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Classic Rock Hard 70's

The Damn Truth : truth serum

Il y a des rencontres qui font des étincelles et, d’une côte à l’autre, le Canada a permis la connexion entre THE DAMN TRUTH et le producteur Bob Rock, qui s’est totalement reconnu dans la musique du combo. Grâce à de belles guitares, une rythmique groovy et une frontwoman qui a gagné en assurance, la formation de la Belle Province fait le pont entre un Hard Rock 70’s et des sensations très contemporaines avec beaucoup de saveurs et un plaisir palpable.

THE DAMN TRUTH

« The Damn Truth »

(Spectra Musique)

Il y a quatre ans, THE DAMN TRUTH faisait exploser son plafond de verre montréalais avec « Now Or Nowhere », un troisième album qui l’a révélé et l’a mené un très long moment sur les routes. Il faut reconnaître que les Québécois avait frappé fort avec une version très actuelle et pleine d’audace de Classic Rock, le tout produit par le grand Bob Rock qui n’avait pas hésité un instant à appliquer sa propre recette sur des morceaux entêtants et particulièrement enthousiastes. Et ils sont aujourd’hui tous de retour avec la même envie.

Enregistré à Vancouver dans les Warehouse Studios de Bryan Adams sur une période de deux mois, « The Damn Truth » se révèle comme la réalisation la plus aboutie du quatuor et si elle est éponyme, c’est aussi parce qu’elle le représente et le définit le mieux. Accrocheurs, mélodiques et hyper-Rock, les onze titres sont d’une énergie fulgurante. Même si la guitariste et chanteuse Lee-La Baum fait de plus en plus penser à Beth Hart dans sa façon de chanter haut, THE DAMN TRUTH impose une réelle identité.

Déjà convaincant sur les quatre singles sortis (« Love Outta Love », « I Just Gotta Let You Know », « The Willow » et « Better This Way »), le groupe dévoile de nouvelles facettes de son jeu et l’excellent travail effectué sur le son apporte puissance et relief à l’ensemble. Sensible sur la power-ballade « If I Don’t Make It Home » ou plus frontal sur « Addicted », THE DAMN TRUTH brille par la qualité du songwriting et des arrangements. Avec ses sonorités familières et fédératrices, « The Damn Truth » modernise le Hard Rock… vintage !

Photo : Natali Ortiz

Retrouvez l’interview du groupe en 2021 à la sortie de « Now Or Nowhere »…

… Et la chronique de l’album :

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Hard 70's International

Velvet Rush : inner fire [Interview]

VELVET RUSH pourrait bien être la belle et grande surprise de cette année en matière de Hard Rock estampillé 70’s. Le quatuor originaire d’Hambourg se présente avec un premier EP, « Euphonia », qui montre de solides fondations, des musiciens plus que confirmés et une dynamique implacable. Guidés par leur charismatique frontwoman, les Allemands ont de belles cartes en main et ne devraient pas tarder à se faire connaître bien au-delà de leurs frontières. Séduit par la sortie d’un premier single il y a quelques mois, c’était l’occasion de faire connaissance avec le groupe à quelques jours de la sortie de sa première réalisation.

– Comme beaucoup, j’ai été très agréablement surpris en octobre dernier à la sortie de votre premier single, « Euphonia », qui est d’ailleurs le titre de ce premier EP. Même si c’est votre première réalisation, on devine sans mal à vous entendre que vous êtes loin d’être des amateurs. Pouvez-vous nous faire un peu les présentations et revenir sur votre parcours et la création de VELVET RUSH ?

Merci beaucoup et c’est vrai qu’il y a en fait un aspect très magique, voire spirituel, derrière la création du groupe. Cela a aussi un peu à voir avec la composition et la signification de notre chanson « Aurora ». Mais nous y reviendrons plus tard. VELVET RUSH a été fondé par notre chanteuse Sandra Lian et Tim Black, le bassiste. Grâce à la vision de Sandra et à un peu de magie, VELVET RUSH a été lancé en un week-end. C’était comme si nous nous étions trouvés après une longue attente, un coup du destin. Dennis Henning s’est joint à nous à la guitare et Tom Zeschke à la batterie. Chacun d’entre nous faisait de la musique à un niveau professionnel depuis des années dans différents groupes, à l’international, sur les planches des théâtres, etc… Nous avons tous appris à nous connaître sur la scène musicale de Hambourg. Dennis et Tim avaient déjà joué ensemble auparavant. Sandra a fait de la musique toute sa vie, notamment en étudiant le chant, la danse et le théâtre. Tom a également joué de la batterie dans différents groupes durant des années. Nous savions dès le début qu’il y avait quelque chose de spécial entre nous.

– Avec VELVET RUSH, vous renouez avec un Hard Rock très 70’s auquel vous avez injecté un souffle très moderne et beaucoup de volume. L’idée première était-elle d’offrir un son brut et organique avec beaucoup d’impact, car vous ne levez jamais le pied, sauf peut-être sur « Aurora » qui joue plus sur l’émotion ?

Nous aimons le son du Hard Rock des années 70, très caractéristique de l’époque, et nous le combinons avec des éléments modernes, c’est vrai. Mais nous avons de nombreuses autres facettes. D’une part, nous voulons montrer à l’auditeur que nous avons beaucoup d’énergie, que nous pouvons appuyer sur l’accélérateur et d’autre part que nous voulons aussi servir un côté émotionnel. Nous sommes tous des rockers dans l’âme. Curieusement, beaucoup de gens autour de nous ont pensé que nous avions tendance à jouer une musique plus douce, mais nous aimons beaucoup les surprises. Nous vivons nos performances live pleinement et ces idées viennent simplement du plus profond de nous-mêmes, associées à des inspirations recueillies au cours d’une vie. La chanson « Aurora » est très émouvante, c’est vrai. Elle est dédiée à un être cher que Sandra a perdu peu de temps avant la fondation de VELVET RUSH. Cette chanson signifie beaucoup pour le groupe.

– D’ailleurs, pour rester sur le son de ce premier EP, vous avez confié la production à Eike Freese, dont on connait le travail avec Deep Purple, Slash ou Status Quo et l’ensemble a été réalisé dans les fameux studios Chameleon à Hambourg. Même si c’est votre ville d’origine, vous avez désiré mettre les moyens dès le départ pour obtenir cette sonorité très chaude et immédiate ?

Tout d’abord, il n’y a personne de meilleur qu’Eike Freese, selon nous. Tim connaît Eike depuis 2006, ce qui représente une longue période. C’est de là qu’est venue l’idée d’enregistrer avec lui. Lorsque Sandra et Tim sont venus spontanément dans le studio d’Eike, il a entendu parler de notre vision de nos chansons et de l’idée de fonder VELVET RUSH. Nous lui avons montré nos idées et il a été immédiatement impressionné et a voulu travailler avec nous. Le studio existe depuis les années 70 et une grande partie de l’intérieur rappelle encore l’époque d’autrefois. Il y a quelque chose de très magique dans ce lieu. Nous n’aurions pas pu faire un meilleur choix.

– Ce qu’il y a également de marquant sur les cinq chansons, c’est cette alchimie très palpable entre vous, comme si chacun était au service de l’autre. Bien sûr, Sandra est très solaire avec une puissance vocale incroyable, mais les guitares ne sont pas en reste, tout comme cette rythmique terriblement efficace. Le songwriting est très travaillé et on a presque le sentiment que ces chansons ont d’abord eu un traitement acoustique au moment de la composition. C’est le cas ?   

Merci beaucoup. En fait, les chansons n’ont pas été écrites sur une guitare acoustique, mais directement sur une électrique. Tim a composé toutes les chansons et Sandra a écrit les paroles et les mélodies vocales. Et Dennis a également contribué aux compositions avec ses solos de guitare.

– La voix de Sandra est très Rock et comporte aussi beaucoup de variations. Et même si l’ensemble paraît débridé de prime abord, on s’aperçoit très vite que la puissance n’est pas tout et que les textes sont également très importants. Quel est votre champ d’investigation à ce niveau-là, se dégage-t-il une certaine unité et peut-être un message à travers vos paroles ?

Sandra écrit seule les paroles. Elle y intègre ses expériences de vie et souhaite également transmettre un message, c’est vrai. Elle aime travailler avec des métaphores. L’EP « Euphonia » parle de laisser derrière soi le passé, où l’on a peut-être vécu des moments très éprouvants et formateurs, mais aussi d’un nouveau départ et cela se reflète dans ses textes. Il s’agit de retrouver son enfant intérieur et le chemin qui vous était destiné depuis le début. Cela a donc une signification très profonde, c’est vrai. « Euphonia » est une sorte d’oiseau qui représente la liberté, la force et l’énergie. Les chansons de l’EP sont très puissantes et ont un message clair et, bien sûr, la composante émotionnelle est très présente.

– Pour revenir sur l’aspect très 70’s de votre jeu, on assiste depuis un moment déjà à un véritable revival du genre dans le Hard Rock, mais aussi dans le Rock et le Metal de manière plus globale. Selon vous, est-ce que certains styles ont déjà montré leurs limites et que la vérité se trouve finalement dans ce registre intemporel né dans les années 70 et même 80 ?

Nous pensons que les nombreux styles musicaux, qui ont vu le jour au fil des années, trouvent leur origine dans le Rock’n’Roll et le Blues. Le Metal ne nous convient pas vraiment, en fait. On ne peut pas réinventer la roue de nos jours, mais on peut laisser son âme s’exprimer dans la musique pour créer son propre son. Nous adorons tout simplement ce son pur et honnête des années 70.

– Je dois vous avouer que les cinq chansons m’ont vraiment laissé sur ma faim. J’imagine qu’il peut y avoir des raisons économiques derrière le choix de sortir un EP, mais est-ce que vous avez envisagé aussi de réaliser un album complet, ou était-ce selon vous un peu tôt ? Il vous fallait d’abord mesurer le retour des fans et de la presse aussi peut-être ?

Nous voulions faire une première présentation au public le plus rapidement possible et partager nos chansons avec les auditeurs. Cet EP est une première impression des nombreuses facettes, qui se présenteront à eux dans le futur. Certaines opportunités se sont ouvertes, dont nous voulions vraiment profiter rapidement. C’est pourquoi nous avons d’abord opté pour un EP. Et bien sûr, nous ne voulons pas nous arrêter en si bon chemin. Nous sommes déjà en pleine phase d’écriture de notre premier album. Il y aura bientôt des nouvelles à ce sujet. Nous pouvons déjà proposer beaucoup de morceaux.

– D’ailleurs, les louanges dès la sortie de la chanson « Euphonia » ne se sont pas faites attendre, et VELVET RUSH a déjà su conquérir un large public assez rapidement. Vous vous attendiez à un tel accueil? Et quelles sont vos premières impressions, car c’est vrai aussi que VELVET RUSH dégage une énergie très positive ?

Nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre. Nous voulions laisser le public venir à nous et nous étions très excités par le premier accueil du public. Nous sommes très reconnaissants d’avoir déjà une base de fans très internationale, qui nous soutient et nous accompagne tout au long de notre parcours. C’est incroyable pour nous d’avoir déjà touché une corde sensible avec notre premier single « Euphonia ».  

– Ce premier EP sort ces jours-ci et, outre la vague de promo qui va suivre, j’imagine que le prochain objectif sera de partir en tournée présenter vos morceaux au public. Possédez-vous d’ailleurs un répertoire suffisamment conséquent, car un format court que le vôtre est souvent une carte de visite pour partir sur la route ?

Nous avons un tourneur renommé et formidable et nous sommes très heureux de déjà jouer dans de nombreux festivals cette année avec peut-être aussi une ou deux surprises ! (Sourires) Restez à l’écoute ! Et bien sûr, nous avons beaucoup d’autres chansons qui attendent déjà d’être partagées avec le public en concert.

– De ce que j’ai pu voir, vos prestations scéniques sont pour le moins enflammées et la présence à la fois sexy et charismatique de Sandra y est pour beaucoup. On imagine facilement des concerts passionnés et d’une folle énergie. Comment est-ce qu’on travaille cet aspect-là avant de sortir un premier EP ? Votre expérience individuelle est-elle aussi un atout majeur ?

Grâce à nos années d’expérience sur scène, il n’est pas difficile pour nous de transmettre l’énergie que nous portons en nous au public. Si vous aimez ce que vous faites et que vous vous amusez à le faire, le public le comprend. Sandra a le public de son côté en quelques secondes et oui, bien sûr, c’est une véritable boule de feu. Vous pourrez bientôt le constater par vous-même… (Sourires)

– Enfin, l’une des choses qui a aussi piqué ma curiosité, c’est qu’aucun label ne vous soutient encore. Vous êtes totalement indépendants, comme c’est beaucoup le cas aujourd’hui. Est-ce à dire que VELVET RUSH peut parfaitement mener sa barque et trouver son chemin seul ? Car vous avez certainement du être sollicités, non ?     

Comme je te le disais, nous avons un très bon tourneur, qui nous offre de nombreuses possibilités et nous ouvre de multiples opportunités. Nous pourrions envisager de signer avec un label, mais tout dépend de l’offre. En tant que groupe indépendant, vous avez aussi plus de liberté de choix, mais nous ne dirons pas non à une offre appropriée.

Le premier EP de VELVET RUSH, « Euphonia », est disponible sur toutes les plateformes, mais aussi et surtout sur le site du groupe :

www.velvetrush.com

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Hard 70's Occult Rock Proto-Metal

Time Rift : raw & organic

Originaire de Portland dans l’Oregon, TIME RIFT signe sa deuxième réalisation. Cependant,  celle-ci a des allures de première, tant les changements de musiciens se sont multipliés en une décennie et surtout il dégage aujourd’hui une réelle unité musicale, qui manquait peut-être un peu sur son prédécesseur. « In Flight » marque donc un nouveau départ pour les Américains et le moins que l’on puisse dire est qu’ils sont dans les starting-blocks. Dans un proto-Metal aux contours occultes, ils nous emportent sur un rythme effréné dans un univers d’une nostalgie assumée.  

TIME RIFT

« In Flight »

(Dying Victims Productions)

Fondé par le guitariste et bassiste Justin Kaye sur les cendres de Doomsower en 2014, TIME RIFT a mis du temps a stabilisé son line-up, s’essayant à de multiples moutures. Avec l’arrivée de Terrica Catwood derrière les fûts en 2017, puis celle de Domino Monet (Hadean, Nyx Division) au chant en 2023, le power trio semble désormais fixe et surtout en parfaite adéquation. Après « Eternal Rock » sorti en 2020 dans le marasme qu’on connait, le groupe a écumé les scènes dès ce fut possible et s’est aguerri pour livrer ce « In Flight », qui porte particulièrement bien son nom.

Car, forcément, avec ce deuxième album, on peut aisément dire que TIME RIFT prend enfin véritablement son envol et les compositions témoignent d’une volonté à toute épreuve. Resserré sur une grosse demi-heure, les neuf titres nous font faire un bond dans le temps, dans cette époque bénie des 70’s et du début des 80’s. Ce mix entre proto-Metal et Hard Rock 70’s aux saveurs Doom et Occult Rock débouche sur un disque au revival très réussi et porté par une production brute, organique, qui manque pas de vélocité et de dynamisme. Il bouscule autant qu’il séduit.

Savoureusement rétro, on pense évidemment à Led Zeppelin ou aux premiers Scorpions d’un côté et à Doro et aux Runaways de l’autre, mais TIME RIFT y pose une patte originale et personnelle et nous entraîne dans un tourbillon de décibels finalement très frais. Grâce à une frontwoman aussi polyvalente qu’efficace, le combo livre un opus convaincant où chaque instrument dispose de l’espace nécessaire pour s’exprimer avec force (« The Spear », « Coyote Queen », « Thunder Calling », « Dancing With The Sun », « Hellbound » et le morceau-titre). Costaud et accrocheur ! 

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Hard 70's Heavy Rock Old School

Ian Blurton’s Future now : absolute rock

Avec autant d’énergie et de créativité, « Crimes Of The City », deuxième opus des Canadiens, a de quoi séduire les amoureux de Rock direct et sans concession. Outre l’expérience des membres du IAN BLURTON’S FUTURE NOW, c’est une même vision qui est ici distillée avec une intensité sans limite, mélangeant des courants comme le Stoner, le Psych, le Hard Rock 70’s avec une dose de Heavy Metal à l’ancienne. Pourtant pointilleux dans sa conception, cette nouvelle réalisation donne un coup de pied dans la fourmilière Rock, tout en ménageant l’institution. Une saveur assez unique.

IAN BLURTON’S FUTURE NOW

« Crimes Of The City »

(Pajama Party Records)

Bien que né dans l’Illinois, IAN BLURTON est une figure incontournable au Canada, et notamment en Ontario, où il a fait l’essentiel de sa carrière. Guitariste, songwriter et producteur, il a fait les belles heures de son premier groupe, Change Of Heart de 1987 à 1997, avant de se consacrer à la scène Rock indépendante à laquelle il a fortement contribué à poser les fondations. Et c’est il y a un peu plus de deux ans qu’il monte le projet FUTURE NOW, destiné dans un premier temps à des prestations live, qui lui ont forgé une solide réputation et qui l’ont mené à un premier album, « Second Skin », déjà électrisant.

Accompagné par des musiciens chevronnés qui possèdent exactement le même état d’esprit et partagent une vision du Rock commune, IAN BLURTON’S FUTURE NOW compte donc dans ses rangs Glenn Milchem à la batterie et aux chœurs, la bassiste Anna Ruddick et Aaron Goldstein à la guitare. Ici, point de bidouillages, de fioritures, d’overdubs et autres coquetteries, le quatuor ne jure que sur ses amplis à lampe, des riffs percutants, des voix presque solaires et un sens de la mélodie aussi délicat que rugueux, qui le rend addictif.

Pas de faux-semblant, donc. Alors, si « Crimes Of The City » résonne globalement comme du Classic Hard Rock, il ne faudrait surtout pas oublier les touches Stoner et psychédéliques qui viennent compléter ce beau tableau. Les parties de guitares rayonnent, le travail sur les voix est exemplaire et si la production conserve un aspect très brut, elle n’en demeure pas moins soignée. La force du IAN BLURTON’S FUTURE NOW est certainement sa sincérité et sa spontanéité et on se délecte de cet album si humain et authentique. Un régal !

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Classic Rock Hard 70's

Winecraft : pied au plancher

Même si les influences sont manifestes, tout comme l’intention d’ailleurs, la formation de l’Est de la France nous embarque 50 ans en arrière au temps des pionniers et des légendes du Hard Rock et du Classic Rock. Pourtant, le propos de WINECRAFT est très actuel, seule sa musique libère une couleur vintage. Costaud et mélodique, il invoque les névroses de notre époque et ne boude pas son plaisir à faire de ces tensions des envolées inspirées et entêtantes. Une entrée en matière très réussie avec ce « Witchcraft’n Excess Wine » relevé.

WINECRAFT

« Witchcraft’n Excess Wine »

(Independant)

De toute évidence, il souffle un air de revival sur le Rock actuellement (c’est cyclique, comme dirait l’autre !) et la scène française commence à tirer son épingle du jeu dans le domaine. Bien sûr, on ne peut ignorer les deux beaux représentants issus des terres bretonnes, Komodor et Moundrag (et leur fusion !), et il faut dorénavant mentionner également WINECRAFT, dont le premier effort s’inscrit dans cette même veine. Le Classic Rock du quintet évoque bien entendu, et avec beaucoup d’efficacité, les 70’s et leur grain de folie.

Récemment rassemblés du côté de Strasbourg, les membres du groupe se sont déjà aguerris au sein d’autres formations, puis ont enchaîné avec quelques concerts. Car, c’est justement l’ADN et le nerf de la guerre chez WINECRAFT : la scène ! Ça l’est même au point que « Witchcraft’n Excess Wine » a été enregistré dans des conditions live, afin de capter au mieux l’énergie et la fougue de ses six morceaux… auxquels il faut d’ailleurs ajouter un septième issu en l’occurrence d’une prestation en public (« Who’ll Make It Out Alive ? »).

Bien produit, ce premier EP, long d’une bonne demi-heure tout de même, expose ce son brut et organique, qui constituait la saveur et l’authenticité de cette époque bénie si créative. WINECRAFT maîtrise et connait son sujet, ce qui lui offre une évidente légitimité et une belle crédibilité dans ses compos. Musicalement, l’ambiance renvoie à Led Zeppelin, l’orgue à Deep Purple et certaines parties vocales à Motörhead. Autant dire qu’on s’y sent bien et « Witchcraft’n Excess Wine » régale (« A Protest Love Song », « Back In Town »).

(Photo : Les Photos d’Alumine)

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Hard 70's Psych

Alunah : ultimes vibrations

En actant le départ de Siân Greenaway, dont la présence derrière le micro va cruellement manquer, ALUNAH risque de voir ses fans, et beaucoup d’autres, se précipiter sur ce chant du cygne vinylique. Mais que tout le monde se rassure, le désormais trio est décidé à poursuivre son effort, dès qu’il sera de nouveau au complet. « Fever Dream » a donc un  aspect assez particulier, qui apporte peut-être même une magie supplémentaire. Car il faut reconnaître qu’il s’agit sans doute de la meilleure réalisation des Anglais, toujours dans ce Hard Rock 70’s si organique et authentique.

ALUNAH

« Fever Dream »

(Heavy Psych Sounds)

La nouvelle ne vous aura pas échappé, c’est avec un petit pincement et beaucoup de regrets que je chronique ce nouvel et dernier album d’ALUNAH avec sa chanteuse Siân Greenaway, qui s’en va continuer l’aventure en solo au sein de Bobbie Dazzle dans un registre a priori plus Glam Rock. Alors, forcément, sur ce « Fever Dream », la fièvre retombe un peu. C’est donc sur ce septième opus majestueux que la frontwoman file vers de nouveaux horizons, non sans livrer une superbe prestation, qui surclasse d’ailleurs artistiquement les précédentes dans sa diversité et sa puissance vocale.

Cependant, si le groupe issu du berceau spirituel du Heavy Metal, Birmingham, perd celle qui lui offrait une identité forte, il n’a pas l’intention de rendre les armes et compte se remettre en selle très bientôt une fois que la ou le successeur sera connu. En attendant, ALUNAH fait feu de toute part avec « Fever Dream », un disque enchanteur, vif et solide et tout aussi aérien qu’épique. Que ce soit les riffs endiablés et les solos magistraux de Matt Noble, la rythmique au groove enjôleur de Dan Burchmore (basse) et Jake Mason (batterie), rien ne manque. L’unité affichée est même incroyable.

Dès « Never Too Late », le ton est donné et on retrouve ce Hard 70’s aux saveurs rétro et vintage, sublimé par la production de Chris Fielding (Electric Wizard). Les Britanniques se dévoilent dans un moment d’inspiration unique et ils passent d’un morceau à l’autre avec une grâce absolue, traversant avec une grande souplesse musicale des atmosphères aussi musclées que planantes (« Sacred Grooves », The Odyssee »). ALUNAH multiplie les clins d’œil au Psych, au proto-Metal avec même un peu de flûte à la Fleetwood Mac sur plusieurs titres (« Trickster Of Time », «  Far From Reality », « Celestial »). De belles émotions ! 

Retrouvez la chronique de « Strange Machine », sorti en 2022 :

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Classic Hard Rock Hard 70's

Michael Schenker : OVNI guitaristique

Cela fait dorénavant une cinquantaine d’années que MICHAEL SCHENKER fait partie d’une longue lignée de musiciens qui tend à disparaître, celle des guitar-heros. S’il s’est surtout fait connaître avec MSG, en solo et avec divers projets, il a aussi marqué de son empreinte l’histoire d’UFO malgré une présence assez éphémère, mais retentissante. Afin de célébrer les 50 ans de cette période unique, le guitariste allemand a décidé d’y consacrer trois albums, dont voici le premier.

MICHAEL SCHENKER

My Years With UFO

(earMUSIC)

Même s’il n’a fait qu’un passage relativement court au sein du groupe britannique UFO de 1973 à 1978, MICHAEL SCHENKER aura marqué les esprits et sans doute écrit les plus belles pages de la formation devenue mythique par la suite. Cinq petites années donc, ponctuées de six albums qui trônent aujourd’hui au panthéon du Hard Rock mondial et qui sont autant de madeleines de Proust pour tout amateur qui se respecte. On y retrouve « Phenomenon », « Force It », « No Heavy Petting », « Lights Out », « Obsession » et le live « Strangers In The Night » devenu un incontournable. Le guitariste y montre une étonnante précocité qui le mènera très loin par la suite, notamment avec MSG.

Car c’est à 17 ans seulement qu’il est appelé au sein du groupe anglais, alors qu’il œuvre avec son grand frère Rudolf chez Scorpions. Un mal pour un bien à l’époque où UFO affiche une notoriété bien supérieure au combo familial. Comme un poisson dans l’eau, le jeune allemand signe des morceaux devenus incontournables comme les désormais classiques : « Doctor Doctor », « Rock Bottom », « Lights Out », « Let It Roll » ou l’excellent « Only You Can Rock Me » que l’on retrouve tous ici, bien sûr. Si la virtuosité de MICHAEL SCHENKER impressionne déjà, son travail d’écriture n’est pas en reste et pourtant l’aventure s’achèvera sur une fâcherie avec le chanteur Phil Mogg.

Avec son ami producteur Michael Voss, MICHAEL SCHENKER a même tenu à respecter le son de l’époque, puisque la production de « My Years With UFO » n’a rien de clinquante, bien au contraire. Ce qui est clinquant ici, c’est la liste de guests devenus lui apporter un hommage appuyé. Jugez-vous par vous- même : Axl Rose et Slash (mais pas sur le même morceau), Kai Hansen, Roger Glover, Joey Tempest, Biff Byford, Jeff Scott Soto, John Norum, Dee Snider, Joel Hoekstra, Joe Lynn Turner, Carmine Appice, Adrian Vandenberg, Michael Voss, Stephen Pearcy et Erik Grönwall. Un casting de rêve pour un musicien hors-norme, qui a marqué plusieurs générations d’artistes !

Retrouvez la chronique de son dernier en date avec MSG :

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Hard 70's Occult Rock Proto-Metal Psych

Occult Witches : une fantasmagorie prégnante

On le croirait tout droit sortis des années 70, tant la maîtrise affichée par OCCULT WITCHES a quelque chose d’évident dans la démarche, comme dans l’écriture de ce Rock/Hard aux atmosphères parfois baroques, épiques et même légèrement Doom et Stoner. Les Canadiens proposent un univers Dark, qui tranche cependant avec la majorité des combos actuels du même mouvement. Par sa diversité et une prestation vocale en parfaite adéquation avec les parties instrumentales, « Sorrow’s Pyre » est aussi captivant que frénétique. Une prouesse !

OCCULT WITCHES

« Sorrow’s Pyre »

(Black Throne Productions)

Depuis « Morning Walk » sorti en 2021, OCCULT WITCHES avance sur une cadence effrénée à raison d’un album par an. Pourtant, cette fertile productivité, loin d’être surabondante, a la particularité de préciser et d’affiner le registre des Québécois. L’évolution est manifeste et même implacable, tant les réalisations qui se succèdent viennent peaufiner leur propos et leur style, qui se nourrit autant de Classic Rock, que d’un Blues musclé, de Stoner, de psychédélisme et d’un proto-Metal forcément vintage, mais si rafraîchissant.

Après un deuxième opus éponyme en 2022, puis « Mastermind » en 2023, le quatuor livre donc « Sorrow’s Pyre » et semble toujours aussi inspiré. Mieux, il atteint une sorte d’apogée qu’on sentait poindre depuis un petit moment déjà. L’identité musicale d’OCCULT WITCHES est éclatante et doit aussi sans doute beaucoup à sa chanteuse, Vanessa San Martin, littéralement habitée par des ambiances forcément sombres, tournées vers un occultisme, qu’elle fait vivre avec autant de puissance que de délicatesse. La maîtrise est totale.

Entourée par le flamboyant guitariste Alec Sundara Marceau, et soutenue par le duo basse/batterie composé de Danick Cournoyer et Eliot Sirois, la frontwoman est le point d’équilibre du groupe, dont chaque membre apporte sa touche dans un ensemble très organique, capable de se déployer dans des moments intenses et musclés comme à travers des passages plus légers. OCCULT WITCHES passe de l’ombre à la lumière avec un irrésistible côté hypnotique (« Malice », « Faustian Bargain », « Flesh And Bones », « The Fool »).   

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Hard 70's Heavy Stoner Rock

The Quill : nouvelle odyssée

L’une des particularités de THE QUILL est de savoir proposer à chaque réalisation un Hard Rock hyper-Stoner qui fait aussitôt penser à un véritable travail de groupe. On sent ses membres tellement soudés que l’on s’éloigne des productions actuelles, où les compositions semblent plus tenir de la performance que de l’œuvre créative. « Wheel Of Illusion » est cru, mélodique, brut et non dépourvu de beaux arrangements. Et c’est cette unité entre les vétérans du Rock, qui transpirent sur chaque note et qui les distingue encore aujourd’hui.

THE QUILL

« Wheel Of Illusion »

(Metalville Records)

A l’aube de ses 30 ans de carrière, THE QUILL sort son dixième album et les Suédois se montrent toujours aussi solides et inspirés. « Wheel Of Illusion » fait suite au très bon « Earthrise », sorti il y a trois ans, et qui était terrassant à bien des égards. Le quatuor enfonce le clou, grâce à un Heavy Stoner Rock original. Si la base reste Hard Rock avec des teintes 70’s, le style de la formation nordique s’engouffre dans un registre qui dépasse les époques et les tendances en se distinguant brillamment, grâce à une originalité et un son qui la rendent immédiatement identifiable.

L’aspect rétro-futuriste encore à l’œuvre sur « Wheel Of Illusion » fait toujours plus l’effet d’une petite bombe que celui d’une madelaine de Proust. Inventif, le quatuor continue d’envoûter et d’assener ses compos avec force et vigueur. Au chant, Magnus Ekwall se montre impérial, capable d’autant de douceur que de force. THE QUILL puise justement son originalité dans ce contraste et cette dualité entre l’aspect planant d’un Stoner Psych et des accélérations très Metal. Solide, la rythmique donne le ton et Christian Carlsson distille ses riffs et ses solos avec une ferveur constante.

Poussé par une énergie folle, les Scandinaves poursuivent leur voyage musical mouvementé débuté en 1995 et, plus surprenant, parviennent sans mal à réinjecter autant de puissance que de dynamisme à un genre très maîtrisé, qui va puiser chez ses pionniers. Dès le morceau-titre en ouverture, THE QUILL affiche ses ambitions et se montre imparable sur « Elephant Head », « L.I.B.E.R. », « The Last Thing » avant l’ultime assaut « Wild Mustang », véritable pièce maîtresse de ce nouvel opus. Conquérant et accrocheur, « Wheel Of Illusion » recèle de quelques trésors et devrait enflammer les prochains concerts.    

Photo : Goran Markov

Retrouvez la chronique de « Earthrise » :

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Hard 70's Heavy Psych Rock Stoner Blues

Fuzzy Grass : psychedelic garden

Avec le Rock Psychédélique, les possibilités sont multiples et le spectre musical est particulièrement vaste. Et si vous y injectez une tonalité bluesy, des influences progressives et Stoner et un faible pour l’improvisation, c’est une autoroute artistique qui s’offre à vous. FUZZY GRASS l’a bien compris et sa deuxième réalisation, « The Revenge Of The Blue Nut », est un océan de liberté et de créativité mis en fusion par quatre musiciens aux aspirations audacieuses et solaires.

FUZZY GRASS

« The Revenge Of The Blue Nut »

(Independant)

Il y a cinq ans, le quatuor sortait son premier album, « 1971 », et envoyait un signal fort et une indication claire quant à la démarche entreprise et l’époque qui l’inspire. Et FUZZY GRASS n’a pas modifié sa trajectoire d’un iota et enfonce même le clou avec « The Revenge Of The Blue Nut ». Toujours animé par un esprit old school et une grosse dose de bonne humeur, ce nouvel opus brille par ses ambiances souvent lourdes, mais délicieusement Psych et Blues. Et sous ces cieux très zeppeliniens, on est très vite envoûté.

Levons immédiatement le voile, car le suspense ne tiendra pas longtemps de toute façon, pour affirmer que l’ombre du grand dirigeable plane sur les six morceaux. Et on ne s’en plaindra pas, bien au contraire ! Mais FUZZY GRASS ne donne pas dans la pâle copie, il entretient la légende et continue l’aventure avec un regard neuf et très personnel. Très jam dans l’esprit, le groupe présente pourtant des titres très bien ciselés, jouant sur les contrastes et les couleurs musicales.

Et quel studio plus approprié que celui de La Trappe près de Toulouse, d’où est originaire la formation, avec son matériel vintage et bien sûr analogique pouvait mieux capter l’énergie électrisante de « The Revenge Of The Blue Nut » ? Les titres de FUZZY GRASS prennent un relief saisissant et on remonte le temps le sourire aux lèvres. Dès les premières notes de « Living In Time », le groove percute sur un ton progressif. Intense et Heavy sur « The Dreamer » et « Insight », c’est l’ultime « Moonlight Shades » qui finit de nous scotcher !

Photo : Fuzzy Grass