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France Post-Metal post-Rock

Hangman’s Chair : l’histoire d’un concept [Interview]

Très attendu, le sixième album de HANGMAN’S CHAIR, « A Loner », n’a pas déçu, très loin de là ! Poussant toujours plus loin leur travail sur les sons, la production et l’aspect toujours très conceptuel de leur musique, les Franciliens ont livré un opus immersif et saisissant, en nous plongeant toujours un peu plus dans leur univers où se mêlent les styles et les atmosphères avec une minutie et une classe évidente. Rarement le Post-Rock et Metal aura montré autant de richesses et de variété. Rencontre avec Julien Rour Chanut (guitare) et Medhi Trepegnier (batterie), tous deux membres fondateurs du groupe, qui nous parlent d’une même voix de ce nouvel album.

– En l’espace de six albums, celui-ci compris, vous êtes passés du Sludge au Stoner avec aussi un côté Doom. Avec « A Loner », on a le sentiment que vous vous situez entre le post-Metal et le post-Rock avec un aspect Cold Wave. C’est aussi le regard que vous avez sur l’évolution musicale de HANGMAN’S CHAIR ?

Je pense que cela s’est fait très naturellement. Lorsqu’on a monté ce projet en 2005, on écoutait beaucoup de Doom, de Stoner et de Sludge et cela se ressent sur les deux premiers albums. Sur la durée, on a sans doute gagné en maturité humainement, et cela s’en ressent musicalement. On a plus assumé notre son et nous nous sommes un peu éloignés de ces registres-là. Cela dit, le Doom est toujours présent à travers la lourdeur des morceaux, par exemple. Petit à petit, on a affiné et aussi coloré notre musique à travers la recherche de sons. Le côté Gothic et Cold Wave est plus visible, c’est vrai. On travaille depuis quelques albums beaucoup plus sur les textures et les atmosphères. « A Loner » s’inscrit dans cette continuité. Par ailleurs, ce ne sont pas forcément des choses que l’on écoute. On suit quelque chose d’identique sur le concept au fil des albums finalement.     

– Avant de parler de ce nouvel album, est-ce que ces changements de registres vous ont aussi permis de conserver vos fans, de les faire grandir avec vous et même d’en gagner ?

Oui, ça marche avec, c’est vrai. Il y a les gens qui nous suivent depuis le début. Il y en a aussi forcément que l’on a perdu sur la route. Dans l’ensemble, les fans de base ont compris l’évolution musicale du groupe. Et puis, on en a gagné aussi et notre audience s’élargit. Tout ça est naturel. Il y a également tout ce qui entoure le groupe : le label, la visibilité, les médias, etc… Et comme les choses se font aussi plus sérieusement, tu y gagnes évidemment en retour.  

– Juste avant de sortir « A Loner », vous étiez chez Spinefarm, un label très réputé. Qu’est-ce qui vous a convaincu de rejoindre Nuclear Blast ? C’était une décision de votre part, ou peut-être un désir de changement et de nouveau départ ?

On a vraiment été ravi que Nuclear Blast nous contacte, qui ne le serait pas ? (Rires) On savait que le bureau allemand nous suivaient depuis quelques années. Ils nous ont justement contactés au moment où cela ne se passait pas vraiment comme on le souhaitait avec Spinefarm. On a rompu le contrat et Nuclear Blast nous recontacté à ce moment-là. Avoir un label aussi prestigieux qui nous propose de collaborer pour la suite a été une très bonne chose, et après quelques discussions entre nous, la décision s’est faite très rapidement. Ils adorent ce que l’on fait, ils nous le font sentir et on voit déjà tout le travail qui a été fait en amont et l’investissement apporté. On ne peut qu’être ravi ! On attend avec impatience la suite, car nous n’en sommes qu’au début, mais pour un groupe comme nous, c’est difficile de trouver mieux.

– Très bien produit, « A Loner » reste dans des atmosphères mélancoliques, qui sont finalement aussi votre marque de fabrique. Loin d’être lancinante, votre musique reste toujours percutante. Ce côté Metal et Rock reste définitivement ancré ?

C’est vrai que c’est une approche pour faire passer des émotions. Ce qui nous intéresse, c’est l’équilibre dans tout ça. On vient de musiques plutôt extrêmes et on se nourrit de tout ce qu’on écoute, et c’est sur ce contraste qu’on aime jouer. Lorsque l’on commence à composer, on pense toujours à l’équilibre entre les émotions. On travaille beaucoup sur le son, le fait d’aérer notre musique et trouver cette balance. On aime ce côté brutal que l’on trouve dans le Metal, mais aussi des aspects plus planants. Cela fait partie intégrale de notre identité. On écoute aussi peut-être beaucoup plus d’autres choses qu’auparavant, et cela multiplie les influences qui se retrouvent sur l’album. Mais il y a toujours ce petit goût de Metal HardCore.

– La production de l’album est peut-être moins organique, mais toujours très soignée. On a presque l’impression que « A Loner » a été imaginé pour être écouté au casque pour plus d’immersion…

Oui, c’est aussi notre impression. Par ailleurs, le fait qu’on ait composé dans la période de confinement a joué. On a plus porté notre attention sur le son et l’ambiance, et cela a vraiment marqué l’album. Et c’est vrai qu’on l’a composé au casque ! (Rires) Cela a aussi été une nouvelle manière d’enregistrer et d’aborder ce nouvel album. C’est marrant que tu dises ça, parce que c’est exactement ce qu’il s’est passé ! (Rires) Il y a aussi beaucoup de travail sur les détails comme les effets stéréo, par exemple. Il faut peut-être être dans une bulle et s’isoler pour écouter ce genre de musique, c’est vrai.

– Il y a un aspect très cinématique sur l’album. Est-ce que vous avez conçu « A Loner » sur un concept précis, ou alors morceau par morceau, plus traditionnellement ?

Julien est arrivé avec un concept. Cela dit, chacun compose aussi beaucoup de son côté. Et ensuite, dans cette période qu’on adore et dans laquelle on est le plus à l’aise, c’est-à-dire l’écriture, il fallait se mettre autour de ce concept pour faire des morceaux et une entité complète à travers un album. Le côté cinématique a toujours été très présent chez nous. On a toujours composé dans ce sens-là, car on adore raconter des histoires à travers nos morceaux. Après, il a fallu en faire un album qui s’écoute de bout en bout comme pourrait se regarder un film. Et il y a la construction tout autour, qui commence par un titre en forme d’intro, un interlude et un morceau de fin aussi. Chaque titre a vraiment une place précise dans l’album. On ne pourrait pas se contenter de placer des singles, parce qu’il y a de très bonnes chansons qui vont pas dans un album, par exemple. C’est pour ça qu’on met certaines choses de côté aussi. Ce qui nous intéresse est surtout ce côté puzzle dans la composition d’un album avec toute la cohérence que cela implique.

– En amont de la sortie de l’album, vous avez également diffusé les clips des deux premiers singles, « Cold & Distant » et « Loner ». Très bien conçus et réalisés tous les deux, ils donnent aussi l’impression que le visuel compte beaucoup chez HANGMAN’S CHAIR. La vidéo est devenue un support incontournable pour vous, ou juste un support marketing finalement ?

Pour être honnête, sur les albums précédents, on aurait adoré avoir cet outil promotionnel. C’est une très bonne chose d’avoir Nuclear Blast derrière toi qui te permet de débloquer des fonds pour travailler avec des supers réalisateurs pour faire des choses de goût. Ce n’est pas un domaine qui est notre fort, non plus, à la base. Mais on a toujours la main sur tout, du début à la fin. En tout cas, on essaie. C’est vrai qu’avant, on n’a jamais eu la possibilité d’habiller les morceaux avec de superbes images et de réaliser de beaux clips. Je pense qu’avec cet album, c’est quelque chose qu’on a réussi à faire. C’est très important aussi, que ce soit dans la pochette ou les vidéos, de préserver cette chartre graphique et que l’on soit fier du résultat. On a fait confiance et on a laissé carte blanche pour sublimer les morceaux en les mettant en image. C’est un vrai plus et on est hyper-satisfait du résultat évidemment. Cela dit, c’est vrai qu’on aime avoir la main sur tout, que ce soit le merchandising aussi. Tout ça prend du temps, car on passe par des graphistes, des illustrateurs… Beaucoup de groupes laissent leur label faire et ce n’est pas ce qu’on veut. En tout cas, on veut faire des choses à notre goût ! (Rires)

– D’ailleurs, et pour conclure, l’actrice Béatrice Dalle figure dans le clip de « Cold & Distant ». Comment cette collaboration et cette rencontre ont-elles eu lieu ? Et s’est-elle impliquée de son côté directement en apportant quelques idées, par exemple ?

Elle a fait son taff d’actrice avec brio. En fait, cela a été un concours de circonstance. On a travaillé avec un réalisateur qui s’appelle Oscar Bizarre, qui connait bien Béatrice Dalle. On avait tourné un clip avec lui, et on avait trois clips à faire au total. Il lui en a parlé et après avoir écouté le morceau, elle a accepté. On a du chambouler un peu notre planning, mais on savait qu’elle pouvait vraiment sublimer le clip. Elle s’est vraiment impliquée dans la mesure où tout tourne autour d’elle et de son jeu d’actrice. Oscar l’a dirigé, car nous étions encore en studio, en apportant ses idées auxquelles elle a complètement adhéré. Elle a parfaitement compris le concept du clip et on l’a remercie énormément. 

Le nouvel album de HANGMAN’S CHAIR, «  A Loner »,  est disponible depuis le 11  février chez Nuclear Blast.

Retrouvez également toutes les dates de concerts du groupe :

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Post-Metal Sludge

Kyoty : post-apocalyptique

Surprenant et captivant, ce deuxième album de KYOTY, duo atypique du New Hampshire, dépasse à peu près tout ce qui a pu être réalisé en termes de Sludge atmosphérique aux sonorités Indus. Le groupe arrive avec facilité à ensorceler son auditoire en parcourant des ambiances vacillant entre désespoir et coups de tonnerre. « Isolation » n’aura jamais aussi bien porté son nom.

KYOTY

« Isolation »

(Deafening Assembly)

KYOTY est un OVNI musical comme on en rencontre assez peu. Composé de Nick Filth (guitares) et de Nathaniel Parker Raymond (basse), le duo américain parvient à offrir des tessitures étonnantes à sa musique. Ayant testé plusieurs batteurs, c’est cette formation qu’a adopté le groupe, qui signe ici son deuxième album, « Isolation ».

Un album qui porte bien son nom, puisqu’il a été entièrement enregistré à distance durant les phases de confinements que le duo a aussi essuyé en 2020. Et le résultat est étonnant autant que bouleversant. Entièrement instrumental, « Isolation » s’étend sur 1h10 à travers dix titres puissants, témoins de l’état de la solitude vécu par KYOTY.

Le post-Metal enrobé de Sludge atmosphérique et d’ambiances et de sonorités obscures fait d’ailleurs assez froid dans le dos. Conçus par le groupe, la pochette est toute aussi éloquente et dépeint une lourdeur démonstrative et pesante. KYOTY possède un univers rare, évocateur et singulier et qui prend ici toute son ampleur. Une vraie réussite.

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Black Metal Post-Metal Sludge

Alta Rossa : quand le ciel s’assombrit

La scène Metal extrême française a depuis bien longtemps perdu de sa timidité et aussi peut-être d’un léger manque de savoir-faire, elle est aujourd’hui l’une des plus créatives, techniques et prolifiques. Certes, les membres d’ALTA ROSSA ont déjà fait leurs preuves, il n’en demeure pas moins qu’avec « Void Of An Era », le quintet signe un premier album massif et très abouti.

ALTA ROSSA

« Void Of An Era »

(Source Atone Records)

Né du rapprochement il y a deux ans entre des membres des groupes Horskh et Asidefromaday, ALTA ROSSA se présente avec un premier album brutal et saisissant. « Void Of An Era » dépeint de manière sombre l’état de notre monde et de notre époque avec une vision peu optimiste, c’est vrai, mais à travers laquelle le quintet affiche une vraie force emplie d’une belle résistance.

Dans une atmosphère lourde, à l’image de notre société, ALTA ROSSA se veut aussi fracassant que captivant. Dans un post-Metal où de nombreux registres extrêmes trouvent leur place, le combo ne laisse presqu’aucun répit, malgré quelques sonorités Noise à peine plus légères. Constitué de Sludge, de fulgurances Black Metal et parfois Hard-Core, le groupe exulte.

Gorgé d’une colère et d’une rage resserrées sur une demi-heure dense et bien tassée, ce premier opus rassemble tous les ingrédients propres à une explosion post-Metal en bonne et due forme faite d’urgence, de violence et une puissance envahissante (« Binary Cell », « Cycle », « Orbiting », « The Fall »). Et même si la batterie me paraît légèrement sous-mixée, ALTA ROSSA explore et brutalise à tout-va.

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Post-Metal

Cult Of Luna : en orbite stationnaire

Album après album, CULT OF LUNA continue d’enrichir un style bien à lui dans un post-Metal aux multiples facettes, le tout grâce à un univers sombre où la violence et la douceur font bon ménage. Avec « The Long Road North », les Suédois se montrent féroces et toujours aussi techniques, et guidés par un chant hypnotique et rageur. Une nouvelle prouesse.

CULT OF LUNA

« The Long Road North »

(Metal Blade Records)

Les très prolifiques Suédois font déjà leur retour après « The Raging River », sorti il y a tout juste un an. Il faut croire que CULT OF LUNA avait encore des choses à dire, car « The Long Road North » dépasse l’heure sans être trop répétitif. Après plus de 20 ans passés à s’approprier le Sludge, le post-Rock et le post-HardCore, le sextet est désormais identifiable entre mille et caractérisé par un post-Metal très personnel. 

Dans la lignée des deux dernières réalisations du sextet, ce neuvième album ne surprend pas vraiment, mais rassure sur les capacités du groupe à explorer encore plus son registre pourtant bien établi. Et dès « Cold Burn » et ses presque dix minutes, CULT OF LUNA envoûte et assomme grâce à un riff pénétrant et tellurique, malmené par un Johannes Persson impérial.

Enrobés de claviers et de samples utilisés à bon escient, les nouveaux morceaux des Scandinaves créent des sensations à la fois brutales (« The Silver Arc ») et apaisantes comme « Beyond I », chanté par Mariam Wallentin et sa voix cristalline. Sur de solides rythmiques et des changements d’atmosphères entre déflagrations et immersion totale, CULT OF LUNA tient son rang avec brio.

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Doom Metal Sludge

Daemonelix : éclats de Metal

Malgré son format court, ce premier EP des Américains de DAEMONELIX se veut pourtant imposant et remarquablement réalisé. Le Metal teinté de Doom, de Psych et de Death du quintet présente un univers aussi néolithique qu’apocalyptique. « Devil’s Corkscrew » ravive la légende et entretient le mythe.  

DAEMONELIX

« Devil’s Corkscrew »

(Metal Assault Records)

Bouillonnant et assommant, DAEMONELIX sort son premier EP de quatre titres sur le label Metal Assault Records. Basé du côté de Los Angeles, le quintet nous plonge dans un univers douloureux dans lequel les styles les plus obscurs, violents et même psychédéliques se côtoient et s’entrechoquent avec fracas et détermination. Les Américains ont craqué l’allumette…

Façon rouleau-compresseur, DAEMONELIX combine Doom, Sludge et Death Metal pour créer un registre assez singulier et ce premier effort dévoile déjà de belles choses. Démoniaque, le combo n’en oublie pas d’être mélodique et groove pour autant. Les riffs costauds et appuyés de Derek Philipps (Albatross Overdrive) se font entêtants grâce à une solide base Heavy Metal (« Raise Crows »).

Percutante et massive, la lourde rythmique entraine sans complexe des growls puissants sur lesquels s’envole la voix envoûtante d’Ana Garcia Lopez, la touche féminine de DAEMONELIX, qui n’en demeure pas moins féroce (« Sing For The Moon »). Décidemment, les Californiens sont plein de surprises et alternent les passages agressifs avec des ambiances pesantes parfaitement dosées.  

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Doom Sludge Stoner Metal

Ocultum : la clameur des abîmes

Entre occultisme, hallucinations sonores et une épaisse fumée de circonstance, OCULTUM se fraye un chemin à coup de machette dans un Stoner Doom massif et pesant. Le trio chilien n’a pas son pareil pour s’engouffrer dans un style d’une lourdeur incroyable, où le Sludge se fait même une place de choix.

OCULTUM

« Residue »

(Interstellar Smoke Records)

Pour ce nouvel album, les Chiliens d’OCULTUM n’y sont pas allés de main morte. 50 minutes en seulement quatre morceaux, autant dire que le Stoner Doom du trio prend son temps pour tout écraser sur son passage. Malgré tout, ce deuxième opus, qui fait suite à « Ceremonia Oculta Primitiva » en 2015, se veut très compact et particulièrement assommant.

Pénétrer dans l’univers d’OCULTUM n’est pas non plus une mince affaire. Ricardo Robles (batterie), Pablo Kataldo (basse) et Sebastian Bruna (guitare, chant) y invoquent les forces occultes pour élaborer un style lourd et incisif où les riffs enveloppent les morceaux comme pour mieux les étouffer. « Residue », s’il reste très sabbathien, pousse l’expérience encore un peu plus loin.

Sur « The Acid Road » et « Residue » qui ouvrent l’album, OCULTUM envoie deux missiles de près de dix minutes à glacer le sang. Rythmiques massives, guitares imposantes et une voix sortie des ténèbres, ce n’est pourtant que le début. Le Sludge prend même le dessus sur « Ascending With The Fumes Of Death » et « Reflections On Repulsiveness » pour un final dantesque.  

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Sludge Stoner/Desert

Tigerleech : des griffes tranchantes

De la consistance, TIGERLEECH n’en manque pas. D’une densité incroyable, le quatuor livre un deuxième album où mélodies entêtantes se fondent dans une déferlante de riffs soutenus et d’une solide rythmique. La puissance du chant met en lumière des compos à l’impact évident. « Melancholy Bridge » secoue autant qu’il envoûte.

TIGERLEECH

« Melancholy Bridge »

(M&O Music)

Après deux EP et un premier album très bien accueilli (« The Edge Of The End » sorti en 2019), les Parisiens de TIGERLEECH reviennent avec un nouvel opus très abouti qui voit leur style évoluer avec une efficacité redoutable. Grâce à un songwriting resserré qui laisse aussi beaucoup de liberté, « Melancholy Bridge » propose un Stoner Rock racé aux contours Sludge brutal et Heavy.

Remarquablement bien produit, ce deuxième effort montre beaucoup d’assurance, de technicité et de maîtrise de la part de TIGERLEECH. Costaud et affûté, le quatuor alterne les passages rugueux, plus légers et planants sur des morceaux portés par de belles mélodies (« The Messenger », « We, As Smart We Are »). Et autour de textes assez sombres, une belle énergie vient envelopper « Melancholy Bridge ».

Une tonalité très Grunge se dégage aussi de l’album et elle est très clairement due à son frontman dont la voix écorchée n’est pas sans rappeler un certain Eddie Vedder. Mais grâce à des riffs racés et massifs, TIGERLEECH sait aussi durcir le ton sur des titres addictifs et entraînants (« Pieces Of Me », « Back From The Hereafter »). Le combo parisien signe un très bon album qui devrait sans aucun doute enflammer les scènes.

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Doom Metal Sludge Stoner/Desert

[Going Faster] : Käto / TarLung

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

KÄTO – « Québec Gold » – Independant

En tout juste quatre ans d’’existence, KÄTO n’est pas resté les bras croisés, loin de là. Après un album (« M39 »), un Live et un EP (« Fumeurs en Série »), le trio est déjà sur le front avec un nouvel opus, « Québec Gold », doté d’une énergie folle et dont le style flirte avec bien d’autres. Sur une solide base Stoner Metal, le combo propose six morceaux et un interlude (« Le Siffleux »), où il passe d’une ambiance à une autre avec une fluidité d’exécution remarquable (« Nullepart Express », « Shotgun Ménard »). S’exprimant en français, ce qui assez inédit pour être souligné, KÄTO a conçu « Québec Gold » en trois jours seulement et dans un chalet autonome, juste assisté d’un générateur et de son producteur. La spontanéité des titres fait mouche et on se délecte carrément sur le solo du morceau-titre, qui est un furieux et Heavy clin d’œil au « Freebird » de Lynyrd Skynyrd. Un goût de trop peu pour ce très bon album.

TARLUNG – « Architect » – Independant

Alors que de très nombreux groupes Doom et Sludge se privent volontairement de guitare pour accentuer le côté massif et sombre de leur musique, TARLUNG opte pour une toute autre option en évoluant sans basse. En effet, le trio de Vienne en Autriche compte un batteur et deux guitaristes dont l’un assure aussi le chant. Et la formule est vraiment bonne et libère une énergie et une clarté étonnante. Formé fin 2013, les Autrichiens continuent leur bonhomme de chemin au service d’un Stoner Doom percutant où le Sludge se taille la part du lion à travers des morceaux lourds, compacts et relativement longs (« Infinity », « Weight Of Gravity », « Hordes Of Plague »). Les guitares basses et rugueuses combinent parfaitement avec une voix forte et profonde. Avec un line-up si original, TARLUNG parvient à donner un relief abyssal à « Architect » sur six titres hypnotiques et addictifs. Une prestation et une performance assommantes et solides.      

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Psych Sludge Stoner/Desert

Tremor Ama : une magnitude stratosphérique

Réduire TREMOR AMA à un simple groupe de Stoner Sludge serait trop simpliste, car le quintet français propose avec « Beneath » un album aussi Psych que Progressif avec même des sonorités Doom bien senties. Très bien (auto)produit, ce premier opus est aussi aérien que percutant, et aussi inspiré qu’inspirant.

TREMOR AMA

« Beneath »

(Salade Tomate Orion)

Les premières secousses sismiques provoquées par TREMOR AMA se sont fait ressentir en 2017 avec un premier EP éponyme qui a lancé le quintet. Quatre ans plus tard, les Français sortent « Beneath », un opus aussi captivant que prometteur. Très varié, le Stoner très Sludge et Progressif du combo est d’une fluidité étonnante et saisissante, signe d’une grande maturité.

Bien qu’autoproduit, « Beneath » bénéficie d’un son largement à la hauteur des réalisations actuelles, et qui met en lumière toutes les variations musicales du groupe dont certaines fulgurances post-Rock et Psych qui offrent un aspect aérien aux compos de TREMOR AMA. Et passé l’intro planante qui ouvre l’album, on plonge littéralement dans un univers stratosphérique.

Malgré de gros riffs tendus et des structures singulières, le quintet propose des morceaux assez épurés, qui vont à l’essentiel. « Beneath » gagne en épaisseur au fil des titres pour frapper au moment opportun (« Grey », « Eclipse »). Multipliant les atmosphères, TREMOR AMA conserve pourtant une belle homogénéité tout au long de l’album en ne laissant rien au hasard (« Mirrors »). Une vraie réussite. 

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Doom Metal Sludge Stoner/Desert

[Going Faster] : N E K E R / Doom Sessions / Demon Incarnate

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

N E K E R – « Slower » – Time To Kill Records

Il semblerait que le one-man-band de Nicola Amadori (basse, chant) ne soit plus qu’un lointain souvenir. Depuis « Louder », premier album sorti en 2017, l’Italien semble s’être attaché à Daniele Alessi (batterie) et Alessandro Eusebi (guitare). Et il faut reconnaître que le trio est plus que cohérent et son Sludge aux saveurs Doom et Southern est très riche et envoûtant. N E K E R a fière allure et « Slower » atteint les sommets attendus depuis ces dernières années. Tout en mouvement et en progression, le trio transalpin se montre capable d’être tranchant et agressif comme plus lent et pesant. Entre un Doom très sombre et un Sludge démoniaque, « Slower » offre une palette incroyable de variations de tempos et d’harmonies. Et le chant très protéiforme d’Amadori apporte une fraîcheur presque ensorceleuse. 

Doom Sessions Vol. 666 – DEAD WITCHES / WITCHTHROAT SERPENT – Heavy Psych Sounds Records

Pour le sixième volume de ses « Doom Sessions », Heavy Psych Sounds Records affiche le chiffre de la bête et une pochette à faire frémir avant même la première écoute. Il faut admettre que le duo formé par le label italien nous plonge dans les tréfonds du Doom le plus obscur et occulte qui soit. Et ça commence frontalement avec le quatuor britannique DEAD WITCHES avec un morceau long de 14 minutes. Le nouveau projet du batteur Mark Greening (ex-Electric Wizard, Ramesses et With The Dead) navigue entre ténèbres et brutalité grâce, notamment, à sa chanteuse Spring Thompson. Puis direction la France, Toulouse, avec WITCHTHROAT SERPENT qui signe les deux autres titres. Le Stoner Doom du quatuor ne manque ni d’impact, ni d’intérêt, loin de là ! Un sixième très bon cru de 40 minutes du label italien.

DEMON INCARNATE – « Leaves Of Zaqqum » – Metalville

C’est une belle surprise que proposent les Allemands avec un quatrième album, « Leaves Of Zaqqum », que le groupe a eu le temps de mûrir et de peaufiner durant ces derniers mois d’inactivités scéniques. Mené par Lisa Healey (chant), Jan Paul (guitare) et Kai Schneider (batterie) qui composent l’essentiel des morceaux, DEMON INCARNATE est complété par Matz Naumann (basse) et Donny Dwinanda Putra (guitare) venus s’y greffer. Le Stoner Metal du combo est très fortement orienté vers le Doom avec efficacité et de solides riffs. Le quintet germanique réussit une belle synthèse d’influences sabbathiennes avec des ambiances rappelant fortement Candlemass, tout en y injectant délicatement des sonorités orientales. La particularité de DEMON INCARNATE réside aussi dans la voix de sa chanteuse, qui est vraiment la signature du groupe.