Dans un Progressive Metal oscillant entre Thrash et Heavy, SACROSANCT effectue un retour musclé et accrocheur. Même si la création et la finalisation de « Kidron » n’ont pas été des plus simples pour la multinationale métallique, le résultat est là et l’ensemble fait plus que tenir la route. Au côté de l’ancien six-cordiste de Pestilence, un nouveau frontman (et bassiste) vient assoir un peu plus les velléités du combo à s’imposer sur la scène actuelle, grâce aussi à des musiciens percutants et expérimentés.
SACROSANCT
« Kidron »
(Reigning Phoenix Music/ROAR)
Parcours assez atypique que celui de SACROSANCT. Alors que ses débuts étaient franchement prometteurs avec trois albums sortis coup sur coup au début des années 90 (« Truth Is – What Is », « Recesses For The Depraved » et « Tragic Intense »), le break a lieu en 1994 jusqu’à la résurrection en 2017, toujours sous l’impulsion de son guitariste Randy Meinhard (ex-Pestilence). Des influences Thrash du départ, il ne reste que quelques brides dans les riffs, le groupe ayant opté pour un Metal Progressif tirant surtout sur le Heavy.
Et avant de parvenir à « Kidron » dans sa forme actuelle, d’autres péripéties ont secoué le quatuor. En 2021 et en plein Covid, le chanteur Ron Brouwer quitte le navire et Max Morton, tout d’abord pressenti dans le rôle de bassiste, qu’il assume par ailleurs, s’empare finalement du micro. Et la nature fait plutôt bien les choses, car l’Ukrainien se trouve être l’homme de la situation. A l’écoute de sa prestation sur ce cinquième opus, SACROSANCT y gagne au change, puisque le frontman a même réenregistré tous les morceaux.
Entre l’Allemagne, la Hollande et l’Ukraine, la formation européenne prend donc un nouvel élan et « Kidron » s’affiche peut-être comme le plus convaincant, si ce n’est le meilleur, enregistrement du groupe. A noter aussi que le parolier Per Albinsson (Therion, Jaded Heart, Lord Belial) a réécrit tous les textes chantés par Morton. Un travail d’orfèvre réalisé également très rapidement. SACROSANCT est donc sur de très bons rails et la vélocité, l’impact et les mélodies de ce nouvel effort montrent beaucoup de force et de sérénité.
VELVET RUSH pourrait bien être la belle et grande surprise de cette année en matière de Hard Rock estampillé 70’s. Le quatuor originaire d’Hambourg se présente avec un premier EP, « Euphonia », qui montre de solides fondations, des musiciens plus que confirmés et une dynamique implacable. Guidés par leur charismatique frontwoman, les Allemands ont de belles cartes en main et ne devraient pas tarder à se faire connaître bien au-delà de leurs frontières. Séduit par la sortie d’un premier single il y a quelques mois, c’était l’occasion de faire connaissance avec le groupe à quelques jours de la sortie de sa première réalisation.
– Comme beaucoup, j’ai été très agréablement surpris en octobre dernier à la sortie de votre premier single, « Euphonia », qui est d’ailleurs le titre de ce premier EP. Même si c’est votre première réalisation, on devine sans mal à vous entendre que vous êtes loin d’être des amateurs. Pouvez-vous nous faire un peu les présentations et revenir sur votre parcours et la création de VELVET RUSH ?
Merci beaucoup et c’est vrai qu’il y a en fait un aspect très magique, voire spirituel, derrière la création du groupe. Cela a aussi un peu à voir avec la composition et la signification de notre chanson « Aurora ». Mais nous y reviendrons plus tard. VELVET RUSH a été fondé par notre chanteuse Sandra Lian et Tim Black, le bassiste. Grâce à la vision de Sandra et à un peu de magie, VELVET RUSH a été lancé en un week-end. C’était comme si nous nous étions trouvés après une longue attente, un coup du destin. Dennis Henning s’est joint à nous à la guitare et Tom Zeschke à la batterie. Chacun d’entre nous faisait de la musique à un niveau professionnel depuis des années dans différents groupes, à l’international, sur les planches des théâtres, etc… Nous avons tous appris à nous connaître sur la scène musicale de Hambourg. Dennis et Tim avaient déjà joué ensemble auparavant. Sandra a fait de la musique toute sa vie, notamment en étudiant le chant, la danse et le théâtre. Tom a également joué de la batterie dans différents groupes durant des années. Nous savions dès le début qu’il y avait quelque chose de spécial entre nous.
– Avec VELVET RUSH, vous renouez avec un Hard Rock très 70’s auquel vous avez injecté un souffle très moderne et beaucoup de volume. L’idée première était-elle d’offrir un son brut et organique avec beaucoup d’impact, car vous ne levez jamais le pied, sauf peut-être sur « Aurora » qui joue plus sur l’émotion ?
Nous aimons le son du Hard Rock des années 70, très caractéristique de l’époque, et nous le combinons avec des éléments modernes, c’est vrai. Mais nous avons de nombreuses autres facettes. D’une part, nous voulons montrer à l’auditeur que nous avons beaucoup d’énergie, que nous pouvons appuyer sur l’accélérateur et d’autre part que nous voulons aussi servir un côté émotionnel. Nous sommes tous des rockers dans l’âme. Curieusement, beaucoup de gens autour de nous ont pensé que nous avions tendance à jouer une musique plus douce, mais nous aimons beaucoup les surprises. Nous vivons nos performances live pleinement et ces idées viennent simplement du plus profond de nous-mêmes, associées à des inspirations recueillies au cours d’une vie. La chanson « Aurora » est très émouvante, c’est vrai. Elle est dédiée à un être cher que Sandra a perdu peu de temps avant la fondation de VELVET RUSH. Cette chanson signifie beaucoup pour le groupe.
– D’ailleurs, pour rester sur le son de ce premier EP, vous avez confié la production à Eike Freese, dont on connait le travail avec Deep Purple, Slash ou Status Quo et l’ensemble a été réalisé dans les fameux studios Chameleon à Hambourg. Même si c’est votre ville d’origine, vous avez désiré mettre les moyens dès le départ pour obtenir cette sonorité très chaude et immédiate ?
Tout d’abord, il n’y a personne de meilleur qu’Eike Freese, selon nous. Tim connaît Eike depuis 2006, ce qui représente une longue période. C’est de là qu’est venue l’idée d’enregistrer avec lui. Lorsque Sandra et Tim sont venus spontanément dans le studio d’Eike, il a entendu parler de notre vision de nos chansons et de l’idée de fonder VELVET RUSH. Nous lui avons montré nos idées et il a été immédiatement impressionné et a voulu travailler avec nous. Le studio existe depuis les années 70 et une grande partie de l’intérieur rappelle encore l’époque d’autrefois. Il y a quelque chose de très magique dans ce lieu. Nous n’aurions pas pu faire un meilleur choix.
– Ce qu’il y a également de marquant sur les cinq chansons, c’est cette alchimie très palpable entre vous, comme si chacun était au service de l’autre. Bien sûr, Sandra est très solaire avec une puissance vocale incroyable, mais les guitares ne sont pas en reste, tout comme cette rythmique terriblement efficace. Le songwriting est très travaillé et on a presque le sentiment que ces chansons ont d’abord eu un traitement acoustique au moment de la composition. C’est le cas ?
Merci beaucoup. En fait, les chansons n’ont pas été écrites sur une guitare acoustique, mais directement sur une électrique. Tim a composé toutes les chansons et Sandra a écrit les paroles et les mélodies vocales. Et Dennis a également contribué aux compositions avec ses solos de guitare.
– La voix de Sandra est très Rock et comporte aussi beaucoup de variations. Et même si l’ensemble paraît débridé de prime abord, on s’aperçoit très vite que la puissance n’est pas tout et que les textes sont également très importants. Quel est votre champ d’investigation à ce niveau-là, se dégage-t-il une certaine unité et peut-être un message à travers vos paroles ?
Sandra écrit seule les paroles. Elle y intègre ses expériences de vie et souhaite également transmettre un message, c’est vrai. Elle aime travailler avec des métaphores. L’EP « Euphonia » parle de laisser derrière soi le passé, où l’on a peut-être vécu des moments très éprouvants et formateurs, mais aussi d’un nouveau départ et cela se reflète dans ses textes. Il s’agit de retrouver son enfant intérieur et le chemin qui vous était destiné depuis le début. Cela a donc une signification très profonde, c’est vrai. « Euphonia » est une sorte d’oiseau qui représente la liberté, la force et l’énergie. Les chansons de l’EP sont très puissantes et ont un message clair et, bien sûr, la composante émotionnelle est très présente.
– Pour revenir sur l’aspect très 70’s de votre jeu, on assiste depuis un moment déjà à un véritable revival du genre dans le Hard Rock, mais aussi dans le Rock et le Metal de manière plus globale. Selon vous, est-ce que certains styles ont déjà montré leurs limites et que la vérité se trouve finalement dans ce registre intemporel né dans les années 70 et même 80 ?
Nous pensons que les nombreux styles musicaux, qui ont vu le jour au fil des années, trouvent leur origine dans le Rock’n’Roll et le Blues. Le Metal ne nous convient pas vraiment, en fait. On ne peut pas réinventer la roue de nos jours, mais on peut laisser son âme s’exprimer dans la musique pour créer son propre son. Nous adorons tout simplement ce son pur et honnête des années 70.
– Je dois vous avouer que les cinq chansons m’ont vraiment laissé sur ma faim. J’imagine qu’il peut y avoir des raisons économiques derrière le choix de sortir un EP, mais est-ce que vous avez envisagé aussi de réaliser un album complet, ou était-ce selon vous un peu tôt ? Il vous fallait d’abord mesurer le retour des fans et de la presse aussi peut-être ?
Nous voulions faire une première présentation au public le plus rapidement possible et partager nos chansons avec les auditeurs. Cet EP est une première impression des nombreuses facettes, qui se présenteront à eux dans le futur. Certaines opportunités se sont ouvertes, dont nous voulions vraiment profiter rapidement. C’est pourquoi nous avons d’abord opté pour un EP. Et bien sûr, nous ne voulons pas nous arrêter en si bon chemin. Nous sommes déjà en pleine phase d’écriture de notre premier album. Il y aura bientôt des nouvelles à ce sujet. Nous pouvons déjà proposer beaucoup de morceaux.
– D’ailleurs, les louanges dès la sortie de la chanson « Euphonia » ne se sont pas faites attendre, et VELVET RUSH a déjà su conquérir un large public assez rapidement. Vous vous attendiez à un tel accueil? Et quelles sont vos premières impressions, car c’est vrai aussi que VELVET RUSH dégage une énergie très positive ?
Nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre. Nous voulions laisser le public venir à nous et nous étions très excités par le premier accueil du public. Nous sommes très reconnaissants d’avoir déjà une base de fans très internationale, qui nous soutient et nous accompagne tout au long de notre parcours. C’est incroyable pour nous d’avoir déjà touché une corde sensible avec notre premier single « Euphonia ».
– Ce premier EP sort ces jours-ci et, outre la vague de promo qui va suivre, j’imagine que le prochain objectif sera de partir en tournée présenter vos morceaux au public. Possédez-vous d’ailleurs un répertoire suffisamment conséquent, car un format court que le vôtre est souvent une carte de visite pour partir sur la route ?
Nous avons un tourneur renommé et formidable et nous sommes très heureux de déjà jouer dans de nombreux festivals cette année avec peut-être aussi une ou deux surprises ! (Sourires) Restez à l’écoute ! Et bien sûr, nous avons beaucoup d’autres chansons qui attendent déjà d’être partagées avec le public en concert.
– De ce que j’ai pu voir, vos prestations scéniques sont pour le moins enflammées et la présence à la fois sexy et charismatique de Sandra y est pour beaucoup. On imagine facilement des concerts passionnés et d’une folle énergie. Comment est-ce qu’on travaille cet aspect-là avant de sortir un premier EP ? Votre expérience individuelle est-elle aussi un atout majeur ?
Grâce à nos années d’expérience sur scène, il n’est pas difficile pour nous de transmettre l’énergie que nous portons en nous au public. Si vous aimez ce que vous faites et que vous vous amusez à le faire, le public le comprend. Sandra a le public de son côté en quelques secondes et oui, bien sûr, c’est une véritable boule de feu. Vous pourrez bientôt le constater par vous-même… (Sourires)
– Enfin, l’une des choses qui a aussi piqué ma curiosité, c’est qu’aucun label ne vous soutient encore. Vous êtes totalement indépendants, comme c’est beaucoup le cas aujourd’hui. Est-ce à dire que VELVET RUSH peut parfaitement mener sa barque et trouver son chemin seul ? Car vous avez certainement du être sollicités, non ?
Comme je te le disais, nous avons un très bon tourneur, qui nous offre de nombreuses possibilités et nous ouvre de multiples opportunités. Nous pourrions envisager de signer avec un label, mais tout dépend de l’offre. En tant que groupe indépendant, vous avez aussi plus de liberté de choix, mais nous ne dirons pas non à une offre appropriée.
Le premier EP de VELVET RUSH, « Euphonia », est disponible sur toutes les plateformes, mais aussi et surtout sur le site du groupe :
Afin de mieux retrouver les sensations que procurait il y a quelques décennies « Balls To The Walls », mieux vaut peut-être écouter d’abord ce « Reloaded » proposé par DIRKSCHNEIDER. Non pas que l’œuvre soit dénaturée, bien au contraire, mais le son actuel n’a plus grand-chose à voir avec celui très organique et brut de l’époque. Le retour ensuite en 1983 ne sera que plus prégnant. Et la pléiade d’invités de choix donne aussi une nouvelle lecture au légendaire et incontournable disque d’Accept. Une nouvelle version qui garde malgré tout l’authenticité originelle avec brio.
DIRKSCHNEIDER
« Balls To The Wall Reloaded »
(Reigning Phoenix Music)
Sorti en 1983, « Balls To The Walls » est probablement l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur, album d’Accept qui affichait aussi alors très certainement son meilleur line-up. Rappelons également que ce cinquième opus des Allemands est de ceux qui comptent dans l’Histoire du Heavy Metal mondial, lorgnant même à l’occasion sur ce qui allait devenir le Speed Metal. A la tête du combo, Udo DIRKSCHNEIDER a rapidement marqué le style de son empreint vocale, au point de ne laisser qu’un triste fantôme d’Accept suite à son départ du groupe en 1996.
Et s’il a marqué tant de fans, « Balls To The Walls » a aussi influencé plusieurs générations d’artistes, y compris ceux à l’œuvre aujourd’hui dans la vague revival à laquelle on assiste depuis quelques temps maintenant. Alors, 42 ans plus tard, il est finalement assez légitime pour le frontman et fondateur d’Accept de vouloir lui offrir un peu de lustre. DIRKSCHNEIDER s’est donc replongé dans sa jeunesse, exhumant la nôtre, pour réinterpréter ce classique de son ancienne formation. Une sorte d’hommage qui ne dit pas son nom, en quelque sorte.
Très fidèle à l’original, ce « Reloaded » n’a rien perdu de sa verve et de son éclat. Bien sûr, la production a bien changé, mais cette modernité n’altère pas le propos initial. Et pour que la fête soit totale, DIRKSCHNEIDER a invité quelques amis, dont Ylva Eriksson (Brothers Of metal) et Doro pour une belle touche féminine. Joakim Brodén (Sabaton), Biff Byford (Saxon), Mille Petrozza (Kreator), Nils Molin (Amaranthe), Michael Kiske (Helloween), Danko Jones, Dee Snider (Twisted Sister) et Tom Owens (KK’S Priest) viennent compléter un bien beau tableau. Respect !
Retrouvez les chroniques des dernières réalisations d’U.D.O. :
Toujours aussi brut et Rock, le Blues T.G. COPPERFIELD fait des étincelles et « All In Your Head » montre qu’il est encore loin d’avoir dévoilé l’entendue de son talent. Très européen dans le son et inspiré de références pourtant très américaines, le six-cordiste germanique fait encore parler la poudre et la qualité de son jeu et du songwriting offre à la nouvelle réalisation de sa décade un panache réjouissant et rassembleur. Inarrêtable, le musicien est à la tête d’une belle et conséquente discographie en assez peu de temps finalement.
T.G. COPPERFIELD
« All In Your Head »
(Timezone)
En huit ans seulement, T.G. COPPERFIELD a sorti deux EPs et présente aujourd’hui son dizième album. Autant dire que l’Allemand n’est pas du genre à rester se tourner les pouces. Cela dit, le Blues est un univers sans fin et lorsqu’il est agrémenté de Rock et de sonorités Southern, les possibilités sont infinies. Le songwriter l’a bien compris et semble intarissable comme le prouve « All In Your Head », un nouvel opus gorgé d’un Blues Rock incendaire toujours aussi roots, mené de main de maître par un groupe au diapason.
A ses côtés, Claus Bächer (claviers), Don Karlos (basse), Michael Hofmann (batterie) et Claudia Zormeier aux chœurs font vivre et respirer des compositions aussi explosives qu’elles peuvent aussi être réconfortantes. L’empreinte et l’identité sonore de T.G. COPPERFIELD est immédiatement identifiable et sa signature jaillit sur chaque riff et à chaque solo distillés par le guitariste-chanteur. Avec « All In Your Head », il affiche beaucoup de puissance, tout en restant terriblement mélodique et accrocheur.
Sur un groove épais, le Blues Rock de son ‘Electric Band’ fait des merveilles et présente aussi une belle diversité dans ces nouvelles compos (« Mule », « I’m On My Way », « Not Your Name »). Exigeant et pointilleux sur la production, T.G. COPPERFIELD aborde des thèmes sensibles et actuels en évitant de ne pas se faire trop sombre. S’il manie plus le chaud que le froid, il reste d’une créativité positive en mettant la même intensité sur toutes ses chansons (« Have Mercy On Me », « Redemption Blues », « World War III » et le morceau-titre).
Ancien chanteur de Frontline, Evidence One, State Of Rock, Sanction X et quelques autres, Robby Boebel avait entrepris l’écriture de titres originaux pour un nouveau projet avant qu’un cancer des poumons ne l’emporte en juillet 2022 à l’âge de 60 ans. Après un temps de réflexion, ses partenaires et amis ont relancé l’aventure et RAY OF LIGHT brille aujourd’hui sur un premier effort, « Salute », qui porte aussi un peu de son empreinte. Nerveux et solaire, le style de la formation germanique déploie un Hard Rock accrocheur et enthousiaste.
RAY OF LIGHT
« Salute »
(Baysis Media)
Après huit albums sous la bannière de Frontline, le bassiste Thomas Bauer, le batteur Stephan Bayerlein et le guitariste Robby Boebel ont fondé RAY OF LIGHT et avaient même commencé à travailler sur un premier opus. Seulement, le décès soudain du six-cordiste et compositeur en 2022 a naturellement mis un coup d’arrêt au projet. C’est l’année suivante que Jörg ‘Warthy’ Wartmann a pris la relève tout d’abord comme producteur, avant de remplacer son ami disparu et d’intégrer définitivement le quatuor.
Avec l’arrivée du talentueux Gregg Cromack au chant, RAY OF LIGHT s’est retrouvé au complet et plus motivé que jamais à l’idée de terminer des morceaux, qui sont autant d’hommages au regretté Robby Boebel. « Salute » représente à la fois un ultime adieu, mais aussi la promesse d’un bel avenir, car les Allemands et leur frontman anglais se présentent avec le line-up parfait, mêlant expérience et créativité, bien soutenu par une technique exemplaire dédiée à un Hard Rock intemporel.
Très mélodiques, oscillant entre Hard FM et AOR, les compositions de RAY OF LIGHT sont d’une incroyable fraîcheur, d’un mordant implacable et surtout animées d’un incroyable esprit positif. Le Britannique se montre impérial au chant, les riffs comme les solos sont percutants et racés, tandis que le duo basse/batterie propulse l’ensemble avec vigueur (« Falling In Pieces », « Ray Of Light », « Alive », « Best Of Me », « Frontline »). Lumineux et entraînant, « Salute » célèbre la mémoire de Boebel avec classe.
La pandémie a eu l’effet de mettre WOLVESPIRIT sur les nerfs. Et la formation germanique en a profité pour se défouler, lâcher son ressenti et mettre les choses au clair sur sa nouvelle production. En effet, « Bullshit » traite de désinformation, de réalités parallèles et de son désir de s’en extraire. Musclé et fracassant, ces nouveaux titres sentent la poudre et, même s’ils sont toujours mélodiques, ils font l’effet d’une belle bagarre en règle. Une vraie tornade Hard, Metal et Stoner Rock pour le moins ravageur.
WOLVESPIRIT
« Bullshit »
(Spirit Stone Records)
Avec un tel titre, on pouvait difficilement faire plus explicite et c’est justement tout ce qui fait le charme du quintet allemand, qui ne manque jamais une occasion de se faire remarquer. Pour la petite histoire, WOLVESPIRIT a vu le jour en 2009 du côté de la Bavière sous l’impulsion des frères Eberlein, Richard et Oliver, rejoints par la chanteuse américaine Deborah ‘Debbie’ Craft. Basé sur un Hard Rock robuste mâtiné de Classic Rock et surtout de Stoner cette fois-ci, l’ensemble est explosif.
Il faut aussi rappeler que le groupe a fondé son propre label après avoir claqué la porte de Sleaszy Rider Records un an tout juste après la sortie de son premier effort. Il était simplement mécontent du travail fourni. Il y a donc du caractère chez WOLVESPIRIT et également dans sa musique. Et « Bullshit » va dans ce sens et suit le chemin tracé depuis le début, c’est-à-dire axé sur des riffs costauds, une rythmique en béton et surtout une frontwoman à la voix puissante et hyper-Rock’n’Roll.
Musicalement, le combo sort l’artillerie lourde dès « Titanium », qui ouvre les hostilités, suivi de « Robots » et du morceau-titre. L’entrée en matière est massive et la chanteuse donne de la voix de manière presque frénétique. Ce nouvel opus est probablement le plus ambitieux de WOLVESPIRIT qui part chasser sur des terres Stoner Rock, sans négliger ses racines Hard Rock et assez classiques (« Fire », « Starborn », « Screaming », « 666 »). Un brûlot sauvage et flamboyant mené de main de maître.
De l’autre côté du Rhin, BONFIRE retrouve sa vigueur et sa créativité d’antan. Après quelques problèmes de santé, son leader Hans Ziller renoue avec l’inspiration en arborant un ardent Hard Rock très Heavy. Hyper-affûtés, les cinq musiciens créent la sensation grâce à une intensité constante et s’autorisent même une bonne reprise du « Rock’n’Roll Survivors » de leur précédent disque avec panache et dans des circonstances appropriées. « High Ground » est solide, vif et massif.
BONFIRE
« Higher Ground »
(Frontiers Music)
Depuis plus de quatre décennies, BONFIRE est une institution du Hard Rock et du Heavy Metal allemand aux côtés de Scorpions ert Accept notamment. Même s’il n’a pas connu autant de succès et la même reconnaissance que ses compatriotes, il n’en demeure pas moins un groupe incontournable de la scène germanique et européenne. Pour son 18ème album studio, le quintet fait son arrivée chez Frontiers Music en livrant l’une de ses réalisations les plus enthousiasmantes avec ce virulent « Higher Ground ».
Toujours guidé par son guitariste et compositeur Hans Ziller, BONFIRE donne une suite musclée à « Fistful Of Fire », qui fut comme un nouveau départ il y a cinq ans. Aux côtés de Dyan Mair (chant), Frank Pané (guitare), Ronnie Parkes (basse) et Fabio Alessandrini (batterie), le six-cordiste ouvre la voie et avec un tel line-up, la machine est bien huilée. Dans un Hard’n Heavy qui tire même sur le Power Metal, le combo ose bouleverser ses vieilles habitudes et s’il se fait souvent sombre, il reste captivant.
C’est vrai que le BONFIRE des années 80, sa période faste, est à mille lieux de ce que propose « Higher Ground ». Hans Ziller envoie des riffs racés et fracassants et son entente avec Frank Pané est étincelante, tout comme la rythmique très resserrée qui avance sur un groove impressionnant (« I Will Rise », « Lost All Control », « I Died Tonight », « Fallin’ » et le morceau-titre). Agressif et très Heavy, cette nouvelle réalisation fait plaisir à entendre et remet aussi la formation au centre de l’échiquier. Costaud et intense.
Des refrains entêtants, un frontman étincelant, des riffs et des solos tranchants et millimétrés et un groupe au diapason, il n’en fallait pas plus pour mettre MYSTERY MOON sur de bons rails. Chevronné et expert en la matière, le binôme Pfeffer/Lundgren fonctionne à merveille et fait de ce premier effort un modèle du genre. Solide et percutant, le Hard FM a l’œuvre sur « Shine » s’inscrit dans une belle tradition et vient démontrer que le style a encore quelques beaux jours devant lui grâce à son côté attachant et si intemporel.
MYSTERY MOON
« Shine »
(Pride & Joy Music)
Il y a des rencontres qui font des étincelles et qui débouchent sur de bien belles choses. Sur « Shine », la connexion entre le guitariste et compositeur Markus Pfeffer (Lazarus Dream, Barnabas Sky, Atlantis Drive) et le chanteur Rob Lundgren (Mentalist) n’a pas été longue à se s’installer. Alors que le frontman suédois avait convié le musicien allemand à enregistrer une chanson pour son groupe Barnabas Sky, l’entente a été telle que le duo s’est lancé dans l’élaboration et la composition d’un album complet, donnant naissance à MYSTERY MOON.
Et pour mieux sceller cette union artistique, le duo a fait appel à quelques pointures pour l’accompagner sur ce « Shine » inspiré et vivifiant. Derrière les fûts, Thomas Rieder (Lazarus Dream), aux claviers Thomas Nitsche sur trois titres et notre Jorris Guilbaud national (Heart Line), sur la version piano de « Moment Of Life », forment MYSTERY MOON, tout comme Stephan Hugo, Jürgen Walzer et Sabrina Roth qui font les chœurs, ainsi que la flûte pour cette dernière. La formation internationale a fière allure et se montre plutôt bien huilée.
Signe d’une grande maturité, ce premier opus s’ouvre sur « Now’s The Time » et ses sept minutes mélodiquement imparables. Basé sur un Hard Rock très 90’s dont la ressemblance avec Bon Jovi n’échappera à personne, MYSTERY MOON fait preuve de beaucoup de fraîcheur et de dynamisme. Mixé par Pfeffer, « Shine » est très accrocheur et c’est bel et bien le Hard Rock qui domine. Parmi les morceaux, on retiendra notamment « The Hidden Magic », « The Mystery », « Mindset », « Sudden Rupture » et « Stars A Million Miles Away ».
Sous ses allures un peu sophistiquées, tant dans l’aspect purement sonore qu’à travers des titres aux structures parfois complexes et très finement exécutés, BLIND EGO réussit parfaitement à se rendre accessible. Grâce à des refrains addictifs et porté par un groupe très expérimenté, « The Hunting Party » navigue entre Rock et Hard sous une impulsion très progressive. Limpide et accrocheur, le groove est omniprésent et joue sur les atmosphères brillamment, histoire de nous guider vers des cimes musicales suspendues.
BLIND EGO
« The Hunting Party »
(Gentle Art Of Music)
Kalle Wallner est un musicien très occupé. En marge de son groupe de Rock Progressif RPWL (les initiales du nom de ses membres) fondé en 1997, il a aussi sorti un album solo (« Voices » – 2022) et le revoici aujourd’hui avec le cinquième opus de son autre projet BLIND EGO qu’il guide depuis 2007. Toujours en collaboration avec le parolier Dominik Feiner, il présente sur « The Hunting Party » un nouveau chanteur, qui n’est autre que Kevin Kearus et qui œuvre sur la scène MetalCore avec Cyant et The Legend : Ghost. Une belle acclimatation.
Sur cette nouvelle réalisation, l’Allemand est à la guitare bien sûr, ainsi qu’à la basse et aux claviers. Il a tout de fois confié la batterie à Michael Christoph et les claviers, en plus du mix et du master, au ‘L’ de RPWL, c’est-à-dire Yogi Lang, aussi co-producteur. Assez différent de ses autres formations, BLIND EGO évolue dans un style que l’on peut qualifier de Rock/Hard, avec quelques touches d’Alternative et, forcément, de Prog. On ne se refait pas et l’ensemble donne beaucoup de saveurs à ce « The Hunting Party » cristallin et enivrant.
A la fois lumineux et aérien, le petit côté floydien de BLIND EGO met en avant les parties de guitares de Kalle Wallner, tout comme la performance vocale de son nouveau frontman. Rapidement captivant, « The Hunting Party » montre une parfaite fluidité musicale et artistique. Chacun est dans son rôle et à sa place pour offrir le meilleur à des compositions irréprochables (« In A Blink Of An Eye », « The Stranger », « Spiders », « Boiling Point », la ballade « When The Party’s Over » qui clôt le disque et le morceau-titre). Un bel édifice !
Cela fait dorénavant une cinquantaine d’années que MICHAEL SCHENKER fait partie d’une longue lignée de musiciens qui tend à disparaître, celle des guitar-heros. S’il s’est surtout fait connaître avec MSG, en solo et avec divers projets, il a aussi marqué de son empreinte l’histoire d’UFO malgré une présence assez éphémère, mais retentissante. Afin de célébrer les 50 ans de cette période unique, le guitariste allemand a décidé d’y consacrer trois albums, dont voici le premier.
MICHAEL SCHENKER
“My Years With UFO”
(earMUSIC)
Même s’il n’a fait qu’un passage relativement court au sein du groupe britannique UFO de 1973 à 1978, MICHAEL SCHENKER aura marqué les esprits et sans doute écrit les plus belles pages de la formation devenue mythique par la suite. Cinq petites années donc, ponctuées de six albums qui trônent aujourd’hui au panthéon du Hard Rock mondial et qui sont autant de madeleines de Proust pour tout amateur qui se respecte. On y retrouve « Phenomenon », « Force It », « No Heavy Petting », « Lights Out », « Obsession » et le live « Strangers In The Night » devenu un incontournable. Le guitariste y montre une étonnante précocité qui le mènera très loin par la suite, notamment avec MSG.
Car c’est à 17 ans seulement qu’il est appelé au sein du groupe anglais, alors qu’il œuvre avec son grand frère Rudolf chez Scorpions. Un mal pour un bien à l’époque où UFO affiche une notoriété bien supérieure au combo familial. Comme un poisson dans l’eau, le jeune allemand signe des morceaux devenus incontournables comme les désormais classiques : « Doctor Doctor », « Rock Bottom », « Lights Out », « Let It Roll » ou l’excellent « Only You Can Rock Me » que l’on retrouve tous ici, bien sûr. Si la virtuosité de MICHAEL SCHENKER impressionne déjà, son travail d’écriture n’est pas en reste et pourtant l’aventure s’achèvera sur une fâcherie avec le chanteur Phil Mogg.
Avec son ami producteur Michael Voss, MICHAEL SCHENKER a même tenu à respecter le son de l’époque, puisque la production de « My Years With UFO » n’a rien de clinquante, bien au contraire. Ce qui est clinquant ici, c’est la liste de guests devenus lui apporter un hommage appuyé. Jugez-vous par vous- même : Axl Rose et Slash (mais pas sur le même morceau), Kai Hansen, Roger Glover, Joey Tempest, Biff Byford, Jeff Scott Soto, John Norum, Dee Snider, Joel Hoekstra, Joe Lynn Turner, Carmine Appice, Adrian Vandenberg, Michael Voss, Stephen Pearcy et Erik Grönwall. Un casting de rêve pour un musicien hors-norme, qui a marqué plusieurs générations d’artistes !
Retrouvez la chronique de son dernier en date avec MSG :