Catégories
Blues

Popa Chubby : le vaccin Blues Rock

«Tinfoil Hat » peut autant se percevoir comme un manifeste, un cri de colère, de rage ou d’amour tant le bluesman new-yorkais se livre sans détour dans un Blues Rock virulent, intime et plein de compassion. Moins sophistiqué que le reste de sa discographie, ce nouvel album de POPA CHUBBY est peut-être l’un des plus authentiques de l’artiste.

POPA CHUBBY

« Tinfoil Hat »

(Dixiefrog/PIAS)

L’an dernier alors qu’il célébrait ses 30 ans de carrière, le New-yorkais fut coupé dans son élan, privé de scène et sommé de rester confiné. L’insoumis bluesman, qui n’a de cesse de lutter contre toutes les injustices a du prendre son parti et cela a eu pour effet d’accroitre une inspiration déjà fertile. Refugié dans son home-studio, le Chubbyland, à contrecœur POPA CHUBBY a composé un album nourrie de rage et d’amour.

Poussé dans ses retranchements, POPA CHUBBY s’est inspiré de la situation sanitaire bien sûr, mais aussi des dégâts de l’administration de Trump dans son pays. Entre colère et espoir, le musicien chante un constat accablant sur des Etats-Unis, non sans humour à commencer par ce grand clin d’œil aux imbéciles et complotistes de tous poils (« Tinfoil Hat ») et surtout un beau message à ses fans (« Can I Call You My Friends ? »). 

Le Blues Rock de POPA CHUBBY aura rarement été aussi saisissant et revendicatif. Décrivant sans concession le chaos ambiant sur « You Ain’t No Shit », « No Justice No Peace » et « Someday Soon (Change Is Gonna Come) », il est même de bon conseil (« Baby Put On Your Mask »). Toujours étincelant à la guitare, l’Américain a apporté un soin particulier au chant avec une humilité très empathique. Brillant.

Retrouvez la récente interview du bluesman : https://rocknforce.com/popa-chubby-quel-chapeau-lartiste-interview/

Catégories
Blues

Joanna Connor : wild slide woman

Produite par Joe Bonamassa, qui joue également sur deux titres de ce nouveau petit bijou, la chanteuse et guitariste JOANNA CONNOR déverse un Blues plein d’émotion et d’une énergie incroyable. Accompagnée par un groupe de classe mondiale, l’Américaine irradie de son talent les dix morceaux de « 4801 South Indiana Avenue », qui est d’une élégance totale. Un must !

JOANNA CONNOR

« 4801 South Indiana Avenue »

(KTBA Records)

Présente depuis les années 80 sur la scène Blues de Chicago, on ne présente plus JOANNA CONNOR, l’une des reines incontestables du Blues Rock et surtout une virtuose de la slide. Toujours très bien entourée, l’Américaine s’est adjoint les services d’un groupe hors-norme pour son 14ème album, le premier sorti sur le label indépendant de Joe Bonamassa, qui produit avec Josh Smith ce magnifique « 4801 South Indiana Avenue ».

Tirant son titre d’un haut lieu du Blues et Funky de Chicago, l’atmosphère qui se dégage de ce nouvel album de la songwriter est juste exceptionnelle. Soutenue par le claviériste Reese Wynans (SRV), du bassiste Cavin Turner, du batteur Lemar Carter et d’une session cuivre renversante, JOANNA CONNOR explose et tire des sons incroyables de sa Gibson. Toute aussi puissante vocalement, elle rayonne sur les dix morceaux.

Dominant les débats sur « Destination », « For The Love Of A Man » ou « I Feel So Good », la guitariste livre une prestation à la hauteur de sa réputation : fougueuse, dynamique et intense. Honky-Tonk sur « Come Back Home », pleine d’émotion sur « Bad News » en hommage à Luther Allison et presque psychédélique sur « It’s My Time », JOANNA CONNOR livre un vrai chef- d’œuvre, qui s’annonce comme un futur classique du genre. 

Catégories
Blues

Ally Venable : Texas rules !

Si ALLY VENABLE fait sonner sa Gibson et entendre sa voix depuis seulement cinq ans, c’est en blueswoman aguerrie et au style très personnel qu’elle livre un quatrième album authentique, entre un Blues Rock imprégné de SRV et un Southern Rock très percutant. « Heart Of Fire » est une réalisation à la hauteur du grand talent de la jeune texane.

ALLY VENABLE

« Heart Of Fire »

(Ruf Records)

Le monde du Blues Rock se féminise peu à peu depuis quelques années et c’est une très bonne chose ! Si Ana Popovic, Jessie Lee ou Samantha Fish sont aujourd’hui reconnues, d’autres ont pris le train en marche pour s’affirmer non seulement comme de très bonnes chanteuses, mais aussi et surtout comme des musiciennes hors-pair. Et c’est le cas pour ALLY VENABLE, jeune texane de 22 ans, nourrie au Blues et au Southern que sa fougueuse jeunesse semble avoir parfaitement assimilé.

La précocité de la chanteuse et guitariste vient tout de même rappeler qu’elle publie rien moins que son quatrième album en cinq ans d’une carrière menée tambour-battant. Si son jeu n’est pas sans évoquer Buddy Miles, Robin Trower voire Lynyrd Skynyrd ou Bad Company, ALLY VENABLE présente un style très actuel, où ses capacités vocales semblent déjà prendre une place prépondérante. D’ailleurs, quelques grands noms ne s’y sont pas trompés et sont venus apporter une belle contribution à « Heart Of Fire ».

Sur « Road To Nowhere », c’est le grand Devon Allman himself qui vient juste poser des chœurs et quelques accords. Et ce n’est pas tout puisque le virtuose Kenny Wayne Shepherd offre un superbe solo en forme de duel sur le génial « Bring On The Pain », empreint d’une fièvre très Southern. Justement, « Hard Change » et « Do It In Hells » restent dans cette veine, tout comme « Sad Situation ». Très à l’aise sur sa Gibson à travers des riffs classieux, ALLY VENABLE s’avère également redoutable à la slide, la wah-wah ou au dobro.    

Catégories
Blues

Justin Light : un Blues resilient

Entre confinement et Brexit, JUSTIN LIGHT a eu le temps de la réflexion. Le songwriter anglais en a profité pour écrire, jouer, enregistrer et produire son premier album solo. Dans un registre Blues très British, le musicien livre un album élégant, plein d’émotion et optimiste. « Sunshine Cafe » dégage une belle luminosité musicale.

JUSTIN LIGHT

« Sunshine Cafe »

(Independant)

Après 35 ans de carrière passés à partager la scène avec de grands noms et au sein des groupes The Atomic Workers et The Sonic Jewels, JUSTIN LIGHT a profité du confinement dans son pays, l’Angleterre, pour enregistrer pendant l’été dernier son premier album solo. Et celui-ci penche cette fois pour le Blues.

Guitariste et chanteur, le Britannique a donc mis à profit la situation sanitaire pour composer « Sunshine Cafe », et pourtant ce premier essai solo est tout sauf triste ou morose. Plein d’humour, les morceaux de JUSTIN LIGHT respirent et véhiculent une douceur enveloppante, malgré la pandémie et le Brexit qui ont guidé certains titres.

Très british dans le son et les compos, le songwriter développe un registre très souple et délicat sans se priver d’élever le niveau à l’occasion (« Loneliness Is A Blues », « Making It Alright In The End », « Goodbye To My Poison », « Your Payback’s Overdue »). JUSTIN LIGHT régale et on perçoit très rapidement la longue expérience du musicien.

Bandcamp : https://justinlight.bandcamp.com/

Catégories
Blues

Bjørn Berge : en toute liberté

Connu et reconnu pour ses prestations époustouflantes en solo (allez voir!), BJØRN BERGE revient cette fois en trio avec un « Heavy Gauge » plein de groove et tout en feeling. Toujours aussi technique, le Norvégien livre un Blues dont lui seul a le secret. Le musicien est toujours aussi surprenant dans ses compositions et le son de sa guitare.

BJØRN BERGE

« Heavy Gauge »

(Independant)

Qu’elles aient six ou douze cordes, les guitares qui passent entre les mains de BJØRN BERGE laissent toujours exploser des sonorités et des mélodies irrésistibles. Techniquement hors-norme, le maître norvégien du picking et de la slide apporte une nouvelle et indispensable œuvre à sa belle et grande discographie. Et cette fois, le guitariste n’est pas venu seul.

Le Scandinave s’est particulièrement bien entouré pour livrer le digne successeur de « Who Else ? ». On retrouve à la basse Kjetikl Ulland et Kim Christer Hylland derrière les fûts. Et comme d’habitude, ce Blues venu du Nord ne manque pas de groove. BJØRN BERGE y glisse quelques touches Folk, jazzy et Rock bien sûr, le tout avec une déconcertante facilité.

Rugueux et suave à la fois, le guitariste excelle dans un Blues Rock qu’il maîtrise totalement (« The Wrangler Man ») sans négliger quelques fantaisies. Très technique, le songwriter se montre pourtant d’un feeling incroyable à travers des morceaux qui lui ressemblent tellement dans leur diversité (« I Got It Made », « Straydog », « Coliseum » et l’étonnant (« Rip Off »). Un grand bol d’air frais !

Bandcamp : https://bjornberge.bandcamp.com/

Catégories
Folk/Americana International Stoner/Desert

Tony Reed : une vision positive de l’avenir [Interview]

Producteur reconnu dans le milieu du Stoner Rock et au-delà, le multi-instrumentiste TONY REED a mis entre parenthèse ses groupes Mos Generator et Big Scenic Nowhere pour sortir il ya quelques mois son premier album solo. Acoustique, très épuré et touchant, le compositeur américain a livré un « Funeral Suit » étonnant, sincère et très personnel. Rencontre avec ce monument de Seattle.

– Il y a quelques mois, tu as sorti « Funeral Suit » dans un registre où on ne t’attendait pas forcément. Quel regard portes-tu sur ce premier album solo avec un peu de recul ?

Au cours des dernières années, on m’a demandé de faire un album acoustique à plusieurs reprises. Certaines des chansons de « Funeral Suit » ont été écrites il y a plus de cinq ans. C’est un style dans lequel je suis aussi à l’aise que dans du Rock lourd et, au niveau des paroles, il ne s’éloigne pas trop du contenu des trois derniers albums de Mos Generator. La grande différence ici, c’est que les voix et les paroles sont présentées dans un cadre sans grosses guitares, ni de section rythmique agressive.

– Malgré de multiples productions, on te connait surtout en tant que leader de Mos Generator et plus récemment avec Big Scenic Nowhere. Qu’est-ce qui t’a poussé à réaliser un album Folk et presqu’Americana ? C’est un projet que tu mûris depuis longtemps ?

En fait, chaque chanson a été enregistrée telle qu’elle à l’exception de deux chansons initialement interprétées par Mos Generator. Ce sont presque toutes des démos. Je trouve que dans certains styles de musique, si tu passes trop de temps à améliorer la performance ou les arrangements, tu perds l’énergie et le sentiment de départ. Sur la plupart de ces chansons, j’ai enregistré la guitare très rapidement, puis j’ai enregistré les voix au moment où je les écrivais. Il y a beaucoup d’erreurs sur l’album, mais je ne pense pas que je changerai quoi que ce soit. Cela donne vraiment aux chansons une sensation différente.

– « Funeral Suit » est un album assez sombre et intimiste, presqu’introspectif. C’est la situation due à la pandémie qui a guidé ce choix, ou c’est quelque chose de plus profond ? Et il y aussi ce changement radical de style…

Toutes ces chansons ont été achevées avant la pandémie. Si je me souviens bien, les derniers enregistrements de l’album ont été faits en novembre 2019. Tu as raison de dire que c’est un album intime et introspectif. Je n’ai jamais été aussi transparent dans mon écriture. Au cours des dernières années, j’ai jeté un coup d’œil sur les choses que je n’aime pas chez moi et les choses que j’ai faites et qui ont blessé les personnes que j’aime. De nombreux textes de Mos Generator reflètent également ce type d’auto-analyse. Entre « Funeral Suit » et l’album de Mos Generator « Shadowlands », je pense avoir exorcisé ces sentiments et les avoir remplacé par une vision positive de l’avenir.

La mort de mon père en 2019 a également joué un grand rôle dans la création de cet album.  « Funeral Suit », la chanson, parle de son décès et de la façon dont cela affectera le reste de ma vie. Il s’agit aussi des êtres chers qui sont toujours là et qu’ils peuvent partir à tout moment. Alors, chérissez cette vie que vous avez avec eux. J’ai l’impression que mon père comprendrait tous ces sujets sombres sur lesquels je chante, s’il pouvait écouter l’album. Je l’aime beaucoup et je peux honnêtement dire que bon nombre de mes propres défauts de caractère sont ceux que je pouvais voir en lui. Il aurait compris cet album. Il était un grand fan de mon travail et m’appelait régulièrement pour me le dire. Je porte ces mots partout avec moi.

En ce qui concerne le style de musique, j’écris et j’enregistre de la musique acoustique depuis plus de 30 ans. Dans mes archives personnelles, il y a des centaines de chansons que j’ai enregistrées dans de nombreux styles. Certaines ont été publiées ou rééditées au fil des ans, et il pourrait y en avoir d’autres dans un proche avenir. En ce moment, j’ai cinq projets et groupes actifs qui écrivent et enregistrent. Le seul avec des horaires de répétition réguliers est Hot Spring Water. Cela ressemble beaucoup au Rock Country du début des années 70 en Californie du Sud. C’est une sorte de mix Country alternative et sombre. C’est un groupe formidable et c’est très sympa à jouer sur scène.

– Sur cet album, tu es seul aux commandes. « Funeral Suit » est un disque que tu tenais toi-même à mener de bout en bout ?

Je suis un maniaque du contrôle donc, pour moi, ce n’est pas si différent que pour d’autres disques. Je gagne ma vie en tant qu’ingénieur du son et producteur depuis mes vingt ans environ, ce qui me permet également d’avoir le contrôle sur mes chansons. Au fil des ans, j’ai sorti pas mal de disques où je joue de tous les instruments. Cela vient vraiment du fait que je ne suis pas une personne très sociale et que je passe la plupart de mon temps à côté d’un enregistreur avec toute sorte d’instrument de musique à la main. Et j’ai eu la chance de pouvoir en faire l’œuvre de ma vie.

– En plus de cet album très touchant, Il y a également eu « Lavender Blues » avec Big Scenic Nowhere cette année. Finalement, elle aura été assez riche pour toi. Doit-on s’attendre maintenant à un nouvel album de Mos Generator en 2021 ?

Bob (Balch, également guitariste de Fu Manchu) et moi avons une excellente relation musicale. Nous sommes tous les deux mélomanes et essayons de jouer et d’apprendre sans cesse. Big Scenic Nowhere est génial, parce que j’arrive à saisir de longues jams et à les rendre très structurées en studio. C’est un processus que je connais, mais que je n’ai jamais fait avec autant d’intensité. C’est vraiment un défi amusant. En ce qui concerne Mos Generator, j’ai passé l’année dernière à essayer de trouver des morceaux pour maintenir la présence du groupe auprès du public. Actuellement, je suis très heureux de travailler sur de nouveaux morceaux. Le problème est que nous ne vivons pas les uns à côté des autres. Jono (batterie) habite à 3.500 kilomètres de Sean et moi. Et en ce moment, il est très difficile de se réunir et de travailler sur de nouvelles compos. Mais nous prévoyons au moins d’écrire et d’enregistrer un nouvel album (peut-être un double) d’ici la fin de l’année. C’est notre objectif.

Retrouvez la chronique de l’album :

https://rocknforce.com/tony-reed-la-surprise-folk-du-chef

Catégories
Blues Folk/Americana

Théo Charaf : l’appel des grands espaces

Pour son premier album éponyme, THÉO CHARAF sort des sentiers battus en livrant dix très bons morceaux entre Folk, Blues et Americana. Avec un art très personnel du storytelling, le songwriter s’accompagne à la guitare acoustique sur une production élégante et éthérée. Le musicien français peut aller se frotter à la scène américaine sans crainte.

THÉO CHARAF

« Théo Charaf »

(Wita Records/Dangerhouse Skylab/Baco Distribution)

Ce premier album du Lyonnais THÉO CHARAF est la vraie belle surprise de ce début d’année en matière de Folk. Eponyme, l’opus est aussi épuré qu’il est abouti. Sans fioriture et soigneusement arrangé, il nous emmène en voyage dans les grands espaces américains avec un large et généreux détour par le delta du Mississippi. Et à la manière des mythiques folksingers, le musicien déroule des morceaux très bien ficelés. 

Le Français s’est forgé un style très personnel assez rare dans l’hexagone. Sa Folk aux accents bluesy prend un relief saisissant grâce à une production très brute. Et la profondeur de la voix de THÉO CHARAF prend toute son ampleur à travers une belle diversité où il joue sur différentes intonations et brille complètement sur « Oh Sister », où il est doublé et accompagné par une voix féminine qui apporte beaucoup d’élégance au morceau.

Folk pour l’essentiel, le songwriter traverse évidemment des contrées Americana (« Forward », In Vain », » Waiting Around To Die ») avec un sens du storytelling que l’on retrouve aussi sur « Vampire » plus Folk. Avec beaucoup d’émotion, THÉO CHARAF se fait plus bluesy sur « Going Down » et « Devil Got My Woman ». Et ce n’est qu’en fin d’album qu’il branche sa guitare pour le très bon « Hard Time Killing Floor Blues ». Une vraie réussite.

Bandcamp : https://theocharaf.bandcamp.com/releases  

Catégories
Blues

Grant Haua : le blues Maori

Guitare à la main, GRANT HAUA a longtemps bourlingué entre son pays, la Nouvelle-Zélande, et l’Australie où il a pu se créer un univers musical et surtout un son très personnel. Avec « Awa Blues », le bluesman nous transporte dans un monde apaisant, simple et qui va à l’essentiel. En plein cœur.

GRANT HAUA

« Awa Blues »

(Dixiefrog)

C’est depuis sa Nouvelle-Zélande natale en solo puis avec le groupe Swamp Things que le songwriter GRANT HAUA a peaufiné et personnalisé sa vision du Blues. Entre l’important héritage du style et sa culture Maori qui reste au cœur de ses morceaux, le guitariste et chanteur présente une technique et un feeling incroyables et « Awa Blues » est exceptionnel en tout point.

Ce nouvel album de GRANT HAUA est de ceux qui guérissent les âmes. Sur un songwriting très soigné, le musicien conserve un style très roots, authentique et sincère. Très épuré dans l’ensemble, on notera la grande prestation de Tim Julian à la basse (et quelques autres instruments). Son groove hors-norme offre un relief incroyable aux morceaux (« Got Something », « Addiction », « My Baby »).

La très bonne production de « Awa Blues » met en avant toute l’intensité et l’émotion des chansons de GRANT HAUA, qui sont toutes des moments forts de sa vie (« Be Yourself », « Though Love Mama », « Better Day »). Le point culminant de l’album est sans conteste le très addictif « This Is The Place » et son refrain en Maori. Accrocheur comme rarement, il reste en tête un très long moment…

Catégories
Blues

Ghalia Volt : une slide sous haute tension

Fougueuse et délicate, la Blueswoman GHALIA VOLT a un parcours qui force le respect. Quitter le Plat Pays pour s’expatrier au cœur des origines du Blues et côtoyer presqu’aussitôt les meilleurs musiciens du genre semble avoir été quelque chose de très naturelle pour la chanteuse et compositrice, qui livre avec « One Woman Band », un album troublant de sincérité.

GHALIA VOLT

« One Woman Band »

(Ruf Records)

Cela fait déjà quelques années que GHALIA VOLT, a quitté sa Belgique natale pour partir à la conquête des Etats-Unis. Blueswoman dans l’âme, c’est assez naturellement qu’elle s’est installée dans le sud du pays, plus précisément en Louisiane à la Nouvelle-Orléans. Elle n’a pas mis bien longtemps à séduire quelques pointures locales et la revoici avec un troisième album sensible et très roots, « One Woman Band », où elle excelle de bout en bout.

Après le très bon accueil de « Let The Demons Out » en 2017 et « Mississippi Blend » en 2019, la chanteuse et songwriter a décidé de faire fi des restrictions sanitaires due à la pandémie et de relever le défi en enregistrant elle-même tous les instruments et essentiellement en direct de son nouvel album « One Woman Band ». Et le résultat est aussi époustouflant que bluffant. GHALIA VOLT n’a (presque) besoin de personne, même si elle a co-produit ce nouvel opus avec Lawrence Boo Mitchell (quand même !).

Sur un Blues très Roots aux guitares saturées et avec une voix aussi sensuelle que puissante, la musicienne livre onze nouveaux titres entièrement écrits à partir d’une traversée des Etats-Unis. Parcourant un grand nombre d’Etats où résonne le Blues, elle en a profité pour composer des morceaux aussi profonds qu’explosifs (« Last Minute Packer », « Evil Thoughts », « Loving Me Is A Full Time Job », « Bad Apple », …). Et armée d’une Slide rugueuse et intense, GHALIA VOLT est d’une authenticité rare.   

www.ghaliavolt.com/

Catégories
Blues

Johnny Gallagher And The Boxty band : le Blues venu d’Irlande

Plus qu’aguerri à la scène, le musicien irlandais se fait plus discret sur disque. C’est pourquoi le bluesman JOHNNY GALLAGHER et son BOXTY BAND jette un œil dans le rétro avec un regard très affûté sur ce très bon « A 2020 Vision ». Incontournable.

JOHNNY GALLAGHER AND THE BOXTY BAND

« A 2020 Vision »

(Dixiefrog/PIAS)

Je n’ai pas pour habitude de chroniquer les compilations, mais celle-ci regroupant les meilleurs morceaux des cinq albums autoproduits (donc difficile à trouver) de JOHNNY GALLAGHER en vaut franchement la peine ! En effet, le multi-instrumentiste pose un regard neuf sur ses productions (de 1997 à 2018) et en a gardé la substantifique moelle, soit 14 titres essentiels à ses yeux.

Originaire du Donegal, l’Irlandais a commencé la musique très jeune, s’essayant à la mandoline, au banjo, au violon et au violoncelle avant de se consacrer sur la basse, mais surtout à la guitare et au chant. Et c’est cette voix si singulière qui fait de JOHNNY GALLAGHER accompagné de sa six-cordes l’un des bluesmen les plus demandés en Europe et dans l’hexagone.  

La musique étant chez lui une affaire de famille, c’est aux côtés de ses frères jumeaux, Pauric et James, qu’il continue l’aventure avec le BOXTY BAND. S’affranchissant des différents styles de Blues, JOHNNY GALLAGHER a dessiné les contours d’un registre très personnel. Entraînant sur « Judi », élégant sur « Spanish Fountain », solide sur « Scars And Sitches », countrysant (Oups !) sur « St Julien » et magistral sur « Nothing Toulouse », l’Irlandais régale par sa finesse et sa dextérité.