Catégories
Blues Rock

The Black Keys : groovy fuzz

Plus que jamais, le duo Blues Rock américain transcende les styles et les générations grâce à un registre très personnel et un travail sur le son hors-norme. Depuis une dizaine d’années, THE BLACK KEYS construit un bel édifice sur lequel « Dropout » vient poser une nouvelle et belle pierre. Le duo américain régale… une habitude !

THE BLACK KEYS

« Dropout Boogie »

(Nonesuch records)

Depuis leurs deux derniers albums, « Let’s Rock » et « Delta Kream », THE BLACK KEYS est fortement remonté dans mon estime, grâce à une liberté artistique phénoménale. C’est donc un peu fébrile que je m’attends à une suite aussi relevée. Et « Dropout Boogie » répond parfaitement à mes attentes, tant le duo d’Akron dans l’Ohio fait parler la poudre sur un Blues Rock, dont il a le secret. Heureux je suis, donc.

Dan Auerbach et Patrick Carney restent sur des fondamentaux bien maîtrisés, et ont même invité Billy Gibbons, Angelo Petraglia de Kings Of Leon et Greg Cartwright de Reigning Sound à se joindre à leur petite fête. THE BLACK KEYS s’offre une balade entre fuzz et groove avec la fougue et le côté roots, qui forgent ce style si particulier. Autant dire que « Dropout » est aussi brillant que ses prédécesseurs.

Epais et assez Old School, ce nouvel album contient dix titres aussi inspirés les uns que les autres, et la chaleur et la puissance de la production doivent sûrement beaucoup au lieu de l’enregistrement : Nashville, Tennessee. Fun sur « Your Team Is Looking Good », sombre sur « Good Love », percutant sur « How Long » et plus doux sur « Didn’t I Love You », THE BLACK KEYS sait tout faire et on redemande.

Catégories
Desert Rock Drone

Droneroom : face à l’horizon

Pour un peu, on l’entendrait marcher dans le désert. DRONEROOM, one-man-band hors du commun, joue avec les atmosphères comme personne et il nous promène à l’envie dans un décor quasi-naturaliste fait d’un mur d’effets sorti de sa Telecaster. Entre bourdonnements et ondulations, le Desert Drone instrumental de l’Américain grince et captive.

DRONEROOM

« Whatever Truthful Understanding »

(Desert Records)

Blake Edward Conley, alias DRONEROOM, est un drôle d’oiseau. Ce one-man-band, qui s’est autoproclamé ‘Cowboy Of Drone’, évolue dans un registre dont il est sans nul doute l’un des seuls représentants. Originaire de Nashville, le musicien a fait escale à Louisville pour se poser à Las Vegas plus récemment. Et avec ses déplacements, autant d’albums ont jalonné sa route.

Très aventurier, il ne cesse de multiplier les expérimentations musicales, laissant libre-court à une créativité et une ingéniosité sans faille. Mais DRONEROOM n’est pas l’œuvre d’un farfelu, loin de là. Poussant à l’extrême son Desert Drone, Conley donne vie à un style minimaliste basé sur des rythmes Country dans lesquels des boucles d’effets en tous genres se meuvent harmonieusement.

Pour « Whatever Truthful Understanding », DRONEROOM se présente sous une forme très acoustique et organique d’où s’échappent même des sons de la nature. Sur des morceaux  dépassant les dix minutes, le musicien nous transporte dans un univers lancinant et émotionnellement très fort. Dans des tableaux où le désert côtoie le bruit de la pluie, la technique unique de l’Américain fait mouche. Une autre vision du monde !

Catégories
Blues Blues Rock Soul / Funk

Keb’ Mo’ : le Blues comme bien de jouvence

KEB’ MO’ est un éternel jeune homme. A l’instar du Blues qui a fait son succès, sa grande réputation et reste sa marque de fabrique et dont il demeure surtout un pilier et un rouage essentiel, le musicien sort un nouvel album, véritable remède à la morosité, chaleureux et d’une incroyable énergie. « Good To Me » est un disque à mettre dans toutes les oreilles.

KEB’ MO’

« Good To Be »

(Concord Records)

Même s’il a grandi à Compton en Californie, ville plutôt réputée pour ses groupes de Gansta Rap que pour son Blues, c’est bel et bien du Delta que Kevin Roosevelt Moore, alias KEB’ MO’, tire son inspiration. Avec une quinzaine d’albums à son actif et des collaborations prestigieuses accompagnées de multiples Awards, le songwriter du haut de ses 70 ans semble d’une éternelle fraîcheur.

Faisant des allers-retours entre la Californie et Nashville durant la composition de ce nouvel album, c’est assez naturellement que « Good To Me » sonne d’une manière toute particulière. Plus doux, plus léger et plus aérien, le musicien varie les ambiances et les styles, mais ne nous y trompons : c’est toujours du KEB’ MO’ et son côté Roots ensoleillé n’a pas disparu.

Plus contemporain que jamais, l’Américain oscille entre des titres toujours aussi Blues (« So Good To Me », « Dressed Up In Blue ») et tirant même sur une Pop relevée (« Sunny And Warm », « 62 Chevy »). Retour ensuite aux fondamentaux avec « The Medecine Man » et « Louder », KEB’ MO’ s’égare même sur une reprise de « Lean On Me », loin d’être essentielle à cet album qui fait pourtant beaucoup du bien.

Catégories
Blues

The Black Keys : back to the roots

THE BLACK KEYS fait partie de ces groupes qui se bonifient avec le temps, on en a maintenant la certitude. Le duo de l’Ohio est parti à Nashville enregistrer son dixième album… et il est très bon, d’autant que les musiciens présents sont parmi les meilleurs du genre. « Delta Kream » contient onze reprises de standards de Blues et c’est sur le Mississippi que les Américains ont jeté leur dévolu.

THE BLACK KEYS

« Delta Kream »

(Easy Eye Sound/Nonesuch Records)

Autant ne pas tourner autour du pot : THE BLACK KEYS vient de livrer son meilleur album en 20 ans de carrière. Et il se trouve qu’il est constitué de reprises… comme quoi ! Avec « Delta Kream », le duo américain rend hommage aux héros de sa jeunesse et plus précisément au Mississippi Hill Country Blues, un style caractéristique porté par de grands noms dont les morceaux sont aujourd’hui des classiques.

Ancêtre du Blues, le Hill Country vient du Mississippi et date du début du XXème siècle. Douze mesures et ça dure depuis plus de 100 ans ! Parmi les pionniers et illustres représentants, on retrouve bien sûr John Lee Hooker, R.L. Burnside, Jr Kimbrough et Fred McDowell que THE BLACK KEYS a décidé de tous honorer. Très bien produits, les onze morceaux de « Delta Kream » apportent un beau coup de frais à ce Blues originel, et sans le dénaturer.

Dan Auerbach (guitare, chant) et Patrick Carney (batterie) sont sublimement accompagnés par le bassiste Eric Deaton et Kenny Brown à la slide. Majoritairement enregistré en une prise, l’album est d’un groove incroyable et montre le plaisir évident qu’ils ont pris à jouer ensemble. Le seul bémol vient de la voix d’Auerbach car, même quand on aime ça, on ne s’improvise pas bluesman. Cependant, THE BLACK KEYS signe un très bel album.