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Heavy metal International Old School

Teaser Sweet : feel the impulse [Interview]

A mi-chemin entre Hard Rock et Heavy Metal,  mais solidement ancré dans les années 80, TEASER SWEET évolue dans une torpeur Old School savoureuse et fougueuse. Avec une fraîcheur très actuelle, les Suédois sortent un troisième album, « Night Stalker », accrocheur d’où émane une sorte d’insouciance très entraînante. Aux côtés de son frère Marcus à la guitare, Hampus Steenberg à la basse et Kent Svensson derrière les fûts, Therese Damberg se révèle être une redoutable frontwoman, dont la voix est l’une des forces du quatuor. Entretien avec la chanteuse de ce groupe, qui devrait ravir les fans de Heavy vintage.

– Cela fait déjà dix ans que TEASER SWEET existe et vous sortez aujourd’hui votre quatrième album. A l’époque, quel a été le déclic pour passer d’un groupe qui reprend du Kiss à l’écriture de vos propres chansons ?

Quand on a commencé le groupe, on n’avait pas de matériel personnel, c’est pour cela qu’on jouait des morceaux de Kiss. ​​Mais à la base, on n’a jamais voulu faire des reprises, ce n’était vraiment pas notre objectif. Alors, on a composé nos propres morceaux le plus vite possible. Et c’est vraiment à partir de ce moment-là que tout a vraiment commencé pour le groupe !

– On imagine très bien qu’avec de tels débuts, vos influences se situent dans les années 70 et 80, et d’ailleurs cela s’entend. Vous n’avez jamais été tentés par un style plus moderne, ou est-ce justement pour vous démarquer un peu de l’actuelle scène Metal suédoise ?

On a toujours été attirés par le Metal classique, c’est-à-dire influencé par les années 70 et 80, et qu’on ne retrouve pas dans le Metal moderne. Actuellement, le Metal a un son très numérique et rigide, et ce n’est pas ce qu’on recherche. C’est même tout le contraire ! Nous voulons jouer ce qu’on aime et, bien sûr, on désire aussi développer notre propre son. Pour se démarquer, il faut aussi être soi-même et nous sommes tous d’accord là-dessus. Nous sommes des gens sympas qui aimons la musique et on espère que ça se reflète dans notre façon de composer. On veut que les gens qui nous écoutent se sentent heureux, pleins de vie et prêts à affronter la vie.

– « Night Stalker » marque aussi votre arrivée chez High Roller Records, qui est d’ailleurs un label qui vous correspond parfaitement. Qu’est-ce que cela change pour vous concrètement ?

Nous avons l’opportunité de toucher un public plus large ce qui, espérons-le, nous permettra d’attirer un plus grand nombre de fans et faire aussi plus de concerts que si nous avions à nous en occuper seuls. Nous sommes donc reconnaissants à High Roller Records de nous avoir pris sous son aile.

– D’ailleurs, je trouve que ce nouvel album tranche vraiment par rapport à « Monster ». La production est solide et surtout vos compositions ont pris une nouvelle dimension. Est-ce que, dans un sens, cette signature vous a donné des ailes et fait franchir un nouveau cap ?

Absolument ! On apprend toujours de ses erreurs et on cherche constamment à progresser dans notre musique. Nous avons aussi grandi en tant que musiciens et on a voulu repousser nos limites créatives sur cet album. C’est super d’entendre que tu constates des progrès !

– « Night Stalker » garde aussi un son vintage et une approche Old School très chaleureuse et live. C’était important pour vous de présenter une production si organique, malgré le tout-numérique actuel ?

Absolument. Le son est très important pour nous. Il transmet des émotions et il représente vraiment qui nous sommes. Avec un son numérique moderne, cela aurait été comme bien s’habiller pour une mauvaise occasion.

– A l’écoute de ce nouvel album, les références à la NWOBHM sont évidentes et vous puisez du côté du Heavy Metal comme du Hard Rock. Est-ce que c’est un équilibre que vous avez cherché et souhaité dès les débuts de TEASER SWEET ?

Quand nous créons ensemble, à quatre, le son est là et se créer de manière naturelle. Ce n’est pas un objectif auquel nous aspirons, c’est comme ça que ça se produit. Nous sommes heureux d’être arrivés au point, où nous savons aussi exactement comment nous voulons sonner et, bien sûr, nous sommes influencés par ce que nous écoutons nous-mêmes de notre côté.

– Etonnamment, on ne retrouve pas énormément de similitudes avec des groupes qui ont aussi une chanteuse, en tout cas dans l’intention, même si on peut penser à Warlock, par exemple. « Night Stalker » est un album puissant et volontaire. L’important pour vous est-il de conserver l’image d’un style massif et véloce ?

L’important n’est pas forcément d’avoir un style massif et rapide, même si bien sûr, j’aime les chansons très rythmées. C’est ce que je dis toujours aux autres: jouez plus vite ! Mais il est important d’avoir toujours le bon tempo, et qu’il soit rapide ou non. L’essentiel est qu’il colle à la chanson.

– Il y a beaucoup de force et un côté mélodique prononcé dans ta voix et on pense à Doro, bien sûr, mais aussi à Johanna Sadonis de Lucifer, ainsi qu’à la Canadienne Lee Aaron. J’ai l’impression que c’est plutôt le côté Rock qui t’inspire. Est-ce le cas, et peut-être même ta façon d’apporter une touche féminine à TEASER SWEET, d’adoucir son aspect Metal ?

Il y a toujours de l’inspiration venant des chanteurs talentueux, que ce soient des hommes comme des femmes. Mais je n’essaie pas de ressembler à quelqu’un d’autre. J’avance en fonction de ce que je ressens et de qui je suis. Mais si le groupe avait un chanteur, ça ne sonnerait pas pareil, c’est certain.

– TEASER SWEET est aussi une histoire de famille, puisque tu as fondé le groupe avec ton frère Marcus, qui est guitariste. Comme la combinaison guitare/voix est souvent la base pour composer, est-ce que votre proximité est le point de départ de vos morceaux et de quelle manière prennent-ils vie ? D’abord une ligne de chant, ou un riff ?

Ça commence souvent par un riff sur lequel on construit ensuite, et même parfois les deux : un riff avec une ligne vocale. On s’inspire aussi souvent assez vite des idées de l’autre. Mais parfois, c’est vraiment difficile de décrire le résultat final, du moins pour moi. Je ne suis pas aussi douée que les autres pour jouer d’un instrument, mais le reste du groupe a appris à bien me connaître et à comprendre ma façon d’exprimer ce que je souhaite obtenir.

– Enfin, vous avez un répertoire conséquent avec ce quatrième album. Comment établissez-vous vos setlists et surtout, est-ce qu’une tournée est prévue pour cet été ou la rentrée de septembre ?

Nous choisissons les chansons que nous aimons, ainsi que celles que nos fans adorent. Nous les prenons vraiment en considération et nous incluons souvent d’anciens morceaux. Mais la setlist, qui sera jouée dans les concerts à venir, sera principalement composée de titres de « Night Stalker ». Malheureusement, il n’y a pas encore de tournée organisée, mais nous l’espérons fortement !

L’album de TEASER SWEET, « Night Stalker », est disponible chez High Roller Records.

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Hard 70's Old School Proto-Metal

The Riven : awesome revival

Des twin-guitars au diapason, un rythme soutenu du début à la fin et une chanteuse à l’énergie communicative, il n’en fallait pas plus pour que THE RIVEN vienne confirmer avec force que sa présence dans le paysage Rock/Metal était tout sauf un hasard. Avec « Visions Of Tomorrow », la formation de Stockhölm passe le cap des trois albums avec une assurance qui fait d’elle l’une des meilleures représentantes de l’héritage laissé par la flamboyante NWOBHM. Et Totta Ekebergh assoit avec brio son statut de l’une des plus belles voix du style depuis longtemps.

THE RIVEN

« Visions Of Tomorrow »

(Dying Victims Productions)

Continuant son exploration dans un réjouissant revival 70’s et 80’s, les Suédois livrent leur troisième opus, « Visions Of Tomorrow », somptueux mélange de Power Rock, de Heavy Metal, de Hard Rock et d’un soupçon de Prog originel. En bientôt dix ans d’existence, THE RIVEN a très bien digéré ses influences pour atteindre une identité musicale désormais très personnelle et identifiable. Il s’appuie sur ses points forts, à savoir de belles combinaisons de guitares, une rythmique galopante et un chant féroce et aérien.

Après le très bon « Peace And Conflict » sorti en 2022, on attendait beaucoup du quintet et il y a de quoi de réjouir avec cet éblouissant « Visions OF Tomorrow ». Tout d’abord, l’excellente production signée Robert Pehrsson (The Hellacopters) met parfaitement en lumière le registre frais et direct du groupe. Sur un son très organique, THE RIVEN déploie son talent librement, loin des réalisations aseptisées d’aujourd’hui, avec une authenticité réelle et un sentiment d’urgence très perceptible. La performance est véloce et brute.

Avec une frontwoman en état de grâce et au sommet de son art, la confiance semble encore renforcée et les Scandinaves laissent pleinement « Visions Of Tomorrow » prendre son envol. Nerveux et massifs, ces nouveaux morceaux sont particulièrement affûtés et transmettent  une sensation immédiate de familiarité, tout en restant originaux (« Far Away From Home », « Killing Machine », « Crystals », « Seen It All », « Follow You » et le morceau-titre). THE RIVEN frappe fort et marque les esprits grâce à un élan créatif décisif.

Retrouvez la chronique de « Peace And Conflict » :

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Heavy metal Old School Proto-Metal

Cirith Ungol : alive forever

Pour qui ne serait pas encore familiarisé avec CIRITH UNGOL (ça doit exister !), ce « Live At Roxy » est fait pour vous. Cultivant son côté underground, malgré une position de précurseur, le combo livre une prestation inoubliable et, à travers 20 morceaux triés sur le volet, parcourt sa carrière sans rien éluder et commençant même par son dernier opus en date… et en entier ! En attendant un septième joyau que le groupe annonce imminent, savourez donc celui-ci sans aucune modération.

CIRITH UNGOL

« Live At The Roxy »

(Metal Blade Records)

Plus de quarante ans après sa première prestation aux fameux ‘Roxy Theatre’ du Sunset Strip de Los Angeles, CIRITH UNGOL est retourné l’an dernier foulé à nouveau les planches de l’endroit qui les a presque vu naître. Car la carrière du combo de Ventura en Californie, est à l’image de son Heavy Metal : épique ! Enregistré à l’occasion de la sortie de son dernier album effort, le quintet avait offert à ses fans une soirée hollywoodienne digne de ses plus grandes heures. Et au menu de ce double-album, on retrouve l’intégralité de « Dark Parade » sur le premier disque et les classiques du groupe sur le second.

La première chose qui attire l’attention sur ce « Live At The Roxy », c’est ce son gras et robuste, tellement identifiable et véritable marque de fabrique des Américains. Sans artifice, CIRITH UNGOL se montre direct, d’une redoutable efficacité et on a surtout le sentiment d’être au cœur de ce concert, qui s’avère vite hors-norme. Très rapidement, on se prend dans ce Heavy, teinté de Doom et aux allures Power Metal (le vrai !) unique en son genre. Emporté par un Tom Baker en très grande forme, le public ne s’y trompe pas et semble savourer chaque riff et chaque embardée rythmique avec un plaisir qui s’entend clairement.

C’est devenu si rare aujourd’hui de voir un groupe interpréter l’intégralité de son nouvel album en concert qu’on se délecte de découvrir en version live le très bon « Dark Parade », sorti en 2023. Pour autant, CIRITH UNGOL n’oublie pas ses fans de la première heure et passe en revue sur le deuxième volet ses morceaux devenus de véritables hymnes pour beaucoup. De « Join The Legion » à « Atom Smasher », « I’m Alive », « Back Machine », « Chaos Descends ou « Frost And Fire », la setlist est époustouflante et vient nous rappeler à quel point les Américains sont incontournables sur la scène mondiale.

Retrouvez également la chronique de « Dark Parade » :

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Hard Rock Heavy metal Old School

Nightbound : out of time

Avec une énergie débordante, de la volonté et un savoir-faire qui n’a pas grand-chose à envier à d’autres formations européennes notamment, les Paraguayens de NIGHTBOUND ne donnent pas pour autant dans l’exotisme et si le Heavy Metal domine ce nouvel opus, « Coming Home » joue sur beaucoup de diversité. Mené par une production très organique et solide, on fait un petit retour dans le passé avec des chorus bien sentis aux saveurs Old School convaincants et surtout authentiques et sincères. Sans effet de manche, cette nouvelle réalisation respire de belle manière, grâce aussi à une mixité au diapason. 

NIGHTBOUND

« Coming Home »

(Independant)

NIGHTBOUND fait partie de ces groupes qui séduisent tant par leur générosité et leur humilité qu’aussi, bien sûr, par leur musique. Et si on ajoute qu’il vient d’une scène dont on entend très peu parler, le Paraguay, et qu’en plus il joue la parité complète : le combo coche donc toutes les cases. « Coming Home » est son deuxième album et il arrive un an seulement après « The Night Is Calling », et cinq après un premier EP « Nightbound » sorti donc en 2019. Et dès sa pochette, on est plongé dans un univers très 80’s, qui est loin d’être désuet, bien au contraire, et qui a le mérite de planter le décor.

Fondé en 2018, NIGHTBOUND se présente dans un style oscillant entre Heavy Metal et Hard Rock avec des mélodies s’articulant, pour l’essentiel, sur son duo de guitaristes (Mike Martinez et Dario Aquino). Influencé par la NWOBHM, le quatuor joue beaucoup sur les twin-guitares avec des riffs bien ciselés et accrocheurs. A la rythmique, on retrouve la batteuse Monse Diamond, qui forme un beau duo avec la bassiste Arianna Cuenca que l’on retrouve également au chant. Et la frontwoman, très polyvalente, possède de nombreuses cordes à son arc avec autant de puissance que de clarté. 

En ouvrant avec le morceau-titre (que la chanteuse conclue même a cappella), les Sud-Américains se montrent aussi à l’aise dans des ambiances Metal que Rock et cette diversité se retrouve tout au long de « Coming Home ». NIGHTBOUND affiche donc une belle maîtrise et l’on se laisse facilement prendre à ce registre un peu hybride, mais original. Chanté pour l’essentiel en anglais, ce nouvel opus fait également un petit écart en espagnol (« El Viaje Del Héroe », qui ne dépareille pas du reste) et offre aussi un titre instrumental tout en progression (« Arakuaavy »). Une belle bouffée d’oxygène !

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Heavy metal Old School

Serpent Rider : une épique chevauchée

Après avoir quitté la Californie pour Seattle, SERPENT RIDER a vu son line-up presque totalement remanié. Mais ce premier effort vient confirmer que sa volonté n’a pas changé et que c’est toujours dans un Heavy Metal vintage et épique chevillé au corps qu’il évolue avec de plus en plus d’assurance. Grâce à une chanteuse qui sort des habituelles prestations féminines du genre, le quintet ne vient pas révolutionner le style, mais y apporte tout de même une touche d’originalité tout en perpétuant un héritage bien assimilé.

SERPENT RIDER

« The Ichor Of Chimaera »

(No Remorse Records)

Tout d’abord sous la bannière de Skyway Corsair en 2015, la formation américaine a du se réinventer au fil des années et surtout suite à un déménagement de son fondateur de Los Angeles pour Seattle il y a quatre ans. Dès lors, le leader et guitariste rythmique Brandon Corsair s’est mis en quête de nouveaux musiciens qu’il n’a d’ailleurs pas mis très longtemps à trouver. Cette nouvelle mouture de SERPENT RIDER (petit hommage à Manilla Road) sort aujourd’hui dans un registre entre un Heavy Metal assez épique et un Doom langoureux.

Désormais complété par R. Villar au chant, Brian Verderber à la basse, Drake Graves derrière les fûts et le dernier arrivé Paul Gelbach à la lead guitare, le groupe est au complet et « The Ichor Of Chimaera » est un premier album solide, gorgé de références multiples, bien mené et délivrant une saveur Old School directement inspirée des années 80. Cela dit, ce bond dans le temps n’empêche nullement SERPENT RIDER de se montrer original et d’avoir le mérite d’avoir son propre univers, bien aidé en cela par sa frontwoman.

Car elle est justement l’une des forces du quintet, grâce à une prestation vocale surprenante. Pas franchement Metal, mais plutôt Rock et très aérienne, elle parvient à nous guider dans les méandres de cet opus, où sa voix se fait même fantomatique sur certains titres. Une belle polyvalence qui permet à SERPENT RIDER de se mouvoir dans des ambiances variées. Outre un morceau-titre audacieux, on retiendra « Steel Is The Answer », « Matri Deorum », « Tyrant’s March » et le très sinueux « In Spring ». Une belle première !

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Heavy metal Old School

Tower : dark clouds

Séduisants et implacables, les New-Yorkais présentent un double-visage au sein d’un même univers aux contours démoniaques, où cohabitent fées et sorcières, toutes incarnées par sa frontwoman. Enveloppé d’un voile Old School à la fois rassurant et obscur, « Let There Be Dark » fait un retour aux racines d’un Metal très Heavy et parfois même assez Rock. Une belle combinaison, qui promet des rebondissements surprenants et intenses. TOWER impose sa marque avec force et talent avec une troisième réalisation très Dark à la hauteur de ses ambitions.

TOWER

« Let There Be Dark »

(Cruz Del Sur Music)

Fondé il y a une dizaine d’années, TOWER signe avec « Let There Be Dark » son album le plus convaincant que ce soit au niveau de la composition que de la production. Cette dernière est d’ailleurs, tout comme l’enregistrement, l’œuvre d’Arthur Rizk qui a travaillé notamment avec Blood Incantation, Cavalera Conspiracy et King Diamond. Un gage de sérieux et d’expérience qui se ressent sur ce troisième opus distillé dans un Heavy Metal classique et traditionnel, mais non sans originalité et percussion.

Après un changement de batteur il y a trois ans, TOWER semble sur de solides rails et ses intentions sont claires : allier puissance et mélodie. Pari remporté avec « Let There Be Dark » qui affiche de belles capacités et surtout une prédisposition à se projeter avec détermination et beaucoup de finesse. Emmené par Sarabeth Linden qui fait presqu’office de prêtresse, le quintet est plein d’ambition, à commencer par celle de redynamiser et de réhabiliter un Heavy Metal originel un brin occulte et dans des sonorités vintage.

Jouant sur son côté ténébreux et envoûtant, la chanteuse du groupe se meut entre les avalanches de riffs, les solos survoltés et le galopant duo basse/batterie. Et c’est précisément ce qui fait la force des Américains, ainsi que leur identité. TOWER se montre fluide, mystique même et enchaîne les morceaux avec beaucoup de confiance (« Under the Chapel », « Book Of The Hidden », « Iron Clad », « The Hammer »). Epique et accrocheur, « Let The Be Dark » marque le franchissement d’un cap dans le parcours du combo.

Photo : Eva Tusquets

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Classic Rock Hard 70's

The Damn Truth : truth serum

Il y a des rencontres qui font des étincelles et, d’une côte à l’autre, le Canada a permis la connexion entre THE DAMN TRUTH et le producteur Bob Rock, qui s’est totalement reconnu dans la musique du combo. Grâce à de belles guitares, une rythmique groovy et une frontwoman qui a gagné en assurance, la formation de la Belle Province fait le pont entre un Hard Rock 70’s et des sensations très contemporaines avec beaucoup de saveurs et un plaisir palpable.

THE DAMN TRUTH

« The Damn Truth »

(Spectra Musique)

Il y a quatre ans, THE DAMN TRUTH faisait exploser son plafond de verre montréalais avec « Now Or Nowhere », un troisième album qui l’a révélé et l’a mené un très long moment sur les routes. Il faut reconnaître que les Québécois avait frappé fort avec une version très actuelle et pleine d’audace de Classic Rock, le tout produit par le grand Bob Rock qui n’avait pas hésité un instant à appliquer sa propre recette sur des morceaux entêtants et particulièrement enthousiastes. Et ils sont aujourd’hui tous de retour avec la même envie.

Enregistré à Vancouver dans les Warehouse Studios de Bryan Adams sur une période de deux mois, « The Damn Truth » se révèle comme la réalisation la plus aboutie du quatuor et si elle est éponyme, c’est aussi parce qu’elle le représente et le définit le mieux. Accrocheurs, mélodiques et hyper-Rock, les onze titres sont d’une énergie fulgurante. Même si la guitariste et chanteuse Lee-La Baum fait de plus en plus penser à Beth Hart dans sa façon de chanter haut, THE DAMN TRUTH impose une réelle identité.

Déjà convaincant sur les quatre singles sortis (« Love Outta Love », « I Just Gotta Let You Know », « The Willow » et « Better This Way »), le groupe dévoile de nouvelles facettes de son jeu et l’excellent travail effectué sur le son apporte puissance et relief à l’ensemble. Sensible sur la power-ballade « If I Don’t Make It Home » ou plus frontal sur « Addicted », THE DAMN TRUTH brille par la qualité du songwriting et des arrangements. Avec ses sonorités familières et fédératrices, « The Damn Truth » modernise le Hard Rock… vintage !

Photo : Natali Ortiz

Retrouvez l’interview du groupe en 2021 à la sortie de « Now Or Nowhere »…

… Et la chronique de l’album :

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Hard 70's International

Velvet Rush : inner fire [Interview]

VELVET RUSH pourrait bien être la belle et grande surprise de cette année en matière de Hard Rock estampillé 70’s. Le quatuor originaire d’Hambourg se présente avec un premier EP, « Euphonia », qui montre de solides fondations, des musiciens plus que confirmés et une dynamique implacable. Guidés par leur charismatique frontwoman, les Allemands ont de belles cartes en main et ne devraient pas tarder à se faire connaître bien au-delà de leurs frontières. Séduit par la sortie d’un premier single il y a quelques mois, c’était l’occasion de faire connaissance avec le groupe à quelques jours de la sortie de sa première réalisation.

– Comme beaucoup, j’ai été très agréablement surpris en octobre dernier à la sortie de votre premier single, « Euphonia », qui est d’ailleurs le titre de ce premier EP. Même si c’est votre première réalisation, on devine sans mal à vous entendre que vous êtes loin d’être des amateurs. Pouvez-vous nous faire un peu les présentations et revenir sur votre parcours et la création de VELVET RUSH ?

Merci beaucoup et c’est vrai qu’il y a en fait un aspect très magique, voire spirituel, derrière la création du groupe. Cela a aussi un peu à voir avec la composition et la signification de notre chanson « Aurora ». Mais nous y reviendrons plus tard. VELVET RUSH a été fondé par notre chanteuse Sandra Lian et Tim Black, le bassiste. Grâce à la vision de Sandra et à un peu de magie, VELVET RUSH a été lancé en un week-end. C’était comme si nous nous étions trouvés après une longue attente, un coup du destin. Dennis Henning s’est joint à nous à la guitare et Tom Zeschke à la batterie. Chacun d’entre nous faisait de la musique à un niveau professionnel depuis des années dans différents groupes, à l’international, sur les planches des théâtres, etc… Nous avons tous appris à nous connaître sur la scène musicale de Hambourg. Dennis et Tim avaient déjà joué ensemble auparavant. Sandra a fait de la musique toute sa vie, notamment en étudiant le chant, la danse et le théâtre. Tom a également joué de la batterie dans différents groupes durant des années. Nous savions dès le début qu’il y avait quelque chose de spécial entre nous.

– Avec VELVET RUSH, vous renouez avec un Hard Rock très 70’s auquel vous avez injecté un souffle très moderne et beaucoup de volume. L’idée première était-elle d’offrir un son brut et organique avec beaucoup d’impact, car vous ne levez jamais le pied, sauf peut-être sur « Aurora » qui joue plus sur l’émotion ?

Nous aimons le son du Hard Rock des années 70, très caractéristique de l’époque, et nous le combinons avec des éléments modernes, c’est vrai. Mais nous avons de nombreuses autres facettes. D’une part, nous voulons montrer à l’auditeur que nous avons beaucoup d’énergie, que nous pouvons appuyer sur l’accélérateur et d’autre part que nous voulons aussi servir un côté émotionnel. Nous sommes tous des rockers dans l’âme. Curieusement, beaucoup de gens autour de nous ont pensé que nous avions tendance à jouer une musique plus douce, mais nous aimons beaucoup les surprises. Nous vivons nos performances live pleinement et ces idées viennent simplement du plus profond de nous-mêmes, associées à des inspirations recueillies au cours d’une vie. La chanson « Aurora » est très émouvante, c’est vrai. Elle est dédiée à un être cher que Sandra a perdu peu de temps avant la fondation de VELVET RUSH. Cette chanson signifie beaucoup pour le groupe.

– D’ailleurs, pour rester sur le son de ce premier EP, vous avez confié la production à Eike Freese, dont on connait le travail avec Deep Purple, Slash ou Status Quo et l’ensemble a été réalisé dans les fameux studios Chameleon à Hambourg. Même si c’est votre ville d’origine, vous avez désiré mettre les moyens dès le départ pour obtenir cette sonorité très chaude et immédiate ?

Tout d’abord, il n’y a personne de meilleur qu’Eike Freese, selon nous. Tim connaît Eike depuis 2006, ce qui représente une longue période. C’est de là qu’est venue l’idée d’enregistrer avec lui. Lorsque Sandra et Tim sont venus spontanément dans le studio d’Eike, il a entendu parler de notre vision de nos chansons et de l’idée de fonder VELVET RUSH. Nous lui avons montré nos idées et il a été immédiatement impressionné et a voulu travailler avec nous. Le studio existe depuis les années 70 et une grande partie de l’intérieur rappelle encore l’époque d’autrefois. Il y a quelque chose de très magique dans ce lieu. Nous n’aurions pas pu faire un meilleur choix.

– Ce qu’il y a également de marquant sur les cinq chansons, c’est cette alchimie très palpable entre vous, comme si chacun était au service de l’autre. Bien sûr, Sandra est très solaire avec une puissance vocale incroyable, mais les guitares ne sont pas en reste, tout comme cette rythmique terriblement efficace. Le songwriting est très travaillé et on a presque le sentiment que ces chansons ont d’abord eu un traitement acoustique au moment de la composition. C’est le cas ?   

Merci beaucoup. En fait, les chansons n’ont pas été écrites sur une guitare acoustique, mais directement sur une électrique. Tim a composé toutes les chansons et Sandra a écrit les paroles et les mélodies vocales. Et Dennis a également contribué aux compositions avec ses solos de guitare.

– La voix de Sandra est très Rock et comporte aussi beaucoup de variations. Et même si l’ensemble paraît débridé de prime abord, on s’aperçoit très vite que la puissance n’est pas tout et que les textes sont également très importants. Quel est votre champ d’investigation à ce niveau-là, se dégage-t-il une certaine unité et peut-être un message à travers vos paroles ?

Sandra écrit seule les paroles. Elle y intègre ses expériences de vie et souhaite également transmettre un message, c’est vrai. Elle aime travailler avec des métaphores. L’EP « Euphonia » parle de laisser derrière soi le passé, où l’on a peut-être vécu des moments très éprouvants et formateurs, mais aussi d’un nouveau départ et cela se reflète dans ses textes. Il s’agit de retrouver son enfant intérieur et le chemin qui vous était destiné depuis le début. Cela a donc une signification très profonde, c’est vrai. « Euphonia » est une sorte d’oiseau qui représente la liberté, la force et l’énergie. Les chansons de l’EP sont très puissantes et ont un message clair et, bien sûr, la composante émotionnelle est très présente.

– Pour revenir sur l’aspect très 70’s de votre jeu, on assiste depuis un moment déjà à un véritable revival du genre dans le Hard Rock, mais aussi dans le Rock et le Metal de manière plus globale. Selon vous, est-ce que certains styles ont déjà montré leurs limites et que la vérité se trouve finalement dans ce registre intemporel né dans les années 70 et même 80 ?

Nous pensons que les nombreux styles musicaux, qui ont vu le jour au fil des années, trouvent leur origine dans le Rock’n’Roll et le Blues. Le Metal ne nous convient pas vraiment, en fait. On ne peut pas réinventer la roue de nos jours, mais on peut laisser son âme s’exprimer dans la musique pour créer son propre son. Nous adorons tout simplement ce son pur et honnête des années 70.

– Je dois vous avouer que les cinq chansons m’ont vraiment laissé sur ma faim. J’imagine qu’il peut y avoir des raisons économiques derrière le choix de sortir un EP, mais est-ce que vous avez envisagé aussi de réaliser un album complet, ou était-ce selon vous un peu tôt ? Il vous fallait d’abord mesurer le retour des fans et de la presse aussi peut-être ?

Nous voulions faire une première présentation au public le plus rapidement possible et partager nos chansons avec les auditeurs. Cet EP est une première impression des nombreuses facettes, qui se présenteront à eux dans le futur. Certaines opportunités se sont ouvertes, dont nous voulions vraiment profiter rapidement. C’est pourquoi nous avons d’abord opté pour un EP. Et bien sûr, nous ne voulons pas nous arrêter en si bon chemin. Nous sommes déjà en pleine phase d’écriture de notre premier album. Il y aura bientôt des nouvelles à ce sujet. Nous pouvons déjà proposer beaucoup de morceaux.

– D’ailleurs, les louanges dès la sortie de la chanson « Euphonia » ne se sont pas faites attendre, et VELVET RUSH a déjà su conquérir un large public assez rapidement. Vous vous attendiez à un tel accueil? Et quelles sont vos premières impressions, car c’est vrai aussi que VELVET RUSH dégage une énergie très positive ?

Nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre. Nous voulions laisser le public venir à nous et nous étions très excités par le premier accueil du public. Nous sommes très reconnaissants d’avoir déjà une base de fans très internationale, qui nous soutient et nous accompagne tout au long de notre parcours. C’est incroyable pour nous d’avoir déjà touché une corde sensible avec notre premier single « Euphonia ».  

– Ce premier EP sort ces jours-ci et, outre la vague de promo qui va suivre, j’imagine que le prochain objectif sera de partir en tournée présenter vos morceaux au public. Possédez-vous d’ailleurs un répertoire suffisamment conséquent, car un format court que le vôtre est souvent une carte de visite pour partir sur la route ?

Nous avons un tourneur renommé et formidable et nous sommes très heureux de déjà jouer dans de nombreux festivals cette année avec peut-être aussi une ou deux surprises ! (Sourires) Restez à l’écoute ! Et bien sûr, nous avons beaucoup d’autres chansons qui attendent déjà d’être partagées avec le public en concert.

– De ce que j’ai pu voir, vos prestations scéniques sont pour le moins enflammées et la présence à la fois sexy et charismatique de Sandra y est pour beaucoup. On imagine facilement des concerts passionnés et d’une folle énergie. Comment est-ce qu’on travaille cet aspect-là avant de sortir un premier EP ? Votre expérience individuelle est-elle aussi un atout majeur ?

Grâce à nos années d’expérience sur scène, il n’est pas difficile pour nous de transmettre l’énergie que nous portons en nous au public. Si vous aimez ce que vous faites et que vous vous amusez à le faire, le public le comprend. Sandra a le public de son côté en quelques secondes et oui, bien sûr, c’est une véritable boule de feu. Vous pourrez bientôt le constater par vous-même… (Sourires)

– Enfin, l’une des choses qui a aussi piqué ma curiosité, c’est qu’aucun label ne vous soutient encore. Vous êtes totalement indépendants, comme c’est beaucoup le cas aujourd’hui. Est-ce à dire que VELVET RUSH peut parfaitement mener sa barque et trouver son chemin seul ? Car vous avez certainement du être sollicités, non ?     

Comme je te le disais, nous avons un très bon tourneur, qui nous offre de nombreuses possibilités et nous ouvre de multiples opportunités. Nous pourrions envisager de signer avec un label, mais tout dépend de l’offre. En tant que groupe indépendant, vous avez aussi plus de liberté de choix, mais nous ne dirons pas non à une offre appropriée.

Le premier EP de VELVET RUSH, « Euphonia », est disponible sur toutes les plateformes, mais aussi et surtout sur le site du groupe :

www.velvetrush.com

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Heavy metal Old School

Mean Mistreater : compact et exaltant

Tirant son nom d’un morceau de 1975 de Grand Funk Railroad, MEAN MISTREATERannonce à sa manière la couleur concernant, si ce n’est l’époque, du moins ses inspirations concernant le Heavy Metal dans lequel il évolue. Pas complètement proto-Metal non plus, la formation du Sud des Etats-Unis livre un brûlant mix entre des dynamiques très 80’s venant d’Europe et d’autres directement de son pays, et avec la volonté d’afficher le respect d’une tradition toujours aussi passionné. Intense et électrisant, « Do Or Die » avance sur un train d’enfer.

MEAN MISTREATER

« Do Or Die »

(Dying Victims Productions)

Aussi bouillonnante soit-elle, la scène Heavy Metal mondiale ne produit pas forcément des groupes à même de renouveler, ou tout au moins d’apporter une touche originale à un genre né dans les années 80 et qui doit beaucoup à cette légendaire NWOBHM. Mais ils sont quelques uns et c’est de l’autre côté de l’Atlantique, du Texas, que vous vient MEAN MISTREATER. S’il remplit toutes les cases des incontournables atouts à posséder et des codes à respecter, le quintet va au-delà, grâce surtout à une rage et une vraie folie musicale baignant dans un ambiance vintage saillante.

Il y a moins de deux ans, le groupe était apparu avec « Razor Wire », sorte de prémisse à ce qui allait suivre aujourd’hui, « Do Or Die » se veut beaucoup plus abouti, tant dans les compositions à l’écriture chiadée qu’au niveau de la production. Certes, ce deuxième opus n’a rien à voir avec ce qui se fait à l’heure actuelle en termes de sonorités, mais cela ne l’empêche pas d’être parfaitement ancré dans son époque. Brut et incisif, c’est sur la puissance de son jeu que MEAN MISTREATER a misé et il est loin de manquer de ressources  et de (très bonnes) idées.

Resserré sur moins d’une demi-heure, le voyage que propose le combo d’Austin n’est pas de tout repos. Très américain dans son approche du Metal, il peut compter sur sa frontwoman, Janiece Gonzalez, qui n’est pas sans rappeler une certaine Leather Leone ou la Doro de Warlock avec cette hargne et ce côté hyper-Rock. La doublette guitaristique se fait aussi plaisir, redoublant d’efforts sur les échanges de solos et de riffs racés. La paire basse/batterie montre les muscles et MEAN MISTREATER laisse clairement apparaître une belle idée d’un collectif percutant.

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Heavy metal Old School

Christian Mistress : terra metallia

Les vénérables et valeureux représentants du Heavy Metal originel CHRISTIAN MISSTRESS se sont enfin réunis pour composer et enregistrer un quatrième opus, qui aura mis une décennie à voir le jour. Toujours guidé par sa frontwoman Christine Davis, qui évolue avec puissance et sobriété, le groupe de la côte ouest des Etats-Unis développe beaucoup d’énergie sur ce « Children Of The Earth » très inspiré et aussi solide qu’auparavant. Le genre de disque qui fait vraiment du bien de nos jours… loin des machines !

CHRISTIAN MISTRESS

« Children Of The Earth »

(Cruz Del Sur Music)

Cela faisait dix ans maintenant que CHRISTIAN MISTRESS avait disparu des écrans radars après trois albums qui leur avaient pourtant forgé une solide réputation. Après « To Your Death » (2015), les voici donc de retour avec « Children Of The Earth » sur lequel le combo renoue avec son Heavy Metal vintage et solidement ancré dans les 70’s. Fidèle à un registre traductionnel, et proto-Metal dans l’esprit, le désormais quatuor semble toujours animé par la même passion, malgré une décennie d’absence. Et que les retrouvailles sont belles !

Si le guitariste Oscar Sparbel s’en est allé sous d’autres cieux, Christine Davis tient toujours, et de quelle manière, le micro. De leur côté, Tim Diedrich assure la guitare, Jonny Wulf la basse et quelques parties de guitare aussi et on retrouve Reuben Storey derrière les fûts. Une chose est sûre : CHRISTIAN MISTRESS est en grande forme et n’a rien changé à ses bonnes habitudes pour enregistrer « Children Of The Earth ». Car comme pour chacune de ses réalisations, les Américains ont enregistré l’ensemble en analogique sur bande.

Conçu à l’ancienne au High Command Studio de leur ville d’Olympia dans l’Etat de Washington, ce nouvel opus respire cette authenticité qui le lie au registre. Ils nous entraînent dans un Heavy Metal mélodique et véloce aux références multiples et basé sur des riffs tranchants, des solos relevés, ainsi que des twin-guitares et des chorus bien sentis (« City Of Gold », « Demon’s Night », « Love Of The World, « Death Blade », « Lake Of Memory »). Retour plus que gagnant pour CHRISTIAN MISTRESS, qui reste toujours aussi envoûtant.

Photo : Johnny Delacy