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Blues

Joanna Connor : wild slide woman

Produite par Joe Bonamassa, qui joue également sur deux titres de ce nouveau petit bijou, la chanteuse et guitariste JOANNA CONNOR déverse un Blues plein d’émotion et d’une énergie incroyable. Accompagnée par un groupe de classe mondiale, l’Américaine irradie de son talent les dix morceaux de « 4801 South Indiana Avenue », qui est d’une élégance totale. Un must !

JOANNA CONNOR

« 4801 South Indiana Avenue »

(KTBA Records)

Présente depuis les années 80 sur la scène Blues de Chicago, on ne présente plus JOANNA CONNOR, l’une des reines incontestables du Blues Rock et surtout une virtuose de la slide. Toujours très bien entourée, l’Américaine s’est adjoint les services d’un groupe hors-norme pour son 14ème album, le premier sorti sur le label indépendant de Joe Bonamassa, qui produit avec Josh Smith ce magnifique « 4801 South Indiana Avenue ».

Tirant son titre d’un haut lieu du Blues et Funky de Chicago, l’atmosphère qui se dégage de ce nouvel album de la songwriter est juste exceptionnelle. Soutenue par le claviériste Reese Wynans (SRV), du bassiste Cavin Turner, du batteur Lemar Carter et d’une session cuivre renversante, JOANNA CONNOR explose et tire des sons incroyables de sa Gibson. Toute aussi puissante vocalement, elle rayonne sur les dix morceaux.

Dominant les débats sur « Destination », « For The Love Of A Man » ou « I Feel So Good », la guitariste livre une prestation à la hauteur de sa réputation : fougueuse, dynamique et intense. Honky-Tonk sur « Come Back Home », pleine d’émotion sur « Bad News » en hommage à Luther Allison et presque psychédélique sur « It’s My Time », JOANNA CONNOR livre un vrai chef- d’œuvre, qui s’annonce comme un futur classique du genre. 

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Blues

Selwyn Birchwood : éclatant de vérité

Remarqué dès ses débuts pour sa technicité et surtout son feeling, le guitariste et chanteur américain SELWYN BIRCHWOOD brille une fois encore sur ce troisième album, « Living In A Burning House », au groove et à l’originalité imparable. Accrocheur et sensible, le bluesman se veut très contemporain, tout en respectant l’héritage de ses aînés, et affiche une touche très personnelle.

SELWYN BIRCHWOOD

« Living In A Burning House »

(Alligator Records)

Après avoir été le guitariste de Sonny Rhodes, SELWYN BIRCHWOOD s’est lancé en solo en 2014 avec « Don’t Call No Ambulance », puis «  Pick Your Poison » deux ans plus tard. C’est sur le prestigieux label Alligator Records que le Floridien livre son troisième album, gage de la qualité et du talent du musicien. Et produit par Tom Hambridge (Buddy Guy, Susan Tedeschi), « Living In A Burning House » est une fois encore très relevé.

Brillamment accompagné par le saxophoniste baryton Regi Oliver, l’expérimenté batteur Philip Walter, le bassiste Donald Wright et Walter May aux claviers, SELWYN BIRCHWOOD fait parler le groove et son feeling à travers un Blues teinté de Rock et de Soul. Joueur de lap steel, on retrouve ce son si particulier au fil de l’album, apportant beaucoup de fraîcheur à des morceaux d’une énergie folle et d’une grande authenticité.

Influencé par Buddy Guy, Muddy Waters et Jimi Hendrix, l’Américain a parfaitement réussi à se créer une réelle identité, très identifiable grâce notamment à sa voix grave, son jeu virevoltant et un humour très présent. Sur une belle dynamique, SELWYN BIRCHWOOD distille ses morceaux avec une envie communicative et contagieuse (« Freaks Come Out At Night », « Can’t Steal My Shine », « I Got Drunk Laid And Stoned », le morceau-titre et « Mama Knows Best », un duo endiablé avec Diunna Greenleaf). Réjouissant !

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Heavy metal Progressif

Witherfall : chauffé à blanc

Lorsque quatre virtuoses décident de se défouler et de n’en faire qu’à leur tête, ça peut vite tourner au cauchemar… ou au mal de crâne. Avec WITHERFALL, c’est plutôt une explosion de mélodies mêlées à une technique et un groove hors-norme qui prend le dessus. Animés par une rage très virulente, les Californiens sont venus pour en découdre et « Curse Of Autumn » fait ressortir toute la classe de cet incroyable quatuor.   

WITHERFALL

« Curse Of Autumn »

(Century Media)

En seulement deux EP et ce troisième album, WITHERFALL s’est fait une place de choix dans le paysage Metal. Terriblement Heavy, un brin vintage, hyper-technique et très mélodique, le quatuor américain s’est créé un univers autour d’un style unique et original. Il faut dire qu’avec un line-up et une équipe pareille, le quatuor est à même d’en laisser plus d’un sur le carreau. Et pourtant, les Californiens sont en colère et « Curse Of Autumn » a été conçu dans l’optique de régler certains comptes et d’exorciser leur exaspération.

Avec pour ambition d’enterrer littéralement tous ceux qui ont entravé leur parcours, la formation menée par le chanteur et claviériste Joseph Michael et l’incroyable guitariste Jake Dreyer se fait franchement plaisir. Accompagné par Marco Minnemann (Demons & Wizards) derrière les fûts et Anthony Crawford et son groove légendaire à la basse fretless, le duo prend le taureau par les cornes et s’abat comme la vérole sur le bas-clergé… WITHERFALL n’en fait qu’à sa tête en brouillant sans cesse les pistes.

Faisant sans trembler le grand écart entre un Heavy Metal musclé, un Metal Progressif très structuré et un Technical Thrash totalement débridé, les Californiens en rajoutent et ne se perdent jamais. Breaks et ponts à perte de vue, solos à faire pâlir un Malmsteen (« The Last Scar ») et longs titres épiques (« And They All Blew Away », « Tempest »), WITHERFALL met tout le monde à terre entre demonstrations hallucinantes et mélodies radieuses (« As I Lie Awake », « Curse Of Autumn », « The Other Side of Fear »). Juste éblouissant !

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Blues

Ally Venable : Texas rules !

Si ALLY VENABLE fait sonner sa Gibson et entendre sa voix depuis seulement cinq ans, c’est en blueswoman aguerrie et au style très personnel qu’elle livre un quatrième album authentique, entre un Blues Rock imprégné de SRV et un Southern Rock très percutant. « Heart Of Fire » est une réalisation à la hauteur du grand talent de la jeune texane.

ALLY VENABLE

« Heart Of Fire »

(Ruf Records)

Le monde du Blues Rock se féminise peu à peu depuis quelques années et c’est une très bonne chose ! Si Ana Popovic, Jessie Lee ou Samantha Fish sont aujourd’hui reconnues, d’autres ont pris le train en marche pour s’affirmer non seulement comme de très bonnes chanteuses, mais aussi et surtout comme des musiciennes hors-pair. Et c’est le cas pour ALLY VENABLE, jeune texane de 22 ans, nourrie au Blues et au Southern que sa fougueuse jeunesse semble avoir parfaitement assimilé.

La précocité de la chanteuse et guitariste vient tout de même rappeler qu’elle publie rien moins que son quatrième album en cinq ans d’une carrière menée tambour-battant. Si son jeu n’est pas sans évoquer Buddy Miles, Robin Trower voire Lynyrd Skynyrd ou Bad Company, ALLY VENABLE présente un style très actuel, où ses capacités vocales semblent déjà prendre une place prépondérante. D’ailleurs, quelques grands noms ne s’y sont pas trompés et sont venus apporter une belle contribution à « Heart Of Fire ».

Sur « Road To Nowhere », c’est le grand Devon Allman himself qui vient juste poser des chœurs et quelques accords. Et ce n’est pas tout puisque le virtuose Kenny Wayne Shepherd offre un superbe solo en forme de duel sur le génial « Bring On The Pain », empreint d’une fièvre très Southern. Justement, « Hard Change » et « Do It In Hells » restent dans cette veine, tout comme « Sad Situation ». Très à l’aise sur sa Gibson à travers des riffs classieux, ALLY VENABLE s’avère également redoutable à la slide, la wah-wah ou au dobro.    

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Rock Stoner/Desert

Fellowcraft : l’empreinte du Rock américain

Coincé comme tout le monde par la pandémie et après avoir sorti trois singles, FELLOWCRAFT présente enfin son troisième album. Sans détour, le Rock Alternatif aux aspects Metal et progressifs du quatuor est une belle bouffée d’oxygène, pleine d’émotion et de force.

FELLOWCRAFT

« This is Where You’ll Find Me »

(Independant)

Fondé en 2014 et après avoir évolué dans un Indie Rock un peu conventionnel, FELLOWCRAFT a réellement pris un tournant musical en 2019 avec les arrivées de Pablo Anton-Diaz (lead guitare) et de Zach Martin (batterie). Dès lors, le quatuor de Washington a changé de cap pour prendre une envergure plus imposante, compacte et dense, sans oublier de belles envolées progressives.

Toujours guidés par leur fondateur Jon Ryan MacDonald (guitare, chant), les Américains sortent en autoproduction un troisième album riche et homogène. D’ailleurs, la production puissante et colorée, signée par Tonio Ruiz (sa seconde) à qui l’on doit de très bons et majeurs albums de Rock mexicain, n’est pas étrangère à ce nouvel élan pris par FELLOWCRAFT. Et ça ne manque ni d’ambition, ni de percussion.

Très brut, « This is Where You’ll Find Me » reflète à la fois un Rock Alternatif américain rappelant Pearl jam ou Audioslave, mais la dimension progressive de l’album le rend plus original encore. Du très bon « Coyote and the Desert Rose » ou « Last Great Scotsman II » (essayez donc de vous enlever le refrain de la tête !), FELLOWCRAFT livre aussi des prises studio live très prenantes et authentiques. Une gourmandise.

Bandcamp : https://fellowcraft.bandcamp.com

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France Stoner/Desert

Appalooza : du far-west à la west coast [Interview]

Formé à la pointe du Finistère, c’est pourtant aux Etats-Unis qu’APPALOOZA est parti s’aguerrir, fort d’un Stoner Rock massif d’une efficacité granitique. Après deux tournées américaines où le trio breton a eu tout le temps de peaufiner son registre, c’est sur le label californien Ripple Music qu’il signe son deuxième album, « The Holy Of Holies ». Une belle récompense pour ses travailleurs acharnés, qui reviennent sur leur parcours.

– Vous avez commencé à Brest en 2012 et avez sorti deux démos durant les deux ans qui ont suivi. Jouer du Stoner Rock à cette époque-là était peu courant en Bretagne et plus largement en France. Comment APPALOOZA a-t-il pris son envol ?

Au départ, les compositions d’Appalooza n’évoluaient pas vraiment dans un registre Stoner/Desert Rock, mais plus dans un registre Rock Alternatif/Grunge des 90’s. Les influences Stoner sont arrivées naturellement avec son engouement et la multiplication des groupes du genre émergeant en Bretagne. Nous étions un peu les cadets de cette scène à l’époque. Nous nous sommes nourris de cette scène en partageant de nombreux plateaux avec Stonebirds, Jackhammer, JumpingJack, etc. Ça nous a beaucoup apporté dans notre parcours.

– S’en est suivi un premier album éponyme en 2018 après une première tournée américaine. Qu’est-ce qui vous avait poussé à prendre le large et traverser l’Atlantique ? Rares sont ceux qui franchissent le pas… 

C’était un rêve de gosse de pouvoir un jour s’envoler au pays de l’Oncle Sam. La culture, la musique, les paysages, l’état d’esprit… Combiner la musique avec les USA était un rêve fou qui nous paraissait inaccessible sur le papier. A un moment, on s’est regardé et on sait dit : « mais pourquoi ne pas juste le faire ? »

On s’est donné les moyens et avons tout fait pour organiser notre tournée là-bas. Nous avons donc réalisé un gros travail de mailing et avons contacté énormément de bars, cafés-concerts et salles pour nous produire. Suivant les disponibilités, il a souvent été possible de se greffer (parfois au dernier moment) à un plateau déjà existant ou même d’en créer un de A à Z. Nous sommes partis à l’aéroport pour acheter nos billets, nous ne pouvions plus faire machine arrière.

– Quels souvenirs gardez-vous de ces premiers concerts aux Etats-Unis, et quel accueil le public américain vous avait-il réservé ? Et en quoi la seconde série de concerts là-bas a-t-elle été différente ?

Epuisant, mais mémorable et à refaire sans hésiter. C’est un pays gigantesque, la distance entre chaque concert nous ne laissait, la plupart du temps, pas le choix de conduire que toute la nuit. Pour notre seconde tournée, nous avons eu la possibilité de nous introduire directement sur celle d’un groupe Texan, par le biais d’un contact américain. Celle-ci a été beaucoup plus intense, puisqu’elle est partie du Texas et a traversé de nombreux Etats tels que le Nouveau-Mexique, l’Arizona, la Californie, le Nevada, l’Utah, le Colorado, le Nebraska, le Missouri, l’Indiana et l’Ohio.

Le Rock et le Metal là-bas, c’est quelque chose de normal. Tout le monde connait les classiques. Il y a également énormément d’excellents musiciens et de groupes. Nous avons été impressionnés par le niveau global de ceux que nous avons pu rencontrer. Le souci est qu’au bout d’un moment, il y a comme une impression de saturation. Il est parfois compliqué de sortir du lot, tellement le niveau d’exigence est élevé. On se rappelle de l’un de nos concerts à El Paso (Texas), où un groupe du coin est venu ouvrir pour nous. Les gars sont arrivés encore en tenu de travail, se sont installés, ont balancé en 10 min, joué comme des dieux pendant 20 minutes et sont partis dans la foulée l’air de rien. Enorme !

Par conséquent, l’autre problème qui en résulte est la communication sur certains événements. Hélas, vu la fréquence à laquelle certains lieux organisent des concerts à la semaine, la communication de certains promoteurs laisse à désirer. Il y a des soirs où nous avions comme seul public, les autres groupes présents, et d’autres où au contraire nous faisions salle comble. Ce fut le cas lors d’un concert à Laredo (Texas), où des mexicains ont pris le risque de traverser la frontière pour venir nous découvrir.

L’an dernier…

– APPALOOZA est ensuite remarqué par le label californien Ripple Music qui possède un beau catalogue en matière de Stoner notamment. Comment s’est passée la rencontre ? Ca doit être assez flatteur de figurer aux côtés de tels artiste, non ?

C’est un immense honneur pour nous d’être aux côtés de tels groupes et de vivre cette aventure avec Ripple Music. Il nous a paru évident de bosser avec ce label que nous suivions déjà depuis longtemps. Et nous voulions qu’ils soient les premiers à poser l’oreille sur « The Holy Of Holies ».

– « The Holy Of Holies » vient de sortir et le public français peut enfin faire plus ample connaissance avec APPALOOZA. Vous affichez une production massive et de solides compositions. C’est assez rare en France d’avoir des influences, une inspiration et un son aussi marqué par les Etats-Unis…

La culture et la musique américaine est omniprésente chez nous. Nous avons été éduqués musicalement à coup de Bruce Springsteen, Neil Young, Dire Straits, Deep Purple et d’autres grâce à nos parents. Avec ces bases-là, nous avons développé notre culture musicale qui est donc très américanisée. La scène nord-ouest américaine nous a notamment beaucoup marqué avec des groupes comme Soundgarden, Screaming Trees, Alice In Chains, Pearl Jam,… Après les cousins de Kyuss, Fu Manchu, Master Of Reality se sont greffés à tout ça.

– Vous avez d’ailleurs enregistré ce deuxième album en Bretagne et à Montaigu pour le master. Vous teniez à ce qu’il soit réalisé ici ? C’est une sorte de gage de votre identité sonore ?

Le choix du studio s’est fait assez naturellement. Pour ce second opus, nous avons décidé de retravailler avec notre ami ingénieur son, Adrian Bernardi, avec qui nous avions déjà enregistré notre deux titres « Animalia/Hourglass » sorti en 2017. Il a eu l’occasion de travailler plusieurs fois au Studio Le Faune à côté de Rennes, là où nous avons donc enregistré « The Holy Of Holies ».

– « The Holy of Holies » est aussi un album-concept, puisque vous y faites une critique ironique de la religion à travers toute une histoire. Comment est née l’idée de ce scénario ?

« The Holy Of Holies » est en effet une vision ironique de la religion. Une tempête arrive et envoie l’humanité à une mort certaine. L’absence de Dieu sur terre renvoie les hommes seuls. Ils sont privés et punis par leur individualisme et apparaissent déjà morts. Ils acceptent et cherchent un nouvel être à vénérer et envoient à travers le désert tous leurs péchés sur un bouc émissaire pour trouver le démon Azazael, le Saint des Saints. Cet ange déchu prend possession de l’humanité. Il les réincarne en une demi-espèce d’homme mi-bête en transplantant un crâne de cheval, symbole d’une liberté perdue.

Les paroles traitent de sujets tels que le mensonge, l’incapacité d’aider une personne en détresse, l’exploitation de l’homme par l’homme, la déception que l’on peut avoir en général envers les gens, l’éternel questionnement par rapport à notre existence et à celle de l’univers. Il y a un double sens dans nos textes. C’est pourquoi « The Horse », la mascotte, le totem du groupe, représente à la fois la société, la peur, l’interrogation, c’est un fourre-tout. On le voit surtout dans une forme de bourreau qui vient nous punir, parce que comme tout être humain, nous sommes tous pécheurs.

– Enfin, j’imagine que vous devez être impatients de remonter sur scène pour présenter l’album. Par où aimeriez-vous commencer : la Bretagne ou les Etats-Unis ?

Plouguenast ou Denver, qu’importe l’endroit pourvu qu’on puisse vite remonter sur scène et partager notre musique avec le public. C’est clairement là que nous nous sentons le plus vivant.

Bandcamp : https://appalooza.bandcamp.com/album/the-holy-of-holies

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Extrême

Doom Sessions Vol.3 : Italie vs USA

Ces deux-là se connaissent bien pour avoir partagé de nombreuses scènes à de multiples reprises en Europe et aux Etats-Unis. Compagnons de route, on retrouve cette fois -(16)- et GRIME sur un même disque : le volume 3 des désormais fameuses « Doom Sessions » d’Heavy Psych Sounds Records. Un rendez-vous de plus en plus incontournable pour les amateurs de sensations fortes.

DOOM SESSIONS VOL.3

-(16)- / GRIME

(Heavy Psych Sounds Records)

En juillet 2000, le label italien Heavy Psych Sounds Records a lancé ses « Doom Sessions », composées de split-albums ou EP où deux groupes se partagent la galette. Après Conan et Deadsmoke, puis 1782 et Acid Mammoth, c’est au tour des Américains de –(16)- et aux Transalpins de GRIME de prendre chacun une face de cette troisième production.

Et c’est le quatuor californien qui ouvre les festivités avec trois morceaux peut-être plus Sludge que Doom, mais d’une redoutable efficacité. La production met en avant le registre très massif du combo, dont on note d’ailleurs quelques changements. Nettement plus mélodique, mais toujours aussi sombre et menaçant, -(16)- évolue tout en maîtrise.

La déferlante de décibels survient peu après avec GRIME, qui se rapproche quant à lui plus qu’un Doom Death profond et agressif. Sur leurs deux morceaux, les Italiens montrent une belle variation au niveau de leur son, qui se veut moins ramassé et plus percutant. Et le trio reste dévastateur et martèle ses titres avec une vigueur rageuse.

Bandcamp :

-(16)- : https://16theband.bandcamp.com/music

GRIME : https://grime666.bandcamp.com

Heavy Psych Sounds Records : https://heavypsychsoundsrecords.bandcamp.com

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Extrême

Philm : avant-gardiste et instinctif

Psychédélique et vertigineuse, la musique de PHILM se balade entre plusieurs styles dans lesquels les Californiens excellent et affichent une grande maîtrise. Avant-gardiste et expérimental, son leader Gerry Nestler a su créer un univers étonnant où règne une liberté absolue. « Time Burner » est aussi inclassable que subtil.

PHILM

« Time Burner »

(Metalville Records)

C’est d’abord avec son groupe Civil Defiance que le génial multi-instrumentiste Gerry Nestler a fait son apparition sur la scène Metal américaine du côté de Los Angeles. Ce n’est qu’en 2010 qu’il fonde PHILM avec un certain Dave Lombardo derrière les fûts, qui partira assez vite chez Slayer. Devenu une référence de l’expérimental underground, c’est en trio que le musicien fait son retour.

Le leader et fondateur de PHILM n’aime pas être coincé dans un registre et c’est ce que l’on comprend vite à l’écoute de « Time Burner ». Metal, Stoner, Blues et même Jazz, ce nouvel album se veut avant-gardiste. Particulièrement libres dans l’interprétation, les Américains donneraient presque l’impression de faire une grosse jam, si l’ensemble n’était pas aussi bien ficelé et précis.

Après « Harmonic » et « Fire From The Evening Sun », PHILM livre un troisième album dans une atmosphère sombre et mélancolique d’où émane aussi une grande colère. L’incroyable complicité entre les trois musiciens est évidente, et Gerry Nestler a composé des morceaux d’une rare profondeur (« Cries Of The Century », « 1942 », « Spanish Flowers » et le morceau-titre long de 14 minutes). Un gouffre sans fond !

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Stoner/Desert

Jakethehawk : profond et organique

A l’instar de sa pochette, ce deuxième album de JAKETHEHAWK est aussi rafraîchissant que vivifiant et enthousiasmant. Avec « Hinterlands » le quatuor de Pennsylvanie nous invite dans sa maison au cœur d’une déferlante de riffs profonds et volcaniques. Sur des mélodies Psych et Prog, le combo emporte tout sur son passage. 

JAKETHEHAWK

« Hinterlands »

(Ripple Music)

Formé depuis seulement 2016, le quatuor de Pittsburgh, Pennsylvanie, distille pourtant un style parfaitement rodé, imaginatif et captivant. JAKETHEHAWK a judicieusement nommé son registre ‘Appalachian Rock’ coupant ainsi l’herbe sous le pied à de quelconques spéculations. Le son des Américains est tellement organique que pour un peu, en mettant toute cette électricité de côté, on se croirait en pleine nature, au cœur de la forêt.

Nourri au côté solide et technique du proto-Metal et des productions des années 80 et 90, JAKETHEHAWK a su enrichir son jeu d’atmosphères psychédéliques, de structures progressives tout en gardant à l’esprit l’héritage Folk de l’est américain. Et ce savant mix donne un style transcendant fait de riffs gigantesques, de solos perchés, d’une basse hyper-groovy et d’un batteur inspiré et métronomique. Un terrain  de jeu idéal !

Et les quatre J (John, Jordan, Justin et Josh) savent où ils vont. De « Counting » à « June » en passant par « Still Life », JAKETHEHAWK multiplie les breaks, les ambiances et les textures sonores pour rendre son Stoner Heavy Psych irrésistible et mélodique. En seulement un EP et deux albums, le quatuor américain s’est créé une identité musicale hors-norme et surtout d’un impact et d’une précision à couper le souffle (« Uncanny Valley »).

Bandcamp : https://ripplemusic.bandcamp.com/album/hinterlands

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Blues International

Popa Chubby : (quel) chapeau l’artiste ! [Interview]

La dernière année a bouleversé POPA CHUBBY, mais l’a également rendu très créatif… Une constante, certes. C’est avec son chapeau d’aluminium (« Tinfoil Hat »), que le New-Yorkais a composé ce nouvel album entièrement réalisé à la maison. Moqueur, tendre, en colère et toujours plein d’humour, le bluesman passe en revue les sentiments qui l’ont traversé ces derniers mois. Court entretien avant la sortie de l’album prévue le 12 mars chez Dixiefrog.

– Il y a un an, tu célébrais tes 30 ans de carrière avec l’excellent « It’s A Mighty Hard Road ». Quel regard portes-tu aujourd’hui sur l’album, et que ressens-tu de l’avoir si peu défendu sur scène ?

En fait, nous avions tourné en Europe début 2020, et donc réussi à défendre un peu le disque. Ensuite, nous avons terminé en Amérique du Nord le 16 mars, donc cette défense était en fait une attaque ! Et je prévois aussi de revisiter ce disque à mon retour sur scène.

– Sur ce même album, on ressentait un grand sentiment de liberté avec des morceaux très Blues Rock, mais aussi des sonorités latines, Reggae, Funk et une superbe reprise de Prince. Avec « Tinfoil Hat », tu reviens aux fondamentaux du Blues dans un style très épuré. Avant d’entrer dans les détails, on te sent moins insouciant, non ?

Au contraire, « Tinfoil Hat » est plus un cri de bonne santé mentale et de raison. Et c’était aussi un devoir artistique pour moi de commenter tous ces événements. Et je n’oublie jamais le public, non plus. Mais c’est vrai que « Mighty Hard Road » était plus une célébration.

– Parlons de « Tinfoil Hat », qui est autant un cri de colère que d’amour. On sait que tu as été très affecté par cette pandémie et par les événements que nous avons traversés …

Pour être honnête, je pense que le disque illustre toutes les émotions et les histoires que j’ai vécues pendant la pandémie. C’est un large éventail de ressentis formés de rage d’aimer, ainsi que de peur mais avec beaucoup l’humour. C’est toujours la muse qui dicte finalement. Et dans ce cas présent, elle a été gentille.

– Tu as entièrement joué et enregistré l’album chez toi, tout en étant très présent sur les réseaux sociaux. Comment t’es-tu adapté à cette situation inédite ? Rester en contact avec tes fans t’a semblé important compte tenu de l’absence de concerts ?

L’enregistrement chez moi n’est pas nouveau. ‘Chubbyland’ est mon laboratoire depuis de nombreuses années et entièrement équipé avec vraiment tout ce qu’il faut. La pandémie m’a permis d’atteindre de nouveaux niveaux sur tous mes instruments. Je pense que le résultat reflète mon expression la plus authentique. Et c’est vrai que les réseaux sociaux me permettent d’avoir un contact direct avec mes amis et mes fans, et c’est un moyen de partager le processus dans son immédiateté.

– En plus de parler du Covid, l’album évoque aussi très frontalement la situation politique américaine. Décidemment, quelle année chaotique ! Elle est à vite oublier, ou au contraire il y a quelques leçons à en tirer ?

Humm… Honnêtement, je déteste la politique, mais Trump a été une abomination. Cela a également vraiment mis en lumière ce qu’est l’Amérique : une nation raciste. La tendance à oublier a beaucoup à voir avec le maintien des personnes au pouvoir. Biden est le bon gars pour le moment. Uncle Joe ! Et c’est même étonnant de voir de quelle manière il a mis en place tant de choses en si peu de temps. Mais nous avons encore un long chemin à parcourir.

– Malgré de la colère, de la frustration et de la rage, on perçoit aussi beaucoup d’amour sur « Tinfoil Hat ». Comme toujours, tu es très sincère et authentique dans tes propos et tu es vraiment très soutenu par tes fans. C’est essentiel pour toi ? Pour continuer d’avancer ?

J’aime mon peuple, mais je ne peux pas calmer les fans, car cela impliquerait que je suis mieux. Et je ne le suis pas. Et puis, j’en connais tellement personnellement, ainsi que leurs histoires personnelles. Oui, ce sont mes amis et ils me soutiennent.

– Avec le rayon de soleil qu’offre ce nouvel album, quels sont tes souhaits et tes espoirs pour les mois à venir ? Un rapide retour sur scène ?

Je ne peux plus attendre ! Je veux partir tourner au plus vite ! J’espère que nous serons tous vaccinés et que je serai à l’Olympia en octobre 2021 !

« Tinfoil Hat » sera disponible le 12 mars chez Dixiefrog/PIAS.