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France Melodic Metal Metal Indus

Dust In Mind : en totale maîtrise [Interview]

C’est demain que le quintet français DUST IN MIND sort son nouvel album, « CTRL ». Moderne, mélodique et Indus, le groupe se présente avec un quatrième effort plein de confiance et très inspiré. Ressorti renforcé de cette période obscure, le groupe se livre à travers des émotions fortes dans des atmosphères très urbaines, des refrains addictifs et soutenu par une production massive doublée d’une belle force de frappe. La frontwoman du combo, Jen, nous parle de ce nouvel opus, ainsi que du travail collectif des musiciens du combo.

– Votre quatrième album, « CTRL », vient de sortir et il présente une direction artistique aboutie et une très belle production. DUST IN MIND s’affirme avec beaucoup d’assurance. C’est aussi votre sentiment ?


Merci beaucoup ! Oui, c’est également notre ressenti. On ne va pas faire dans le cliché et dire que c’est l’album de la maturité, (Rires) mais on sent que l’on est dans la bonne direction. On se sent en phase à 2000% avec tout ce que l’on fait, et on travaille sur tous les aspects de la production que ce soit la vidéo, les photos et le son. Cela demande énormément de travail et nous constatons que le public le ressent aussi, donc nous en sommes très heureux.

– Vous avez dit que la période de confinement vous avait aidé à travailler sur vos objectifs et votre son également. En quoi cette démarche a-t-elle modifié ou renforcé le groupe ?

On peut dire que l’on a beaucoup cohabité pendant ce confinement. Plutôt qu’uniquement le subir, on a pensé que c’était le bon moment pour travailler notre son et aussi faire des soirées brainstorming à rallonge, où l’on a beaucoup discuté. On l’a fait dans nos vies personnelles, et aussi dans celle du groupe. Nous avons une très bonne cohésion et je pense que c’est ce qui fait notre force. Nous voulons aller dans la même direction et nous faisons tous les mêmes sacrifices. Entre deux confinements, nous nous sommes isolés plusieurs jours dans une salle de concert, où nous avons travaillé le côté scénique et le jeu de lumière. Et nous avons également fait appel à un coach pour la première fois. Nous avons peaufiné notre jeu de scène, mais nous avons aussi passé beaucoup de temps à faire des exercices de cohésion de groupe, de lâcher prise, etc… C’était très précieux pour nous et cela a encore plus resserré nos liens.

– DUST IN MIND évolue dans un Modern Metal avec des dominantes Indus et même un peu symphoniques. Ce sont pourtant des registres assez opposés. C’est un mix qui vous est venu facilement et naturellement ?

Je ne pense pas qu’il y ait 1% de symphonique dans DUST IN MIND ! (Rires)(Pourtant vocalement, on y est très souvent ! –NDR) Mais oui, nous évoluons dans un registre Indus depuis les débuts du groupe. Nous avons aussi un coté très groovy, très Korn comme le disent certain. Et c’est vrai que nos influences étant Korn et Pain, nous nous présentons simplement comme un groupe de Modern Metal/Indus. Cette tendance est tout à fait naturelle et colle parfaitement au groupe et à nos personnalités.

– « CTRL » est un album très lumineux et paradoxalement certains passages, ainsi que vos textes sont très sombres. Quelle est la thématique générale, car on pense parfois à un album-concept ?

Cela pourrait être apparenté à un album-concept, pourtant il n’a pas été réalisé dans cette optique. En écrivant les textes, je laisse juste parler mon cœur de manière primitive. Et au final, c’est vers la fin de l’album que j’ai réalisé qu’il y avait bien un thème général qui ressortait clairement. Cette notion de contrôle des émotions, de lâcher prise qui peut faire parfois peur ou l’addiction aux émotions intenses, etc…


– DUST IN MIND se distingue aussi par sa double dualité vocale, grâce à un chant féminin et masculin d’un côté, ainsi que clair et growl de l’autre. C’est un aspect de votre musique que vous travaillez plus particulièrement et dont vous soignez un peu plus les arrangements ?

En effet, c’est quelque chose sur laquelle nous essayons de travailler et surtout d’évoluer. Sur ce nouvel album, nous avons beaucoup travaillé sur les voix et nous avons aussi expérimenté et osé. On voulait également casser certains codes comme le fait que la chanteuse ne doit pas nécessairement chanter tous les refrains. Damien (Dausch, guitare et chant saturé – NDR) chante plus que d’habitude et présente également un panel vocal beaucoup plus riche. C’est très plaisant et cela donne plus de diversité à l’album.

– Sur le morceau « Synapses », il y a  un passage chanté en français, qui se distingue aussi du ton du titre par son style. Comment vous est venue l’idée, et est-ce que c’était important pour vous que votre langue maternelle ait aussi sa place sur l’album ?


C’est vrai, car cela fait quelques temps que nous souhaitions faire un clin d’œil à notre langue maternelle. Et lorsque « Synapses » a été composé, c’est tout naturellement que j’ai posé des paroles en français. Nous réalisons que beaucoup de nos fans à l’étranger ne savent pas que nous sommes français. Il y a quelques années, j’essayais tant bien que mal de camoufler mon accent et aujourd’hui, je le regrette presque. Nous sommes français et la French Touch a une bonne image à l’étranger, alors pourquoi s’en cacher ? Je préfère l’assumer.

– Vous déclarez avoir plus de 10 millions de streams. Concrètement, quel est l’impact réel ? Cela se sent dans les ventes d’albums ou, peut-être et surtout, sur la fréquentation des concerts ?


Oui, cela se sent dans les ventes d’albums, et heureusement. Mais honnêtement, le nombre de streams (de Spotify par exemple) est une valeur objective. Si on tombe dans des playlists éditoriales, cela aura de suite un très gros impact. Et c’est une grande chance de nos jours, c’est vrai.


– Enfin, la pochette de « CTRL » est une photo de Freaky Hoody, connu notamment pour ses tatouages. Quel est le message ? Vous vous sentez proches de sa démarche ? Et vous êtes-vous rencontrés ?

Oui, nous nous sommes rencontrés, car c’est nous qui avons réalisé le clip de « Take Me Away » dans lequel il joue. Nous l’avons découvert dans une vidéo sur les réseaux sociaux et nous avons accroché à son histoire. Nous véhiculons des messages de tolérance que ce soit en termes de couleur de peau, de religion, d’orientation sexuelle, sur les tatouages, etc…
Faire appel à lui pour notre clip était plutôt naturel. Et à la fin du tournage, nous lui avons proposé de poser pour notre pochette et nous avons improvisé un shooting. C’était extra ! 

L’album « CTRL » de DUST IN MIND sera disponible demain (le 19 novembre) chez DarkTunes Music Group

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Doom Post-Metal

SaaR : par-delà les dieux

Et si l’épopée d’Ulysse, sorti de l’imaginaire d’Homère, se déroulait finalement dans un dédale de tours et d’immeubles aussi froids qu’impersonnels et insensibles ? C’est une hypothèse soulevée par SAAR, brillant quatuor parisien de post-Metal, sur son troisième album « Gods ». Subtil et massif.

SAAR

« Gods »

(Source Atone Records/Klonosphere)

Plus de deux millénaires après son écriture, « L’odyssée » d’Homère continue d’inspirer les artistes quelque soit leur domaine d’expression. Cette fois, c’est une vision post-Metal que nous propose le quatuor parisien SAAR, qui sort « Gods », un troisième album toujours instrumental et toujours très créatif.

S’engouffrant dans de sombres abîmes musicaux et malgré la teneur de l’œuvre mythologique, le groupe offre une version globalement très urbaine dans le son et jusque sur la pochette. Très moderne dans son approche, SAAR semble avoir voulu actualiser le propos, et il faut reconnaître qu’il a vu juste.

Sans effet de manche, mais non sans nuances, « Gods » nous propulse dans un post-Metal où le Doom et le post-HardCore font bon ménage (« Ulysse », « Bridge Of Death », « Tirésias »). SAAR interprète ses sept nouvelles compositions avec force en disposant d’une excellente production. Souvent hypnotique, l’album est imposant.

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Blues Blues Rock

Fred Barreto Group : international Blues

Le bluesman et virtuose de la six-cordes FRED BARRETO se met à son compte et déboule avec son GROUP de manière éclatante. Dans un Blues Rock tendre et solide à la fois, le quatuor pose une touche très actuelle sur un registre aux saveurs vintage et élégantes. Porté par une production hors-norme, « Moving On » est un vrai petit bijou de créativité.

FRED BARRETO GROUP

« Moving On »

(Socadisc)

Cela fait déjà quelques années que le guitariste et chanteur FRED BARRETO a quitté son Brésil natal pour s’installer au Luxembourg afin d’écumer l’Europe, en distillant son Blues Rock. Si on a récemment pu le remarquer aux côtés d’Archie Lee Hooker au sein du Coast Top Coast Blues Band, cette fois, c’est sous son nom et très bien accompagné encore qu’il sort « Moving On », un premier album solo très réussi.

Dans un  registre brut et rugueux, le Blues Rock du FRED BARRETO GROUP prend un volume et une épaisseur généreuse. Entouré des très bons Nadja Prange (orgue, chant), Daniel Fastro (basse) et Michael Stein (Batterie), le Sud-Américain joue l’aspect très vibratoire et énergique d’un style littéralement hors d’âge. Egalement très moderne, l’ensemble sonne très live.

Très Rock et groove, « Moving On » est passé entre les mains expertes de Mike Butcher à qui l’on doit les Albums « Sabotage » et « Sabbath Bloody Sabbath » du groupe d’Ozzy, et le résultat est juste exceptionnel (« Living And Loving », « I Gotta Go », « Dream Again »). Le FRED BARRETO GROUP martèle et envoûte et la complicité du quatuor éclabousse l’album de son talent et de son feeling (« Fate », « She Was Here », « Real World »).

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France Heavy metal

ADX : une vision française du Metal [Interview]

Fer de lance de la scène Speed et Heavy Metal française dans les années 80, ADX est toujours fidèle au rendez-vous et a su adapter son jeu et la production de ses albums aux époques traversées. 30 ans après « Weird Visions », un opus en anglais diversement appréciée, le groupe en livre sa version française avec une approche nouvelle des morceaux et une détermination de chaque instant. Membre fondateur et dernier rescapé du line-up originel avec le chanteur Phil Grelaud, son batteur Didier ‘Dog’ Bouchard revient sur le parcours d’ADX, ses choix et ce nouvel opus, « Etranges Visions », très relevé.

– On va commencer par un peu d’Histoire pour les plus jeunes. ADX a 40 ans cette année et vous vous êtes imposés dans les années 80 sur la scène Heavy Metal française. Avec une douzaine d’albums à votre actif, quel regard portes-tu sur la scène hexagonale actuelle, vous qui faites partie des précurseurs ?

Comme dans les années 80, il y a toujours beaucoup de groupes de qualité, vraiment, et c’est malheureusement ce qu’il y a autour qui ne suit pas. Les infrastructures et tout ce qu’il faudrait ne sont toujours pas là. Je ne parle pas de Gojira, qui est plus américain que français maintenant. A côté de Mass Hysteria ou Ultra Vomit, il y a plein de groupes, mais c’est toujours aussi difficile de faire du Metal en France. Ça, on le sait depuis 40 ans, et on n’est pas surpris.

– Vous sortez « Etranges Visions » qui est la version française de « Weird Visions » sorti en 1991, et qui est d’ailleurs votre seul album en anglais. A l’époque, c’était une demande insistante de votre label Noise. Est-ce que c’est un regret aujourd’hui, ou au contraire, une bonne expérience ?

C’est du 50/50. Quand on a fait cet album, Noise et Roadrunner sont venus frapper à la porte d’ADX. Lorsque de tels labels s’intéressent à toi, c’est très flatteur. Mais il fallait faire un album en anglais, sinon ils ne nous signaient pas. Quand tu es jeune, tu te dis que tu vas faire un effort, car de leur côté, ils en faisaient un aussi, puisqu’une version française était prévue. Mais elle n’a jamais vu le jour. On a donc quelques regrets, car on a perdu des fans en France. On en a gagné en Europe et même au niveau mondial. L’album s’est assez bien vendu à l’étranger, mais en France, ça a été plus compliqué. Phil (Grelaud, chant – NDR) s’en souvient bien pour en avoir pris plein la gueule ! Phil en anglais, c’est un peu comme Bernie (Bonvoisin de Trust – NDR). C’est le franchouillard, alors on a un peu morflé. Si c’était à refaire, on pourrait mieux le faire, je pense. En attendant, ADX c’est français, ça chantera toujours en français et jusqu’au bout ! C’est bon, on a compris ! (Rires)

– L’idée de cette nouvelle version vient-elle du fait que l’ensemble de votre discographie soit en français, sauf cet album finalement ?

En fait, c’est une attente du public. Depuis 30 ans, on nous dit que cet album était bien, alors pourquoi ne pas le refaire en français ? Comme nous avons perdu pas mal de fans à la sortie de cet album, il était temps de le refaire en français et d’y mettre aussi un petit coup de jeune.

– D’ailleurs, y a-t-il des changements au niveau des textes en raison de la traduction notamment, ou est-ce que les paroles sont très fidèles aux originales ?

Ah non, pas du tout. J’ai ressorti les paroles en français, qui avaient été écrites à l’époque et franchement 30 ans après, j’avais envie de rigoler. On a gardé l’histoire et le thème de chaque morceau et on a refait toutes les paroles. 

– Musicalement, ce qui est intéressant, c’est que « Etranges Visions » n’est pas non plus la copie conforme de la version anglaise. Outre la production qui est très actuelle, on note aussi de nouveaux arrangements. Vous avez été tentés de faire beaucoup de modifications ou, au contraire, les choses se sont faites naturellement ?

On s’est mis autour d’une table et on s’est dit : voilà, en 1991, cet album était comme ça. On va garder la base, les riffs, etc… mais on va mettre une couleur actuelle et surtout celle d’ADX aujourd’hui. Pour le chant, on a donc changé les paroles. Les gratteux ont eu carte blanche, mais en gardant la base, c’est-à-dire que les solos et la basse ont été refaits. Pour ma part, la batterie à l’époque était déjà très rapide et très technique, j’y ai juste ajouté quelques trucs. On a voulu garder un peu de ce qui avait été fait en 1991 et y ajouter beaucoup de ce qui se fait actuellement.

Didier ‘Dog’ Bouchard, batteur et fondateur d’ADX

– D’ailleurs, lorsqu’on sort une version dans une autre langue, est-ce que l’on garde constamment un œil et une oreille sur l’originale ou au contraire, on essaie de s’en défaire ?

Non, on a gardé une petite oreille sur l’originale, mais sans plus. ADX a sorti des albums très actuels récemment, comme « Bestial », par exemple, alors on voulait mettre beaucoup de couleurs autour de cette version pour qu’elle sonne aussi moderne que ce que l’on fait maintenant. C’est pratiquement un nouvel album en fait. En tout cas, pour nous, ça l’est !

– Bien sûr, l’ADN du groupe n’a pas bougé depuis vos débuts et pourtant ce nouvel album sonne résolument moderne. La production d’« Etrange Visions » est massive avec beaucoup de relief. Est-ce que vous avez travaillé différemment cette fois ?

On a travaillé comme sur nos derniers albums avec Francis Caste, qui fait partie de la famille, parce que c’est le quatrième album que nous faisons avec lui. On a bossé de la même manière. On lui a demandé de garder la patate des années 90, car l’album est assez Thrash et technique, tout en mettant ce que l’on fait actuellement au niveau du son. On voulait le mélange de l’ancien et du nouveau et, personnellement, je trouve l’album très puissant.

– Vous avez fait appel à un financement participatif pour l’album. C’est un choix délibéré pour garder une certaine liberté, ou est-ce par nécessité vu l’état de l’industrie musicale ? Car ADX possède tout de même une belle notoriété…

Nous sommes autoproducteurs avec notre petite maison à nous, mais c’est hyper difficile, car ce n’est pas notre métier. On avait déjà fait ça pour « Bestial », alors on s’est dit qu’on pourrait le refaire pour celui-ci. En fait, notre management a un peu poussé dans ce sens. On s’est dit que ça faisait un peu les mecs qui n’ont plus de sous, donnez-nous de l’argent pour faire l’album, etc… Mais, ce n’est pas ça du tout ! En fait, c’est de la prévente. Et les fans ont suivi et ça a super bien marché. Mais c’est la dernière fois que nous le faisons. On est en train de voir pour trouver une maison de disques, parce que c’est un vrai métier, même si notre équipe travaille bien.

– Parlons un peu de la scène. Est-ce qu’auparavant vous jouiez facilement les morceaux de « Weird Visions », sachant que votre répertoire est essentiellement en français ? Et d’ailleurs, est-ce que l’approche vocale est très différente ?

En fait, on a abandonné cet album environ deux ans après sa sortie. Tout ce qui était en anglais, on l’a viré ! On a donné, c’est bon ! (Rires) Quand tu fais du gros Death Metal en français avec d’énormes hurlements, ça passe. Mais avec une voix claire, beaucoup moins ! Pourtant, Trust et Warning l’ont fait et ce sont de grands groupes ! Il en faut des groupes qui chantent en français, merde !

– Enfin, depuis un bon moment, on note une grande forme des groupes français issus comme vous des années 80 avec Sortilège, Nightmare, Titan et d’autres. Sans tomber dans la nostalgie, cela ferait un beau plateau, non ?

On en parle de plus en plus. On a même commencé à évoquer une tournée. Tu sais, un truc sur le concept années 80 comme avec Patrick Juvet où on partirait sur un bateau, ou une péniche pour nous ! (Rires) Blague à part, c’est vrai que ça pourrait être sympa et je suis sûr que ça attirerait du monde. Il faudrait trouver le tourneur, c’est toujours la même chose… Actuellement, notre tourneur est en train de se battre pour les salles, car on a vraiment envie de jouer !

Le nouvel album d’ADX, « Etranges Visions », sera disponible le 19 novembre et distribué par Season Of Mist.

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Blues Folk/Americana Soul / Funk

Natalia M. King : la grâce incarnée

Si le Blues s’est révélé à elle tardivement, le coup de foudre a été immédiat et la facilité avec laquelle la chanteuse s’est approprié le style est époustouflante. La New-Yorkaise, et française d’adoption, se livre sur un album taillé sur mesure, « Woman Mind Of My Own », que des saveurs Americana et surtout Soul viennent délicatement envelopper. NATALIA M. KING se présente sans fard à travers neuf morceaux délicats et radieux.

NATALIA M. KING

« Woman Mind Of My Own »

(Dixiefrog)

Arrivée en France il y a un peu plus de 20 ans maintenant, la chanteuse NATALIA M. KING est tombée dans le Blues un peu par hasard et l’électrochoc fut une révélation. Sept albums plus tard, la New-Yorkaise rayonne littéralement sur ce « Woman Mind Of My Own », qui navigue entre Blues, Soul et Americana qu’elle incarne brillamment. Roots et raffinée, difficile de ne pas tomber sous le charme.

Accompagnée par des musiciens étincelants, l’Américaine chante avec une rare émotion des morceaux de sa composition, ainsi que trois reprises qu’elle a totalement pris à son compte comme pour mieux les incarner. Faisant preuve d’un éclectisme remarquable, NATALIA M. KING affiche d’ailleurs une belle unité tout au long de l’album, signe d’une forte et sincère personnalité.  

Sensible sur « One More Try » de George Michael, très roots sur « (Lover) You Don’t Treat Me No Good » avec le bluesman Grant Haua, la chanteuse s’offre aussi un duo de toute beauté avec Elliott Murphy sur le « Pink Houses » de John Cougar Mellencamp. NATALIA M. KING régale sur ce nouvel album d’une réelle authenticité (« Forget Yourself », « Play On », « So Far Away », « Aka Chosen »). 

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Stoner/Desert

Stone From The Sky : une nouvelle pierre à l’édifice

Pour son troisième album, STONE FROM THE SKY a musclé son jeu, faisant quelques infidélités post-Rock à son Stoner Psych originel et instrumental. « Songs From The Deepwater » explore des facettes plus massives et percutantes, sans pour autant que le trio ne perde de son identité musicale. Le groupe poursuit sa progression de très belle manière.

STONE FROM THE SKY

« Songs From The Deepwater »

(More Fuzz Records)

Si la scène Stoner Rock hexagonale se porte si bien, c’est aussi grâce à des formations inventives et intenses comme STONE FROM THE SKY. Basé au Mans, le trio livre son troisième album, et voit son registre s’élargir un peu plus en s’engouffrant dans des sphères plus obscures, libérant une énergie toujours aussi fuzz, mais plus incisive et aériennes. Le groupe semble avoir trouvé sa voie.

Particulièrement bien produit, « Songs From The Deepwater » dispose d’un son qui met en lumière toute la dynamique de son Stoner Psych. Sur un groove imparable et servi par une rythmique éclatante, STONE FROM THE SKY laisse respirer ses compositions, qui s’étalent sur de belles longueurs sans être pour autant redondantes, bien au contraire (« Godspeed », « Karashi »).

Quant aux guitares, elles ont aussi pris du volume et de l’ampleur pour s’aventurer brillamment dans des atmosphères post-Rock, voire post-HardCore. STONE FROM THE SKY est peut-être un peu moins planant, mais a gagné en densité et en agressivité (« The Annapurna Healer », « City Angst », « Talweg »). Les Manceaux se montrent plus rugueux et incisifs, et ça leur va carrément bien.

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Alternative Rock Power Rock Progressif

[Going Faster] : Increase The Anima / Visavis

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

INCREASE THE ANIMA – «Elisabeth » – Tunecore

Disponible uniquement en digital, INCREASE THE ANIMA est le projet solo du batteur et bassiste italien Davide Porcelli du groupe Egosystema. Fort d’une trentaine d’années d’expérience, le musicien livre avec « Elisabeth » un savant mélange de Rock, de Metal et de Hard Rock. Avec une touche italienne et quelques sonorités progressives, le multi-instrumentiste offre un large tour d’horizon musical entre Alternative Rock et Metal. Frais et dynamique, « Elisabeth » sonne à la fois intemporel et très moderne. Et en guests, INCREASE THE AMINA accueille notamment Marco Pastorino (Temperance, Virtual Symmetry), Luca Birocco (Egosystema), Luca Negro (Temperance) et quelques autres. Davide Porcelli a composé un bon premier EP, qui appelle maintenant une suite.  

VISAVIS – « Great! » – M&O Music

Rompu à la scène depuis de nombreuses années maintenant, VISAVIS avait fait parler de lui en 2018 avec « War Machine », un album plutôt orienté Hard Rock. Composé en pleine pandémie et à distance, « Great! » vient conclure en beauté des mois de travail. Ce nouvel EP de six titres se tourne cette fois vers un Alternative Metal ou un Power Rock musclé et accrocheur. Mixé par Fred Duquesne (Mass Hysteria), ce nouvel effort se veut positif et massif. VISAVIS montre un visage nouveau, très racé et dynamique. Efficaces et précis, les riffs comme les rythmiques sont marqués par une puissance que l’on retrouve sur six morceaux plein d’énergie et de détermination. Le quatuor de Tulle semble repartir sur de nouvelles bases, et on sent dans ces nouvelles compositions une farouche envie de les jouer en live, tant « Great! » est réellement taillé pour la scène.

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Power Rock

The Unclouders : duo foudroyant

Ca rugit du côté de Lyon ! THE UNCLOUDERS déboule pleine face avec un premier EP éponyme serré et bien frappé. Grâce à une formule en duo qui a fait ses preuves outre-Atlantique notamment, le Power Rock du binôme est aussi minimaliste qu’accrocheur. Ces deux-là vont faire du bruit… et ça a déjà commencé !

THE UNCLOUDERS

« The Unclouders »

(Independant)

Derrière THE UNCLOUDERS se cache un duo explosif créé en 2018 et composé de Florent Pollet (guitare, chant) et d’Adrian Gaillard (batterie). Et il faut bien avouer que ces deux-là se sont bien trouvés ! Très urbain dans le son et assez éthéré dans la forme, le binôme propose un Power Rock brut et frontal, une sorte de rencontre entre Josh Homme et les Black Keys. 

Très dynamique et affichant un esprit un peu vintage et bluesy, les Lyonnais montrent une complicité plus qu’évidente. La batterie, très forte et très groove, guide ce premier EP éponyme sur un train d’enfer, soutenue par des riffs racés et particulièrement compacts. THE UNCLOUDERS va à l’essentiel, sans détour et avec une détermination plus que palpable.

Si la musique du duo est massive et s’écoute fort, elle n’en demeure pas moins d’une finesse redoutable et le chant est loin d’y être étranger. Profond et grave, sa sobriété apporte une touche très posée à un contenu en pleine effervescence. Avec ce premier EP, THE UNCLOUDERS met les pieds dans le plat et semble s’en réjouir… et nous aussi !

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Black Metal Post-Metal

Owl Cave : profondeur sonore

Après plus de trois ans d’un travail qu’on imagine facilement très prenant, OWL CAVE livre enfin son premier album, dont l’univers très torturé et intense est l’œuvre d’un seul musicien. Dans un post-Black Metal aux multiples et complexes facettes, « Broken Speech » se livre et se déguste d’un seul élan.

OWL CAVE

« Broken Speech »

(Time Tombs Productions)

Derrière cette très belle pochette d’OWL CAVE se cache un album pour le moins étonnant. S., l’instigateur du projet qui se présente en one-man-band, a donc pris les choses en main et… prend même la nôtre. Car ce premier opus, « Broken Speech », est constitué d’une seule et unique piste, qui s’articule en six mouvements. L’ensemble s’écoute donc du début à la fin, pour mieux en saisir la progression.

Dans une atmosphère Black Metal, OWL CAVE propose un véritable voyage musical entre ambiances lourdes et climats très changeants, et où les sensations succèdent aux émotions avec une fluidité assez surprenante. Pourtant, le nombre de textures sonores et de superpositions pourraient rendre « Broken Speech » étouffant, voire brouillon. Et il n’en est rien, tant l’album est homogène.

Certes, OWL CAVE ne propose pas un périple musical de tout repos, car l’ensemble diffuse un Black Metal dans lequel viennent s’immiscer des passages Indus et tribaux, le tout avec des fulgurances tantôt sauvages, tantôt éthérées. La production brute et organique rend définitivement ce premier effort saisissant et très immersif. « Broken Speech » nous plonge avec un univers unique.

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Space Rock Stoner/Desert

[Going Faster] : Appalooza / Giöbia & The Cosmic Dead

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

APPALOOZA – « Live at Smoky Van Sessions » – Ripple Music

En février dernier, APPALOOZA avait fait trembler ses terres bretonnes et même au-delà avec « The Holy Of Holies », un album de Stoner puissant aux échos Grunge porté par un trio aguerri et sûr de sa force. Très Heavy et inspiré par les grands espaces américains, le combo n’avait pu inonder les salles de ses lourdes rythmiques et de ses grosses guitares durant la pandémie.

Qu’à cela ne tienne, APPALOOZA et l’équipe des Smoky Van Sessions ont mis en commun leur volonté et leur immense désir de faire vivre la musique, en l’occurrence dans des lieux atypiques… à savoir au milieu de nulle part. Au menu de ces prestations live, trois morceaux explosifs, envoûtants et terriblement addictifs, le tout en pleine nature, et surtout avec APPALOOZA qui donne la charge.

Bandcamp : https://ripplemusic.bandcamp.com/album/live-at-smoky-van-sessions

Retrouvez l’interview du groupe : https://rocknforce.com/appalooza-du-far-west-a-la-west-coast-interview/

Retrouvez la chronique de l’album : https://rocknforce.com/appalooza-cap-a-louest-toujours/

GIÖBIA & THE COSMIC DEAD

« The Intergalactic Connection : Exploring The Sideral Remote Hyperspace »

Heavy Psych Sounds Records (Split album)

Cette rencontre entre les Italiens de GIÖBIA et les Ecossais de THE COSMIC DEAD est tout simplement savoureuse ert enchanteresse. Elle aurait même pu l’être encore plus si les deux formations avaient composé ensemble, mais contentons-nous de ce beau split album au titre interminable. 

Sur la face A (désolé pour les plus jeunes !), ce sont les Transalpins qui allument la mèche avec trois morceaux dignes des grandes heures du quatuor. Plus inspiré que jamais, GIÖBIA s’envole dans un Acid Rock, dont il a le secret et qui captive autant qu’il hypnotise. Le dépaysement est total et chaque accord vibre à l’unisson. Entrée dans l’espace réussie.

Stratosphère inchangée avec THE COSMIC DEAD qui assène sans relâche son Rock Psychédélique poussé à l’extrême depuis déjà huit albums et quelques live. Les Ecossais s’évadent avec le morceau « Crater Creator » sur 20 minutes incroyablement riches, dans un tourbillon céleste d’une énergie savamment distillée. En apesanteur, le quatuor est aussi spatial qu’époustouflant.