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International Stoner Doom Metal

Slower : unslayerized [Interview]

En janvier dernier, un sextet aux horizons diverses avait bouleversé une institution du Metal en passant au spectre du Doom un répertoire quasi-intouchable. Composé de membres de Fu Manchu, Year of the Cobra, Kylesa, Lowrider, Kyuss et Monolord, SLOWER s’était approprié des morceaux de Slayer en leur infligeant un traitement très particulier… et le résultat était renversant ! Cette fois, avec « Rage And Ruin », c’est en trio que Bob Balch (Fu Manchu) à la guitare, Amy Tung Barrysmith (Year of the Cobra) à la basse et au chant et Esben Willems (Monolord) à la batterie remettent ça avec la surprise d’y aller aussi de leurs propres compositions. Le porteur du projet, et six-cordiste très ‘Fuzzy’ s’il en est, et la frontwoman du combo reviennent sur cette deuxième réalisation…  

– Bob, au moment de concrétiser vraiment le projet, est-ce que tu as longtemps cherché le son de guitare le mieux adapté au registre de Slayer, ou s’est-il imposé rapidement à toi ?

Le son de guitare est arrivé assez rapidement, en fait. Je voulais qu’il soit aussi fuzz que possible, mais qu’il reste néanmoins très épais et fuyant avec des palm mutes prononcés. On ne peut pas jouer des chansons de Slayer sans palm mutes (une technique qui consiste à étouffer les cordes avec la paume de la main – NDR). Alors, j’ai installé une tonne de pédales fuzz avec différents drives, et c’est après avoir testé pas mal de choses que j’ai opté pour la meilleure combinaison que j’ai pu trouver.

– Amy, comment l’adaptation s’est-elle effectuée pour toi, d’abord au chant ? D’ailleurs, cette fois, tu joues également de la basse et du piano. C’est quelque chose qui t’avait manqué sur le premier album ?

En fait, ça s’est plutôt bien passé. Je me suis référée aux chansons originales uniquement pour déterminer où les voix devaient se placer. Mais j’ai essayé de garder l’esprit ouvert en ce qui concernait les mélodies. Et il n’y en a pas beaucoup dans les chansons originales de Slayer. J’ai donc pu laisser libre court à ma créativité dans l’interprétation. Et j’ai vraiment aimé explorer toutes sortes de choses, puis les instructions d’Esben (Willems, batterie – NDR), lorsqu’il m’a contacté pour la première fois, ont été essentielles. Il m’a dit : ‘fais ce que tu veux !’ Et j’ai vraiment pris ça à cœur.

En ce qui concerne la basse et le piano, au moment où j’ai rejoint le projet, nous avions déjà Peder (Bergstrand de Lowrider – NDR) à la basse. Il est tellement talentueux et il a fait un travail tellement incroyable que je n’ai pas pu imaginer qu’il en soit autrement que ce qu’il avait joué. J’ai donc suivi cette ligne. Et en ce qui concerne le piano, il ne semblait pas y avoir de réelles nécessités sur le premier LP, donc je ne pense pas qu’il manquait quoi que ce soit.

– Bob Balch –

– SLOWER a commencé avec un line-up de six musiciens et vous évoluez aujourd’hui en trio sur l’album. En quoi cela a-t-il changé votre jeu et votre approche à tous les deux sur « Rage And Ruin » ?

Bob : Je ne sais pas trop, si cela a changé grand-chose, en fait. Sans doute un peu, oui. Amy a dû en faire plus, parce qu’elle joue de la basse et elle chante. Mais de mon côté, mon approche a été similaire à celle du premier album, excepté dans l’écriture des morceaux originaux.

Amy : Je ne crois pas que ça a beaucoup changé. Au niveau vocal, j’ai abordé le projet de la même manière. Ajouter la basse, c’était juste voir les choses sous un angle différent, mais rien de très nouveau finalement. Pour les morceaux originaux, en revanche, cela a demandé certainement une approche différente, car nous n’avions jamais écrit ensemble auparavant. Et puis, nous étions à distance tout le temps. Cela dit, je m’attendais à ce que ce soit plus difficile, mais j’ai été très surprise de la facilité avec laquelle nous avons travaillé tous ensemble et de la rapidité avec laquelle nous avons pu assembler ces chansons. C’était assez fluide et très amusant.

– Vous venez tous les deux de la scène Stoner et vous vous frottez régulièrement au Doom (notamment Amy). Qu’est-ce qui peut paraître insurmontable lorsqu’on transpose des morceaux de Thrash Metal dans un registre comme celui-ci ?

Bob : Nous avons essayé une première chanson de Slayer et il est devenu très clair dès le début qu’elle ne voulait pas du traitement Doom Metal. Je suppose que les riffs donnent la voie et ils ont assez mal réagi à une telle chose cette fois-ci. La plupart des chansons mid-tempo acceptent assez bien une approche Doom plus lente. Mais celles-ci ne l’étaient tout simplement pas ! (Rires)

Amy : Honnêtement, j’adore faire ça avec les chansons : ralentir les chansons rapides, accélérer les chansons lentes, etc… Juste faire la maligne et voir ce qui se passe ! On ne sait jamais, il peut y avoir des surprises. Mais comme l’a dit Bob, ça ne marche pas toujours. L’un des titres sonnait plutôt bien au ralenti, mais une fois que j’y ai ajouté des voix, ça sonnait clairement très, très mal. Nous l’avons rapidement mis à la poubelle, après que tout le monde ait bien rigolé ! (Rires)

– Amy Tung Barrysmith –

– Le premier album était entièrement dédié à Slayer et à cinq de ses morceaux les plus emblématiques. Avec « Rage And Ruin », vous reprenez deux des trois titres de l’EP « Haunting The Chapel », sorti il y a 40 ans déjà et qui avait été un tournant pour le groupe. C’est un choix étonnant compte tenu de cette vaste discographie. L’idée était-elle de surprendre ?

Bob : L’idée initiale était de reprendre l’intégralité de ce premier EP. Une fois que nous avons réalisé qu’une des chansons n’était pas réalisable, la décision qui a suivi a été de commencer à travailler sur des chansons originales. Je suis content que nous nous soyons embarqués là-dedans. A mon avis, elles sont vraiment bonnes.

– La grande nouveauté sur « Rage And Ruin » est donc l’apparition de quatre morceaux originaux. Du 100% SLOWER ! Dans quel état d’esprit avez-vous abordé ses nouvelles compositions et l’objectif était-il aussi de coller au plus près aux reprises et donc à Slayer ?

Bob : J’ai vraiment puisé dans tous les trucs de Slayer pour écrire les originaux. Cependant, mon objectif principal est toujours de m’assurer qu’il y ait des BPM différents, des tonalités divergentes et des structures de chansons nouvelles, lorsque je compose pour un album. Je savais qu’une fois que nous aurions la version d’Esben sur les mélodies, puis le chant et la basse d’Amy, les chansons prendraient forme et trouveraient leur propre voie, leur identité.

– Esben Willems –

– Ces nouveaux morceaux se fondent parfaitement dans la sonorité des covers et il y a une réelle identité musicale qui émerge aussi. Est-ce que vous considérez tous les deux « Rage And Ruin » comme le véritable acte de naissance de SLOWER ?

Bob : Oui, bien sûr, étant donné que c’est la première fois que nous nous essayons à des morceaux originaux.

Amy : Absolument. Dès que nous avons commencé à écrire nos propres textes, nous avons compris que nous étions en train de créer quelque chose de très intéressant.

– Est-ce que maintenant que vous avez franchi l’étape de la création originale, le ‘Rubicon’ en quelque sorte, un nouveau chapitre s’ouvre pour SLOWER avec peut-être déjà quelques idées en tête ?

Bob : Il y a toujours des riffs qui circulent, bien sûr. J’aimerais beaucoup faire un album complet avec uniquement des morceaux originaux.

– Au fait, est-ce que vous avez eu des retours des membres de Slayer depuis le premier disque et ont-ils écouté celui-ci ?

Bob : Gary Holt nous a donné son feu vert, il m’a dit que c’était très ‘Heavy’ ! (Sourires)

– Enfin, j’aimerais savoir si vous allez prendre la route pour défendre ce nouvel album ?

Amy : Nous avions l’intention de le faire ce mois-ci, mais il y a eu des imprévus dus à des circonstances familiales. En tout cas, j’adorerais jouer ces chansons en live quand le moment sera venu.

« Rage And Ruin » de SLOWER est disponible chez Heavy Psych Sounds.

Retrouvez la chronique du premier EP :

Photos : Amy (crédit : A.F. Cortes) et Esben (crédit : David Duis)

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France Metal Rock

[No One Is Innocent] : l’avenir en pointillé… [Interview]

Si NO ONE IS INNOCENT reprendra la route l’an prochain, son avenir discographique est, quant à lui, plus qu’incertain. L’engagement que cela demande en termes d’investissement personnel a fait naître chez Kemar et Tranber, historiques frontman et bassiste du groupe, cette réflexion sur l’avenir de leur énergivore combo. En attendant, c’est donc avec un ‘Best Of’ un peu particulier, que le quintet revient dans les bacs en proposant quelques inédits et surtout deux nouveaux titres, « L’Arrière-Boutique du Mal » et « Ils Marchent », qui ouvrent et ferment « Colères ». Au total, ce sont 16 morceaux qui ont marqué les esprits et la scène française durant ces 30 ans de combat musical. L’occasion de discuter avec Kemar de cette belle aventure, de ce disque, de notre époque et d’une suite tant espérée…   

– Sans entrer dans les détails des problèmes judicaires qui t’ont touché, NO ONE IS INNOCENT a vu son line-up éclater à ce moment-là. Comment est-ce que tu l’as ressenti et de quelle manière as-tu reconstruit le groupe ?

Avec Tranber, on a senti qu’émotionnellement, les autres l’avaient mal vécu. Et dans ces moments-là, il y a un peu d’animosité et certaines choses qui refont surface. Ça ne nous a pas plu et nous a même un peu refroidis. Il y a aussi eu des désaccords sur la façon de revenir, c’est-à-dire la date, les concerts et certains voulaient aussi lever le pied. Bref, trop de trucs lourds et au-delà de ça, le fait d’arrêter n’était pas vraiment au rendez-vous pour Tranber et moi. A un moment donné, il ne faut pas se forcer à remonter dans un bus et, finalement, faire croire aux gens qu’on est de super potes et qu’on aime jouer ensemble. Ça ne marche pas comme ça dans NO ONE ! Ensuite, ils ont décidé d’eux-mêmes de quitter le groupe. Et puis, on s’est dit aussi que ce n’était pas la première fois qu’on vivait ça. Les lines-up ont souvent été difficiles dans le groupe, parce que cela implique beaucoup d’énergie, de la fatigue, … Il faut pouvoir supporter tout ça aussi. Et puis, on ne raconte pas des choses anodines, non plus, et ça peut déboucher sur des débats un peu houleux. On s’est très vite retourné pour trouver d’autres musiciens, et voilà.

– On te sait combatif, mais est-ce que l’idée de mettre fin à l’aventure NO ONE IS INNOCENT t’a tout de même traversé l’esprit ?

Oui ! Avec Tranber, elle nous avait déjà traversé l’esprit. J’ai commencé à lui en parler bien avant. Nous sommes vraiment très liés et même au début de la composition d’« Ennemis », j’ai senti quelque chose. Il y aussi le fait de devoir assumer ce que demande physiquement NO ONE quand tu joues un concert parfois quatre fois par semaine. Tu perds des ‘points de vie’ et c’est une chose qu’on avait déjà abordé. Ce n’est pas forcément une question artistique, car on avait encore des morceaux et on n’avait pas envie de se freiner. Mais l’assumer sur scène, c’est vraiment différent ! On ne triche pas ! Faire un concert avec un pied de micro, c’est carrément impossible ! Je recherche une transe, c’est-à-dire l’inattendu et voir ce qu’il va se passer. Chaque concert est différent et cela demande une énergie énorme. Et puis, il y a aussi cette idée de faire l’album de trop. C’est quelque chose qui m’angoisse total ! Je n’ai pas envie d’être Kiss, Deep Purple ou Alice Cooper ! (Rires) On a peut-être une exigence scénique plus forte qui joue sur certains membres et c’est normal. Et c’est vrai qu’avec les gars qu’on a choisi, eux seraient partants pour continuer, sortir des albums et repartir sur la route ! Mais, ils ne sont pas à notre place.

Kemar & Tranber, piliers du groupe

– A en juger par les deux inédits « L’arrière-boutique Du Mal » et « Ils Marchent », NO ONE IS INNOCENT repart sur de solides bases. Il y a toujours cette culture du riff et ce son qui vous caractérise tant. J’imagine que les nouveaux membres connaissaient le groupe, puisque la ligne directrice est respectée et l’ADN très perceptible. Comment se sont  passées les discussions au moment de composer ?  

Si tu prends Fred Mariolle (guitare – NDR), il a toujours gravité autour de NO ONE, il a même fait des concerts avec nous et il a surtout co-écrit deux titres de « Propaganda » à l’époque. C’est la première personne qu’on a appelé ! Ensuite il nous a présenté Mathys (Dubois, batterie – NDR) qu’on avait déjà vu jouer en concert avec un autre groupe et il nous avait tapé dans l’œil. Et puis Marceau (guitare – NDR), c’est Mathys qui l’a rencontré dans un festival et qui lui a dit qu’on cherchait un guitariste. Et c’est parti comme ça ! C’est génial ! (Rires)

– Dans votre large discographie, il manquait un ‘Best Of’, c’est vrai. Est-ce que, justement, ce retour sous un nouveau line-up était l’occasion de marquer le coup, et surtout d’amorcer une nouvelle ère chez NO ONE INNOCENT, sans parler de nouveau départ ?

C’est vrai qu’un ‘Best Of’, ça pose une cloison et c’était voulu. Après les concours de circonstance font que cela se fait avec un nouveau line-up. Mais avec Tranber, on avait déjà décidé de mettre une fin au chapitre. Mais c’est peut-être aussi tant mieux que cela se fasse comme ça ! Il y a une espèce de fraîcheur. Lors du dernier concert qu’on a donné cet été en Belgique, on a eu l’impression avec Tranbert qu’on n’avait pas ressenti un tel enthousiasme depuis longtemps ! C’était vraiment cool !

– « Colères » balaie plusieurs périodes de vos 30 ans d’activités bien sûr, et présente aussi plusieurs titres live. C’était important pour un groupe de scène comme vous d’en mettre autant ? Et puis, l’énergie sur ces versions est incroyable…

En fait, ces morceaux ont beaucoup évolué sur scène par rapport à ce qu’ils pouvaient raconter sur les versions studio. Et puis, ce sont des titres qui marquent aussi une période de l’histoire du groupe. Je pense à « Nomenklatura », par exemple, qui nous figent dans notre combat contre les extrêmes que ce soit politiques ou religieuses. « Chile » est le fruit de notre voyage au Chili et en Argentine avec cette phrase de Pablo Neruda qui est scandé : « Nous gagnerons même si tu ne le crois », qui est pour moi très emblématique de ce qu’est NO ONE, en fait. Mettre ces versions-là avait beaucoup de sens.

– Et puis, il y a cette version de « Massoud » revisitée avec le Lahad Orchestra, ce qui lui donne un aspect encore plus oriental. Peux-tu nous en dire plus sur les conditions d’enregistrement et surtout la démarche en elle-même ?

C’est venu d’une rencontre faite par hasard avec un groupe de musiciens influencés par les musiques orientales et qui donnent des cours aussi. Leur répertoire est aussi constitué de chansons qui ne sont pas anodines et qui donnent même lieu à des débats un peu houleux. On leur a proposé de travailler avec nous sur la réorientation orientale de trois/quatre titres. Ils ont été super enthousiastes, d’autant que les morceaux de NO ONE ne sont pas forcément ce qu’ils écoutent tous les jours. Il y avait une espèce de challenge très intéressant et cela nous permettait aussi d’entendre nos chansons différemment. Et surtout, on a eu la chance de les jouer avec eux et ça a été magique ! C’est une seconde jeunesse pour ces morceaux. A un autre niveau bien sûr, il y a un petit côté Led Zep quand Page et Plant ont joué « Kashmir » avec The Egyptian Orchestra (dirigé par Hossam Ramzi – NDR).

– L’ombre de ‘Charlie Hebdo’ plane aussi sur « Colères » avec notamment un discours très poignant d’une des journalistes. Les conditions ce soir-là, à la Cigale à Paris, étaient très spéciales. Comment se sent-on à ce moment-là sur scène ? Entre émotion et colère ?            

Il y a tout qui se mélange à ce moment-là… Je sais que j’ai craqué ce soir-là avec le discours de Marika Bret de ‘Charlie Hebdo’. Et puis, c’était en plein concert, cela faisait déjà une heure qu’on jouait et nous étions en tension totale. L’adrénaline était à son max. Alors, quand elles sont venues parler… Et puis, il y a tout ce que cela a représenté pour nous aussi avec « Charlie ». Tous ces sentiments-là se sont mêlés. Avec Tranbert, c’est aussi notre génération et il y avait tous ces gens qui renvoyaient tellement d’affection en scandant ‘Charlie’. C’était une ode à la résistance, c’est peut-être dix fois plus fort que de jouer un morceau !

– C’est ce que j’allais te dire,  car ce n’est pas un morceau, mais un discours. Et puis, il est présent sur le ‘Best Of’ entre les chansons sans préparer de suite au disque…

C’était important ! Avec Tranber, on s’est dit qu’il fallait qu’on le mette, parce que c’est aussi un moment crucial de notre carrière. C’est tout ce qu’on a essayé de construire avec ce groupe. Et il exorcise l’horreur également, tout en étant un instant de résistance. C’est tout ce qu’on a toujours voulu faire avec NO ONE !

– Un mot quand même sur l’actualité, qui est un sujet viscéral chez NO ONE IS INNOCENT. Entre le FN (appelons-les par leur nom !) en France, l’extrême droite partout en Europe, les meurtres à Gaza et ailleurs, certaines chansons de votre répertoire ressurgissent. J’imagine qu’en ce moment les idées de textes ne manquent pas… Qu’arrive-t-il à nos sociétés ?

J’ai l’impression que le mot ‘Colère’ n’a jamais été aussi scandé, hurlé et évoqué qu’en ce moment. Il y a tellement de carences au niveau judiciaire, économique, sociétal… Tout s’entremêle et il y a une espèce de dérèglement. On parle de dérèglement climatique, mais il y a aussi celui-là dans nos sociétés. C’est ce dont je parle dans « Ils Marchent » et qui fait vraiment flipper. (Silence) Pour être honnête avec toi, j’ai l’impression qu’on est en sursis. Ce morceau est un témoignage qui dit ça, que nous sommes en sursis du pire ! Il faut que les lignes bougent… C’est aussi pour cette raison qu’on a décidé de l’interpréter de cette façon-là, sans mettre les watts à 12 pour le dire. Ce sont les gars qui m’ont dit spontanément que ce texte-là n’avait pas besoin d’être scandé. Et dans l’histoire du groupe, il y a aussi eu des morceaux très forts qui n’avaient pas besoin d’être joué les potards à fond. On avait envie de dire des choses et là, il y a une menace et une peur qui transpirent du morceau. Je pense que nous sommes très nombreux à le ressentir. J’espère que la chanson fera un peu mouche chez les gens qui sont sensibles musicalement et aussi au niveau du texte. Vraiment, cela fait 30 ans que NO ONE est là et je n’ai jamais ressenti ça… Et on a été de tous les combats pour lutter contre les extrêmes, le racisme, les blitzkriegs sociales, les fous de religions, … Mais ça là, ce sursis du pire, je ne l’ai jamais autant ressenti.

– Pour conclure et rester un court instant sur le sujet, il y a une question que je pose à certains groupes quand l’évidence est manifeste : est-ce qu’on peut écouter et apprécier NO ONE IS INNOCENT et être de droite ?

Ouais, bien sûr ! NO ONE n’est pas seulement un groupe à texte. Pourquoi un mec de droite n’aura-t-il pas envie de kiffer juste la musique ? En concert, je ne suis pas sûr que les gens devant nous soient tous de gauche…

– Vous leur mettez quand même plein la gueule…!

Oui… Mais je pense qu’il y a une façon de dire les choses. Si on était un groupe Punk premier degré, genre ‘Macron enculé !’ etc…, ce serait le cas, bien sûr. Il y a des mecs qui m’ont déjà dit : ‘je suis de droite, mais je vous écoute’. Alors, pourquoi je vais commencer à l’emmerder ? (Rires) C’est Kurt Cobain qui disait : « Je ne suis pas gay, même si j’aimerais bien, juste pour faire chier les homophobes ». Alors, que tu sois de droite ou de gauche, j’ai envie de dire que si tu viens nous voir, c’est avant tout parce que tu aimes la musique. Il ne faut pas oublier que NO ONE est un groupe qui fait de la musique et, après, qui dit des choses. Tu sais, à certains moments, je me suis trouvé un peu déstabilisé, parce qu’on ne me parlait presque plus de musique. Effectivement, il y a dans les textes des sujets souvent tellement lourds et importants. Alors forcément, cela rebondissait et les gens avaient envie de parler de ça. C’est quelque chose que je ressens encore. Et pour être complètement honnête avec toi, les politiques culturelles des mairies de droite sont parfois plus cool que celles de gauche. Ça nous ait arrivé des dizaines de fois en parlant avec des directeurs de salle qu’on nous dise qu’avec des maires de droite, on leur donnait les clefs et on faisait le point dans un an. Alors qu’avec la gauche, c’est souvent : ‘Attention, on veut avoir la main sur la programmation’. Une façon de dire que la culture, c’est nous. Ca existe et ce n’est pas une légende ! C’est aussi un détail qui veut dire beaucoup de choses…

Le ‘Best Of’ de [NO ONE IS INNOCENT], « Colères », est disponible chez Verycords.

Photos : Guihal Nicko (2), Erwan Raphalen (4) et zOz (5).

Retrouvez l’interview de Kemar à la sortie de « Ennemis » et la chronique de l’album :

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edito

Mainstream, le Metal… vraiment ? [Edito]

La période estivale étant plus propice à la rêverie et, de fait, à un repos bien mérité, j’ai pris le temps pour une fois de me laisser embarquer et endormir par les réseaux sociaux pour voir un peu ce qu’il s’y dit. Une façon aussi de tâter le pouls de la population à travers des commentaires, souvent peu inspirés et inutiles, mais parfois intéressants quant aux idées et aux impressions qui se dessinent derrière un vocabulaire peu poétique ou judicieux. Mais bon… Peu importe et la chose qui m’a marqué, car elle revient souvent, est le fait que beaucoup de fans parlent des albums de leurs artistes préférés en affirmant qu’ils sont devenus ‘mainstream’… ce qui est dommage, a priori ! Et rien que ça mérite de s’y arrêter un petit instant.

Avant tout, je tiens à dire que j’ai aussi du employer le terme à quelques reprises cette année : je suis donc à mettre dans le même panier ! Pour faire court, est ‘mainstream’, ce qui s’adresse à la masse via les gros médias et qui devient donc abordable et compréhensible par toutes et tous. Et derrière cette accessibilité nouvelle se cache aussi le fait que ce soit destiné à une population la plus large possible et donc, si on pousse le bouchon un peu plus loin, c’est devenu commercial… et ça, c’est mal ! Alors, je veux bien, mais si on regarde le Metal notamment, qu’est-ce qui est devenu grand public ? Parce qu’en dehors du Hellfest pour les festivals et de l’album de Metallica (quoique !), c’est le grand vide.

Déjà, le terme ‘mainstream’ n’est pas un gros mot à mes yeux, car il signifierait qu’en quelque sorte la chose deviendrait la norme tellement elle serait populaire. Or, le Metal et tous ses dérivés restent confidentiels dans notre beau pays. Ceux qui ont eu la chance d’aller hors de nos frontières, notamment aux Etats-Unis bien sûr, mais aussi en Allemagne, en Belgique, dans les îles britanniques ou en Hollande savent que le Hard Rock et le Heavy Metal, par exemple, y sont beaucoup plus diffusés que chez nous. Nous ne sommes pas prêts d’entendre Aerosmith, Ac/Dc, Iron Maiden, Judas Priest ou Guns N’Roses en faisant nos courses dans la grande surface du coin. Alors ailleurs, c’est souvent le cas… et depuis très longtemps.

Je serai le plus heureux des hommes si le Metal dans son ensemble, et aussi le Rock tout simplement, devenaient la musique qu’on entend partout sans faire hurler de désespoir la foule justement ! Ca commence à venir et on ne va pas s’en plaindre, puisqu’on est un peu moins pariât qu‘autrefois. Mais nous le sommes toujours ! Alors, quand le Hellfest, grand messe médiatique s’il en est, se vide de ses fans véritables de la première heure au profit de ‘touristes musicaux’ et autres curieux arborant des chemises hawaïennes et autres déguisements de plus ou moins de bon goût, peut-on affirmer que le Metal soit devenu ‘mainstream’ ? Je ne crois pas… Ce serait plutôt du marketing et de la communication, selon moi.

Enfin, il existe un critère imparable pour savoir si le Metal est devenu ‘mainstream’ dans notre belle France : les ventes d’albums, voire les chiffres de streaming. Et on est très loin du compte ! Quant aux tournées, elles parlent d’elles-mêmes. Les stars étrangères ne font que quelques rares dates ici et nos groupes nationaux ont des difficultés à remplir les salles, même moyennes. Qui aujourd’hui est capable de faire le tour des Zéniths ? A moins de créer artificiellement une affiche regroupant les plus connus : personne ! Le Metal reste donc un style, qui a ses adeptes et ils sont de plus en plus nombreux, mais qui rame encore. Cela dit, on peut toujours se consoler en se disant que nous sommes peu nombreux… comme l’élite !

Un grand merci à Charlotte Bertrand pour les photos prises au Hellfest et retrouvez son travail sur son site : https://rocknhell.com/

Alors, ils ne sont pas beaux, les nouveaux fans de Metal ? Hyper-‘mainstream’ finalement !

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Livre Metal

Metal, Diabolus In Musica : sous le regard du Malin [Livre]

Alors que Gojira vient d’enflammer la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, la Philharmonie de Paris, quant à elle, n’a pas attendu les sportifs pour mettre un coup de projecteur sur le Metal à travers une exposition qui se tient depuis le 5 avril et jusqu’au 29 septembre. Le Musée de la Musique, situé à la Villette dans la capitale, propose une immersion dans ce monde finalement assez peu connu du grand public pour y dévoiler et en expliquer les principaux codes. Avec METAL, DIABOLUS IN MUSICA, on retrouve cette musique souvent mal-comprise et perçue comme subversive, à travers un chemin initiatique, qui déconstruit certaines croyances populaires.  

METAL, DIABOLUS IN MUSICA

Corentin Charbonnier/Milan Garcin

Gründ/Philharmonie de Paris

Avant même d’ouvrir METAL, DIABOLUS IN MUSICA, il faut reconnaître qu’on a un bel objet entre les mains. De la sobriété de la couverture aux tranches imprimées, la conception est particulièrement soignée et on a plus qu’une envie : tourner les pages et en découvrir le contenu. Bien sûr, en se lançant dans un ouvrage aussi général, on se doute bien que l’ensemble ne saurait être complet et que la liste des chapitres est bien entendu non-exhaustive. Le Metal ne peut se résumer à 250 pages et ce n’est d’ailleurs pas le propos des auteurs, qui se veulent avant tout pédagogues.

Et puis, c’est quoi le Metal exactement ? Le terme a du apparaître au début des années 2000, où l’on pouvait soudain entendre des ‘j’écoute du Metal !’. Avant ça, les choses paraissaient bien plus simples. Il y avait le Hard Rock, le Heavy Metal, Le Thrash, le Death et quelques autres courants dérivés. Et on s’y retrouvait très bien et c’était même plus clair. Puis, chacun a commencé à vouloir se distinguer en créant d’innombrables sous-genres. Sous doute pour cette raison, METAL, DIABOLUS IN MUSICA a aussi la bonne idée de proposer une galaxie des multiples styles sur une double page dépliable bien réalisée.

Grâce à un travail iconographique très fouillé et une mise en page remarquable, on se laisse vite embarquer par la qualité des textes, plus pertinents qu’à l’habitude dans ce type d’exercice. Le regard de musiciens comme Robert Trujillo de Metallica et de sa fille Chloe, celui de Max Cavalera de Soufly, de Nergal de Behemoth ou de notre Stéphane Buriez national de Loudblast apporte également une vision différente et immersive. Et METAL, DIABOLUS IN MUSICA fait aussi de la place à deux sociologues, une doctorante, ainsi qu’au directeur des collections du Hard Rock Café. Le panel est intéressant et varié.

De la scénographie des concerts en passant par la customisation des instruments, le rapport à la musique classique et à l’art (Philharmonie oblige !), les rituels métalliques, les pochettes d’albums emblématiques, la presse spécialisée, les festivals et autres collectionneurs fétichistes, METAL, DIABOLUS IN MUSICA n’élude presque rien, survole certains sujets, c’est vrai, et a aussi tendance à insister sur la frange extrême du Metal. Mais pour qui souhaiterait une vision bien documentée et accessible, et même se replonger dans ses souvenirs et en apprendre aussi parfois un peu : c’est un volume de référence.

(En photo : Corentin Charbonnier, docteur en anthropologie co-commissaire de l’exposition ‘Metal, Diabolus in Musica’ à la Philharmonie de Paris)

264 pages – 23x27cm – 39,95€

Disponible en librairie et aux Editions des Flammes Noires

(https://edt-flammes-noires.com)

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France Metal Rock

Qamelto : une fraîcheur débridée [Interview]

Tirant son nom de l’expression zulu, qui signifie ‘C’est cool’, QAMELTO nous arrive pourtant de Clermont-Ferrand et commence véritablement à faire résonner son Rock/Metal bien au-delà de ses montagnes. Avec son premier album, « Scotoma », le quatuor affirme son style costaud avec toujours cette touche de fun, histoire de faire les choses sérieusement, sans trop se prendre au sérieux. Et en apportant aussi beaucoup d’importance au design et au graphique qui accompagnent sa musique, le quatuor se montre original, très moderne dans l’approche et joue la carte du chant en français avec réussite. Entretien avec un combo bourré d’énergie.

Photo : Jessica Calvo

– En cinq ans d’existence, vous avez sorti un EP, enchaîné les concerts et vous voici avec « Scotoma », votre premier album. La belle aventure suit son cours. Alors, c’est cool ? (Oui, je sais…J)

(Rires) C’est très cool, oui ! On essaie de se donner les moyens et on cravache comme des malades pour obtenir des résultats. On est très content de notre parcours ces dernières années, mais ce n’est que le début… On a encore beaucoup de travail pour arriver à notre but.

– Alors que votre EP « Sors » était autoproduit, vous sortez « Scotoma » chez M&O Music. Signer sur un label était une étape nécessaire pour ce premier album ? Vous ne vous sentiez pas de rester indépendants ?

En fait, « Scotoma » est aussi autoproduit. On a signé avec M&O Music pour la distribution, car on avait besoin d’un partenaire solide pour distribuer notre album, tant physiquement que digitalement. Maintenant pour la production, c’est très difficile de trouver des labels qui prennent des risques financiers pour des groupes comme nous… Et ce n’est pas un problème pour l’instant. Ca nous permet aussi d’avoir un total contrôle sur notre musique.

Photo : Jessica Calvo

– Avant de parler du contenu de l’album, j’aimerais que vous nous parliez de son titre, « Scotoma », que l’on peut définir comme une tache aveugle dans notre champ visuel. Comment expliquez-vous sa représentation sur la pochette ? D’ailleurs, le visuel se rapproche beaucoup de l’univers progressif surtout, qui est assez éloigné du vôtre…

Oui, « Scotoma » est la racine de ‘scotome’, une tâche dans le champ visuel et de ‘scotomisation’, qui est le déni de réalité. Plusieurs chansons sont en rapport avec ce thème, c’est pourquoi on a décidé de l’appeler comme ça. Et surtout, on voulait que l’album physique soit original et inédit. Du coup, on a eu l’idée d’un tableau qui ferait office de pochette sur lequel on pourrait accrocher le CD pour compléter le visuel. On a dû donc réfléchir à un contenu qui soit réalisable en peinture, qu’on puisse accrocher dans son salon et qui ait aussi du sens avec le titre de l’album.

– Musicalement, vous présentez un style costaud et puissant, entre Rock et Metal. Vos textes sont en français, alors que votre son et vos références sont clairement anglo-saxons. QAMELTO donne le sentiment de cultiver les contrastes. C’est aussi une manière de tout englober, par rapport à vos influences et vos goûts personnels ?

Effectivement, nos références musicales sont américaines ou anglaises, mais on aime par-dessus tout notre langue et c’est avec elle qu’on exprime le mieux ce qu’il y a dans nos têtes. Et puis le contraste, ce serait surtout d’arriver en concert et parler au public en français entre les titres, puis de s’adresser à lui en anglais quand on les joue. Et il faut bien avouer qu’on a un choix de mots incroyable en français.

– Cela dit, au niveau des textes, vous vous inscrivez dans une certaine tradition du Rock français avec des paroles, sinon engagées, du moins assez revendicatives. C’est une sorte de nécessité, lorsqu’on évolue dans ce style, selon vous ?

Oui, on a quelques textes ‘engagés’, mais on n’a pas vraiment l’impression de faire de la politique, ou de défendre des idéaux, si ce n’est la liberté et l’union. Ce qu’on aime surtout c’est raconter des histoires, dépeindre des personnages et balancer quelques punchlines pour se marrer.

Photo : Jessica Calvo

– Il y a aussi beaucoup de légèreté et de fantaisie chez QAMELTO. Le parfait exemple est cette reprise de Bon Jovi, « Living On A Prayer » devenue « Vis Au Son Des Prières ». Il fallait oser ! D’où et comment vous est venue cette idée… étonnante ?

Oui, on n’aime pas se prendre trop au sérieux et on essaie au mieux de se démarquer. Raf, le chanteur, est un fan de Bon Jovi et on avait envie de faire des covers de temps en temps pour le fun. Mais on cherchait une manière originale de le faire, et puisqu’on avait fait le choix du français pour nos textes, on s’est dit pourquoi ne pas faire des versions françaises de gros standards américains ? On a aussi fait une version de « Rise » d’Extreme devenue « Vole », qui est dispo sur notre chaîne YouTube.

– En tant que Breton, j’avoue avoir été surpris par le morceau « Légion », sur lequel on retrouve de la cornemuse. On est assez loin du Puy-de-Dôme ! Il y a une connexion celto-zulu chez QAMELTO ?

Pour le côté celtique, c’est Tom, le guitariste, qui a pas mal joué dans ce milieu et qui maîtrise le sujet. Pour le côté zoulou, c’est Raf qui est prof de capoeira et qui a de grosses connexions avec la culture afro-brésilienne. Le Puy-de-Dôme est riche en métissage ! (Sourires)

Photo : Jessica Calvo

– Un petit mot aussi des guest, notamment le guitariste NeoGeoFanatic sur « Le M.A.L.E. » et Superflame sur « La Plus Grosse ». Ce sont des morceaux que vous avez écrits ensemble ? Et quelle est la part d’investissement de chacun d’eux dans l’écriture ?

En effet, on a voulu s’entourer d’artistes de talent et ce fut le cas ! Pour Superflame, nous avions déjà tout écrit et il s’est occupé de la voix avec le talent qu’on lui connait. Pour NeoGeoFanatic, on lui a envoyé le titre en lui disant : « on ne se connait pas, mais on aimerait bien que tu poses un solo ici, stp » et le lendemain il nous l’a envoyé. C’était évidemment propre, carré et stylé : merci Nono.

– Enfin, il y a une belle évolution sonore et musicale entre « Sors » et « Scotoma », ce qui est normal et attendu aussi, et l’esprit live est toujours très présent. Dans quelles conditions avez-vous enregistré l’album, car il en émane beaucoup d’énergie ?  

On est entré en studio en se disant qu’on avait deux semaines pour tout défoncer et donner tout ce qu’on avait ! On voulait mettre sur l’album la même énergie qu’en live. On se mettait en condition physique tous les matins avant d’enregistrer, comme si on partait au combat. On a transpiré, on s’est bien marré et on est très content du résultat.

L’album de QAMELTO, « Scotoma », est disponible chez M&O Music.

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Stoner Doom Stoner Metal

Slower : slayerized

Reprendre l’un des plus éminents membres du ‘Big Four’ californien avec la crème de la scène Stoner Doom, c’est l’ambition de Bob Balch de Fu Manchu accompagné de musiciens de Kylesa, Kyuss, Monolord et Lowrider. Sur des ambiances sombres et chargées, SLOWER présente sa vision d’un Slayer qui passe presqu’en mid-tempo et surtout qui se pare de voix féminines aériennes et vaporeuses, loin de la rage d’Araya et de sa bande. Le projet est ambitieux et le regard apporté sur ces cinq titres incontournables a de quoi dérouter par son approche, toute en décélération, mais non sans volume.

SLOWER

« Slower »

(Heavy Psych Sounds)

Si les fans de Slayer sont inconsolables depuis cette soirée du 30 novembre 2019, où le groupe donnait son dernier concert au Forum de Los Angeles, il se peut que l’EP de SLOWER leur apporte un peu de baume au cœur. A mi-chemin entre le Tribute et la cover, l’entreprise menée par Bob Balch a de quoi de surprendre, c’est vrai, mais aussi séduire à bien des égards. Le guitariste de Fu Manchu a décidé de réinterpréter cinq morceaux des rois du Thrash Metal dans des versions… très inédites. Loin des riffs acérés de Kerry King et de Jeff Hanneman, du chant rageur de Tom Araya et surtout des rythmiques de Dave Lombardo et de Paul Bostaph, « Slower » ne manque pourtant pas de sel.  

Il est donc question ici de Stoner et de Doom, ce qui est à l’opposé du style racé et véloce du quatuor de la Bay Area, donc pas la moindre trace de Thrash à l’horizon. Pour faire court, l’idée avec SLOWER est d’avancer dans un concept ‘slow and low’, à savoir lent et bas. Et pour mener à bien l’ensemble, Balch s’est entouré d’un super-groupe avec Amy Barrysmith (Year Of The Cobra) et Laura Pleasants (Kylesa) au chant, les bassistes Peder Bergstrand (Lowrider) et Scott Reeder (Kyuss), ainsi que le batteur Esben Willems (Monolord). Leurs reprises prennent une tournure lourde, épaisse et lancinante, tellement les structures ont été repensées et refaçonnées dans un climat Doom pesant.

Et les Américains ont choisi cinq titres parmi les plus emblématiques de Slayer : « War Ensemble », « The Antichrist », « Blood Red », « Dead Skin Mask » et « South Of Heaven ». Difficile de faire plus fédérateur… sur le papier en tout cas. Car dans les faits, les tempos sont très ralentis, même si une double grosse caisse se fait parfois délicatement entendre, et surtout, le chant exclusivement féminin donne une tout autre perspective. SLOWER s’éloigne à un tel point des versions originales qu’on peine même à les reconnaître. L’exercice est cependant très réussi, malgré la distance avec le modèle. Les thrashers de la première heure risquent de s’y perdre rapidement, tandis que les fans de Stoner Doom se régaleront.

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Cinematic Metal France Metal Progressif

No Terror In The Bang : une confirmation tout en puissance [Interview]

Le changement de label et une orientation musicale nettement plus féroce semblent avoir donné à NO TERROR IN THE BANG une vision plus nette et sans limite de son Cinematic Metal. Toujours aussi progressif, des sonorités plus extrêmes sont cette fois à l’œuvre sur « Heal », notamment dans le chant. Les Normands paraissent avoir pris leur allure de croisière et s’impose vraiment sur la scène Metal hexagonale grâce à un registre original, créatif et totalement maîtrisé. Alexis Damien (batterie, arrangements), Romain Greffe (claviers, arrangements, piano) et Sofia Bortoluzzi, frontwoman du sextet, reviennent sur ce fougueux élan à l’œuvre sur ce nouvel album.

Photo : Aurelien Cardot

– Un peu moins de trois ans après « Eclosion », vous faites un retour fracassant avec « Heal ». Entre-temps, vous avez changé de label pour intégrer la belle maison Klonosphere. J’imagine que c’est une source de motivation supplémentaire ? Est-ce que cela a pesé d’une quelconque manière dans la réalisation de l’album ?

Alexis : Klonosphere est un label fondé par Guillaume Bernard de Klone, que je suis depuis longtemps. Son avis et ses encouragements étaient donc une très bonne surprise et un encouragement. Il a reçu l’album et nous a appelé assez rapidement. Le côté éclectique et progressif de notre musique collait à l’esthétique globale des groupes Klonosphere. On est donc ravis et cela nous donne un second souffle.

– Le cap du deuxième album est toujours important pour un groupe et dans votre cas, cela semble vous avoir donné des ailes et une détermination incroyable. C’est pour cette raison que « Heal » est nettement plus agressif que son prédécesseur ?

Romain : On avait à cœur de confirmer ce que nous avions entrepris dans le premier album, et nous étions portés par les retours positifs, autant dans la presse que dans les diverses rencontres au fil des scènes. On s’est dit qu’on voulait aller plus loin, qu’on voulait plus explorer, se lâcher et se faire plaisir aussi.

Alexis : Sofia a voulu aller plus loin dans le chant saturé, cela donne forcément une brutalité supplémentaire, et emmène la musique sur des territoires plus hostiles… Je pense qu’on a forcé le trait, on est effectivement allé plus loin dans le spectre sonore.

Photo : Aurelien Cardot

– Votre Metal Progressif a lui aussi beaucoup évolué et, s’il se veut toujours aussi cinématique, il est très ancré dans son époque avec notamment des sonorités MetalCore et Electro. C’était un changement nécessaire ou, plus simplement, c’est dû au fait que NO TERROR IN THE BANG n’avait pas encore exploré toute sa palette artistique ?

Romain : Cette fois-ci, tous les membres du groupe ont écrit des morceaux, et les idées ont fusé. Les expérimentations aussi. Donc, ces sonorités Electro sont un prolongement de ce que nous avions expérimenté sur « Eclosion », et font suite à cette volonté d’aller plus loin. C’est l’envie, toujours et plus, de faire cohabiter les styles. Inclure des parties Electro, ou aussi des vraies parties de piano proches d’une musique cinématographique et parfois même contemporaine, était à la fois amusant et évident !

Alexis : Je suis heureux si le disque t’a semblé actuel. C’est une priorité pour moi de se poser la question de la modernité, de mettre en perspective le passé – l’héritage – le présent et le futur. Je ne me verrais pas créer un groupe de Thrash, par exemple…Les références sont trop dures à surpasser. En revanche, défricher de nouveaux terrains, tenter des métissages, cela est excitant. Les musiques actuelles, c’est comme un arbre qui se développe à l’infini, et si nous pouvions incarner ne serait-ce qu’un petit bourgeon dans la grande maison ‘Metal’, cela nous irait parfaitement.

– L’autre fait marquant de « Heal » est la dimension prise par Sofia au chant. La puissance affichée est assez phénoménale avec, notamment, une facilité étonnante à passer du registre clair au growl. Se rapprocher ainsi du Metal extrême est même assez inattendu. Cela tient-il aussi de la thématique du combat développé sur l’album ?

Sofia : Oui tout à fait, rien dans l’interprétation n’a été composé au hasard. Le côté growl plus extrême se justifie par une volonté de démontrer cette maturité acquise au fil des années, mais c’est également dû à  l’envie d’illustrer la thématique du combat de manière plus poignante, plus cathartique. Allié au chant clair, il devient d’autant plus saisissant. 

Photo : Aurelien Cardot

– Malgré beaucoup de vélocité, « Heal » contient toujours autant de passages très cinématiques et immersifs, mais peut-être plus sombres que sur « Eclosion ». Cependant, on a le sentiment que vous avez cherché l’efficacité tout au long de l’album…

Alexis : Effectivement, si on fait du live, il est important de le penser et de l’anticiper. Certains morceaux marchent mieux que d’autres, chaque groupe connait ça. Désormais, nous avons plus de répertoire, et donc nous jouons les plus efficaces. Par conséquent, c’est un exercice d’équilibriste et d’autocritique permanent. Il faut savoir expérimenter en gardant raison gardée – une sorte de lucidité, pour se dire ‘oui’ ça marche ou ‘non’, ça ne marche pas, ce sera un morceau sur album, mais pas en concert…Cela dépend aussi de quels types de concert : jouer en première partie est très différent que de jouer un set de 1h15 en tête d’affiche.

Romain : C’est aussi dû à notre propre retour du premier album. On s’est rendu compte qu’il y avait des parties vraiment ardues à reproduire en live, et on voulait également que notre musique soit encore plus éclectique. C’est pour cela qu’on a souhaité introduire quelques parties plus efficaces, plus directes, mais sans pour autant renier ce qui fait notre sel. A chaque partie plus ‘in your face’ s’adjoint une autre plus subtile, avec des arrangements les plus travaillés possibles, pour que toutes les sensibilités de notre public s’y retrouvent.

Photo : Aurelien Cardot

– Même si l’une des particularités de NO TERROR IN THE BANG est de présenter une musique très fouillée et technique, « Heal » est encore plus sophistiqué dans le son, ainsi que dans la structure des morceaux, les détails de l’orchestration et le soin porté aux arrangements. Comment vous êtes-vous répartis le travail d’écriture et de production surtout ?

Romain : Tout le monde a contribué à l’écriture et l’arrangement de cet album, alors que sur « Eclosion », tous les morceaux partaient d’idées d’Alexis (et nous les avions arrangés à six). Chacun est venu avec deux ou trois morceaux, avec des sensibilités différentes, des discours et des ambiances variées. Parfois, avec des morceaux quasiment aboutis, parfois avec quelques idées à assembler. Nous avons ensuite repassé le tout à la moulinette ‘NO TERROR’, et chacun a pu apporter sa patte. Et le travail de Sebastien Langle a sublimé nos créations.

Alexis : Nous réalisons des pré-prod en home-studio, très avancées, et nous enregistrons ensuite au studio de Sebastien Langle, puis au mastering avec Pierrick Noel. Sebastien est un peu notre Rick Rubin, il nous pousse dans nos retranchements.

– A l’écoute de l’album, les images se bousculent et l’on pense évidemment au rendu scénique. Avez-vous imaginé une nouvelle scénographie ? Et puis, est-ce que le répertoire de deux albums-concepts peut se fondre facilement dans un même set ?

Romain : Evidemment ! Nous sommes en train de travailler sur une nouvelle scénographie, mais ça prend du temps. Ça n’est pas toujours simple de correspondre visuellement à notre ambition musicale, surtout que c’est un métier à part entière. Les morceaux peuvent cohabiter sans aucun souci, même si dans un premier temps, nous aurons à cœur de défendre « Heal » sur scène.

Alexis : Un objectif serait de pouvoir un jour proposer des projections à la façon d’un ciné-concert. Nous avons commencé à faire des tests, mais évidemment, tous les endroits ne sont pas adéquats pour cela. Certaines SMAC sont bien équipées, mais en festival, c’est déjà plus compliqué, et ne vous y trompez pas, cela est souvent réservé aux très grosses productions. Mais rien n’est impossible, il faut aussi être malins, nous y réfléchissons.

Photo : Aurelien Cardot

– Enfin et toujours à propos de la scène, comment allez-vous restituer la complexité de certains titres ? Vous comptez utiliser plus de machines, ou peut-être épurer certains passages ?

Romain : Pour le premier album, on jouait tout 100% live. Là, au vue de la production des morceaux, on va s’aider de séquences. Ça nous permettra de restituer au mieux nos arrangements, sans concession, peu importe la situation de concert, qu’on soit en première partie ou en tête d’affiche.

Alexis : Epuré, ça peut se faire sur certains tout petits bouts, comme le pré-refrain de « Warrior », qui contient 75 couches ! (Rires) Mais les titres ne sont pas aussi complexes que cela, on s’y fait très vite !

« Heal », le nouvel album de NO TERROR IN THE BANG est disponible chez Klonosphere

Retrouvez l’interview du groupe à l’occasion du premier album :

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Crossover France Hard-Core Thrash Metal

Eight Sins : smilin’ mosh [Interview]

Direction la planète Namek, celle des Dragon Balls évidemment, avec le joyeux et turbulent quatuor Thrash/HxC grenoblois qui sort son quatrième album, « Straight To Namek », et qui s’apprête à reprendre le chemin des concerts avec un enthousiasme débordant. Aux confluents de la scène Thrash californienne de la Bay Area et du Hard-Core musclé et sans concession de New-York, EIGHT SINS aborde son Crossover avec joie, auto-dérision et surtout une sérieuse envie d’en découdre… avec le sourire aux lèvres ! Entretien avec Julien Alves, batteur du combo.

– Cinq ans après l’EP « It’s A Trap », vous faites votre retour avec un quatrième album, « Straight To Namek », haut en couleur et toujours aussi féroce. Vous avez pris votre temps et cette fois, vous avez confié vos morceaux au groupe Landmvrks, notamment à Florent Salfati. Vous aviez besoin de changement, afin d’explorer d’autres sonorités ?

C’est vrai qu’on a pris plus de temps, car le Covid a aussi freiné nos ardeurs. Nous sommes tous les quatre pères de famille, d’ailleurs Loïc (Pouillon, chanteur – NDR) et moi avons eu des enfants pendant cette période, ce qui a aussi un peu repoussé l’enregistrement de l’album. Ensuite, il a fallu du temps pour se retrouver et composer de nouveau. Dans la foulée, on a pris l’initiative de faire l’album avec les gars de Landmvrks à Marseille. On ne connaissait personne de notre entourage qui avait bossé avec eux, mais vu le résultat de la production, on est vraiment super content. Ils ont archi-bien bossé !

– Malgré une grosse quinzaine d’années d’existence, vous avez lancé une campagne de financement participatif pour « Straight To Namek ». C’est une démarche de plus en plus fréquente… 

Nous sommes complètement indépendants et nous faisons tout par nos propres moyens. Même si nous avions un peu de fonds évidemment, il nous a fallu un petit coup de pouce. L’argent est le nerf de la guerre et on a sollicité un peu nos fans. Et nous avons été agréablement surpris, puisque nous avons atteint l’objectif de notre cagnotte à hauteur de 190%. On est très fier de ça, parce qu’en fait, il y a beaucoup plus de gens que ce que l’on pensait qui nous soutiennent et ça fait super chaud au cœur ! Maintenant, on espère bien le leur rendre !

– EIGHT SINS a la réputation de livrer des prestations scéniques intenses et explosives, ce qui vous a d’ailleurs permis de jouer avec de grands noms. On a l’impression que vous avez appliqué la même formule à ce nouvel album : 10 titres pour 24 minutes, c’est sacrément expédié ! « Straight To Namek » a le format d’un EP, c’était le but ?

Nous sommes un groupe de Crossover et les chansons sont plutôt courtes, c’est vrai, et elles vont droit au but ! Si tu prends certains groupes comme Terror (Punk-HxC de Los Angeles – NDR), par exemple, leurs albums dépassent rarement la demi-heure. On a souhaité garder ce format-là. De toute façon, je ne connais personne qui te met 50mn de Hard-Core dans la tronche comme ça ! Et puis, tous les titres restent bien en tête et cela donne aussi une vision globale de ce qui se trouve sur l’album. Les chansons sont vraiment taillées pour le live et on a pris soin à ce qu’il y ait de bonnes bagarres pour déclencher un bon bordel dans la fosse, tout en ayant toujours le sourire aux lèvres. Notre leitmotiv est vraiment que tout le monde vienne pour prendre du plaisir, se défouler et surtout qu’ils sortent de là avec la banane jusqu’aux oreilles !

– Vous tirez vos influences des Etats-Unis et même de ses deux côtes. La côte ouest pour ce qui est de l’aspect Thrash et New-York pour votre côté Hard-Core. La scène européenne, notamment allemande, n’a pas eu le même impact sur vous, malgré un panel tout aussi large ?

C’est vrai que c’est la même musique jouée de manière différente. Je suis assez d’accord avec toi sur le fait que nous sommes plus influencés par les Américains. Néanmoins, pour être allé dans divers festivals, j’apprécie autant des groupes comme Kreator, Sodom, Tankard et Destruction, par exemple, qui forment le ‘Big Four allemand’. Mais nous avions choisi ce format plus américain, c’est vrai.

Illustration : Chris Regnault

– D’ailleurs, pour rester sur le côté Hard-Core de votre musique, on le sent nettement moins sur « straight To Namek », sauf parfois dans le chant. Le Thrash offre plus de possibilités dans la composition, ou cela s’est-il fait sans calcul ?

En fait, on avait déjà commencé à prendre cette direction sur le EP précédent (« It’s A Trap » – NDR) en 2018, qui est plus Crossover. Nos premiers albums traitaient plutôt de sujets sérieux. Puis, de fil en aiguille, on s’est aperçu que ce que nous aimons, c’est la musique qui va vite. On aime se marrer, partir en tournée, sortir des conneries, faire l’apéro, etc… Ça peut paraître léger comme ça, mais finalement c’est ce qu’on a voulu retranscrire dans notre musique et c’est vraiment le créneau où on se sent le mieux ! Un bon mélange de Thrash et de Hard-Core ! Cela dit, il y a peut-être plus de pointes ‘thrashouilles’, car je pense que dans le Thrash, il y a plus de place pour la blagounette !

– On retrouve cette touche festive et déconnante tout au long de l’album avec des samples, essentiellement en français d’ailleurs, en intro ou en fin de morceau. Il y a un petit côté Municipal Waste et même un peu Crisix chez EIGHT SINS. On a l’impression de vous mettez un point d’honneur à ne pas vous prendre au sérieux…

Tu as entièrement raison ! En fait, on s’est aperçu que les sujets sérieux parlent toujours de drames, parce qu’on vit dans un monde qui est de moins en moins drôle. Nous, la musique est notre plaisir et notre passion, on est là pour se marrer. L’essentiel, pour les gens qui viennent nous voir, est qu’ils prennent du bon temps. S’ils se marrent et se défoulent, notre mission est accomplie. Bien sûr que Crisix et Municipal Waste, dans ce sens-là, sont des influences majeures. On a eu la chance d’ouvrir pour Municipal Waste à plusieurs reprises et à chaque fois, et même si c’est ultra-violent, on est ressorti avec la banane. C’est vrai qu’on aime prendre les choses à contre-pied.

– J’aimerais aussi qu’on dise un mot sur la pochette de « Straight To Namek », signée Christophe Regnault avec qui vous travaillez depuis un moment. Comment cela se passe-t-il ? Vous lui indiquez ce que vous souhaitez, ou a-t-il aujourd’hui tellement bien assimilé votre univers que ce n’est plus la peine, vous lui laissez carte blanche ?

En fait, il a fait ses études d’Art avec notre chanteur et c’est dont via Loïc qu’on a commencé à bosser avec lui. En fait, on lui donne une trame de base et ensuite, libre à lui de se faire plaisir. Là, l’idée était la bagarre des gentils vs les méchants. On lui a donné les personnages qu’on souhaitait voir figurer sur la pochette, et après il s’est régalé. Il a eu une demi-carte blanche, voilà !

– On a parlé des interludes en français sur l’album, mais sur « Street Trash », vous évoquez aussi votre ville, Grenoble. Que signifie ce clin d’œil et est-ce que Grenoble est véritablement la ‘Trash City’ qui vous inspire ? A moins que ce ne soit juste pour la déconne, encore ?

(Silence)… C’est mi-figue, mi-Konos comme on dit ! Il y a un fond de déconne, bien sûr. Après Grenoble, si tu veux, n’est pas réputée pour être l’endroit le plus propre de France. On s’est un peu lâché, mais c’est chez nous et on en est fier. Quelque part, c’est une sorte d’hommage aussi, d’être fier de là d’où l’on vient ! Généralement, on vient chez nous pour aller faire du ski, pas pour visiter la ville ! Mais on existe quand même !

– Enfin, on connait votre préférence pour la scène. J’imagine que ce nouvel album va vous amené sur les routes de France et peut-être même de Navarre. Est-ce qu’une tournée est déjà prévue et êtes-vous aussi confrontés aux mêmes problèmes que de nombreux groupes sur le coût que cela engendre aujourd’hui ?

C’est vrai que pour des indépendants comme nous, ce n’est pas une mince affaire de partir sur la route. Cependant, on a pas mal de concerts qui arrivent. Pour la tournée, on y travaille en ce moment. Il y a des trucs dont je ne peux pas te parler, mais il se passe des choses ! L’idée est de défendre notre album quoiqu’il arrive et bec et ongle. Avec ou sans argent, on viendra ! (Rires)

L’album d’EIGHT SINS, « Straight To Namek », et toute la discographie du groupe sont disponibles sur son Bandcamp : https://eightsins.bandcamp.com/album/straight-to-namek-3

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Livre Metal

Metal : tout sauf anecdotique

A la fois pédagogique et instructif, « Metal » est un Docu-BD qui devrait ravir les fans comme celles et ceux qui font leurs premiers pas dans son exploration. Genre souvent décrié et la plupart du temps mal compris par beaucoup qui n’y voit que noirceur, trop plein de décibels, tatouages et assemblage de cuir et de chaînes, c’est l’occasion de trouver de nombreuses réponses et un ticket d’entrée vers un monde pas si bruyant et primaire qu’il en a l’air.

« Metal »

(Editions Petit à Petit)

« Metal » est typiquement le livre qui fait plaisir, car il se joint à notre effort commun de faire découvrir, de faire comprendre et de faire aimer cette musique qui nous fait toutes et tous vibrer. Et la formule ‘Docu-BD’ s’avère très bien vue, puisque l’on passe du dessin au texte avec facilité et une fluidité narrative exemplaire. Pas moins de 16 dessinateurs se relaient au long des 192 pages construites autour des scénarios de Fabrice Rinando et de la documentation de Marie Berginiat (21,90€).

Bien sûr, les millions de spécialistes français n’apprendront sans doute pas grand-chose sur leurs groupes préférés ou les registres dont ils sont souvent les porte-drapeaux, mais une petite piqûre de rappel ne fait jamais de mal. Et puis, cela nous renvoie à de bons souvenirs qui sont, par ailleurs, très bien illustrés. « Metal » est un livre pour les aficionados curieux, connaisseurs ou pas, qui s’interrogent encore sur cette musique jouée par des musiciens qui s’amusent autant de la peur procurée qu’ils renvoient aux interdits. Et les anecdotes ne manquent pas.

Concentré sur une vingtaine de courants parmi les plus représentatifs, l’ouvrage permettra à beaucoup de se familiariser avec la pluralité du Metal, qui puise justement sa force dans une diversité qui s’exprime aux quatre coins de la planète. De Motörhead à Gojira, de Nightwish à Rage Against The Machine en passant par Dream Theather, Metallica, Kyuss ou Pantera, « Metal » regroupe tous les confluents qui donnent vie à ce fleuve musical agité et terriblement vivant et créatif. Une lecture agréable, fournie et très bien articulée.

Sur le même modèle, les Editions Petit à Petit font paraître un bel ouvrage consacré à l’un des rois de la Soul, « Otis Redding, La Soul Dans La Peau » (21,90€). Sur les scénarios et la documentation de Frédéric Adrian avec Tony Lourenco et une douzaine de dessinateurs, on parcourt la vie de l’un des plus grands chanteurs américains, véritable icône de toute une communauté et qui a marqué de son empreinte la Soul, le Blues et le R&B et influencé des générations d’artistes. Un très beau récit, là encore.

Retrouvez tous les livres des Editions Petit à Petit sur leur site :

https://www.petitapetit.fr/

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Hard Rock Heavy metal Metal

Sophie Lloyd : almost alone

Les temps changent et c’est via internet et les réseaux sociaux que SOPHIE LLOYD s’est faite un nom avant de commencer à se produire sur des scènes gigantesques avec d’autres. La Londonienne a eu l’occasion de se créer un joli carnet d’adresse dans le monde du Metal et, au risque de passer au second plan par rapport aux artistes présents, elle démontre qu’elle est bien plus qu’une guitariste de session, même si elle va devoir s’imposer à son tour sur scène avec ce premier « Imposter Syndrome ».

SOPHIE LLOYD

« Imposter Syndrome »

(Autumn Records)

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à se lancer en solo et c’est une très bonne chose. A l’instar d’Orianthi et Nita Strauss notamment, SOPHIE LLOYD est décidée à se produire sous son nom et son entrée en piste avec ce très bon « Imposter Syndrome » témoigne déjà d’une grande assurance doublée d’un énorme talent qu’on avait déjà très largement perçu. Comme d’autres, elle est apparue sur YouTube où elle a construit sa notoriété, puis en live avec Machine Gun Kelly et on lui pardonne ce faux pas.

Pourtant rompue à l’exercice des reprises qu’elles s’approprient d’une manière souvent très shred, SOPHIE LLOYD présente un son bien à elle et un toucher très personnel. C’est d’autant plus remarquable que la guitariste livre un premier album sur lequel elle a convié onze invités, et non des moindres. Le panel artistique est très large, même s’il reste dans une veine Hard’n Heavy, et la faculté d’adaptation de la Britannique est étonnante et assez rare. Elle se met véritablement au service des morceaux avec beaucoup d’instinct.

Sa polyvalence dévoile une artiste complète, qui se fond dans l’univers de ses guests venus donner de la voix, excepté le guitariste YouTuber Cole Rolland sur un instrumental. Solide sur les rythmiques et rayonnante sur les solos, SOPHIE LLOYD n’en fait pas trop, mais suffisamment pour briller. Si les titres avec les frontmen de Steel Panther, Black Stoner Cherry, Trivium et Atreyu sont explosifs, ceux avec les chanteuses de Halestorm, Marisa And The Moths et la Canadienne Lauren Babic sont vraiment un cran au-dessus. Convaincante.