Même s’il n’était pas encore né, Igor Amadeus, fils de Max Cavalera, semble avoir été bien élevé et biberonné au Thrash Metal si l’on en juge ses capacités à plonger dans le Metal extrême des 80’s. Allant jusqu’à écrire la quasi-totalité de cet album éponyme, le fiston (guitare, basse, chant) marche dans les pas de son père et GO AHEAD AND DIE porte bel et bien l’empreinte familiale.
GO AHEAD AND DIE
« Go Ahead And Die »
(Nuclear Blast)
Chez les Cavalera, on aime jouer de la musique en famille et en voici une nouvelle preuve. Durant le premier confinement, alors que les studios avaient fermé leurs portes et que les tournées étaient annulées, Max et son fils Igor Amadeus se sont dits que c’était enfin l’occasion de s’atteler ensemble et pour la première fois à la création d’un album. GO AHEAD AND DIE était né.
Forcément, la famille n’est pas très portée sur la Bossa Nova, alors c’est dans un registre Thrash Old School très brut que le leader de Soulfly a traîné le fiston, qui n’en demandait pas tant, puisqu’il a écrit la quasi-totalité de cet album éponyme. Et c’est l’excellent Zach Coleman (Khemmis, Black Curse) derrière les fûts qui vient compléter le line-up hyperactif de GO AHEAD AND DIE.
Direct et soutenu par une production digne du meilleur des 80’s, le power trio livre un brûlot très politique dans le propos (« I.C.E. Cage », « Toxic Freedom », « Worth Less Than Piss », « Truckload Full Of Bodies »). Efficace et frontal, le groupe maltraite les rythmique, appuie ses riffs et fait un superbe pied de nez au groove : réjouissant. GO AHEAD AND DIE est un bain de jouvence.
Originaire de la côte est américaine, CRAWLING MANIFEST se présente avec un très bon deuxième album. « Radical Absolution » s’inscrit dans la tradition Thrash Metal de la Bay Area combinée à des éléments Death et une production moderne et assez groove. La grosse rythmique, les riffs acérés et tranchants et la voix agressive distillés sur ce nouvel opus sont réjouissants.
CRAWLING MANIFEST
« Radical Absolution »
(Independant)
Formé en 2014 dans le Maryland, CRAWLING MANIFEST compte à son actif deux EP, un album et « Radical Absolution » est donc le deuxième opus des Américains, et il vient marquer un nouveau départ pour le groupe. Après plusieurs changements de line-up et des tournées aux côtés de Soulfly et Fleshgod Apocalypse notamment, les thrashers reviennent en force.
Seuls rescapés de la formation originelle, Andrew Gladu (chant, basse, batterie) et Trevor Layton (guitare) ont décidé de continuer l’aventure et de se recentrer sur leurs premières amours : le Thrash made in Bay Area. En y incorporant une dose de Groove Metal et de Death dans la voix, CRAWLING MANIFEST a même pris du volume et ce deuxième album renvoie aux belles heures du Thrash américain.
Puissant et assez intemporel, « Radical Absolution » est aussi engagé politiquement et dresse un constat brutal sur l’état de la société (« World War III », « Revolution »). A l’ancienne, CRAWLING MANIFEST a construit son album autour d’une intro instrumentale (« Land Of The Free ») et un dernier titre instrumental sur un groove presque bluesy (« Onslaught »). Le duo réussit le pari d’un disque sobre et agressif.
Rien ne semble pouvoir arrêter VOID VATOR, qui livre un deuxième album hyper Rock’n’roll dans l’attitude et terriblement Heavy Metal dans le son. Le trio de Los Angeles s’est nourri de la situation actuelle pour pondre neuf titres costauds, libérés et addictifs. « Great Fear Rising » est en tout point une réussite.
VOID VATOR
« Great Fear Rising »
(Ripple Music)
Si vous aimez autant Thin Lizzy et Van Halen que Pantera et les Ramones, vous devriez tomber sous le charme de VOID VATOR. Depuis 2014, le trio déploie une audace particulière à travers un Heavy Metal fulgurant et accrocheur. Après un EP et un premier album, les Californiens remettent le couvert avec « Great Fear Rising », où le combo déverse une rage et une virulence très concentrées.
Après avoir travaillé avec Ulrich Wild (Pantera, Deftones), Bill Metoyer (Slayer, Body Count), c’est Michael Spreitzer (DevilDriver) qui est aux manettes de ces neufs nouveaux titres. Nettement plus nerveux et incisif, le trio s’est nourri de ses frustrations dues à la pandémie, mais aussi des déboires de visa de son batteur contraint de rentrer en Allemagne. VOID VATOR revient donc très remonté mais toujours aussi efficace.
Mixé et masterisé par Nick Bellmore (Toxic Holocaust), « Great Fear Rising » sonne nettement plus robuste, et le trio distille toujours autant de mélodies accrocheuses, de riffs tranchants et de solos super-Heavy. Brut et sans concession, VOID VATOR sait aussi rester fun et enthousiaste : c’est ça la Californie ! Les morceaux s’enchainent et s’écoutent en boucle (« I Can’t Take It », « I Want More », « Mc Giver’s Mullet », « Infierno »).
Depuis sa création en 2014, HOUND écoute ses émotions, ses envies et les libère dans un Hard Rock très 70’s sauvage et aux mélodies imparables. Toujours privés de leur terrain de jeu favori qu’est la scène, les Allemands viennent de sortir un deuxième album farouche et indomptable dans un style unique qui marie une approche très moderne et des atmosphères résolument vintage. La chaleur du son du quatuor n’a d’égal que sa fougue. Entretien avec Wanja Neite, un chanteur à la voix étonnante…
– Avant de parler de votre premier album, « Settle Your Scores », qui vous a fait connaître, j’aimerais que tu reviennes sur vos débuts en 2014 et vos deux EP… Dès le départ, vous avez opté pour ce Hard Rock Old School et vintage, ou avez-vous mis un peu de temps avant de trouver votre style actuel ?
Oui, ça s’est fait dès le début, car nous sommes tous accros à ce son depuis notre plus jeune âge. Nous avions un endroit très isolé et presque insalubre, où nous rencontrions d’autres musiciens pour jouer toutes sortes de musique Rock pendant des années. Et finalement, nous avons formé HOUND. Le premier EP a été fait très artisanalement dans un grenier. Et je pense que cette tendance à négliger un peu les arrangements avec un jeu brut est née à ce moment-là. Nous aimons et nous jouons beaucoup de musiques différentes, mais c’est vraiment le son qui émerge lorsque nous sommes ensemble. J’adore ce style Rock Old School, sa chaleur et sa vibration.
– Vous avez rapidement acquis une solide réputation de groupe de scène grâce à des prestations très fortes. Est-ce qu’on construit un répertoire en pensant à ce qu’il va provoquer sur scène ?
Oui, c’est vrai et c’est quelque chose à laquelle nous pensons souvent. Nous développons une chanson sur une longue période et on en enregistre différentes versions avant le rendu final. Ça nous arrive d’ailleurs de jouer une toute autre version en concert, car c’est plus spontané contrairement à un disque. Sur le nouvel album, nous nous sommes souvent laissé aller sur la production en incluant de nombreuses improvisations et des idées très impulsives.
– Après vos deux EP, vous avez signé chez Metalville. Qu’est-ce qui a changé pour vous à ce moment-là ? Une meilleure visibilité ? Des tournées aussi plus faciles à mettre en place ?
Pour être honnête, artistiquement : rien. Nous avons juste continué à faire notre truc. Les gens de Metalville ont non seulement un réseau splendide, mais surtout ils sont très engagés dans ce style de musique. Nous travaillons en étroite collaboration avec eux, ce qui nous permet de nous concentrer beaucoup plus sur l’artistique et faire notre musique.
– J’aimerais qu’on revienne sur ce style si particulier qui vous caractérise et vous démarque des groupes du même registre. On y trouve une solide base Hard Rock 70’s avec de nombreux éléments comme la Funk, le Blues et des aspects Punk et Psych. HOUND ne se ferme aucune porte tout en réactualisant un style qui a fait ses preuves…
J’aime me dire que nous plongeons dans un immense bassin plein de diversités pour n’en faire ressortir que ce qui nous plait. Je ne comprends pas ceux qui veulent ajouter des choses à un style déjà existant. Lorsque nous jouons du Rock, des trucs plus funky ou bluesy, ce n’est pas comme si nous étions attachés à un genre ou à un code. Je m’en fiche vraiment, en fait. J’espère toujours que les auditeurs ressentiront le profond dévouement et la dévotion au Classic Rock qui traverse chaque mesure de nos albums. J’avoue que j’adore profondément le Rock des années 60, 70 et 80. Enfant, on me disait : « Ecoute Tommy (de The Who) avec une bougie allumée et tu verras ton avenir ! ». J’adore cet album, tout comme beaucoup de trucs récents que ce soit du Rock, de la Pop, de la Folk, du Hip-Hop, du Dub, de l’Indus… Peu importe.
– Sur votre premier album, la présence très forte de bouillantes parties d’orgue ressort de belle manière et donne une couleur incroyable à l’album. Pourquoi est-il moins présent sur « I Know My Enemies » ?
L’année dernière, Jonas, qui jouait les claviers depuis le tout début, a quitté le groupe. Alors, nous avons continué tous les quatre. Comme on ne pouvait pas le remplacer sur scène et dans la composition, nous avons dû avoir beaucoup d’autres idées. Yannick (basse) et Nando (guitare) sont des musiciens très créatifs et ludiques, et leurs idées se répandent partout dans les morceaux. John (batterie) est du même genre, et aussi capable de garder le groupe dans les clous. Et puis, nous avons eu le grand plaisir d’accueillir Anders Becker de Liquid Orbit comme invité, qui a joué de l’orgue sur quelques morceaux avec beaucoup de talent.
– D’ailleurs et même si l’on retrouve cette même énergie communicative, on sent ce nouvel album plus sombre, avec des riffs plus costauds et Heavy et des textes souvent assez mélancoliques. Comment l’expliques-tu ?
Depuis l’année dernière, je suis heureux en dehors de cette pandémie, bien sûr. Je trouve de la joie dans beaucoup de choses et surtout dans la musique. Mais à côté, il y a beaucoup de choses qui me font peur, qu’elles soient collectives ou individuelles, et qui ont un impact sur moi. Tout cela, bien sûr, s’infiltre dans la musique et c’est aussi très stimulant. Vous laissez aller la frustration, le désir, l’oppression et les peurs intériorisées et BOOM ! Il en ressort un riff qui te détend et qui transforme le tout en joie. Donc, même si l’album jette parfois un coup d’œil dans l’abîme, j’espère que la musique émet toujours ce sentiment de joie profonde. En ce qui concerne les paroles, les mots doivent avant tout bien sonner. Mon couplet préféré de l’album vient de la dernière chanson « The Downfall », qui fait : « Ouais, ouais, ouais, ouais ! ». (Rires)
– J’aimerais justement que l’on parle de ta voix qui est si particulière et d’une incroyable polyvalence. Elle est incontestablement une force pour HOUND. Il y a même un petit côté androgyne saisissant. J’imagine qu’elle est le point de départ de vos compositions pour les mélodies, non ?
Dans la plupart des cas, les parties instrumentales existent déjà. J’essaie différentes choses et j’improvise encore et encore jusqu’à ce que je rassemble des idées qui me plaisent. Et puis, il y a des mélodies et des idées qui me viennent en tête dès que j’entends un riff pour la première fois. Et il m’arrive aussi de tout changer à nouveau. Nous parvenons rarement à calibrer une chanson et une version définitive instantanément. Et généralement, on change aussi les arrangements de nos morceaux environ tous les deux ans.
– On peut qualifier le style de HOUND de Hard Rock vintage et Old School. Pourtant, je le trouve au contraire très novateur, actuel et vivifiant même avec des bases très 70’s. Est-ce que tu partages ce sentiment et surtout cette vision de votre jeu ?
Oui, c’est bien analysé. La musique que nous jouons nous sort des tripes, donc nous ne pouvons pas vraiment dire d’où nous viennent les idées. On ne cherche jamais à reproduire ce que nous avons aimé, mais plutôt à créer quelque chose de neuf. Et puis, nous avons tous des périodes où nous écoutions telle ou telle musique. J’adore profondément le Rock des années 60 et 70 comme tout le monde dans le groupe. Mais je ne ressens pas le besoin d’y ajouter quelque chose. Je ne me lasserai jamais d’écouter l’original de « Fireball » de Deep Purple. Il y a quelque chose de très spécial à jouer ce genre de musique et cela provient de la chaleur qu’elle dégage. Pour moi, jouer de la musique dépasse le fait d’innover ou de reproduire ce qui a déjà été fait. Et tu vois depuis que Nando (guitare) a commencé à chanter un peu plus, notre musique a gagné en légèreté avec son petit côté enfantin ! (Rires)
– Pour conclure, avec cet album très mature et intemporel, et malgré la situation sanitaire, quels sont vos projets à courts et moyens termes ? Vous devez être très impatients de remonter sur scène, car vous n’y avez pas encore joué votre album ?
Nous sommes réellement un groupe de scène dans l’âme. Et la situation actuelle est pourrie. Ça craint ! Avec le temps, on devient méfiant et on cherche tous la lumière au bout du tunnel. Ne pas pouvoir jouer ces chansons devant des gens m’est insupportable et je sens que je vais éclater. Mais je dis cela d’un point de vue de privilégié quand même. A la fin, j’espère juste que tout ira bien. En ce moment, je suis fier de ce que nous avons fait avec le nouvel album et j’aime franchement écouter ces nouveaux titres. Et je commence déjà à avoir de nouveau faim !
Le deuxième album de HOUND, « I Know My Enemies », est disponible depuis le 26 mars chez Metalville Records
Fondé en 2015 à Edinburg en Ecosse, DVNE s’est fait un nom dans le paysage Sludge Progressif européen en l’espace de trois EP et d’un album. « Etemen Ænka », le deuxième opus complet du quintet, sort dans quelques jours et promet un voyage musical mouvementé dans une ambiance Old School presque cinématographique. L’occasion de poser quelques questions à Victor Vicart, seul Français du combo, qui tient la guitare et le chant…
– Avant toute chose, j’aimerais que tu éclaircisses une petite chose, stp. L’ensemble des médias spécialisés vous considèrent comme un groupe de Metal Progressif. Si sur l’aspect progressif de DVNE nous sommes d’accord, vous êtes avant tout un groupe de Sludge issu du Rock, non ?
Oui, en effet, nous sommes plutôt issus du Post-Metal et du Sludge. Et personnellement, je pense que le progressif est plus une approche de composition et ne constitue pas vraiment une scène à part entière.
– Avec ce son brut très organique, il y a quelque chose chez DVNE de très futuriste, qui n’est pas seulement lié au nom du groupe ou au concept de l’album. Comment l’expliques-tu ? C’est une démarche artistique que l’on ne rencontre plus beaucoup…
Nous avons utilisé beaucoup de synthés sur cet album comme des vieux Junos, Moog et Prophet qui apportent énormément en termes de texture. Je pense que c’est ce qui te fait dire que notre son est futuriste. Cela dit, notre approche avec les autres instruments est assez old school, puisque nous utilisons surtout des vieux amplis des années 70/80, type Hiwatt/Marshall, que l’on retrouve dans beaucoup d’album de Rock et de Hard Rock. Nous avons aussi beaucoup travaillé avec notre producteur Graeme Young sur le son de cet album et nous sommes parvenus à retranscrire ce que nous avions en tête pendant l’écriture de l’album.
– Il y a même un petit côté ‘Blade Runner’ en fond sur l’album dans les transitions (« Weighing of the Heart », « Adræden »). « Etemen Ænka » a un côté très cinématographique dans le récit. Si l’époque n’est malheureusement plus aux clips très réalisés d’antan, quels genres d’images ou d’ambiances te viennent à l’esprit sur ce nouvel album ?
Nous avons réalisé un clip pour « Sì-XIV », dont nous sommes fiers puisqu’il colle avec l’atmosphère rétro-futuriste de l’album. Nous avons utilisé beaucoup d’effets spéciaux traditionnels. Par exemple, vous retrouvez dans la vidéo un cocon visqueux ou encore un costume totalement flippant pour notre créature. Nous avons été influencés par des artistes comme Giger/Alien. De façon plus générale, nos références viennent de la cinématographie de film d’horreur et Sci-Fi des années 80/90. Nous aimerions beaucoup faire un clip d’animation, mais cela dit j’ai souvent du mal avec l’animation 100% digitale, et je préfère les plus classiques.
– L’album développe aussi beaucoup de morceaux très instrumentaux, à un point que l’on a l’impression que certains titres pourraient presque se passer de chant… avec peut-être juste une explication dans le livret. DVNE passe ses émotions par les ambiances ?
Nous ne considérons pas le chant comme un élément qui devrait être plus en avant que les autres instruments. Pour nous, s’il ajoute quelque chose d’intéressant sur un passage, c’est très bien, mais très souvent les instruments se suffisent à eux-mêmes.
– Avec toute la puissance que dégage « Etemen Ænka », DVNE reste un groupe où la mélodie est au premier plan, selon moi (!). Et on imagine que d’autres instruments pourraient venir s’y greffer. C’est quelque chose que vous avez dans le coin de la tête ?
Carrément ! Nous voulons continuer notre évolution musicale et cela passe par l’ajout de nouveaux éléments dans l’écriture et pendant l’enregistrement aussi. C’est aussi pour ça que nous avons une invitée sur cet album (Lissa Robertson). Nous avons voulu ajouter un autre type de chant pour apporter encore plus de diversité à notre musique. Nous avons déjà de nombreuses idées pour le prochain album, notamment avec l’utilisation d’autres instruments et d’autres méthodes d’enregistrement.
– Sinon, est-ce qu’avec le Brexit les choses ont changé pour vous ? Alors que rien n’est décidé nulle part, comment voyez-vous l’avenir dans les mois à venir ?
C’est très regrettable ce qui se passe avec le Brexit. Cela ne nous inquiète pas, car nous nous sommes bien préparés pour nos prochaines tournées. C’est surtout dommage pour les groupes anglais plus jeunes qui pensent à faire leur première tournée en Europe. Je pense que la plupart ne tournera tout simplement pas et les autres le feront dans l’illégalité. Cela dit, j’espère encore qu’un accord EU/UK est toujours possible, notamment sur un visa artiste de 90 jours qui serait gratuit. On croise les doigts.
– Et on va conclure avec une question conne, comme j’aime. Finalement DVNE : plutôt Le Pilat ou Sting ?
Sting of course ! Le slip en V lui va si bien.
Le deuxième album de DVNE, « Etemen Ænka », sortira le 19 mars chez Metal Blade Records.
Et si l’avenir du Death Metal venait du grand nord ? Du Danemark précisément ? C’est en tout cas ce que laisse penser ce troisième album, « Necro Sapiens », du jeune groupe BAEST. Faire évoluer la tradition tout en la respectant n’est jamais une tache aisée, et pourtant le quintet y parvient avec une maîtrise et une maturité de vieux briscards. Sûrs de leur coup !
BAEST
« Necro Sapiens »
(Century Media)
Avec un album par an depuis trois ans, BAEST semble avoir trouvé son rythme de croisière et il est plutôt élevé. Annoncé depuis ses débuts comme l’un des groupes extrêmes les plus attrayants du Danemark, le quintet tient toutes les promesses placées en lui. Le groupe livre avec « Necro Sapiens » un troisième album dense et riche où il affiche un style enfin plus personnel.
Dans les pas des légendes qui ont établi le genre comme Dismember, Entombed, Death ou Morbid Angel, BAEST ne renie pas ses influences, mais s’en détache de manière très significative. Intelligemment, les Scandinaves n’ont pas apporté plus de vitesse ou de technicité au registre, mais l’ont étoffé en jouant sur les ambiances avec une belle maturité.
Profond, puissant et massif, BAEST prouve avec force que le Death Metal peut et doit se renouveler (« Genesis », « Abattoir », « Meathook Massacre »). Les Danois offrent un vrai lifting au Death Metal old school en y insufflant un nouvel élan dans la forme tout en respectant le fond. « Necro Sapiens » vient remettre bien des choses en place. Une prouesse !
Décidemment, DeWOLFF n’aime ni les vacances, ni les pauses. Après une année 2020 bien remplie avec deux sorties discographiques, le trio néerlandais livre un nouvel album toujours aussi vintage, attachant et aux vibrations chaleureuses. Et « Wolffpack » regorge de belles surprises.
DeWOLFF
« Wolffpack »
(Mascot Label Group)
Un an tout juste après l’album « Tascam Tapes » et un Live enregistré au Royal Theatre Carré d’Amsterdam, le trio néerlandais refait déjà surface avec « Wolffpack ». La tracklist de ce neuvième opus a été constituée par les fans, qui ont pu choisir parmi 17 morceaux pour n’en garder que dix. Et cette fois encore, l’éclectisme et la douceur old school de DeWOLFF sont au rendez-vous.
Les frères Van de Poel et Robin Piso ont même invité des musiciens de la scène Rock émergeante, qui apportent une belle fraîcheur à « Wolffpack ». Vibrant, authentique et très groove, le groupe opère une remise au goût du jour de sonorités très 70’s (« Yes You Do », « Treasure City Moonchild » et le langoureux « Do Me »). DeWOLFF a trouvé la bonne formule et fait des étincelles.
Electrisants et nonchalants, les Néerlandais multiplient les ambiances et les atmosphères avec une facilité déconcertante passant d’un registre à l’autre avec la même générosité (« Roll Up The Rise », « Bonafide », « R U My Savior »). DeWOLFF étonne et épate. Avec la même énergie et la même liberté que sur ses précédents albums, le trio bouscule les normes et ne montre aucune limite.
Le talent n’attend pas le nombre des années, et FROZEN SOUL est là pour le confirmer. Nouvelle signature chez Century Media, le groupe américain avance sur un Death Metal très Old School, mené de main de maître par un quintet déjà sûr de son fait. « Crypt Of Ice » rafraichit les esprits avec une grande efficacité.
FROZEN SOUL
« Crypt Of Ice »
(Century Media Records)
Avec ce premier album de FROZEN SOUL, une première précaution d’impose : mettre une petite laine ! Si les premiers morceaux de « Crypt Of Ice » font indéniablement penser à la scène européenne nordique, c’est pourtant vers la Texas qu’il faut aller chercher le quintet. Et c’est d’ailleurs aussi peut-être de là que vient la variété des titres. Pas de carcans, mais plutôt une belle envie de se démarquer des pionniers du genre.
Anciennement batteur de Vulgar Display, c’est Chad Green qui tient vaillamment le micro avec un growl aussi profond qu’ancré dans un Death Metal Old School, qui ne vieillit pas (« Arctic Stranglehold, « Wraith Of Death »). Plus métronomique qu’étalant une technique dont on sent FROZEN SOUL largement capable, le combo présente un « Crypt Of Ice », rondement mené et incisif.
Grâce à de bonnes intros qui apportent une ambiance toute particulière et glaciale, le quintet américain livre un premier album de grande qualité et largement à même de rivaliser avec certains groupes bien installés (« Encased In Ice », « Twist The Knife »). FROZEN SOUL fait preuve d’un savoir-faire incontestable, tout en maintenant l’esprit et la tradition du Death Metal avec brio.