Après des parcours très remarqués en solo, Susan Tedeschi et Derek Trucks ont fondé le TEDESCHI TRUCKS BAND pour bénéficier d’une liberté totale et pouvoir donner libre-court à leur fertile inspiration. Explorant toutes les facettes du Blues avec talent, le groupe est devenu reconnaissable entre tous et une grande influence pour beaucoup. Aujourd’hui, c’est avec le premier volet d’un album-concept, qui en comptera quatre, « I Am The Moon », que les Américains viennent inscrire un nouvel et flamboyant chapitre à leur discographie.
TEDESCHI TRUCKS BAND
« I Am The Moon – I : Crescent »
(Fantasy/Universal)
C’est en 2010 à Jacksonville en Floride que Susan Tedeschi (guitare, chant) et Derek Trucks (guitare), unis à la scène comme à la ville, ont décidé de fonder le fameux TEDESCHI TRUCKS BAND. Et depuis, le collectif a trois albums live et présente aujourd’hui son cinquième et très ambitieux opus. Collectif, car ce sont 12 musiciens qui forment cette belle famille Blues et Southern, qui se fondent dans un univers également Soul et Rock et dans lequel leur virtuosité et leur feeling atteignent des sommets.
La singularité de « I Am The Moon » réside dans le fait que le groupe va livrer quatre albums répartis en 24 morceaux pour plus de deux heures de musique, et accompagnés par quatre films où l’on peut voir les Américains en studio et en tournée. Autrement dit, ce beau coffret est un ravissement et un incontournable pour tous les fans du TEDESCHI TRUCKS BAND et de ce style aussi créatif que superbement interprété. Et dès ce premier volet, « Crescent », la mise en bouche est déjà belle.
Inspiré par un mythique conte perse, l’ensemble de « I Am The Moon » se présente donc sous la forme d’un album-concept et « Crescent » se montre envoûtant à souhait. Le collectif s’est libéré de toute contrainte artistique pour livrer une partition unique, façon épopée Southern. Sans distinguer de titre en particulier, les 12 minutes de « Pasaquan », qui clôt l’album, sont d’une beauté incroyable et laissent espérer une suite magique signée par le TEDESCHI TRUCKS BAND. Magistral !
Sur un songwriting efficace et une très belle production, « The Sun In The Tenth House » libère tout le talent et le groove de THE BATELEURS avec une énergie incroyable. Originaire de Lisbonne, le quatuor se fond dans un Blues Rock racé et un Classic Rock éprouvé, mariant très habillement la douceur et la puissance des deux styles.
THE BATELEURS
« The Sun In The Tenth House »
(Milanamúsica Records)
Si le Portugal n’a pas la réputation d’être une place forte du Blues Rock, il se pourrait qu’on commence à s’y pencher sérieusement. Depuis son premier EP, « The Immanent Fire » en 2018, THE BATELEURS se forge petit à petit une solide réputation scénique et ce premier album devrait sans mal contribuer à convaincre de nouveaux adeptes. La forte présence de sa chanteuse et la complicité des musiciens font mouche sur chaque morceau.
Entre un Blues Rock bouillonnant et un Classic Rock éternel, « The Sun In The Tenth House » se présente comme la réalisation d’un groupe déjà confirmé et rompu à l’exercice. Masterisé à Nashville par David Gardner dans le studio où ont été façonnés ceux de Rival Sons et de Chris Stapleton notamment, ce premier effort affiche une belle puissance déversée par un quatuor électrique, qui démontre THE BATELEURS sait où il va.
Les Portugais, menés par une Sandrine Orsini impériale au chant, font état d’une inspiration très dynamique et d’une force technique imparable, qui offre une vélocité constante à l’album (« Nine Lives To Waste », « Rise Above The Storm », « Revolution Blues », « Battle Horse » et « Back In The Bayou »). THE BATELEURS envoûte autant qu’il percute avec beaucoup de feeling comme le montre la variété de ses compositions.
Avec son troisième album, le sextet américain met un beau coup de jeune à un Blues Old School pourtant éprouvé. Sur « You Broke Me », GHOST HOUNDS montre une maîtrise, un groove et un feeling incroyables parfaitement interprétés par des musiciens de haut vol. Actuel et Rock dans l’esprit, les bluesmen confirment une identité très personnelle et un son irréprochable.
GHOST HOUNDS
« You Broke Me »
(Maple House Records)
En l’espace de deux albums (« Roses Are Black » et « A Little Calamity ») et un Live, le groupe de Pittsburg en Pennsylvanie s’est taillé une solide réputation sur la scène Blues Rock américaine. Il faut dire que GHOST HOUNDS enflamme les foules grâce à un style à la fois percutant et délicat, où il revisite avec talent et beaucoup de fraîcheur et de modernité le registre de ses aînés.
Moins porté sur le Rock, mais plutôt basé sur un Blues traditionnel, les Américains n’en sont pas moins dynamiques et évoluent dans un répertoire original et relevé. Composé par le guitariste du groupe, Thomas Tull, et le producteur Kevin Bowe, « You Broke Me » a été enregistré dans les conditions du direct. Et si GHOST HOUNDS sonne si authentique et brut, l’album est tout aussi organique et cristallin.
Guidé par la voix émouvante et torturée de Tre Nation, le groupe livre des titres solides, sensibles et se fend même d’une magistrale reprise de « Smokestack Lightning » de Howlin’ Wolf. GHOST HOUNDS se repose aussi sur des guitares tranchantes (« Baby We’re Through », « You Broke Me », « Through Over You », « Lonesome Graveyard »). Plein de punch et de feeling, ce nouvel album est une vraie pépite.
Après avoir évolué auprès des plus grands et récemment au sein de Deep Purple, SIMON MCBRIDE s’offre un nouvel album solo, le quatrième en studio, où il peut enfin s’exprimer pleinement. « The Fighter » est un concentré de haut vol de Rock et de Blues, qui se fond dans un Classic Rock parfois Hard aux saveurs très actuelles et aux guitares acérées.
SIMON MCBRIDE
« The Fighter »
(earMUSIC)
Originaire de Belfast, SIMON MCBRIDE est un musicien plus qu’aguerri qui a fait les beaux jours sur scène d’artistes comme Don Airey et Ian Gillian pour ne citer qu’eux. D’ailleurs, le guitariste remplacera ponctuellement Steve Morse au sein de Deep Purple aux côtés de ses deux complices cette année. Mais aujourd’hui, c’est avec un nouvel album solo, sur lequel il assure aussi le chant, qu’il se présente.
Souvent remplaçant de luxe dans des formations comme Sweet Savage et Snakecharmer, SIMON MCBRIDE a sorti une poignée d’albums solos et « The Fighter » s’avère d’ailleurs le plus personnel d’entre eux. Le six-cordiste y fait notamment la démonstration qu’en plus d’être un très bon chanteur, il est également un songwriter de grand talent. Ses nouveaux titres sont très narratifs dans la forme, tout en restant très Rock.
Redoutable créateur de riffs et distillant des solos millimétrés avec un feeling incroyable, l’Irlandais livre une copie très Rock, voire Hard Rock, et souvent aux frontières du Blues sur ce très bon « The Fighter ». Ancré dans un registre traditionnel, mais jamais passéiste, SIMON MCBRIDE respire un Classic Rock hors d’âge et régale de son toucher si précis (« High Stakes », « Don’t Dare », « The Fighter », « Trouble »).
Etourdissant, frémissant et envoûtant, le Blues mâtiné de Rock de ROBIN TROWER reste d’un feeling et d’un groove imperturbable. Le guitariste anglais, sur qui le temps semble n’avoir aucune prise, vient garnir sa belle et grande discographie avec « No More Worlds To Conquer », un album aussi fin et précis qu’inspiré.
ROBIN TROWER
« No More Worlds To Conquer »
(Mascot label Group/Provogue)
Comment ROBIN TROWER fait-il pour afficher une telle régularité depuis 50 ans au fil de ses albums ? Je n’ai pas souvenir d’un mauvais disque, et pourtant il y en a eu. Le touché incomparable du bluesman anglais fait encore des merveilles sur « No More Worlds To Conquer ». Toujours en trio, il est accompagné de Chris Taggart derrière les fûts et de l’excellent Richard Watts au chant.
Comme très souvent, ROBIN TROWER assure la basse et il impose le rythme et surtout le groove au sein du groupe. Gardant intact la même fraîcheur affichée depuis toute ces années, le six-cordiste se laisse aller et nous berce de son feeling aussi fluide que concis. Et c’est sans exubérance aucune que le Britannique parvient à marier une grande sensibilité avec une belle attaque des morceaux.
Intemporel sur « Ball Of Fire », « Losing You » ou « Cloud Across The Sun », ROBIN TROWER guide se Fender Stratocaster de main de maître avec le doigté plein de précision qu’on lui connait. De riffs endiablés en solos cristallins, le guitariste semble inépuisable et sa créativité sans fin (« Birdsong », « The Razor’s Edge », « Day Dream », « Fire To Ashes »). Du grand art… encore et toujours !
Avec un tel premier album, « Life’s Machine », les Anglais de BRAVE RIVAL n’ont mis longtemps à se faire remarquer. Pour preuve, une première nomination aux UK Blues Awards et un avenir qui s’annonce radieux. Avec ses deux chanteuses et sa batteuse, le quintet affiche une forte empreinte féminine, qui apporte un souffle d’une grande fraîcheur et une belle inspiration entre Blues, Soul et Rock. Chloe Josephine revient pour nous sur les débuts du groupe et l’élaboration de ce premier opus, particulièrement réussi.
– « Life’s Machine » est votre premier album et il a déjà une belle histoire. Alors que vous deviez entrer en studio, la pandémie a tout stoppé et à peine sorti, vous êtes nominés aux UK Blues Awards. Même si vous n’avez pas gagné, BRAVE RIVAL commence de la meilleure des manières, non ?
Ces derniers mois ont été fous. Nous sommes extrêmement reconnaissants d’avoir été nominés pour un Blues Award, d’autant plus que nous n’avions sorti qu’un album live à ce moment-là ! Les choses vont de mieux en mieux pour nous et nous avons hâte de voir où cela va nous mener.
– Vous êtes basés à Portsmouth et le quintet se présente avec deux chanteuses et une batteuse. On dirait que les femmes ont pris le pouvoir chez BRAVE RIVAL. Comment s’est monté le groupe ?
Au départ, le groupe a commencé avec trois femmes dans un registre plus folk. Donna (Peters – NDR) jouait de la guitare, mais son truc était plutôt d’être derrière sa batterie. Nous sentions que les chansons appelaient un groupe complet, et c’est ce que nous avons fait ! Nous espérons vraiment que nous pourrons être une source d’inspiration pour les hommes et les femmes. Beaucoup considèrent sans doute cette industrie comme étant masculine, vu qu’elle est tellement dominée par les hommes. Mais un jour, nous aimerions voir un équilibre se créer.
– Vous avez enregistré « Life’s Machine » grâce à une campagne de crowdfunding. C’est par une volonté d’indépendance, ou est-ce qu’il est devenu de plus en plus difficile de signer un premier album sur un label ?
Nous ne sommes pas contre l’idée d’un label, mais cela ne nous a pas semblé nécessaire pour ce disque. Nous avons une base de fans fantastique, qui voulait nous aider à faire l’album. Et le faire de cette façon nous a offert une totale liberté pour explorer nos idées et la vision de notre musique. Cet album a été financé par nos fans et en fin de compte, il est fait pour eux. Les commentaires que nous avons reçus jusqu’à présent ont été extrêmement positifs et nous ne les remercierons jamais assez, non seulement pour leur soutien, mais aussi surtout pour nous avoir permis de faire le disque.
– Pour ce premier album, vous aviez 50 morceaux et vous en avez gardé 12. Même si « Life’s Machine » dure près d’une heure, vous êtes très prolifiques. D’où vous vient cette créativité débordante ?
Nous nous retrouvons tous constamment à proposer des parties de chansons. Nous avons un lecteur en ligne, où nous mettons toutes nos idées et certaines inspirent d’autres membres du groupe à les développer davantage. Nous les développons ensuite en répétition, lors de jams. Au final, on en a tellement qu’on ne sait plus quoi en faire ! Le défi était de réduire l’ensemble à seulement douze, même si au départ, nous étions censés proposer juste dix morceaux.
– Avec autant de chansons, cela a du être très compliqué de faire des choix, non ?
Absolument. Nous avons beaucoup écrit pendant les confinements et on avait encore plus de choix au moment de l’enregistrement. Il a fallu essayer d’être impartial et de choisir les chansons qui étaient les meilleures pour l’album, plutôt que sur les compositions de chacun.
– J’aimerais que l’on parle du duo que vous formez toutes les deux au chant avec Lindsey. Au-delà d’une grande et évidente complicité qui est l’une des forces du groupe, comment vous répartissez-vous les rôles et de quelle manière écrivez-vous les textes ?
Généralement, l’une de nous propose une partie, généralement avec les paroles et la mélodie. Il y a souvent des trous dans les paroles que l’autre comble. Avoir une deuxième chanteuse pour faire rebondir les idées évite beaucoup de blocages. Quand l’une de nous est coincée, l’autre a généralement quelque chose. Ensuite, on voit là où l’une est meilleure que l’autre. Nous avons des voix très différentes, mais après avoir chanté ensemble pendant si longtemps, nous nous trouvons naturellement.
– Et il y a aussi cette chorale que vous avez créée et enregistrée dans l’église St Mary de Portsmouth. La prestation est superbe. Comment est née cette idée ?
Nous avons toujours imaginé une chorale sur « Long Time Coming », qui est l’une des plus anciennes chansons de l’album. Nous voulions que la chorale soit le point culminant du morceau. Comme nous avions réservé la chorale pour une soirée complète à l’église, il était logique de les faire également jouer sur quelques autres chansons. D’ailleurs, « Break Me » a été complètement métamorphosé grâce à elle.
– Par ailleurs, cette production très organique est incroyable pour un premier album et le mastering signé Katie Tavini est excellent. BRAVE RIVAL est décidemment une histoire de femmes. Cette collaboration était importante pour vous au-delà de l’artistique, dont la qualité est incontestable ?
Absolument ! Notre producteur, Tarrant (Shepherd – NDR), avait travaillé avec elle auparavant, et nous avons été tellement impressionnés par son travail que nous lui avons demandé si elle serait intéressée. Elle nous a vraiment plu, parce que non seulement elle est géniale dans ce qu’elle fait, mais nous avons pensé qu’il était important de travailler avec d’autres femmes dans cette industrie autant dominée par les hommes, en particulier dans le secteur de la production.
– Sur l’album, il y a aussi un aspect très Rock qui dépasse le Blues. Vous mariez la slide avec des riffs très costauds. Dès le départ, vous vouliez que BRAVE RIVAL puisse évoluer dans un spectre musical très large ?
Nous avons tous des goûts musicaux différents, qui vont du Rock à la Soul en passant par la Folk et le Blues. BRAVE RIVAL est l’aboutissement de toutes ces influences. Nous n’avons jamais pris de décision consciente, mais c’est arrivé comme ça. Le Rock est une caractéristique claire pour nous, donc je suppose qu’il est naturel que ce soit quelque chose de très présent. D’ailleurs, « What’s Your Name Again ? » est la chanson préférée de nos fans !
– Pour conclure, j’ai une question sur votre style et votre son. A l’écoute de « Life’s Machine », il est difficile de déceler l’origine de votre jeu. BRAVE RIVAL garde un pied dans le British Blues, tout en montrant de nombreuses influences américaines. C’est cette synthèse que vous souhaitiez faire dès le début ?
On en revient encore une fois à nos influences. Beaucoup de chansons ont été écrites en acoustique et cela apporte naturellement une influence Folk. D’autres commencent par un riff de guitare et est naturellement plus Rock. Cela ne ressemble à BRAVE RIVAL que lorsque nous jouons tous ensemble, car c’est là que ‘notre’ son ressort. Il est difficile de dire d’où il vient, mais je suppose que c’est ce qui rend chaque groupe unique.
L’excellent album de BRAVE RIVAL, « Life’s Machine », est disponible sur le site du groupe : www.braverival.com
Que celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore le guitariste et chanteur NEAL BLACK se précipitent sur ce double-album qui, en plus de compiler quelques uns de ses meilleurs morceaux, proposent une seconde partie entièrement inédite et enregistrée au fil de concerts donnés en Europe. Le Texan fête 30 ans de carrière de la plus belle manière qui soit, et sur le label français Dixiefrog !
NEAL BLACK & THE HEALERS
« Wherever The Road Takes Me »
30 Years – Best Of Collection
(Dixiefrog/Pias)
J’ai pour habitude de ne jamais chroniquer les compilations et Best Of en tout genre, mais celui-ci a ceci de particulier qu’il présente un second CD inédit constitué d’enregistrements live captés en France et en Allemagne. Et cela valait bien que l’on dise un mot sur les prestations scéniques de NEAL BLACK AND THE HEALERS, qui sont toujours d’une explosivité et d’un feeling incroyables. Et puis, en 30 ans de carrière, le Texan a enregistré 13 albums pour le label Dixiefrog, alors ne pas honorer l’artiste-maison phare aurait été malvenu.
La première partie de « Wherever The Road Takes Me » compte 18 morceaux sélectionnés par l’Américain et qui retracent les nombreuses étapes de sa carrière. Car NEAL BLACK est un baroudeur. Débuté au Texas dans les années 80, puis à New-York la décennie suivante et ensuite au Mexique pour finalement s’installer en France, le parcours du chanteur-guitariste se retrouve dans ses titres, qui sont autant d’histoires, comme en regorge le Blues et ce qui fait d’ailleurs sa spécificité. Un perpétuel voyage fait de rencontres…
Alors, bien sûr, les HEALERS se sont succédé au fil du temps et des lieux, et pourtant NEAL BLACK garde ce son si particulier et une unité artistique indéfectible. S’amusant à alterner ses propres compositions avec des reprises très personnelles de Robert Johnson, Etta James, de Johnny Nash et son incontournable « I Can See Clearly Now » ou du grand Mud Morganfield, comment ne pas succomber à la patte de l’artiste ? Ces huit titres live sont d’une intensité, dont le bluesman forge ses concerts. Alors, rien que pour cela…
Plus que jamais, le duo Blues Rock américain transcende les styles et les générations grâce à un registre très personnel et un travail sur le son hors-norme. Depuis une dizaine d’années, THE BLACK KEYS construit un bel édifice sur lequel « Dropout » vient poser une nouvelle et belle pierre. Le duo américain régale… une habitude !
THE BLACK KEYS
« Dropout Boogie »
(Nonesuch records)
Depuis leurs deux derniers albums, « Let’s Rock » et « Delta Kream », THE BLACK KEYS est fortement remonté dans mon estime, grâce à une liberté artistique phénoménale. C’est donc un peu fébrile que je m’attends à une suite aussi relevée. Et « Dropout Boogie » répond parfaitement à mes attentes, tant le duo d’Akron dans l’Ohio fait parler la poudre sur un Blues Rock, dont il a le secret. Heureux je suis, donc.
Dan Auerbach et Patrick Carney restent sur des fondamentaux bien maîtrisés, et ont même invité Billy Gibbons, Angelo Petraglia de Kings Of Leon et Greg Cartwright de Reigning Sound à se joindre à leur petite fête. THE BLACK KEYS s’offre une balade entre fuzz et groove avec la fougue et le côté roots, qui forgent ce style si particulier. Autant dire que « Dropout » est aussi brillant que ses prédécesseurs.
Epais et assez Old School, ce nouvel album contient dix titres aussi inspirés les uns que les autres, et la chaleur et la puissance de la production doivent sûrement beaucoup au lieu de l’enregistrement : Nashville, Tennessee. Fun sur « Your Team Is Looking Good », sombre sur « Good Love », percutant sur « How Long » et plus doux sur « Didn’t I Love You », THE BLACK KEYS sait tout faire et on redemande.
THUNDER fait partie de ces groupes qui se bonifient avec le temps. Après un très bel opus l’an dernier, le quintet est déjà sur le pont avec un double-album dans les bras. « Dopamine » ne pouvait pas mieux résumer ce nouvel effort des Britanniques, tant il est varié et contient tout ce que le Classic Hard Rock a de meilleur. Heavy Rock, Blues, Southern : les Anglais font le tour de la question avec brio.
THUNDER
« Dopamine »
(BMG)
Décidemment, après plus de 30 ans de carrière, THUNDER semble plus prolifique que jamais. Après « All The Right Noise » sorti l’an dernier dans une période compliquée pour tous, les Anglais sont déjà de retour et cette fois, c’est même avec un double-album. Et à en croire son titre, « Dopamine », c’est bien ce qui parait avoir boosté le groupe. D’ailleurs, le contenu va dans le même sens, celui d’un Classic Hard Rock élégant.
Sortir 16 morceaux sur un même disque est devenu une démarche plutôt rare de nos jours. Pourtant, contrairement à pas mal d’autres, THUNDER n’est pas allé fouiller dans ses archives ou ses fonds de tiroir pour nous proposer « Dopamine ». Les Britanniques se sont tout simplement révélés être particulièrement inspirés. Et le résultat est brillant, en plus de sa production, qui est remarquable en tous points.
Malgré le volume de l’album, THUNDER a pris le soin de peaufiner les arrangements de chaque morceau, que ce soit avec des notes de piano ou des chœurs féminins incroyables. Pour autant, le quintet a conservé son côté musclé et ses riffs aiguisés (« The Western Sky », « Black », « The Dead City »), ainsi que ses aspects bluesy et Southern (« Big Pink Supermoon », « Even If It Takes A Lifetime »). Classieux et racé.
Solaire, délicate et relevé, c’est ainsi que l’on peut qualifier ce quatrième album de la chanteuse et guitariste française. Constitué d’un Blues Rock enveloppé de Soul et de Rythm’n Blues, « Pieces Of Soul » s’impose de lui-même comme une réalisation parfaitement menée, inspirée et très personnelle. NINA ATTAL a su trouver les mots et y posé des accords aussi sensibles que puissants.
NINA ATTAL
« Pieces Of Soul »
(Zamora Productions)
Sorti il y a à peine un an, le quatrième album de NINA ATTAL est un peu passé sous les radars, la faute à une situation sanitaire compliquée. Et pourtant, « Pieces Of Soul » est certainement l’un des meilleurs disques de Blues Rock Soul sorti en France depuis très longtemps. En dix ans de carrière, la chanteuse et guitariste a énormément fait évoluer son jeu et son style, qui affichent aujourd’hui beaucoup plus de personnalité.
Avec Gaëlle Buswel et Laura Cox, NINA ATTAL est la plus américaine de nos blueswomen hexagonales dans ses compositions et son registre. A l’instar de ce qui se fait outre-Atlantique, la musicienne offre une synthèse parfaite de Blues Rock et de Soul avec quelques touches d’Americana et de Rythm’n Blues bien senties. En songwriter efficace, elle donne une dimension toute particulière à « Pieces Of Soul », d’ailleurs très bien produit.
Guitariste virtuose, NINA ATTAL n’en fait pourtant pas étalage et se concentre sur des mélodies imparables, misant sur le feeling plutôt que sur la démonstration (« Shape My Home », « Daughter », « Never Been Clear »). Plus intime dans l’approche, la voix de la musicienne porte littéralement ce nouvel album à travers des chansons délicates et sensibles (« Spring Flowers », « Make A Turn », « You’re No Good »). Lumineux !