Toujours audacieux et musclé, le Metal Progressif de THRESHOLD prend de l’âge, mais ne vieillit pas. Avec des musiciens au sommet de leur art, le quintet montre une force hors du commun où la puissance côtoie l’émotion dans une symbiose mélodique et technique imparables. Les Anglais frappent fort avec ce très bon « Dividing Lines ».
THRESHOLD
« Dividing Lines »
(Nuclear Blast Records)
Malgré quatre décennies d’efforts et de très bons albums, THRESHOLD n’a jamais atteint une plus grande notoriété, alors qu’il a toujours bénéficié d’un important succès d’estime. Talentueux et créatifs, les Britanniques ne baissent pourtant pas les bras et « Dividing Lines » vient confirmer sa grande capacité à se renouveler, sans jamais tomber dans la facilité.
L’un des atouts incontestables du quintet est sans aucun doute le retour de son ancien chanteur, Glynn Morgan, présent depuis le précédent opus « Legends Of The Shires » (2017). Mieux, THRESHOLD semble avoir repris du poil de la bête, tant cette douzième réalisation est d’une vigueur et d’une vivacité présentes sur dix titres aussi puissants que mélodiques.
Dès « Haunted », le groupe se montre solide et plus sombre, la faute sans doute à une époque et un monde en plein doute. Mais THRESHOLD en tire le meilleur et met parfaitement en avant des solos de guitares lumineux et des parties de claviers très inspirées (« Let It Burn », « The Domino Effect », « Run », « Defence Condition »). Très costaud !
Presque méditatif et d’une rare sensibilité, SOEN se présente avec « Atlantis », une nouvelle réalisation live enregistrée dans le légendaire studio du même nom dans la capitale suédoise. Accompagné de musiciens classiques, les morceaux issus de la discographie du groupe prennent ici une dimension et un relief d’une grande profondeur.
SOEN
« Atlantis »
(Silver Lining Music)
En dix ans de carrière, les Suédois n’ont eu de cesse de surprendre et surtout de sublimer leur Metal Progressif. Après cinq opus d’une égale intensité, SOEN se renouvelle à nouveau avec « Atlantis », du nom du mythique Studio Atlantis Grammofon, situé à Stockhölm. Cet ancien cinéma a vu passer de grands noms, c’est pourquoi le quintet a tenu à y enregistrer un disque très spécial.
Capté le 10 décembre 2021 (il sort aussi en DVD), « Atlantis » se présente sous la forme d’un concert de 80 minutes particulièrement immersif et, bien sûr, sans public vu le lieu. A travers 13 morceaux, SOEN parcourt ses albums en revisitant leurs titres les plus emblématiques accompagné d’un orchestre classique pour encore plus d’élégance. Et le résultat est plus que convaincant, il est captivant.
C’est donc entouré de huit musiciens, dont deux chanteuses, que le groupe fondé par le batteur Martin Lopez livre des versions d’une rare beauté de « Monarch », « Lucidity », « Antagonist » ou « Jinn ». SOEN rayonne littéralement et parvient même à donner de la grâce à « Snuff » de Slipknot, un sacré défi. Au chant, Joel Ekelöf est étincelant et la grande technicité des Scandinaves fait le reste. Majestueux !
Dans un style technique et progressif, les Transalpins de MINDAHEAD poursuivent leur voyage avec le deuxième volet de leur trilogie, dont le dernier volume est d’ailleurs déjà en cours de production. « 6119 – Part 1 » est un album très riche musicalement et aux atmosphères très travaillées. De la belle ouvrage !
MINDAHEAD
« 6119 – Part 1 »
(Rockshots Records)
Actif depuis ses débuts en 2017 avec un premier album étonnant, MINDAHEAD continue de surprendre en livrant la suite de « Reflections ». En effet, « 6119 – Part 1 » est la seconde partie d’une trilogie. Sans entrer dans les détails de l’histoire du protagoniste dont le nom chiffré donne son titre à cette nouvelle réalisation, il s’agit d’un album-concept ambitieux et pointu.
Dans un monde dystopique, MINDAHEAD propose une épopée musicale futuriste où la technicité et la créativité de ses membres font des merveilles. Avec un petit côté avant-gardiste, le sextet italien multiplie les fulgurances et les envolées sonores dans un registre progressif, où Metal et Rock se rejoignent avec une élégance et une assurance de chaque instant.
Emmené par un duo vocal hors-pair (la chanteuse Kyo Caliti et le frontman Sandro Macelloni), MINDAHEAD affiche une expérience redoutable grâce à une rythmique puissante et deux guitaristes plein de finesse. Sans avoir froid aux yeux, les Italiens s’étendent sur 17 minutes avec « Dancing In The Desert » et 12 autres sur les deux parties de « At The Gate Of Night ». Renversant !
Féroce tout en faisant preuve de beaucoup de délicatesse et d’une grande minutie, ce premier opus d’HYPNAGONE est captivant et dégage une puissance phénoménale. Très moderne avec des accents futuristes, il émane de « Qu’il Passe » une énergie et une maturité évidente dans son écriture et son jeu. Le quatuor originaire de l’Est de la France se montre d’ores et déjà d’une créativité à toute épreuve.
HYPNAGONE
« Qu’il Passe »
(Independant/Klonosphere)
Pointus et pointilleux. C’est en ces termes qu’on pourrait décrire HYPNAGONE et son premier album. Autoproduit et distribué par Klonosphere, « Qu’il Passe » aura nécessité cinq ans de gestation et deux enregistrements. Pointilleux, donc. Et si l’on ajoute que le mix a été réalisé par George Lever (Loathe, Monuments) et le mastering par Mike Kalajian (Machine Head, The Dear Hunter), on peut dire sans excès que le groupe n’a rien laissé au hasard.
Réunis autour d’Antoine Duffour, bassiste et fondateur d’HYPNAGONE, Adrien Duffour (chant), Yann Roy (guitare) et Jérôme Binder (batterie) ont élaboré un post-Metal technique et très structuré, qui ne manque pourtant pas de repères. Très immersive, la musique du combo conjugue également des approches progressives, Metal et Rock, expérimentales et avec un soupçon jazzy. Et l’ensemble est massif, très organique et accrocheur.
Axé sur des thèmes personnels en lien avec les luttes intimes, « Qu’il Passe » se déploie sur onze titres d’une surprenante fluidité. Par ailleurs, la pochette est signée du compositeur Antoine Duffour et représente le ‘brutalisme’, un mouvement architectural caractérisé par une bétonisation à outrance. Et pourtant, les morceaux respirent et ne souffrent d’aucune froideur, bien au contraire. HYPNAGONE réussit un magistral tour de force.
Fort d’un premier album très réussi, OAKS propose une aventure musicale singulière en évoluant dans des atmosphères progressives et Metal, dominé par un Stoner Doom lourd et épais. Le trio parisien se déploie dans un registre entièrement instrumental avec un travail sur le son très pertinent. Pleine de relief, la musique du groupe se fait aussi envoûtante que percutante, et c’est son guitariste, Thibault, qui nous en dit un peu plus sur cette première réalisation qui en appelle déjà d’autres.
– On vous a entendu pour la première fois en février dernier avec votre premier single « The Void », suivi de « The Chasm » en juillet. Avant de parler de l’album, pouvez-vous revenir sur votre parcours respectif et la création d’OAKS ?
Nous nous connaissons avec Julien (basse) depuis 20 ans. Nous sommes tous les deux de Strasbourg et nous avons joué dans de nombreux groupes avec des potes communs, mais finalement jamais ensemble. Naturellement, quand nous nous sommes retrouvés tous les deux à Paris, on a voulu créer un groupe. Nous voulions qu’il ne soit pas stigmatisé par un style particulier, mais le reflet de tout ce qu’on a pu écouter et digérer musicalement. On a également la chance d’avoir trouvé très rapidement notre propre studio de répétition et d’enregistrement, ce qui nous permet de stocker notre montagne de matos et d’avoir la liberté de répéter autant qu’on le souhaite. OAKS est né de notre envie de jouer ensemble sans se mettre de limite.
– Pourquoi avez-vous laissé passer huit mois entre le premier single et l’album ? De l’accueil de « The Void » dépendait la sortie de « Genesis Of The Abstract » ou est-ce que, plus simplement, tout n’était pas encore prêt ?
Le plan initial était de sortir l’album en autoproduction début 2022. A ce moment-là, nous avons eu un deal avec Argonauta Records et il nous a fallu revoir notre stratégie. Au début, l’album devait sortir en mai, mais notre batteur de l’époque nous a quitté juste après la sortie de « The Void » et l’annonce de la signature avec Argonauta. Nous avons heureusement rapidement trouvé Nathan, mais nous avions quand même besoin de temps pour être prêts pour de la sortie. Nous avons donc décidé de repousser la sortie à septembre.
Photo : Bill Castle
– Vous vous décrivez comme un ‘trio conceptuel’, qu’entendez-vous par là ? C’est une définition globale du groupe, ou cela ne s’applique qu’à ce premier album ?
En tant que groupe instrumental, il est très intéressant de réussir à raconter quelque chose sans mot. Lors de la création du projet, le désir était d’avoir un ensemble cohérent autant musicalement que visuellement. Nous travaillons donc nos titres dans une globalité, comme un projet complet. Nous avons créé un show vidéo pour nos concert afin de renforcer ce côté synesthésique du projet. D’ailleurs en live, nous jouons l’album dans son intégralité comme si c’était un seul long titre.
– Alors que vous évoluez en instrumental, seule une voix féminine se fait entendre en début et en fin d’album. Est-ce que vous pouvez en parler, pour ceux qui ne connaissent pas encore le disque, et en détailler son contenu ?
J’ai écrit un texte qui résume le concept de cet album. Nous voulions une intro et une outro et j’ai toujours eu en tête une voix grave et monocorde de femme pour réciter ce texte très imagé, voire carrément lyrique ! La voix de Fanny Fourquez, que je connais très bien, était parfaite pour ça.
– Musicalement, OAKS déploie un Stoner Doom teinté de Metal et de Prog, qui crée un univers très sombre malgré quelques passages plus lumineux. C’est pour accentuer un peu plus cette atmosphère assez obscure que vous avez opté pour une guitare baryton ?
Nous aimons particulièrement cet accordage, car nous voulions un son lourd. Je joue principalement sur Les Paul, et le diapason court des Gibson donne ce côté bourdonnant et organique à l’ensemble. Et Julien et moi adorons acheter du matos, essayer des nouveaux sons et amasser des amplis et des pédales.
– « Genesis Of The Abstract » présente une production massive et très organique. Il s’en dégage un aspect très live et spontané. Malgré une lourdeur apparente, l’album reste aussi très vif et véloce. Est-ce que c’est cette formule en trio qui vous permet d’obtenir ce son si particulier ?
Nous avons enregistré l’album dans notre propre notre studio avec Julien Tota aux manettes. Nous voulions ce côté live et organique que tu décris. Nous ne cherchions pas un son trop moderne, ni surproduit. C’est d’ailleurs exactement notre son en live. Julien et moi avons vraiment travaillé pour être complémentaires. Etant un trio, et instrumental de surcroit, chacun doit couvrir un large spectre de fréquence pour éviter que la sauce ne retombe. Les lignes de basse sont régulièrement assimilables à des lignes mélodiques, alors que je martèle la rythmique. C’est très intéressant de sortir des carcans classiques du basse/batterie/guitare/chant, tout en essayant de garder la même dynamique à l’écoute.
– OAKS ayant opté pour un registre instrumental, la question du chant ne se pose donc pas. Mais si vous deviez poser des textes sur votre musique, quelle en serait la teneur ?
Honnêtement, je ne sais pas quoi te répondre. Sur cet album, j’ai écrit un texte qui résume les différentes parties du voyage sonore et conceptuel que nous avons créé. Nous commençons à travailler sur le prochain album et un thème se dégage déjà. J’aime l’idée qu’il y ait un fil rouge dans chacune de nos créations. Sur « Genesis Of The Abstract », c’était celle d’une longue et unique plage musicale. Pour le suivant, j’aimerais intégrer plus de samples, qui seront justement le lien entre chaque titre. On ne se fixe aucune limite, alors peut-être que nous aurons des titres chantés à l’avenir.
– Outre la musique, vous travaillez aussi beaucoup sur le visuel du groupe en collaboration avec des artistes d’autres disciplines. Pouvez-vous en dire un peu plus, car vous abordez OAKS comme une entité aux multiples facettes finalement ?
Nous aimons effectivement intégrer différents aspects artistiques à notre projet. Nous avons, par exemple, la chance de collaborer avec Clément Sautet, qui est réalisateur de film et photographe. Nous travaillons avec lui sur l’aspect visuel du projet ce qui, comme je le disais, est primordial dans notre démarche artistique. J’ai également approché certains artistes visuels pour la création des loops du show vidéo live. Notre envie est de proposer un projet global de l’album au live, en passant par le contenu de nos réseaux et des clips que nous tournons.
L’album d’OAKS, « Genesis Of The Abstract », est disponible depuis le 30 septembre chez Argonauta Records.
En cinq ans d’existence, les Parisiens de SPHERES ont développé un Metal Progressif, où les textures et les atmosphères renvoient à de multiples reliefs pour un voyage musical saisissant. Après un premier album, « Iono » (2019), le quatuor est de retour avec « Helios » à travers lequel il nous entraîne dans un périple qui va à l’encontre de l’idée-même d’utopie. Très contrasté et spirituel, ce deuxième opus pousse le groupe dans des contrées musicales plus dark encore. Entretien avec Jonathan Lino (chant et guitare), principal compositeur et producteur, qui revient sur la conception de cette nouvelle réalisation.
– Le line-up de SPHERES a un peu évolué sur ce nouvel album. Outre deux guests sur quelques morceaux, on note la présence sur l’ensemble de « Helios » du claviériste Marco Walczak. Est-il devenu un membre à part entière du groupe ?
Il risque de le devenir, c’est vrai. Auparavant, pour des raisons essentiellement financières, on tournait à quatre et il se pourrait que l’on commence à tourner à cinq. A terme, ce serait vraiment intéressant de l’avoir avec nous sur scène, car il apporte beaucoup au niveau du design sonore. On voulait donner une ambiance un peu Dark Synth à « Helios » et lorsque j’ai écouté son travail, je lui ai confié sans hésiter les arrangements des claviers sur l’album.
– Jonathan, tu as écrit, composé et produit l’ensemble de l’album sur lequel tu chantes, joue les guitares et les claviers. On pourrait presque penser à un projet solo. Quel est la part d’investissement et d’apport créatifs des autres musiciens ?
En fait, je suis ingé-son et j’ai donc tout le matos à la maison. Par ailleurs, j’ai toujours besoin d’un squelette pour synthétiser mes idées. Ensuite, j’envoie les démos aux autres et chacun travaille sur les arrangements. On discute beaucoup sur nos idées respectives et tout le monde y participe. J’ai juste besoin de mettre un premier coup de pinceau sur la toile, mais tout le travail de production et d’arrangement se fait à quatre. Et puis, chacun est très compétent dans son propre domaine instrumental, mieux que je ne peux l’être sur certaines choses, bien sûr, comme par exemple la batterie ou les parties de basse, qui guident d’ailleurs souvent les morceaux. Je suis juste plus à l’aise en travaillant seul sur les premières maquettes et les idées, mais c’est vraiment en groupe que nous faisons évoluer l’ensemble.
– Ce qui est assez surprenant sur « Helios », c’est qu’il y a un côté très science-fiction dans le son, notamment dans les claviers et certaines atmosphères, et pourtant l’album a quelque chose de très concret aussi. C’est un contraste sur lequel tu as voulu jouer ?
En tout cas, on peut parler d’album-concept. Chaque titre a son propre sujet, mais ils traitent tous d’un seul et même thème, qui est la dystopie. Il y a un aspect concret, bien sûr, mais aussi très onirique et spirituel. Cela dit, il y a aussi une volonté d’alerte en abordant ce genre de matière. Plutôt que de décrire un monde post-apocalyptique, on essaie de donner une sorte d’optimisme et d’ouvrir les esprits.
– Justement, « Helios » a des ambitions très spirituelles sur la vision d’un monde dystopique. J’imagine que dans ce cas-là, ce sont les textes qui amènent à la musique au niveau de l’écriture, ou le schéma est-il inverse ?
J’ai souvent des idées de sujets en tête, mais je ne me jette pas immédiatement dans l’écriture. Je laisse plutôt la place à mon imagination pour avoir une base. C’est à partir du moment où j’ai une histoire musicale que j’écris les textes. Le sujet vient en premier, la musique en deuxième, et ensuite l’écriture des paroles.
– J’aimerais qu’on s’arrête sur un morceau de l’album, qui se trouve aussi être le plus long, c’est « Pandemia ». Il est assez surprenant dans sa structure et son approche, car il présente des éléments progressifs évidents, ainsi que des passages post-Metal et des variations vocales étonnantes. On a presque le sentiment qu’il est la clef de voute de l’album. C’est le cas ?
C’est vrai que c’est le morceau le plus long et aussi le plus Prog. Il tire vraiment son inspiration d’un groupe comme Opeth avec une succession de chapitres. Je n’ai pourtant pas la volonté de n’écrire que des morceaux comme celui-ci. Mais dès le départ, j’ai voulu raconter une histoire, un peu comme on lit un livre.
– SPHERES propose tellement d’atmosphères et de changements de tons qu’on pourrait vous qualifier de groupe de Metal extrême. Est-ce une chose dans laquelle tu te retrouves aussi ?
Oui, complètement. J’ai beaucoup écouté de musiques extrêmes et progressives qui s’en rapprochent. Cela dit, lorsque j’ai commencé la musique, j’ai beaucoup été influencé par le Rock Prog 70’s comme Magma, King Crimson, Genesis et Pink Floyd… et ça transpire encore ! Mais rapidement, j’ai écouté pas mal de MetalCore, du Sepultura aussi et pas mal d’autres choses extrêmes. Ma culture est un mélange de tout ça.
– Est-ce qu’il y a un concept, un fil conducteur dans ce nouvel album ? Est-ce que « Helios » a été composé comme un tout, ou au contraire, est-ce que l’ordre des morceaux importe peu ?
L’ordre importe assez peu, car les morceaux ne suivent pas une histoire, même s’ils traitent tous d’un même thème. C’est vrai que l’album est très homogène dans le son, le mix et la production et avec aussi beaucoup de relief.
– En dehors des arrangements qui sont très soignés, j’aimerais que tu évoques le travail sur les voix, quelles soient collectives d’ailleurs et aussi ton propre chant. Il peut être clair et mélodique, assez martial et guttural parfois, tout comme extrême avec du growl et un peu de scream. La palette est très large. Il y a presque un petit côté schizophrénique dans tout ça, non ?
Oui, c’est vrai. J’adore utiliser différents registres de voix. C’est un peu comme une caisse à outils, qui te permet d’exprimer différentes émotions. J’essaie aussi beaucoup de choses, beaucoup de styles. La pluralité des reliefs dans la musique, j’aime la retrouver de la même manière que dans le chant.
L’album, « Helios », de SPHERES est disponible depuis le 23 septembre chez M&O Music.
Inventif et véloce, le style de SOMEHOW JO apporte beaucoup de fraîcheur et d’enthousiasme à un Metal Progressif moderne et porté par les mélodiques. Très technique et accrocheur, ce troisième album des Finlandais place la barre très haute et « Scales And Details » se dévoile un peu plus au fil des écoutes.
SOMEHOW JO
« Scales And Details »
(Inverse Records)
Bien trop discrètement, les Finlandais sortent leur troisième album et il devrait ravir les fans de Metal Progressif, que l’on sait curieux et exigeants. Après « Satans Of Swing » (2015) et « Tusk » (2019), SOMEHOW JO confirme son talent et sa créativité sur ce très bon « Scales And Details ». Très original et plein d’humour, ce nouvel opus surprend et étonne grâce à ses multiples variations et un chant polymorphe.
Sur des structures très changeantes, les morceaux de ce nouvel opus prennent des dimensions assez particulières, ce qui n’empêchent pas les Scandinaves d’avoir une ligne directrice constante. Très technique, le duo basse/batterie de SOMEHOW JO enchaîne les prouesses en amplifiant les changements de rythmes, les breaks et les relances avec astuce et beaucoup de dextérité.
Si le groove mène la danse sur les neuf titres, le duo de guitaristes s’en donne à cœur-joie en se livrant un échange et même un dialogue de riffs assez époustouflant. Et en agrémentant son Metal Progressif de quelques touches d’Alternatif Metal, SOMEHOW JO place les mélodies au premier plan avec une maîtrise impressionnante (« Fata Morgana », « Cycle », « Rush », « Getaway »). Une fraîcheur pleine de souplesse !
Les Danois de FEATHER MOUNTAIN soufflent le chaud et le froid sur leur deuxième album, « To Exit A Maelstrom », qui sort étonnamment en indépendant. Technique et véloce, le Metal Progressif du quatuor, teinté de Rock du même registre, se faufile brillamment à travers des atmosphères très variées d’où s’échappe une dualité artistique opposant complexité et légèreté.
FEATHER MOUNTAIN
« To Exit A Maelstrom »
(Independant)
En explorant des thèmes comme la maladie ou la perte d’un être cher, FEATHER MOUNTAIN n’a pas choisi le chemin le plus facile. Et pourtant, c’est la paix de l’esprit et un horizon d’espoir et de réconfort que vise le groupe. Et c’est réussi. A l’écoute de ce deuxième album, « To Exit A Maelstrom », qui succède à « Nidus » sorti il y a trois ans, le quatuor touche vraiment au but, grâce à des morceaux très travaillés et fournis.
Sur une production limpide et lumineuse signée Johan Emanuel Jørgensen, les Danois trouvent un bel équilibre entre un Metal Progressif lourd et massif et des envolées plus Rock propres à l’évasion. FEATHER MOUNTAIN développe des sujets existentiels à base de métaphores et de symboliques, ce qui donne une touche très particulière et tout en contraste à sa musique.
Très technique, les Scandinaves s’engouffrent dans des méandres très progressifs en alternant des titres très nerveux et féroces avec des ambiances plus légères, mais également saisissantes et envoûtantes (« August Mantra », « Pariah », « Cloud-Headed », « Bliss », et le génial « Maelstrom »). FEATHER MOUNTAIN séduit grâce à une approche très créative et une maîtrise qui lui ouvre tous les champs du possible.
Raconter une histoire sur fond de Metal Progressif instrumental est le pari un peu fou et surtout la démarche entreprise avec talent par ETRANGE. Le duo français met toute son inspiration et sa technicité sur un deuxième album, « Enigme », dont les contrastes sont saisissants et le relief étonnant. Le voyage dans l’espace suit son cours.
ETRANGE
« Enigme »
(Independant)
Alors que le site n’existait pas encore, je me souviens très bien avoir écrit quelques lignes sur la page Rock’n Force du réseau social bleu en 2019 lors de la sortie du premier album éponyme d’ETRANGE. L’occasion était donc trop belle pour m’y replonger avant d’écouter le petit dernier, « Enigme », qui se présente comme une belle suite.
Fondé en 2017, le duo instrumental français est le fruit du travail en commun de Velhon (claviers, programmations, mix/master) et de Deadale (guitares, basse, illustrations), qui sont parvenus à créer un univers très personnel à travers une musique qui l’est tout autant. ETRANGE évolue dans un Metal progressif Cinématique très immersif et vigoureux.
Sur des morceaux assez longs allant de sept à près de dix minutes, « Enigme » propose un voyage spatial tout en mouvement en parcourant un large spectre Metal. ETRANGE pose un décor de science-fiction sur fond de Heavy et de Progressif avec des fulgurances extrêmes, qui offrent des atmosphères aux aspects originaux et très travaillés. Une belle réalisation.
Ils sont peu nombreux les groupes de la cité des anges à donner dans le Metal Progressif et Symphonique. Pourtant, c’est la parti pris par ANTHEA qui, à grand renfort de lignes très Thrash et cinématiques, rend un deuxième album très bien produit et costaud. « Tales Untold » a du répondant.
ANTHEA
« Tales Untold »
(Rockshots Records)
Privés de tournée comme tout le monde après la sortie de leur premier album « Illusion » (2020), les Américains n’ont pas pour autant baisé les bras et se sont attelés à leur deuxième opus, « Tales Untold ». Prenant tout en main, c’est le chanteur Diego Valadez qui s’est occupé avec talent de la production et ANTHEA sonne plus massif que jamais.
Le quintet de Los Angeles présente un style nettement plus élaboré sur la base d’un Metal mélodique et symphonique, auquel il a intégré de solides éléments Thrash avec de puissants growls et une touche progressive constante. ANTHEA a donc bénéficié d’un an pour composer et réaliser « Tales Untold » et le résultat est plus que probant.
Présentant une belle unité, tant dans l’approche des morceaux que dans leur composition, les Californiens se distinguent rapidement de Nightwish, Kamelot et autre Wintersun dont ils s’inspirent pour créer un univers très personnel et cinématique (« Tales Untold », « The Deceiver », « Sunder Heart »). ANTHEA, avec ce deuxième effort, devrait faire parler de lui.