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Southern Rock

Robert Jon & The Wreck : le souffle chaud du sud

Depuis sa signature sur Journeyman Records, label de Joe Bonamassa, ROBERT JON & THE WRECK semble enfin bénéficier d’une structure à sa taille avec la possibilité de diffuser son somptueux Southern Rock au plus grand nombre. Chaleureux et rassembleur, c’est bien sûr en concert que le style des Américains prend toute sa mesure. Et c’est en Europe, dans la capitale belge, que « Live At The Ancienne Belgique » a été immortalisé en audio et en vidéo.

ROBERT JON & THE WRECK

« Live At The Ancienne Belgique »

(Journeyman Records)

Il y a longtemps que ROBERT JON & THE WRECK avait dans un coin de la tête l’idée de réaliser un album live, qui sort également en DVD, et c’est durant sa tournée marathon européenne de 2022 que les choses se sont mises en place et réalisées. Un véritable marathon musical en effet, puisque le groupe avait alors enchainé 67 concerts en l’espace de 75 jours et ce dans neuf pays différents, dont la Belgique. On avait d’ailleurs eu un petit aperçu de ce concert sur « Wreckage Vol.2 », sorti en septembre dernier avec « She’s A Fighter » et « Waiting For Your Man ».

Etonnamment, c’est depuis le coeur de Bruxelles que les Californiens ont laissé exploser le Southern Rock qu’ils affinent et peaufinent depuis une décennie maintenant. Lors de ce concert sold-out, on retrouve dans une version live toute la fougue, l’énergie et le plaisir que les Américain ont à se retrouver sur les planches, rendant visible toute l’alchimie, la complicité et la joie de jouer ensemble. Car, comme en témoigne son jeu et ce très bon « Live At The Ancienne Belgique », ROBERT JON & THE WRECK est littéralement fait pour la scène, où sa musique prend toute sa dimension.

Regroupée sur 14 titres, dont deux solos (loin d’être indispensables) du guitariste Henry James Schneekluth et du claviériste Steve Maggiora remplacé depuis par Jake Abernathie, la setlist du quintet fait la part belle aux morceaux les plus emblématiques de la courte carrière des Américains (« The Devil Is Your Only Friend », « Hey Hey Mama », « Blame It On The Whiskey », « Shine A Light On Me Brother », «  Cold Night », « Old Friend » et les géniaux « Oh Miss Carolina » et « Shine A Light On Me Brother »). ROBERT JON & THE WRECK s’impose avec classe !

NB : les interviews du groupe sont à retrouver sur le site.

Photo : Trees Rommelaere
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Americana Blues Rock Classic Rock

Bourbon House : Roots’n’Roll

Le Rock très Blues et Americana de la formation du Wisconsin tire ses influences de la musique roots américaine. BOURBON HOUSE est parvenu à se forger un style et une sonorité très distinctive, grâce notamment à sa chanteuse, mais aussi et surtout à des morceaux d’une grande fraîcheur et d’une spontanéité de chaque instant sur ce très bon « The Fourth Album ».

BOURBON HOUSE

« The Fourth Album »

(Independant)

Comme annoncé il y a moins de deux mois dans l’interview à lire-ci-dessous, BOURBON HOUSE livre « The Fourth Album ». Judicieusement intitulé, il s’agit donc de la quatrième réalisation du groupe, qui avait déjà commencé à diffuser plusieurs singles depuis un bon moment. Très peu adepte des morceaux distillés au compte goutte et briseur, selon moi, de l’unité d’un l’album, c’est donc un plaisir de découvrir les onze morceaux réunis, d’autant qu’ils bénéficient d’une très bonne production.

Faisant suite à « Resonate », « Out For Blood », « High Road Gypsy », « Blue Magic » et « 20 To Life », on découvre les quatre titres inédits et deux versions acoustiques très réussies. Electrique ou unplugged, BOURBON HOUSE fait mouche à chaque fois et il faut reconnaître que son Rock’n’Roll brut et épuré mâtiné de Blues et d’Americana offre de multiples possibilités dans lesquelles les Américains s’engouffrent avec brio. 

Mené par la voix chaude et puissante de Lacey Crowe et les riffs endiablés du songwriter Jason Clark, BOURBON HOUSE franchit véritablement un palier avec « The Fourth Album », tant en ce qui concerne les compostions que l’attention apportée au son (« Love Is A Killer », « Villain », « Hotel Bar Blues », « Wild Days »). En toute logique, la prochaine étape devrait passer par un label, même si pour l’heure, ils ne semblent pas très emballés…

Retrouvez l’interview accordée à Rock’n Force : https://rocknforce.com/bourbon-house-le-rock-a-pleine-gorgee-interview/

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Hard Rock International

Koritni : un Australien à Paris [Interview]

Cinq longues années à attendre un nouvel album de KORITNI ! Que ce fut interminable, mais « Long Overdue » est enfin là et le moins que l’on puisse dire, c’est que le groupe, toujours mené par Lex au chant et dorénavant aussi à la guitare, se montre toujours aussi inspiré. Son Hard Rock s’inscrit encore dans cette incroyable intemporalité, qui fait la marque des grands. Frais et dynamique, ce nouvel album fait preuve d’un songwriting très efficace et d’une excellente production. Et on notera également que Mathieu Albiac, ancien guitariste de Laura Cox, fait son apparition… à la basse. Entretien avec un frontman, heureux de faire son retour !     

Photo : Nidhal Marzouk

– Même si tu étais venu jouer au Hellfest il y a quatre ans, cela fait maintenant cinq ans qu’on attend ce « Long Overdue », qui porte d’ailleurs bien son nom. Pourquoi est-ce que cela a pris autant de temps ?

En fait, les choses ont changé il y a peu de temps. Maintenant, mon batteur (Daniel Fasano – NDR) est en Italie, soit à trois heures de train et Tom Frémont, mon guitariste, est à Paris comme le bassiste, Mathieu Albiac. C’est beaucoup plus simple aujourd’hui, je peux bouger beaucoup plus, car avant Luke Cuerden était au Japon, Eddie Santacreu était en Australie et moi ici en France. On était très dispersé et organiser les plannings était très compliqué. Et puis, on a tous de nouvelles responsabilités personnelles également. Donc aujourd’hui, KORITNI est un quatuor dans lequel je joue aussi de la guitare et tous les musiciens sont à proximité ce qui va simplifier aussi les concerts. C’est une bonne nouvelle pour les fans !   

– Depuis toutes ces années, tu as dû accumuler les morceaux, ou du moins quelques démos. Comment as-tu procédé pour la conception  de « Long Overdue » ? Tu as effectué un grand tri, écris beaucoup de choses ou réécris d’autres ?

Je compose la grande partie des albums du groupe, donc pour l’écriture, ça n’a pas changé grand-chose. Pour ce nouvel album, la composition a commencé pendant le premier confinement. J’ai eu le temps de rester plus longtemps sur les chansons. D’habitude quand tu écris un album, il y a la pression du label, les tournées et la vie à côté. Tu fais le booking pour le studio et tout va très vite. Cette fois, j’ai vraiment eu le temps. Avec le Covid, j’ai eu près d’un an et demi. Je suis resté à la maison, j’ai repris la guitare et j’ai pu tout faire plus lentement. Ca faisait longtemps que je n’avais pas pu profiter autant et ça a été un vrai plaisir. Si tu vis avec une chanson plusieurs mois, les idées changent. D’habitude quand tu fais un album, tu enchaînes directement sur les concerts. En ce qui me concerne, au bout de quelques concerts, je regarde les chansons et je les modifie au fur et à mesure. Au final, sur une douzaine de dates, je change beaucoup de choses sur les morceaux. Je me rends compte que les chansons sont mieux en live que sur l’album. Cette fois, j’ai pris près de deux ans pour l’écriture et l’enregistrement. 

Photo : Nidhal Marzouk

– Sur ce nouvel album, on retrouve Tom Frémont à la guitare et Daniel Fasano à la batterie, qui sont parfaitement dans l’esprit du groupe. Est-ce qu’ils ont aussi participé à la composition de l’album ?

J’ai donné des directions, mais Daniel, par exemple, est un grand batteur et il a modifié les titres en fonction de son jeu et de son style. Quant à Tom, il a composé « Funny Farm » avec moi. J’ai composé l’essentiel, mais il a apporté beaucoup de petites choses. Et je me suis occupé de la partie production également.

– L’album bénéficie comme d’habitude d’une très belle production. Et pour cause, il est mixé par Kevin Shirley (Aerosmith, Led Zeppelin) et masterisé par Ryan Smith (Ac/Dc, Greta Van Fleet). A chaque fois, tu t’entoures de personnes ayant écrit les plus belles pages du Hard Rock. C’est la condition sine qua none pour obtenir un l’album au son intemporel, selon toi ?

Lorsque tu construis une maison, tu cherches le meilleur entrepreneur. Avant lui, je travaillais avec Mike Fraser, qui est le meilleur mixeur au monde. Je lui ai donc posé la question et il était content de bosser avec moi, tout simplement. Peut-être que si je m’étais adressé à quelqu’un que je ne connais pas, il aurait fait un mauvais travail ? Et puis, Kevin est tellement sympa. A chaque fois qu’il passe à Paris pour bosser avec Iron Maiden, par exemple, on dîne ensemble. C’est un bon pote et il bosse ‘like a motherfucker’ ! Alors, pourquoi je changerai les choses ? (Rires)

– Luke Cuerden, guitariste originel du groupe, intervient également sur un morceau de l’album. Pourquoi n’avoir pas joué ensemble sur tout le disque ? Votre entente est toujours aussi évidente…

C’est encore une question de distance, car je voulais que tout le groupe soit dans un périmètre assez proche, en France ou juste à côté. Je l’ai invité car nous étions tous les deux très contents de le faire. Et puis à ce moment-là, il était en train de déménager du Japon  vers l’Australie. Il a fait le morceau et ensuite, il a décidé de retourner au Japon ! C’est toute une histoire ! Et Tom et moi jouons les guitares, donc… C’est juste un guest pour le plaisir.

Photo : Nidhal Marzouk

– « Long Overdue » est seulement le sixième album du groupe depuis 2007. Est-ce que qu’on peut aujourd’hui attendre et souhaiter que KORITNI livre des réalisations plus régulières à l’avenir ?

(Rires) Oui, je pense. Maintenant, tout le groupe est autour de moi et je pense qu’il y aura un nouvel album avant quatre ans, c’est sûr ! (Rires) Il y a déjà 5/6 morceaux terminés pour le prochain disque. Donc, tout est possible !

– A l’écoute de l’album, j’ai l’impression que ces nouvelles compositions sonnent de moins en moins australiennes et nettement plus américaines. C’est aussi un sentiment que tu partages et peut-être aussi une volonté de ta part ?

Ah bon ? Je ne sais pas, parce que j’écris pourtant comme d’habitude. Je pense que c’est plutôt aux auditeurs de se faire leur idée. C’est vrai que j’ai utilisé beaucoup plus la slide cette fois-ci, et beaucoup de monde m’ont dit que c’était tellement Southern Rock. Pourtant, j’ai découvert la slide avec mon père qui était guitariste dans un groupe australien et aussi avec Rose Tattoo. Pour moi, c’est australien alors que pour beaucoup de Français, c’est très Southern. Alors, c’est peut-être plus américain, mais ce n’était pas mon intention première. J’écris comme d’habitude. (Rires)

– On entend trop peu parler de la scène Hard Rock australienne, qui est plus constituée de groupes Pub Rock très identifiables d’ailleurs. En dehors d’Airbourne, de Rose Tattoo qui a tenté un retour ou de The Poor qui était récemment en Europe, cette île-continent se fait très discrète. Comment l’expliques-tu ?

C’est vrai qu’il y a un style et un son typiquement australien. Quand j’étais adolescent, les groupes comme Iron Maiden, Helloween et le Metal européen en général n’existaient pas pour moi. Je connais mieux Eddie, la mascotte du groupe, que le groupe en lui-même. Quand je suis arrivé en France et que j’ai écouté ce Metal européen, j’ai trouvé ça très bizarre. Je n’aime pas trop ça. Ce n’est pas la même chose, car je n’ai pas grandi avec. Je pense aussi que l’isolation des Australiens a changé leur attitude vis-à-vis de la musique. Donc oui, j’ai écouté des groupes comme Angel City, Airbourne et The Poor, qui sont typiquement australiens, tout comme Rose Tattoo également. Je pense que le fait qu’ils soient si identifiables vient aussi de cette insularité ! (Rires)

– Enfin, tu vas te produire aux ‘Etoiles’ à Paris le 2 juin prochain. Est-ce qu’une tournée plus conséquente est prévue en France et est-ce que tu trouves, comme beaucoup de groupes, que les tournées sont de plus en plus compliquées à mettre en place ?

On va commencer par ‘Les Etoiles’ à Paris et plusieurs dates vont suivre. Je pense que nous allons faire le parcours normal en passant par le Sud, puis Nantes, le Nord, l’Ouest… En fait, c’est mon manageur qui s’en occupe et qui me dit où aller jouer. Ce n’est pas mon domaine ! (Rires)

« Long Overdue », le nouvel album de KORITNI sera disponible le 14 avril chez Verycords.

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Blues Rock International

Samantha Fish : Jesse Dayton… et la foudre [Interview]

Dans un peu plus d’un mois, la fougueuse blueswoman américaine sortira un album avec son alter-ego Jesse Dayton, « Dead Wish Blues ». Cette réalisation originale a été composée à deux et fait suite à un EP de reprises, « The Stardust Sessions » paru en fin d’année dernière. Explosif, le duo souffle le chaud et le froid sur des morceaux souvent nerveux et parfois plus tendres et posés. SAMANTHA FISH montre ici toute la palette de son jeu, que ce soit à la guitare comme au chant. Récemment de passage à Paris, elle a répondu à quelques questions.

– En décembre dernier, tu avais déjà créé la surprise en sortant avec Jesse un EP de reprises, « The Stardust Sessions ». Même si vous vous connaissez depuis longtemps tous les deux, est-ce que c’est lors de ce premier enregistrement qu’est née l’envie de composer un album entier et original ensemble ?

Je pense que nous avions déjà tous les deux l’idée de faire un album complet avant de commencer la session de l’EP. C’était un peu une surprise, car nous sommes juste allés en studio pendant un après-midi pour voir ce que nous pouvions faire. Le label a pensé que c’était un bon moyen de présenter le projet au public avant la sortie d’un album complet. Puis, nous avons commencé à travailler sur l’écriture des chansons immédiatement après cette session.

– Avec Jesse, vous venez d’horizons musicaux assez différents et pourtant il y a une réelle alchimie entre vous sur l’album. Comment s’est passé le travail de composition ? Vous vous êtes proposé mutuellement vos propres chansons, ou vous avez fait les choses en commun ?

Nous avons fait une grande partie de l’écriture des chansons ensemble. La plupart des titres que nous partageons sont d’ailleurs créditées à nos deux noms. Nous n’en avons écrit que quelques-uns de notre côté et j’ai aussi fait venir mon partenaire de longue date, Jim McCormick, pour quelques morceaux.

– Si on connait déjà ta fougue naturelle, tu parais totalement débridée sur « Death Wish Blues ». Tu as abordé l’album comme une sorte d’exutoire ? Une grande récréation ?

Cet album a sa propre personnalité, je pense. Ma capacité à aller toujours plus loin vers quelque chose de différent est surtout venue de la collaboration de Jesse et Jon (Spencer – NDR). Parfois, cela vous pousse vers de nouveaux lieux en termes de création et cela enlève également une partie de cette pression de toujours rester dans un certain périmètre. Quand il s’agit uniquement de mes albums, je fais constamment des petits contrôles pour m’assurer que je reste fidèle à ma propre vision et à mon style… Mais cette fois, je me suis sentie libre de vraiment tout essayer.

– L’album a été enregistré en 10 jours à Woodstock et avec Jon Spencer aux commandes. C’est un rythme très soutenu pour un album complet et il sonne d’ailleurs très live. Il vous fallait faire vite pour délivrer et conserver cette impression d’urgence qui prédomine ?

La plupart de notre temps a été consacré à la pré et à la post-production. Et à peu près autant que pour l’écriture et la composition, tout comme pour le mixage, le mastering et la création des illustrations autour de l’album. Cela peut parfois prendre des mois. La musique elle-même consiste à capturer un moment spécial et précis. Certains de mes disques, parmi mes préférés, ont été faits en cinq jours. Ce n’est pas par négligence. Là, nous voulions immédiatement capturer et saisir cette foudre, donc cela doit être abordé d’une certaine manière.

Photo : Daniel Sanda

– D’ailleurs, comment s’est passé ce travail avec Jon Spencer, dont on connait les habitudes assez peu académiques ? Vous vous connaissiez déjà tous les trois ? Et a-t-il un peu bousculé ta façon de travailler en studio ?

Jesse et moi travaillions ensemble depuis un moment déjà et nous avions aussi commencé à co-écrire tous les deux et puis, il y a eu l’enregistrement de l’EP. Nous avons tous les deux rencontré Jon en studio. Je le considérerais un peu comme un prof, peut-être non-conventionnel dans son approche, c’est vrai. Il a passé beaucoup de temps derrière les consoles et il est également très intuitif sur la structure des chansons. Il a su comment tirer le meilleur son de chaque instrument. Je vais d’ailleurs certainement travailler dans ce sens avec ce que j’ai appris avec lui à l’avenir. J’ai aussi beaucoup appris sur le matériel, les magnétophones, etc… ainsi que sur la façon d’aborder les chansons pour en tirer le meilleur à chaque performance.

– Sur l’album, vous explorez avec Jesse des styles qui vont du Blues à la Country en passant par du Rock Garage et avec une énergie presque Punk parfois. Tu commençais à te sentir à l’étroit dans un registre que tu maîtrises parfaitement,  ou ce sont des musiques que tu as toujours écoutées et peut-être même déjà jouées ?

Je pense que mon style a toujours été très varié, mais définitivement ancré dans le Blues, c’est vrai. Cependant, il a pris des caractéristiques différentes d’un album à l’autre. J’ai une gamme assez large à travers la musique que j’écoute et c’était l’occasion de creuser un peu plus du côté agressif et Rock’n’Roll de ma personnalité.

Photo : Daniel Sanda

– A l’écoute de ce très bon et enflammé « Death Wish Blues », il y a une question qui vient tout de suite à l’esprit : y aura-t-il une suite à cette belle aventure ou s’agit-il juste d’un one-shot ?

Pour l’instant, nous avons fait ce disque et nous prévoyons de le jouer en concert, comme nous le faisons actuellement. Et puis, nous avons aussi nos propres projets en ligne de mire. Mais on ne sait jamais, nous pouvons très bien continuer et faire quelque chose de nouveau en chemin. Mais il faut d’abord sortir ce disque.

– On sait que tu tournes toujours beaucoup, mais est-ce que tu as déjà une petite idée du successeur de « Faster », sorti il y a deux ans ? Te sachant très active, est-ce que tu as déjà commencé à composer ?

J’ai quelques idées. J’ai recommencé à écrire. Parfois, il faut aussi se permettre de vivre sa vie. Bien qu’il s’agisse d’un disque de collaboration pour « Death Wish Blues », il m’a fallu la même quantité d’énergie pour l’écrire, autant que pour un album solo. Je m’investis totalement dans ma musique. Pour l’instant, je retourne un peu dans ma bulle pour commencer à écrire et composer, mais je n’en suis qu’au stade le plus précoce.

– Pour conclure, j’aimerais que tu me donnes ton regard sur la scène Blues féminine qui connait une incroyable effervescence depuis quelques années maintenant. Y a-t-il parmi toutes ces musiciennes certaines avec qui tu aimerais collaborer ? Des françaises aussi peut-être ? Je pense à Laura Cox, Gaëlle Buswel, Nina Attal, Jessie Lee, …

Je ne connais pas aussi bien que je le devrais tous les artistes de la scène contemporaine, hommes ou femmes. Je suis vraiment concentré sur mon travail et j’ai aussi écouté des artistes d’autres styles. Mais je sais qu’il y a plus de jeunes talents sur la scène Blues aujourd’hui qu’il n’y en a eu depuis longtemps. Je suis ouverte à toutes sortes de collaborations, tant qu’elles servent les chansons.

L’album de SAMANTHA FISH et de JESSE DAYTON, « Death Wish Blues », sortira le 19 mai chez Rounder Records et le duo fera une halte le 31 mai au Bataclan à Paris pour une soirée qui s’annonce déjà mémorable et brûlante !

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France Modern Metal

Asylum Pyre : human tribe [Interview]

Moderne, puissant et mélodique, voilà en trois mots comment on pourrait résumer le nouvel album des Français d’ASYLUM PYRE. Bénéficiant d’une production sans faille, massive et fluide, « Call Me Inhuman » est un concentré très actuel de toutes les musiques qui viennent nourrir le quintet avec une prédominance Metal, cela va de soi. Alors que la cinquième réalisation du groupe vient tout juste de sortir, Ombeline ‘Oxy’ Duprat (chant) et Johann ‘Jae’ Cadot (chant, guitare rythmique, claviers et loops) m’ont fait le plaisir de répondre à quelques questions.

– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que l’on revienne sur votre parcours. C’est votre cinquième album et il sort en autoproduction comme le premier. Vous avez sorti deux disques avec Massacre Records et un autre chez M&O. Ca devient compliqué de rester sur un label à long terme, ou c’est un désir d’indépendance ?

Ombeline : Ni l’un, ni l’autre ! Concernant « Call me Inhuman », nous avons envoyé notre album à plusieurs labels. Tous les retours que nous avons reçus étaient franchement unanimes et enthousiastes à l’égard de ce nouvel album. Mais… nos ‘chiffres’ Spotify et autres étaient bien trop bas pour les intéresser. S’investir dans un projet, culturel ou musical, c’est devoir faire preuve de patience, d’abnégation et de remise en questions. C’est être en proie aux doutes et se demander pourquoi on fait ça, au final. Et lorsque ce type de réponses arrive, c’est encore plus frustrant. Nous avions deux options : laisser tomber ou tenter de corriger ce défaut. Nous avons décidé de repartir à zéro, et nous travaillons en ce sens.

– Pour « Call Me Inhuman – The Sun – The Fight – Part 5 », vous êtes tout de même distribués par Season Of Mist. C’est une licence qui reste indispensable pour une meilleure visibilité et accessibilité, selon vous ?

Ombeline : La distribution, et notamment digitale, est au coeur de la stratégie. Mais, le disque physique est aussi important pour nous, dans la mesure où nous continuons à en acheter et nous savons que le public Metal, et a fortiori le nôtre, est en demande de ce type d’objet. C’est aussi une autre manière d’écouter de la musique, en feuilletant le livret, en laissant son imagination vagabonder… En ce sens, une bonne distribution est nécessaire afin de permettre de toucher tous les publics, y compris les derniers gaulois résistant toujours et encore au grand tout numérique (Merci beaucoup, je me sens moins seul ! – NDR).

Ombeline ‘Oxy’ Duprat

– Depuis les débuts d’ASYLUM PYRE, vous développez un concept très précis, tout en incarnant chacun un personnage. C’est quelque chose qu’on ne voit plus beaucoup. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette démarche artistique globale comme celle-ci ?

Johann : Nous n’avons pas vraiment réfléchi à ce qui se faisait ailleurs, tout ceci est venu naturellement, sans vraiment s’en rendre compte en fait. On avait envie de le faire et ça nous permettait un type de composition immersif que l’on tente de retranscrire pour l’auditeur.

– Comme je le disais, vous suivez le même concept depuis le premier album. En 2009, vous aviez déjà en tête la trame de toute l’histoire, ou est-ce que vous l’écrivez et/ou la modifiez au fur et à mesure ?

Johann : Ce concept a grandi avec nous, il est né peu à peu, un peu inconsciemment, par notre regard sur le monde. Depuis « N°4 » il guide un peu plus notre musique et inversement. Il a des inspirations qui viennent directement du monde actuel et de nos études personnelles.

– Parlons de ce cinquième album. Il parle de l’évolution des humanités d’aujourd’hui jusqu’en 2062 dans un univers qui rappelle celui de ‘Mad Max’. Est-ce que vous vous basez uniquement sur de la fiction ou faites-vous aussi des parallèles avec notre époque en imaginant ce que notre monde pourrait devenir ?

Ombeline : Il y a toujours, peu ou prou, plusieurs manières d’interpréter les paroles d’ASYLUM PYRE, mais la trame narrative s’inspire effectivement de notre quotidien. Les métaphores permettent d’établir un rapport direct entre certaines souffrances humaines et celles que nous infligeons à la planète, les deux pouvant être intimement liées sur certains sujets. En 2019, la pochette de « N°4 » arborait un masque… Nous ne savions pas que neuf mois après la parution de l’album, une crise sanitaire d’une telle ampleur allait s’abattre sur nous. Par contre, au regard des expérimentations diverses et variées, sanitaires ou alimentaires, menées par l’Homme, il était tout à fait possible de prévoir une telle catastrophe.

– Votre album, et plus largement ASYLUM PYRE dans son ensemble, fait aussi un focus sur la cause environnementale. C’est le message principal autour du concept du groupe ? Et de quelle manière cela se concrétise-t-il dans vos textes et aussi peut-être dans votre démarche ?

Johann : Oui, c’est le message principal. Avec son impact, de fait, sur l’être humain qui n’est qu’une partie de ce ‘grand’ tout qu’est la planète. ’Grand’ entre guillemets vis-à-vis de l’univers qui nous entoure. C’est présent à chaque seconde. C’est présent dans nos démarches, mais il serait difficile d’en parler ici en quelques mots. Il nous faudrait des représentations graphiques, des équations…

– Parlons de votre musique qui est à la fois très moderne et très Metal. Pourtant, on y décèle aussi de multiples courants avec un ensemble soutenu par une production solide et ample. Là encore, il y a un côté rassembleur et fédérateur. C’est cet aspect et cette intention qui vous guident ?

Ombeline : Pour ma part, je pense que les compositions de Johann offrent un écrin pour nous permettre d’apporter des influences diverses, celles qui nous ont construites en tant que musiciens. Nous sommes un groupe, mais nous sommes aussi des amis, avec des hauts et des bas, mais également, nos forces et la confiance que l’on a pour chacun. Nous arrivons avec nos idées, nous les testons et lorsque nous jugeons cela intéressant et utile pour la chanson, nous validons et travaillons le son.

Johann : « Rassembleur et fédérateur », si tu as perçu ça, alors tu fais déjà de moi un homme heureux !

Johann ‘Jae’ Cadot

– Ombeline, c’est ton deuxième album avec ASYLUM PYRE et le duo formé avec Johann également au chant montre une belle entente et une complémentarité évidente. Est-ce que, comme moi, vous pensez tous les deux que « Call Me Inhuman – The Sun – The Fight – Part 5 » est l’album le plus abouti du groupe artistiquement et vocalement en l’occurrence ?

Ombeline : Me concernant, je ne peux comparer qu’avec notre précédent album, « N°4 », même si j’ai mon avis sur les autres productions du groupe. Mais très clairement, cet album me paraît être celui de la maturité, et en tout cas, la suite logique de ce que nous avions commencé à faire avec « N°4 ». Vocalement, j’ai senti une différence, peut-être plus de lâcher prise, de confiance vis-à-vis de l’équipe, mais aussi de moi-même ! Johann sait aussi comment me ‘pousser’. J’ai enregistré en deux jours, comprenant aussi les très nombreuses pistes de doublage. Cela m’a valu quelques courbatures. Mais je pense que l’énergie impulsée s’en ressent dans l’album !

– Enfin, ASYLUM PYRE joue également beaucoup sur les ambiances et les atmosphères des morceaux. Est-ce que c’est quelque chose sur laquelle vous allez tout particulièrement travailler pour rendre vos concerts encore plus immersifs ?

Ombeline : Très clairement, cela serait intéressant de pouvoir proposer des concerts sortant des sentiers battus et nous avons déjà évoqué plusieurs idées. Il va nous falloir un peu de temps pour travailler ça et faire une belle proposition au public. En attendant, on se concentre sur la promotion de l’album. Les retours sont vraiment excellents et nous sommes ravis de l’accueil fait à « Call Me Inhuman » de la part de nos auditeurs, ainsi que des professionnels !

Johann : On va faire le max pour ça oui !

Le nouvel album d’ASYLUM PYRE, « Call Me Inhuman », est également disponible sur le Bandcamp du groupe : https://asylumpyre.bandcamp.com/

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International Pop Rock Rock

Amy Montgomery : l’âme d’une guerrière [Interview]

Originaire de Belfast en Irlande du Nord, AMY MONTGOMERY a une personnalité très forte qui ne peut laisser indifférent. Musicalement, son registre est vaste et même s’il tourne autour d’un Rock efficace et direct, les émotions qu’il véhicule sont tout aussi saisissantes. Indépendante, la chanteuse et multi-instrumentiste vient de livrer un nouveau single, « Change Change », accrocheur et doté d’une énergie incroyable. Nul doute qu’AMY MONTGOMERY ne tardera pas à fouler les scènes françaises. Alors, avant de la découvrir en concert, entretien avec une artiste hors-norme et très attachante.  

– Ce qui m’a le plus surpris lorsque je t’ai écouté pour la première fois, c’est cette force qui émane de toi et bien sûr de ta voix. Est-ce que c’est quelque chose que tu as toujours eu en toi ?

J’avais huit ans quand j’ai commencé à jouer sur scène et à l’époque, ma voix était vraiment chétive ! Ma force vocale est venue après des années de pratique, de concerts et d’apprentissage. Après quelques expériences de vie difficiles aussi, je peux vraiment dire qu’elles m’ont aidée à devenir une femme très résiliente. La performance me donne de la force dans la vie et la vie me donne de la force dans la performance.

– Sans revenir sur les drames que tu as traversés adolescente, j’ai aussi l’impression que tu te nourris de cette douleur pour en faire quelque chose de très positif. C’est cette démarche que tu suis à travers ta musique aujourd’hui ?

Oui, absolument. Parfois, je l’exprime dans une chanson très directe, parfois dans une ballade au piano déchirante, parfois dans une chanson Rock aux riffs lourds comme « Change Change ». C’est toujours différent. Mais oui, beaucoup de mes intentions dans l’écriture viennent de mes expériences de vie d’enfant et d’adolescente, ainsi que de choses qui se passent dans le monde et aussi dans ma vie à un moment donné.

– Avant de parler de ton nouveau single « Change Change », j’aimerais que tu me dises un mot au sujet de tes prestations scéniques. Tu te présentes avec un maquillage très guerrier et des tenues assez provocantes. C’est un personnage que tu endosses pour te préserver, ou c’est la véritable AMY MONTGOMERY ?

Ah !!! Eh bien, nous devons d’abord nous demander ce qu’est le ‘vrai’ dans chaque chose, non ? Le personnage que j’incarne sur scène est bien sûr la vraie AMY MONTGOMERY, mais peut-être juste en version un peu exagérée. Je pense que la plupart des gens sont toujours agréablement surpris lorsqu’ils discutent avec moi après un concert. Je ne suis pas aussi effrayante ou féroce que ce que j’ai l’air sur scène. Pour moi, la scène est un lieu où je peux m’exprimer librement, à travers le mouvement, la musique, le chant et bien sûr visuellement à travers les vêtements. Enfiler mes tenues un peu dingues et ma peinture de guerre est un rituel. Cela me rappelle ma force et, à son tour, rappelle au public sa propre force aussi.

– Ce qui est étonnant, c’est que tu es très jeune et pourtant tu as déjà sorti plusieurs singles, EP et un mini-album « Alterations ». Et tu as également tourné dans le Royaume-Uni, bien sûr, mais aussi en Allemagne, en Suisse et même en Australie. Tout semble s’enchainer très rapidement… 

Oui, j’ai été très chanceuse avec les opportunités qui se sont présentées à moi très jeune. A 18 ans, j’avais signé un contrat de management et à 20 ans, j’avais signé avec une agence de booking. J’ai toujours su que la musique était ma passion la plus profonde et je pense que si vous aimez suffisamment quelque chose, vous ne laissez rien vous empêcher de la réaliser. J’ai travaillé, et je travaille toujours extrêmement dur, sur ma carrière musicale. J’ai fabriqué moi-même tout le merchandising et les bénéfices ont financé des tournées complètes, et en groupe, au Royaume-Uni, en Irlande et en Allemagne. J’avais même tout booké moi-même avant même d’avoir un tourneur ! Il a fallu six ans pour arriver au niveau où je suis maintenant et il y a encore un sacré chemin à parcourir ! C’est un voyage d’apprentissage constant et je l’aime !

– Parlons de « Change Change », ton nouveau single qui vient de sortir. Il propose une production très ample et puissante et tu sembles musicalement franchir un cap avec une énergie incroyable. Au regard de tes précédents morceaux, on dirait qu’il annonce et amorce un nouveau départ. C’est le cas ?

« Change Change » est définitivement plus lourd avec un ton légèrement différent de mes morceaux précédents, mais je pense qu’il y a toujours un même sentiment qui s’en dégage. J’ai toujours été influencé par la musique Rock en grandissant avec des groupes comme Black Sabbath, AC/DC et Eagles, donc c’est vraiment génial de sortir une chanson qui se penche davantage sur mes influences classiques et solides. Il s’agit d’un processus constant plutôt que d’un nouveau départ.

– J’imagine qu’un album va suivre. Est-ce que peux nous en dire un peu plus ? Est-il déjà entièrement composé et as-tu commencé à enregistrer quelques morceaux ?

En octobre, je vais sortir un EP qui inclura « Change Change ». 2024 sera l’année de la sortie de mon premier album. Je coproduis mes chansons avec mon partenaire Michael Mormecha et nous avons notre propre studio, donc il y a toujours des chansons en cours d’enregistrement. Et nous aurons beaucoup de chansons et d’idées dans lesquelles piocher pour l’album !

– En écoutant tes morceaux depuis tes débuts jusqu’à aujourd’hui, il y a une grande évolution et une belle maturité, tant dans l’écriture que dans l’interprétation. Quelles sont les étapes franchies et est-ce que tu as le sentiment qu’avec « Change Change », tu livres enfin la musique que tu as toujours voulu écrire et chanter ?

Quand j’ai sorti mon premier single « Dangerous », c’était la musique que j’avais toujours voulu écrire. Quand « Intangible » est sorti, c’était encore la musique que j’avais toujours voulu écrire. Aujourd’hui, je joue rarement « Dangerous » en live, parce que je ne le ressens plus comme avant. C’est peut-être parce que je l’ai tellement joué, et aussi parce que le temps passe et mes goûts et mes envies changent. Je pense que beaucoup d’artistes diraient la même chose… C’est un peu comme aimer porter un t-shirt pendant un moment, puis vouloir porter autre chose après. Parfois, vous retournez dans votre garde-robe et vous sortez un vêtement que vous avez oublié. En ce moment, j’aime vraiment mélanger des guitares massives avec des synthés. J’adore « Change Change », mais je suis sûr que dans un an ou deux, j’aurai envie de faire à nouveau un style de musique différent. C’est la nature et la beauté de la créativité. Et comme je le dis souvent : « On ne peut pas aller contre le changement ! » (Sourires)

– Tu es d’ailleurs une songwriter accomplie et ton écriture est de plus en plus efficace. De quelle manière travailles-tu tes chansons ? On a l’impression que c’est le texte qui sert de guide…

Mon processus d’écriture est toujours différent, mais la plupart du temps, la musique est écrite en premier, puis c’est presque comme si les paroles et la mélodie vocale en découlaient toutes seules. J’ai écrit « Change Change » au piano et les paroles et la mélodie des couplets et du refrain sont venues très rapidement et naturellement. Pourtant, je n’ai écrit le pont que deux ans plus tard. Musicalement, la chanson sonne complètement différemment de la première mouture. Je l’ai remanié en studio avec les talents magiques de multi-instrumentiste de Michael Mormecha. Nous l’avons reconstruite autour du riff de guitare que vous entendez maintenant. J’adore discuter de l’évolution d’une chanson. Certaines s’étalent dans le temps plus que d’autres. J’ai d’ailleurs une nouvelle page Patreon, où je partage tous ces ‘coulisses’ de ma vie et de l’écriture des chansons pour tous ceux qui souhaitent s’abonner !

– Si on écoute attentivement « Change Change » d’un côté et des chansons comme « Old Photographs » ou « Dangerous » de l’autre, on peut y entendre nettement les influences d’Alanis Morissette et de Beth Hart notamment. Ce sont deux artistes qui semblent t’avoir beaucoup marqué, non ?

Alanis Morissette a définitivement eu un énorme impact sur moi. Non seulement elle est une compositrice et une interprète fantastique, mais c’est aussi une femme très intelligente émotionnellement, ce qui est super inspirant. Ma sœur a 14 ans de plus que moi et c’est elle qui m’a vraiment fait découvrir Alanis Morissette, alors que je n’avais que neuf ans. J’admire aussi profondément Beth Hart, mais je n’ai découvert sa musique qu’il y a quelques années. Je l’ai vue en concert pour la première fois il y a quelques semaines à peine. J’ai vraiment frissonné très profondément grâce sa performance très expressive, sa voix et son écriture incroyables !

– J’aimerais aussi que tu me dises un mot de ta reprise de Sharon Van Etten, « Jupiter 4 », qui est vraiment magnifique. Pourquoi ce choix et est-elle aussi une chanteuse qui t’inspire ?

En 2019, j’ai découvert Sharon Van Etten au ‘Festival de Glastonbury’, la veille de mon passage. C’était une artiste dont je n’avais jamais entendu parler et la découvrir à ce spectacle a été vraiment époustouflant. Je ne pouvais pas croire que je n’avais jamais entendu parler de sa musique auparavant ! « Jupiter 4 » a explosé en moi en live à travers le son et aussi avec la présence venue d’ailleurs de Sharon Van Etten. Ca m’a rendu accro. Le désir dans sa voix sur cette chanson m’a amené à vouloir la reprendre. Sur ma reprise, je joue d’ailleurs de tous les instruments : batterie, basse, piano et chant !

– Un mot aussi sur tes prestations scéniques qui sont explosives et pleines d’énergie. A te voir, on a vraiment l’impression que c’est là que tu peux t’exprimer le mieux et te libérer à travers des morceaux parfois écorchés mais surtout, une fois encore, d’une grande force. Tu vois et abordes tes concerts comme le but et l’objectif ultime de ton travail d’artiste ?

En ce moment, oui ! Le live est ce qui compte le plus pour moi. Je pense que les gens ont besoin de voir me voir en live pour bien comprendre ce que je fais artistiquement. J’ai cependant beaucoup d’idées créatives et à l’avenir, je pense d’ailleurs que je sortirai de la musique sous un nom d’artiste différent, uniquement pour l’écouter et sans intention de la jouer sur scène.

– Chose étonnante encore, tu produis ta musique en indépendante. Est-ce que des labels se sont déjà manifestés, ou préfères-tu conserver une totale liberté sur la musique, du moins pour le moment ?

J’aime produire ma musique de manière indépendante, mais je pense également qu’il est vraiment avantageux d’être sur un label pour obtenir la promotion nécessaire. J’ai des labels en tête avec lesquels j’aimerais travailler, mais aucun ne m’a encore approché. C’est un long chemin. Mais pour l’instant, je suis contente de continuer à me produire de manière indépendante, car cela a aussi de nombreux avantages !

– Belfast est une ville de contrastes, où beaucoup de combats très variés sont menés. Est-ce qu’à travers ta musique, il y a certains messages que tu souhaites faire passer et certains combats que tu peux peut-être aussi mener parallèlement, car on te sent très engagée ?

Oui, définitivement ! Dans ma musique, il y a à la fois une bataille constante et un message d’acceptation. Je pense que c’est le reflet de la vie en elle-même… ou de la vie telle que je la vois en tout cas. Nous rencontrons des difficultés comme la perte et le chagrin, mais nous éprouvons aussi de la joie et nous surmontons des obstacles. J’aime présenter ces dualités dans ma musique, sachant que nous avons tous besoin de lutter pour savoir ce qu’est la liberté. Enveloppez tout ça de riffs rock, de tenues folles et de peintures de guerre et l’écriture et la performance deviennent un rituel en soi !

Retrouvez le nouveau single d’AMY MONTGOREMY, « Change Change », et toute son actualité sur son site :

https://www.amymontgomery.me/

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Alternative Metal Alternative Rock International

Empyre : révélation alternative [Interview]

Avec leur deuxième album, « Relentless », les Anglais affichent beaucoup d’ambition et se présentent surtout avec une réalisation très aboutie, tant au niveau des morceaux que de la production. Volumineux et massif, le jeu d’EMPYRE navigue entre Metal et Rock, en courant alternatif et avec beaucoup d’émotion, et dans des sphères très atmosphériques voire progressives. Le groupe londonien a de la suite dans les idées et entend bien poursuivre son ascension sans attendre. Entretien avec Henrik Steenholdt, chanteur et guitariste du quatuor.

Photo : Rob Blackham

– Je vous avais découvert à l’été 2019 avec « Self Aware » où vous affichiez déjà de belles intentions. Vous voici maintenant chez Kscope pour votre deuxième album. Vu le catalogue du label, cela peut étonner un peu. Comment s’est fait le rapprochement qui a mené à cette signature ?

Au départ, nous ne cherchions pas et nous ne nous attendions pas à avoir de label pour la sortie de l’album. Nous l’avons donc abordé comme nous l’avions fait avec « Self Aware » et « The Other Side », dans le sens où nous avons payé nous-mêmes l’enregistrement, le mixage et le mastering. L’album était déjà prêt avant que Kscope n’ait jamais entendu parler de nous. Notre manager travaillait avec un autre groupe sur le label sœur de Kscope, Peaceville, et a suggéré d’envoyer l’album aux patrons des deux labels. Ils l’ont entendu et l’ont suffisamment aimé pour commencer à discuter d’un contrat.

– Avant de parler de « Relentless », j’aimerais qu’on dise aussi un mot sur la réalisation Unplugged qui le précède. On constate que votre musique se prête aussi très bien à un style acoustique. Est-ce que c’est d’ailleurs de cette façon que vous composez ?

Il y avait des compositions acoustiques sur « Self Aware » et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons fait cette adaptation, qui est devenu l’album « The Other Side ». Nous composions souvent avec deux guitares acoustiques, et plus précisément je jouais de l’acoustique et Did (le lead guitariste – NDR) de l’électrique. Beaucoup de ces chansons se prêtaient donc à des réinterprétations acoustiques complètes, et nous nous sommes inspirés de la série des ‘MTV Unplugged’ des années 90. On voulait faire quelque chose de similaire avec cette ambiance.

Photo : Rob Blackham

– Revenons à ce nouvel album qui dénote de « Self Aware », notamment grâce à une production vraiment incroyable. Avec « Relentless », vos morceaux prennent une toute autre ampleur. Est-ce que c’est l’élément qui manquait à EMPYRE pour prendre le volume affiché aujourd’hui ?

L’une des raisons vient d’un changement dans l’approche de l’écriture et plus précisément dans la diversité de composition des chansons. Certaines idées commencent avec une guitare acoustique, d’autres avec une électrique et progressivement les chansons que j’écris aujourd’hui naissent sur un clavier, un piano, un synthé ou même un orchestre. A l’époque de « Self Aware », nous n’avions pas accès aux outils que nous avons découverts au cours des dernières années et donc les arrangements sont généralement plus simples et pas aussi variés. Cette fois, nous avons également passé beaucoup de temps à analyser individuellement les parties de basse, de batterie et de guitare.

– Vous avez enregistré l’album durant la période de pandémie. Est-ce que la noirceur et la mélancolie que l’on retrouve sur les morceaux viennent de ces moments compliqués, ou c’était déjà l’intention de départ ?

Pour moi, la pandémie a globalement été une expérience vraiment agréable et positive à bien des égards. Si on ne tient pas compte du fait que ce fut une période frustrante du point de vue de ne pas pouvoir jouer en concert, de n’avoir pas pu avancer autant qu’on l’aurait souhaité sur le groupe, tout le reste a été super. J’ai vu la pandémie comme une opportunité et en plus la première année il faisait beau et j’avais plus de temps pour me consacrer à la musique. J’ai découvert l’orchestration et la possibilité d’utiliser un tas de choses sur mon ordinateur pour composer pour EMPYRE et aussi pour mon plaisir personnel. Et puis, nous avions déjà beaucoup de choses prêtes. On avait déjà enregistré « The Other Side » et plusieurs vidéos. Nous sommes donc entrés en confinement et on a quand même réussi à sortir 7 singles, 15 clips et un album acoustique en 2020/2021, tout en écrivant et en commençant à enregistrer « Relentless ».

Photo : Rob Blackham

– Au-delà de l’aspect massif et ample de la production, vous avez aussi apporté un soin tout particulier aux arrangements. De quelle manière avez-vous procédé ? Vous avez décidé de beaucoup de choses au moment du mix ?

La plupart des parties jouées par le groupe, ainsi que l’orchestration et les synthés, ont été décidés avant l’étape du mixage. Cependant, nous avons beaucoup travaillé sur le mix. C’était un travail difficile, car il a fallu faire de la place à pour inclure tout ce que nous voulions. On a également essayé différents mixages pour certaines chansons, principalement sur les niveaux entre les guitares et les voix. Il y a même quelques pistes avec deux lignes de basse. Tout ça a pris beaucoup de temps.

– Si on retrouve également certaines sonorités Hard Rock sur l’album, il y a ce côté très atmosphérique et moderne, et parfois même progressif, qui domine l’ensemble. EMPYRE joue beaucoup sur l’émotion dans toute sa diversité. Vous êtes assez inclassables finalement ?

Nous n’essayons pas d’être classés sous quelque étiquette que ce soit, mais juste comme du Rock. Pourtant, c’est peut-être une faiblesse pour un groupe peu connu de ne pas être facilement identifiable, car cela veut aussi dire que certains supports peuvent ne pas nous juger assez lourds pour le Metal, ou pas assez Prog pour le Prog. Nous avons le même problème avec des plateformes comme Spotify. Ils ont des milliers de genres disponibles, mais nous ne sommes pas sûrs qu’ils nous aient encore vraiment cernés ! Avec le temps, on espère que cela deviendra une force et nous aidera à franchir les frontières du Rock et à plaire à un plus large éventail de personnes.

Photo : Rob Blackham

– Enfin, maintenant que vous êtes soutenus par un label de renom avec ce colossal « Relentless », quelle est la prochaine étape ? Vous préparez une tournée plus conséquente ?

Notre objectif depuis le départ est d’atteindre au moins de jouer dans les plus grands festivals de Rock d’Europe. Nous espérons aussi que sur ce chemin, nous pourrons faire de grandes tournées qui nous emmèneront en dehors du Royaume-Uni. Pour l’instant, jusqu’à ce que ces opportunités se présentent, nous nous concentrons sur la construction de notre base de fans européenne en diffusant notre musique et en faisant passer le mot via des relais médiatiques comme que le vôtre, qui font un travail inestimable pour des groupes comme nous qui essaient de se faire connaître. On espère que cela ne prendra pas trop de temps avant de pouvoir tourner à l’étranger en tant que soutien à un groupe plus connu, ou de constituer suffisamment de fans pour être viables nous-mêmes.

Le nouvel album d’EMPYRE, « Relentless », sort le 31 mars prochain chez Kscope.

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Rock Progressif

Imaginaerium : une intemporalité ascensionnelle

Le Rock Progressif, teinté de Symphonique cette fois, ne supporte pas l’à-peu-près, c’est pourquoi le ‘casting’ réuni sur « The Rise Of Medici » dégage une rare intensité, qu’elle soit mélodique, orchestrale ou dans son récit si pointilleux et créatif. IMAGINAERIUM nous ramène quelques siècles en arrière avec une vision moderne de l’Histoire, où viennent se bousculer les images dans lesquelles les personnages prennent vie de manière saisissante. Du grand art !

IMAGINAERIUM

« The Rise Of Medici »

(Crime Records/We Låve Rock)

Projet final du regretté Eric Bouillette (Nine Skies, Solace Supplice, The Room, …), IMAGINAERIUM se présente avec un concept-album posthume brillant et qui devrait peut-être poursuivre son chemin sur scène. Car une telle réalisation est plutôt rare tant les protagonistes sont nombreux, neuf au total, « The Rise Of Medici » mérite que l’on s’y penche de très près afin de savourer pleinement cette grande fresque musicale toute en rebondissement.

Et ce magnifique édifice tient également sur les épaules de la chanteuse Laura Piazzai et du multi-instrumentiste Clive Nolan, tous deux à la base de cette création qui relate la montée au pouvoir d’une grande famille italienne du XVème siècle : les Médicis. Loin de donner dans le grandiloquent, l’Opéra Rock ou la comédie musicale, IMAGINAERIUM parvient à mettre en musique une histoire dans une belle unité narrative, qui capte naturellement toute l’attention.

Musicalement complexe parfois, on retient surtout la grande qualité des mélodies à l’œuvre et les couleurs apportées par un chant à cinq qui marie les contrastes sur une partition de haute volée. Avoir des musiciens d’un tel talent sur un album aussi exigeant que peu l’être « The Rise Of Medici » est nécessaire en plus d’être une véritable bénédiction. Machine à frissons, le groupe évolue d’un même et bel élan. IMAGINAERIUM invite au voyage… et il est beau !

Pour vous procurer l’album, un seul lien : https://shop.crimerecords.no

Retrouvez l’interview accordée par Laura Piazzai et Clive Nolan à Rock’n Force en octobre dernier :

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Heavy metal International

Night Demon : un classicisme éclatant [Interview]

Passe de trois pour le combo formé en 2011 à Ventura en Californie, qui surgit avec « Outsider », sorte de madeleine de Proust métallique. Conceptuel, l’album des Américains s’inscrit en effet dans la veine de la NWOBHM, soutenue cependant par une production très actuelle. Egalement bassiste du mythique Cirith Ungol depuis 2016, Jarvis Leatherby, frontman du power trio, revient sur la création de ce nouvel opus, l’évolution du groupe et sur son amour de la scène. Entretien.

– Tout d’abord et malgré ces dernières années compliquées pour tout le monde, on sent avec ce nouvel album que NIGHT DEMON est en pleine forme et très créatif. Vous en avez profité pour réfléchir sur le groupe et peut-être aussi lui donner de nouveaux objectifs ?

Oui, c’est vrai que cette pandémie a impacté l’ensemble de la société. Nous l’avons assez mal pris, parce que cela nous a empêché de tourner… et nous adorons tourner ! Depuis 2016, nous avons fait plus de 600 concerts. Cela dit, ça a été une bonne chose d’avoir un peut de temps pour pouvoir travailler sur ce nouvel album, c’est vrai. Mais je suis content que ce soit terminé, même si cela a été intéressant pour plusieurs raisons.

– En un peu plus de dix ans, vous comptez trois albums et même une compilation. Ce qui étonne aussi, c’est la sortie de neuf singles en plus de votre premier EP et d’un Live. Pourquoi autant de singles, c’est pourtant assez rare dans le Heavy Metal traditionnel ?

Oui, c’est vrai qu’on a sorti pas mal de singles. Nos albums sont très différents les uns des autres et finalement, c’était une bonne solution. On a fait ça en 2020 surtout. C’était juste histoire de changer un peu notre fonctionnement et d’essayer autre chose. Mais nous préférons bien sûr sortir des albums complets.

– Vous revenez donc avec « Outsider », qui est sans doute votre album le plus abouti, notamment au niveau de sa composition. En intégrant des passages plus lents et mélodiques, l’objectif était-il de peaufiner votre son et votre style ?

En fait, on ne voulait surtout pas se répéter. Tous nos albums ont toujours été un peu progressifs et on voulait revenir au son et au style beaucoup plus classique du Heavy Metal. On essaie de se renouveler à chaque album et on se pose toujours la question de savoir dans quelle direction nous allons aller. On voulait un son frais. Nous ne sommes pas un groupe comme AC/DC, par exemple, nous sommes incapables de faire ça. On a besoin de changer à chaque fois et c’est précisément ça qui nous intéresse et nous motive. 

– Même si l’on retrouve toujours l’influence de la NWOBHM, on a aussi le sentiment que votre style s’est également beaucoup américanisé. Tu le vois comme une sorte d’émancipation ?

Je ne sais pas trop. Je pense que les choses arrivent naturellement. Ce n’est pas quelque chose de conscient, ni de calculé. On essaie de sonner comme nous le ressentons sans trop prêter d’attention à ce qui nous entoure. C’est une question intéressante, je n’y avais jamais vraiment pensé auparavant. Il y a peut-être plus d’influences américaines sur ce nouvel album, mais je ne pense pas que nous sommes vraiment identifiables comme étant typiquement américain dans le son. Et il y a tellement de très bons groupes de chaque côté de l’Atlantique.

Jarvis Leatherby

– Pour la première fois, NIGHT DEMON se présente avec un album-concept. C’est quelque chose que tu avais en tête depuis longtemps, ou cela s’est finalement imposé assez spontanément ?

Oui, on avait ça en tête depuis un moment, mais c’est très compliqué à réaliser. On a déjà enregistré des albums qui contenaient deux-trois morceaux qui tenaient sur la même histoire. Cette fois, j’avais plus de temps pour me poser et écrire, car l’exercice n’est pas facile. Ecrire une histoire est comme écrire le scripte d’un film. J’ai toujours eu envie de le faire. Et cette fois, j’ai enfin pu le réaliser.

– Il y a un aspect très cinématographique et narratif justement sur « Outsider ». Selon toi, c’est le résultat d’un travail plus pointilleux sur les riffs, ou ce sont plutôt les textes qui ont donné le ton et la dynamique ?

Je pense que c’est surtout le fil de l’histoire qui donne cette dynamique. Il faut ensuite trouver la bonne musique qui va venir se poser dessus. On a vu ça comme un nouveau challenge et on a vraiment trouvé ça très cool à faire.

– La force et la particularité de NIGHT DEMON sont aussi d’évoluer en power trio. Et on a l’impression qu’il ne peut en être autrement. C’est aussi ton avis ?

En fait, on ne l’a pas fait exprès ! (Rires) Nous sommes vraiment très investis dans ce que nous faisons. C’est même assez saisissant ! On pourrait avoir un deuxième guitariste, mais je ne sais pas ce qu’il ferait. Cela apporterait sûrement un plus gros son, mais être à trois est vraiment quelque chose qui nous pousse encore plus et nous sommes heureux du résultat. On a déjà eu un second guitariste, mais bon… C’était un peu le bordel ! (Rires)

– Plusieurs passages plus lents de ce nouvel album débouchent aussi sur des aspects plus progressifs et même Doom par rapport à vos précédentes réalisations. C’est le fait de plus prendre le temps de poser certaines atmosphères qui vous y a conduit ?

En fait, c’est vraiment l’histoire qui nous guide et nous conduit à ces types de sonorités et d’ambiances. L’album s’écoute en entier et il est difficile de prendre les morceaux séparément. Il y a un réel fil conducteur. La partie Doom correspond aux passages plus sombres et pesants de l’histoire, alors que d’autres seront plus dans l’émotion. On a essayé de jouer la musique qui correspondait le mieux aux paroles. Ce sont les textes qui te disent où aller. On ne se pose pas de milites, nous ne sommes ce genre de groupe.

– Comme souvent chez NIGHT DEMON, les moments épiques ne manquent pas sur « Outsider » avec un côté sombre et aussi des passages accrocheurs et très speed. L’album étant assez narratif, votre intention est-elle de le jouer dans son intégralité et chronologiquement sur scène ?

Oui, absolument, à 100% ! Il y a beaucoup de groupes qui composent des morceaux très longs de 20 minutes. « Outsider » dure 35 minutes et nous avons choisi d’écrire des chansons assez courtes. On peut le jouer dans son intégralité, même s’il manquera quelques ‘classiques’ aux fans. (Rires) Mais oui, c’est notre objectif avec ce nouvel album.

– Enfin, si les groupes références sont toujours très nombreux dans le Heavy Metal, ils se font aussi vieillissants. N’est-ce pas l’heure pour NIGHT DEMON de s’imposer enfin, d’autant que vous êtes soutenus par le solide label qu’est Century Media ?

Ce n’est pas à nous de décider de ça, mais bien sûr que c’est notre volonté. Il y a beaucoup de groupes qui sont dans notre position et qui sont très bons. Mais c’est vrai que lorsque tu as déjà cinq ou six albums derrière toi, tu es en droit de te dire que c’est ton tour. C’est aussi la responsabilité des fans, des festivals et de la presse également. C’est aux festivals de mettre de jeunes groupes un peu plus haut sur l’affiche. Si les groupes sont bons, alors c’est leur place ! Et c’est l’occasion de montrer au public à quel point ils sont bons et qu’il faut les soutenir. Et si cela n’arrive pas très vite, il va y avoir un problème, parce que le fossé entre les anciens et les nouveaux va encore plus se creuser. Et si on n’arrête pas tout ça rapidement, ça va être la fin de beaucoup de choses. Il ne restera plus que des vieux groupes et des Tribute bands et donc, au final, la même musique tout le temps !

« Outsider » est disponible depuis le 17 mars chez Century Media Records.

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France Metal Indus

Treponem Pal : groove, Metal & tattoo [Interview]

Identifiable entre mille, les pionniers du Metal Indus français sont enfin de retour avec « Screamers », un nouvel album toujours aussi fracassant et Heavy. Entre samples et riffs tranchants, la voix de Marco Neves s’engouffre et vient sondé les âmes sur des textes percutants. Ce huitième album de TREPONEM PAL reste marqué de cette empreinte groove et Metal, qui fait la force du groupe depuis plus de trois décennies maintenant. Entretien avec le chef de la meute, prêt à en découdre sur une tournée qui s’annonce déjà musclée et envoûtante.   

Photo : Suzanne Brun

– Vous nous avez laissé il y a six ans avec « Rockers Vibes » où vous passiez en revue vos influences à travers des reprises très marquées de l’empreinte TREPONEM PAL. Finalement depuis « Survival Sounds » en 2012, vous n’aviez pas énormément composé. J’imagine que la motivation et l’envie n’ont pas manqué pour « Screamers »…

Oui, la motivation était forte, ainsi que l’envie de revenir aux sources et d’avoir une diversité assez conséquente sur l’album avec trois grosses tendances. Et puis, on a aussi trouvé ce deal avec At(H)ome, car ce n’était pas évident de trouver un bon label. On voulait qu’il soit français et indépendant et on est tombé dans le mille. Pour la France, ça démarre bien et on ne va pas tarder à attaquer l’étranger. Tout le monde est motivé et c’est formidable !

– J’ai pu lire que vous aviez réalisé une première version de l’album et que, mécontents du résultat, vous aviez retravaillé l’ensemble. D’autres s’en seraient sûrement contenter, qu’est-ce qui n’allait pas ?

On a surtout retravailler les voix et les textes, en fait. On a aussi habillé et monter quelques morceaux différemment. On a refait environ 70% de ce qui avait été réalisé.

Photo : Muriel Delepont

– Comme souvent chez TREPONEM PAL, il y a du mouvement au niveau du line-up, mais avant de parler des deux nouveaux musiciens, j’aimerais que tu nous parles du retour de Laurent Bizet à la guitare, qui est un membre historique du groupe. Dans quelles conditions son retour s’est-il effectué ? Il y avait un goût d’inachevé de part et d’autre ?

Ce qu’il faut savoir tout d’abord, c’est que Laurent, Nicki et Bastien, qui nous ont tous rejoint pour « Screamers », n’ont pas travaillé sur l’album. Nous l’avons fait à quatre avec Polak, Didier et Jean-Pierre Mathieu. Je le précise à chaque fois, car c’est la vérité de ce disque. Et en fait, une fois qu’on avait terminé tout ça, nous nous sommes dit qu’il nous fallait un bon bassiste, un bon batteur et pour Laurent, on s’est retrouvé par hasard, en fait. On habitait au même endroit sans le savoir et de fil en aiguille, on s’est revu. On s’est ensuite dit qu’on repartirait bien ensemble pour vivre cette aventure avec le reste de l’équipe de TREPONEM. Pour le moment, il est question de la scène et pour l’avenir, on attaquera ensemble le prochain album.

– « Screamers » voit donc l’arrivée de Nicky Tchernenko à la basse et de Bastien Amy à la batterie. Vous vous connaissiez déjà ou est-ce qu’on auditionne aussi chez TREPONEM PAL ?

Oui, on a fait des sortes d’audition. C’est aussi quelque chose qu’on fait toujours de toute façon. Et ça a été long évidemment.

Photo : Muriel Delepont

– Il y a une impression qui domine encore cette fois, c’’est que peu importe le temps qui passe, on retrouve le son et la patte de TREPONEM PAL au fil des albums. Est-ce que finalement la faculté d’adaptation à chaque époque ne résiderait pas dans de solides fondations ?

Oui bien sûr et les nôtres sont là depuis le début. On a une identité, un truc bien à nous et auquel on tient. Nous, on sait que ce que c’est, même si on ne se l’explique pas. On a les sonorités qu’on veut, les rythmes qu’on veut et des ambiances bien définies.

– Avec Polak et Laurent Bizet, TREPONEM PAL est particulièrement bien pourvu au niveau des guitares et pourtant les samples sont aussi très présents. Sans dévoiler vos secrets de composition, comment l’équilibre se fait-il pour rester aussi Metal ?

Je ne sais pas vraiment. Si tu prends un groupe comme Prodigy, ils ont fait quelques morceaux avec des guitares et ils y arrivent très bien. Sur les anciens Ministry, même s’il y a surtout des samples parlés, il y a ce même savoir-faire. Cela dit, on a essayé des trucs électroniques et ça ne fonctionne pas avec les guitares. C’est vrai qu’on a l’habitude de savoir gérer les samples, les claviers et autres avec un équilibre basé sur des guitares très Heavy.

Photo : Muriel Delepont

– A l’écoute de « Screamers », on a le sentiment que vous avez effectué une fois encore un gros travail sur le groove des morceaux. Est-ce que c’est finalement ça qui vous guide ?

Le groove, on l’a toujours eu. Je n’écoute que ça, que ce soit du Reggae et en parallèle des trucs Indus et Punk que j’ai toujours kiffés. J’adore le Reggae Dub surtout et tout ce qui est expérimental en général. C’est vraiment ce que j’aime avec le HardCore-Punk et l’Anarcho-Punk, qui sont des styles droits dans la tête. J’ai aussi besoin de ça par moment, je navigue entre différentes choses.

– D’ailleurs, toujours à propos de sample, ‘machine’ est un mot qui revient souvent dans tes textes avec également ‘Sound System’. Depuis l’album « Higher », les deux termes sont très présents. C’est inconscient ou c’est plus simplement la marque de TREPONEM PAL ?

Oui, c’est un peu la marque de TREPONEM, c’est vrai. En même temps, c’est aussi quelque chose d’inconscient. Cette obsession à la machine est quelque chose qui revient souvent chez moi. Je ne saurais pas te l’expliquer, j’ai besoin de dire ce mot ! (Rires)

– J’aimerais qu’on dise un mot de la pochette, qui renvoie à celle de « Survival Sounds » avec son graphisme asiatique réalisée par Keuns. Celle de « Screamers » est signée Rafto Dilo, qui est aussi tatoueur. Comment est née cette collaboration ? Est-ce lors d’un tatouage et faut-il y voir l’élaboration d’une trilogie d’albums, par exemple ?

En fait, Rafto Dilo a son salon de tatouage, ‘Utopia Tattoo’, à Poitiers et il travaillait auparavant avec Keuns, avec qui je suis entré en contact par le Net. Je l’avais découvert en interview dans un magazine. Il se trouve qu’il connaissait bien TREPONEM. De là, on s’est vu et il m’a tatoué un baku sur le bras droit (créature folklorique japonaise, qui se nourrit des mauvais rêves – NDR). C’est un éléphant et un chasseur de cauchemar, ce qui m’a m’allait très bien ! Ensuite, j’ai rencontré Rafto Dilo, puisqu’il travaillait ensemble, et de fil en aiguille, je lui ai demandé de faire mon bras gauche. Peu de temps après, Keuns a fait la pochette de « Survival Sounds » et en 2020/21, j’ai branché Rafto pour faire la nouvelle, celle de « Screamers ». Alors une trilogie, pourquoi pas ? Je pense que la pochette du prochain viendra encore d’un tatoueur, mais dans un autre style, je pense.

Photo : Muriel Delepont

– Concernant tes textes, ils sont toujours aussi concis et souvent revendicatifs. Comment les travailles-tu, car on peut prendre certains refrains notamment comme des punchlines ?

Oui, depuis toujours. C’est quelque chose qu’on retrouve aussi dans le Hip-Hop ou dans les groupes Electro HardCore. C’est vrai que les punchlines sont un truc que j’aime bien et qui sort naturellement chez moi.

– Il y a un peu plus de 20 ans, en 2001, tu avais sorti un album monumental avec Elephant System. Est-ce que, par un heureux hasard, on pourrait imaginer une suite ?

Oui, mais pas tout de suite. Mais on y a déjà travaillé un peu. C’est vrai que le premier a un son en béton, c’est Adrian Sherwood, quoi ! 

– Enfin, vous allez fouler en juin prochain pour la troisième fois la scène du Hellfest. Tout d’abord, comment abordes-tu un rendez-vous comme celui-ci qui est devenu depuis majeur et surtout est-ce qu’une tournée plus conséquente est-elle en cours de préparation ?

Oui, on a déjà 5/6 dates avant à Paris, Rouen, Strasbourg, Lyon et Lille et ensuite ce sera le Hellfest. On a aussi des concerts prévus pour l’été et la rentrée et on en fera l’annonce un peu plus tard. Mais pour en revenir au Hellfest, Ben Barbaud a vraiment créé un truc de fou ! Il va falloir qu’on montre au public qu’on est toujours là et on va donner le meilleur !

Le nouvel album de TREPONEM PAL, « Screamers », est disponible depuis le 10 mars chez At(H)ome.