Depuis 1984, HELLOWEEN a vécu pas mal de changements de line-up, mais le plus marquant fut le départ de Kaï Hansen et Michaël Kiske, qui a ouvert une seconde voie au groupe en 1996. Depuis quelques années, tout le monde est de retour au bercail et si les prestations scéniques n’ont pas manqué de piquant, on attendait surtout un album studio de la part du septet. C’est chose faite avec « Helloween », qui vient s’inscrire dans la lignée des meilleures productions des Allemands.
HELLOWEEN
« Helloween »
(Nuclear Blast)
Même si le groupe arpente les scènes du monde entier depuis quatre ans maintenant, HELLOWEEN livre enfin son premier album avec le line-up complet et presque transgénérationnel. Forcément, les retours de Kaï Hansen et Michaël Kiske, pierres angulaires du combo, sont la première attraction de cet opus de la nouvelle ère des Allemands. Et il faut bien reconnaître que ce disque éponyme est l’une de leurs meilleures réalisations depuis de très longues années.
Toujours produit par Charlie Bauerfeind, cette fois accompagné de Dennis Ward (Pink Cream 69, Unisonic, …), on retrouve donc le son inimitable du désormais septet et, loin de se marcher dessus, chaque musicien trouve sa place comme par magie. Vocalement, la cohabitation entre Andi Deris et Michaël Kiske est le point fort du groupe, qui retrouve un bel élan à travers ce duo très complémentaire. Même si on pouvait attendre beaucoup plus du trio de guitaristes, HELLOWEEN ne manque pas de puissance.
Au-delà des compositions qui restent fidèles au registre, et sont même un beau compromis entre les deux époques, c’est l’unité affichée par les Allemands qui fait plaisir à entendre (« Out for the Glory », « Mass Pollution », « Best Time » presqu’estampillé Billy Idol). Avec des chorus toujours aussi fédérateurs, des riffs costauds et une belle rythmique, HELLOWEEN continue d’honorer le Speed Metal dont il est maintenant l’un des derniers représentants (« Indestructible », « Orbit », « Skyfall »). Belle réunion de famille.
Même instrumentale, la musique de GLEN ne manque ni de poésie, ni d’expression. Le Post-Rock Progressif du groupe berlinois prend une dimension nouvelle sur ce deuxième album, « Pull ! », parfaitement interprété et superbement bien produit. Parvenant à captiver à travers des morceaux pourtant assez longs, mais très rythmés et accrocheurs, le quatuor présente de multiples facettes dues aux parcours singuliers de ses membres. Entretien avec Wilhelm Stegmeier et Eleni Ampelakioutou pour évoquer ce nouvel opus, mais pas seulement…
– On sait que Berlin est une capitale culturelle cosmopolite et GLEN avec son line-up international en est la preuve. Comment vous êtes-vous rencontrés et sur quelles bases et quelles influences musicales avez-vous décidé de bâtir votre répertoire ?
Wilhelm : Eleni et moi sommes des collaborateurs de longue date, tant dans la musique qu’au cinéma. Nous avons collaboré sur plusieurs projets de films : Eleni en tant que réalisatrice, et moi comme compositeur de longs métrages, de documentaires et de films abstraits expérimentaux. Brendan Dougherty nous a été présenté. En plus d’être batteur, il travaille dans le théâtre en tant qu’artiste sonore et a collaboré avec l’Ensemble de danse Meg Stuarts, « Damad Goods », ainsi qu’avec divers autres groupes de danse et de performance. Nous connaissons aussi Maria Zastrow depuis assez longtemps. Elle a animé une émission dans une station de radio indépendante à Berlin, où elle nous avait invité à présenter notre précédent album « Crack ». Elle s’est demandé pourquoi nous ne lui avons pas demandé de jouer de la basse. Et comme elle avait déjà participé à un autre projet musical avec nous, on lui a simplement proposé.
– Vous venez de sortir « Pull ! », votre deuxième album et il est cette fois entièrement instrumental. Le choix de se passer de chant a été une décision que vous aviez prise dès le départ, ou est-ce venu naturellement ? Les morceaux se suffisant à eux-mêmes finalement ?
Wilhelm : Au sein du groupe, il y a toujours eu un terrain d’entente. Il y a une forte influence de l’élément narratif épique issu de la musique cinématographique, la création de nouveaux espaces sonores et de structures ouvertes aux musiques expérimentales ; et d’autre part, celle de la puissante dynamique et l’énergie du Noise, du Drone et du Rock Progressif également. Nous ne voulons pas nous limiter à produire de la musique qui contribue à un genre spécifique. Il y a une transformation constante au sein du groupe.
– Bien qu’instrumental, « Pull ! » se présente comme un album-concept. Est-ce que vous pouvez entrer dans le détail pour nous l’expliquer, et est-ce que le fait de se priver de textes complique les choses pour le côté narratif ?
Eleni : Le titre « Pull ! », ainsi que chaque titre de l’album ouvre la voie à une ambiguïté délibérée. Le morceau « Ahab » et ses illustrations font référence à Mocha Dick, une célèbre baleine agressive, mentionnée pour la première fois en 1839 dans une histoire publiée dans « The Knickerbocker » et « New-York Monthly Magazine », et qui ont probablement été une inspiration pour « Moby Dick » de Melville. Par ailleurs, il se dégage d’autres thèmes comme les personnages mythiques à domination masculine dans « Ahab », les efforts insurmontables sur « Korinth » et le bouton de rose comme énigme de « Davos », entourés de la « Montagne magique » de Thomas Mann accueillant le Forum Economique Mondial, et « Buffalo Ballet », qui est le témoin des batailles historiques de l’urbanisation, sont ouverts à de multiples interprétations. Autant, chacun de ces titres signifie quelque chose pour nous, autant ils laissent suffisamment d’espace à l’auditeur pour de multiples interprétations. Et c’est ce que nous voulions.
– Wilhelm, toi qui viens de la composition de musiques de films, tu as dû être peut-être plus à l’aise dans l’écriture de ces nouveaux morceaux, non ?
Wilhelm : Je suis venu à la musique de film, car j’étais fan de musique de film. J’aime les aspects narratifs des compositions et les paysages sonores de compositeurs comme Ennio Morricone, Pierre Jansen, Georges Delerue, Jerry Fielding ou Michael Small pour n’en citer que quelques-uns. J’aime les images que crée cette musique, même sans regarder le film. Travailler comme compositeur de film, c’est un rêve devenu réalité d’une certaine façon. D’un autre côté, c’est un engagement, car il faut servir les images du réalisateur, bonnes ou mauvaises. En travaillant sur la musique sans ces limitations, je peux servir et orchestrer mes propres images personnelles. Au-delà de cela, travailler en tant que compositeur peut aussi être une entreprise solitaire. Mais j’aime collaborer dans un contexte de groupe et apporter à la musique l’élan des autres musiciens.
– Le fait aussi que les nouveaux titres soient assez longs doit faciliter l’installation d’ambiances musicales grâce à une plus grande liberté, notamment pour un album-concept, non ?
Wilhelm : Tu as tout à fait raison. Certains effets ont besoin de temps pour se développer et s’élever. Par exemple, le rythme répétitif de « Yoo Doo Right » du groupe Can crée un vortex hypnotique qui dure 20 minutes. Cela créé une atmosphère qui rappelle la transe des percussions tribales. Sunn O))) a aussi créé un environnement transcendantal sacré avec son Drones et son volume massif. Pour ce genre de compositions, le temps est une partie essentielle de la musique. C’est un concept complètement différent d’une chanson Pop de trois minutes.
– Musicalement, l’univers de GLEN est assez vaste, même si on peut vous définir comme un groupe de Post-Rock Progressif. C’est une façon de brouiller les pistes, de ne pas se restreindre à un style ?
Eleni : Comme Wilhelm l’a mentionné précédemment, nous ne voulons pas contribuer à la musique d’un genre spécifique. On ne pense jamais à ça. Le terme « Post-Rock » contient tellement de musique et de styles différents que nous nous sentons assez à l’aise pour être définis comme tel, même si nous n’aimons vraiment pas être cataloguer de quelque manière que ce soit.
– Etonnamment, « Pull ! » est un album très technique musicalement et pourtant il est très abordable et ne présente pas de complexité apparente à l’écoute. C’est important pour vous d’être le plus « lisible » possible ?
Wilhelm : Pour moi, la musique est avant tout une expression émotionnelle et non une représentation de virtuosité et de technique. C’est une autre forme de communication. C’est merveilleux quand cette connexion émotionnelle se produit. Donc être « lisible », c’est probablement souhaité par n’importe quel musicien. Cela dit, nous ne changerons jamais un morceau ou une partie pour la rendre plus « lisible » ou consommable. En écoutant notre précédent disque, un ami a été surpris de pouvoir même danser sur notre musique… Je lui ai dit : eh bien danse ! D’un autre côté, Morricone, même avec ses compositions les plus expérimentales pour le cinéma et avec le collectif de compositeurs d’Avant-Garde Gruppo Di Improvvisazione Nuova Consananza ou The Group, a toujours réussi d’une manière ou d’une autre à créer des « Hits », en tout cas selon moi.
– Un dernier mot aussi sur votre travail avec le grand Reinhold Mack, qui a mixé l’album. Comment s’est passé votre collaboration et comment le contact a-t-il eu lieu ?
Wilhelm : Pour faire court, nous avons grandi dans le même petit village dans le sud profond de l’Allemagne… mais pas exactement au même moment. Sa famille avait un magasin de piano à côté de la maison de mes parents. Quand j’étais petit, il avait déjà du succès dans le monde de la musique. Dans le magasin de piano, ses parents avaient exposé une collection de ses disques d’or et je me tenais devant la fenêtre quand j’étais jeune, pensant qu’il y avait une sorte de sortie par là… Je me souviens juste de l’avoir sans doute vu une fois avec mon père quand j’avais peut-être trois ans dans la rue. Il portait un long manteau et des cheveux longs avec un autre gars dans le même style. Je les pointais du doigt en disant « Deatels », ce qui était censé signifier « Beatles ».
De nombreuses années plus tard, j’ai reçu un e-mail surprenant de sa part. Il était à Los Angeles et il venait de rentrer d’Allemagne. Il a allumé la télévision et a regardé un film allemand découvrant mon nom dans le générique de fin pour la musique… Calculant alors que nous étions autrefois voisins… Nous avons alors eu des contacts sporadiques. Quand on travaillait sur « Pull ! », il m’a contacté pour tout autre chose. Nous avons parlé un peu de musique et de business, je lui ai parlé de GLEN et du fait que nous travaillions sur un nouvel album.
De retour au studio, Eleni et moi étions coincés sur un morceau et on avait tendance à en faire de trop. J’avais nos échanges en tête et je lui ai dit : « Qu’aurait fait Mack ? », en pensant à la simplification parfaite de « Another One Bites the Dust ». Nous avons écouté la chanson et avons été subjugués par la parfaite production. Je lui ai alors écrit et il m’a répondu : « Si vous avez un problème, envoyez-le moi ». C’est ainsi qu’a commencé la collaboration, qui a été une belle expérience et vraiment un grand plaisir ! Au final, il a mixé l’intégralité de l’album et nous lui en sommes très reconnaissants ! Ce qui est drôle, c’est que nous ne nous sommes jamais rencontrés en personne jusqu’à présent… sauf par incident quand j’étais petit garçon… peut-être.
L’album « Pull ! » est disponible chez Anesthetize Productions depuis le 7 mai.
Ils ont beau se dire en colère et énervés, c’est pourtant avec une sacrée dose de bonne humeur et une énergie folle que le trio français THE CHRIS ROLLING SQUAD nous balance en pleine tête ce troisième album. « Cannonball Holocaust » est l’œuvre d’un power trio de fous-furieux qui fait rimer refrains accrocheurs et riffs assassins. Poussez les meubles et montez le son !
THE CHRIS ROLLING SQUAD
« Cannonball Holocaust »
(Cimex Records/Tvåtakt Records)
Invitez à la même table les Ramones, Motörhead, GBH et Slayer et vous aurez une petite idée du registre sauvage, véloce et enjoué de THE CHRIS ROLLING SQUAD. Entre la puissance du Hard Rock, l’énergie Punk et la fougue Rock’n’Roll, le trio n’a pas choisi, il a préféré se les approprier et l’idée est carrément bonne. Pied au plancher, le combo balance 14 baignes qui sont autant de bouffées d’oxygène.
Sorti il y a deux petits mois, « Cannonball Holocaust » est le troisième album de THE CHRIS ROLLING SQUAD et son premier sur les labels suédois Cimex Records et Tvåtakt Records, qui ont franchement eu du nez sur ce coup-là. Entre deux coups de speed, les riffs acérés et la très massive rythmique nous renvoient aux belles heures d’un Rock débridé, insolent et irrévérencieux à souhait.
Vocalement très en place, tant au niveau du lead que des chœurs, THE CHRIS ROLLING SQUAD rappelle des ambiances américaines (« Crazy Little Boy », « Revolution », « All Around »), des assauts très britishs (« Straight Down To Hell », « Desperate City ») et une énergie qui lui est très personnelle (« Faster », « Staying Home With Mommy », « Hollywood »). Courts et racés à l’instar des solos (!), les morceaux du trio claquent et fouettent !
Ce premier album éponyme de MAMMOTH WVH est l’un des plus attendus de ces dernières semaines et se révèle même être une petite sensation. Wolfgang, jeune multi-instrumentiste américain, n’est autre que le fils du grand Eddie Van Halen. Et entre Hard Rock et Rock US, il livre un très bon premier album et affiche déjà un style très personnel et en jouant tous les instruments sur l’ensemble du disque.
MAMMOTH WVH
« Mammoth WVH »
(EX1 Records/Explorer1 Music Group)
Vouloir marcher dans les pas de ses parents n’est jamais chose aisée et peu importe le domaine d’ailleurs. Les ‘Fils de’ sont très souvent décriés avant même d’avoir pu s’exprimer. Là où ça peut se compliquer un peu, c’est lorsqu’il s’agit d’honorer l’héritage d’une légende. Il faut beaucoup de talent et de travail et ce premier album de Wolfgang Van Halen, sous le nom de MAMMOTH WVH, relève le challenge de bien belle manière. L’hérédité est manifeste sans être démonstrative.
L’exercice est d’autant plus risqué que le fils du grand Eddie se présente sous une formule en one-man-band, et le multi-instrumentiste est franchement brillant et il impressionne même. Guitare, basse, batterie et chant, Wolfgang se présente comme un musicien plus qu’aguerri. Si on le connait déjà comme bassiste de Van Halen et surtout de Tremonti, ainsi que comme batteur de Clint Lowery, les parties de guitares et surtout le chant sur MAMMOTH WVH montrent une belle assurance et déjà une solidité à toute épreuve.
Les morceaux qui composent ce premier album éponyme, l’Américain les travaille depuis des années déjà et cela s’entend. La production très organique et aérée de Michael ‘Elvis’ Baskette (Slash, Alter Bridge, …) met parfaitement en valeur les côtés massifs de MAMMOTH WVH, tout en apportant beaucoup de profondeur sur les titres plus sensibles (« Mr Ed », « You’re To Blame », « Don’t Back Down »). Après Eddie, il faudra dorénavant aussi compter sur Wolfgang. Que ceux, qui en doutent encore, écoutent bien le Hard Rock US du fiston !
Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !
KLONE – « Alive » – Kscope
Après un peu plus de 25 ans de carrière, le quintet poitevin profite de cette période sans concert pour sortir « Alive », son premier opus enregistré en public. Savoureux mélange de morceaux enregistrés en 2016 aux Pays-Bas et en 2019 à Audincourt en France, l’album fait la part belle aux albums « Here Comes The Sun » et « Le Grand Voyage ». Comme par magie, ceux-ci montrent la belle évolution, la complémentarité et la montée en puissance assez phénoménale du groupe. Grâce à une production hyper-soignée, KLONE prend toute son ampleur sur scène. Alors que le combo s’apprête à sortir son septième album, c’est une superbe occasion de retrouver le Metal Progressif aux teintes mélancoliques et atmosphériques de l’un des meilleurs groupes actuels français du genre. Sublime.
MR BUNGLE – « The Night They Came Home » – Ipecac Recordings
En autant d’années d’activités que de mise en sommeil, Mr BUNGLE a pourtant marqué de son empreinte le Metal Rock Experimental dès 1986. Il faut aussi dire que là où passe le virevoltant Mike Patton, les souvenirs persistent et son influence grandit. En pause (très) prolongée depuis 2000, les Californiens étaient réapparus avec le réenregistrement de leur première démo, « The Raging Wrath Of The Easter Bunny », avec les renforts de Scott Ian d’Anthrax et du légendaire Dave Lombardo derrière les fûts, alors que les fidèles Trey Spruance à la guitare et le bassiste Trevor Dunn sont toujours de la partie. C’est l’an dernier, le jour d’Halloween, que Mr BUNGLE a proposé ce livestream devant 11.000 spectateurs virtuels, et ça sonne comme jamais. Que ce ne soit qu’un début !
DANNY ELFMAN – « Big Mess » – Anti/Epitaph
Fondateur du turbulent Olingo Boingo, le Californien n’avait pas signé un album solo depuis plus de 30 ans. Alors forcément, on l’attendait au tournant avec, notamment, des interrogations quant au style abordé. Car DANNY ELFMAN est depuis longtemps un compositeur de musique de films très éclectique. Lauréat de multiples Grammy et Emmy Awards, on lui doit les bandes originales des films de Tim Burton, mais aussi les génériques des Simpson, Flash ou Desperate Housewives. C’est dire les grands écarts dont il est capable. Entouré de cadors (Josh Freese, Stu Brooks, Robin Finck, Nili Brosh, Warren Fitzgerald et bien d’autres), le producteur et multi-instrumentiste nous plonge dans un univers Rock Metal Indus, façon NIN, façonné de 18 titres superbement produits et vraiment décapants. Immersif.
Après avoir sorti son deuxième album l’an dernier de son côté et entre deux déconfinements, le groupe a été approché par Listenable Records pour la distribution de « Void », petit bijou de Death Metal Progressif. LUNA’S CALL a dorénavant les coudées franches pour avancer plus librement et surtout s’adresser à un plus large public. Il faut dire que « Void » est étonnant et percutant, tout en étant très technique. L’occasion était donc trop belle pour en parler avec son chanteur et guitariste Neil Purdy.
– En dehors du fait que vous ayez sorti votre premier album « Divinity » en 2016 et que vous êtes anglais, on vous connait malheureusement assez peu en France. Pouvez-vous nous dire dans quelles conditions s’est créé LUNA’S CALL et ce qu’il représente musicalement pour vous ?
En effet, nous sommes un quatuor de Death Metal Progressif originaire du Lincolnshire, au Royaume-Uni. Tout a commencé en 2012, c’était mon projet solo alors que j’étudiais à l’université. J’ai écrit et enregistré une démo et j’ai demandé à mes colocataires de l’époque, Brad et James, s’ils aimeraient me rejoindre pour réenregistrer les parties de basse et de batterie. J’avais déjà fait partie de plusieurs groupes avec Brad (Laver – basse) et James (Batt – batterie), donc je savais que nous aurions une bonne base pour le groupe. Puis, nous avons rencontré Liam (Underdown – guitare), lors d’un concert, où il jouait avec un autre groupe. On a tout de suite su qu’il devait rejoindre LUNA’S CALL. Ironiquement, alors que nous avons tous des goûts musicaux différents, nous n’écoutons pas beaucoup de Death Metal Progressif. En fait, nous faisons la musique que nous aimerions écouter !
– Votre deuxième album, « Void », est sorti en août 2020 et la situation due à la pandémie a bouleversé beaucoup de choses. C’est pour cette raison que vous le ressortez actuellement chez Listenable Records ?
Listenable Records nous a contacté fin 2020 et nous a demandé si nous serions intéressés pour rééditer « Void ». La raison pour laquelle nous les avons rejoint est que nous voulions que notre musique atteigne un public beaucoup plus large. Le fait qu’ils prennent en charge nos ventes physiques me libère plus de temps pour travailler sur d’autres choses, comme l’écriture et l’enregistrement de nouveaux morceaux. La pandémie nous avait en fait aidé à prendre du recul par rapport à la pratique, et à nous concentrer davantage sur la promotion en ligne de « Void ».
– Par rapport au premier album, « Void » est nettement plus abouti et il semble aussi que vous soyez vraiment parvenu à définir votre style et votre son. C’est aussi votre sentiment ?
Écrire les chansons de « Void » nous a semblé beaucoup plus naturel. Après de nombreuses années à jouer ensemble, il est bon de connaître ses forces, mais aussi ses faiblesses, pour savoir comment avancer musicalement. « Divinity » était plus une expérience personnelle pour voir comment je pouvais me dépasser en tant que guitariste. « Void » a un son plus défini, mais cela changera, espérons-le, encore une fois sur le prochain album. Nous voulons continuer à être un groupe ‘Progressif’, de par la nature même de ce terme. On veut grandir, se développer et modifier notre son au fur et à mesure.
– Ce nouvel album est particulièrement bien réalisé et sa production est toute aussi massive. Dans quelles conditions l’avez-vous enregistré, avec qui et quelle a été votre degré d’implication dans les différentes étapes du processus ?
Nous avons réalisé la majorité de la production nous-mêmes. L’album a été écrit en l’espace d’un an et demi environ, puis on est entré en phase d’enregistrement en 2018. Nous voulions faire tout ça près de chez nous et enregistrer autant que nous le pouvions nous-mêmes. La batterie a été enregistrée dans notre studio de répétition. Nous l’avons réservé pendant cinq jours d’affilée et avons essayé d’enregistrer autant que possible. On n’avait pas de date limite pour l’album, et avec les concerts et le travail à temps plein, on a du espacer l’enregistrement de toutes les instruments. Il a parfois fallu plusieurs semaines entre les prises !
Ces courtes pauses m’ont permis de réfléchir à chaque morceau et de continuer à expérimenter d’autres idées, telles que les percussions ou les éléments orchestraux. Ce n’est que lorsque tout a été enregistré et terminé que nous avons demandé à Russ Russell de mixer et de masteriser l’album. Nous savions que Russ ferait un travail incroyable et que le disque était entre de bonnes mains. J’ai eu la chance de passer quelques jours avec lui à le regarder mixer les morceaux et dans l’ensemble, j’ai eu très peu de choses à lui demander. Dès le début, il était clair qu’il savait ce que nous essayions de réaliser avec cet album, et il est même allé au-delà.
– La musique de LUNA’S CALL est assez complexe notamment dans la structure des morceaux et à travers son aspect très technique. De quelle manière travaillez-vous et combien de temps vous a pris l’écriture de « Void » ?
Il y a une grande partie de moi qui souhaite pouvoir être un musicien capable de s’asseoir dans une pièce avec d’autres et jouer. Mais le compositeur solitaire que je suis préfère rester avec ses idées et les sculpter lentement. Habituellement, j’essaie d’intégrer dans les démos ce qui va ressembler à l’idée finale avant de les envoyer au reste du groupe. Puis, il y a encore beaucoup d’apports et de changements dans l’étape de pré-production et même pendant l’enregistrement. L’album n’ayant pas de date limite, nous avons pu expérimenter et essayer différentes approches des chansons et des arrangements.
– Votre Death Metal Progressif emprunte autant à un style très brutal qu’à des composantes de Rock Progressif plus classiques. On a souvent l’impression que contrairement à d’autres groupes, vous tenez presque à séparer et distinguer les deux registres. C’est quelque chose qui vous a paru important dans vos morceaux et sur l’ensemble de l’album ?
Il n’a jamais été dans mon intention de séparer les différents styles en deux registres. J’ai toujours essayé de me mettre au service de la chanson et cela a été un objectif majeur dans l’écriture de « Void ». Je voulais que les chansons possèdent une sensation et un flux naturels, plutôt que de se sentir forcés de passer d’une section Death Metal à du Rock Progressif. L’idée était qu’elles se fondent l’une dans l’autre. Être étiqueté comme groupe progressif me donne certainement la liberté artistique d’expérimenter et d’inclure toutes ces idées.
– LUNA’S CALL se distingue aussi à travers le chant qui est tantôt clair, tantôt growl. Est-ce parce que vous tenez à ce que certains textes soient plus compréhensibles afin de faire passer certains messages, par exemple ?
C’est un point de vue intéressant ! Je suppose que je fais ce qui sonne le mieux pour la chanson. J’essaie souvent différentes approches du chant (clean ou growls) dans certaines parties et je garde la version qui me convient le mieux au final.
– Techniquement, à travers « Void », vous êtes assez étourdissants tout en maintenant une grande cohésion sur tout l’album. Vous n’avez jamais peur d’en faire trop ? Ou au contraire, est-ce que vous vous freinez même un peu ?
On a voulu que « Void » ait des moments très techniques et extrêmes propres au Metal. Cependant, l’équilibre est quelque chose que nous voulions maintenir tout au long de l’album. Nous aimons le Death Metal Technique et même les formes extrêmes de musique progressive, mais un album entier peut, selon moi, souvent paraître épuisant et un peu fatiguant pour l’auditeur. Nous voulions que « Void » l’emmène dans un voyage, un peu comme dans un film. Il y a des moments extrêmes et d’autres plus calmes tout au long de l’album. L’essentiel est que les choses soient fraîches et intéressantes.
– Enfin, j’ai lu beaucoup d’articles sur LUNA’S CALL et tous vous comparent sans cesse à Opeth. Si le lien existe, c’est indéniable, c’est assez hallucinant et très restrictif de s’en contenter. De votre côté, vous êtes amusés ou agacés par le manque d’imagination et finalement de culture musicale de certains médias Metal ?
Un peu des deux je suppose ? Nous sommes ravis de la comparaison avec Opeth, et il me semble que tous les groupes qui impliquent à la fois du clair et de l’extrême leur seront désormais comparés par défaut. Nous avons eu cette discussion d’innombrables fois, et nous ne voyons pas d’autres raisons que celle d’avoir une gamme vocale et un style similaires. Bien que nous ne puissions nier qu’Opeth nous ait influencé en tant que musiciens, ils ne représentent qu’une petite partie du nombre d’artistes que nous aimons et par lesquels nous sommes influencés.
L’album « Void » est disponible chez Listenable Records depuis le 30 avril.
Alors qu’un nouvel album de ZZ Top se fait cruellement attendre, son guitar-hero maison, continue d’empiler les riffs et les solos imparables de son côté. Ce troisième album, « Hardware », est à l’image de BILLY F GIBBONS, c’est-à-dire mordant, classieux et tout en feeling. Et la chaleur de Joshua Tree lui va comme un gant…
BILLY F GIBBONS
« Hardware »
(Concord Records)
Alors que ses deux camarades de ZZ Top semblent en vacances prolongées, BILLY F GIBBONS passe son temps à sortir des albums solos. « Hardware » est son troisième depuis 2015 et cette fois, il comporte pour l’essentiel des compos originales pour une seule reprise (« Hey Baby, Que Paso » des Texas Tornados). Et au-delà du fait que c’est toujours réjouissant d’écouter le Texan, ce nouvel opus est vraiment très bon.
Enregistré dans le désert de Mojave en Californie (ça devait cailler au Texas !), « Hardware » est un beau panel des innombrables talents de BILLY F GIBBONS. Guitariste hors-pair et chanteur à la voix de velours, il nous transporte dans un Blues bien à lui avec toutes les facettes que l’on connait déjà du barbu. Très Rock dans son ensemble, le Boogie Blues n’est jamais loin et les titres plus calmes sont d’une habileté pleine de feeling.
Du haut de ses 77 ans, BILLY F GIBBONS envoie du bois comme au premier jour (« My Lucky Card », « She’s On Fire », « Shuffle, Step & Slide ») et varie les tempos avec une incroyable dextérité (« Vagabond Man », « Stackin’ Bones » en duo avec les frangines de Larkin Poe). Entraînant, captivant et sensible, ce troisième album est un régal du début à la fin (« I Was A Highway », « Desert High », « Spoken Words »). Bravo et merci Monsieur !
Comme beaucoup d’entre vous ont pu le constater, après des mois de disette où les albums (et surtout les EP d’ailleurs) sont sortis au compte-goutte, depuis quelques semaines, on assiste à une vraie déferlante. Et si je comprends bien évidemment les groupes, la sélection est devenue de fait vraiment drastique. Croulant véritablement sous les sorties, je suis bien obligé de faire des choix. Et même après les avoir fait, il en reste encore beaucoup qui ne manquent pas d’intérêt…
It used to be so much easier.
Mais plutôt que de zapper complètement des albums qui valent, selon moi, la peine qu’on s’y penche et y prête une oreille attentive, j’ai décidé de proposer de courtes chroniques dans lesquelles je passerai en revue deux, trois ou quatre disques : les [Going Faster] ! L’objectif est de compiler des groupes en place dont les créations méritent un éclairage, dans la mesure où elles présentent un intérêt parmi ce déluge musical, qui devient parfois même assourdissant.
Pour autant, la démarche de Rock’n Force ne change pas. Il y aura toujours de grosses locomotives de temps en temps, et si leurs productions présentent un intérêt : elles auront leur place ici. Les [Going Faster] ne concerneront pas non plus les autoproductions, car ce site est là pour elles. Comme les magazines nationaux ne leur laissent que peu de place (hormis un !), cela me parait important de le faire tout comme pour les labels les plus modestes, dont la survie est aussi délicate que primordiale.
Avec une moyenne de 40 à 50 chroniques et interviews par mois, Rock’n Force entend plus que jamais se distinguer de ses petits camarades blogueurs et webzines chez qui, je n’en doute pas, vous retrouverez les groupes que je n’aurais pas traités… avec même les liens directs vers les albums en streaming et les vidéos. Pas ici, jamais. Etant seul, mes priorités sont ailleurs. Cela dit, je pense que nous sommes tous curieux et que nous aimons la musique, notamment lorsqu’elle est de qualité et qu’elle sort des sentiers battus.
Restons donc ouverts et curieux ! Bonne lecture à toutes et à tous ! Rock on !
PS : Ah oui ! Une bonne fois pour toutes : groupes, labels, groupies, fan-clubs, amis, voisins, familles, etc… Rock’n Force ne parle pas des sorties de singles, ni de mise en ligne de nouvelles clips et n’annoncent pas les concerts. Ok ? Juste des albums… et pas de streaming, non plus. Merci !
Parce qu’on n’est jamais assez prudent et qu’il vaut mieux être sûr d’être entendu, NINE SKIES ne sort pas un, mais deux albums simultanément : « Live @Prog En Beauce » et son troisième album studio « 5.20 » (Anesthetize Productions). Prolifique, mais pointilleux, le groupe de Rock Progressif français revient sur ces deux sorties et ce nouvel opus plein de surprises. Entretien avec Alexandre Lamia (guitare, piano) et Anne-Claire Rallo (claviers).
– Deux ans après « Sweetheart Grips », vous revenez avec une double-actualité : « 5.20 », votre troisième album studio, et aussi « Live @ Prog En Beauce ». Commençons par ce dernier. Dans quelles conditions a t-il été enregistré et surtout pourquoi le sortir simultanément ?
Alexandre : Le « Live @ Prog En Beauce » a été enregistré directement depuis la table de mixage du concert, donc rien n’a été ré-enregistré après, et tout est spontané !
Anne-Claire : La campagne Kickstarter pour financer l’enregistrement et la production du nouvel album « 5.20 » a rencontré un franc succès. Nous avons donc décidé d’ajouter de nouvelles récompenses en guise de remerciement. Il s’avère qu’Alexandre venait de remasteriser le son de la vidéo du live au ‘FestivalProg en Beauce’ et que nous recevions parallèlement des demandes pour avoir l’objet en CD (en plus de la vidéo YouTube déjà en ligne). C’est ainsi que le live a vu le jour en digipack, et c’est pourquoi les deux albums sortent en même temps.
– Vous qui êtes toujours très pointilleux sur le son et notamment le mix, ça n’a pas été trop déroutant de ne pas avoir pu le travailler un peu plus en profondeur, notamment piste par piste ?
Alexandre : Oui, quelque peu, même si nous n’avions pas le choix. J’ai simplement fait un mastering du mieux que j’ai pu pour pouvoir ouvrir un peu plus les fréquences et les rendre plus précises et que le son global soit également plus punchy et puissant. Mais le son d’arrivée n’est pas mauvais de base non plus !
– Malgré les distances qui vous séparent tous au sein du groupe et les changements de line-up après « Return Home », on vous sent très unis et très complices sur ce Live. C’est aussi cette sensation qui vous a motivé à sortir cette prestation sur disque ?
Alexandre : Exactement, nous avions tous très envie de pouvoir immortaliser ce concert qui est en même temps la consécration des albums, mais aussi le plaisir de jouer nos albums en live pour la première fois, en se faisant plaisir avant tout. Nous y avons mis énormément de sérieux pendant toute une résidence, et malgré la distance, nous avons pu répéter la setlist pour qu’elle soit la plus fun à jouer et la plus agréable à écouter !
Anne-Claire : Malgré les divers changements de line-up depuis le premier album, les membres du groupe ont toujours été très unis et la complicité tient un rôle très important pour nous, au-delà de la simple complicité musicale, et cela se ressent certainement de l’extérieur !
– Parlons maintenant de « 5.20 », votre troisième et nouvel album. Depuis quand travaillez-vous sur ces nouvelles compos et est-ce que la situation due au Covid vous a retardé dans l’écriture, car il y a encore un gros travail de composition ?
Alexandre : La composition de « 5.20 » a commencé environ quand l’album précédent (« Sweetheart Grips ») est sorti, comme tous les albums que nous produisons. Certaines idées viennent directement à la fin de chaque album, mais l’arrivée d’Achraf a également beaucoup boosté le processus de composition, car nous sommes désormais trois et plus seulement deux à composer les idées principales de l’album. Le Covid ne nous a pas affecté sur ce processus, car nous avons l’habitude de travailler à distance.
Anne-Claire : Cette pandémie nous a tous bien sûr affecté, mais elle a plus touché les groupes, qui avaient prévu de tourner. Nous venions de réaliser le Prog en Beauce, mais n’avions pas encore de tournée programmée. Nous avons eu deux dates annulées, mais nous avons certainement été moins touchés sur ce point-là que d’autres groupes. Nous nous sommes vraiment concentrés sur la réalisation de « 5.20 ».
– Autour du noyau dur présent sur « Sweetheart Grips », vous accueillez aussi Achraf El Asraoui au chant et à la guitare. Alors que le line-up de NINE SKIES est déjà étoffé, qu’est-ce qui vous a poussé à l’inviter à vous rejoindre, et quel est son parcours ?
Alexandre : Achraf possède un univers qui lui est propre, et quelque part, c’est ce que nous recherchions. Nous voulons avant tout que NINE SKIES soit une surprise, autant pour les auditeurs que pour nous-mêmes. Nous cherchons à surprendre et à nous surprendre, et nous renouveler constamment. Achraf a une voix et un timbre très personnels, un formidable feeling et une superbe ouverture d’esprit. Ce qui nous permet d’étendre nos horizons de composition toujours plus loin.
Anne-Claire : Son projet solo se nomme « Achelas ». On y retrouve toutes ses influences et je vous invite fortement à découvrir ce fabuleux mélange musical.
– La principale particularité de « 5.20 » est qu’il se présente comme un album acoustique. Là encore, pourquoi ce choix ? C’était un moyen pour vous d’explorer d’autres sphères musicales, peut-être moins artificielles ?
Alexandre : Exactement. Nous avons toujours été touchés par les instruments, les vrais. Et nous voulions le concrétiser dans cet album purement acoustique, et expérimenter ce qui est possible de faire avec les instruments que l’on utilise tous les jours, sans artifice, et sans alternative. NINE SKIES se veut en constant mouvement, et dans différentes phases d’exploration musicale à chaque album.
– L’autre nouveauté est la présence d’un quatuor à cordes, qui apporte des sonorités très orchestrales et organiques. L’objectif était de franchir les frontières du Rock et de donner une couleur plus intemporelle à l’album ?
Alexandre : Oui et également de pouvoir appuyer le côté acoustique, cinématique et introspectif de l’atmosphère. Il y a un côté magique à intégrer un quatuor de cordes, comme si l’on ajoutait de la magie, de l’étincelle harmonique à une composition.
Anne-Claire : De par sa formation initiale de violoniste, Eric a pu penser des parties de cordes sur les démos et les enregistrer. Nous avons ensuite fait appel au talent de Cath (Lubatti) pour enregistrer les violons et l’alto et Lillian (Jaumotte) le violoncelle en studio.
Photo : Marc Auger
– « 5.20 » est aussi plus intimiste que ses prédécesseurs, alors que NINE SKIES n’a jamais compté autant de musiciens dans ses rangs. C’est assez paradoxal, non ? C’était une sorte de challenge ?
Alexandre : Cela s’est fait naturellement, et effectivement nous ne comptons jamais le nombre de membres dans nos albums, et nous privilégions plutôt ce qu’un membre, même ponctuel, peut apporter à une atmosphère. Nous avions pensé, par exemple, ajouter un joueur de Oud à un moment pour cet opus, ou une harpiste. Peut-être pour les prochains !
– Comme d’habitude, l’album compte des guests prestigieux. Comment s’est porté votre choix cette fois-ci, et quelle a été leur liberté de création à chacun sur ces nouveaux morceaux ?
Alexandre : Nous sommes encore sous le choc d’avoir à nos côtés Steve et John Hackett, ou encore Damian Wilson. Ca a semblé comme une évidence de les appeler car, bien évidemment, nous admirons leur talent et les musiciens qu’ils sont, et leur sensibilité se rapproche énormément de la direction que l’on voulait prendre sur cet album. Quel bonheur qu’ils aient accepté !
Anne-Claire : Ils ont bien évidemment été totalement libres d’apporter leurs idées et leur talent créatif sur les chansons. Ce sont des musiciens hors du commun et ils ont une extraordinaire capacité à cerner l’ambiance musicale et l’atmosphère d’un morceau. Damian (Wilson) m’a d’ailleurs aidé à apporter quelques améliorations ‘bien anglaises’ au texte de « Porcelain Hill ». C’était une expérience extraordinaire.
– Un dernier mot au sujet du titre de l’album, « 5.20 », qui a une connotation très moderne contrairement à la pochette et son visuel très classique. Décidemment, NINE SKIES est fait de contrastes et de paradoxes une fois encore…
Alexandre : Je pense que c’est la définition même de NINE SKIES, composer des paradoxes, à l’image de la vie. Quand nous sommes libres et que nous ne mettons aucune barrière à notre art, les paradoxes viennent d’eux-mêmes, mais nous les laissons envahir notre univers car c’est aussi grâce à ça que les gens peuvent être touchés par les choses de la vie, ou l’art en général. C’est un concept qui peut se vouloir absurde, mais il prend tout son sens si l’on peut interpréter ces paradoxes pour nous-mêmes.
Anne-Claire : c’est aussi la magie d’une atmosphère onirique comme celle-ci. La poésie et les métaphores qui rentrent en jeu au-delà de la musique permettent une lecture à plusieurs niveaux et chacun peut y trouver son compte, parfois même redécouvrir sa propre interprétation au fil des écoutes.
Les albums de NINE SKIES sont disponibles sur leurs sites :
Après le survitaminé « The End Of Chaos » sorti juste avant la pandémie, on n’attendait pas FLOTSAM & JETSAM de sitôt et pourtant… Massifs et toujours aussi incisifs, les thrasheurs d’Arizona sont déjà sur le pied de guerre et à l’écoute de « Blood In The Water », d’ailleurs très bien produit, il n’y a plus aucun doute sur la hargne qui les anime.
FLOTSAM & JETSAM
« Blood In The Water »
(AFM Records)
40 ans de carrière et quatorzième album pour le légendaire combo de Phoenix et pourtant la fougue et la férocité semblent ne l’avoir jamais quitté. Les thrasheurs les plus sous-estimés, ou les plus malchanceux, de la planète Metal continuent avec ardeur leur bonhomme de chemin et « Blood In The Water » fait partie de ces albums à écouter sans modération, FLOTSAM & JETSAM est bel et bien de retour.
Toujours fidèles au poste, Erik A.K. (chant) et Michael Gilbert (guitare) montrent une créativité volcanique et un goût pour un style percutant et Heavy toujours intact. L’arrivée en 2018 du très bon Ken Mary (batterie) et celle toute récente de Bill Bodily (basse) vient confirmer la continuité de FLOTSAM & JETSAM, dont la forte identité s’entend dès les premières notes.
Véloce, puissant et sans concession, « Blood In The Water » rappelle les belles heures du groupe et son Thrash Metal aux solos racés et terriblement Heavy. FLOTSAM & JETSAM livre un effort musclé de 55 minutes composé de quelques belles explosions musicales (« Burn The Sky », « Brace The Impact », « The Walls », « Grey Dragon », « Reaggression »). Incontournable et hyper-efficace.