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Except One : from Core to Death [Interview]

Si on peut reprocher à certains groupes de toujours faire le même disque, il n’en est rien avec EXCEPT ONE, dont on peut suivre l’évolution du style au fil des réalisations. Sur « Broken », le nouvel album des Français, l’aspect Death Metal prend quelque peu le pas sur le MetalCore des débuts du combo. Naty, le batteur du groupe, revient justement sur ces récentes mutations dans le style du quintet et le travail effectué sur ce nouvel opus.

– On vous avait laissé il y a quatre ans avec « Fallen », qui était en quelque sorte l’aboutissement du travail sur vos deux premiers EP. Avec « Broken », vous franchissez clairement un cap. C’est le fruit d’un travail sur le long terme, ou plutôt celui de l’accumulation des concerts?

Un peu des deux, en fait. Avant la pandémie, on était en tournée en tête d’affiche en France, puis en tournée européenne avec un groupe danois. On était dans une bonne dynamique et nous avions même commencé à composer. Ensuite, le confinement est arrivé. Et comme nous n’avions plus rien, on a pu se poser sur les compositions en apportant des choses différentes, un peu plus matures et avec plus d’ambiances aussi.

– C’est qui est remarquable avec EXCEPT ONE, c’est que l’on peut constater l’évolution de votre identité musicale, et surtout de votre son depuis vos débuts il y a une dizaine d’années. Est-ce qu’avec « Broken », vous avez le sentiment d’avoir trouvé le son que vous cherchiez et le style que vous vouliez présenter ?

Nous sommes hyper-contents du son. Est-ce qu’il est définitif ? On ne sait pas encore. Cette fois-ci, on a travaillé avec un directeur artistique (Jelly Carderelli & Symheris – NDR), qui a géré l’enregistrement, le mix et le mastering. On a eu beaucoup d’échanges. On lui a précisé la façon dont on voulait que l’album sonne, à savoir un peu plus naturel dans un sens, et moins électronique. C’est évident que dorénavant, on s’orientera vers ce genre de son avec une exigence de ce niveau-là. Une chose est sûre, on ne peut que s’améliorer encore d’avantage.

– Vous évoluez depuis vos débuts dans un registre MetalCore, qui tend de plus en plus vers le DeathCore sur ce nouvel album. Votre intention était de durcir le ton sur « Broken » ? D’afficher un style plus radical ?

Ce n’était pas délibéré, c’est sorti comme ça, en fait. Avec le confinement, on a tous ressenti une grande frustration, qui a d’ailleurs donné le nom de l’album. Le fait d’avoir relâché tout ça s’étend sur l’album, c’est vrai. Il y a un côté hargneux, qui représente bien nos sentiments à ce moment-là. Le contexte a beaucoup joué.

Naty, batteur d’EXCEPT ONE

– Ce qui est assez impressionnant sur ce nouvel album, c’est la qualité de la production et son côté très massif et compact. Dans quelles conditions l’avez-vous enregistré ? Malgré le fait d’être en autoproduction, vous avez mis plus de moyens ? Et peut-être travaillé avec des personnes qui ont vraiment su cerner votre son ?

Oui, c’est les deux. Tout d’abord, le directeur artistique avec qui nous avons travaillé a été très exigeant. On lui a apporté le projet en lui précisant ce qu’on voulait faire. Et il nous a répondu pour que le faire, il fallait être très minutieux sur certains points. C’est en avançant main dans la main qu’on a pu obtenir cette production. Avoir un regard extérieur est toujours bénéfique. Il nous a apporté un recul qu’on n’avait pas forcément.

– D’ailleurs, ce qui est étonnant avec « Broken », c’est que vous n’êtes toujours pas signés, alors que votre album n’a franchement pas à rougir face aux productions du même style au-delà de nos frontières. C’est un vrai désir de votre part de rester indépendants ?

En fait, on attend l’opportunité de trouver un label qui nous corresponde bien que ce soit au niveau du style comme de nos envies. Mais ce n’est pas forcément voulu, c’est juste que nous n’avons pas forcément eu les bonnes propositions, ni l’occasion de rencontrer encore les bonnes personnes.

– Tout en restant très véloces sur l’ensemble des morceaux, vous misez aussi sur une puissance de feu super efficace et une lourdeur dans les riffs assez phénoménale. On sent une énergie incroyable sur tout l’album et surtout un son très organique. Sans faire dans le Old School, on vous sent plus direct et peut-être plus authentique dans votre approche…

Oui, c’est une vraie volonté. On voulait vraiment sonner plus naturel. Et puis, on aime ce côté Old School où la batterie est très peu triée, il n’y a pas non plus beaucoup d’effets de guitares, et juste quelques samples, qui apportent une ambiance. Ce mélange Old School et moderne, qui mène à ce côté DeathCore, nous convient bien et nous séduit de plus en plus. 

– L’album commence sur une intro qui donne l’ambiance à venir, et il est ensuite scindé en deux avec l’interlude « Broken » justement. Vous l’avez pensé en deux parties, comme deux faces distinctes ?

Non, pas vraiment. On voulait un interlude et une intro dès le départ. « Broken » a été placé au milieu de l’album comme une respiration, en fait. On voulait aérer un peu le début pour qu’il y ait plus d’impact sur la deuxième partie. Sinon, cela aurait peut-être été trop brut et trop compact à l’écoute.

– D’ailleurs, on observe aussi que la première partie est très MetalCore, alors que la seconde est beaucoup plus marquée par le côté Death Metal de votre registre. Là aussi, c’est une volonté de votre part ? Comme pour montrer une facette plus féroce ?

On a fait plusieurs écoutes des morceaux avant d’en définir l’ordre. Sur le moment, on ne s’est pas vraiment rendu compte que cela allait créer une scission entre les deux parties. La première est nettement plus MetalCore et la seconde plus Death Metal, c’est vrai. Mais ce n’était pas voulu, en revanche ! (Rires) On fait des trucs biens sans faire gaffe, c’est magnifique ! (Rires)

– Finalement, que doit-on retenir de ces différents aspects de l’album ? Que vous vous dirigez de plus en plus vers un DeathCore plus assumé et plus sauvage, et peut-être moins estampillé MetalCore comme auparavant ?

Oui, on peut le dire, parce que c’est une vraie volonté. Après, les chansons, on les a sentis comme ça sans entrer dans une réflexion sur le style. Cela vient aussi du fait que dans le groupe, même si on écoute les mêmes choses, chacun a ses styles de prédilections qui vont du Thrash au Black en passant par le MetalCore ou l’Indus. C’est ce mélange-là qui est plus présent sur « Broken », et on s’y retrouve aussi vraiment tous.

– Pour conclure, j’aimerais qu’on dise un mot sur la prestation assez époustouflante d’Estelle au chant. Là aussi, il y a une maîtrise totale et une vraie variété dans les intonations avec une performance qu’on sent très profonde et très travaillée. On a presque l’impression qu’il y a eu un déclic. C’est le cas ?

Il y a eu énormément de travail sur le chant. Comme je te disais, on a enregistré avec quelqu’un de vraiment exigeant, et cela se ressent sur tous les aspects et par conséquent sur le chant également. Il fallait que la diction soit encore meilleure, que les growls tiennent mieux et tout ça représente beaucoup de travail, c’est vrai. Pour nous, c’est aussi une évolution assez logique d’être plus solide et constant sans stagner musicalement et techniquement. Au final, on souhaite être de meilleurs musiciens. Sur « Broken », on en a aussi peut-être moins mis, en se rapprochant plus d’un DeathCore ou d’un Death Metal moderne, avec toujours des touches de MetalCore. Et si ça plait aux gens qui n’en écoutent pas forcément (dont moi – NDR), alors on est content ! (Rires)

« Broken », le nouvel album d’EXCEPT ONE est disponible depuis le 15 janvier.

Album et merch : https://exceptone.bigcartel.com/

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Death Metal

Prophetic Scourge : la force du mythe

Les légendes et les écrits épiques ont toujours influencé un grand nombre de groupes Metal. PROPHETIC SCOURGE est de ceux qui se sont attelés à livrer leur interprétation de l’œuvre attribuée à Homère, ‘L’Odyssée’. Avec ce deuxième album, « Gnosis – A Sorrower’s Odyssey », c’est une vision et une version Death Metal très technique et massive que propose le quintet basque sur plus d’une heure intense et saisissante.

PROPHETIC SCOURGE

« Gnosis – A Sorrower’s Odyssey»

(Klonosphere/Season Of Mist)

Sorti en fin de l’année chez Klonosphere, ce deuxième album des Basques de PROPHETIC SCOURGE n’a malheureusement, comme tant d’autres, pas eu la mise en lumière qu’il méritait. Pourtant depuis 2013, le quintet ne cesse d’affiner son Death Metal, qui se fait de plus en plus technique. Le bon moment donc pour le groupe pour se lancer dans un album dont la complexité, si elle reste musicale, tient aussi au thème abordé : ‘L’Odyssée’ d’Homère. 

Avec « Gnosis – A Sorrower’s Odyssey», le combo s’attaque donc à un mythe, qui a déjà fait couler beaucoup d’encre et qui a aussi donné lieu à nombre d’interprétations dans de multiples domaines artistiques. Cette fois, il est question d’une vision violente et brutale des travaux du poète grec. Fort d’une technicité évidente, PROPHETIC SCOURGE donne sa version de cette épopée dans ses aspects les plus sombres.

Décliné en sept chapitres, marquant les principales étapes de l’aventure, le groupe porte un regard musclé et sauvage en faisant un focus sur les sentiments du deuil et de la culpabilité de survivre du protagoniste. Sur un rythme effréné, « Gnosis – A Sorrower’s Odyssey » s’étend sur plus d’une heure, où les riffs se font tranchants, les rythmiques lourdes et rapides tout en laissant quelques respirations au Death Metal très inspiré de PROPHETIC SCOURGE.   

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Death Metal International Technical Metal

Silent Obsession : apocalyptique [Interview]

En près de cinq d’existence, le quatuor algérien SILENT OBSESSION compte deux EP à son actif. Si les formats sont très courts, l’ambition du combo est à l’image de son Death Metal : déterminé et volontaire. Dans un registre assez technique et brutal dans l’intention, le groupe évolue dans un univers sombre et chaotique pour ce qui est des textes. Entretien avec Max, leader de la formation.   

– Max, on te connait comme fondateur, leader et principal compositeur de SILENT OBSESSION. Amorcé sous la forme d’un projet solo en 2017, tu es entouré aujourd’hui d’un groupe. Peux-tu nous présenter les musiciens qui t’accompagnent et votre parcours commun ?

Le line-up du groupe date en effet de 2017, et il a débuté avec Randa Benamara au chant, Manil à la basse et Ben Der à la batterie. Nous avons commencé à composer les titres du premier EP, « Lost », ce qui nous a pris deux ans. Peu après, Randa a dû quitter le groupe pour des raisons personnelles et a été remplacé par Danny au chant pour finaliser l’enregistrement. En juillet dernier, notre deuxième EP, « Countdown », est sorti et a été enregistré au studio Fermata à Alger avec Redouane Aouameur au chant, qui a depuis rejoint le groupe.

– Justement, vous avez sorti « Countdown » en autoproduction et il contient trois pistes dont une intro. C’est très court pour se faire une véritable idée de SILENT OBSESSION sur seulement deux morceaux. L’objectif de départ était de faire court, ou sont-ce d’autres paramètres qui vous y ont contraint ?

« Countdown » est une continuité du premier EP « Lost ». C’est vrai qu’il est court, mais on s’était lancé le défi de le faire comme ça, tout en abordant les thèmes de l’apocalypse et de la dégradation humaine.

– Sur deux titres « Countdown » s’inspire du film « Mad Max ». C’est un clin d’œil à ton prénom, ou plutôt une plongée dans l’univers apocalyptique du mythique long métrage ?

Je suis un grand fan de « Mad Max » et cela se reflète sur « Countdown » et « Lost ». Je suis à la fois inspiré par le film et par l’énergie qu’il dégage, car il montre beaucoup de similitudes avec ce qui se passe en ce moment.

– Vous évoluez dans un Death Metal rugueux et assez technique et vos morceaux ont la particularité d’être compacts et racés. On a le sentiment que le but est d’aller à l’essentiel…

Je suis inspiré par les grands groupes de Death Metal américain depuis que je suis tout jeune. J’aime la brutalité des riffs sombres et chaotiques, ainsi que la technique et le son proposé. C’est à partir de ça que j’ai commencé à développer mon oreille musicale et à composer ma propre musique.

– Vous faites aussi partie de la communauté de Metal extrême en Algérie que l’on connait d’ailleurs assez peu. Peux-tu nous en parler ? Comment se porte-t-elle et parvient-elle à se développer dans un contexte politique et religieux assez tendu ?

Après une décennie noire en Algérie, le Metal a vécu un second souffle avec des formations comme Lelahell, Paranoid Fantasy, Jugulator, Dusk et des groupes de reprises. Mais depuis que le Covid s’est propagé, les choses sont devenues assez difficiles pour la scène qui est aujourd’hui inexistante. Les groupes n’arrivent plus à trouver de salles de répétition et d’enregistrement. Le Metal algérien a souvent été considéré comme une musique de  second plan, derrière le Rai ou le Chaabi. Cependant, elle n’a jamais été interdite ou bannie et elle existe depuis trente ans maintenant.

– Pour avoir écouté « Lost », votre premier EP, on note une grande progression qui se traduit dans l’aspect musical et créatif bien sûr, ainsi que dans l’intention. SILENT OBSESSION poursuit son ascension de manière constante et progressive…

Depuis le début, on essaie d’être à la hauteur pour nos fans et être toujours plus original en mélangeant les styles. Nous essayons aussi de développer notre concept et améliorer le son de nos EP. C’est l’objectif du groupe et c’est pour cela que nous poussons toujours plus loin nos idées.

– Maintenant que vous avez sorti deux EP, j’imagine que l’idée de sortir un premier album complet doit vous titiller. Où en êtes-vous de ce côté-là ? C’est toujours à l’état de projet ou est-ce que cela commence à prendre forme ?

L’album est en cours d’enregistrement et sera très différent des deux EP. Il sera très agressif et brutal avec un autre concept cette fois. Et on compte le sortir cette année.

Bandcamp : https://silentobsession.bandcamp.com/album/countdown

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Doom Metal Sludge

Daemonelix : éclats de Metal

Malgré son format court, ce premier EP des Américains de DAEMONELIX se veut pourtant imposant et remarquablement réalisé. Le Metal teinté de Doom, de Psych et de Death du quintet présente un univers aussi néolithique qu’apocalyptique. « Devil’s Corkscrew » ravive la légende et entretient le mythe.  

DAEMONELIX

« Devil’s Corkscrew »

(Metal Assault Records)

Bouillonnant et assommant, DAEMONELIX sort son premier EP de quatre titres sur le label Metal Assault Records. Basé du côté de Los Angeles, le quintet nous plonge dans un univers douloureux dans lequel les styles les plus obscurs, violents et même psychédéliques se côtoient et s’entrechoquent avec fracas et détermination. Les Américains ont craqué l’allumette…

Façon rouleau-compresseur, DAEMONELIX combine Doom, Sludge et Death Metal pour créer un registre assez singulier et ce premier effort dévoile déjà de belles choses. Démoniaque, le combo n’en oublie pas d’être mélodique et groove pour autant. Les riffs costauds et appuyés de Derek Philipps (Albatross Overdrive) se font entêtants grâce à une solide base Heavy Metal (« Raise Crows »).

Percutante et massive, la lourde rythmique entraine sans complexe des growls puissants sur lesquels s’envole la voix envoûtante d’Ana Garcia Lopez, la touche féminine de DAEMONELIX, qui n’en demeure pas moins féroce (« Sing For The Moon »). Décidemment, les Californiens sont plein de surprises et alternent les passages agressifs avec des ambiances pesantes parfaitement dosées.  

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Metal

Downright Malice : ample et affûté

Plutôt que de s’engouffrer dans un seul et unique registre, le quintet français a préféré s’en approprier plusieurs, tout en restant dans un Metal sans limite et sans frontière. Avec ce nouvel album, DOWNRIGHT MALICE met un gros coup de latte dans la fourmilière métallique et « Mechanica Temporis » s’avère véloce et rugueux.

DOWNRIGHT MALICE

« Mechanica Temporis »

(Independant)

Les Alsaciens ont commencé à frapper le fer en 1987 et ne l’ont pas laissé refroidir. Depuis, DOWNRIGHT MALICE a écumé les scènes aux côtés de grands noms et se présente aujourd’hui avec un sixième album très actuel, qui marie de multiples courants issus du Metal, allant du Heavy au Thrash en passant par le Groove et le Death. Un vaste horizon que le groupe traverse avec aisance.

Fort d’un duo vocal solide et complémentaire, où se conjuguent à la fois puissance et agressivité, DOWNRIGHT MALICE dispose de solides atouts, d’autant que sa rythmique et son guitariste se montrent nerveux et massifs tout au long des dix morceaux de « Mechanica Temporis ». On notera au passage une autoproduction de haut vol et très équilibrée, qui sert très bien l’ensemble.

Débordant d’énergie tout en mettant l’accent sur des mélodies accrocheuses, DOWNRIGHT MALICE joue sur de multiples influences, essentiellement scandinaves pour le chant, et très teutonnes surtout en ce qui concerne les riffs. Entre passages épiques et galopants, breaks bien sentis et changements de tempos efficaces, les dix titres de ce nouvel album ne manquent pas de vigueur et invitent au headbanging. Bien joué !  

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Death Metal

Hate : impitoyable

Après le très convaincant « Auric Gates Of Veles » sorti en 2019, HARE revient déverser sa colère sur un douzième album varié et très bien produit, « Rugia ». Nar-Sil (Neolith, Embrional) fait aussi son apparition en remplacement de l’habituel batteur Pavulon, absent pour maladie. Le Death/Black Metal des Polonais claque toujours autant et sa noirceur est profonde.

HATE

« Rugia »

(Metal Blade Records)

Les Polonais de HATE déversent leur Death Metal très Black depuis trois décennies sans le lever le pied, ni défaillir. Toujours guidé par son emblématique frontman et guitariste Adam ‘The First Sinner’ Buszko, le groupe présente « Rugia », un hommage aux anciennes tribus et cultures slaves. Un douzième album sombre et décapant.

Très ésotérique, ce nouvel opus nous plonge à nouveau dans les brumes d’un Death Metal aux ambiances presque terrifiantes. HATE n’est pas là pour rigoler, même si quelques lignes mélodiques apparaissent de manière assez épisodique. Techniquement imparables, les Polonais reviennent aussi à leurs racines avec ce côté très dur qui fait leur force.

Assez épique par moment, HATE développe même des éléments atmosphériques très probants (« Velesian Guard », « Sun Of Extinction »). Mais le combo n’a rien perdu de sa férocité et elle est même d’une violence chaotique (« Resurgence », « Sacred Dnieper »). Les Polonais réussissent leur pari d’un album conceptuel rondement mené et d’une explosivité de chaque instant.

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Death Metal

Toward The Throne : compact et ténébreux

Technique et puissant, ce premier album de TOWARD THE THONE est le fruit d’années de travail de la part du quatuor. Inspiré et très bien produit, « Vowed To Decline » offre un Death Metal, qui tend vers des registres atmosphériques et même Black avec des côtés épiques très dark. Solides et massifs dans leur jeu, les Français posent une véritable chape de plomb.  

TOWARD THE THRONE

« Vowed To Decline »

(Metal East Production)

Les Alsaciens de TOWARD THE THRONE ne sont pas du genre à se précipiter et la sortie de ce premier album leur donne vraiment raison. Fondé en 2012, le quatuor a déjà sorti deux EP, mais s’est surtout consacré à la scène se forgeant ainsi une belle réputation. Loin d’être usurpée, celle-ci resplendit sur « Vowed To Decline » d’où émanent de nombreuses sensations. 

Si les influences suédoises sont bel et bien présentes, TOWARD THE THRONE a cependant parfaitement réussi à se créer une identité propre et originale en jouant sur les émotions et les ambiances. Cela dit, le Death Metal atmosphérique des Français sait aussi se faire brutal en injectant dans son jeu une bonne dose de sonorités Black très lourdes, sombres et véloces.

Mixé par Gwen Kerjean au Slad Sound Studio (Loudblast) et masterisé part Victor Bullok au Woodshed Studio (Celtic Frost, Pestilence), « Vowed Ton Decline » présente une très bonne production, qui brille aussi par la puissance, la précision et la minutie de TOWARD THE THRONE (« Neogenesis », « The Ashes Of Pain », « Per Ignes Mortuus », « The Sorrow », « The Inevitable Trail Of The Fall »). Le quatuor a vu et fait les choses en grand.

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Death Metal Metal Progressif Technical Metal

Chaos Over Cosmos : à la vitesse de la lumière

Percutant, Progressif et Metal, le Technical Death de CHAOS OVER COSMOS traverse l’espace et les galaxies avec une dextérité et un sens des atmosphères toujours aussi pointu et travaillé. « The Silver Lining Between The Stars », troisième album du duo américano-polonais, joue sur une grande technicité au service d’un feeling porté sur la S-F et remarquablement produit et interprété.

CHAOS OVER COSMOS

« The Silver Lining Between the Stars »

(Independent)

Un an après le très bon « The Ultimate Multiverse », CHAOS OVER COSMOS est déjà de retour avec son digne successeur. Et cette fois-ci, il y a encore du changement au niveau de ce groupe au concept peu ordinaire. Après l’Espagnol Javier Calderón et l’Australien Joshua Ratcliff, c’est aujourd’hui l’Américain KC Lyon quoi œuvre au chant dans ce duo atypique dont le Polonais Rafal Bowman reste la pièce maîtresse.

Guitariste, programmateur et principal compositeur de CHAOS OVER COSMOS, le musicien parvient parfaitement à conserver l’identité musicale depuis le premier album. Il faut aussi rappeler qu’aucun musicien ne s’est jamais rencontré et que tous les morceaux ont été composés et réalisés à distance. Comme son nom l’indique, le duo navigue toujours dans univers spacial basé sur la Science-Fiction étonnant et saisissant.

Musicalement, le Metal Progressif de CHAOS OVER COSMOS est toujours très imprégné de Technical Death et de mélodies développées notamment à travers des solos très shred, qui apportent beaucoup de lumière aux compos (« Violent Equilibrium », « The Last Man in Orbit »). Très moderne dans sa conception, ce troisième album laisse un vaste espace de liberté aux deux protagonistes qui s’en donnent à cœur-joie (« Control ZED », « The Sins Between The Stars »). Une bonne claque !   

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Metal Rock

Rocking Corpses : horror Metal show

Deuxième album pour le quintet finlandais dont le Horror Metal Rock fait des étincelles. « Death Blues » est un album complet et entraînant dans lequel ROCKING CORPSES oublie de se prendre au sérieux, tout en faisant très sérieusement les choses. Dans un univers très personnel, les Scandinaves sortent leur épingle du jeu en multipliant les ambiances et les changements de styles.  

ROCKING CORPSES

« Death Blues »

(Inverse Records)

Les Finlandais de ROCKING CORPSES ont une façon très Metal et Rock’n’Roll de manier l’humour noire. Malgré l’univers horrifique dans lequel nous plonge le combo, ce deuxième album est presque joyeux… en tout cas très entraînant. Sur un ton qui n’est pas sans rappeler un certain Alice Cooper, le quintet présente un « Death Blues » décapant et enjoué.

Avec une entrée en matière très musclée aux relents Death Metal dus à de puissants et profonds growls, ROCKING CORPSES sort tout de suite les crocs et donne le tempo (« Body »). Il n’en faut pas plus pour entrer dans le style des Scandinaves, qui réservent bien d’autres surprises, aussi variées qu’inattendues.

Tout en progression, « Death Blues » garde un côté très Heavy dans les solos et très Rock dans les riffs (« Buried », « As High As You Can Get »). Mais les Finlandais surprennent aussi sur des titres acoustiques plein de feeling (« Drinking With The Dead »). ROCKING CORPSES lâche même quelques sonorités bluesy toutes aussi perspicaces (« Necrophilove »).

Avec son intenable batteur, le combo s’ »engouffre même dans des titres aux refrains accrocheurs, tout en se fondant dans un Alternative metal consistant (« Derailed »). Au fil de l’album, le chant s’éclaircit aussi tout en gardant une énergie folle. ROCKING CORPSES maîtrise parfaitement ses compos, tout en sachant lâcher les chevaux quand il le faut. Rafraîchissant.  

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Death Metal International Progressif

Luna’s Call : d’une rive à l’autre sans complexe [Interview]

Après avoir sorti son deuxième album l’an dernier de son côté et entre deux déconfinements, le groupe a été approché par Listenable Records pour la distribution de « Void », petit bijou de Death Metal Progressif. LUNA’S CALL a dorénavant les coudées franches pour avancer plus librement et surtout s’adresser à un plus large public. Il faut dire que « Void » est étonnant et percutant, tout en étant très technique. L’occasion était donc trop belle pour en parler avec son chanteur et guitariste Neil Purdy.

– En dehors du fait que vous ayez sorti votre premier album « Divinity » en 2016 et que vous êtes anglais, on vous connait malheureusement assez peu en France. Pouvez-vous nous dire dans quelles conditions s’est créé LUNA’S CALL et ce qu’il représente musicalement pour vous ?

En effet, nous sommes un quatuor de Death Metal Progressif originaire du Lincolnshire, au Royaume-Uni. Tout a commencé en 2012, c’était mon projet solo alors que j’étudiais à l’université. J’ai écrit et enregistré une démo et j’ai demandé à mes colocataires de l’époque, Brad et James, s’ils aimeraient me rejoindre pour réenregistrer les parties de basse et de batterie. J’avais déjà fait partie de plusieurs groupes avec Brad (Laver – basse) et James (Batt – batterie), donc je savais que nous aurions une bonne base pour le groupe. Puis, nous avons rencontré Liam (Underdown – guitare), lors d’un concert, où il jouait avec un autre groupe. On a tout de suite su qu’il devait rejoindre LUNA’S CALL. Ironiquement, alors que nous avons tous des goûts musicaux différents, nous n’écoutons pas beaucoup de Death Metal Progressif. En fait, nous faisons la musique que nous aimerions écouter !

– Votre deuxième album, « Void », est sorti en août 2020 et la situation due à la pandémie a bouleversé beaucoup de choses. C’est pour cette raison que vous le ressortez actuellement chez Listenable Records ?

Listenable Records nous a contacté fin 2020 et nous a demandé si nous serions intéressés pour rééditer « Void ». La raison pour laquelle nous les avons rejoint est que nous voulions que notre musique atteigne un public beaucoup plus large. Le fait qu’ils prennent en charge nos ventes physiques me libère plus de temps pour travailler sur d’autres choses, comme l’écriture et l’enregistrement de nouveaux morceaux. La pandémie nous avait en fait aidé à prendre du recul par rapport à la pratique, et à nous concentrer davantage sur la promotion en ligne de « Void ».

– Par rapport au premier album, « Void » est nettement plus abouti et il semble aussi que vous soyez vraiment parvenu à définir votre style et votre son. C’est aussi votre sentiment ?

Écrire les chansons de « Void » nous a semblé beaucoup plus naturel. Après de nombreuses années à jouer ensemble, il est bon de connaître ses forces, mais aussi ses faiblesses, pour savoir comment avancer musicalement. « Divinity » était plus une expérience personnelle pour voir comment je pouvais me dépasser en tant que guitariste. « Void » a un son plus défini, mais cela changera, espérons-le, encore une fois sur le prochain album. Nous voulons continuer à être un groupe ‘Progressif’, de par la nature même de ce terme. On veut grandir, se développer et modifier notre son au fur et à mesure.

– Ce nouvel album est particulièrement bien réalisé et sa production est toute aussi massive. Dans quelles conditions l’avez-vous enregistré, avec qui et quelle a été votre degré d’implication dans les différentes étapes du processus ?

Nous avons réalisé la majorité de la production nous-mêmes. L’album a été écrit en l’espace d’un an et demi environ, puis on est entré en phase d’enregistrement en 2018. Nous voulions faire tout ça près de chez nous et enregistrer autant que nous le pouvions nous-mêmes. La batterie a été enregistrée dans notre studio de répétition. Nous l’avons réservé pendant cinq jours d’affilée et avons essayé d’enregistrer autant que possible. On n’avait pas de date limite pour l’album, et avec les concerts et le travail à temps plein, on a du espacer l’enregistrement de toutes les instruments. Il a parfois fallu plusieurs semaines entre les prises !

Ces courtes pauses m’ont permis de réfléchir à chaque morceau et de continuer à expérimenter d’autres idées, telles que les percussions ou les éléments orchestraux. Ce n’est que lorsque tout a été enregistré et terminé que nous avons demandé à Russ Russell de mixer et de masteriser l’album. Nous savions que Russ ferait un travail incroyable et que le disque était entre de bonnes mains. J’ai eu la chance de passer quelques jours avec lui à le regarder mixer les morceaux et dans l’ensemble, j’ai eu très peu de choses à lui demander. Dès le début, il était clair qu’il savait ce que nous essayions de réaliser avec cet album, et il est même allé au-delà.

– La musique de LUNA’S CALL est assez complexe notamment dans la structure des morceaux et à travers son aspect très technique. De quelle manière travaillez-vous et combien de temps vous a pris l’écriture de « Void » ?

Il y a une grande partie de moi qui souhaite pouvoir être un musicien capable de s’asseoir dans une pièce avec d’autres et jouer. Mais le compositeur solitaire que je suis préfère rester avec ses idées et les sculpter lentement. Habituellement, j’essaie d’intégrer dans les démos ce qui va ressembler à l’idée finale avant de les envoyer au reste du groupe. Puis, il y a encore beaucoup d’apports et de changements dans l’étape de pré-production et même pendant l’enregistrement. L’album n’ayant pas de date limite, nous avons pu expérimenter et essayer différentes approches des chansons et des arrangements.

– Votre Death Metal Progressif emprunte autant à un style très brutal qu’à des composantes de Rock Progressif plus classiques. On a souvent l’impression que contrairement à d’autres groupes, vous tenez presque à séparer et distinguer les deux registres. C’est quelque chose qui vous a paru important dans vos morceaux et sur l’ensemble de l’album ?

Il n’a jamais été dans mon intention de séparer les différents styles en deux registres. J’ai toujours essayé de me mettre au service de la chanson et cela a été un objectif majeur dans l’écriture de « Void ». Je voulais que les chansons possèdent une sensation et un flux naturels, plutôt que de se sentir forcés de passer d’une section Death Metal à du Rock Progressif. L’idée était qu’elles se fondent l’une dans l’autre. Être étiqueté comme groupe progressif me donne certainement la liberté artistique d’expérimenter et d’inclure toutes ces idées.

– LUNA’S CALL se distingue aussi à travers le chant qui est tantôt clair, tantôt growl. Est-ce parce que vous tenez à ce que certains textes soient plus compréhensibles afin de faire passer certains messages, par exemple ?

C’est un point de vue intéressant ! Je suppose que je fais ce qui sonne le mieux pour la chanson. J’essaie souvent différentes approches du chant (clean ou growls) dans certaines parties et je garde la version qui me convient le mieux au final.

– Techniquement, à travers «  Void », vous êtes assez étourdissants tout en maintenant une grande cohésion sur tout l’album. Vous n’avez jamais peur d’en faire trop ? Ou au contraire, est-ce que vous vous freinez même un peu ?

On a voulu que « Void » ait des moments très techniques et extrêmes propres au Metal. Cependant, l’équilibre est quelque chose que nous voulions maintenir tout au long de l’album. Nous aimons le Death Metal Technique et même les formes extrêmes de musique progressive, mais un album entier peut, selon moi, souvent paraître épuisant et un peu fatiguant pour l’auditeur. Nous voulions que « Void » l’emmène dans un voyage, un peu comme dans un film. Il y a des moments extrêmes et d’autres plus calmes tout au long de l’album. L’essentiel est que les choses soient fraîches et intéressantes.

– Enfin, j’ai lu beaucoup d’articles sur LUNA’S CALL et tous vous comparent sans cesse à Opeth. Si le lien existe, c’est indéniable, c’est assez hallucinant et très restrictif de s’en contenter. De votre côté, vous êtes amusés ou agacés par le manque d’imagination et finalement de culture musicale de certains médias Metal ?

Un peu des deux je suppose ? Nous sommes ravis de la comparaison avec Opeth, et il me semble que tous les groupes qui impliquent à la fois du clair et de l’extrême leur seront désormais comparés par défaut. Nous avons eu cette discussion d’innombrables fois, et nous ne voyons pas d’autres raisons que celle d’avoir une gamme vocale et un style similaires. Bien que nous ne puissions nier qu’Opeth nous ait influencé en tant que musiciens, ils ne représentent qu’une petite partie du nombre d’artistes que nous aimons et par lesquels nous sommes influencés.

L’album « Void » est disponible chez Listenable Records depuis le 30 avril.

Bandcamp : https://lunascall.bandcamp.com/