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Bukowski : éclats de vie [Interview]

Paradoxalement, malgré la perte brutale de Julien Bottel, son bassiste et principal parolier, BUKOWSKI sort peut-être le meilleur de ses six albums en quinze ans de carrière. Sobrement éponyme, cette nouvelle réalisation montre un quatuor en pleine mutation, entre Rock et Metal, et affichant ouvertement des sonorités post-HardCore, Stoner et alternatives. « Bukowski » marque également la première apparition sur disque de son batteur, Romain Sauvageon, qui a répondu à quelques questions. Entretien.

Photo : Armen Balayan

– Vous sortez votre sixième album dans des conditions particulières, puisqu’il parait presqu’un an jour pour jour après la disparition tragique de Julien. Et pourtant, c’est bien sa basse qui résonne sur ces onze nouveaux morceaux. Au-delà de l’hommage naturel que cela représente, cela vous est apparu comme une évidence que « Bukowski » voit le jour ?

Oui, c’est exactement ça, c’était une évidence. On ne se voyait pas remballer tout ce qui avait été fait les mois précédents et surtout, il n’aurait jamais voulu que le groupe se termine après son départ. Cet album est devenu un véritable hommage à Julien.

– La pochette de l’album, toute en sobriété, dégage aussi beaucoup de force. Pour la première fois aussi, cette nouvelle réalisation est éponyme, ce qui en dit long sur votre état d’esprit. Ca peut paraître assez paradoxal, mais « Bukowski » se révèle comme votre disque le plus abouti avec une identité musicale très affirmée, et c’est peut-être même le meilleur…

Merci ! Effectivement, cet album s’est transformé en hommage à Ju. A la base, l’artwork (réalisé par Zariel) était totalement différent et l’album devait se nommer « Arcus ». Bref, tout était prêt. Mais avec les événements, on ne pouvait pas continuer sur notre lancée comme si de rien n’était. Concernant l’identité musicale, nous avions pris la décision pendant la composition de ne pas nous mettre de barrières et d’aller jusqu’au bout de toutes nos idées. On s’est dit dès le début que ce serait un album prise de risques, c’est un choix que nous avons assumé dès le début et vu les retours que nous avons depuis sa sortie, il semblerait que ce soit payant !

– Pour clore ce triste chapitre, c’est donc Max Müller, ancien guitariste de Full ThroIle Baby et ami de Julien, qui reprend la basse. Et comme un signe du destin, il est lui aussi gaucher et joue même maintenant avec son instrument et sur son matériel. Comment cette succession, ou ce relais, a-t-il eu lieu car un tel héritage peut être lourd à porter ?

Cela s’est fait assez naturellement pour être honnête. Quand la décision a été prise de continuer BUKOWSKI, s’est posée la question du remplaçant. Nous ne voulions pas de quelqu’un de trop extérieur, nous avons toujours aimé travailler ‘en famille’. Max était très proche de Julien et ça nous semblait être le plus logique. Quand on s’est rendu compte qu’il était gaucher, on a vu ça comme un signe. Aujourd’hui, on est ravis de  l’avoir avec nous et il est le meilleur successeur que l’on pouvait imaginer.

Photo : Armen Balayan

– Outre l’émotion qui émane de « Bukowski », ce nouvel album va encore plus loin que ce que vous avez l’habitude de proposer. Sur une base Rock et Metal, on retrouve des sonorités Stoner bien sûr, mais aussi post-Rock et Hard-Core, et plus alternatives à la Pearl Jam vocalement. On a l’impression de découvrir enfin tout le potentiel et la pluralité artistique du groupe. Comment êtes-vous parvenus à une telle éclosion ?

Je pense qu’un groupe parcourt un chemin pavé d’expériences et de rencontres. On sent sur cet album les influences de chacun d’entre-nous et que nous avons essayé de mélanger du mieux possible ! Chaque membre est déterminant dans les idées de compositions et d’arrangements. Entre les arrivées de Knäk (déjà sur l’album précédent) et la mienne, les choses changent forcément ! On se sent à l’aise dans nos sessions de travail, libres d’exprimer ce que l’on veut et je pense que c’est un facteur majeur pour une création saine !

– Etonnamment, malgré tous les courants et les styles que vous abordez, BUKOWSKI fait toujours du Rock français au sens noble du terme. C’est quelque chose à laquelle vous tenez, cette identité hexagonale dans le son et l’approche ?

Oui bien sûr, on a grandi avec la scène américaine et anglaise, mais aussi avec la scène française ! Ca fait partie de notre background. Et aujourd’hui, tourner avec des poids lourds de cette scène nous rend fiers de ce qu’on fait et de ce qu’on a accompli. Alors bien sûr, on a aussi envie d’aller explorer d’autres horizons, mais on se concentre pour le moment sur l’hexagone et on verra ce que nous réserve l’avenir.

Photo : Armen Balayan

– L’une des surprises de l’album est « Arcus » et sa partie en spoken-word interprétée par votre ami, le rappeur Wojtek. C’est une première en français pour vous et on retrouve une ambiance qui rappelle la scène des années 90. D’où est venue l’idée et comment le morceau a-t-il été composé ?

On avait envie de faire un morceau avec Wojtek qui est le roi du Battle Rap français. C’est vraiment parti de ça : on voulait faire un morceau avec notre pote ! Du coup, la composition est partie de cette idée-là, à savoir une base mid-tempo avec des relents Hip-Hop notamment dans la batterie. Ensuite, comme je te le disais plus haut : pas de barrières !

– L’autre featuring est celui de Tony Rizzoh d’Enhancer et de Perfecto pour un morceau d’une rare explosivité, « Vox Populi ». C’est un aspect extrême de BUKOWSKI que l’on voit assez peu souvent. Quel sens avez-vous voulu donner à ce titre, qui semble d’ailleurs taillé pour la scène ?

C’est le même principe que pour « Arcus », c’était une envie commune que de bosser ensemble. Alors la donne était différente puisque, comme tu le dis, Toni joue avec Mathieu et moi au sein de Perfecto. Tout est donc plus facile, car on se connait par coeur ! En gros, c’est un titre qui aborde le sujet des écarts qui se creusent dans la société avec des riches de plus en plus riches et des pauvres de plus en plus pauvres. On voulait exprimer une forme de rage autant dans les textes que dans le ressenti à l’écoute ! On a pu jouer ce morceau quelques fois sur scène avec Toni, et effectivement ça marche très bien en live !

– Enfin, ce sixième opus est d’une grande intensité avec des titres très denses, chargés en émotion et dont les mélodies sont tellement touchantes qu’on a qu’une envie, c’est de le découvrir en live et dans son intégralité. Comment allez-vous constituer vos setlists ? Ca risque d’être un vrai casse-tête, non ?

Alors oui, pour être honnête, c’est déjà un casse-tête! (Rires) Nous avons joué chez nous au Forum de Vauréal pour la release party le 15 Octobre dernier et ça a été très compliqué de choisir ! Cela fait quelques temps déjà que l’on voulait proposer autre chose sur scène, comme revenir à de vieux morceaux qui n’avaient pas, ou peu, été joués en live… Du coup, choisir des morceaux du nouvel album a été compliqué ! Mais au final, on a pris la décision de jouer quasiment deux heures au Forum, ce qui a simplifié la tâche. Malheureusement, on ne pourra pas faire des sets comme celui-ci à chaque fois, donc on mettra la priorité sur la nouveauté évidemment !

L’album éponyme de BUKOWSKI est disponible depuis le 23 Septembre chez At(h)ome.

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Post-Metal

SaaR/Maudits : alchimie instrumentale

Sur le papier, c’est vrai que la rencontre entre SaaR et MAUDITS est très attractive au-delà même d’être évidente, lorsque l’on connait les deux formations. Non pas que les groupes se ressemblent au point qu’on les confonde, loin de là, mais leur démarche présente de singulières concordances. Même s’ils évoluent chacun de leur côté sur ce « Split » enchanteur, la cause et l’objectif sont communs. Les atmosphères se rejoignent pour n’en faire qu’une et on attend qu’une seule chose maintenant, c’est une scène, ou mieux encore, une composition les réunissant.

SaaR / MAUDITS

« Split »

(Source Atone Records)

Il fut un temps, pas si lointain, où les groupes se partageaient les galettes vinyliques, occupant chacun la face d’un disque dans des courts ou longs formats. Cette belle pratique a disparu pour l’essentiel, sans doute dû à un individualisme envahissant. Et pourtant, les groupes SaaR et MAUDITS, dont le talent et la notoriété croissante ne font plus mystère, se sont associés pour livrer chacun un morceau autour d’une démarche musicale qu’ils partagent : le Post-Metal instrumental. Et le résultat est à la hauteur des attentes. 

SaaR – Photo : Fakele Photographie

Ce sont les Parisiens de SaaR qui ouvrent les festivités avec « Loved », long de près de neuf minutes et d’un éclat incroyable. Si l’entame est progressive, elle ne fait qu’amorcer un déploiement dans les règles d’un style musclé et très structuré. Comme sur « Gods », son dernier album, le quatuor avance sur des rythmiques saccadées, des guitares aériennes en déversant quelques belles déflagrations aux saveurs Doom et dans une atmosphère souvent pesante, mais très aérée. Imposant !

MAUDITS – Photo : William Lacalmontie

Quant à vous, lecteurs adorés, MAUDITS n’a plus beaucoup de secrets pour vous, puisqu’il est présent sur le site depuis ses débuts. Séduisant sur son premier album éponyme (2020) et brillant sur son dernier EP « Angle Mort », le trio accueille à nouveau Raphaël Verguin au violoncelle sur ce « Breken Pt 1/2/3 » de toute beauté. Louvoyant à l’envie dans des registres post-Rock, Doom et Ambient, ce titre de 15 minutes reflète les capacités de MAUDITS à nous embarquer dans un tourbillon souvent hypnotique et toujours captivant.

« Split » est probablement l’une des meilleures réalisations de son genre depuis très longtemps. Affichant une belle unité dans une production très organique, la complémentarité des deux groupes étonne tant il y a une vraie progression sur l’ensemble des deux morceaux. D’ailleurs, on passe de l’un à l’autre (et vice-versa) sans sourciller un seul instant, preuve s’il en est que SaaR et MAUDITS ont l’art et la manière de nous envoûter avec le même penchant pour un post-Metal instrumental de grande classe.

Retrouvez la chronique du dernier album de SaaR (« Gods ») et les deux interviews de MAUDITS accordées à Rock’n Force :

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Doom Post-HardCore Post-Metal Sludge

Ahasver : Golgotha road

Mélodique et surpuissant, ce premier album des Occitans d’AHASVER est l’aboutissement d’un long travail et d’une créativité colossale. Composé de cadors du Metal extrême, le quintet élève son post-Metal aux reliefs saisissants et captivants pour en faire une matière musicale hypnotique et magnétique. Servi par une très bonne production, « Causa Sui » ouvre une multitude d’horizons musicaux.

AHASVER

« Causa Sui »

(Lifeforce Records)

Ce premier album d’AHASVER fait l’effet d’une gigantesque vague. Elle arrive, elle est très haute, le choc est violent et ensuite c’est la lessiveuse. Bâti autour de membres de Gorod, Eryn Non Dae, Psykup, Zubrowska, Dimitree et Drawers, le quintet ne donne évidemment pas dans l’easy listening. Poussant le post-Metal dans ses derniers retranchements, les français frappent un grand coup et sans retenue.

Mais au-delà de son impact sonore conséquent, « Causa Sui » est un album-concept très bien ficelé et surtout d’une grande finesse musicale. Le groupe tire son nom du personnage mythique ayant refusé de venir en aide à Jesus sur le chemin de Golgotha. Cela lui valut une errance éternelle sur terre. AHASVER en a imaginé la suite en inscrivant ses morceaux dans l’Histoire et en faisant un parallèle avec notre société.

Pour en saisir toutes les subtilités, plusieurs écoutes de « Causa Sui » s’imposent. Dans un climat extrême, tendu et nerveux, le combo enchaîne les phases Doom, Sludge et post-HardCore à grand renfort de blast monumentaux et réguliers (« Dust », « Tales, « Path »). Pourtant, AHASVER sait aussi nous emporter dans des atmosphères progressives et accrocheuses avec la même facilité (« Fierce », « Wrath », « Kings »).

Pas moins de quatre ans auront été nécessaires à l’écriture et à l’enregistrement de l’album et on comprend très bien vu le résultat obtenu. S’il a sans doute fallu faire converger les emplois du temps de chacun, c’est surtout la complexité des morceaux qui interpellent, tout comme le travail minutieux effectué sur les arrangements. AHASVER signe l’un des meilleurs albums du genre de cette rentrée, et c’est indiscutable !

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France Post-HardCore Progressif

Point Mort : post-format [Interview]

Clair, pertinent, audacieux et ascensionnel sont quelques adjectifs que l’on peut facilement attribuer à ce premier album de POINT MORT, « Pointless… ». Les Parisiens se livrent sur près d’une heure dans un post-HardCore percutent et aux reliefs étonnants, passant d’’ambiances progressives à des fulgurances Metal sans concession. Entretien avec Sam, chanteuse polymorphe s’il en est, et Simon, batteur métronomique et virevoltant du quintet.

– Le groupe existe depuis déjà sept ans et vous avez deux EP à votre actif. Et trois ans après le dernier, « R(h)ope », vous sortez votre premier album « Pointless… ». Il vous fallait être fin prêts afin de proposer un long format qui a dû demander beaucoup de travail, vu le résultat ?

Sam : Je pense que c’était le moment, que les planètes étaient alignées. (Sourires)
« Pointless… » nous a demandé du temps, en effet. Comme beaucoup de musiciens, on a bénéficié du confinement, de l’arrêt des concerts pour travailler dessus. Le groupe est plus solide aussi, humainement et musicalement. Un contexte plus favorable en tous points.

– Justement « Pointless… » est parfaitement réalisé, tant au niveau des compositions que de sa production. Vous aviez le sentiment que votre jeu n’était peut-être pas suffisamment mature jusqu’ici et qu’il vous fallait être encore patients pour pouvoir vous exprimer pleinement, surtout dans un registre aussi travaillé ?

Sam : Pas vraiment. Nous n’avons jamais vraiment réfléchi au format. Nous avons enregistré nos deux premiers EP en fonction du temps qui nous était disponible à ce moment-là. Pour « Pointless… », on avait plus de temps et on a décidé de s’en donner plus en studio aussi. C’est ce qui a permis d’enregistrer ces huit morceaux qui, pour nous, fonctionnaient comme un ensemble.

– Le Post-HardCore de POINT MORT se démarque également de la scène nationale de par, notamment, la complexité de vos morceaux. De quelle manière procédez-vous pour les composer, compte tenu de leurs structures et des innombrables détails, qui sortent franchement de l’ordinaire ?

Simon : J’espère ne pas avoir l’air trop prétentieux, mais je crois que c’est quelque chose qui nous vient assez naturellement, en fait. En tout cas, ce n’est pas prémédité, on ne recherche pas la complexité pour la complexité. C’est surtout un aspect très présent dans la musique qui nous influence, donc ça nous paraît évident de ne pas aller vers des structures trop linéaires quand on écrit.

Il est également bien plus simple, à mon avis, de se repérer dans un morceau dans lequel tous les passages sont différents que dans une structure classique, où tous les couplets et refrains sont les mêmes ! Les cassures et les changements d’ambiance font que nous restons alertes et engagés dans le morceau en le jouant. On a tendance à s’ennuyer assez vite sinon !

– POINT MORT présente des arrangements très pointus, qui forment un édifice solide. Y pensez-vous dès le départ, ou c’est plutôt un travail de studio, qui se fait en aval ?

Simon : A l’échelle à laquelle nous travaillons, nous n’avons accès au studio qu’au moment d’enregistrer les morceaux. Tout le travail, de la composition, à l’arrangement puis à l’apprentissage des titres, doit avoir été fait avant d’arriver au studio, sans quoi, on est certain de perdre un temps précieux.

Pour autant, on ne peut pas dire que tout soit réfléchi ‘dès le départ’. Certaines idées d’arrangement n’arrivent qu’en fin de composition, mais il n’y a pas vraiment de règle préétablie…

– Pour revenir à votre album, il présente des atmosphères très variées qui pourtant débouchent sur un ensemble très cohérent. C’est difficile de vous suivre parfois, malgré un style très personnel qui devient d’ailleurs vite identifiable. Vous vous fixez un fil rouge, une ligne directrice ?

Simon : On cherche toujours à atteindre le fragile équilibre entre un morceau qui est intéressant à jouer pour nous les musiciens, mais qui reste cohérent pour les auditeurs. On écrit avant tout de la musique pour nous-mêmes, donc c’est important qu’on ne s’ennuie pas en jouant les morceaux. Mais si on ne suit que cette directive-là, on peut très vite se retrouver avec un morceau qui ne ressemble pas à grand chose. Parfois, il faut faire des compromis !

– Parlons de l’aspect vocal de POINT MORT avec ses passages clairs et d’autres growlés. J’imagine que ce sont les textes qui guident l’intensité et la puissance à employer à tel ou tel moment, non ?

Sam : Je compose de manière instinctive. C’est plutôt l’intensité qui dicte les mots en fait. Quand je commence à poser les lignes mélodiques, les morceaux sont généralement bien avancés. Je me jette un peu à l’eau et je lance les idées comme elles viennent. A partir de là, si les bases mélodiques nous plaisent, je commence à écrire. Les sonorités m’inspirent des mots, des thèmes. Je fonctionne plutôt dans ce sens-là. La mélodie est vraiment ce qui prime à mon sens.

– L’autre particularité du chant est de passer de l’anglais au français. Dans quels cas utilisez-vous l’un ou l’autre ? Pour faire passer certains messages ? Pour insister sur l’aspect poétique de certains textes ?

Sam : Ce sont les mélodies qui me dictent la langue. J’entends même parfois des langues que je ne maîtrise pas, à mon grand regret… D’ailleurs, on n’était tous pas très fan du français au départ. Mais c’est comme pour le reste : si on trouve tous que ça colle, on garde.

– Enfin, j’aimerais que l’on dise un mot sur le côté engagé et presque militant parfois de certains titres. L’inscrivez-vous pleinement dans votre démarche, au même titre que la musique en elle-même ?

Sam : Ah, je vois que tu as bien lu les textes. Parce qu’on nous en parle peu en fait. Pour la simple et bonne raison que j’aime utiliser une prose assez imagée quand j’écris. Mais oui, les thèmes sont engagés, car j’écris toujours sur des sujets qui me tiennent à cœur, me chamboulent, me révoltent… Mais comme ce n’est pas une écriture commune avec le reste des membres, et que je suis ‘la voix’ de ce groupe, on ne souhaite pas verser dans le  militantisme, non. Le groupe n’a pas à porter mes convictions intimes. Même si on est d’accord, la plupart du temps… et heureusement d’ailleurs. Disons que nous contestons,  mais que nous ne sommes pas là pour mobiliser l’opinion publique.

L’album de POINT MORT, « Pointless… », est disponible depuis le 29 avril chez Almost Famous.

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Doom Sludge

SunStare : mythes et légendes

Troisième album en moins de dix ans pour le quatuor du Nord, qui se surpasse sur ce « Ziusudra » avec un style plus incisif et percutant que jamais. Avec un formidable aplomb et un contrôle total de son jeu, SUNSTARE pose un Doom massif et lourd au sein duquel des tranchantes et racées semonces Sludge frappent à tout rompre. Fulgurant.

SUNSTARE

« Ziusudra »

(Source Atone Records)

Les Lillois nous la font à l’envers. A l’envers de 4.800 ans pour être précis avec ce « Ziusudra » qui nous renvoie aux épopées des sumériens et de la légende de Gilgamesh, cruel, roi d’Uruk. SUNSTARE pose ainsi le décor de son troisième album, où le Sludge du quatuor vient frapper un Doom massif, déjà très appuyé et parfaitement mis en valeur par une production très soignée.

Granitique, ce nouvel opus a de quoi en laisser plus d’un sur le carreau. Mené par le chant féroce de son frontman Peb, les sept morceaux de « Ziusudra » s’inscrivent avec modernité dans une atmosphère ancestrale brute. Tout en contraste, SUNSTARE évolue sur une solide base Doom écrasante que des fulgurances Sludge viennent perturber habillement sur une cadence effréné.

D’entrée de jeu, le morceau-titre plante le décor sur une plage instrumentale assez progressive, juste avant un déferlement compact dans les règles (« Abgal/The Very Wise », « Uru/The Wrath, The Flood »). SUNSTARE déploie un véritable mur de guitare à travers lequel la rythmique implacable trouve son équilibre sur des déflagrations très maîtrisées (« Ganzer/The Abyss », « Awîlum/L’Homme Libre »). Pleine face.

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Post-HardCore Post-Metal

[Going Faster] : Yarotz / Wntrhltr

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

YAROTZ – « Erinyes » – Independant/XL Tour

Baptisé The Third Eye à sa création, ce qui fut aussi le titre de sa première démo en 2019, le trio d’Aquitaine livre son premier album « Erinyes ». Fondé entre autres par deux membres de Junon, YAROTZ libère un Metal féroce et brutal dont les influences balaient un large spectre. Très impulsif dans son côté Hard-Core et plus mélodique dans ses aspects post-Metal, le groupe présente des compositions très convaincantes et aussi sombres que rageuses. Doté d’une excellente production, le premier effort de YAROTZ déploie une force à travers laquelle l’expérience du power trio peut s’exprimer pleinement (« Vergogna », « Deliverance », « Phoenix »). Et, cerise sur ce beau gâteau, le combo accueille Christian Andreu de Gojira sur l’incendiaire « Childish Anger ». Un disque sauvage et massif.  

WNTRHLTR – « Deu.Ils » – Independant

D’une beauté sombre et dans une intensité de chaque instant, WNTRHLTR refait surface avec « Deu.Ils », un EP très dense qui fait suite à un premier single, « Sonar », sorti il y a trois ans. Avec ce format court, la consonance est toute particulière pour son guitariste et chanteur Thomas Winterhalter, souhaitant à travers ces titres se libérer d’un deuil. Les six morceaux ont donc un écho très personnel, qui saisit dès les premières notes de « Prologue » jusqu’à « Deuil », deux titres où la voix de Laure Le Prunenec (ex-Igorrr, Rïcïnn) apporte un peu de lumière. WNTRHLTR propose un post-HardCore en forme de complainte puissante, hypnotique et froide. Une superbe libération artistique ténébreuse, qui aurait même mérité de s’étendre un peu plus encore.

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Blues Psych Stoner Rock

Birdstone : prophétique

Dans des atmosphères Stoner et Desert Rock, le Blues psychédélique de BIRDSTONE trouve sa voie avec une force singulière. Puissant et combatif, ce nouvel album du trio poitevin propose de multiples variations à travers des ambiances aussi aérées que soutenues. « Loss » combine un panel d’émotions intenses avec brio.

BIRDSTONE

« Loss »

(Independant)

Un nouveau venu sur la scène Blues Rock hexagonale ? Pas vraiment. Tout d’abord parce que BIRDSTONE a vu le jour en 2015 et qu’il compte déjà un EP (« The Cage » – 2017), un album (« Seer » – 2019) et aujourd’hui un deuxième avec le très bon « Loss ». Et ensuite, parce que le trio évolue pas à proprement parler dans un Blues Rock classique, bien au contraire, on est même très loin des rives du Mississippi.

Indéniablement baigné dans le Blues, le Rock de BIRDSTONE se démarque de l’image conventionnelle qu’on peut en avoir. Emprunt d’un psychédélisme assumé en abordant les thèmes de la mythologie, de l’ésotérisme et des passions humaines avec fougue, les Poitevins évoluent dans un registre plus identifiable à celui de la famille Stoner et Desert Rock, dont il partage la puissance.

Sur des rythmiques lourdes et sourdes, BIRDSTONE se découvre sur un univers assez sombre, percutant et d’un esthétisme musical saisissant. La formule permet au groupe de se livrer de manière brute, mêlant la rage aux mélodies avec une belle originalité (« Pyre », « Golden Veil », « The Trail », « Heaven », « Loss »). Entre Stoner et Desert Rock, le Blues Psych du combo se fait audacieux.

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Stoner Rock

Mudweiser : un pic de chaleur

Lorsque l’on réalise un si bon album, on n’a pas le droit de le faire aussi court ! Voilà qui peut résumer en substance le sentiment qui prédomine à la toute fin de « Sad Man », le morceau qui vient clore « The Call », l’excellent album de MUDWEISER. Le très bon Stoner Rock des Montpelliérains, Heavy et un brin bluesy, vient confirmer le retour en force du quatuor.

MUDWEISER

« The Call »

(Head Records)

Il devait y avoir un sacré cagnard du côté de Montpellier lorsque MUDWEISER s’est attelé à l’écriture de son quatrième album. Une chose est sûre, cela n’a pas ramolli ou freiné l’ardeur du combo, dont l’agressivité et la puissance se manifestent dès les premiers accords de « The Call ». Mieux, il n’y a aucun relâchement tout au long des huit morceaux, qui restent d’une explosivité constante.

Marqué également par le retour de son guitariste Said Merki après huit ans d’absence, MUDWEISER avance façon rouleau-compresseur sur des titres bien gras et massifs (« High Again », « Blasted Forever »). Ca ronronne sévère et les riffs épais et pourtant tranchants ne laissent aucun répit à nos p’tites oreilles. Le Stoner Rock du quatuor demeure musclé et paraît imperturbable à tous les niveaux.   

Les quatre ans séparant « The Call » de « So Said The Snake » semblent même avoir été salutaires à MUDWEISER, dont le groove a pris un impressionnant volume. Vocalement aussi, Reuno (frontman de Lofofora) se pose en harangueur psych et ombrageux avec des textes qui ne laissent plus de doute quant à son décollage décadent et si jouissif (« Daughter », « Reckless Dream », « The Hunt »). Addictif !

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Heavy Psych Rock Stoner Rock

Jack And The Bearded Fishermen : contre vents et marées

Un vent de liberté souffle sur ce quatrième album de JACK AND THE BEARDED FISHERMEN, et l’univers dans lequel nous plonge « Playful Winds » regorge de nuances et d’inattendu. Le Heavy Rock teinté de Psych, de Stoner et d’un soupçon d’Indie du quintet français n’a aucune limite et il s’amuse habillement sur des contrastes saisissants.  

JACK & THE BEARDED FISHERMEN

«Playful Winds »

(Independant)

S’il s’est passé huit longues années entre « Minor Noise » et le tout nouveau « Playful Winds », c’est que les membres de JACK AND THE BEARDED FISHERMEN étaient bien occupés avec Horskh, Red Gloves et Go Spleen, groupes dans lesquels œuvrent certains d’entre-eux. Mais le quintet de Besançon est bel et bien de retour, et ce quatrième album vient confirmer un style toujours plus personnel.

Bruyant et épais de prime abord, « Playful Winds » se révèle être une réalisation très riche et organique où les détails se cachent souvent derrière des arrangements soignés et pertinents. Avec un line-up brut composé d’une rythmique basse/batterie, de trois guitares et de deux voix, JACK AND THE BEARDED FISHERMEN possède tous les arguments pour aborder les ambiances et les tessitures avec une grande liberté.

De profondeur et de relief, le groupe n’en manque pas. Mieux, il en joue au point de se faire hypnotique tout en restant tranchant et percutant (« Beware Of Birds », « From Above », « Lips As Martyr », « Silent Film »). Sur un Heavy Rock solide où s’invitent des sonorités Stoner et Noise, JACK AND THE BEARDED FISHERMEN libère une énergie, où le Psych des Français vient très souvent créer la surprise.

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Hard US

Harsh : indomptable

Ils sont quatre, ils sont français et pourtant c’est un Hard US percutant et sensible à la fois que nous propose HARSH sur ce premier album autoproduit, qui n’a pas à rougir face aux actuelles formations américaines du même genre. Sauvage et authentique, « Out Of Control » montre une unité irrésistible et particulièrement séduisante. Le combo n’en a pas fini de faire parler de lui : la fête ne fait que commencer !

HARSH

« Out Of Control »

(Independant)

C’est en France, loin des plages californiennes dont il tire la majorité de son inspiration, que HARSH a vu le jour pour délivrer un Hard US aux contours Glam Rock inspiré et dynamique. Le quatuor a fait les choses dans l’ordre en sortant un premier single en 2018 (« Under The L.A. Sun », puis un EP la même année (« Slave ») et un second single l’année suivant (« Tease Me »). Le temps pour le groupe de prendre ses marques et de peaufiner son style afin de livrer un album, dont on peut espérer qu’il ouvre une longue série.

Loin des clichés inhérents au style, « Out Of Control » est plein de fraîcheur, enthousiasmant et d’une sincérité qui ne trompe pas. Porté par des influences qui vont de Guns N’Roses à Bon Jovi en passant par Extreme ou Van Halen et l’ensemble de l’euphorique scène américaine des années 80 et 90, HARSH parvient à faire ressortir un style personnel qui, même s’il s’inscrit dans ces formations fédératrices, montre une cohésion et une assurance débridée sur des morceaux dynamiques et accrocheurs (« Good Lovin’ », « Never Let Go »).

Toujours trop marginaux sur la scène hexagonale, les combos de la trempe de HARSH manquent cruellement, alors que le Metal devient en majorité de plus en plus extrême. Le quatuor, quant à lui, tire sa force de refrains rassembleurs, mélodiques et qui débordent littéralement d’une énergie positive et entraînante (« Hold You Tight », « Fire At Will »). Le groupe n’en a pas fini d’électriser et d’enflammer un public, qui devrait être au rendez-vous de ce Hard US très actuel (« Make The Law »). Convaincant et addictif !