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Blues Rock Stoner/Desert

No More Winters : vagabondage bluesy

C’est avec beaucoup de fraîcheur et de finesse dans le jeu que NO MORE WINTERS se précise sur son premier album, « Sedentary Nomads ». Entre Blues et Desert Rock, le duo évolue dans un registre roots et authentique et la sincérité des morceaux de cet opus autoproduit se révèle attachante et entraînante.

NO MORE WINTERS

« Sedentary Nomads »

(Independant)

Après un premier EP en 2018 (« Back In The Saddle »), NO MORE WINTERS poursuit sa route et a récemment livré son premier album, « Sedentary Nomads », très bien autoproduit. Le trio à deux, composé de Tim (guitare, chant)  et Klovis (batterie, claviers), évolue dans un univers Rock largement dominé par un Blues Rock aux saveurs Desert et Stoner. Une variété tout en finesse.  

Les 12 morceaux très roots et bruts composent une sorte de road-trip enjoué et basé sur des histoires de voyage, de rencontres et de questionnements. Entre le Nantais et le musicien des Deux-Sèvres, l’entente est évidente et NO MORE WINTERS propose un registre à la fois relevé et intimiste. Relativement épuré sans son ensemble, « Sedentary Nomads » va à l’essentiel avec brio.

La configuration originale du duo lui offre de multiples possibilités en passant d’un Blues Rock énergique (« Oh Luiza », « Ain’t So Bad », « Wrong Train ») à des titres plus Desert Rock et même légèrement Stoner (« Can’t Feel The Rain », « Send Me Down A Sign », « What Could’ve been »). Le dobro s’invite aussi dans le répertoire de NO MORE WINTERS (« Never Stop Trying ») avec une touche Southern. Un  régal !

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Alternative Rock

Killing Volts : ensorceleur et volcanique

Engagé et révolté, le quatuor suisse KILLING VOLTS débarque avec fureur et un premier album massif, mélodique et très Rock. Dans un esprit légèrement Punk et dans une ambiance penchant vers les 70’s en tirant sur le Stoner, les Helvètes soufflent le chaud et le froid avec une belle assurance et un sacré sens du groove. Mature et solide.

KILLING VOLTS

« Symptomatic Dilemma (Of A Post-Capitalist Mind) »

(Electric Maze Records/Urgence Disk)

KILLING VOLTS n’est pas là pour conter fleurette et sonne la charge dès « Love Sailed », qui ouvre l’album. Le quatuor suisse sort son premier opus, « Symptomatic Dilemma (Of A Post-Capitalist Mind) », après un EP de quatre titres en 2016 qui lui a permis d’aller distiller son Rock très alternatif bien au-delà des frontières helvétiques et de même de créer son propre label et son studio.

Bondissant et hyper-groove, KILLING VOLTS livre huit morceaux aussi racés et percutants que l’est l’ensemble de l’album. Guidé par sa frontwoman Tania Silversen (guitare, chant) très bien accompagnée par Al Castro (guitare, basse), Antoine Superflej (basse) et Math Sink (batterie), le combo se déploie avec assurance dans un registre aux multiples saveurs, preuve d’une belle créativité.

Sur des textes frondeurs interrogeant et dénonçant à la fois les dérives et les injustices de notre société, les Suisses sont loin d’être neutres et se montrent même très virulents (« Not A Saint », « Low », « Another Man’s War »). KILLING VOLTS alterne entre morceaux aux accents Grunge, Rap façon RATM dans le chant et même Stoner sans sourciller et sort un premier album explosif.

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Psych Stoner/Desert

Floored Faces : fuzzy road-trip

Très humblement, FLOORED FACES sort « Kool Hangs », son deuxième album toujours autoproduit. Le trio de Seattle ne joue pas pour autant les timorés et avance sur un Heavy Stoner Rock, hyper-fuzz et sacrément Psych. Les Américains nous convient à une fable post-apocalyptique originale et très relevée.

FLOORED FACES

« Kool Hangs »

(Independant)

En l’espace de trois ans, FLOORED FACES a déjà commis trois EP et revient avec son deuxième album, « Kool Hangs », sous le bras. Ayant imaginé un road-trip dans un monde post-apocalyptique, le trio de Seattle propose pourtant une musique loin d’être aussi sombre que son propos. Et le Heavy Stoner Rock du combo respire cette authenticité.

La chevauchée musicale délivrée par les Américains va se faire à moto avec juste quelques effets personnels et… un fusil à pompe. Quelque part entre QOTSA et Monster Magnet, FLOORED FACES a trouvé sa voie sur un gros fuzz, un Heavy Psych accrocheur et des envolées instrumentales explosives sur fond d’ambiances Garage.

Basé sur un storytelling imparable, Joe Syverson (guitare, chant), Erik Cargill (basse) et Colin English (batterie, synthés) ont concocté ce « Kool Hangs », dont l’écriture est aussi aérienne que percutante. Persuasif et super-efficace, FLOORED FACES enchaine les morceaux avec justesse et envie (« Shoot The Ground », « I’d Be Broke », « Now You See It »). Classe… !

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Metal Progressif Rock

Mastodon : précieux et unique

Affronter les épreuves semble magnifier MASTODON et avec « Hushed And Grim », c’est à une véritable épopée musicale que nous convie le quatuor américain. Grâce à deux décennies de stabilité dans son line-up, le groupe évolue dans une dynamique exceptionnelle et livre un double-album monumental et massif avec un aspect très intime et universel : la marque des grands. Progressif, Metal et Rock, ce huitième opus traverse le temps et les styles.

MASTODON

« Hushed and Grim »

(Reprise Records)

Bien malin qui pourrait définir cette nouvelle réalisation de MASTODON, voire en faire une chronique en réussissant à faire le tour de manière précise de ce magistral double-album, qui se pose comme un chef d’œuvre. D’une richesse inouïe et d’une incroyable densité, « Hushed And Grim » brille par la créativité du quatuor qui se propulse avec talent dans des sonorités Metal et Rock, Progressives et Stoner avec un soupçon de Psych savamment dosé.

Avec David Bottrill (Tool, King Crimson, Rush) aux manettes, MASTODON distille 15 morceaux lumineux que la mélancolie et parfois la noirceur ne parviennent pas à atténuer. Certes, « Hushed And Grim » est marqué par la perte du manageur du groupe, Nick John, et pourtant le combo de Georgie a rarement semblé aussi serein et fertile, et dans un style qui englobe habillement une matière Rock et Metal colossale.   

Ce huitième album, s’il nécessite un grand nombre d’écoutes pour en saisir toutes les subtilités et les composantes, est réellement captivant pour vite devenir addictif. Musclé sur « The Crux », « Pushing The Tids » ou « Savage Lands », MASTODON est carrément stellaire sur « Dagger » et « Had It All ». D’une cohérence qui peut s’assimiler à un concept-album, « Hushed And Grim » renferme des perles musicales incroyables (« Gigantium »). Indispensable.

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Blues Rock Rock Stoner/Desert

The Picturebooks : saveurs désertiques

Alors qu’on les croirait tous deux natifs du désert de Joshua Tree, c’est pourtant d’Allemagne que nous vient THE PICTUREBOOKS. Le duo composé de Fynn Claus Grabke et de Philipp Mirtschink a eu l’heureuse idée de réunir sur ce splendide « The Major Minor Collective » une brochette époustouflante des figures marquantes du monde du Rock, du Metal, du Stoner, du Southern et de l’Alternative mondial. Un tour de France en forme de consécration. 

THE PICTUREBOOKS

« The Major Minor Collective »

(Century Media Records)

Quand Fynn Claus Grabke (guitare, chant) et Philipp Mirtschink (batterie) ne sont pas attelés à vivre leur passion pour les motos, les skateboards et le végétalisme, le duo réalise de très bons albums, et celui-ci est probablement l’un des plus réussis et créatifs de sa discographie. Avec « The Major Minor Collective », THE PICTUREBOOKS livre un album exceptionnel où les rencontres débouchent sur de vraies pépites. Très varié et sauvage, l’album des Germaniques nous fait passer par toutes les émotions avec une exactitude et une précision incroyables.

Dans un univers où se côtoient Blues Rock, Hard Rock, Stoner et Desert Rock, les Allemands sont parvenus à réunir les leaders de groupes majeurs en leur laissant carte blanche pour les textes notamment. Accompagné sur une majorité des morceaux par les bassistes Ryann Sinn (The Distillers) et Dave Dinsmore (Brant Bjork), THE PICTUREBOOKS accueille surtout des membres de Refused, Clutch, Black Stone Cherry, Slothrust, Monster Truck, Blues Pills, Halestorm, Erlend Hjelvik (ex-Kvelertak), Lisa Alley et Ian Graham de The Well et enfin nos Français de The Inspector Cluzo. Un All Star band comme on en voit que très, très rarement !

Enregistré entre l’Allemagne et la Suède, puis avec l’aide des nouvelles technologies, « The Major Minor Collective » montre cependant une belle unité, tant musicale qu’au niveau de la production, qui est exemplaire. Ce qui est particulièrement impressionnant sur ce quatrième album, c’est la facilité et l’aisance du duo à être aussi créatif et pertinent sur des atmosphères tantôt très Blues ou alors Desert/Stoner Rock ou même Metal et Southern. Par ailleurs, l’alternance du chant féminin et masculin offre une belle diversité à cette réalisation qui s’impose comme l’une des plus marquantes, vives et fraîches de cette année.

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Heavy metal

Doctor Smoke : heavy medicine

Solide et sans détour, ce deuxième album de DOCTOR SMOKE transpire le Heavy Metal comme on ne le voit malheureusement plus très souvent. Grâce à un chant parfaitement mis en valeur, des riffs inspirés et une rythmique épaisse, les Américains parviennent à nous plonger au cœur d’un genre qu’ils renouvellent et rafraîchissent sur ce très bon « Dreamers And The Dead ».

DOCTOR SMOKE

« Dreamers And The Dead »

(Ripple Music)

Originaire de l’Ohio, le quatuor américain est du genre costaud et incisif. Sept ans séparent pourtant « Dreamers And The Dead » et « The Witching Hour », premier album de DOCTOR SMOKE. Et ces années auront aussi déclenché des changements, ou ajustements, musicaux. Ainsi, de morceaux dans une veine Stoner Doom, le combo affiche aujourd’hui un Heavy Metal plus tranchant et moins lourd.

Armé de deux très bons guitaristes d’une efficacité redoutable, DOCTOR SMOKE a éclairci son jeu, lequel est devenu moins épais et nettement plus virevoltant. Sans faire dans le démonstratif, le quatuor enchaine les riffs bien sentis et musclés. Et malgré quelques influences puisées dans la NWOBHM avec son petit côté Old School, le combo sonne toujours très américain.

Si les mélodies des guitares mènent le jeu, la force de frappe de sa rythmique donne un impact certain et un relief massif à « Dreamers And The Dead ». Grâce à une très bonne production, les morceaux de ce deuxième album sont accrocheurs à l’image des hymnes Metal d’antan (« This Hallowed Ground », « The Rope », « Out Of Time », « Reborn Into Darkness » et « Been Here Before »). Un carton pour le gang de l’Ohio !

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Psych Stoner/Desert

Little Jimi : invitation au voyage

Trippant est probablement l’adjectif qui caractérise le mieux « The Cantos », le très bon deuxième album de LITTLE JIMI. Le trio bordelais a élaboré un Stoner Heavy Psych envoûtant et très instrumental. Une vraie réussite appuyée par une production exemplaire et aérée. Sur six titres, le groupe nous emmène dans un voyage musical saisissant et original.

LITTLE JIMI

« The Cantos »

(Mrs Red Sound)

Il s’en passe des choses dans l’underground bordelais, comme viennent le confirmer le trio LITTLE JIMI et son Stoner Heavy Psych hypnotique et captivant. Après un premier EP éponyme (2017) suivi d’un premier album (« Ep.1 »), le combo s’affirme brillamment sur « The Cantos », où l’histoire de son personnage Jimi se mêle aux voyages décrits dans « L’odyssée » d’Homère. Vaste programme !

Relativement étendus dans l’ensemble, les morceaux proposés montrent une aisance évidente, sûrement acquise lors des nombreux concerts enchaînés par le groupe ces dernières années aux côtés de grands noms. Fougueux et massif, LITTLE JIMI sait aussi se faire plus planant et aérien en combinant des registres aussi variés que le Doom, le Space Rock et le Rock Progressif.

Avec des influences clairement ancrées dans les années 90, mais pas seulement, LITTLE JIMI n’est pas passéiste pour autant et laisse éclater une exaltation et une puissance très actuelles. Complices et complémentaires, les deux guitaristes parviennent même à faire oublier l’absence de basse. Quant au batteur, il martèle et guide l’ensemble avec une efficacité remarquable. Un très bel album !

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Blues Doom International Metal Psych

Sun Crow : une musique et des sonorités existentielles [Interview]

Quelques mois après avoir sorti un très bon premier album, « Quest Of Oblivion », en autoproduction, le quatuor de Seattle a résonné jusqu’en Californie où sa musique est arrivée aux oreilles affûtées du staff de Ripple Music. Il faut dire que le Doom Blues très Psych, Stoner et Grunge de SUN CROW surprend par sa fluidité et sa créativité. Ben Nechanicky, guitariste du combo, revient sur le parcours du groupe et surtout sur sa vision de la musique et de l’état d’esprit des Américains.

– « Quest For Oblivion » possède déjà une belle histoire. Vous l’aviez déjà sorti sur Bandcamp à l’automne dernier avant qu’il ne suscite l’intérêt de Ripple Music, qui le sort aujourd’hui en physique. J’imagine que ce doit être gratifiant d’être repéré par un label comme celui-ci, non ?

Oh oui, carrément. Nous étions aussi confus que tout le monde quant à ce qu’il fallait faire quand la pandémie faisait rage. Alors, nous nous sommes dits : sortons simplement l’album et mettons-le là où les gens pourront le trouver. Lorsque nous avons parlé pour la première fois aux gens de Ripple Music, qui avaient vu l’album grimper dans les Doom Charts (ce qui était aussi une sacrée surprise), ça a tout de suite été génial. Nous l’avions publié en autoproduction de manière simple, honnête et assez modeste. Etre repéré par des gens aussi cool et expérimentés que Todd (Severin, le boss du label – NDR) et l’équipe de Ripple, qui sont profondément dans l’esprit des musiques dont nous sommes de grands fans, est incroyable.

– Avant d’aller plus loin, éludons le changement de chanteur avec le remplacement de Charles Wilson par Todd Lucas. Que s’est-il passé ? Son départ a eu lieu dans l’intervalle, avant la signature avec Ripple Music ?

SUN CROW était dans une étrange période musicale depuis un moment. Nous ne savons pas ce qu’il s’est réellement passé avec Charles, nous ne savons même pas s’il le sait lui-même. Il était là, nous nous sommes retournés et il était parti. Sans blague ! Il s’est présenté comme un fantôme une fois tôt le matin, a dit des choses étranges et a laissé un numéro qui ne fonctionnait pas. Nous avons attendu un certain temps, aucun des anciens numéros ou de comptes ne fonctionnaient. Nous avions tous convenu de faire ce que nous pouvions pour terminer le travail et sortir l’album. Nous pensons qu’il est préférable de s’assurer que sa voix soit entendue sur ces enregistrements, où qu’il se trouve. Aussi étrange que cela ait été (et soit toujours), le groupe a décidé de continuer en son absence à travailler avec notre ami Todd sur la suite.

– Charles Wilson avait produit une très forte prestation vocale sur l’album. Quelle va être votre démarche avec Todd Lucas ? Reproduire le même esprit au niveau du chant, ou partir sur tout autre chose plus en adéquation avec son style ?

Ouais, c’est vrai. Son art et son travail sont uniques, et il est important pour nous que les gens puissent l’entendre. Il est très clair que ce sont des personnes très différentes, mais ils ont aussi des choses en commun. C’est vraiment étonnant, mais ils ont un passé et des expériences similaires dans leur jeunesse. Ils viennent tous les deux de régions arides de l’est de Washington et ont tous deux des gammes vocales proches. Leur style et leurs influences sont un peu différents. Todd est un peu plus ancré dans les années 70, alors que Charles l’était solidement dans les années 90. Nous sommes enthousiastes quant à leurs points communs, mais aussi leurs différences.

– Musicalement, « Quest For Oblivion » est étonnant de maturité et de créativité pour un premier album. Vous avez fait très fort ! Ce sont des morceaux que vous travaillez et mûrissez depuis longtemps, car l’écriture est précise et les morceaux solides ?

Ca fait très plaisir à entendre, merci ! Keith (Hastreiter, batterie – NDR) et moi avons joué ensemble pendant longtemps. Nous avons travaillé les morceaux de manière organique et les choses ont avancé très naturellement. Les chansons sont à l’origine conçues sous la forme d’un set live à interpréter dans l’ordre du disque. D’une certaine manière, « Quest for Oblivion » capture à la fois une performance et une idée prévue de longue date. Il reflète notre façon de vivre, autant qu’il projette une histoire.

– Contrairement au Doom Metal classique, votre jeu est très véloce sans être trop écrasant. Au contraire, SUN CROW propose un style très aéré et aérien. C’est important pour vous de vous démarquer des codes du genre en vigueur ?

Merci, c’est un vrai compliment. Je dirais que peut-être que certaines des parties disposent d’une sorte de fluide naturel. En jouant fort, il y a des oscillations et des tensions qui ont besoin de se libérer. Peut-être que les sons plus désorientés reflètent nos intérêts pour le mystérieux, et nos discussions sur la nature des choses que nous ne comprenons pas. Ensuite, c’est une réaction à ces sentiments. Nous ne nous efforçons pas vraiment d’être différents ou d’essayer de nous conformer, nous faisons juste notre truc et nous en tenons à ça.

– Justement, votre jeu est fait de plusieurs composantes comme le Grunge et le Blues pour l’essentiel. On a l’impression que dès qu’un groupe vient de Seattle, il y a forcément l’influence du Grunge. C’est vraiment si présent dans la ville et parmi les groupes ?

Je pense que oui. Le grunge est une sorte de terme inventé pour expliquer quelque chose de viscéral qui était dans la musique ici pendant longtemps avant que le reste du monde ne commence à le définir comme une catégorie. C’est quelque chose qui est très naturel dans le nord-ouest du Pacifique. Cela s’est même étendu de la Colombie-Britannique au Canada, jusqu’au nord de la Californie dans un vaste paysage culturel où certaines de ces façons d’être se sont tout simplement implantées. L’eau froide, les forêts sombres, les paysages isolés et les longs hivers sont des facteurs directs. Parfois, les mythologies se nourrissent d’elles-mêmes, mais c’est peut-être quelque chose de moins important que la météo et la culture palpable. Tout ça est évident dans le son, bien que chaque expérience soit toujours unique suivant les gens.

– On a parlé du Grunge, mais le Blues est aussi très présent dans votre musique et surtout dans son aspect sombre. D’où viennent vos références en termes de Blues ? Et comment l’intégrez-vous dans ce Doom Metal imposant ?

C’est un sentiment, un aspect plus sombre qui nous attire. Pour nous, tout le Metal lourd est fondamentalement du Doom Blues existentiel. Les premiers musiciens, qui utilisaient le volume et le gain de leurs amplis pour en extraire ce son, étaient les grands joueurs de Blues originaires du fleuve Mississippi. C’est devenu le Rock’n’Roll, et tout est rapidement devenu plus fort à mesure que les amplis devenaient plus puissants. Les groupes des années 60 et 70 l’ont rapidement porté à un niveau que nous pourrions reconnaître comme du Metal aujourd’hui, mais les mêmes motifs étaient suggérés dès les années 40. Même les tout premiers artistes comme Bukka White (qui était principalement un musicien acoustique) obtenaient ces sons en utilisant une diapositive qui ressemble beaucoup à ce que vous obtenez avec une distorsion amplifiée. Lorsque vous ajoutez cela aux technologies d’enregistrement limitées de l’époque, les sons étaient assez sauvages et bruts. C’est une réponse physique plus qu’autre chose. Tant de choses sont venues de ces gens-là et de leur art, nous nous inspirons beaucoup d’eux et essayons de l’honorer de la meilleure façon possible.

– Enfin, j’aimerais qu’on dise un mot sur la production et le mix de « Quest Of Oblivion ». De quelle manière avez-vous travaillé et dans quelles conditions l’album a-t-il été enregistré ?

Notre ami, ingénieur et producteur Gary Mula, a mis tout son talent et sa vision dans le processus. Nous avons enregistré la plupart des morceaux dans un studio de notre quartier que notre bassiste (Brian Steel – NDR) a aidé à mettre en place. Enregistrer là-bas semblait être un choix évident, et c’est juste en haut de la rue où vivent quelques-uns d’entre nous. Maintenant que j’y pense, Brian vivait en fait juste à côté du studio. Nous avons produit un bon ensemble de sessions, qui ont finalement donné à Gary un puzzle surréaliste de bonne qualité pour commencer le mix. Nous sommes vraiment heureux qu’il ait partagé avec nous ses dons pour démêler des nœuds en quatre dimensions. Les amitiés que nous y avons tissées sont pour la vie.

Le premier album de SUN CROW, « Quest Of Oblivion », est disponible chez Ripple Music depuis le 2 juillet.

Retrouvez la chronique sur le site :

https://rocknforce.com/sun-crow-la-face-cachee-du-soleil/

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Psych Sludge Stoner/Desert

Tremor Ama : une magnitude stratosphérique

Réduire TREMOR AMA à un simple groupe de Stoner Sludge serait trop simpliste, car le quintet français propose avec « Beneath » un album aussi Psych que Progressif avec même des sonorités Doom bien senties. Très bien (auto)produit, ce premier opus est aussi aérien que percutant, et aussi inspiré qu’inspirant.

TREMOR AMA

« Beneath »

(Salade Tomate Orion)

Les premières secousses sismiques provoquées par TREMOR AMA se sont fait ressentir en 2017 avec un premier EP éponyme qui a lancé le quintet. Quatre ans plus tard, les Français sortent « Beneath », un opus aussi captivant que prometteur. Très varié, le Stoner très Sludge et Progressif du combo est d’une fluidité étonnante et saisissante, signe d’une grande maturité.

Bien qu’autoproduit, « Beneath » bénéficie d’un son largement à la hauteur des réalisations actuelles, et qui met en lumière toutes les variations musicales du groupe dont certaines fulgurances post-Rock et Psych qui offrent un aspect aérien aux compos de TREMOR AMA. Et passé l’intro planante qui ouvre l’album, on plonge littéralement dans un univers stratosphérique.

Malgré de gros riffs tendus et des structures singulières, le quintet propose des morceaux assez épurés, qui vont à l’essentiel. « Beneath » gagne en épaisseur au fil des titres pour frapper au moment opportun (« Grey », « Eclipse »). Multipliant les atmosphères, TREMOR AMA conserve pourtant une belle homogénéité tout au long de l’album en ne laissant rien au hasard (« Mirrors »). Une vraie réussite. 

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Blues Doom Stoner/Desert

Sun Crow : la face cachée du soleil

Avec « Quest For Oblivion », SUN CROW vient de créer une faille ou le chaînon manquant entre le Doom, le Stoner, le Blues et le Grunge avec une créativité et une dextérité, qui créent un nouveau champ des possibles. Sur 70 minutes, le quatuor de Seattle montre un travail instrumental exceptionnel doublé d’une prestation vocale époustouflante.

SUN CROW

« Quest For Oblivion »

(Ripple Music)

Les groupes de Seattle font du Grunge (sauf peut-être Jimi Hendrix quand même !), tout le monde sait ça ! SUN CROW ne déroge, presque, pas à la règle. Sauf que le quatuor s’est approprié une partie de l’esprit du style pour mieux le malmener. Pour faire court, le groupe prend un malin plaisir à l’écrabouiller et le déchiqueter minutieusement à l’aide d’un Doom Metal massif, lourd et explosif teinté de Blues. Un début de plaisir.

SUN CROW ne se contente pas de grungiser son registre avec un Doom dévastateur, le combo est bien plus subtil que ça. Les énormes riffs de Ben Nechanickey laissent aussi échapper des effluves de Blues très aériennes, qui apportent un peu de lumière à ce « Quest For Oblivion » étonnant et très novateur. Et l’imposante rythmique de Brian Steel (basse) et de Keith Hastreiter (batterie) offre un volume considérable à l’album.

Qualifié ce premier opus des Américains de colossal n’est pas infondé, surtout si l’on prend en compte la prestation hors-norme de Charles Wilson, son chanteur, remplacé depuis par Todd Lucas. Surpuissant sur « Fear », « End Over End », « Collapse » ou « Titans », SUN CROW manie le Doom, le Stoner, le Blues et le Grunge avec une aisance déconcertante (« Black It Out », « Hypersonic »). L’un des albums de l’année ! Incontestablement !