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Joanne Shaw Taylor : le charme et le feeling

Guitariste, chanteuse et compositrice de grand talent, la Britannique JOANNE SHAW TAYLOR mène une carrière bien trop discrète si l’on tient compte de son exceptionnel parcours. Ayant rejoint KTBA Records, le label de Joe Bonamassa, la musicienne se livre sur scène à travers 16 morceaux de Blues et de Blues Rock époustouflants, et avec une présence et un jeu de haut vol.

JOANNE SHAW TAYLOR

« Blues From The Heart Live »

(KTBA Records)

Repérée à l’âge de 16 ans par Dave Stewart de Eurythmics, JOANNE SHAW TAYLOR est sur la route depuis un bon moment maintenant. Rapidement devenue une guitariste incontournable, l’Anglaise a sorti son premier album solo en 2009 (« White Sugar ») et après en avoir parcouru du chemin dans le milieu du Blues Rock, elle présente aujourd’hui un album live éblouissant et une prestation énorme.

Partageant sa vie entre Detroit, Michigan, et Birmingham dans son pays, la musicienne avait rejoint l’écurie de Joe Bonamassa pour son septième album studio sorti l’an dernier (« The Blues Album »). Produit par l’homme au costume et le fidèle Josh Smith à Nashville, puis mixé par le grand Kevin Shirley (Led Zeppelin) en Australie, « Blues From The Heart Live » fait véritablement briller JOANNE SHAW TAYLOR.

Enregistré et filmé au fameux Theatre de Franklin dans la ville du Tennessee et après deux ans de disette scénique, c’est entourée d’un sextet incroyable que la compositrice livre 16 titres Blues et Blues Rock, qui rassemblent plusieurs époques du genre. Et la fête est complète, puisque JOANNE SHAW TAYLOR a invité Kenny Wayne Shepherd, Mike Farris et Joe Bonamassa pour ce show d’anthologie. Essentiel, déjà !

L’album, le DVD et le Blu-ray sont disponible via  www.ktbarecords.com

Photo : Kit Wood
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Blues

Grant Haua : au plus près des racines

Révélé l’an dernier avec « Awa Blues », un album d’une rare authenticité, le bluesman maori GRANT HAUA continue de battre le fer tant qu’il est encore chaud. Après une tournée en Europe, le songwriter revient déjà avec un Live de toute beauté, enregistré chez lui en Nouvelle-Zélande et sur lequel l’accompagne une grande chanteuse Soul locale, DeLanie Ututaouga, que l’on découvrira aussi très bientôt.

GRANT HAUA

« Ora Blues At The Chapel »

(Dixiefrog/Pias)

Afin de lancer de la meilleure manière sa nouvelle série ‘Dixiefrog Live Series’, le label français de Blues a jeté son dévolu sur l’un des artistes qu’il a mis en lumière l’an dernier : GRANT HAUA. Avec « Awa Blues », le songwriter maori avait séduit l’Europe et tourné aux côtés de ses compagnons de chez Dixiefrog, Neal Black et Fred Chapelier. Cette fois, on le retrouve chez lui, en Nouvelle-Zélande, et donc en concert.

« Ora Blues At The Chapel » a été enregistré le 27 février dernier dans un village de la région de Tauranga devant une poignée de privilégiés, qui ont pu apprécier des morceaux issus du répertoire plus ancien du bluesman. GRANT HAUA y retrace son parcours sur ces quinze dernières années en y intégrant des titres plus récents. Superbement accompagné, son Blues rayonne plus que jamais.

Ouvrant les festivités avec le très bon « Mad Man », le guitariste et chanteur accueille une diva locale du Blues, DeLanie Ututaouga, dont le prochain album sortira d’ailleurs chez Dixiefrog à l’automne. Réunis, les morceaux dégagent une émotion incroyable. GRANT HAUA déploie son charisme naturel avec talent sur des morceaux comme « Balladeer », « Song For Speedy » et les géniaux « This Is The Place » et « Voodoo Doll ». Troublant de beauté.

Retrouvez la chronique de l’album « Awa Blues » :

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Blues Blues Rock Soul / Funk

Tedeschi Trucks Band : un songe en quatre actes

Après des parcours très remarqués en solo, Susan Tedeschi et Derek Trucks ont fondé le TEDESCHI TRUCKS BAND pour bénéficier d’une liberté totale et pouvoir donner libre-court à leur fertile inspiration. Explorant toutes les facettes du Blues avec talent, le groupe est devenu reconnaissable entre tous et une grande influence pour beaucoup. Aujourd’hui, c’est avec le premier volet d’un album-concept, qui en comptera quatre, « I Am The Moon », que les Américains viennent inscrire un nouvel et flamboyant chapitre à leur discographie.

TEDESCHI TRUCKS BAND

« I Am The Moon – I : Crescent »

(Fantasy/Universal)

C’est en 2010 à Jacksonville en Floride que Susan Tedeschi (guitare, chant) et Derek Trucks (guitare), unis à la scène comme à la ville, ont décidé de fonder le fameux TEDESCHI TRUCKS BAND. Et depuis, le collectif a trois albums live et présente aujourd’hui son cinquième et très ambitieux opus. Collectif, car ce sont 12 musiciens qui forment cette belle famille Blues et Southern, qui se fondent dans un univers également Soul et Rock et dans lequel leur virtuosité et leur feeling atteignent des sommets.

La singularité de « I Am The Moon » réside dans le fait que le groupe va livrer quatre albums répartis en 24 morceaux pour plus de deux heures de musique, et accompagnés par quatre films où l’on peut voir les Américains en studio et en tournée. Autrement dit, ce beau coffret est un ravissement et un incontournable pour tous les fans du TEDESCHI TRUCKS BAND et de ce style aussi créatif que superbement interprété. Et dès ce premier volet, « Crescent », la mise en bouche est déjà belle.

Inspiré par un mythique conte perse, l’ensemble de « I Am The Moon » se présente donc sous la forme d’un album-concept et « Crescent » se montre envoûtant à souhait. Le collectif s’est libéré de toute contrainte artistique pour livrer une partition unique, façon épopée Southern. Sans distinguer de titre en particulier, les 12 minutes de « Pasaquan », qui clôt l’album, sont d’une beauté incroyable et laissent espérer une suite magique signée par le TEDESCHI TRUCKS BAND. Magistral !

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Blues Rock Classic Rock

The Bateleurs : saltimbanques du Blues Rock

Sur un songwriting efficace et une très belle production, « The Sun In The Tenth House » libère tout le talent et le groove de THE BATELEURS avec une énergie incroyable. Originaire de Lisbonne, le quatuor se fond dans un Blues Rock racé et un Classic Rock éprouvé, mariant très habillement la douceur et la puissance des deux styles.

THE BATELEURS

« The Sun In The Tenth House »

(Milanamúsica Records)

Si le Portugal n’a pas la réputation d’être une place forte du Blues Rock, il se pourrait qu’on commence à s’y pencher sérieusement. Depuis son premier EP, « The Immanent Fire » en 2018, THE BATELEURS se forge petit à petit une solide réputation scénique et ce premier album devrait sans mal contribuer à convaincre de nouveaux adeptes. La forte présence de sa chanteuse et la complicité des musiciens font mouche sur chaque morceau.

Entre un Blues Rock bouillonnant et un Classic Rock éternel, « The Sun In The Tenth House » se présente comme la réalisation d’un groupe déjà confirmé et rompu à l’exercice. Masterisé à Nashville par David Gardner dans le studio où ont été façonnés ceux de Rival Sons et de Chris Stapleton notamment, ce premier effort affiche une belle puissance déversée par un quatuor électrique, qui démontre THE BATELEURS sait où il va.

Les Portugais, menés par une Sandrine Orsini impériale au chant, font état d’une inspiration très dynamique et d’une force technique imparable, qui offre une vélocité constante à l’album (« Nine Lives To Waste », « Rise Above The Storm », « Revolution Blues », « Battle Horse » et « Back In The Bayou »). THE BATELEURS envoûte autant qu’il percute avec beaucoup de feeling comme le montre la variété de ses compositions.

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Blues Blues Rock

Ghost Hounds : une lumière éternelle

Avec son troisième album, le sextet américain met un beau coup de jeune à un Blues Old School pourtant éprouvé. Sur « You Broke Me », GHOST HOUNDS montre une maîtrise, un groove et un feeling incroyables parfaitement interprétés par des musiciens de haut vol. Actuel et Rock dans l’esprit, les bluesmen confirment une identité très personnelle et un son irréprochable.

GHOST HOUNDS

« You Broke Me »

(Maple House Records)

En l’espace de deux albums (« Roses Are Black » et « A Little Calamity ») et un Live, le groupe de Pittsburg en Pennsylvanie s’est taillé une solide réputation sur la scène Blues Rock américaine. Il faut dire que GHOST HOUNDS enflamme les foules grâce à un style à la fois percutant et délicat, où il revisite avec talent et beaucoup de fraîcheur et de modernité le registre de ses aînés.

Moins porté sur le Rock, mais plutôt basé sur un Blues traditionnel, les Américains n’en sont pas moins dynamiques et évoluent dans un répertoire original et relevé. Composé par le guitariste du groupe, Thomas Tull, et le producteur Kevin Bowe, « You Broke Me » a été enregistré dans les conditions du direct. Et si GHOST HOUNDS sonne si authentique et brut, l’album est tout aussi organique et cristallin.

Guidé par la voix émouvante et torturée de Tre Nation, le groupe livre des titres solides, sensibles et se fend même d’une magistrale reprise de « Smokestack Lightning » de Howlin’ Wolf. GHOST HOUNDS se repose aussi sur des guitares tranchantes (« Baby We’re Through », « You Broke Me », « Through Over You », « Lonesome Graveyard »). Plein de punch et de feeling, ce nouvel album est une vraie pépite.

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Blues Rock Classic Rock Hard Rock

Simon McBride : instinctif

Après avoir évolué auprès des plus grands et récemment au sein de Deep Purple, SIMON MCBRIDE s’offre un nouvel album solo, le quatrième en studio, où il peut enfin s’exprimer pleinement. « The Fighter » est un concentré de haut vol de Rock et de Blues, qui se fond dans un Classic Rock parfois Hard aux saveurs très actuelles et aux guitares acérées.

SIMON MCBRIDE

« The Fighter »

(earMUSIC)

Originaire de Belfast, SIMON MCBRIDE est un musicien plus qu’aguerri qui a fait les beaux jours sur scène d’artistes comme Don Airey et Ian Gillian pour ne citer qu’eux. D’ailleurs, le guitariste remplacera ponctuellement Steve Morse au sein de Deep Purple aux côtés de ses deux complices cette année. Mais aujourd’hui, c’est avec un nouvel album solo, sur lequel il assure aussi le chant, qu’il se présente.

Souvent remplaçant de luxe dans des formations comme Sweet Savage et Snakecharmer, SIMON MCBRIDE a sorti une poignée d’albums solos et « The Fighter » s’avère d’ailleurs le plus personnel d’entre eux. Le six-cordiste y fait notamment la démonstration qu’en plus d’être un très bon chanteur, il est également un songwriter de grand talent. Ses nouveaux titres sont très narratifs dans la forme, tout en restant très Rock.

Redoutable créateur de riffs et distillant des solos millimétrés avec un feeling incroyable, l’Irlandais livre une copie très Rock, voire Hard Rock, et souvent aux frontières du Blues sur ce très bon « The Fighter ». Ancré dans un registre traditionnel, mais jamais passéiste, SIMON MCBRIDE respire un Classic Rock hors d’âge et régale de son toucher si précis (« High Stakes », « Don’t Dare », « The Fighter », « Trouble »).  

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Blues Blues Rock

Robin Trower : mister Blues

Etourdissant, frémissant et envoûtant, le Blues mâtiné de Rock de ROBIN TROWER reste d’un feeling et d’un groove imperturbable. Le guitariste anglais, sur qui le temps semble n’avoir aucune prise, vient garnir sa belle et grande discographie avec « No More Worlds To Conquer », un album aussi fin et précis qu’inspiré.  

ROBIN TROWER

« No More Worlds To Conquer »

(Mascot label Group/Provogue)

Comment ROBIN TROWER fait-il pour afficher une telle régularité depuis 50 ans au fil de ses albums ? Je n’ai pas souvenir d’un mauvais disque, et pourtant il y en a eu. Le touché incomparable du bluesman anglais fait encore des merveilles sur « No More Worlds To Conquer ». Toujours en trio, il est accompagné de Chris Taggart derrière les fûts et de l’excellent Richard Watts au chant.

Comme très souvent, ROBIN TROWER assure la basse et il impose le rythme et surtout le groove au sein du groupe. Gardant intact la même fraîcheur affichée depuis toute ces années, le six-cordiste se laisse aller et nous berce de son feeling aussi fluide que concis. Et c’est sans exubérance aucune que le Britannique parvient à marier une grande sensibilité avec une belle attaque des morceaux.

Intemporel sur « Ball Of Fire », « Losing You » ou « Cloud Across The Sun », ROBIN TROWER guide se Fender Stratocaster de main de maître avec le doigté plein de précision qu’on lui connait. De riffs endiablés en solos cristallins, le guitariste semble inépuisable et sa créativité sans fin (« Birdsong », « The Razor’s Edge », « Day Dream », « Fire To Ashes »). Du grand art… encore et toujours !

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Blues Southern Rock

Dana Fuchs : la lumière du sud

D’une voix puissante et très souvent délicate, DANA FUCHS pose un regard sans concession sur le monde à travers un Southern Blues mâtiné de Rock, de Soul et de Folk. Très bien accompagnée, c’est en songwriter accompli que la chanteuse et guitariste présente son onzième album, « Borrowed Time ».

DANA FUCHS

« Borrowed Time »

(Ruf Records)

Malheureusement trop méconnue dans nos contrées européennes, DANA FUCHS mène pourtant une brillante carrière façonnée dans un Blues très Southern, roots et Soul. Depuis « Lonely For A Lifetime » sorti en 2003, la chanteuse du New-Jersey, qui a grandi en Floride, distille son registre si particulier à travers des chansons qui ont fait d’elle une compositrice désormais reconnue et assez unique en son genre.

Sur des sonorités sudistes très rurales et authentiques, les 12 morceaux de « Borrowed Time » forment une belle et solide unité. Produit par Bobby Harlow (Samantha Fish), ce onzième album de DANA FUCHS est à la fois rugueux et lumineux, faisant la part belle aux guitares, héritage direct de ses influences puisées chez Lynyrd Skynyrd et même Led Zeppelin. Et la fusion opère avec une magie de chaque instant.

De sa voix rauque et sensible, la blueswoman sait envoûter l’auditeur entre titres très Rock (« Double Down On Wrong ») et ballades plus Soul (« Call My Name »). Très inspiré par l’actualité mondiale et la société actuelle, DANA FUCHS livre des textes forts qui, posés sur une musique intemporelle, donne une dimension artistique saisissante à « Borrowed Time ». Un Southern Blues au féminin rondement mené.  

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Blues Blues Rock International

Brave Rival : une touche féminine irrésistible [Interview]

Avec un tel premier album, « Life’s Machine », les Anglais de BRAVE RIVAL n’ont mis longtemps à se faire remarquer. Pour preuve, une première nomination aux UK Blues Awards et un avenir qui s’annonce radieux. Avec ses deux chanteuses et sa batteuse, le quintet affiche une forte empreinte féminine, qui apporte un souffle d’une grande fraîcheur et une belle inspiration entre Blues, Soul et Rock. Chloe Josephine revient pour nous sur les débuts du groupe et l’élaboration de ce premier opus, particulièrement réussi.

Photo : Rob Blackham

– « Life’s Machine » est votre premier album et il a déjà une belle histoire. Alors que vous deviez entrer en studio, la pandémie a tout stoppé et à peine sorti,  vous êtes nominés aux UK Blues Awards. Même si vous n’avez pas gagné, BRAVE RIVAL commence de la meilleure des manières, non ?

Ces derniers mois ont été fous. Nous sommes extrêmement reconnaissants d’avoir été nominés pour un Blues Award, d’autant plus que nous n’avions sorti qu’un album live à ce moment-là ! Les choses vont de mieux en mieux pour nous et nous avons hâte de voir où cela va nous mener.

– Vous êtes basés à Portsmouth et le quintet se présente avec deux chanteuses et une batteuse. On dirait que les femmes ont pris le pouvoir chez BRAVE RIVAL. Comment s’est monté le groupe ?

Au départ, le groupe a commencé avec trois femmes dans un registre plus folk. Donna (Peters – NDR) jouait de la guitare, mais son truc était plutôt d’être derrière sa batterie. Nous sentions que les chansons appelaient un groupe complet, et c’est ce que nous avons fait ! Nous espérons vraiment que nous pourrons être une source d’inspiration pour les hommes et les femmes. Beaucoup considèrent sans doute cette industrie comme étant masculine, vu qu’elle est tellement dominée par les hommes. Mais un jour, nous aimerions voir un équilibre se créer.

Photo : Rob Blackham

– Vous avez enregistré « Life’s Machine » grâce à une campagne de crowdfunding. C’est par une volonté d’indépendance, ou est-ce qu’il est devenu de plus en plus difficile de signer un premier album sur un label ?

Nous ne sommes pas contre l’idée d’un label, mais cela ne nous a pas semblé nécessaire pour ce disque. Nous avons une base de fans fantastique, qui voulait nous aider à faire l’album. Et le faire de cette façon nous a offert une totale liberté pour explorer nos idées et la vision de notre musique. Cet album a été financé par nos fans et en fin de compte, il est fait pour eux. Les commentaires que nous avons reçus jusqu’à présent ont été extrêmement positifs et nous ne les remercierons jamais assez, non seulement pour leur soutien, mais aussi surtout pour nous avoir permis de faire le disque.

– Pour ce premier album, vous aviez 50 morceaux et vous en avez gardé 12. Même si « Life’s Machine » dure près d’une heure, vous êtes très prolifiques. D’où vous vient cette créativité débordante ?

Nous nous retrouvons tous constamment à proposer des parties de chansons. Nous avons un lecteur en ligne, où nous mettons toutes nos idées et certaines inspirent d’autres membres du groupe à les développer davantage. Nous les développons ensuite en répétition, lors de jams. Au final, on en a tellement qu’on ne sait plus quoi en faire ! Le défi était de réduire l’ensemble à seulement douze, même si au départ, nous étions censés proposer juste dix morceaux.

– Avec autant de chansons, cela a du être très compliqué de faire des choix, non ?

Absolument. Nous avons beaucoup écrit pendant les confinements et on avait encore plus de choix au moment de l’enregistrement. Il a fallu essayer d’être impartial et de choisir les chansons qui étaient les meilleures pour l’album, plutôt que sur les compositions de chacun.

Chloe Josephine et Lindsey Bonnick – Photo Rob Blackham

– J’aimerais que l’on parle du duo que vous formez toutes les deux au chant avec Lindsey. Au-delà d’une grande et évidente complicité qui est l’une des forces du groupe, comment vous répartissez-vous les rôles et de quelle manière écrivez-vous les textes ?

Généralement, l’une de nous propose une partie, généralement avec les paroles et la mélodie. Il y a souvent des trous dans les paroles que l’autre comble. Avoir une deuxième chanteuse pour faire rebondir les idées évite beaucoup de blocages. Quand l’une de nous est coincée, l’autre a généralement quelque chose. Ensuite, on voit là où l’une est meilleure que l’autre. Nous avons des voix très différentes, mais après avoir chanté ensemble pendant si longtemps, nous nous trouvons naturellement.

– Et il y a aussi cette chorale que vous avez créée et enregistrée dans l’église St Mary de Portsmouth. La prestation est superbe. Comment est née cette idée ?

Nous avons toujours imaginé une chorale sur « Long Time Coming », qui est l’une des plus anciennes chansons de l’album. Nous voulions que la chorale soit le point culminant du morceau. Comme nous avions réservé la chorale pour une soirée complète à l’église, il était logique de les faire également jouer sur quelques autres chansons. D’ailleurs, « Break Me » a été complètement métamorphosé grâce à elle.

– Par ailleurs, cette production très organique est incroyable pour un premier album et le mastering signé Katie Tavini est excellent. BRAVE RIVAL est décidemment une histoire de femmes. Cette collaboration était importante pour vous au-delà de l’artistique, dont la qualité est incontestable ?

Absolument ! Notre producteur, Tarrant (Shepherd – NDR), avait travaillé avec elle auparavant, et nous avons été tellement impressionnés par son travail que nous lui avons demandé si elle serait intéressée. Elle nous a vraiment plu, parce que non seulement elle est géniale dans ce qu’elle fait, mais nous avons pensé qu’il était important de travailler avec d’autres femmes dans cette industrie autant dominée par les hommes, en particulier dans le secteur de la production.

Photo : Rob Blackham

– Sur l’album, il y a aussi un aspect très Rock qui dépasse le Blues. Vous mariez la slide avec des riffs très costauds. Dès le départ, vous vouliez que BRAVE RIVAL puisse évoluer dans un spectre musical très large ?

Nous avons tous des goûts musicaux différents, qui vont du Rock à la Soul en passant par la Folk et le Blues. BRAVE RIVAL est l’aboutissement de toutes ces influences. Nous n’avons jamais pris de décision consciente, mais c’est arrivé comme ça. Le Rock est une caractéristique claire pour nous, donc je suppose qu’il est naturel que ce soit quelque chose de très présent. D’ailleurs, « What’s Your Name Again ? » est la chanson préférée de nos fans !

– Pour conclure, j’ai une question sur votre style et votre son. A l’écoute de « Life’s Machine », il est difficile de déceler l’origine de votre jeu. BRAVE RIVAL garde un pied dans le British Blues, tout en montrant de nombreuses influences américaines. C’est cette synthèse que vous souhaitiez faire dès le début ?

On en revient encore une fois à nos influences. Beaucoup de chansons ont été écrites en acoustique et cela apporte naturellement une influence Folk. D’autres commencent par un riff de guitare et est naturellement plus Rock. Cela ne ressemble à BRAVE RIVAL que lorsque nous jouons tous ensemble, car c’est là que ‘notre’ son ressort. Il est difficile de dire d’où il vient, mais je suppose que c’est ce qui rend chaque groupe unique.

L’excellent album de BRAVE RIVAL, « Life’s Machine », est disponible sur le site du groupe : www.braverival.com

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Neal Black & The Healers : aventurier du Blues

Que celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore le guitariste et chanteur NEAL BLACK se précipitent sur ce double-album qui, en plus de compiler quelques uns de ses meilleurs morceaux, proposent une seconde partie entièrement inédite et enregistrée au fil de concerts donnés en Europe. Le Texan fête 30 ans de carrière de la plus belle manière qui soit, et sur le label français Dixiefrog !

NEAL BLACK & THE HEALERS

« Wherever The Road Takes Me »

30 Years – Best Of Collection

(Dixiefrog/Pias)

J’ai pour habitude de ne jamais chroniquer les compilations et Best Of en tout genre, mais celui-ci a ceci de particulier qu’il présente un second CD inédit constitué d’enregistrements live captés en France et en Allemagne. Et cela valait bien que l’on dise un mot sur les prestations scéniques de NEAL BLACK AND THE HEALERS, qui sont toujours d’une explosivité et d’un feeling incroyables. Et puis, en 30 ans de carrière, le Texan a enregistré 13 albums pour le label Dixiefrog, alors ne pas honorer l’artiste-maison phare aurait été malvenu.

La première partie de « Wherever The Road Takes Me » compte 18 morceaux sélectionnés par l’Américain et qui retracent les nombreuses étapes de sa carrière. Car NEAL BLACK est un baroudeur. Débuté au Texas dans les années 80, puis à New-York la décennie suivante et ensuite au Mexique pour finalement s’installer en France, le parcours du chanteur-guitariste se retrouve dans ses titres, qui sont autant d’histoires, comme en regorge le Blues et ce qui fait d’ailleurs sa spécificité. Un perpétuel voyage fait de rencontres…

Alors, bien sûr, les HEALERS se sont succédé au fil du temps et des lieux, et pourtant NEAL BLACK garde ce son si particulier et une unité artistique indéfectible. S’amusant à alterner ses propres compositions avec des reprises très personnelles de Robert Johnson, Etta James, de Johnny Nash et son incontournable « I Can See Clearly Now » ou du grand Mud Morganfield, comment ne pas succomber à la patte de l’artiste ? Ces huit titres live sont d’une intensité, dont le bluesman forge ses concerts. Alors, rien que pour cela…