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Hard Rock Heavy metal Rock

Revisités

Quelle idée de vouloir réenregistrer ses trois premiers albums ! A la base, Nono avait en tête trois concerts différents, uniques, distincts et consacrés à chacun de ces disques. C’est finalement en configuration live, en une seule prise et filmé que TRUST revisite ses grands classiques. Avec un Bernie en pleine forme et un Nono étincelant, le groupe se balade quelques décennies en arrière et « Recidiv » est une réussite totale.

TRUST

« Recidiv »

(Verycords)

Soyons tout de suite clair : si vous n’avez pas adhéré aux derniers albums de TRUST (« Dans Le Même Sang » et « Fils de Lutte »), ces réenregistrements des trois légendaires premiers disques du groupe ne devraient pas non plus vous conquérir… à moins que ! La bande de Bernie et Nono a bien changé en plus de 40 ans de carrière, et musicalement l’évolution est elle aussi très naturelle. 

Avec « Recidiv », les patrons du Rock hexagonal se sont donnés comme challenge de réinterpréter « L’Elite », « Répression » et « Marche ou Crève » dans les conditions d’un concert, en une seule prise et après moins d’un mois de répétition. L’idée était bien sûr de réarranger les morceaux avec le son actuel du groupe, et aussi de réécrire certains textes qui pour l’essentiel sont restés étonnamment d’actualité.

Nono me disait récemment : « On nous a toujours catalogué Hard Rock, mais on fait du Rock’n’Roll avec donc des côtés Blues ! ». Alors, si certaines chansons n’ont presque pas bougé (« Préfabriqués », « Bosser Huit Heures », « L’Elite », « Police-Milice »), d’autres ont subi un sérieux lifting qui leur va plutôt bien (« Palace », « H & D », « Dialogue de Sourds »). Ce premier album de TRUST est d’ailleurs sans doute celui qui est le plus fidèle à l’original.

« Répression », le plus emblématique des albums du groupe, est tout aussi nerveux et rentre-dedans que la première version (« Antisocial », « Instinct De Mort », « Au Nom De La Race »), et présente quelques bonnes surprises (« Fatalité », « Le Mitard », « Les Sectes »). L’atmosphère n’a pas changé chez TRUST et c’est un Nono percutant dont le feeling est plus que jamais présent qui mène la danse.

Enfin, « Marche Ou Crève » est l’album qui a été le plus réarrangé par le groupe. Quand le TRUST d’antan rencontre la formation actuelle… L’émotion et la rage sont très présentes. Peut-être plus bluesy, plus Rock mais toujours aussi revendicatifs, les classiques prennent une autre dimension (« La Grande Illusion », « La Junte », « Certitude… Solitude »). Et les chœurs féminins y apportent une petite légèreté et un esthétisme certain.

Parmi les morceaux offrant le plus de surprises, on retrouve « Misère » et « Ton Dernier Acte », qui prennent un relief saisissant. Et comme TRUST aime à se poser là où on ne l’attend pas, c’est avec six titres en version acoustique que l’on retrouve des extraits des deux derniers albums (« Démocrassie », « Miss Univers », « Y a pas le feu mais faut bruler ») sur un quatrième album étonnant.

Plus qua jamais d’actualité, le groupe nous fait un beau cadeau avec ces interprétations de haut vol et d’un feeling énorme. Un régal… sur lequel les grincheux ne manqueront pas de se casser les dents. Il reste les versions originales, n’ayez crainte !

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International Rock Progressif

Pure Reason Revolution : un processus créatif sans limite [Interview]

Pour ce quatrième album de PURE REASON REVOLUTION, Jon Courtney (chant, guitare, claviers) et Chloë Alper (chant, basse, claviers) reviennent à un Rock Progressif épuré aux frontières du Metal. « Eupnea » est d’une richesse musicale incroyable, et le duo signe là probablement l’un des ses meilleurs albums. Après huit ans d’absence, c’était l’occasion de faire le point avec Jon Courtney sur le retour de PRR, le processus de composition de ce nouvel album et parler aussi un peu de l’avenir du groupe qui est plus motivé que jamais… mais pour le moment à l’arrêt.

– PURE REASON REVOLUTION est de retour après huit ans de silence, et « Hammer And Anvil » il y a dix ans. Pourquoi une si longue absence ?

Revenons un peu en arrière. En 2011, nous pensions que le groupe allait continuer sur sa lancée. Et nous avions aussi tous envie de nous investir dans différents projets, et c’est ce que nous avons fait. J’ai alors déménagé à Berlin, et j’ai commencé à travailler sur Bullet Height. Une fois ce cycle achevé, j’ai d’abord fait une pause et je suis retourné en studio. Ce qui s’est passé, c’est que ce qui ressorti des démos ne ressemblait pas à Bullet Height. C’était beaucoup plus Progressif et très proche de PRR. Et au fur et à mesure que j’avançais sur le matériel et que je le développais, je me suis rendu compte que cela ressemblait vraiment à PRR. J’ai donc contacté Chloë en lui demandant ce qu’elle pensait de l’idée de reformer le groupe. Elle avait aussi travaillé avec Tiny Giant et fait des concerts entre temps. Elle a trouvé l’idée excellente, et nous revoilà… entre autre !

– « Eupnea » vient de sortir et vous effectuez un brillant come-back. Depuis combien de temps est-ce que vous travailliez sur cet album ?

Je dirai que ça nous a pris environ un an, depuis les premières démos jusqu’au mix final. Et nous sommes désormais décidés à prendre un bon rythme et faire des dates dès que possible. Et cette fois, nous n’attendrons pas dix ans !

– Est-ce que vous étiez dans un état d’esprit différent pour ce nouvel album, car beaucoup de monde, notamment les fans, attendaient votre retour ?

Pas vraiment, car nous savons que nous avons une superbe et fidèle fan-base, qui était très impatiente d’écouter de nouveaux morceaux. Je pense que la direction très naturelle prise sur « Eupnea » a été une belle surprise pour les fans, et nous sommes très touchés par l’accueil reçu.

– Sur ce nouvel album, on a le sentiment que vous avez épuré votre registre en le rendant aussi plus tranchant, plus incisif et même assez Metal dans les guitares. Vous avez cette impression d’avoir durci le ton ? 

Nous avons toujours eu des influences allant de NIN à Tool ou Bring Me The Horizon. J’ai d’ailleurs travaillé sur quelques remixes pour eux. Pour « Eupnea », on voulait quelque chose de plus massif, de plus heavy, de plus extrême… et on espère que vous aimez ! 

– Il y a un travail incroyable effectué au niveau vocal. Vous semblez avoir trouvé votre propre espace tous les deux et votre complicité est évidente. Tu as le même sentiment ?

Merci beaucoup ! Sur ce nouvel album, je me suis vraiment efforcé de faire ressortir nos particularités vocales respectives. C’est quelque chose qui manquait sur l’album précédent. Les voix sont plus « solos » par moment avec une piste centrale qui donne la direction. On obtient du coup plus d’harmonies tout en gardant un aspect très brut, ce qui est très important. Nous sommes très influencés par Fleetwood Mac, les Beach Boys et Crosby, Stills, Nash and Young pour ce qui est des harmonies vocales. Et personnellement, j’aime beaucoup les chanteurs Brian Wilson et Billy Corgan.

– PRR reste toujours aussi mélancolique et aérien, et c’est encore évident sur vos nouveaux titres. C’est définitivement la signature du groupe ?

Nous avons juste suivi notre processus créatif sans nous fixer de limites, ni de frontières et sans restriction. Dans notre musique, il y aura toujours des choses qui prévalent sur d’autres. Les harmonies vocales, la structure et les mélodies inhabituelles de nos chansons sont quelque chose que l’on retrouve sur tous nos albums. C’est peut-être notre signature, en effet. La mélancolie des textes se glisse aussi dans une certaine mesure, mais toujours en équilibre avec la positivité, la passion et l’espoir.

– « Eupnea » est sorti au début de la crise du Covid-19. Comment vivez-vous la situation et le fait que vous ne pourrez pas défendre votre album sur scène dans l’immédiat ?

Nous sommes heureux que l’album soit sorti juste à temps, et j’espère qu’il apporte un peu de réconfort durant ce confinement. Pour le moment, je vais au studio tous les jours mais j’ai beaucoup de mal à me concentrer. L’incertitude actuelle provoque un sentiment d’étrange décomposition. J’ai aussi du annuler des sessions d’enregistrement en avril, et je devais également m’envoler pour Portland, Oregon, quelques semaines. On se sent vide. Tous nos festivals de cet été ont été annulés et c’est une grande déception. Pour le moment, cela n’a pas encore d’impact sur nos dates d’octobre, mais attendons de voir…

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Hard Rock Heavy metal Rock

Phil Campbell And The Bastard Sons : family rock

L’héritage paternel de l’ancien compagnon de route de Lemmy parait avoir été parfaitement assimilé par ses trois bambins. En effet, PHIL CAMPBELL AND THE BASTARD SONS livre un deuxième album aussi énergique que vivifiant. Des riffs à la pelle et un groove exemplaire font de « We’re the Bastards » un bien bel album.

PHIL CAMPBELL AND THE BASTARD SONS

(Nuclear Blast)

« We’re the Bastards »

Réunion de famille ! Après une petite excursion en solo l’an dernier (« Old Lions Still Roar »), l’ancien guitariste de Motörhead a rappelé ses rejetons pour ce nouvel album avec ses BASTARD SONS. Entouré de Todd (guitare), Tyla (basse), Dane (batterie) et l’ami de la famille Neil Starr (chant), PHIL CAMPBELL renoue avec un Hard Rock moins brut de décoffrage qu’avec son ancien groupe, mais tout aussi percutant.

Moins rugueux mais toujours aussi énergique, le faiseur de riffs ne ralentit pas la cadence et se montre toujours aussi costaud (« Son of a Gun », « Riding Straight to Hell », « Hate Machine »). Très Hard Rock dans l’ensemble, PHIL CAMPBELL AND THE BASTARD SONS ne manque pas de groove et la petite famille envoie du bois.

Grâce à la polyvalence de son chanteur, « We’re The Bastards » multiplie les ambiances passant d’un Stoner Blues bien huilé (« Desert Song ») à un Punk Rock endiablé (« Destroyed ») et au Heavy Metal (« Lie to Me »). PHIL CAMPBELL AND THE BASTARD SONS régale et semble décidé à ne pas s’endormir sur ses lauriers. Et le titre de l’album résume à lui seul l’état d’esprit du combo.

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Hard Rock Rock

American dream

Musclé et délicat à la fois, ce premier album d’OCEAN HILLS sent la Californie à plein poumons. Sous l’impulsion de son emblématique chanteur, le quintet livre des morceaux qui restent gravés et « Santa Monica » marque la très belle entrée en matière des Américains.

OCEAN HILLS

« Santa Monica »

(AFM Records)

Voici un album pêchu et positif qui fait du bien en ces temps moroses ! Après avoir passé 25 ans au service du Hard-Core mélodique d’Ignite, des passages chez Pennywise et les Misfits, Zoltán Téglás a tourné la page et entre deux prestations cinématographiques se range sous la bannière d’un Rock US efficace et avec tout l’art de la mélodie qu’on lui connait. OCEAN HILLS est une vraie respiration, qui donne la banane.

C’est vrai qu’on n’attendait pas le chanteur dans ce registre pas si éloigné de Nickelback, Sevendust ou Avenged Sevenfold, mais il faut reconnaître que vocalement, il fait bien plus que de s’en sortir (« Santa Monica », « Angel Wings », « A Separate Death »). Le Rock Alternatif des californiens est carrément addictif et le quintet se fait aussi fougueux qu’accrocheur. OCEAN HILLS en a sous le pied.

Composé par l’ensemble du groupe, il dégage de ce premier album une réelle joie et un esprit de corps qui débouchent sur des compos solides, entraînantes et très fédératrices. Le guitariste soliste, Peter Lukacs s’en donne à cœur joie, distillant des solos millimétrés et tout en feeling (« Bound », « Like A Lady »). Et l’énorme prestation vocale de Zoltán Téglás vient confirmer qu’il faudra dorénavant compter sur OCEAN HILLS.

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France Progressif Rock

Une légende à écrire

MORGAN MARLET

Cette nouvelle décennie, MORGAN MARLET l’entame en franchisant un cap avec un très bon premier album solo, « LégendeS ». Bâti sur les musiques et quelques textes des opéras-Rock du Nantais Alan Simon, le chanteur y a apporté une touche toute personnelle. Et ce beau résultat est le travail d’une équipe de professionnels très soudée.

C’est en breton que MORGAN MARLET a souhaité interpréter une grande partie du disque, offrant une couleur très nouvelle et inédite à l’ensemble. Grâce à une production irréprochable et très actuelle, « LégendeS »  explore des registres qui vont du Rock à la chanson, avec des sonorités Progressives et parfois bluesy.

– Après avoir écumé de nombreuses scènes avec de multiples formations, d’où est venue l’idée d’un album solo ? Les groupes dans lesquels tu joues ne suffisaient pas ?

Il y a très longtemps que j’espérais enregistrer mon album solo. Comme tu le dis, j’ai participé à beaucoup de projets divers et variés. C’est toujours un plaisir de retrouver les amis avec lesquels je joue, pour certains depuis plus de 30 ans. Mais sortir un album en son nom propre, c’est autre chose. C’est un sentiment différent, on y met beaucoup de soi, c’est un investissement humain très important. Mais je savais que j’allais m’engager dans une telle aventure un jour.

L’ensemble de « LégendeS » est constitué de morceaux des opéras-Rock d’Alan Simon. Comment ce choix, et celui des morceaux, se sont-ils faits et pourquoi ne pas en avoir écrit de nouveaux ?

Après la première de « Chouans », Alan et moi étions invités à Minsk, en Biélorussie, pour l’anniversaire de son chorégraphe Nikolay Androsov. J’ai eu la chance d’y chanter des extraits d’« Excalibur » et de « Tristan & Iseult » et, bien sûr, un titre de « Chouans ». C’est ensuite que nous avons émis cette idée. Alan m’a proposé de choisir parmi les titres que j’aimais, et nous nous sommes tous les deux mis très vite d’accord sur une première sélection. Il a été question de les réécrire en français, car ils sont en anglais. Je lui ai tout de même demandé s’il avait un inédit à m’offrir… Il m’a alors fait parvenir un titre au piano: « The Tears ». L’autre inédit est signé Ronan Le Quintrec, avec qui nous nous étions promis de travailler ensemble un jour. C’est chose faite avec le magnifique morceau qu’il m’a offert : « Compagnon de Bordée ».

– D’où vient le choix de réécrire et de réadapter ces morceaux en breton ?

J’avais envie de faire figurer les deux tires que j’interprète dans « Chouans » (dans le rôle de Georges Cadoudal – NDR) : « L’Appel de Cadoudal » et « Mon Petit Frère ». Mais je ne voyais pas l’intérêt de les reprendre en l’état. En lisant une chronique du spectacle, le journaliste regrettait que Georges Cadoudal ne chante pas dans sa langue maternelle… J’ai eu un déclic immédiat, et j’ai proposé à Alan l’idée de les ré-enregistrer en Breton. Il a aussi trouvé cette opportunité intéressante, puis m’a suggéré d’en chanter d’autres. N’étant pas bretonnant, il me fallait donc être coaché pour apprendre, non pas à parler breton, mais savoir l’interpréter. J’ai donc sollicité Enora de Parscau, qui a rapidement accepté, puis traduit et adapté six des onze titres du disque. Elle m’a ensuite enseigné la manière de prononcer et de chanter les morceaux, et le résultat est au delà de mes espérances.

Chanter en breton n’est pas le choix le plus évident. Qu’est-ce qui diffère le plus d’avec le français ou l’anglais, et est-ce qu’il se marie facilement à un registre actuel ?

C’est une autre langue ! Pour ma part, j’ai toujours été baigné dans cet univers, puisque mes grands-parents parlaient breton. Mon arrière grand-mère maternelle ne s’exprimait qu’en breton. J’avais quelques prédispositions pour m’atteler à un tel exercice, Enora me l’a confirmé et nous avons travaillé sur la prononciation, les subtilités de la langue et ses difficultés. J’ai ressenti beaucoup d’émotion et de fierté à réussir cette épreuve. Concernant le mariage avec un registre actuel, il m’apparait comme un complément important pour un chanteur qui aime sa région. Intégrer une forme d’héritage culturel dans un projet musical n’est pas anodin. C’est un choix presque naturel et réfléchi, et pas pour faire joli ou amuser la galerie ! Ensuite, il y a le plaisir de découvrir le résultat de ce travail et là, ce fut une bonne surprise, à tel point que je m’ennuie presque lorsque je passe du breton au français…

– Sur « LégendeS », il y a aussi un titre que tu signes, « L’Ordalie ». Peux-tu en dire plus sur ce morceau ?

C’est presque un concours de circonstance. Alan étant très occupé, j’ai pris l’initiative d’écrire des textes, un exercice que j’avais abandonné depuis longtemps. J’ai demandé à Marine Dehy, une amie dont j’adore la plume, d’esquisser des idées de paroles sur quelques instrumentaux. Ce titre ne devait pas figurer initialement sur le disque, mais j’ai adoré le thème et j’ai trouvé qu’au final, une fois enregistré ça sonnait plutôt bien. Et Alan a aussi accepté ce choix.

Après cette belle expérience, est-ce qu’écrire et composer entièrement un album te démange-t-il ?

Bien sûr, même si je suis vraiment très fier de « LégendeS ». Un album où l’on partirait de zéro, et où il faudrait tout écrire et composer, c’est une toute autre aventure. Au départ, je me demandais bien à quoi pourrait ressembler cet album au final. Il a évolué au fil du temps, et a pris une toute autre couleur que celle initialement prévue.

Parlons un peu des nombreux invités figurants sur l’album. Comment cela s’est-il passé en studio, quel est était l’objectif premier et comment se sont faites ces rencontres ?

Qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit bel et bien d’un album de reprises de titres existants, du moins neuf sur onze. Les parties instrumentales ont été conservées. Bien que les morceaux originaux aient subi un nouveau traitement audio, aient été améliorés par un nouveau mastering, nous n’avons changé que les paroles. Les six titres en breton sont des traductions assez fidèles, et les chansons ont gardé leur signification, ce qui n’est pas le cas des trois autres chantées en français dont les thèmes ont changé. Donc, malgré le fait que je partage parfois la scène avec des artistes comme John Hellywell (saxophoniste de Supertramp) pour ne citer que lui, il n’y pas eu d’interventions autres que celles des musiciens avec qui j’ai travaillé sur l’enregistrement de « The Tears ». Il s’agit de Patrick Boileau à la batterie, Bernard Clémence à la basse, Jean-Noël Rozé au piano, John Chaussepied à la guitare acoustique, électrique et pedal steel. En ce qui concerne l’autre titre enregistré en studio, Ronan Le Quintrec (Ronan One Man Band) est venu jouer ses propres parties de guitare, et Jean-Noël Rozé a posé quelques jolies nappes de claviers pour donner une ambiance spécifique à « Compagnon de Bordée ». Ronan m’a fait cadeau de ce morceau, et je lui en suis très reconnaissant car j’apprécie autant l’artiste que le bonhomme !

Pour conclure, que gardes-tu comme souvenirs les plus marquants, et qu’est-ce qui t’a le plus enrichi lors de l’enregistrement de « LégendeS » ?

Avant toute chose, je tiens à souligner l’énorme travail accompli par Patrick Boileau car, outre le fait qu’il soit un batteur extraordinaire, c’est lui qui m’a dirigé artistiquement. Il est ingénieur du son, à la tête du studio « Blue Field ». Sa sensibilité et son professionnalisme m’ont beaucoup aidé à construire ce disque. Il m’a apporté des solutions, y compris dans l’harmonie de certains chœurs, quand parfois j’étais à court d’idées. Son travail d’enregistrement et de pré-mixage ont permis à Marco Canepa, autre ingénieur du son italien, de me proposer un mixage et un mastering réalisés en un temps record ! Enora, quant à elle, m’a donné des clefs importantes et une précision nécessaire pour bien appréhender le travail de studio sereinement. Lorsqu’Alan a pu se libérer pour venir écouter les premières mises à plat, il a été immédiatement emballé par la nouvelle version de ses morceaux. Bernard, John et Jean-Noël, tour à tour, sont venus faire leurs prises pour donner vie au titre « The Tears », arrangé sur place et finalisé en Italie par Marco, qui a posé des parties d’orgue Hammond avant le mixage final. C’est donc bien un travail d’équipe, dont j’ai adoré toutes les étapes de la création. Souvent, nous nous regardions sans même parler et nos sourires en disaient long sur le plaisir que nous ressentions durant ces moments. Il faut le vivre pour comprendre à quel point on s’investit dans ce genre de projet, à quel point on donne ce qu’on a de meilleur. Aujourd’hui, c’est une autre aventure qui commence, car il va falloir défendre ce disque. Nous avons entamé une série de répétitions pour préparer le concert de présentation de l’album le 29 février à la salle Océanis à Ploemeur (56). Nous espérons réunir une belle assemblée pour fêter la sortie de « LégendeS » avec un plateau où d’autres invités nous rejoindront, et dont Ronan One Man Band assurera l’ouverture. A galon !

Billetterie et « Légendes » disponibles sur le site du chanteur : www.morganmarlet.art

(Photo : Autre regard… Photographies)

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Hard Rock Rock

French Power Rock

Avec « Invasion », MISS AMERICA vient jeter un sacré pavé dans la marre du Rock français. Les 12 titres costauds, plein d’émotion et un brin bluesy du quatuor affichent une belle solidité et une inspiration de chaque instant. Un premier album véritablement accompli.

MISS AMERICA

« Invasion »

(Independant/PIAS France)

Comme is le dissent eux-mêmes, les Azuréens ont fait une Spinal Tap ! Après des mois de travail, MISS AMERICA avait prévu (et ils l’ont fait !) de sortir leur premier album « Invasion » le 13 mars dernier. Sauf que… on connait la suite. Qu’à cela ne tienne, ce nouvel opus est bel et bien sorti et il vient solidement poser une belle pierre à l’édifice du Rock hexagonal. Et au-delà d’une interprétation exemplaire, le groupe offre de belles surprises.

Dans un registre très anglo-saxon et dans la langue de Shakespeare, MISS AMERICA distille un Rock massif qui empreinte autant aux Rolling Stones qu’à Led Zeppelin et avec une touche très singulière. Musclé sur « Sextasy », « Just Push Play », « Don’t Take It Bad » et « Pocket Riot », le quatuor joue sur les émotions avec « Sometimes » dans la veine d’un Joe Cocker vocalement, ou sur le très Country et Southern « Song For Ronnie Hawkings ».

Et chose remarquable, le groupe joue aussi la carte de la parité avec la solide rythmique féminine composée d’Anso Ambroisine (basse) et Laëza Massa (batterie). Dimitri Walas (guiatre) et Tommy Roves (guitare, chant, harmonica) guident l’ensemble à grand renforts de riffs efficaces et plein de feeling (« Fame Seeker », « Stadium », « Another Day »). Aussi lumineuse que puissante, la production d’ « Invasion » hisse MISS AMERICA au rang des groupes sur lesquels il va falloir compter dorénavant.

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Blues France Hard Rock Rock

Laura Cox : French queen of Southern Blues [Interview]

Le 16 octobre dernier, la guitariste et chanteuse LAURA COX se produisait dans la salle Cap-Caval de Penmarc’h pour le plus grand bonheur du public. La musicienne s’est montrée généreuse et aussi ravie que le public venu l’écouter. Après l’annonce du couvre-feu dans les grandes villes, c’était l’occasion de faire un point sur la triste situation que vit le monde du spectacle.

Photo : François Alaouret

LAURA COX

– On va commencer par la sortie de « Burning Bright » paru en novembre dernier, soit il y a presqu’un an. Après la promo d’usage, tu avais commencé la tournée avant que tout ne cesse en mars. Comment as-tu vécu cette période ?

Au début, je me suis dit que ça n’allait pas nous faire de mal, qu’on aurait un peu de temps pour bosser. J’avais aussi plein de compos en attente et des tas de choses à faire. Je me suis dit que j’allais me concentrer là-dessus. J’étais assez contente mais j’ai commencé à vite perdre patience et même perdre de la motivation. J’étais confinée toute seule chez moi et je ne voyais personne. J’ai fait beaucoup de guitare les deux premiers mois, et ensuite j’avais juste envie de sortir prendre l’air. Après le confinement, j’ai fait beaucoup de surf et du skate. Le déconfinement n’a pas changé grand-chose puisque les concerts n’ont pas repris. Encore aujourd’hui, tout n’a pas repris. C’est un peu dépriment, mais il faut essayer d’être un peu imaginatif et créatif pour trouver d’autres angles d’attaque pour s’en sortir et arriver à monter des choses envisageables dans les conditions actuelles.

– Puis, ça a été le tour des festivals. Même si l’album a eu quelques mois de bonne visibilité, comment t’es-tu organisée ensuite pour continuer à le faire vivre ?

Le principal pour moi est de jouer l’album sur scène. Après, il n’y a pas grand-chose à faire d’autre. J’ai fait quelques interviews pour des médias américains et des tutos destinés aux guitaristes. Cet album s’est vendu comme il a pu pendant trois mois avant le confinement. La situation est la même pour tout le monde. On va continuer les compos et essayer de sortir un nouvel album quand on sera prêt. Malheureusement, je crois que le Covid a tué le deuxième album (sourires).

– A l’heure actuelle, comment mesures-tu l’impact du Covid sur ton album du fait qu’il ait été si peu défendu sur scène ?

J’ai un peu de mal à savoir. On a eu pas mal de dates en novembre et décembre, et ensuite il y a eu un gros trou entre janvier et février. Je suis partie au NAMM à Los Angeles avec Gibson en janvier. Ca a repris en mars avec une petite tournée en Espagne dans des petits clubs. Ensuite, on a eu une date en Allemagne le 13 mars et plus rien jusqu’en juillet. Avec le groupe, on n’a pas l’habitude de rester sans jouer, et il faut donc qu’on se réhabitue aussi à ça.

– Certaines dates, dont celle de ce soir, ont pu être maintenues. Avec le couvre-feu annoncé dans certaines régions, les concerts risquent fort d’être à nouveau annulés. Comment vis-tu ce nouveau coup dur ?

On a quelques dates dans des petites villes, hors des grosses agglomérations. Tout reste encore très indécis, parce que certains programmateurs vont essayer de décaler les heures pour peut-être jouer l’après-midi le week-end. Pour le moment, c’est très flou. On a déjà des dates annulées et pour le reste, on va attendre. On va continuer à travailler et apprécier le peu de concerts qu’il y a.   

– On parle souvent, à juste titre, de l’énergie entre un artiste et son public en concert. Qu’est-ce qui change principalement devant une salle assise et masquée ?

Ca nous est déjà arrivé de jouer dans des salles assises. Ce n’est pas ce que je préfère car pour du Rock, ce n’est pas très approprié. Il y a un peu moins d’énergie qui passe, mais au point où on en est, je suis très contente que les gens soient là ! (Rires) Ca se voit dans les yeux quand ils sont contents et souriants. Et qu’ils se soient déplacés nous ravit. C’est sûr que ça ne vaut pas un concert avec une fosse blindée debout, mais vu la situation actuelle, je suis déjà très contente que ça puisse avoir lieu.  

– Pour conclure, et même s’il est difficile de se projeter, comment envisages-tu les mois à venir ? Se remettre à l’écriture à défaut de pouvoir se produire sur scène ?

On va travailler les nouveaux morceaux et il va falloir voir si la maison de disque nous suit. Car sans concert, on ne défend pas un album. Alors, est-ce qu’ils seront d’accord de nous suivre pour un nouveau disque, ce n’est pas dit non plus. Et puis, je vais également faire revivre ma chaîne YouTube que j’ai un peu délaissé depuis qu’on est avec le groupe. Et comme on a moins de choses à faire, pourquoi ne pas poster un peu plus de contenu Internet, chose que je ne faisais plus depuis un certain temps ? Et puis, trouver des idées peut-être pour des concerts privés ? Il va falloir réfléchir en tout cas.

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Hard Rock Rock

Signature sonore retrouvée

Quatre ans après « Gore » qui n’avait ni conquis ni convaincu grand monde, DEFTONES revient avec un album digne de ce nom. « Ohms » est aussi puissant que mélodique et vient confirmer toute la force et l’inspiration du combo californien.

DEFTONES

« Ohms »

(Reprise Records)

« Ohms », c’est d’abord et surtout le retour du son originel de DEFTONES. Pour leur neuvième album, les Californiens ont fait appel à Terry Date, producteur de leurs quatre premiers disques. Et des années plus tard, on retrouve cette même signature sonore (actualisée) qui a rendu le groupe incontournable. 

Avec un mix carré, profond et organique, il ne manquait qu’à Chino Moreno et sa bande de confirmer cette bonne entrée en matière avec de nouvelles compos dignes du DEFTONES de la grande époque. Et c’est chose faite puisque « Ohms » est à classer parmi les grands albums des Américains.

Passant du chant clair au scream avec brio, le frontman semble plus que jamais guidé par les riffs massifs de Stephen Carpenter (« Pompeji », « Urantia », « The Spell of Mathematics »). Entre sonorités mélancoliques et rageuses, le combo déroule avec puissance des compos très pêchues (« This Link is Dead », « Ohms »). DEFTONES est de retour, qu’on se le dise !  

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France Rock Stoner/Desert

Sur la même longueur d’onde

COFFEE AT NINE

Organique et puissant, ce premier EP éponyme de COFFEE AT NINE  montre une maturité étonnante. Le trio montpelliérain fait preuve d’originalité dans un registre Desert Rock aux accents Stoner et Grunge.  

– Commençons par votre rencontre. COFFEE AT NINE est une aventure très récente…

Nous nous connaissons déjà depuis quelques années, on s’est rencontrés à l’école de musique où nous faisions nos études. Chacun de notre côté, nous avions nos vies et nos projets, jusqu’à que nous fassions notre premier concert en mars 2019. En nous jouions ensembles depuis trois semaines. Pour l’histoire, le groupe avait un premier line-up, sous un autre nom, et c’est l’été dernier que nous avons adopté ce nouveau nom, que nous avons choisi ensembles, et qui nous correspond.

– Quelques mois après votre formation, vous enregistrez déjà un premier EP. Votre complicité et votre complémentarité ont fait des étincelles dès le départ ?

Ça a très bien marché entre nous, dès le départ ! Après nos deux premiers concerts, nous nous sommes retrouvés autour de quelques jams et bières… On prend un réel plaisir à jouer ensemble et il faut dire que ça nous a rendu particulièrement productifs. Nous sommes vraiment sur la même longueur d’onde.

– Vous avez décidé de sortir un EP après quelques mois. Vous étiez trop impatients pour attendre un album complet ?

Dans un premier temps, faire un EP, ça nous a permis de dévoiler notre musique assez rapidement, mais aussi de pouvoir se concentrer sur un nombre minimum de morceaux afin de les optimiser pour qu’ils aient vraiment le rendu qu’ils ont aujourd’hui. Avec ça, on a pu aussi cristalliser la spontanéité du moment. On s’était formés quelques mois auparavant, et cet EP est le témoin de trois potes qui se régalent bien jouer ensemble !

– COFFEE AT NINE a un son très personnel nourri de Desert Rock et de Grunge. Ce sont ces influences (et quelles sont-elles ?) qui vous ont rapproché au moment de fonder le groupe ?

Ce sont effectivement ces influences, c’est aussi cette veine musicale des années 90 qui nous correspond musicalement. On recherche toujours quelque chose de simple, plein d’énergie et qui nous parle avec une certaine fougue. On a tous des influences diverses, allant du Metal, au Jazz et au Rock moderne. Mais c’est le son de cette période qui marche pour nous. Je pense que dans cet EP, on peut entendre des choses comme Alice In Chains, Fu Manchu, QOTSA, Soundgarden…

– Vos morceaux sont à la fois massifs et percutants et pourtant vous mettez également l’accent sur les mélodies et les refrains. Comment faites-vous la jonction entre la puissance et les harmonies ?

En gros, l’idée c’est « on veut des riffs bien épais et des refrains accrocheurs pour que tout le monde puisse s’éclater avec sa bière en concert ». On part du principe qu’on a envie de traduire notre intention dans la musique, et le partager sur scène, et de faire la fête avec les gens qui viennent nous voir. Sur cet EP pour le son, c’est Simon Pillard du Buèges Valley Recording Service, qui s’est occupé de la production de A à Z. Il a fait un travail aux petits oignons, et a su rester fidèle à ce que nous voulions.

– L’adage veut qu’il n’y ait pas de meilleure formule pour le Rock que le power trio. C’est aussi votre sentiment et le line-up le plus efficace pour ce type de musique, selon vous ?

C’est vrai qu’à trois ça fonctionne très bien, on se connait assez pour parfois lâcher les rênes en concert, écrire des morceaux et avoir les mêmes idées, et puis il faut le dire, on a fatalement plus de bières quand on est trois que quatre ! On n’a jamais vraiment réfléchi à un membre en plus, qui sait à l’avenir… Quoique non en fait !

– Malheureusement, votre EP est sorti en plein confinement. Comment avez-vous vécu la situation et comment envisagez-vous l’avenir, même si les concerts ne reprendront pas avant un moment ?

Comme tous les artistes, la situation actuelle n’est pas facile. Effectivement, on ne sait pas quand on va pouvoir retourner sur scène. Nous devions défendre notre EP en avril le jour de sa sortie, mais ça été évidemment compromis. Il en a été de même pour le tournage du clip que nous devions démarrer à cette période. Donc, on en a profité pour explorer de nouvelles idées, on va se concentrer sur l’écriture de nouveaux morceaux, et faire en sorte de partir tourner l’an prochain. On ne lâche rien et de toute façon, on est trop borné pour ça !

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Black Stone Cherry : Kentucky rules

Quoiqu’on en dise et malgré le contexte, 2020 ne pouvait se faire sans un nouvel album de BLACK STONE CHERRY. Et « The Human Condition » se pose comme une évidence. Ce huitième album du combo du Kentucky vient mettre du baume au cœur.

BLACK STONE CHERRY

The Human Condition

(Mascot Records)

Le retour du gang du Kentucky en 2020 était plus qu’improbable sur le papier. Et pourtant, ils l’ont fait et de quelle manière ! Et dès « Ringin’ In My Head », le refrain puis le solo vous sautent autant en plein tronche. Ensemble depuis 19 ans quand même, BLACK STONE CHERRY donne une belle leçon de Rock’n’Roll et montre que le Southern a plus que de la ressource.

Robertson et sa bande se sont enfermés dans le studio de leur bassiste, Jon Lawhon, pour y concevoir ce nouvel album, tout en émotion et qui porte un regard lucide sur la situation actuelle. Ne serait-ce que la voix ensorceleuse et chaude est à même de rassembler les plus sceptiques. BLACK STONE CHERRY ne lâche rien.

Entre Southern Blues et Alternative Rock, le quatuor est toujours aussi réjouissant (« Push Down & Turn », « The Chain », « Some Stories »). Et les gros riffs pleins de chaleur consoleraient le plus triste d’entre-nous. Bien qu’enfermé, BLACK STONE CHERRY montre aussi un sacré savoir-faire, loin des grosses productions, mais tellement plus authentique et positif.