SEUM est un concentré d’énergie brute et cela ne date pas d’hier. Avec un album et maintenant trois EP à son actif, le trio ne cesse de peaufiner son Sludge Doom, qui ne manque ni de profondeur, ni de relief. Avec « Blueberry Cash », le trio d’expats français mange la neige du Québec goulument et nous invite à transpirer avec lui, après un p’tit passage par sa belle box personnalisée…
SEUM
« Blueberry Cash »
(Independant/Meumeu Music)
Les plus fidèles d’entre vous savent que chez SEUM, les guitares sont bannies. Seuls une batterie, une basse chimérique et le chant ont lieu d’être. Et le trio bastonne, tabasse et prend son ampleur dans un maelstrom de grave à n’en plus finir. Le Doom’n Bass du groupe se révèle donc très créatif et surprenant à chacune de ses nouvelles réalisations, dont « Blueberry Cash » est la troisième. Tout juste le temps de se remettre des deux premières claques, en somme.
Malgré la pandémie, nos trois furieux Français (dont je vous laisse (re)-découvrir le parcours à travers l’interview et les chroniques ci-dessous) ne sont pas restés inactifs. Tout en prenant leurs marques au Québec, SEUM a composé, noué des liens et proposé de bien belles choses. Et avec « Blueberry Cash », le combo a fait appel à Greg Dawson pour le mix, tout en s’acopinant avec l’artiste Grind Malaysian Fadzee Tussock pour le visuel, ce qui compte aussi beaucoup pour le groupe.
Ce nouvel EP contient deux compos qui avaient été mises de côtés car elles n’entraient, à l’époque, pas tout à fait dans l’esprit de « Winterized », premier excellent album du trio. Jointes, elles se complètent à merveille et le Sludge qui s’en dégage n’en est que plus prenant (« Blueberry Cash », « John Flag). Et enfin, SEUM fait un superbe clin d’œil à l’ancien groupe de Gaspard (chant), Lord Humungus, avec « Hairy Muff ». Le combo s’affirme donc de plus en plus entre Doom et Sludge et avec une touche très personnelle. Encore !!!
La fameuse (et fumante) Blueberry Box est disponible dans le Bandcamp du groupe.
Le magma dans lequel nous propulse ANNA SAGE sonne la révolte et donne l’assaut dans un Metal HxC brutal et sombre, qui n’en oublie pas pour autant de poser des ambiances savamment dissonantes et franches. Dans une veine post-HardCore sauvage, le quatuor parisien joue sur différents tableaux avec une redoutable efficacité. Rageur et captivant à la fois.
ANNA SAGE
« Anna Sage »
(Klonosphere)
A quelques mois près, ANNA SAGE fêtait ses dix ans d’existence. Un dixième anniversaire qui aurait pu être célébré de main de maître par ce premier album éponyme franchement digne de ce nom. Mais bon… Blague à part, avec « Anna Sage », les Parisiens entrent avec fracas dans la cour des grands, toujours armés du post-HardCore aussi ténébreux qu’incendiaire. Et le quatuor n’a rien laissé au hasard en appuyant là où il faut.
Après deux EP (en 2014, puis en 2018), ANNA SAGE n’a pas réduit la voilure et encore moins l’intensité de son jeu. Quatre ans plus tard, il renouvelle sa confiance à Francis Caste, celui-là même à qui l’on doit la superbe production du dernier album de Hangman’s Chair. Et bien leur en a pris, car on est d’emblée saisi par l’atmosphère de « Anna Sage » et par la finesse des arrangements et du mix.
Moderne, technique et percutant, ANNA SAGE se veut à l’image du célèbre hors-la-loi, John Dillinger, coincé par le FBI grâce à une prostituée qui a donc donné son nom au groupe. Sans concession, parfois chaotique et toujours très frontal (« The Holy Mice », « Hostile Cage », « Sinner Ablaze »), les titres sont très compacts et cette première réalisation ‘long format’ offre des sonorités impactantes phénoménales (« Wall Of Hate », « Loveless »). Pleine face !
Intemporel, sensible et tout en émotion, « On Time » propose un voyage transatlantique, des côtes anglaises à la Californie, à travers un Rock parfois Pop ensoleillé et relevé. Derrière GODO & se cache, à peine, le compositeur, guitariste, claviériste et chanteur Claude Gaudefroy, connu comme le loup blanc dans le milieu pour ses multiples casquettes. Et ce premier album est une réussite à tous les niveaux !
GODO &
« On Time »
(Bernerie Hills production/ Inouïe Distribution)
Voilà un album qui fait du bien ! Tour à tour journaliste, consultant, patrons de magasins d’instruments ou encore choriste, il fallait bien qu’un jour ou l’autre Claude Gaudefroy livre sa propre vision et son feeling personnel du monde musical qu’il a toujours côtoyé. Et c’est donc avec « On Time » et sous le pseudo de GODO & qu’il prend son envol. Et avec la manière ! Chaque détail est minutieusement soigné grâce à de fins arrangements.
Entièrement écrit, composé et produit par ses soins et avec Michel Taitinger aux manettes, « On Time » réussit le tour de force d’apporter à des compositions très bien ciselées un son et un mix à la hauteur. Car GODO & se présente avec des titres dont la qualité de la réalisation ne souffrirait pas la médiocrité sonore, d’autant que la pléiade d’invités laisse franchement rêveur. C’est un casting très haut de gamme qui accompagne le musicien.
Sans les citer tous, Craig Blundell (Steven Wilson), Adam Holzman (Miles Davis), Stu Hamm (Joe Satriani) ou encore Simon Phillips (Toto) sont de la partie et offrent tous une couleur incroyable et un relief saisissant aux morceaux de GODO &. Entre Rock légèrement Pop où se mêlent des sonorités british un peu prog, jazzy ou bluesy dans les guitares, « On Time » embrasse le plus souvent des airs de Rock californien avec une élégance rare.
Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !
ANTECHAOS – « Apocalypse » – M&O Music
Tout d’abord, vouloir fonder un groupe en plein confinement force le respect. Et c’est sur les cendres de Seyminol qu’ANTECHAOS a vu le jour, complété par la suite par deux membres de Fourth Circle et de KryZeeS. Et comme en Lorraine, on ne traîne pas, « Apocalypse » est rapidement sorti de studio. Bien produit, on retrouve ici un Heavy Metal aux accents Hard Rock dans la pure tradition française. Si musicalement, on pense à la scène des années 80 et 90, ANTECHAOS se démarque par un style très varié, inspiré et costaud. Chanté dans la langue de Molière, « Apocalypse » est le reflet de son temps et de sa société que le quintet passe avec finesse au vitriol (« Alpha », « Le Bord Du Monde », « Secret Médical », « Obsolète »). Avec un premier album de ce calibre, le combo peut entrevoir l’avenir avec sérénité.
RONNIE ROMERO – « Raised On Radio » – Frontiers Music
Reconnu comme l’un des chanteurs les plus talentueux de sa génération, RONNIE ROMERO a très largement fait ses preuves avec MSG, Rainbow et plus récemment au sein du groupe espagnol, Lords Of Black entre autres. Signé depuis quelques temps chez Frontiers Music, le Chilien a sûrement voulu se faire plaisir avec cet album de reprises. Accompagné de Srdjan Brankovic (guitare), Javi Garcia (basse), Andy C. (batterie) et de l’incontournable Alessandro Del Vecchio (claviers), le frontman fait mieux que de s’en sortir sur des morceaux de Survivor, Bad Company, Queen, Foreigner, Uriah Heep ou Led Zeppelin en se les appropriant de belle manière. Et malgré un mix uniforme et une production sans relief signée Del Vecchio, RONNIE ROMERO montre l’étendue de son talent grâce à des capacités vocales hors-norme et une technique imparable.
Lorsque l’on réalise un si bon album, on n’a pas le droit de le faire aussi court ! Voilà qui peut résumer en substance le sentiment qui prédomine à la toute fin de « Sad Man », le morceau qui vient clore « The Call », l’excellent album de MUDWEISER. Le très bon Stoner Rock des Montpelliérains, Heavy et un brin bluesy, vient confirmer le retour en force du quatuor.
MUDWEISER
« The Call »
(Head Records)
Il devait y avoir un sacré cagnard du côté de Montpellier lorsque MUDWEISER s’est attelé à l’écriture de son quatrième album. Une chose est sûre, cela n’a pas ramolli ou freiné l’ardeur du combo, dont l’agressivité et la puissance se manifestent dès les premiers accords de « The Call ». Mieux, il n’y a aucun relâchement tout au long des huit morceaux, qui restent d’une explosivité constante.
Marqué également par le retour de son guitariste Said Merki après huit ans d’absence, MUDWEISER avance façon rouleau-compresseur sur des titres bien gras et massifs (« High Again », « Blasted Forever »). Ca ronronne sévère et les riffs épais et pourtant tranchants ne laissent aucun répit à nos p’tites oreilles. Le Stoner Rock du quatuor demeure musclé et paraît imperturbable à tous les niveaux.
Les quatre ans séparant « The Call » de « So Said The Snake » semblent même avoir été salutaires à MUDWEISER, dont le groove a pris un impressionnant volume. Vocalement aussi, Reuno (frontman de Lofofora) se pose en harangueur psych et ombrageux avec des textes qui ne laissent plus de doute quant à son décollage décadent et si jouissif (« Daughter », « Reckless Dream », « The Hunt »). Addictif !
Tout en maîtrise et particulièrement créatif, LUX INCERTA a placé la barre tout en haut de la scène post-Metal et Doom française. Avec « Dark Odyssey », les Nantais effacent superbement la décennie passée à attendre ce deuxième album. Racée et magistralement orchestrée, cette nouvelle réalisation joue avec les ambiances et les atmosphères sans la moindre fausse note. Un modèle du genre.
LUX INCERTA
« Dark Odyssey »
(Klonosphere)
Il aura fallu attendre onze ans après « A Decade Of Dusk » avant d’avoir des nouvelles fraîches de LUX INCERTA. Il faut aussi préciser qu’entre-temps Benjamin Belot (chant) et Gilles Moinet (guitare) ont été occupés au sein de leurs formations respectives Penumbra et The Old Dead Tree. Mais cette longue décennie de patience en valait vraiment la peine, tant « Dark Odyssey » est un album saisissant et incroyable de diversité.
Sur la base d’un quintet pour l’enregistrement, car LUX INCERTA évolue aussi en concert, les Nantais nous plongent dans une aventure musicale où le Doom se fond dans un post-Metal parfois Black et même Sludge. Fort d’un univers très dark aux légers accents Gothic et New Wave, « Dark Odyssey » porte donc bien son nom et le travail d’écriture, d’arrangements et de production régale en tous points.
Sur les traces de leurs aînés et piliers du genre, les Français proposent un son très actuel à travers des morceaux très structurés et assez longs. Que ce soient les growls caverneux ou le chant clair (avec des passages en français sur « Decay And Agony »), LUX INCERTA brille de finesse et de puissance (« Far Beyond The Black Skies », « Dying Sun », « Farewell », « Fallen »). Enfin, les cordes apportent une touche profonde et délicate. Somptueux !
A force d’un travail acharné, les Lillois se présentent avec un album incroyable de créativité et osent à peu près tout à travers un registre où viennent s’entrechoquer des ambiances et des fulgurances étonnantes. STENGAH, en reprenant le titre d’un classique de Meshuggah comme nom, vise très haut et « Soma Sema » laisse entre voir le meilleur pour le quintet. Entretien avec Eliott Williame, batteur et compositeur du groupe.
Photo : Earlawakes
– STENGAH est un nouveau venu sur la scène Metal française et dès votre premier album, vous mettez tout le monde d’accord en affichant une puissance phénoménale. Avant de parler de « Soma Sema », pouvez-vous revenir sur votre parcours, ainsi que sur votre signature chez Mascot Records pour vos débuts ?
Merci pour ce retour ! On a débuté le projet en 2013 en cherchant un line up stable et cohérent pour prendre le temps aussi de définir une identité précise et personnelle. C’est vraiment en 2016 que le groupe a commencé à exister avec les premiers concerts et la démo « Mechanic of the Sphere », sortie en avril la même année. En 2017, nous avons été sélectionnés et avons remporté le ‘Metal Battle France’, qui nous a envoyé jouer au ‘Wacken Open Air’, ce qui a été un gros tremplin pour nous faire repérer et gagner en visibilité. Ça nous a ouvert pas mal de portes, et de plus en plus de monde a commencé à s’intéresser à STENGAH. On a été très encouragé et très soutenu pendant la création de l’album jusqu’à tomber dans l’oreille d’un certain Richard Gamba, aujourd’hui notre manager et ami. Il nous a appris des milliers de choses et nous a accompagnés dans un premier temps pour sortir « Soma Sema » sur un label. Ce qui a fait la différence avec Mascot Records, c’est qu’ils se fichent un peu de savoir si le groupe est déjà connu, ou seulement émergent. Ce qui les intéresse avant tout, c’est la proposition artistique et le potentiel qui va avec. Ils y vont un peu au coup de cœur, et c’est pour ça qu’ils nous ont signé à l’époque. Honnêtement, c’est une des plus belles reconnaissances qu’on ait pu avoir sur ce disque.
– Entre Groove et post-Metal, votre style est aussi créatif que technique, ce qui rend votre album saisissant à tout point de vue. Vous jouez aussi sur les atmosphères avec un côté très progressif. STENGAH est un concentré de beaucoup de choses. Comment canalisez-vous toute cette énergie ?
Il y a un jeu de nuance que je retrouve principalement dans le Rock Progressif et le Jazz, où chaque moment va être impactant parce qu’il vient contrebalancer des couleurs musicales différentes. Ici, on joue sur le même plan, c’est-à-dire qu’un passage doux dans un morceau va renforcer énormément le suivant qui sera beaucoup plus agressif, ou inversement. Quelque chose de très sombre et très compacté va être mis en avant, parce qu’il va entrer en collision avec quelque chose de très lumineux et ouvert. Même si ça ne dure pas longtemps, ça suffit à ce que tout dans un morceau soit mis en valeur. Il y a des morceaux qui nous laissent, le public et nous-mêmes, totalement à bout de souffle. Et ça marche parce qu’il y a un temps de respiration avant ou après. Le défi évidemment est d’arriver à rendre tout ça très cohérent. Là, il faut y aller au feeling, tester, prendre des risques et se sentir satisfait quand ça fonctionne.
– « Soma Sema » fait vraiment penser à un voyage musical aussi chaotique que précis et très structuré. Quel est le point de départ de vos compositions ? Vous partez d’un thème mélodique, ou vous vous laissez guider par le texte ?
En général, il y a un thème qui me vient en tête, que je n’arrive pas forcément à identifier et qui me prend par surprise, puis en vient un autre, etc… Je dis souvent qu’il y a un côté accidentel. Je me laisse moi-même surprendre par la composition, ce qui demande beaucoup de concentration pour arriver mentalement à tout assembler comme un puzzle, en recherchant les bonnes transitions et le meilleur équilibre. Le texte peut arriver avant, pendant ou après. Il est un peu composé comme une guitare ou une batterie en attendant d’être restitué par le chant. Cette idée de voyage, de chaos et de structure, c’est tout à fait ça. Les trois cohabitent en permanence et forment un tout très personnel, et en même temps très ouvert et très contemplatif.
– Ce qui surprend aussi sur l’album, c’est l’approche presque animale des morceaux et leur aspect très moderne. C’est sur cette dualité que se basent le style et la démarche de STENGAH pour l’essentiel ?
Oui, je dirais que ça vient de la somme de nombreuses influences musicales et même d’autres formes d’arts, comme la peinture ou plus récemment la danse. Quand on ressent le mouvement de l’artiste dans sa production, je trouve ça saisissant. De même, il est très important pour moi de ressentir le musicien derrière son instrument dans la musique de STENGAH. C’est une manière de raconter quelque chose de sincère, qui prend aux tripes dès qu’on se laisse embarquer.
Photo : Earlawakes
– Vous avez également un côté très avant-gardiste, malgré des riffs très Metal et tendus. A l’écoute de « Soma Sema », on a presque le sentiment que le Métal ne vous suffit pas et qu’il vous faut franchir d’autres caps. C’est le cas ?
A l’époque où le groupe s’est fondé, il était question de monter un ‘groupe de musique’, sans vraiment parler de Metal ou autre. J’aime préciser que le style Metal s’est imposé de lui-même à travers la composition et à mesure que le line-up s’est créé, notamment avec l’arrivée du chanteur qui est capable d’aller très loin en termes d’intensité musicale. Aujourd’hui, et je pense que c’est la grande force de STENGAH, on a un style musical très ouvert, qui va pouvoir se permettre d’emprunter à tous les genres musicaux. C’est une musique qui transpirera toujours notre amour pour le Metal sous toutes ses formes, mais qui a le potentiel d’évoluer constamment et de surprendre tout en restant cohérente.
– J’aimerais qu’on parle de la production et du mix qui présentent un parfait équilibre entre les deux guitares, la rythmique et le chant. Dans quelles conditions et avec qui avez-vous travaillé ? Et est-ce que le résultat est à l’image de ce que vous aviez en tête au départ ?
Je pense que ce qui donne cette sensation d’équilibre, c’est que nous nous sommes acharnés à donner un aspect ‘Live’ aux enregistrements studios. À la batterie, je ne cherche pas à coller absolument au clic. Le métronome est plus là en guise de repère. Je considère la basse comme une extension de la batterie, et vice versa. Donc même chose, dans quasiment tous les passages de l’album on joue seulement à deux, et non pas à trois avec le clic. On a bossé avec Thomas Jankowski au Sound Up Studio à Tourcoing, qui est aussi notre ingé-son live. L’avantage est que Thomas est lui-même batteur, ce qui lui permet de comprendre facilement cette approche rythmique un peu hors du temps et des mesures. Autre exemple, j’ai parfois fait refaire les parties de guitares, car elles étaient trop précises avec le tempo, ce qui donnait un aspect mécanique à certains riffs parmi les plus techniques.
– Vocalement, il y a aussi beaucoup de changements de tons et de tessitures. Comment adaptez-vous la voix à la ligne musicale ? Elle-t-elle le lead sur les morceaux ?
Pour le chant, on a enregistré au studio d’Alex Orta, qui est plus tard devenu guitariste au sein du groupe. À l’époque, nous avons enfermé Nicolas dans un tout petit espace, comme s’il se retrouvait lui-même piégé dans la thématique de l’album (qui parle d’un esprit piégé dans son propre corps). Je te rassure, on a pris soin de lui quand même ! Mais l’idée a été pour lui de s’immerger totalement dans les textes et la musique, et de mon côté, je lui racontais des paysages entiers, des rêves, avec des couleurs et des sensations. En quelque sorte, on a un peu joué avec le principe de synesthésie… Finalement, Nico s’est approprié tout ça et en a fait sa propre interprétation. C’est vraiment là que la voix s’est parfaitement intégrée dans la musique, à travers quelque chose à la fois d’écrit et de spontané. Ça nous a permis d’aller explorer tout un tas d’émotions qui sont parfaitement retranscrites dans son chant, et donc avec tout un tas de sonorités parfois même inattendues. On l’entend essoufflé dans « Swoon » ou à bout de souffle à la fin de « Blank Masses Inheritance », et ce n’est pas du bluff. C’est le fruit d’un engagement corporel et mental énorme de la part de tous à l’intérieur de cette musique.
– Enfin, un petit mot sur la scène, car avec la qualité des groupes français actuels, on peut imaginer de très beaux plateaux. Avec quelles formations seriez-vous ravis de partager l’affiche?
Il y a tellement de groupes… J’ai envie de dire à peu près tout le monde, même dans des styles un peu différents, on est toujours très ouverts quelque soit la nature du groupe. Si on reste en France, je dirais Igorrr, Hangman’s Chair, Gorod, Benighted ou même Gojira… des projets déjà bien connus, mais c’est vrai qu’il y a un paquet de belles découvertes à faire en France ou chez nos voisins en Europe. Et depuis qu’on a repris les concerts, c’est intéressant de découvrir comment tous ces groupes ont évolué durant les deux ans de stand-by général. J’ai envie de citer Oddism ou The Lumberjack Feedback qui sont de chez nous, ou Huntsmen (US) et Loathe (UK). Nous allons prochainement retrouver un groupe de Rock Prog semi-acoustique à Bordeaux, qui s’appelle Qlay, avec qui nous partageront une date là-bas le 14 Novembre 2022. On va mélanger les genres, et ça va être énorme. On serait encore ‘hors Metal’, mais mon plus grand rêve serait de partager un jour la scène avec le groupe français légendaire Magma, mené par Christian Vander.
« Soma Sema », l’album de STENGAH, est disponible depuis le 18 mars chez Mascot Records.
Sur des rythmiques décomplexées et des ambiances surprenantes, ce premier album des Français est original et très mature. Grâce à des morceaux très bien structurés qui sont restés sauvages et explosifs, DECASIA livre une réalisation aboutie et impressionnante de maîtrise. Avec « An Endless Feast For Hyenas », le trio sort définitivement de l’ombre sur un Heavy Psych Rock et Stoner bien bâti.
DECASIA
« An Endless Feast For Hyenas »
(Heavy Psych Sounds Records)
Il aura suffit de deux EP, un premier album éponyme en 2004 et « The Lord Is Gone » en 2017, à DECASIA pour taper dans l’œil du label italien Heavy Psych Sounds Records et signer son premier album. Le trio nantais, désormais exilé à Paris, n’en a pourtant pas perdu son esprit live et électrique et « An Endless Feast For Hyenas » apparaît comme une première étape franchie.
Toujours dans cette volonté d’indépendance qui l’anime, c’est dans une grange transformée en studio que DECASIA a enregistré son premier album et le son très organique et profond qui s’en dégage révèle d’une authenticité sans faille. Le Rock musclé et très Psych du combo emprunte au Stoner jusqu’au Space Rock dans une déferlante de décibels enveloppantes. « An Endless Feast For Hyenas » est tout ça à la fois.
Si DECISIA aime jouer sur les atmosphères, son jeu et ses nouveaux morceaux restent explosifs, grâce à des riffs épais et massifs (« Iliod », « Cloud Sultan », « Override »). Un brin épique dans son approche (« Sunrise », « Hyenas On The Gate »), le trio monte en régime au fil de l’album et se montre très solide en plus d’être particulièrement original et d’une belle fraîcheur.
En quatre ans d’existence, NOTHING BUT REAL en aura fait du chemin. A force d’envie et de détermination, les Parisiens sont parvenus sur ce deuxième album, « Lost In The Word », à trouver l’équilibre et parfaire le son et l’univers musical qu’ils n’ont jamais perdu de vue depuis leurs débuts. Entretien avec Hanta (chant) et Tom (guitare) suite à la sortie de ce très bon opus fait de Rock, de Metal… et de tant d’autres choses.
– Je vous avais découvert il y a deux ans lors de la sortie de votre premier opus éponyme. Vous revoilà avec un nouvel album, « Lost In The World ». Les deux dernières années n’ayant pas été réjouissantes, comment les avez-vous passé, car il n’y a pas eu de concerts, ou très peu ?
Hanta : Effectivement, depuis le début de la pandémie avec deux ans sans concert, mais pas mal de choses se sont passées. On n’a jamais cessé d’interagir, que ce soit en visio, en chat, par email, pour continuer à faire vivre le projet. La promotion du premier opus s’est faite bon gré mal gré. Nous avons tourné les clips de « Therapy Toy » et « We are Nothing But Real » et renforcé notre visibilité sur Internet et les réseaux sociaux. Nous avons changé de bassiste et dès lors, le processus de composition s’est remis en marche. Heureusement, les studios de répétition où nous allions n’ont été fermés que ‘quelques’ mois et nous sommes également aussi allés chez les uns et les autres pour continuer à jouer et à créer.
Tom : Tu sais comment ça se passe pour un groupe, tu composes et tu sors un album, mais il y a toujours plus de matière cachée et il faut bien avouer qu’il y avait une bonne vingtaine de riffs et d’embryons, plus ou moins aboutis, de titres qui étaient déjà dans le pipe. Personnellement j’ai passé pas mal de temps à composer et affiner des titres qui sont sur « Lost In The World » et on se harcelait de messages. Après, j’avoue que pendant l’année 2020, Eghan (batterie – NDR) et moi avons pris du temps le soir pour dégrossir le travail sur quelques titres qui nous démangeaient.
– A l’époque, vos influences étaient facilement identifiables, alors qu’aujourd’hui elles semblent bien digérées et NOTHING BUT REAL affiche un style beaucoup plus personnel. Comme il y a eu peu de scène, comment avez-vous franchi ce cap dans votre jeu ?
Tom : Comme dans toute formation, on a commencé à se connaitre avec l’expérience des premiers singles, c’était le test en 2018. Puis, le premier album a confirmé cette envie. Ensuite, il y avait du travail à faire sur notre son, car il manquait quelque chose. Comme on ne pouvait pas défendre l’album sur scène, on a donc continué à répéter sur de nouveaux titres comme « Snake Eyes » et « Strike ». Ce sont ces deux morceaux qui ont clairement défini la couleur instrumentale actuelle. L’idée était de revenir à un son plus organique et d’ajouter ce qui a toujours été la visée à l’origine : une couleur plus électro et plus poppy, tout en gardant cette cohérence avec l’univers visuel que j’imaginais à la fois dark et flashy. On cultive cette dualité, qui est l’essence même du projet, car on aime vraiment différents styles d’où le côté hybride, qui est un challenge permanent. Avec l’arrivée de Victor à la basse à l’été 2020 ça a été l’occasion d’affirmer cette vision du son. C’était naturel, ça a matché très vite.
Hanta : Quand le groupe a été formé en 2018, hormis Tom et le premier bassiste, personne ne se connaissait et nous venions tous d’horizons différents. Au fur et à mesure de nos répétitions et de nos discussions, nous avons commencé à assumer nos propres goûts musicaux (même les plus inavouables !) et à les intégrer dans nos compos. L’arrivée de Victor et ses compétences en MAO ont également renforcé notre goût pour les samples, les nappes électroniques, les ambiances et les graphismes apportés au projet. Aujourd’hui, de par nos influences très variées et la confiance mutuelle qu’on s’apporte, notre jeu laisse apparaitre nos quatre personnalités assumées, sans artifice. Juste nous et nos envies, quitte à brouiller les pistes quant à notre ‘catégorie musicale’.
– Parlons de « Lost In The World », mais avant de d’évoquer son contenu, j’aimerais que vous nous disiez un mort sur votre signature chez M&O Music, car vous étiez autoproduits pour votre premier album…
Tom : J’avais été contacté par Alexandre pendant la sortie du premier album en 2020. Comme ça ne le faisait pas avec notre attaché-de-presse, nous en avons changé et cela a porté ses fruits. Il était donc naturel de rediscuter avec M&O pour ce nouvel opus. Au-delà du côté communication, Alexandre a écouté l’album et nous a dit avoir apprécié. Donc, on s’est entendu pour bosser ensemble via le label.
– J’imagine que c’est un sacré coup de boost. Cela a-t-il eu un impact sur votre motivation et surtout sur la direction musicale de ce nouvel album ?
Tom : Pour être franc, la motivation est toujours à son maximum indépendamment des gens avec qui tu bosses : label, PR agent, booker, coach, manager… A mon sens, quand on est artiste, amateur, semi-pro ou pro, ton moteur, c’est ta capacité à créer un son et un univers qui te ressemble. Il y a évidemment des hauts et des bas, nous sommes tous humains, mais il faut travailler dur pour arriver à un résultat et faire mieux encore par la suite. Ce qui était très cool, c’est de savoir que ça a plu à Alexandre, car il est exigeant et ce n’est jamais évident pour un label de défendre un groupe, qui oscille sur plusieurs influences parfois larges. Sur la direction musicale, cela n’a pas eu d’impact, car les morceaux étaient écrits et maquettés bien avant qu’on cherche à être accompagné, même si nous l’avions en tête. Il fallait faire du mieux possible avec nos moyens et c’est une chance d’avoir plu au label M&O Music.
– Composer un album en moins de deux ans durant une pandémie complique beaucoup de choses. Comment vous êtes-vous organisés et aviez-vous déjà des morceaux en chantier, voire déjà prêts, car l’ensemble est très mature ?
Hanta : Tom avait déjà quelques morceaux en chantier, qu’il nous a présentés en répétition. Nous avons donc pu en étoffer certains, qui avaient déjà de solides bases. Par la suite, il a suffi que l’un d’entre nous lance un riff, une ligne de basse, un rythme pour se chauffer, on bœuf dessus et comme ça groove pas mal, on enregistre le tout sur un téléphone. On réécoute tout ça chez soi, on l’affine de nouveau en répétition, et voilà. Maintenant qu’on se connait bien, on arrive à prendre rapidement une direction commune pour nos morceaux, et qui convienne à tous.
Tom : Si je te dis que « Here I Am » a été composée en 2008 et « Lost in the World » en 2013 tu me crois ? Il faut que ça mature ! (Rires) C’est vrai que les morceaux qui ont lancé la dynamique sont « Snake Eyes » et « Strike ». Il y avait bien « Behind the Door » et « Scars And Burdens », qui étaient abouties à 60% mais, comme dit Hanta, on a fait de la chirurgie esthétique par endroit, simplifié ou enrichi. Par exemple, sur « Lost in the World », la version originale était plutôt sur une rythmique Trip-Hop, et plusieurs fois Hanta m’a dit avoir du mal à trouver un flow accrocheur. Du coup, tu vois, c’est comme ça que ça se passe. Le côté ‘Poppy’ m’est revenu, car Hanta et moi écoutions beaucoup de Pop comme The Weekend, Billy Eilish ou Ed Sheeran à ce moment-là. Alors, j’ai reprogrammé une batterie plus groovy. Eghan se l’est approprié avec sa patte et ses enrichissements et c’est allé très vite. Pour le reste, ça s’est fait en répétition et en mode impro.
– Justement, le contenu de votre première réalisation était très identifiable comme je l’ai dit, alors que « Lost In The World » a un aspect très hybride comme vous le soulignez d’ailleurs. Vous faites la jonction entre le Rock Fusion parfois Metal et le Rock Alternatif. C’était l’objectif de départ ?
Tom : Oui car, même si on respecte beaucoup Evanescence, l’idée n’a jamais été d’aller dans cette voie. Vraiment le côté hybride avec un univers à la fois dark et lumineux, c’est ce qui nous correspond. Cela nous permet de jongler avec nos humeurs, même s’il y a une tendance à ce que ce soit des morceaux assez Rock pour nos familles ! (Rires) Nous sommes les deux faces d’une même pièce, donc l’enjeu était de forger un son suffisamment identifiable pour servir les morceaux avec la voix et le storytelling, et lier l’ensemble avec l’univers graphique. Tout est calculé chez NOTHING BUT REAL ! (Rires)
– La bonne production de l’album met aussi en évidence une complicité que l’on sent renforcée. On a l’impression que vous vous êtes beaucoup rapprochés, tant les nouvelles compos affichent une assurance et une force nouvelle. C’est le cas ?
Hanta : C’est exactement ça ! Il faut voir le fil de nos conversations, il est interminable. Il ne se passe pas un seul jour sans qu’on ne se parle ou ne partage des liens, des idées, des news, même en vacances. On a toujours trouvé un moyen de se voir, même quand l’un est au bout du monde sans réseau. Et comme tout groupe émergent, nous n’avons pas toute une équipe derrière, donc on se retrousse les manches et on se donne des tuyaux pour le faire. Accessoirement, passer plusieurs jours non-stop ensemble en studio d’enregistrement, ça resserre les liens. Quelques saucisses, quelques bières et les langues se délient facilement !
Tom : Oh yeaaaah !!!
– NOTHING BUT REAL présente des morceaux très accrocheurs et plutôt Rock dans l’ensemble, avec d’autres titres dotés de grosses rythmiques et de riffs appuyés. Vers où penchez-vous ? Rock ou Metal ? Ou les deux plus simplement ?
Tom : Les deux, mon capitaine. On ne te dit rien de la suite, mais il y aura encore des surprises. L’évolution n’est pas terminée, car notre niveau de créativité est au max. Si on avait voulu, eu du temps et un gros budget, nous aurions fait bien plus, car si tu voyais tout ce qu’on a sur le PC en morceaux ou en riffs pour la suite… Mais d’abord, place à ce nouvel album, car nous y avons mis beaucoup de cœur, d’énergie et c’est un vrai soulagement de voir quelque chose aboutir avec un résultat qui ressemble enfin à la vision de départ.
– Un mot aussi au sujet de la pochette de l’album qui s’inscrit un peu dans un esprit presque Stoner et Desert Rock. C’est une façon de brouiller les pistes ? L’ambiance du visuel est assez différente du contenu finalement…
Hanta : Bien que les paroles ne le laissent pas toujours transparaitre, l’album raconte une histoire : celle de Sakar, extraterrestre dont le vaisseau s’est crashé sur Terre de manière totalement inattendue, et qui se retrouve dans un monde sans repère. Le désert, c’est l’expression de la solitude et l’illustration sur la jaquette de ses déambulations solitaires à travers toutes les émotions et les rencontres hostiles qu’il va faire. Chaque chanson est en réalité une expérience qu’il vivra comme un pèlerinage, totalement seul, mais bien décidé à aller jusqu’au bout.
Tom : On ne renie pas ces influences Stoner, bien au contraire, même si elles ne se ressentent pas sur cet album. D’ailleurs, on remercie Flow du Chromatorium Music, avec qui nous travaillons quasiment depuis l’origine du projet. Maintenant qu’il a bien compris l’univers et la direction du groupe, je l’embête avec mes idées à la con. Pour la pochette et même toutes les pochettes, nous voulions amener un côté surréaliste. Pour cette cover en particulier, il fallait souligner le côté ‘perdu sur Terre’, et non « Perdu dans l’espace », qui est un bon film pourri ! Rires) autour de notre avatar Sakar, qui est le protagoniste. Brouiller les pistes, je ne sais pas. En tout cas, l’idée était de faire le lien avec le titre de l’album et tenter de surprendre un peu à l’écoute et en ouvrant la pochette…
– Enfin, on vous sent très aguerri et prêts à en découdre sur scène. Des concerts et/ou une tournée sont-ils d’ores et déjà prévus ?
Tom : Nous avons hâte d’y être, car lorsque ce sera possible : chaque titre aura droit à son ambiance visuelle en arrière-scène. Même si on adore créer et enregistrer en studio, rien ne vaut le contact avec un public qui réagit. C’est pour ça qu’on le fait avant tout. Alors, yes : WE ARE READY !
L’album de NOTHING BUT REAL, « Lost In The World », est disponible depuis le 25 mars chez M&O Music.
Les plus belles musiques sortent souvent d’une guitare acoustique avant de s’étoffer, de prendre du relief et de l’ampleur, afin de mieux mettre en évidence des textes où le fond et la forme jouent à égalité. C’est très précisément ce que les Brestois de MAKADAM sont parvenus à réaliser sur un premier album, « Mauvaise Herbe », où le Rock se fond dans une Folk, parfois teinté de Pop, toujours saisissant.
MAKADAM
« Mauvaise Herbe »
(Independant)
Fondé en 2018, MAKADAM est un groupe de Brest. Cela a toute son importance car, pour celles et ceux qui connaissent la ville, la musique du quatuor en est le reflet partait. Sorte de poésie urbaine à écouter face à la mer, les onze chansons de « Mauvaise Herbe », premier album des Bretons, reflètent d’autant de moments de vérité, que de réflexion, sur un quotidien auquel chacun pourrait, ou l’a été un jour, être confronté. Bercé par une Folk Rock attachante, ce premier album s’écoute comme on regarde un film.
Forcément hors du temps, mais à la fois terriblement ancrés dans son époque et son temps, les textes de sa chanteuse Cat donnent le chemin à suivre à Jérôme Brunelet (guitare), Fabien Barloy (basse) et Jean-Baptiste Mora (batterie), qui forment avec elle une belle unité dans une fusion fluide et spontanée. Dire que la musique de MAKADAM est authentique et sincère est un doux euphémisme, tant il est difficile de tricher sur les sujets abordés.
Sur une belle et solide production, « Mauvaise Herbe » pose un regard sans détour et souvent brut sur notre société où l’humain reste au cœur du propos (« La Nef Des Fous », « Colère », « Incisif »). Sans verser dans la morale, MAKADAM dépeint au contraire des sentiments qui nous animent tous avec une tendresse et une sensibilité touchantes (« L’Age d’Or », « La Fin De La Fête »).
En autant d’épisodes de vie que de chansons, le groupe se dévoile avec finesse sur des thématiques parfois crues, mais toujours criantes de justesse (« Charlie », « Résilience »). En bon camarade, le groupe accueille deux amis musiciens, venu en voisins, à savoir Mickaël Guerrand sur « Princess Horror » et Morgane Mercier sur « Boulevards Des Allongés ». Tous deux apportent un souffle supplémentaire à MAKADAM, qui n’en manque pourtant pas. Un très bel envol.