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Slower : unslayerized [Interview]

En janvier dernier, un sextet aux horizons diverses avait bouleversé une institution du Metal en passant au spectre du Doom un répertoire quasi-intouchable. Composé de membres de Fu Manchu, Year of the Cobra, Kylesa, Lowrider, Kyuss et Monolord, SLOWER s’était approprié des morceaux de Slayer en leur infligeant un traitement très particulier… et le résultat était renversant ! Cette fois, avec « Rage And Ruin », c’est en trio que Bob Balch (Fu Manchu) à la guitare, Amy Tung Barrysmith (Year of the Cobra) à la basse et au chant et Esben Willems (Monolord) à la batterie remettent ça avec la surprise d’y aller aussi de leurs propres compositions. Le porteur du projet, et six-cordiste très ‘Fuzzy’ s’il en est, et la frontwoman du combo reviennent sur cette deuxième réalisation…  

– Bob, au moment de concrétiser vraiment le projet, est-ce que tu as longtemps cherché le son de guitare le mieux adapté au registre de Slayer, ou s’est-il imposé rapidement à toi ?

Le son de guitare est arrivé assez rapidement, en fait. Je voulais qu’il soit aussi fuzz que possible, mais qu’il reste néanmoins très épais et fuyant avec des palm mutes prononcés. On ne peut pas jouer des chansons de Slayer sans palm mutes (une technique qui consiste à étouffer les cordes avec la paume de la main – NDR). Alors, j’ai installé une tonne de pédales fuzz avec différents drives, et c’est après avoir testé pas mal de choses que j’ai opté pour la meilleure combinaison que j’ai pu trouver.

– Amy, comment l’adaptation s’est-elle effectuée pour toi, d’abord au chant ? D’ailleurs, cette fois, tu joues également de la basse et du piano. C’est quelque chose qui t’avait manqué sur le premier album ?

En fait, ça s’est plutôt bien passé. Je me suis référée aux chansons originales uniquement pour déterminer où les voix devaient se placer. Mais j’ai essayé de garder l’esprit ouvert en ce qui concernait les mélodies. Et il n’y en a pas beaucoup dans les chansons originales de Slayer. J’ai donc pu laisser libre court à ma créativité dans l’interprétation. Et j’ai vraiment aimé explorer toutes sortes de choses, puis les instructions d’Esben (Willems, batterie – NDR), lorsqu’il m’a contacté pour la première fois, ont été essentielles. Il m’a dit : ‘fais ce que tu veux !’ Et j’ai vraiment pris ça à cœur.

En ce qui concerne la basse et le piano, au moment où j’ai rejoint le projet, nous avions déjà Peder (Bergstrand de Lowrider – NDR) à la basse. Il est tellement talentueux et il a fait un travail tellement incroyable que je n’ai pas pu imaginer qu’il en soit autrement que ce qu’il avait joué. J’ai donc suivi cette ligne. Et en ce qui concerne le piano, il ne semblait pas y avoir de réelles nécessités sur le premier LP, donc je ne pense pas qu’il manquait quoi que ce soit.

– Bob Balch –

– SLOWER a commencé avec un line-up de six musiciens et vous évoluez aujourd’hui en trio sur l’album. En quoi cela a-t-il changé votre jeu et votre approche à tous les deux sur « Rage And Ruin » ?

Bob : Je ne sais pas trop, si cela a changé grand-chose, en fait. Sans doute un peu, oui. Amy a dû en faire plus, parce qu’elle joue de la basse et elle chante. Mais de mon côté, mon approche a été similaire à celle du premier album, excepté dans l’écriture des morceaux originaux.

Amy : Je ne crois pas que ça a beaucoup changé. Au niveau vocal, j’ai abordé le projet de la même manière. Ajouter la basse, c’était juste voir les choses sous un angle différent, mais rien de très nouveau finalement. Pour les morceaux originaux, en revanche, cela a demandé certainement une approche différente, car nous n’avions jamais écrit ensemble auparavant. Et puis, nous étions à distance tout le temps. Cela dit, je m’attendais à ce que ce soit plus difficile, mais j’ai été très surprise de la facilité avec laquelle nous avons travaillé tous ensemble et de la rapidité avec laquelle nous avons pu assembler ces chansons. C’était assez fluide et très amusant.

– Vous venez tous les deux de la scène Stoner et vous vous frottez régulièrement au Doom (notamment Amy). Qu’est-ce qui peut paraître insurmontable lorsqu’on transpose des morceaux de Thrash Metal dans un registre comme celui-ci ?

Bob : Nous avons essayé une première chanson de Slayer et il est devenu très clair dès le début qu’elle ne voulait pas du traitement Doom Metal. Je suppose que les riffs donnent la voie et ils ont assez mal réagi à une telle chose cette fois-ci. La plupart des chansons mid-tempo acceptent assez bien une approche Doom plus lente. Mais celles-ci ne l’étaient tout simplement pas ! (Rires)

Amy : Honnêtement, j’adore faire ça avec les chansons : ralentir les chansons rapides, accélérer les chansons lentes, etc… Juste faire la maligne et voir ce qui se passe ! On ne sait jamais, il peut y avoir des surprises. Mais comme l’a dit Bob, ça ne marche pas toujours. L’un des titres sonnait plutôt bien au ralenti, mais une fois que j’y ai ajouté des voix, ça sonnait clairement très, très mal. Nous l’avons rapidement mis à la poubelle, après que tout le monde ait bien rigolé ! (Rires)

– Amy Tung Barrysmith –

– Le premier album était entièrement dédié à Slayer et à cinq de ses morceaux les plus emblématiques. Avec « Rage And Ruin », vous reprenez deux des trois titres de l’EP « Haunting The Chapel », sorti il y a 40 ans déjà et qui avait été un tournant pour le groupe. C’est un choix étonnant compte tenu de cette vaste discographie. L’idée était-elle de surprendre ?

Bob : L’idée initiale était de reprendre l’intégralité de ce premier EP. Une fois que nous avons réalisé qu’une des chansons n’était pas réalisable, la décision qui a suivi a été de commencer à travailler sur des chansons originales. Je suis content que nous nous soyons embarqués là-dedans. A mon avis, elles sont vraiment bonnes.

– La grande nouveauté sur « Rage And Ruin » est donc l’apparition de quatre morceaux originaux. Du 100% SLOWER ! Dans quel état d’esprit avez-vous abordé ses nouvelles compositions et l’objectif était-il aussi de coller au plus près aux reprises et donc à Slayer ?

Bob : J’ai vraiment puisé dans tous les trucs de Slayer pour écrire les originaux. Cependant, mon objectif principal est toujours de m’assurer qu’il y ait des BPM différents, des tonalités divergentes et des structures de chansons nouvelles, lorsque je compose pour un album. Je savais qu’une fois que nous aurions la version d’Esben sur les mélodies, puis le chant et la basse d’Amy, les chansons prendraient forme et trouveraient leur propre voie, leur identité.

– Esben Willems –

– Ces nouveaux morceaux se fondent parfaitement dans la sonorité des covers et il y a une réelle identité musicale qui émerge aussi. Est-ce que vous considérez tous les deux « Rage And Ruin » comme le véritable acte de naissance de SLOWER ?

Bob : Oui, bien sûr, étant donné que c’est la première fois que nous nous essayons à des morceaux originaux.

Amy : Absolument. Dès que nous avons commencé à écrire nos propres textes, nous avons compris que nous étions en train de créer quelque chose de très intéressant.

– Est-ce que maintenant que vous avez franchi l’étape de la création originale, le ‘Rubicon’ en quelque sorte, un nouveau chapitre s’ouvre pour SLOWER avec peut-être déjà quelques idées en tête ?

Bob : Il y a toujours des riffs qui circulent, bien sûr. J’aimerais beaucoup faire un album complet avec uniquement des morceaux originaux.

– Au fait, est-ce que vous avez eu des retours des membres de Slayer depuis le premier disque et ont-ils écouté celui-ci ?

Bob : Gary Holt nous a donné son feu vert, il m’a dit que c’était très ‘Heavy’ ! (Sourires)

– Enfin, j’aimerais savoir si vous allez prendre la route pour défendre ce nouvel album ?

Amy : Nous avions l’intention de le faire ce mois-ci, mais il y a eu des imprévus dus à des circonstances familiales. En tout cas, j’adorerais jouer ces chansons en live quand le moment sera venu.

« Rage And Ruin » de SLOWER est disponible chez Heavy Psych Sounds.

Retrouvez la chronique du premier EP :

Photos : Amy (crédit : A.F. Cortes) et Esben (crédit : David Duis)

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Desert Rock International Space Rock Stoner Rock

Fu Manchu : un mythe intact [Interview]

Pilier et pionnier du Stoner Rock aux saveurs largement Desert et Space Jam dans l’esprit, FU MANCHU mène une carrière exemplaire, parvenant sans cesse à rester très prolifique au sein-même du groupe comme en dehors. Avec « The Return Of Tomorow », le quatuor du sud de la Californie est parvenu à une synthèse parfaite de l’évolution musicale qui les caractérise depuis toutes ces années. Lourd, aérien, délicat et accrocheur, ce nouvel opus s’apprête à déferler sur scène et c’est encore son guitariste, Bob Balch, qui en parle mieux.

Photo : Thom Cooper

– L’an prochain, FU MANCHU célèbrera ses 40 ans d’existence et un très beau parcours. Vous avez commencé en jouant un Punk Hard-Core avant de côtoyer ses sonorités plus Hard Rock pour enfin donner naissance au Stoner et au Desert Rock. Que retiens-tu de cette évolution ? Te paraît-elle assez naturelle avec des étapes finalement nécessaires ?

J’ai rejoint FU MANCHU en 1997, donc le son était déjà plutôt bien établi à ce moment-là. Tu sais, je connais des tonnes de musiciens, qui sont passés du Punk Hard-Core au Heavy Rock des années 70. Pour ma part, j’ai commencé avec des groupes de Heavy Metal de la fin des années 70, puis j’ai découvert le Punk Rock, donc c’est un peu l’inverse me concernant, mais mélanger les deux styles fonctionne totalement !

– Ca, c’est pour l’aspect musical de FU MANCHU, mais qu’en est-il des textes et des thématiques que vous abordez ? Est-ce que, de ce côté-là aussi, il y a eu de profonds changements et peut-être des remises en questions à un certain moment ?

En ce qui concerne les textes, ce serait plutôt une question à poser à Scott Hill. D’après ce que j’en comprends, il s’agit principalement d’inspiration de films de série B et de blagues internes, des sortes de ‘private jokes’. Mais je pense que cela va bien plus loin que cela.

Bob Balch – Photo Visions In Pixels

– Est-ce que lorsqu’on fait parti du processus de création du Stoner/Desert Rock, comme c’est le cas pour FU MANCHU et quelques autres, on se sent un peu le gardien du temple ? Ou du moins le garant d’un style qu’il faut peut-être préserver, mais également faire évoluer ? 

Pas vraiment, en fait. Au départ, nous n’avions pas vraiment l’intention de créer un son Stoner Rock. Le terme ‘Stoner Rock’ nous est même venu plus tard. Et puis, je pense que chaque style doit également évoluer. Je suis super content quand j’entends un groupe qui pense et qui joue en dehors de son genre d’origine en allant toujours de l’avant.

– Il a fallu attendre six ans pour que vous livriez ce 14ème album, « The Return Of Tomorrow ». Pourtant, FU MANCHU a été très actif avec un album live, des rééditions, trois Eps et même la bande originale d’un documentaire, sans compter vos tournées. Vous êtes vraiment un groupe d’hyperactifs, et on reviendra aussi sur tes projets personnels plus tard. Est-ce qu’avec toutes ces activités, il vous fallu trouver le bon moment pour vous poser et composer ces 13 nouveaux titres ? Attendre l’accalmie en quelque sorte…     

Tu sais, nous nous réunissons pendant environ trois heures tous les jeudis. Ce sont trois heures vraiment très productives. Nous repartons généralement avec un morceau complet, ou au moins la moitié d’une chanson. Nous écrivons ensemble depuis si longtemps que c’est devenu une machine bien huilée à ce stade de notre carrière.

Photo : Visions In Pixels

– FU MANCHU est aussi réputé pour être un groupe qui va sans cesse de l’avant. C’est ce que vous avez voulu signifier avec ce titre « The Return Of Tomorrow » ? Que rien n’est figé et vous êtes résolument tournés vers l’avenir ?

Carrément ! Et puis, tu sais, je reste vraiment conscient de notre incroyable longévité et je suis très reconnaissant à tous nos fans.

– Parlons plus précisément de ce nouvel et très bon album. Il est la quintessence parfaite du style FU MANCHU avec encore et toujours des nouveautés dans les compositions et bien sûr dans le son, qui ne cesse d’évoluer lui aussi. Il y a un énorme travail sur le ‘Fuzz’ comme souvent chez vous. Est-ce que, finalement, ce n’est pas la chose qui vous importe le plus ? Le faire grossir et lui faire prendre des directions différentes et nouvelles ?

Nous cherchons toujours à nous améliorer, c’est un fait établi. Ce sont les chansons qui comptent le plus, bien sûr. Mais si nous pouvons obtenir les meilleurs sons possibles, en tout cas pour nous et à nos oreilles, c’est ce qui compte le plus ! Par ailleurs, c’est très important pour nous dans le groupe que notre bassiste, Brad Davis, fabrique et conçoive ses fameuses pédales fuzz ‘Creepy Fingers’.

Scott Hill – Photo Visions In Pixels

– « The Return Of Tomorrow » est aussi très particulier dans sa construction, puisqu’il est scindé en deux parties. La première est très Heavy et Fuzz et la seconde est plus Desert avec aussi un côté Space Jam. C’était l’ambition de départ ? De livrer des atmosphères opposées et aussi de pouvoir vous exprimer le plus largement possible ?

Oui, nous en avons discuté dès le départ. Quand nous avons commencé à écrire, nous avons essayé des chansons très lourdes, puis plus douces pour voir quel style servait le mieux les chansons. C’était d’ailleurs très amusant pour nous d’aborder ce disque avec l’idée que nous allions ensuite le diviser en deux.

– Est-ce que, dans le cas de FU MANCHU, cela demande d’être dans un certain esprit pour aborder au mieux ces ambiances très différentes ?

Pas vraiment, finalement. Personnellement, si je me sens inspiré, je vais en tirer le meilleur parti à ce moment précis et je vais composer autant que possible. Mais chaque semaine quand nous nous réunissons, c’est toujours dans l’idée de nous déchaîner et de nous défouler au maximum !

Photo : D.R.

– D’ailleurs, comment allez-vous composer vos setlists pour les concerts à venir ? Elles seront plutôt axées sur le côté Heavy du groupe, et allez-vous intégrer ces nouveaux morceaux plus ‘légers’ comme des interludes, par exemple ?

Probablement, un peu des deux et le plus possible. C’est vrai que nous pourrions aussi en changer soir après soir. Et puis, cela dépend également s’il s’agit d’un concert spécifique de FU MANCHU ou d’une configuration en festival. Si c’est notre propre show, nous jouerons davantage le nouvel album, c’est certain.

– Justement, parlons des concerts, vous serez en tournée en Europe à l’automne, mais d’abord en juin avec un passage au Hellfest, votre deuxième, je crois. Votre dernière venue date de 2019. C’est un festival que vous appréciez particulièrement ?

Oui, le Hellfest est super fun ! La première fois que nous avons joué là-bas, je n’ai regardé ni la scène, ni le public jusqu’à ce que nous montions sur scène. Je me détendais tranquillement dans les coulisses en regardant l’émission « Showdown ». Et quelques minutes plus tard, nous jouions devant des milliers de personnes. C’est un contraste saisissant et jubilatoire !

Photo : Thom Cooper

– Enfin, Bob, j’aimerais que l’on parle aussi de tes multiples side-projets. Il y a Big Scenic Nowhere dans un registre Desert/post-Rock Progressif, Yawning Balch dans un registre assez proche et plus Psych et enfin Slower, qui est un album de reprises de Slayer dans des versions Doom étonnantes. C’est très varié et assez éloigné de FU MANCHU. Tu as besoin de te lancer ce genre de défi, ou c’est plus simplement un désir d’explorer d’autres styles, dont tu es aussi fan ?

Tu sais, mes influences sont très diverses. De plus, j’ai acheté une ‘Universal Audio OxBox’, qui me permet d’enregistrer très facilement mes guitares avec la qualité d’un album à la maison. Cela m’a aussi aidé à devenir plus prolifique. Big Scenic Nowhere et Yawning Balch sont un peu arrivés par hasard, et je n’ai pas su refuser. Je suis un grand fan du jeu de guitare de Yawning Man et de Gary Arce. J’ai secrètement toujours voulu collaborer avec eux. Je suis ravi que cela se soit produit et que cela continue d’exister. Yawning Balch va d’ailleurs bientôt sortir deux albums. L’idée que je m’en fais est plus posée et je me suis aussi bien amusé à faire le premier disque. Et nous avons presque terminé le deuxième. J’ai des tonnes de morceaux originaux cette fois-ci, et c’est génial.

– Enfin, et puisque l’on parle de tes projets annexes, est-ce que tu te consacres déjà à d’autres choses, ou es-tu essentiellement focalisé sur FU MANCHU et ce nouvel album pour le moment ?

FU MANCHU est mon activité principale. Nous tournons énormément pour soutenir « The Return Of Tomorrow » et j’en suis franchement ravi ! J’ai vraiment hâte que les gens l’entendent. Je pense que nous nous sommes vraiment surpassés sur celui-là !

Le nouvel album de FU MANCHU, « The Return Of Tomorrow », sera disponible le 14 juin sur le propre label du groupe, At The Dojo Records.

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Stoner Doom Stoner Metal

Slower : slayerized

Reprendre l’un des plus éminents membres du ‘Big Four’ californien avec la crème de la scène Stoner Doom, c’est l’ambition de Bob Balch de Fu Manchu accompagné de musiciens de Kylesa, Kyuss, Monolord et Lowrider. Sur des ambiances sombres et chargées, SLOWER présente sa vision d’un Slayer qui passe presqu’en mid-tempo et surtout qui se pare de voix féminines aériennes et vaporeuses, loin de la rage d’Araya et de sa bande. Le projet est ambitieux et le regard apporté sur ces cinq titres incontournables a de quoi dérouter par son approche, toute en décélération, mais non sans volume.

SLOWER

« Slower »

(Heavy Psych Sounds)

Si les fans de Slayer sont inconsolables depuis cette soirée du 30 novembre 2019, où le groupe donnait son dernier concert au Forum de Los Angeles, il se peut que l’EP de SLOWER leur apporte un peu de baume au cœur. A mi-chemin entre le Tribute et la cover, l’entreprise menée par Bob Balch a de quoi de surprendre, c’est vrai, mais aussi séduire à bien des égards. Le guitariste de Fu Manchu a décidé de réinterpréter cinq morceaux des rois du Thrash Metal dans des versions… très inédites. Loin des riffs acérés de Kerry King et de Jeff Hanneman, du chant rageur de Tom Araya et surtout des rythmiques de Dave Lombardo et de Paul Bostaph, « Slower » ne manque pourtant pas de sel.  

Il est donc question ici de Stoner et de Doom, ce qui est à l’opposé du style racé et véloce du quatuor de la Bay Area, donc pas la moindre trace de Thrash à l’horizon. Pour faire court, l’idée avec SLOWER est d’avancer dans un concept ‘slow and low’, à savoir lent et bas. Et pour mener à bien l’ensemble, Balch s’est entouré d’un super-groupe avec Amy Barrysmith (Year Of The Cobra) et Laura Pleasants (Kylesa) au chant, les bassistes Peder Bergstrand (Lowrider) et Scott Reeder (Kyuss), ainsi que le batteur Esben Willems (Monolord). Leurs reprises prennent une tournure lourde, épaisse et lancinante, tellement les structures ont été repensées et refaçonnées dans un climat Doom pesant.

Et les Américains ont choisi cinq titres parmi les plus emblématiques de Slayer : « War Ensemble », « The Antichrist », « Blood Red », « Dead Skin Mask » et « South Of Heaven ». Difficile de faire plus fédérateur… sur le papier en tout cas. Car dans les faits, les tempos sont très ralentis, même si une double grosse caisse se fait parfois délicatement entendre, et surtout, le chant exclusivement féminin donne une tout autre perspective. SLOWER s’éloigne à un tel point des versions originales qu’on peine même à les reconnaître. L’exercice est cependant très réussi, malgré la distance avec le modèle. Les thrashers de la première heure risquent de s’y perdre rapidement, tandis que les fans de Stoner Doom se régaleront.

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Doom Metal Sludge Stoner/Desert

[Going Faster] : N E K E R / Doom Sessions / Demon Incarnate

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

N E K E R – « Slower » – Time To Kill Records

Il semblerait que le one-man-band de Nicola Amadori (basse, chant) ne soit plus qu’un lointain souvenir. Depuis « Louder », premier album sorti en 2017, l’Italien semble s’être attaché à Daniele Alessi (batterie) et Alessandro Eusebi (guitare). Et il faut reconnaître que le trio est plus que cohérent et son Sludge aux saveurs Doom et Southern est très riche et envoûtant. N E K E R a fière allure et « Slower » atteint les sommets attendus depuis ces dernières années. Tout en mouvement et en progression, le trio transalpin se montre capable d’être tranchant et agressif comme plus lent et pesant. Entre un Doom très sombre et un Sludge démoniaque, « Slower » offre une palette incroyable de variations de tempos et d’harmonies. Et le chant très protéiforme d’Amadori apporte une fraîcheur presque ensorceleuse. 

Doom Sessions Vol. 666 – DEAD WITCHES / WITCHTHROAT SERPENT – Heavy Psych Sounds Records

Pour le sixième volume de ses « Doom Sessions », Heavy Psych Sounds Records affiche le chiffre de la bête et une pochette à faire frémir avant même la première écoute. Il faut admettre que le duo formé par le label italien nous plonge dans les tréfonds du Doom le plus obscur et occulte qui soit. Et ça commence frontalement avec le quatuor britannique DEAD WITCHES avec un morceau long de 14 minutes. Le nouveau projet du batteur Mark Greening (ex-Electric Wizard, Ramesses et With The Dead) navigue entre ténèbres et brutalité grâce, notamment, à sa chanteuse Spring Thompson. Puis direction la France, Toulouse, avec WITCHTHROAT SERPENT qui signe les deux autres titres. Le Stoner Doom du quatuor ne manque ni d’impact, ni d’intérêt, loin de là ! Un sixième très bon cru de 40 minutes du label italien.

DEMON INCARNATE – « Leaves Of Zaqqum » – Metalville

C’est une belle surprise que proposent les Allemands avec un quatrième album, « Leaves Of Zaqqum », que le groupe a eu le temps de mûrir et de peaufiner durant ces derniers mois d’inactivités scéniques. Mené par Lisa Healey (chant), Jan Paul (guitare) et Kai Schneider (batterie) qui composent l’essentiel des morceaux, DEMON INCARNATE est complété par Matz Naumann (basse) et Donny Dwinanda Putra (guitare) venus s’y greffer. Le Stoner Metal du combo est très fortement orienté vers le Doom avec efficacité et de solides riffs. Le quintet germanique réussit une belle synthèse d’influences sabbathiennes avec des ambiances rappelant fortement Candlemass, tout en y injectant délicatement des sonorités orientales. La particularité de DEMON INCARNATE réside aussi dans la voix de sa chanteuse, qui est vraiment la signature du groupe.