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Mynd Reader : to the roots of the soul [Interview]

Alors que son premier album éponyme ne sera dévoilé dans son entier qu’en janvier prochain, MYND READER a déjà laissé s’échapper quelques six singles et le septième, « Birdsong », est attendu fin octobre. Fondé par un duo quasi-fusionnel, puis rejoint par des musiciens littéralement habités par cette musique qui les unie, les Américains font partie de cette catégorie de groupe qu’on adore d’entrée de jeu et qu’on attend presque plus. Porté par une émotion de chaque instant et des mélodies entêtantes, on entre en communion avec ce savoureux mélange de Classic Rock et de Southern redéfini dans un American Roots Rock authentique, sincère… et virtuose. Entretien avec un Brian Sachs, batteur et compositeur, très heureux et impatient de présenter prochainement ce « Mynd Reader » stellaire.

– MYND READER s’est formé relativement récemment et malgré quelques singles, on vous connait finalement assez peu. Est-ce que vous pourriez vous présenter à nos lecteurs ?

Tout d’abord, merci de nous donner l’opportunité de nous présenter à votre public français. MYND READER est une rencontre cosmique. Le groupe est composé de Tonin, notre multi-instrumentiste et source d’inspiration inépuisable, de l’incroyable Shelby Kemp, dont la voix et la présence font de lui un véritable leader moi-même à la batterie et à l’écriture. Nous sommes basés à Boulder, dans le Colorado, et le groupe s’est formé comme par miracle, né de l’amitié, d’une vision commune et d’un amour profond du Rock’n’Roll.

– On vous a donc découvert en octobre 2024 avec « Radio Warning », votre premier single. Depuis, vous les distillez au compte goutte et « Home », le dernier en date, est sorti en août. C’est une stratégie qui peut surprendre, notamment dans le monde du Rock. Est-ce une manière de faire durer le suspense et aussi d’être présent sur les plateformes en les alimentant régulièrement ? 

Nous vivons dans ce que j’appelle une ‘économie du déficit d’attention’. Chaque jour, les gens sont bombardés d’informations, d’algorithmes et de distractions. Sortir un album complet d’un coup, aujourd’hui, même un album aussi monumental qu’« Abbey Road », pousse à se demander si serait vraiment efficace pour se démarquer.

Pour moi, la musique est faite pour être vécue. Mes disques préférés sont devenus la bande-son de ma vie parce que j’ai eu le temps de m’y attarder, de les revisiter et de les laisser respirer. En publiant notre musique progressivement, nous donnons à chaque morceau l’occasion de mûrir avec l’auditeur, de prendre du sens et de créer une véritable connexion au fil du temps.

– Votre premier album est attendu pour janvier prochain, soit plus d’un an après « Radio Warning ». Est-ce que, justement, vous vouliez d’abord voir les réactions du public, ou l’album est-il prêt depuis un bon moment déjà ?

En vérité, l’album est terminé depuis un bon moment et nous sommes déjà bien avancés sur le deuxième et le troisième album. Mais nous croyons en l’importance de construire une relation durable avec notre public. A une époque où la société semble plus divisée que jamais, nous voulons que notre musique mette en lumière ce qui nous unit, c’est-à-dire la joie, l’amour, le chagrin, la peur, l’isolement et la connexion.

Notre single « Home » a pour refrain ‘More life, please’, qui est devenu pour nous une sorte de prière. Peu importe les difficultés de la vie, nous en voulons toujours plus et partager ce sentiment avec nos auditeurs est quelque chose de sacré. Nous ne sommes pas pressés. Nous sommes là pour le long terme, pour créer une musique qui accompagnera notre public pendant des années… (Sourires)

– MYND READER présente un concentré d’une partie du Rock américain avec un aspect très roots, un peu vintage aussi, mais dans une production très actuelle. Est-ce votre manière de donner un nouvel éclat à vos racines musicales ?

J’ai grandi en vénérant le Classic Rock, à savoir Deep Purple, Rainbow, Elton John, Black Sabbath, les Beatles, Led Zeppelin, Pink Floyd… En tant que batteur, j’ai joué de tout, du Funk de James Brown aux orchestres de fosse, mais je n’avais pas touché à ce que j’appelle le ‘Rock d’arène’ depuis mon premier groupe de garage, lorsque j’étais enfant. Et c’est ce que je voulais faire revivre.

Dans mon esprit, nous sommes en 1978 et MYND READER est le plus grand groupe du monde, mais je veux aussi que ce sentiment résonne en 2025 ! (Sourires) Le Rock’n’Roll intemporel ne se démode jamais. Si « Animals » de Pink Floyd ou « Paranoid » de Sabbath sortaient aujourd’hui, ils sonneraient toujours aussi frais et révolutionnaires. C’est cette énergie que nous canalisons : un Rock sincère, sans filtre et qui semble éternel.

– Vous êtes donc originaires de Boulder dans le Colorado et c’est vrai que la musique de MYND READER est très Americana dans l’esprit avec une sensation très organique à laquelle la voix de Shelby Kemp donne littéralement une âme. L’idée était-elle aussi de donner une touche Southern à l’ensemble ?

Quand Tonin et moi avons commencé à écrire, nous savions que les chansons exigeaient une voix aussi audacieuse et pleine d’âme que celle de quelqu’un comme Chris Stapleton. Mais des voix comme celles-là sont rares. Mon ami Eddie Roberts de The New Mastersounds m’a fait écouter des morceaux de son groupe The Lucky Strokes, avec Shelby. Dès que j’ai entendu sa voix, j’ai dû m’arrêter net, car ça m’a figé. Puis je l’ai vu en concert et c’était indéniable : c’est une Rock Star, un point c’est tout ! (Sourires)

Lorsque Shelby est arrivé, nous avons enregistré « Radio Warning », « Simply Avanti » et « Falling Down » en une seule session. C’était un éclair, et soudain, tout a basculé. L’élément southern n’était pas intentionnel, c’était juste ce que la musique demandait. Shelby lui a donné cette âme et cette fougue et c’était comme accepter son destin.

– Comme j’ai eu la chance d’écouter votre album avant sa sortie, une chose m’a un peu étonné. Vous avez réalisé de très bons arrangements avec des cordes, des sons de sitar et d’autres plus sophistiqués. C’est très rassembleur et aussi très audacieux. L’objectif était-il aussi de donner une certaine intemporalité à cette première réalisation ?

Les chansons se sont révélées couche par couche. Chacune avait sa propre énergie, et nous avons suivi son chemin. Mon rôle consiste souvent à déceler les manques et à pousser jusqu’à ce que le morceau paraisse complet. Cordes, sitar, textures supplémentaires : tout cela n’était pas prévu, mais c’était simplement ce que les chansons exigeaient.

Et lorsque Michael Brauer a mixé l’album, il a su parfaitement utiliser ces couleurs pour amplifier l’émotion au cœur de chaque morceau. C’est de là que vient l’intemporalité, non seulement de l’instrumentation, mais aussi de la sincérité de l’émotion qui la sous-tend.

– Et puis, il y a également un gros travail sur les guitares qui posent les fondations de MYND READER. Cela a-t-il été le point de départ de la composition de l’album ?

Tonin capture constamment ce que j’appelle des ‘pépites’, ces petits riffs, fragments ou grooves. Il les oublie souvent, mais je suis le ‘cultivateur de pépites’. Mon rôle est de les assembler pour en faire des chansons complètes, avec mélodies et paroles. Sa musicalité permet aux chansons de s’écrire pratiquement toutes seules.

J’ai joué pendant des années dans un trio d’Acid Jazz sans guitare, et j’en mourais d’envie. Alors, quand on a lancé MYND READER, je n’arrêtais pas de dire : j’ai la fièvre et le seul remède, c’est plus de guitare. On voulait faire du pur ‘Guitarmageddon’ ! (Rires)

– J’aimerais que l’on dise aussi quelques mots sur la production et le mix de Michael Brauer (Coldplay, My Morning Jacket, The Rolling Stones), qui offrent beaucoup de relief et de profondeur à l’album en évitant brillamment de le surproduire. Est-ce cet équilibre entre un son organique et moderne que vous avez recherché en faisant appel à lui ?

Michael est un génie. Il ne se contente pas de mixer le son, il mixe l’émotion. Il joue les faders de tout son corps, à la recherche de l’expressivité de l’émotion musicale. Il prend des risques, mais il ne trouve pas toujours le juste milieu. Il aborde les artistes de deux manières : ‘Puis-je mixer ce morceau ?’ et là, il peaufine la vision de l’artiste, ou alors, c’est ’Je mixe !’, où il a une totale liberté créative. Nous lui avons accordé cette dernière option. Il a reçu sept Grammys pour cette raison-là. Nous voulions que Michael soit et fasse du Michael. Quand nous avons reçu les mixes, c’était comme réentendre les chansons pour la première fois. Il a toujours été parfait.

– L’album est très homogène, entraînant et est constitué de chansons accrocheuses. Et il contient également un morceau (presque !) instrumental qui porte le nom du groupe. Avouez que c’est assez intriguant. Que voulez-vous signifier et pensez-vous qu’il résume bien la musique et l’esprit du groupe, au point qu’aucune parole ne soit nécessaire ?

Quand Tonin et moi avons lancé MYND READER, nous pensions sincèrement que ce serait un simple projet instrumental. Juste deux gars improvisant sans attentes, comme des ados avec du matériel sophistiqué. Mais ensuite, de vraies chansons avec des paroles ont commencé à émerger et tout a basculé. Le morceau « Mynd Reader » reflète ces racines. Il rappelle la joie qui a tout déclenché : deux amis redécouvrant le pur plaisir de faire de la musique ensemble. Et cet esprit jeune, joyeux, libre est toujours au cœur du groupe ! (Sourires)

– Enfin, j’imagine qu’après ce long teaser et ce storytelling étonnant, vous devez être impatients de présenter ce premier album à vos fans et au public. Et est-ce que des concerts sont déjà prévus pour accompagner cette sortie ?

Oui ! (Rires) Nous terminons l’écriture du deuxième album et commençons même le troisième, mais sortir notre premier album est un rêve. C’est en fait un album conceptuel : un personnage en quête d’amour, de connexion et d’un sentiment d’appartenance. De « Radio Warning », où il déclare : ‘Il n’y a pas de joie à vivre seul toute sa vie’ jusqu’aux derniers morceaux, c’est un voyage à travers la vulnérabilité, l’amour, la perte et la rédemption.

Nous assurerons la première partie de l’album en live. Pour nous, les concerts ne sont pas que des performances, ce sont des rassemblements, une célébration de la communauté. Nous appelons cela ‘l’église du Rock’n’Roll’. Quand les gens quittent un concert de MYND READER, nous voulons qu’ils soient transportés, unis et chantent notre prière : ‘plus de vie, s’il vous plaît !’ (Sourires)

Le premier album éponyme de MYND READER sortira en janvier prochain. En attendant, n’hésitez pas à allez à la découverte des nombreux singles déjà disponibles sur les plateformes !

Photos : Lisa Siciliano (Dog Daze Photo)

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Ethnic Neo-Folk Pagan

Heilung : communion spirituelle

Cela fait maintenant trois ans que « Lifa Iotungard » a été joué pour ses fans américains et HEILUNG avait déployé une setlist entourée de mystère au rythme de percussions tribales, de chants envoûtants et presque chamaniques. Ce nouvel appel à la nature entre incantations et prières païennes rend cette performance dynamique et toujours aussi expérimentale. L’aspect hypnotique du combo prend ici une dimension si organique qu’il est difficile de ne pas se laisser emporter dans ce tourbillon extatique.

HEILUNG

« Lifa Iotungard (Live At Red Rocks 2021) »

(Season Of Mist)

Rares sont les groupes qui parviennent à s’imposer de manière aussi incontestable au point de même devenir une référence pour beaucoup d’autres en seulement une décennie et avec uniquement cinq albums, dont deux live, à son actif. Cependant, HEILUNG a réussi ce tour de force grâce à un style original et novateur qui va pourtant puiser son inspiration dans les rituels ancestraux. Et avec « Lifa Iotungard », le voyage musical est une fois encore saisissant et la magie opère instantanément.  

Enregistré dans le magnifique écrin qu’est le fameux amphithéâtre de Red Rock dans le Colorado, « Lifa Iotungard » est un spectacle aussi sonore que visuel et pour cela le trio est entouré de sa troupe de guerriers et elle nous fait traverser les âges. Les concerts de HEILUNG sont de véritables cérémonies tribales, spirituelles et transcendantales, et ce n’est donc pas un hasard si Christopher Juul, Maria Franz et Kai Uwe Faust reviennent avec un nouvel opus live, d’ailleurs déjà capté en 2021.  

Durant une heure et demie, c’est avec cette modernité qui la caractérise que la formation propose un moment de communion entre solennité, célébration et incantation. (« Alfadhirhaiti », « Hakkerskaldyr », « Svanrand »). Depuis ses débuts, le pouvoir de fascination de HEILUNG est intact et le public présent ce soir-là a assisté à un concert captivant (« Eddansurin », « Traust »). Entre le Danemark, la Norvège et l’Allemagne, la connexion est comme toujours d’une incroyable fluidité.

Retrouvez la chronique de « Drift », sorti il y a deux ans :

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Grunge post-Rock Stoner Rock

Abrams : cold vibrations

Avec deux guitaristes qui se donnent le change et une rythmique lourde, ABRAMS s’envole grâce à la voix de son frontman, véritablement habité par les textes qu’il porte. Après le sombre « In The Dark » qui les avait propulsés, les Américains changent quelque peu leur fusil d’épaule pour un Stoner Rock costaud dans lequel lévitent des ambiances très personnelles, foudroyantes et parfois sourdes. « Blue City » n’est pas un disque comme les autres et le côté Noise de certains morceaux n’y est pas étranger.

ABRAMS

« Blue City »

(Blues Funeral Recordings)

Chef de file de la scène underground de Denver, ABRAMS poursuit son expérimentation musicale, comme s’il était en quête de sa véritable identité. Sludge Progressif et post-HardCore à ses débuts avant d’emprunter des sonorités Stoner Metal teinté de Rock, le quatuor livre un cinquième album encore différent et s’aventure cette fois dans des contrées toujours Stoner, bien sûr, avec un côté Psych assumé et une impression globale très aérienne, progressive et parfois même tirant sur l’Alternative Rock.

Cet étonnant mix à l’œuvre sur « Blue City » présente aussi des couleurs post-Rock assez grungy. Une sorte de post-Grunge pleine d’émotions aux sentiments très contrastés et accrochés à des refrains accrocheurs. Et il faut bien reconnaître que cette nouvelle réalisation a également un aspect très cinématographique, mis en évidence par une tracklist qui se tient et forme une belle unité. ABRAMS nous plonge dans un monde où l’épaisseur des riffs se mêle aux mélodies.

Et la formation du Colorado a fait appel au producteur idéal pour « Blue City ». C’est en effet Kurt Ballou (Converge, Torch, High On Fire) qui a parfaitement saisi la complexité de l’univers du groupe. Sur un groove massif et une fausse impression de flou, les titres défilent avec une froideur constante pourtant pleine d’énergie (« Tomorrow », « Fire Waltz », « Etherol », « Lungfish », « Narc »). ABRAMS et son chanteur Zachary Amster trouvent l’inspiration dans de multiples sources, tout en gardant une vibration permanente qui ensorcelle.

Photo : Guy Casavan
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Sludge Stoner Doom Stoner Metal

Messiahvore : prophetic

Dans l’univers de MESSIAHVORE, le ciel est rouge et le paysage aride. Sludge à souhait, son Stoner Metal a une saveur âpre et les Américains tranchent dans le vif sans trembler… bien au contraire. « Transverse » est un disque que l’on prend en pleine tête et qui laisse quelques traces. Très soudé, le combo dévore ses morceaux avec méthode et précision. Un régal !

MESSIAHVORE

« Transverse »

(Iron Head Records)

Le groove est lourd, l’espace saturé et l’atmosphère est apocalyptique sur ce nouvel opus de MESSIAHVORE. Deux ans tout juste après son premier album éponyme le quatuor de Denver, Colorado, remet le couvert et ressort la sulfateuse pour livrer ce Metal hybride, où s’entremêlent et s’entrechoquent le Stoner, le Sludge, le Doom et un chant parfois proche du Death. « Transverse » est tout ça à la fois, et même un peu plus.

Accordé en baryton, le guitariste Kevin Disney laisse planer la menace grâce à des riffs dantesques et des solos pourtant lumineux. MESSIAHVORE avance façon rouleau-compresseur en libérant une puissance très compacte et brute. Entre Sludge Desert et Stoner Metal, les guitares font corps dans une dynamique musclée et rigoureuse. Et le duo vocal a l’œuvre est lui aussi d’une redoutable efficacité.  

Sans filtre et sans la moindre hésitation MESSIAHVORE a structuré « Transverse » avec robustesse et une belle vélocité, qui transpirent sur chaque morceau (« Discipline Of Violence », « The Unkind », « One Millions Mistakes », « Hope Of The Living Death », « Replicant »). On perçoit même des vibrations très Southern à travers cette avalanche de riffs percutants, d’où émanent aussi des mélodies accrocheuses. Infernal !

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Cinematic Metal Metal Progressif Symphonic Metal

Oryad : explosive lyricism

Avec un tel premier album, ORYAD a placé la barre très haut. Bien qu’autoproduit, « Sacred & Profane » conjugue à la fois le côté symphonique versant dans le lyrique et également l’explosivité du Metal. Mélodique et inspiré, le groupe parvient à marier un grand nombre d’univers avec une facilité déconcertante. Grâce une telle entrée en matière, sa chanteuse vient déjà s’installer aux côtés des plus grandes voix du genre.

ORYAD

« Sacred & Profane »

(Independant)

Depuis son EP, « Hymns Of Exile And Decay » sorti il y a deux ans, ORYAD a pris du coffre et du volume pour lâcher un temps le Folk Metal à l’œuvre sur sa première production. Le duo de Denver dans le Colorado surgit avec « Sacred & Profane », où l’on peut prendre toute la dimension de sa frontwoman Moira Murphy, également aux arrangements et à l’orchestration. Soutenue par Matt Gottin-Sheehan derrière les fûts, et une multitude d’autres musiciens, le tandem se montre très créatif.

Cette fois, le ton est résolument symphonique et la soprano s’en donne à cœur-joie en offrant une prestation hors-norme, où mélodie et puissance se fondent dans des compositions aux paysages saisissants. ORYAD possède une maîtrise totale de son jeu basé sur une grande technicité et des harmonies progressives, sans pour autant sombrer dans le pompeux. Les Américains sont d’une fraîcheur incroyable et nous propulsent d’une ambiance à l’autre comme par magie.

Exigeant et ambitieux, « Sacred & Profane » traverse les styles avec élégance, cheminant de passages très Heavy au Doom, et à des atmosphères cinématiques et des éléments d’opéra. ORYAD raconte des histoires souvent épiques, bien aidé par une richesse orchestrale brillante élaborée avec une grande minutie (« Scorched Earth », « Blood », « Alchemy », « Wayfaring Stranger », « Slice Of Time », « The Path part I & II »). Etonnant et rigoureux, ce premier album est fait de poésie et de rêves.

Photo : Emily Winders
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Blues Rock

Joe Bonamassa : maître des lieux

Il n’est plus besoin de présenter le musicien et songwriter de génie JOE BONAMASSA, tant sa discographie et ses productions annexes sont systématiquement une réussite. Comptant un nombre impressionnant d’albums live à son actif, dont on retiendra notamment « Live from the Royal Albert Hall », « Live at Carnegie Hall » et le plus récent « Live at the Sydney Opera House », c’est véritablement en public qu’il prend son envol.

JOE BONAMASSA

« Tales Of Time »

(J&R Adventures)

On n’arrête plus JOE BONAMASSA. Chanteur, guitariste, producteur, promoteur et devenu un redoutable et incontournable homme d’affaire de la scène Blues Rock, il multiplie ses activités tout en restant très prolifique musicalement et en livrant des albums de plus en plus inspirés. Virtuose de la six-codes et squattant les sommets des charts à chacune de ses réalisations, la scène reste son jardin et son terrain de jeu et d’expression favori.

Sorti en octobre 2021, le dernier effort studio de JOE BONAMASSA, « Time Clocks », se range tout en haut de la pile de ses meilleurs disques. Brut et très Rock, l’Américain explore de nouvelles facettes du Blues avec sa dextérité naturelle et surtout une approche moins shred qu’à son habitude. Et « Tales Of Time » parcourt cette dernière réalisation et, avec le soutien d’un groupe hors-norme, la musique du bluesman rayonne littéralement.

Ce nouveau Live a été capté et enregistré en août de l’an dernier dans le somptueux amphithéâtre de Red Rocks dans le Colorado, où tant d’albums mythiques ont reçu la même lumière. Sur une splendide production signée par son complice Kevin Shirley, JOE BONAMASSA joue avec force et sensibilité ses morceaux avec une facilité et une application constante. Avec « Tales Of Time », il s’inscrit encore un peu plus dans la légende du Blues.

Photo : Jenise Jensen
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Stoner/Desert

Stone Deaf : tempête du desert

C’est à croire que naître dans le désert donnerait des prédispositions à jouer du Stoner et surtout du Desert Rock. Les exemples sont nombreux et STONE DEAF vient se joindre à cette belle et longue liste. Mais le cagnard semble plutôt donner de la vigueur au quatuor américain, qui livre ce « Killers » furieux et loin des conventions.

STONE DEAF

« Killers »

(Coffin & Bolt Records)

Formé en 2014 dans une petite ville désertique du Colorado par son leader Dust Chapin, STONE DEAF sort un troisième album très abouti sur son propre label. « Killers » libère à la fois un Stoner Rock puissant, mais aussi des moments plus calmes et presque contemplatifs. A la fois pêchu et éthéré, le style du quatuor oscille entre feintes et uppercuts.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que sur « Killers », STONE DEAF nous balade du Stoner au Desert Rock, tout en s’autorisant quelques passages Doom pertinents et avec une sensibilité Punk, façon Mondo Generator. Pour le reste, et malgré les influences notoires de QOTSA et Kyuss, les Américains font preuve d’engagement et d’impact.

Très fuzz dans les guitares et écrasant dans sa rythmique, le quatuor n’y va pas par quatre chemins et assomme à tour de bras (« Cloven Hoof », « The Velvet Hammer », « Polaroid »). Les fulgurances très Punk du chanteur sonnent aussi la révolte sur l’ensemble de « Killers », qui portent bien son nom. Aride et dense, ce nouvel album de STONE DEAF frappe fort.