant, et surtout très identifiable. Pourtant, avec « Afterlife », il déjoue tous les pronostics avec un album surprenant.

En effet, Babis Papanikolaou (chant, guitare), Stelios Provis (guitare, chant), Giannis Vrazos (basse) et Serafeim Giannakopoulos (batterie) prennent un virage assez différent, marqué par des mélodies entêtantes omniprésentes et surtout une variété musicale étonnante. Preuve d’un éclectisme créatif très maîtrisé. C’est vrai que dans son domaine, PLANET OF ZEUS sait à peu près tout faire… et « Afterlife » confirme ses qualités et nous offre un plongeon dans un Stoner Rock assez 90’s dans son approche, et bien rentre-dedans.

Ce sixième album traverse à peu près tous les courants et parcourt des atmosphères diverses. Classique dans la lignée de QOTSA (« State Of Non-Existence »), Grunge façon Foo Fighters (« The Song You Misunderstand »), plus Heavy aux accents Fu Manchu (« Step On, Skin Off »), PLANET OF ZEUS reste pourtant lui-même et laisse exploser sa force (« No Ordinary Life », « Let’s Call It Even », « Letter To A Newborn »). « Afterlife » n’est peut-être pas le plus passionnant opus du quatuor, mais il réveille les sensibilités.

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Heavy Stoner Doom Proto-Metal

Castle Rat : heavy foundations

Avec un chant féminin aussi incantatoire que virulent, le Doom de CASTLE RAT oscille entre un Heavy Metal porté par la NWOBHM et un Stoner chargé et obscur. Vintage dans le fond comme dans la forme, « Into The Realm » se fait l’écho d’un groupe déterminé et plein d’audace. La sincérité des New-Yorkais transpire sur les morceaux de ce premier disque aux délectatives couleurs revival.

CASTLE RAT

« Into The Realm »

(King Volume Records)

Tout juste cinq ans et quelques singles après sa création, CASTLE RAT sort son premier album et nous propose un bon dans le temps. Dans un univers très médiéval aux saveurs fantasy, la formation de Brooklyn propose un Heavy Stoner Doom très vintage, bien maîtrisé et où chaque code du genre est respecté. Entre influences issues de la NWOBHM et un proto-Metal rappelant Manilla Road et Candlemass, le quatuor soutenu en live par Maddy Wright, alias ‘The Rat Reapress’, se montre épique.

Avec « Into The Realm », CASTLE RAT n’entend pas révolutionner le genre, mais s’attèle surtout à entretenir un bien bel héritage. Sur des riffs tendus et épais, des solos bien distillés et une rythmique basse/batterie lourde et efficace, le combo arpente des chemins mystiques, guidé par la voix envoûtante bardée de réverb’ de sa frontwoman Riley Pinkerton, qui se montre fascinante en donnant un relief particulier à cet opus. Bien qu’un peu court, on se laisse vite emporter par cette atmosphère très sombre et Heavy à souhait.

Conçu sur un modèle narratif, « Into The Realm » s’articule autour de trois interludes instrumentaux (« Resurrector », « The Mirror », « Realm »), qui font corps avec l’ambiance globale. La chevauchée de CASTLE RAT ne manque ni de sel, ni de variété et les Américains multiplient ainsi les configurations en se distinguant habillement (« Dagger, Dagger », « Feed The Dream », « Fresh Fur », « Red Sand » et le plus léger et mystérieux « Cry For Me »). Direct et parfois même hallucinatoire, ce premier effort ne lâche rien.

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Heavy Stoner Rock Psych

King Of None : irrésistible

Avec un son clair et puissant, KING OF NONE déroule son Stoner Rock avec détermination. « In The Realm », deuxième album des Scandinaves, vient confirmer un travail de longue haleine mené depuis une bonne décennie maintenant. Très varié et parfois même surprenant, on se laisse embarquer dans un univers, où le Metal vient faire cause commune avec des passages très progressifs, le tout dans une harmonie convaincante. Spatial et charnu, le combo ouvre un nouveau chapitre avec brio.

KING OF NONE

« In The Realm »

(Argonauta Records)

Cinq ans après son premier opus, « Weightless Waters », qui faisait lui-même suite à trois EP, la formation d’Helsinki est de retour avec un deuxième effort, qui vient définitivement imposer une touche très personnelle. KING OF NONE avait déjà laissé entrevoir avec les singles « Speeder Approaching », « Lizards For Brains » et « Low’n’Slow » que ce « In The Realm » serait costaud et doté d’une bien belle production. Et c’est le cas, puisque les neuf titres qui s’étalent d’ailleurs sur près d’une heure, montrent autant d’énergie que de diversité et avec un souci de la mélodie omniprésent.

Est-ce parce qu’ils ont gardé le même line-up depuis leur création en 2013, mais KING OF NONE montre une belle unité, qui fait sa force. Derrière son frontman, Miiro Kärki, les deux guitaristes Aleksi Kärkkäinen et Juha Pääkkö et la rythmique gonflée à bloc par Juho Aarnio à la basse et Patrick Enckell derrière les fûts, le quintet a presque fait de son Stoner Rock un laboratoire, où se croisent des ambiances Desert Rock, Psych, Grunge, clairement Hard Rock et Heavy aussi et même alternatives.

Mais loin de se disperser, le groupe se montre au contraire très complet en réussissant à intégrer tous ces éléments dans un même élan, faisant de son Stoner Rock une machine aussi captivante que véloce et percutante. KING OF NONE cultive son art du riff sur des morceaux relevés, où le combo prend soin de ne jamais en faire trop (« DPD », « For The Ride », « Snail Train », « The Man… », « Crab Nebula »). Compacts et efficaces, les Finlandais livrent un très bon album et mettre le doigt dedans, c’est ne plus le lâcher !    

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Grunge Heavy Stoner Psych Stoner Rock

Disastroid : sauvagerie urbaine

Avec ce quatrième album, les trois Américains risquent de marquer les esprits, tant la lourdeur vibratoire qui enveloppe et s’étend sur l’ensemble de « Garden Creatures » a de quoi faire trembler la faille de San Andreas. Massifs et percutants, les morceaux de ce nouvel opus de DISASTROID prennent tous les chemins de traverse, via un flux où s’entrechoquent Stoner, Noise, Grunge et un soupçon de Psych. Une synthèse palpitante et insaisissable.   

DISASTROID

« Garden Creatures »

(Heavy Psych Sounds)

A en croire le groupe, les recoins des maisons résidentielles de San Francisco ne sont pas si sûrs que ça et il s’y passe même des choses sinon terrifiantes, tout au moins lugubres. Au sein des jardins envahis de végétation, dans les caves pleines de secrets et au hasard des crimes et dans une solitude pesante, DISASTROID a imaginé et conçu un album assez obsessionnel, à l’épaisseur trouble et dans un registre où le Grunge et le Noise se fondent dans un Stoner Rock vrombissant et sérieusement Heavy.

Et l’un des grands artisans de l’atmosphère si spéciale de « Garden Creatures » est aussi Billy Anderson, connu pour ses collaborations avec Sleep, Melvins et Neurosis entre autres, qui a réalisé une incroyable production, que ce soit dans l’ambiance globale du disque que dans chaque détail. Si DISASTROID se sert du Stoner Rock comme socle principal et aussi comme fil conducteur, c’est pour mieux distiller un Grunge 90’s hyper-fuzz, d’où la voix d’Enver Koneya, également guitariste, s’envole dans une forme de songe vaporeux, mais appuyé.  

Entre Noise et Heavy Rock, le power trio nous présente probablement la facette la moins glamour de San Francisco. De leur côté, Travis Williams (basse) et Braden McGaw (batterie) procèdent à un broyage en règle sur un groove dévastateur, flirtant même avec certains aspects Doom. Décidemment, DISASTROID n’est jamais à court d’idées, n’hésitant à mêler le son de la scène de Seattle du siècle dernier avec un Stoner moderne et pachydermique (« Garden Creatures », « Figurative Object », « 24 », « Light’Em Up, « Jack Londonin’ »). Une baffe !

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Heavy Stoner Psych Stoner Prog

Mr Bison : des ondes astrales

Depuis « We Don’t Like Love Songs », son premier EP sorti en trio en 2011, MR BISON en a fait du chemin et la route tracée devient de plus en plus limpide au fil des albums. Quatre ans après le superbe et conceptuel « Seaward », les Transalpins montrent une ambition débordante sur « Echoes From The Universe », à nouveau saisissant. Heavy, Psych et Prog, leur Stoner Rock se démarque habillement et se pose hors du temps.  

MR BISON

« Echoes From The Universe »

(Heavy Psych Sounds)

Pourtant originaire d’une petite ville de la côte de Toscane, c’est la mythologie nordique qui a cette fois inspiré MR BISON, à laquelle il a d’ailleurs intégré des éléments SF, offrant à « Echoes Of The Universe » une ambiance très particulière. En jouant sur l’aspect Heavy du Stoner et un côté Psych très progressif, le quatuor parvient, comme sur ses précédents opus, à combiner force et délicatesse pour mieux nous embarquer dans un univers féérique et très polymorphe avec brio.

Grâce à un équilibre parfait, MR BISON allie des références 70’s issues de la scène progressive, à un son très moderne qui rappelle l’actuelle vague Stoner européenne. Aidé de synthés, d’orgue Hammond et de mellotron, le groupe installe des atmosphères soignées et très travaillées. Bercé et enveloppé de la voix de Matteo Sciochetto, « Echoes From the Universe » n’élude pas de somptueuses parties de guitares, sa faisant même acoustiques comme pour libérer certaines respirations.

S’il y a bien un disque où l’on peut parler de créations de paysages musicaux élaborés, c’est bien celui de MR BISON, qui atteint des sommets avec ce cinquième opus. Aérés et aériens, mais aussi massifs et dynamiques, ces sept nouveaux titres disposent d’une très bonne production signée de son guitariste Matteo Barsacchi, qui nous fait pleinement profiter de ce voyage sonore enchanteur (« Child Of The Night Sky », « Dead In The Eye », « The Promise », « The Veil »). Les Italiens livrent leur réalisation la plus aboutie à ce jour.

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Stoner Metal Stoner Punk

Bokassa : une joyeuse apocalypse

Déjà remis de « Molotov Rocktail » (2021), BOKASSA revient à la charge avec son cocktail de Metal HxC, de Stoner et de Punk. Entièrement confectionné par Tue Madsen, dont on connait le travail pour Meshuggah, The Haunted ou Halford, « All Out Of Dreams » dresse avec véhémence et pas mal de légèreté malgré tout, une sorte de possibilité très réelle du paysage sociopolitique actuel. Eprouvante et lourde, mais aussi dynamique et percutante, cette nouvelle réalisation montre un engagement poing levé très déterminé.

BOKASSA

« All Out Of Dreams »

(Indie Recordings)

Quatrième album en huit ans pour le power trio norvégien, qui avait tapé dans l’œil de Metallica il y a quelques années avant les suivre en tournée à l’invitation des Four Horsemen. Nous étions alors en 2019 et BOKASSA en avait bien sûr profité pour accroitre sa notoriété et faire connaître son Heavy Stoner Metal aux multiples facettes au monde entier et avait même signé chez Napalm dans la foulée. 2024 : retour aux fondamentaux et sur un label qui semble mieux respecter la nature et la démarche de nos furieux Scandinaves, difficiles à faire entrer dans le moule d’un système qu’ils ne cautionnent pas forcément.

Car il y a un côté Punk qui prend de la place chez BOKASSA et peut-être même encore un peu plus sur « All Out Of Dreams », qui est assez pessimiste dans le fond, malgré un humour noir constant. S’il se veut dystopique (c’est très en vogue actuellement), ce nouvel opus semble pourtant dépeindre une société dans laquelle nous vivons déjà. Fataliste mais vigoureux et la tête haute, le combo sort la sulfateuse à grand coup de riffs épais, avec un batteur au jeu musclé et un bassiste aux lignes véloces (« The Ending Starts Today », « Everyone Fails in The End », « Let’s Storm The Capitol »).

Jouant sur des ambiances très Metal ou carrément Hard-Core, des passages clairement Stoner et des aspects Punk californien estampillé 90’s, et un brin pénible, au niveau du chant et des chœurs, « All Out Of Dreams » a de quoi perturber par ses grands écarts. Mais peu importe finalement, car BOKASSA est avant tout une débauche d’énergie brute, une sorte de défouloir, mais bien joué ! A noter le chant de Lou Koller des légendaires Sick Of It All sur « Garden Of Heathen » et le soutien d’Aaron Beam de Red Fang sur « Bradford Death Squad ». Un disque qui va en faire transpirer plus d’un(e), à n’en pas douter !

Photo : Troll Toftenes
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International Site Stoner Rock

Stoner Rock Army : passionnément stoned ! [Interview]

Avec près de 10K (comme on dit aujourd’hui) de followers sur Facebook, la STONER ROCK ARMY, créée et emmenée par le Québécois Eric Varasifsky, alias The General, est devenue incontournable pour tous les amateurs de Stoner Rock, bien sûr, mais aussi de tous ses dérivés qu’ils soient Heavy, Doom, Psych, Occult, Metal, Space, etc… Conscient de l’impact des réseaux, il est aussi présent sur Bandcamp, la plateforme la plus intelligente et de très loin, où l’on peut découvrir plus de 1.500 albums en ligne. Ayant attisé ma curiosité, j’ai voulu en savoir un peu plus sur l’homme au chapeau venu de la Belle Province. Entretien.

– Tout d’abord, comment es-tu venu au Stoner et quels sont les groupes qui ont fait la bascule et qui t’ont fait franchir le pas ?

Je suis de la vieille génération de groupes Rock et Hard Rock cultes des années 70 et j’ai toujours aimé les sonorités rétro, donc pour moi la musique Stoner s’en approche de beaucoup au niveau du son. Disons que la  transition a été pratiquement automatique. En ce qui concerne les groupes, c’est difficile à dire car c’est un peu loin dans ma mémoire mais, bien sûr, Black Sabbath, qui est pour moi le premier vrai groupe Stoner, puis Kyuss, Fu Manchu, Orange Goblin, Sleep, Truckfighters et la liste continue…

– Cela fait maintenant quelques années que la STONER ROCK ARMY existe. Comment est née l’idée et surtout dans quel but ?

Il est important de savoir que la STONER ROCK ARMY existe depuis 15 ans et même un peu plus, car auparavant le groupe avait d’autres noms comme ‘Stoner Montréal’, ‘Stoner Rock Montréal’ et ‘Montréal Rock’, mais ces groupes Facebook que je tentais de créer ne fonctionnaient pas. Après un certain temps, j’ai décidé de tenter le coup une dernière fois, alors j’ai soudainement pensé à la ‘Kiss Army’. Eh oui ! Et je me suis dit pourquoi pas STONER ROCK ARMY ? Du coup, cela a fonctionné et les gens on commencé à participer de plus en plus et, à ma grande surprise, même les membres de groupes, ainsi que les labels s’y sont joints. Imagine mon excitation quand les héros que tu vénères te rejoignent. La STONER ROCK ARMY est simplement une page Facebook, qui nous permet de nous retrouver, de partager notre passion pour la musique, de permettre aux groupes de promouvoir leurs productions, ainsi que les labels. Et la maxime de la STONER ROCK ARMY est ‘We Are Family, In Music We Unite’ !

– Tu es très actif sur les réseaux sociaux où tu animes donc un groupe dédié, ainsi que sur Bandcamp. Quelle est la différence entre les deux ? Bandcamp fait presque penser à une collection, une sorte de discothèque virtuelle. C’est le cas ?

Bandcamp est effectivement une grande discothèque virtuelle. Pour les groupes, c’est la plateforme par excellence pour se faire connaître, selon moi, et elle est facile d’accès. Depuis longtemps, je clame haut et fort que Bandcamp est la place pour les groupes, car elle rapporte pour eux un peu d’argent pour leur permettre de nous livrer d’autres albums grâce à un effet pyramidal. L’un est donc un réseau social, tandis que l’autre fait office de discothèque.

– Tu es basé à Montréal au Québec, comment se porte la scène Stoner de ce côté du Canada ?

Oui, le quartier général de la STONER ROCK ARMY est effectivement à Montréal au Québec. La scène Stoner ici est de plus en plus forte, et j’en suis vraiment fier. Il y a beaucoup de bons groupes qui se forment et plusieurs sont même à mon avis du calibre des grands noms. Le talent est vraiment là et la passion aussi. Nous avons également de bons endroits où nous retrouver, mais j’aimerais y voir plus de groupes de l’extérieur. Parfois, et en de rares occasions, ils passent sans s’arrêter ici et c’est vraiment dommage, car ils seraient reçu en héro. 

The General lors de la deuxième ‘Stoner Rock Army Night

– En plus de ta forte présence sur le Net, tu organises aussi les ‘Stoner Rock Army Night’, c’est-à-dire des concerts. L’idée est de promouvoir les groupes locaux, ou est-ce que tu fais aussi venir des groupes étrangers, américains, par exemple ?

Il y a eu trois concerts de la ‘Stoner Rock Army Night’ qui ont été de vrais succès. A chaque fois, l’endroit était plein à craquer. Mais pour être honnête, j’étais un bleu en ce qui concerne la promotion et l’organisation de concert, et c’est Fred, le chanteur du groupe Sons Of Arrakis de Montréal, qui m’a donné ma chance et  m’a servi  de professeur. Il s’est occupé de tous les aspects pour les deux premiers concerts. J’ai beaucoup appris et ensuite pour le troisième, c’est mon pote Frank du groupe Paradise (Montréal), qui a finalisé mon apprentissage. Le problème reste toujours l’aspect financier. J’aimerais de plus en plus être en mesure de pouvoir faire venir les groupes d’ailleurs, qui sont aussi très intéressés pour venir jouer, mais je dois procéder étape par étape. Mon rêve ultime serait un véritable ‘Stoner Rock Army Festival’ de deux à trois jours en extérieur et que des gens de tous les coins du globe y participent.

– Le Stoner en général a beaucoup évolué en assez peu de temps finalement. Quels sont les courants qui ont ta préférence, et comment juges-tu l’évolution du genre ?

Je crois fermement que le Stoner Rock est le nouveau Rock et la tendance est de plus en plus à la hausse. Pour ma part, j’adore le Space Stoner et l’Occult, si on peut les classer ainsi. Je me fais vieux, donc je suis de plus en plus calme dans mes choix musicaux. (Rires) Je crois encore une fois que le vent tourne au niveau Rock, et c’est peut-être dû au fait que le genre est plus facile à produire. En seulement une année, il est clair qu’il y a eu beaucoup plus d’albums de Stoner, toutes catégories confondues, qui on vu le jour comparativement au Rock, disons plus commercial.

The General avec le groupe américain Ruby The Hatchet

– Parmi les groupes émergents, quelles sont tes plus belles découvertes de cette année qui vient de s’achever ? Et à l’heure où tout le monde y va de son Top 10 notamment, quel est le tien ?

2023 a été une année complètement folle avec de très bon albums. A vrai dire, j’ai eu beaucoup de mal pour choisir mes albums préféré, ainsi que dans mes votes pour le ‘Doom Charts’, ce qui est rare. En général, je me décide assez rapidement. Je vois cela comme un bon signe, car plus la tache est ardue, plus la qualité des groupes et leur travail sont bons. C’est juste génial, non ? Mais certains albums se sont démarqués plus que d’autres. Le groupe Black Glow du Mexique notamment a gagné mon vote cette année, suivi de Nepaal, Child, The Spacelords, Tidal Wave, Westing, Occult Witches, Burn Ritual, Moon Coven, Acid King et j’en passe…

– Un dernier mot sur les labels, car il y a quelque chose de surprenant. De nombreux groupes Stoner, même établis, ne sont pas signés sur les grosses maisons de disques. Ça reste une musique de niche, selon toi ? Et, finalement, est-ce qu’un changement de ‘statut’ serait souhaitable pour le style en général ?

Bonne question. En fait, beaucoup de groupes se financent et font leur promotion eux-mêmes. Je sais que certains gros labels reçoivent beaucoup de demande dans l’année et ils doivent faire des choix et laisser parfois passer de bons albums. A ma grande surprise, certains groupes ne connaissent même pas les labels. J’en ai d’ailleurs dirigé quelques uns vers des maisons de disques. Alors, changer ? Pourquoi changer une formule gagnante ? 

Retrouvez la STONER ROCK ARMY sur les réseaux :

www.facebook.com/groups/stonerrockarmy

https://bandcamp.com/stonerman69

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Heavy Stoner Psych Stoner Metal

Nebula Drag : une faille temporelle

Le vaste territoire musical de NEBULA DRAG continue de s’étendre à des contrées où un Psych exaltant se fond dans une brutalité sauvage. Généreux et compact, « Western Death » entretient une sorte de flou et une brume dans laquelle on se perd avant qu’une rythmique  puissante vienne nous ramener à la réalité. Le combo californien obsède par cette impression qu’il a à nous faire croire à une jam torturée, alors même qu’il nous propulse dans un Stoner Metal noueux et envoûtant.

NEBULA DRAG

« Western Death »

(Desert Records)

Ca tremble à nouveau du côté de San Diego ! Et cela aurait même dû avoir lieu bien plus tôt si des problèmes de fabrication n’avaient pas énormément retardé la sortie de « Western Death », enregistré il y a plus d’un an. Mais nous y voilà et NEBULA DRAG se montre vraiment à la hauteur. Encore plus fuzz, lourd et cosmique que sur ses deux premières réalisations, le trio marque le retour fracassant de Corey Quintana (guiatre, chant), Garrett Gallagher (basse) et Stephen Varns (batterie) avec un enthousiasme débordant.

Les Américains avaient déjà mis tout le monde d’accord il y a quatre ans avec « Blud ». Pourtant, « Western Death » élève leur Heavy Stoner Psych à un niveau que le combo n’avait pas encore atteint. Les riffs sont tellement épais que la lumière passe difficilement. Quant à la paire basse/batterie, son groove est si massif qu’il gronde d’un même écho. Le mur du son imposé par NEBULA DRAG donne l’impression d’une explosion sonore ininterrompue, d’où s’échappe tout de même une musicalité singulière.

Sur une base très Metal et une guitare tranchante et solide, « Crosses » ouvre les hostilités avec force et conviction comme on avait pu le constater en août 2022 à sa sortir en single. Assez stellaire, l’ensemble garde des sonorités 90’s et le rythme imposé est aussi impressionnant que les envolées psychédéliques qui ponctuent « Western Death ». Ca cogne, ça secoue et ça enivre. NEBULA DRAG enchaine les pépites et se montre très accrocheur (« Sleazy Tapestry », « Failure », « Kneecap », » Side By Side », « Western Death »).

Photo : Chad Kelco
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Heavy Stoner Rock

Dune Pilot : une alchimie très magnétique

Ce troisième opus de DUNE PILOT porte vraiment bien son nom. Accrocheuse, solide et véloce, la saveur très brute des titres de « Magnetic » brille par les multiples nuances à l’œuvre. Accélérations, changements de tempos, passages planants et breaks bien sentis, tout est réuni pour une invitation à un voyage musical intense et captivant. Entre Heavy Stoner et Hard Rock, le combo se fraye un chemin fascinant.

DUNE PILOT

« Magnetic »

(Argonauta Records)

Cela va faire dix ans que les Munichois peaufinent les réglages de leur Stoner Rock. Partagé entre le respect des classiques, on pense ici à Kyuss, Fu Manchu et Monster Magnet, et des envies plus libérées et sauvages façon Black Stone Cherry et Damn Junkees, DUNE PILOT a façonné un style où la puissance du fuzz se mêle au groove du Hard Rock. Et grâce à la voix rugueuse et imposante de son frontman et fondateur, Andris Friedrich, on est littéralement propulsé, et sans ménage, dans un univers hyper-Rock.

On doit très probablement ce sentiment d’urgence et d’immédiateté au fait que le quatuor enregistre ses albums en conditions live, comme il l’a fait pour « Wetlands » et « Lucy », ses premières réalisations. « Magnetic » ne manque donc pas de fraîcheur, malgré un aspect massif et dévastateur assez jubilatoire. Et si la rythmique se fond pour parfois se perdre dans un dédale aussi soutenu que brumeux de riffs incendiaires, DUNE PILOT lâche les chevaux et devient franchement indomptable.

Les Allemands ouvrent ce nouvel opus avec le morceau-titre, finalement très représentatif du contenu qui suit. Groovy et chaleureux, les morceaux s’enchaînent et même s’ils ont tendance à assommer avec ce côté très frontal, les mélodies prennent le dessus avec force (« Take Your Lies », « Next To The Liquor Store », « Vile », « Let You Down »). Tout en maîtrise et très inspiré, DUNE PILOT distille un Stoner Heavy à souhait et inspiré par un Hard Rock assez positif, qui lui donne un semblant de légèreté… un semblant seulement !  

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Psych Stoner Doom Stoner Rock

Moon Coven : exploration solaire

Sauf incident majeur, MOON COVEN est en passe de s’installer dans la durée avec cette nouvelle galette, tant son style, sa technique et sa créativité sont à leur zénith. Sur une base Psych et Fuzz, le Stoner Rock asséné sur « Sun King » est d’une maturité absolue et d’une belle diversité. Effet bulldozer garanti !

MOON COVEN

« Sun King »

(Ripple Music)

Au printemps 2021, « Slumber Wood » avait tout balayé sur son passage et l’arrivée du groupe chez Ripple Music ne pouvait se faire de manière plus fracassante. Alors plongés dans un Stoner Doom très brumeux et massif, les Suédois avaient livré une copie parfaite après moins de dix d’existence. Mais MOON COVEN aime débarquer là où on ne l’attend pas. Et « Sun King » en est la preuve éclatante.

Le quatuor renoue avec les fondamentaux du Stoner Rock en gardant bien sûr un côté Heavy et très Fuzz. Et si l’on perçoit quelques riffs et rythmiques Doom, « Sun King » est bien plus lumineux que son prédécesseur. MOON COVEN n’a rien perdu non plus de son aspect obscur et occulte, mais il est beaucoup plus canalisé et distillé dans un registre plus aéré et beaucoup plus dynamique. Le combo n’a pas levé le pied !

Enregistré et mixé par David Regn Leban, guitariste et chanteur de la formation, ce quatrième opus se révèle aussi solide et Psych que ce à quoi nous ont habitué les Scandinaves. Compacts et aussi plus variés, les morceaux de « Sun King » ont un côté obsédant, qui les rend particulièrement puissants (« Wicked Words In Gold They Wrote », « The Yawning Wild », « The Last Color » et le morceau-titre. MOON COVEN est inarrêtable !

Retrouvez la chronique du précédent album :